Biographies de comédiens et danseurs

Notices biographiques des auteurs de théâtre tirées de l'ouvrage de M. de LÉRIS .-Dictionnaire portatif historique et littéraire des théâtres, conenant l'origine des différents théâtre de Paris.- Paris : Chez C.A. Jombert, M DCC. LXIII [1763].

ALBORGHETI. Voyez Pantalon.

ALISON. Nom de théâtre d'un acteur de l'Hôtel de Bourgogne, qui sous ce personnage remplissait ordinairement les rôles de servantes dans les pièces de bas comique, et ceux de nourrices dans certaines tragédies.

ALLARD (Mademoiselle), une des bonnes danseuses de l'opéra où elle est depuis quelques années, pour les danses hautes, de caractères et de force.

ANTIER (Marie) (???, Lyon - 1747, Paris). Cette célèbre actrice de l'opéra était née à Lyon ; elle vint débuter à Lyon en 1711, et charma d'abord tout le monde par la beauté et l'étendue de sa voix : s'étant formée ensuite sous Delle Rochois, elle parvint à un degré de perfection qui la fit admirer pendant près de trente ans dans les rôles majestueux de princesse, de divinité, de magicienne, etc. Elle quitta le théâtre en 1741, avec une pension de 1500 livres et comblée de présents de la Reine, du comte et de la comtesse de Toulouse, etc et mourut à Paris le 3 décembre 1747.

ARLEQUIN, Voyez Carlin et Thomassin.

ARMAND (François Huguet). Cet excellent acteur de la Comédie française, dans les rôles de valets et autres comiques, débuta le 2 mars 1723, par le rôle de Pasquin dans l'Homme à bonne fortune, et fut reçu dans la troupe (dont il trouve actuellement le doyen), le 27 octobre de l'année suivante. Son fils aîné débuta au même théâtre le 11 octobre 1753, par le rôle de Bernardille dans les Vendanges de Suresnes, et n'ayant pas été reçu, il retourna jouer en province, et est actuellement à Vienne en Autriche.

ARNOUD (Melle), excellente actrice de l'opéra, où elle joue les premiers rôles tendres depuis quelques années, et avec beaucoup de succès.

AUDINOT (M). Bon acteur de l'opéra-comique, où il était depuis 1758, a donné une pièce intitulée le Tonnelier. C'est un excellent comique.

BALETTI. Voyez Silvia, et Flaminia.

BALICOUR (Marguerite-Thérèse de), ancienne actrice du Théâtre français où elle débuta le 19 novembre 1727, par le rôle de Cléopâtre dans Rodogune, et fut reçue le 27 décembre suivant. Elle remplissait avec l'approbation universelle les rôles de reines mères, et quitta le théâtre le 22 mars 1738, avec la pension de 1000 livres dont elle a joui jusqu'à sa mort, arrivée le 4 août 1743.

BARON (Michel), Le Roscius de notre siècle, ayant joint aux grands talents de la représentation ceux de la composition, mérite que l'on s'étende un peu sur lui et sur sa famille. Son père, Michel Boyron, dit BARON, excellent comédien de la troupe de l'Hôtel de Bourgogne, pour le tragique, était natif de la ville d'Issoudun dans le Berry, où son père était marchand mercier : son genre de mort est remarquable. En faisant le rôle de Dom Diegue dans le Cid, son épée lui tomba des mains, comme la pièce l'exige, et la repoussant du pied avec indignation, il en rencontra malheureusement la pointe, dont il eut le petit doigt piqué. Cette blessure fut d'abord traitée de bagatelle ; mais la gangrène qui y parut exigeant qu'on lui coupa la jambe, il ne voulut jamais souffrir. "Non, non, dit-il, à ce que l'on rapporte, un roi de théâtre se ferait huer avec une jambe de bois", et il aima mieux attendre doucement la mort, qui arriva le 6 ou le 7 octobre 1655.
La mère de Baron était aussi comédienne de la même troupe, et si belle femme, que l'on raconte que lorsqu'elle se présentait pour paraître à la Toilette de la Reine, sa majesté disait aux Dames qui étaient présentes : "Mesdames, voici la Baron", et aussitôt elles prenaient la fuite. Elle mourut à Paris au mois de septembre 1662.
Leur fils, notre célèbre acteur, étant resté orphelin à l'âge de huit ans et ses tuteurs ayant mangé la meilleure partie de son bien, entra d'abord dans une troupe de petits comédiens qui jouaient à la Foire Saint-Germain, et qui attiraient tout Paris : on les appelait Les petits comédiens Dauphins, parce qu'ils avaient représenté à la Cour pendant l'enfance de Monseigneur le Dauphin, aïeul du Roi. La troupe de Molière ayant eu permission de s'établir à Paris, le jeune Baron y fut placé, comme on l'a dit, en parlant du Théâtre de la Raisin, à la tête de cet ouvrage. Ce fut sous cet excellent maître qu'il développa les dons singuliers qu'il avait reçus de la nature, et fit apercevoir quelle serait un jour la supériorité de ses talents ; mais il le quitta bientôt pour aller courir la province. Il revint ensuite s'achever de former sous son cher maître, et brilla sur le Théâtre du Palais-Royal jusqu'après la mort de Molière, qu'il se mit dans le troupe de l'Hôtel de Bourgogne, où il joua toujours les premiers rôles, avec les grâces nobles et naturelles qui lui ont fait une si grande réputation. En 1680, la troupe de l'Hôtel de Bourgogne s'étant jointe par ordre du Roi à celle de Guénégaud, Baron y passa avec les autres, et y a toujours représenté les rôles les plus brillants, et avec le même art, jusqu'en octobre 169, qu'il quitta la théâtre, avec une pension de 3000 livres que le Roi lui faisait. Le vrai motif de cette retraite était qu'il traitait d'une charge de Valet de chambre de Sa Majesté, qui lui en refusa l'agrément. Après vingt neuf années de vie privée, il reparut sur la cène le 10 avril, mercredi d'après la quinzaine de Pâques 1720. Loin que ses talents parussent affaiblis par le non-usage, au contraire ils semblèrent s'être perfectionnés, et sa vieillesse même donnait des convenances à des rôles où la maturité sied ; il ne lassait pas cependant d'en jouer de jeunes, dont il s'acquittait très bien, malgré la disproportion de l'âge de l'acteur avec celui du personnage. Il a continué de jouir des applaudissements publics jusqu'au 3 septembre 1729, qu'en représentant le rôle de Venceslas, après avoir prononcé ce vers de la première scène :

Si proche du cercueil où je me vois descendre.

Il se trouva si mal de son asthme, qu'il ne put continuer. Il mourut à Paris le 22 décembre 1729, après avoir reçu de les sacrements de l'église, et fut inhumé dans l'église Saint-Benoît sa paroisse, sa demeure étant dans une belle maison à lui appartenant à l'Estrapade. On ne pouvait marquer positivement quel était son âge, ayant toujours été sur ce point aussi mystérieux qu'une coquette. Après sa mort on produisit son extrait baptistaire du mois d'octobre 1653, ce qui ne lui donnerait que soixante-seize ans et deux mois ; on lui attribuait cependant plus de quatre-vingt ans, et il y a même quelques auteurs qui ont jeté du doute sur cet extrait baptistaire. Baron se piquait de littérature, et avait un cabinet de livres choisis. Il a donné plusieurs pièces de théâtre, dont on prétend qu'il n'était que le prête-nom : ces comédies, qui se trouvent imprimées en deux et 3 volumes in-12 sont, le Rendez-vous des Thuilleries ; l'Homme à bonne fortune ; les Enlèvements ; la Coquette ; le Jaloux ; l'Andrienne ; et l'Ecole des pères, ou les Adelphes. On lui attribue encore le Débauché ; les Fontages maltraitées, et la Répétition.
Michel Baron avait épousé Charlotte Le Noir, soeur de la Thorillière et de la Demoiselle Dancout. De ce mariage il eut Etienne Baron, qui mourut dans le mois de décembre 1711, dans la fleur de son âge : c'était un jeune comédien, beau, bien fait, et dont les talents commençaient à se perfectionner ; mais un amour trop ardent pour le plaisir en priva le public. Il avait, dès 1688, joué d'original le rôle du jeune Attilius dans la tragédie de Régulus, et débuté ensuite après Pâques en 1695, et fut marié à Catherine Vondrebeck, fille de la Morice, directrice des spectacles de la Foire ; dont il a laissé un fils et deux filles ; l'une dénommée Mademoiselle de la Traverse, qui débuta au théâtre le 8 ou 10 octobre 1730, par le rôle de Phèdre, fut reçue le 26 février 1731, s'en retira en juillet 1733, et épousa M. Bachelier, l'un des valets de chambre du Roi, dont elle est veuve : et l'autre nommée Mademoiselle Desbrosses, qui ne fit que paraître au théâtre en octobre 1729, s'en étant retirée au mois de mai 1730, mais qui y remonta en décembre 1736, et mourut six ans après.
Le fils se nomme François Baron. Il avait été reçu au Théâtre français le 15 septembre 1741, s'en retira avec la pension de 500 livres le premier janvier 1755, et est actuellement Caissier général des spectacles.

BEAUBOURG [1662 - 1725]. Ce comédien se nommait Pierre Tronchon, et avait épousé la fille de la Demoiselle Beauval, grand comédienne. On prétend qu'il avait été valet de son beau-père et il succéda à Baron, quand celui-ci se retira en 1691, et fut goûté du public, quoique sujet à confondre les beaux endroits d'une pièce avec les moindres, qu'il déclamait avec un égal enthousiasme, et d'une manière forcée, ce qu'il corrigeait cependant avec beaucoup d'âme. Le Joueur était son rôle brillant. Beaubourg quitta le théâtre le 3 avril 1718, et mourut à Paris le 27 décembre 1725, âgé de soixante trois ans, dans de grands sentiments de piété. Sa femme, qui s'était retirée dans le même temps que lui, a vécu jusqu'au 11 juin 1740. Elle jouait les confidentes tragiques.

BEAUMENARD (la Demoiselle). Cette actrice de la troupe française, pour les rôles de premières soubrettes, avait paru à l'opéra-comique da la Foire Saint-Germain 1743, avec beaucoup de succès : en 1744, elle quitta ce spectacle et s'engagea dans différentes troupes de province. Elle vint ensuite débuter d'abord à la Cour le 11 mars 1749, par Finette dans Menechmes; et à Paris, le 17 avril suivant, par Dorine dans le Tartuffe. Elle fut reçue le 24 octobre de la même année, quitta le théâtre à Pâques 1756, y remonta le 1er avril 1761, et épousa le sieur Bellecour.

BÉJART (Armande-Greinde-Claire-Elisabeth). Cette actrice épousa en première noces Molière, et en secondes Guérin Détriché : elle était très aimable, jouait supérieurement dans le comique noble, et chantait avec des grâces et un goût qui lui ont attiré dans son temps autant d'adorateurs que d'applaudissements. Elle quitta le Théâtre le 1' octobre 1694, et mourut le 3 novembre 1700. La demoiselle Béjart sa mère, qui avait épousé en secret le sieur de Modène, était aussi comédienne, jouait les soubrettes et les rôles ridicules, et mourut en 1672. Voyez encore Aubry.

BELLECOUR (le sieur Colson, dit), avait appris à peindre, et était élève de M. Carle Wanloo. Son goût pour le théâtre lui fit quitter ce premier talent : il débuta à la Comédie française le 21 décembre 1750, par le rôle d'Achille dans Iphigénie, et fut reçu le 24 janvier 1752. Il joue présentement, et avec beaucoup de succès, les premiers rôles dans le comique. Il donna en 1761 une pièce intitulée les Fausses apparences, et épousé la Demoiselle Beaumenard, bonne actrice du même théâtre.

BELLEROSE [16?? - 1670]. Ce comédien se nommait Pierre Le Messier ; il était déjà à l'Hôtel de Bourgogne en 1629, et en devint ensuite le chef. Il brillait dans les premiers rôles tragiques et comiques, et joua d'original ceux de la plus grande partie des pièces de Corneille ; il était cependant un peu trop affecté. Il quitta le théâtre en 1643, et mourut au mois de janvier 1670.

BENOZZI. Voyer DOCTEUR.

BERTINAZZI. Voyez Carlin

BIANCOLLELI. Voyez Dominique et Lalande.

BLAINVILE (le sieur N... Fromentin), né à Gonesse près Paris, était maître de pension de cette ville, lorsqu'il débuta au Théâtre français le 3 septembre 1757, par le rôle de grand-prêtre dans Athalie, et continua par Palamède dans Electre, et Lusignan dans Zaïre. Il fut reçu en 1758, et joue les rôles de pères.

BLONDY, l'un des plus beaux danseurs qui aient paru à l'Opéra, était neveu et élève du fameux Beauchamps, compositeur des ballets de Louis XIV. Il succéda en avril 1729 à Pécourd, pour la composition des ballets de l'Académie royale de musique, dont il s'est acquitté avec applaudissements jusqu'en 1747, qu'il mourut le 13 août, âgé de près de soixante-dix ans.

BONNEVAL (le sieur), acteur du Théâtre français où il débuta le 9 juillet 1741, par le rôle d'Orgon dans le Tartuffe, et fut reçu le 8 janvier suivant. Ses rôles sont ceux à caractère et à manteau, tels que l'Avare, etc. et ceux de pères.

BOURET parut à l'Opéra-comique en 1754, et y joua jusqu'à la réunion, avec beaucoup de succès, les rôles de niais, de Crispin, d'ivrogne, et autres rôles chargés, et a débuté à la Comédie française le 2 décembre 1762, par le rôle de Turcaret, et a été reçu à l'essai.

BRECOURT (Guillaume MARCOUREAU de) [16??-1685], comédien de la Troupe du Roi, commença de bonne heure à jouer la comédie, ayant débuté dans la troupe de Molière en 1658, et excellait dans les deux genres ; il mourut à la fin de février 1685, pour s'être rompu une veine, en représentant à la Cour le principal rôle de sa comédie de Thimon. Il parut en qualité d'auteur, en 1660, et a composé sept pièces, qui sont la Feinte de Jodelet ; la Noce de village ; le Jaloux invisible ; l'Infante Salicoque ; l'Ombre de Molière ; lesRégals de cousins et cousines, et Thimon. En l'année 1678, ce comédien étant à la chasse du Roi à Fontainebleau, joua une assez longue scène avec un sanglier, qui l'atteignit à la botte et le tint longtemps, mais lui ayant enfoncé son épée jusqu'à la garde, il mit ce furieux animal hors d'état de le faire craindre. Brécourt n'avait jamais joué un rôle plus grand ni plus honorable devant le Roi, qui eut la bonté de lui demander s'il n'était point blessé, et de lui dire qu'il n'avait jamais vu donner un si vigoureux coup d'épée.

BRILLAN (Mme Marie le MAIGNAN), épouse du sieur Buro, de l'orchestre de l'Opéra. Cette actrice a débuté au Théâtre français, le 16 juillet 1750, par Lucinde dans l'Homme à Bonne Fortune, et Agathe dans les Folies amoureuses, et fut reçue à la fin de la même année. Elle avait paru à l'Opéra-comique de la Foire Sant-Germain 1740, et les foires suivantes, avec beaucoup d'applaudissements, et quitta en 1759.

BUSCAMBILLE (Deslaurier dit ), était à l'Hôtel de Bourgogne vers le commencement du siècle dernier, et y a joué près de trente ans. C'était un farceur, et il est aisé de juger par plusieurs discours et prologues qu'il débitait, et qui ont été imprimés plusieurs fois (en 1610, 1619, 1741), combien les spectacles d'alors ressemblaient peu à ceux qui nous voyons de nos jours.

CAILLOT (Joseph), né à Paris en 1732, est un des acteurs du Théâtre italien, où il fut reçu en 1760, après avoir débuté le 26 juillet, par le rôle de Colas dans Ninette à la Cour, et joué dans la nouvelle troupe. Il a une très belle voix et est grand musicien.

CAMARGO (Marie-Anne de Cupis de). Cette célèbre danseuse fut baptisée le 15 avril 1710, en la paroisse de Saint-Nicolas de Bruxelles. Une généalogie manuscrite, et qui paraît arrêtée, l'a fait descendre d'une noble famille romaine, dont était le cardinal Jean-Dominique de Cupis de Camargo, évêque d'Ostie, doyen du Sacré Collège. Elle entra à l'Opéra vers 1730, et s'y faisait admirer par sa danse noble et légère. Elle est retirée depuis 1750, avec la pension de 1500 livres.

CARLIN (le sieur), acteur de la comédie italienne, est natif de Turin, et se nomme Carlo Bertinazzi. De tous ceux qui débutèrent après la mort de Thomassin, dans le rôle d'Arlequin, il fut le seul qu'on crut capable de remplacer cet excellent comique, et de le faire oublier un jour du public. Il a parfaitement rempli cette attente. Il fut reçu en 1741, âgé alors de près de vingt-huit ans, après avoir débuté le 10 avril dans Arlequin muet par crainte.

CHAMPMÉSLÉ. Cet ancien comédien, qui réunissait les talents de la représentation et de la composition, se nommait Charles Chevillet. Il était fils d'un marchand de rubans sur le Pont-au-change ; c'est ce qui fit dire à Le Noble en parlant des vers de Champméslé ;

Tu les as mesurés sans doute à l'aune antique

Dont jadis ton papa mesurait ses rubans.

Après avoir joué en province, il débuta dans la troupe du Marais en 1669, passa à Pâques 1670, dans celle de l'Hôtel de Bourgogne entra en 1679 dans celle de Guénégaud, et fut enfin conservé à la réunion des troupes françaises en 1680. Il jouait bien les rôles de Rois, et réussissait dans plusieurs rôles comiques. Le malheur qu'il eut de mourir subitement, au mois d'août 1701 en sortant d'un cabaret, préjudicia aux cérémonies de sa sépulture. La dernière édition de ses oeuvres, faite à Paris en 1745, contient, quoique dans un ordre, Délie ; Grisettes, ou Crispin Chevalier ; les Fragments de Molière ; l'Heure du berger ; la Parisien ; la Rue Saint-Denis ; la Coupe enchantée, et Je vous prends sans verd. On lui attribue encore une comédie de la Veuve, qui n'a pas été imprimée.

CHAMPMÉSLÉ (la Demoiselle). Cette illustre comédienne se nommait Marie DESMARES ; elle était petite-fille d'un président au parlement de Rouen, qui avait déshérité son fils, parce qu'il avait fait un mariage opposé à sa volonté : elle naquit dans cette ville en 1641, et débuta au théâtre du Marais en 1669. Elle avait épousé Champmélé, qu'elle suivit aux différents théâtres où il fut, et mourut au village d'Auteuil le 15 mai 1698, peu de temps après avoir quitté la scène. Elle avait joué sur trois théâtres, et a été célébrée par Despréaux, dans son épître à Racine, qui, dit-on en fut longtemps amoureux, et faisait exprès des rôles pour elle ; et par La Fontaine, dans les prologues de ses allégories de Belphégor et de Philémon.

CHANVILLE (le sieur Dubus de), dit SOLI, acteur du Théâtre italien, où il remplit les rôles d'amoureux , et surtout très bien les rôles chargés et parodies, depuis le mois de mai 1749. Le sieur Hyacinthe Dubus, très bon danseur de l'Opéra, est l'un de ses frères, ainsi que le sieur Préville, du Théâtre français.

CHEVALIER (Dlle), actrice de l'Opéra, où elle remplit depuis longtemps les premiers rôles avec beaucoup de succès ; son genre est le grand et les fureurs, etc.

CLAIRON (la Demoiselle Claire), de la Tude, après avoir joué en province, vint, le 8 janvier 1736, débuter à la Comédie italienne par un rôle de suivante, dans la pièce l'Ile des esclaves. Elle parut ensuite, en mars 1743, sur le théâtre de l'Opéra ; enfin, ayant débuté sur celui des Français, le 19 septembre de la même année, par le rôle de Phèdre, dans le pièce de Racine du même nom, cette jeune actrice fut reçue le 22 octobre suivant, avec applaudissements, et les a toujours attirés depuis de plus en plus, dans les rôles de force, etc qu'elle rend supérieurement.

CLAIRVAL remplissait avec succès les premiers rôles d'amants à l'Opéra comique, lorsque ce spectacle fut réuni à la Comédie italienne ; il fut conservé et incorporé dans cette troupe, où il a trois quarts de parts. Sa voix est très agréable ; il chante avec goût, et joue avec intelligence.

CLAVEREAU (Augustin), débuta au théâtre français en 1711, et fut reçu le 8 juillet de la même année ; il se retira le 26 décembre 1715, avec une pension de 500 livres dont il jouit encore. Sa femme a aussi débuté à ce théâtre.

COLOMBINE. L'Actrice qui jouait ce rôle, sur l'ancien Théâtre italien, se nommait Catherine Biancolleli. Elle était femme de la Thorillière, comédien français, et fille du célèbre Dominique. Il y a deux pièces françaises qui portent le titre de Colombine.

CONELL (Marguerite Louis Daton), fille de Hugues Daton, Ecuyer, naquit à Paris en 1714, et débuta favorablement au Théâtre français pour la première fois le 19 mais 1734, par Inès, et pour la seconde fois le 26 mai 1716, par le rôle de Junie dans Britannicus, et celui d'Agathe dans les Folies amoureuses. Elle fut reçue le 13 août pour les rôles de confidentes tragiques, et ceux des secondes amoureuses comiques, et traitée ensuite par le public avec beaucoup de rigueur. Elle mourut le 2& mars 1750, âgé de trente-cinq ans.

CORALINE. C'est le nom d'un rôle des comédies italiennes. L'actrice qui l'a remplit en dernier lieu est le Demoiselle Anna, fille du sieur Carlo Veronese, laquelle débuta le 16 mai 1744, à l'âge de quatorze ans, dans un rôle de Colombine. Cette agréable actrice avait beaucoup de talents pour le comique et pour la danse. Elle quitta en 1759.

CRISPIN, rôle ou personnage de la Comédie française qu'on prétend avoir été inventé par Raymond Poisson. C'est ordinairement un valet singulier.

D'ALAINVILLE, acteur du Théâtre français, où il débuta par le rôle d'Arviane dans Mélanide, le 29 janvier 1758, fut reçu la premier avril suivant, à demi-part, et quitta en 1760.

DANCOURT (Florent CARTON , connu sous le nom de) [1661, Fontainebleau - 1725], naquit à Fontainebleau le premier novembre 1661, jour de la naissance de Monseigneur le Grand Dauphin, ainsi qu'il nous l'apprend dans son épître dédicatoire de sa comédie des Fées, à ce Prince :

Pour m'attacher à toi le Ciel m'a destiné

Dès le moment qu'au jour il ouvrit ma paupière :

Quel présage heureux d'être né

Ce même jour si fortuné

Où tu vis la lumière !

Il était fils de Florent CARTON, écuyer, sieur Dancourt, et de Louise de Londé, (qui descendait par les femmes des Budé), et petit-fils d'un sénéchal de Saint-Quentin. Il était homme d'esprit, parlait très bien, et avait fait de bonnes études à Paris dans le collège des jésuites, sous le P. de la Rue. Il étudia en Droit, et se fit recevoir avocat à l'âge de dix-sept ans, et monta au théâtre peu d'années après, entraîné, dit-on, par l'amour qui le porta à enlever la soeur de La Thorillière. Sans être grand acteur, il avait certains rôles convenables qu'il rendait avec succès, surtout ceux de raisonnement, comme le Misanthrope, Esope, etc. On a dit de lui qu'il jouait noblement la comédie, et bourgeoisement la tragédie. Il fut longtemps l'orateur de la Troupe, emploi dont il s'acquittait très bien. Il a joué la comédie et en a composé pendant trente-trois ans. Sa politesse et les agréments de sa conversation le firent rechercher des grands seigneurs. Il se retira du théâtre à Pâques 1718, et mourut dans sa terre de Courcelle-le-Roi, en Berry, le 6 décembre 1725, en sa soixante quinzième année. Il avait épousé en 1680 Thérèse Le Noir, soeur de La Thorillière, qui était une des plus gracieuses comédiennes du théâtre, et qui à près de soixante ans jouait encore les rôles d'amantes, avec des airs enfantins et les grâces de la jeunesse. Elle avait quitté le théâtre en 1720, et mourut à Paris le 11 mai 1725, âgée d'environ soixante-quatre ans. Ils laissèrent deux filles qui avaient débuté toutes les deux le même jour, le 10 décembre 1699. L'aînée, âgée alors de quatorze ans, quitta bientôt le théâtre pour épouser M. Fontaine, commissaire et contrôleur de Marine, et mourut en 174... La cadette avait environ treize ans, fut longtemps connue au théâtre sous le nom de Mimi, se maria à M. Deshayes, gentilhomme, fils d'un lieutenant général d'artillerie, et se retira le 14 mars 1728. Elle est encore vivante, et pensionnaire de la troupe. Les oeuvres de Dancourt, en neuf volumes in-12 ou en huit, contiennent les pièces suivantes, dont la plupart se donnent assez souvent ; le Notaire obligeant, ou les Fonds perdus ; le Chevalier à la mode ; la Maison de campagne ; la Folle enchère ; l'Été des coquettes ; la Parisienne ; le Femme d'intrigues ; les Bourgeoises à la mode ; la Gazette ; l'Opéra de village ; l'Impromptu de garnison ; les Vendanges ; le Tuteur ; la Foire de Bezons ; les Vendanges de Suresnes ; la Foire Saint-Germain ; le Moulin de Javelle ; les Eaux de Bourbon ; les Vacances ; Renaud et Arminde ; la Loterie ; le Charivari ; le Retour des officiers ; le Curieux de Compiègne ; le Mari retrouvé ; les Fées ; les Enfants de Paris, ou la Famille à la mode ; la Fête de village, ou les Bourgeoises de qualité ; les Trois cousines ; Colin Maillard ; l'Opérateur Barry ; les nouveaux Divertissements des comédies de l'Inconnu, des Amants magnifiques, et de Circé ; le Galant Jardinier ; l'Impromptu de Livry; le Divertissement de Sceaux ; les deux Diables Boiteux ; la Trahison punie ; Madame Artus ; les Agioteurs ; la Comédie des comédiens, ou l'Amour Charlatan ; Céphale et Procris ; Sancho Pança ; l'Impromptu de Suresne ; les Fêtes du Cours ; le Vert Galant ; le Prix de l'Arquebuse ; le Métempsichose ; la Déroute du Pharaon, et la Désolation des joueuses. Il a encore donné les Dames à la mode ; Merlin déserteur ; le Carnaval de Venise ; le Médecin de Chaudray ; la Belle-mère, et l'Eclipse, qui n'ont point été imprimées ; outre les Nouvelistes ; Angélique et Médor, et la Mort d'Alcide, qu'on lui attribue, avec quelques autres pièces de théâtre qu'il a laissées après sa mort, et des ouvrages de piété. Il écrivait d'un style léger et agréable ; et si toutes ses pièces ne sont pas aussi châtiées qu'on le désirerait, on peut dire que le dialogue en est toujours très vif. On a prétendu qu'il ne les avait pas composées toutes, et qu'il y en avait plusieurs qu'il n'avait fait que retoucher.

DANCOURT, C'est le nom qu'a pris un comédien de province, qui est fils d'un employé à la monnaie de Paris : il vint débuter au Théâtre français en 1761, pour les rôles de Crispin, et ne fut pas reçu. Il a donné en 1762 la comédie des Deux amis.

DANGEVILLE (Charles Botot), né à Paris le 18 mars 1665, était un acteur qui avait de grands talents pour jouer les rôles simples et naïfs, tels que Thomas Diaphoirus dans le Malade imaginaire ; le Philosophe dans le Bourgeois gentilhomme ; Philinte dans le Glorieux, etc. Il était fils de Jean Boto, procureur au Châtelet, avait été reçu à la Comédie française en 1702, après avoir débuté dans le rôle sérieux de Ladislas, de la tragédie de Venceslas, et s'en retira le 3 avril 1740, doyen de la troupe, avec tout le regret possible de la part du public. Il mourut le 18 janvier 1743, sans laisser d'enfants d'Hortense GRANDVAL sa femme, qui avait débuté en 1701, et est à présent pensionnaire de la Troupe, d'où elle s'est retirée en 1739.
Le sieur Etienne Botot Dangeville, neveu de celui dont nous venons de parler, lui succéda dans tous ses rôles : il avait été reçu l e5 juin 1730, et est frère de Marie-Anne Botot Dangeville, qui avait brillé dès sa plus tendre jeunesse par ses talents pour le comédie et la danse, et qui débuta au mois de janvier de la même année 1730, dans le rôle de Lisette de la comédie du Médisant, âgée de quatorze ans. Tout le monde connaît et admire sa façon de jouer fine, délicate, vraie, et supérieure. Ils ont quitté l'un et l'autre le théâtre à Pâques 1763 ; mais la Demoiselle Dangeville a été conservée pour jouer toujours ses rôles dans les spectacles de la Cour. Il sont tous les deux enfants du sieur Dangeville, ancien danseur, et pensionnaire de l'Académie royale de musique, et de la soeur cadette de Melle Desmares, et a quitté en 1712, avec la pension dont elle jouit encore.

DESBROSSES (la Demoiselle), avait débuté en 1684 dans le Troupe française, se retira le 3 avril 1718, et mourut le premier décembre 1722. Elle rendait parfaitement les rôles ridicules, et surtout les vieilles coquettes.
Il y eut encore une actrice de ce nom, qui était petite-fille de Baron, et débuta le 19 octobre 1729. Elle mourut le 16 décembre 1742.

DESCHAMPS, acteur excellent dans les rôles de valets, qu'il jouait avec autant de finesse que de naturel, débuta au Théâtre français le 30 août 1742, par Hector dans le Joueur, et fut reçu le premier octobre suivant. Il mourut le 21 novembre 1754, âgé de [  ] ans, et fort regretté.

DESCHAMPS (la Dlle), était une des meilleures actrices de l'Opéra-comique depuis plusieurs années pour les rôles de caractère, et de mère, lorsque ce spectacle fut réuni à la Comédie italienne en 1762 ; elle fut conservée et reçue à ce théâtre à trois-quart de parts, et on la voit avec plaisir. Elle a épousé depuis quelques années le sieur Berrard.

DESENTIS, l'une des basse-tailles de l'Opéra, où il joue dans les rôles depuis quatre ans.

DESGLANDS (Eulalie), née à Rennes, débuta à l'Opéra-comique pour y chanter, en 1752, et y resta jusqu'en juin 1753, qu'elle fut reçue à pension à la Comédie italienne, pour le chant et pour la danse, et ensuite en 1760 avec part entière.

DESGRANGES, auteur forain, né à Carcassonne d'une bonne famille, ayant pris de l'amour pour le théâtre, se fit comédien, et choisit les rôles de Scaramouche, qu'il joua fort bien. Sa réputation le fit appeler à Paris en 1712, dans le troupe du sieur Saint-Edme. Il y joua ensuite dans d'autres troupes jusqu'en 1718, qu'ayant eu la direction d'une troupe française et iatlienne, établie à Rouen, il se rendit dans cette ville où il mourut vers 1722. Il avait donné à la Foire en 1718 la Fourbe sincère, pièce en deux actes.

DESHAYES ou de HESSE (Jean-Baptiste), hollandais de nation, débuta dans la Troupe italienne le 2 décembre 1734, à Fontainebleau, par le rôle de valet de la comédie du Petit maître amoureux. Ses talents pour ces sortes de rôles sont si brillants, qu'il est peu d'acteurs dans le même genre qu'on puisse lui comparer ; aussi le public l'a-t-il toujours vu avec un plaisir infini. D'ailleurs, il a mérité son suffrage dans beaucoup d'autres rôles comiques, et par les ingénieux et charmants ballets pittoresques qu'il a composé longtemps, tant pour la Cour, que pour son théâtre. Il a épousé l'aînée des filles qu'a laissées Thomassin, et dont le nom est Catherine Vicentini. Elle avait été reçue au même théâtre en 1726, et s'en retira en 1760. Elle jouait avec succès les rôles d'amoureuses et de soubrettes.

DESMARES (Christine-Antoinette-Charlotte). Cette célèbre actrice était arrière-petite-fille d'un président au parlement de Rouen. Elle naquit en 1682 à Copenhague, d'un comédien français qui y était alors avec sa femme, petite fille du fameux Montfleury, dans une troupe de comédiens de la même nation, qu'entretenait le roi de Danemark. Son père étant revenu à Paris, entra dans la troupe du roi, où on l'a vu longtemps avec plaisir jouer les rôles de paysan, d'ivrogne, etc. Melle Desmares avait une figure et une voix charmantes, et excellait dans les deux genres tragique et comique. On n'a vu sur aucun théâtre personne réunir tant de talents pour la déclamation et pour le jeu de représentation. Elle avait paru dès 1689 dans un rôle d'enfant, et débuta ensuite le 30 janvier 1699. Elle quitta la Comédie française à Pâques 1721, n'étant presque âgée de trente-huit ans. Le public l'a regrettée longtemps. Elle était nièce de la célèbre Champméslé, et mourut le 12 septembre 1753, à Saint-Germain-en-Laye, âgée environ de soixante-dix ans.

DESOEILLETS (Mademoiselle), était, au gré des meilleurs connaisseurs, une très excellente comédienne, et même gracieuse quoique laide, assez âgée et fort maigre. Elle a rempli pendant plusieurs années les premiers rôles tragiques à l'Hôtel de Bourgogne, et on prétend qu'elle a joué d'original celui d'Hermione dans l'Andromaque de Racine, que la Champméslé joua ensuite en concurrence, sur quoi on fait dire au feu Roi, dont le goût était si sûr en toutes choses, que pour remplir ce rôle parfaitement, il faudrait que la Desoeillets jouât les deux premiers actes, et la Champmélé les deux autres, voulant faire entendre par-là que celle-ci avait plus de feu pour faire sentir les emportements qui se trouvent dans les derniers actes de cette pièce, et l'autre plus de délicatesse et de finesse.
L'actrice dont nous parlons joua aussi Ariane d'original dans le tragédie de ce titre de Thomas Corneille ; Agrippine, mère de Néron, dans le Britannicus de Racine. Elle n'avait contre elle que sa figure qui n'était pas belle ; mais elle se mettait si bien et avait un air de noblesse et de grandeur si naturel, qu'elle plaisait toujours infiniment. Elle rendait encore parfaitement les amoureuses comiques, et mourut à la suite d'une longue maladie, le 25 octobre 1670, âgée de près de cinquante ans.

DESORMES (M), comédien de l'Electeur Palatin, et connu par plusieurs écrits, a donné en 1748 une petite comédie intitulée l'Amour réfugié.

DOCTEUR. C'est un rôle des pièces italiennes, dont même plusieurs portent le titre. C'est ordinairement celui d'un pédant, d'un babillard éternel qui ne saurait ouvrir le bouche que pour débiter une sentence, ou pour proférer quelques paroles latines. Les acteurs qui l'ont rempli depuis le rétablissement du théâtre italien sont,
Francesco Matterazzi : il était venu avec la nouvelle troupe italienne, et mourut le 29 novembr 1738, âgé de quatre-vingt six ans : il faisait très bien son personnage, et c'était un très honnête homme.
2° N... Benozzi : il fut reçu au Théâtre italien en 1731, après avoir débuté dans le rôle de Scaramouche, et était frère de la Demoiselle Silvia. Il est mort au mois de mai 1754.
3° GANDINI, qui avait débuté en 1745 pour les rôles de Scaramouche, et prit ceux de docteur en 1754, il se retira en 1757.
4° le Sieur SAVI, qui a débuté le 15 octobre 1760, dan les rôle d'Arlequin, joue aussi ceux de docteur en 1754 ; il se retira en 1757.

DOMINIQUE BIANCOLELLI. Ce fameux Arlequin de l'ancien théâtre italien, mort en 1688, avait laissé cinq enfants, trois fils et deux filles ; l'aînée, dont le nom de théâtre était Isabelle, fut mariée à M. de Turgis. Sa soeur cadette, nommée Catherine Biancolelli, remplissait les rôles de Colombine : nous avons parlé de ces deux actrices. Des trois fils, l'aîné fut capitaine au Régiment Royal des Vaisseaux, chevalier de Saint-Louis, directeur des fortifications de Provence, et mourut à Toulon le 5 décembre 1729, à la veille d'être nommé brigadier des armées du Roi, étant le plus ancien des ingénieurs. Le second, qui s'est fait appelé Boismorand, a longtemps été commissaire de la marine à Saint-Domingue, et était encore vivant en 1756. L'autre fils se nommait Pierre-François Biancolelli, naquit à Paris en 1681, et porta aussi le nom de Dominique, comme son père. Au sortir de ses classes, il se lia à Pascarel, acteur de l'ancien théâtre italien, et qui courait les provinces avec une troupe ; il le suivit à Toulouse, et y débuta par le rôle d'Arlequin. Au bout de quelques années, il fut jouer dans les principales villes d'Italie, avec la fille de Pascariel, qu'il avait épousée. (Voyez Lalande. Ensuite, il revint en France, et joua différentes fois à l'opéra-comique. Mais M. le Régent ayant souhaité qu'il s'attachât à la troupe italienne, pour pouvoir, en cas d'accident, remplacer Thomassin : il parut sur le théâtre de l'Hôtel de Bourgogne, pour la première fois le 11 octobre 1717, sous l'habit de Pierrot ; il quitta cependant bientôt ce rôle, pour prendre l'habit de Trivelin, qu'il remplit toujours depuis sous le masque, avec l'applaudissement du public. Cet acteur jouait très sensément, et avait une mémoire prodigieuse : il mourut le 18 avril 1734, âgé de cinquante-trois ans, et fort regretté. Comme il a beaucoup travaillé aussi en qualité d'auteur, depuis 1710, nous avons un assez grand nombre de pièces de sa façon. En voici les titres :
Comédies jouées en province ; la Femme fidèle ; l'École galante, le Prince généreux ; Arlequin gentilhomme par hasard ; le Fausse belle-mère ; les Salinières, et le Procès des comédiens.
Pièces présentée au nouveau théâtre italien : Oedipe travesti ; le Triomphe d'Arlequin ; ou le Pélerinage de la foire ; les Amours de Vincennes ; Artémire ; les Etrennes ; Arlequin Romulus ; Arlequin soldat ; le Bois de Boulogne ; le Triomphe de la folie ; le Mariage d'Arlequin et de Silvia ; le Retour de Fontainebleau ; la Folle raisonnable ; Arlequin Tancrede, et les Quatre semblables. Outre la Métempsichose d'Arlequin ; le Jugement de Pâris ; la Désolation des deux comédies ; lae Procès des théâtres, et la Foire renaissante, faite avec Lilo père. Agnès de Chaillot ; le Départ des comédiens italiens ; le Mauvais ménage ; et le Cahos [Chaos] , avec Le Grand. Les Comédiens esclaves ; la Parodie de Pirame et Thisbé ; celle de Médée et Jason ; l'Isle de la folie ; l'Amant à la mode , composés en société avec Romagensi [sic Romagnesi] et Lelio fils. Arlequin Roland ; Arlequin Hulla ; la Revue de théâtres ; Arlequin Bellerophon ; la Bonne femme ; la parodie d'Alceste ; les Paysans de qualité ; les Débuts ; Dom Micco et Lesbine ; le Feu d'artifice ; la parodie d'Hésione ; la Foire de poètes ; l'Isle du divorce ; le Silphide ; Bolus ; Arlequin Phaéton ; Arlequin Amadis ; etc. en société avec Romagnesi seul. La Comédie de village, et la Méchante femme, avec le sieur Riccoboni.
Il a de plus de Dominique quelques opéras-comiques ; quatre ou cinq pièces qui n'ont pas été imprimées, telles que Pasquin et Marforio médecin des moeurs ; les Terres australes ; le Feu d'artifice ; les Etrennes, etc.

DORIMOND. Il était comédien de la troupe du Marais, ainsi que sa femme, et composa depuis 1658 les pièces suivantes, dont quelques-unes sont assez bonnes ; le Festin de pierre ; l'Amant de sa femme ; les Amours de Trapolin ; l'École des cocus ; la Femme industrieuse ; l'Insconstance punie ; Roselie, et l'Avare dupé. On lui attribue encore la Dame d'intrigue, le Médecin dupé.

DROUIN (le sieur). Cet acteur s'est fait estimer par ses moeurs et son caractère : il avait paru dans sa jeunesse à l'Opéra-comique où son père jouait ; après avoir été dans les troupes de province, il débuta au Théâtre français le 20 mai 1744, par Azor dans Amour pour amour, et fut reçu le 5 avril 1745, pour jouer les troisièmes rôles ; il a épousé la Dlle Gautier. Le malheur qu'il a eu de se casser deux fois le tendon d'Achille, en dansant sur le théâtre nous en priva pendant dix-huit mois, et l'a enfin obligé à se retirer au premier janvier 1755, avec une pension de la cour de 1200 livres et celle des Comédiens de 1000 livres. Le public l'a regretté. L'application avec laquelle ce jeune acteur travaillait, augmentait de jour en jour ses progrès. Il a fait un opéra-comique intitulé la Meunière de qualité.
La Demoiselle Drouin, sa soeur, a épousé le sieur Préville. Elle débuta au Théâtre français le 28 décembre 1753, dans Inès de Castro, par le rôle d'Inès, e ensuite par Henriette dans les Femmes savantes, mais elle ne fut pas reçue alors, et ne l'a été qu'en 1757. Sa figure est noble et théâtrale, et elle joue avec beaucoup d'intelligence les confidentes tragiques, et les grandes amoureuses, ou coquettes, dans le comique.

DU BOCCAGE (Mlle Laurence Chantrelle), fille d'un comédien de ce nom, retiré en 1723 du Théâtre français avec la pension, et mort en 1727, débuta au même théâtre le 9 avril 1723, par Dorine dans le Tartuffe, et fut reçue le 28 mai suivant pour le soubrettes, et pour les confidentes dans le tragique. Elle s'est retirée le 31 mars 1743, avec la pension, et épousa le sieur Romacan, ancien caissier et receveur de la Comédie Française.

DUBOIS (le sieur), Comédien du Théâtre français, y débuta le 28 octobre 1736, par le rôle d'Andronic dans la tragédie de ce titre, et fut reçu le 29 novembre suivant. Il remplit avec succès les troisièmes rôles dans le tragique, les grands confidents, et plusieurs personnages dans le comique tels que les valets, les paysans, etc. Son épouse débuta le 26 mars 1745, par Cléanthis dans Démocrite, etc. et n'ayant été point reçue, elle alla jouer la comédie en Province. L'aînée de ses filles est actuellement au Théâtre français depuis 1759, et a une très jolie voix.

DUBOIS (le Dlle), joue depuis quelques années les premiers rôles à l'Opéra, où elle débuta en 1752.

DUBREUIL (Pierre Guichon sieur), né à Paris, et comédien du Théâtre français, où il avait débuté le [2]5 avril 1723, par le rôle de Xipharès dans Mithridate, fut reçu le 12 mars 1725, et se retira en 1758, avec la pension. Il mourut à Saint-Germain-en-Laye l'année suivante. Son peu de conduite l'avait mis fort mal à son aise. La demoiselle Elisabeth Taitte son épouse avait débuté le 17 novembre 1721, par le rôle de Clytemnestre dans Iphigénie, fut reçue le 25 mai de la même année, s'était retirée avec la pension en 1745, et mourut en 1758. Elle jouait dans le comique tous les rôles de caractère.

DUBUS. C'est le nom de famille de trois bons acteurs de nos théâtres, et qui sont frères. L'aîné est surnommé Préville : après avoir brillé en province, il vint à Lyon débuter à la Comédie française, pour remplacer Poisson , le 20 septembre 1753, dans le rôle de Crispin du Légataire universel, et il fut reçu à Fontainebleau le 20 octobre suivant, avant le fin de son début, aussi est-ce un excellent comique. Le Dlle Drouin son épouse, qui a aussi beaucoup de talent, est reçue au même théâtre depuis 1757
Le second s'appelle Chanville, ou Soli : après avoir été aussi jouer en province, il parut pour la première fois au Théâtre italien le 29 mai 1749, dans la Surprise de la haine, et fut pensionné de la troupe pour les rôles d'amoureux, qu'il remplit très bien, ainsi que les rôles de paysan et de femmes dans les parodies, et tous les rôles chargés. En 1759, il fut reçu à demi-part.
La troisième frère enfin, est un des premiers danseurs de l'Opéra, où il est depuis 1749 ; on le connaît sous le nom d'Hyacinthe, et il est actuellement maître de l'école de danse de l'Académie.

DUCHEMIN (Jean-Pierre). Cet acteur excellait dans les rôles de financier, tels que celui de Lisimond dans le Glorieux, et dans ceux à manteau et de caractère comme le Grondeur etc. Il débuta au Théâtre français le 27 décembre 1717, par Harpagon de l'Avare, fut reçu au mois de juillet suivant, et s'en retira le 19 mars 1740 ; ce qui fut une grande perte pour le public, qui le regrette encore tous les jours : il est mort le 15 novembre 1754. Sa femme débuta sans être annoncée par le rôle de Céphise dans Andomaque, et fut reçue dans la troupe le 27 décembre 1720, et après l'avoir quitté et y être rentrée en moins de trois ans, elle se retira tout à fait en février 1726, avec pension. Ils ont eu un de leurs fils qui a été élève de Baron ; il avait débuté en juillet 1724, et fut reçu au mois de janvier suivant ; mais il quitta le théâtre le 6 mars 1730, avec une pension de 500 livres. Il a été ensuite directeur de troupe en Province, avait épousé le Demoiselle Duclos, et mourut le 3 février 1753. Un second fils s'est fait dentiste, ayant appris cet art du sieur Fauchard, qui est marié à sa soeur.

DUCLOS (Marie Anne Chateauneuf, dite). Cette célèbre actrice, qui a fait les délices de notre théâtre, et a joué avec le même succès pendant près de quarante-trois ans, était née à Paris, et petite-fille d'une comédienne nommée Duclos, en réputation à l'Hôtel de Bourgogne en 1646, ce qui l'engagea à prendre ce nom en montant au théâtre. Elle débuta le le 27 octobre 1693, par le rôle d'Ariane dans la tragédie de ce nom ; et la joua si parfaitement qu'elle fut reçue le même jour. Le Roi lui avait accordé une pension de 1000 livres sur le trésor royal. Elle quitta le théâtre en mars 1736, et mourut le 18 juin 1748, très âgée. Le 18 avril 1725, elle s'était mariée avec Duchemin fils.

DU CROISY (Philibert GASSAUD). Cet ancien comédien était de la troupe de Molière, où il remplissait parfaitement les rôles à manteau : il jouait d'original celui du Tartuffe. Il quitta le théâtre en 1689, et mourut en 1695, âgé de soixante-six ans.

DUMENI, ancien acteur de l'Opéra, avait une haute-contre des plus belles, et un jeu noble et vrai. Il n'était redevable de ces talents qu'à la seule nature ; car de cuisinier de M. Foucault, pour lors intendant de Montauban, il se fit d'abord admirer dans les premiers rôles de l'opéra, où il débuta le 5 janvier 1677, et l'on raconte qu'ayant joué celui de Phaéton avec un grand succès, quelqu'un s'écria du parterre :

Ah ! Phaéton est-il possible

Que vous ayez du bouillon.

Il mourut âgé, vers 1715.

DUMENIL (la demoiselle Marie), née à Paris, débuta à la Comédie française à l'âge de vingt-deux ans, le 6 août 1737. Clytemnestre d'Iphigénie, Phèdre, et Elisabeth furent ses essais, et elle s'acquitta de ces rôles avec tant de succès, qu'on crut ne pouvoir faire assez d'éloges de ses talents. Elle avait joué deux ans à Strasbourg avant que devenir l'ornement de notre théâtre, dans les rôles de fureur, de reine, et de mère. Cette actrice a la voix nette et flexible ; beaucoup d'intelligence, de feu, de justesse ; une expression unie et modérée, et un geste des plus nobles et expressifs. Boissy, dans sa pièce de l'Apologie du siècle, remise au Théâtre italien dans le temps de son début, s'exprima en ces termes à son sujet :

Dans son brillant essai, qu'applaudit tout Paris,

Le suprême talent se développe en elle,

Et prenant un effort dont les yeux sont surpris,

Elle ne suit personne et promet un modèle.

Elle fut reçue dans la troupe le 8 octobre 1737. Sa majesté lui a accordé en 1762 une pension particulière, à prendre sur le fonds des Menus-plaisirs.

DUMOULIN. Ce nom est très connu à l'Académie royale de Musique, ayant été porté par trois frères qui ont dansé longtemps avec distinction sur son théâtre ; savoir; François Dumoulin, qui débuta en 1700, et se retira en 1748 ; il avait adopté le caractère d'Arlequin : Pierre Dumoulin, qui parut en 1705 se retira aussi en 1748, et exécutait les Polichinelle, les Pierrot et autres caractères. Enfin, David Demoulin, le plus jeune des trois frères, qui débuta au mois de décembre 1705, et quitta après Pâques de l'année 1751 ; il remplissait avec applaudissements les premières entrées et les danses graves et sérieuses, et vit encore.

DU PARC, dit GROS RENE, débuta d'abord dans une société bourgeoise en 1645, il suivit ensuite Molière en province ; et joua dans sa troupe. Il faisait les valets dans la farce, et succéda à Jodelet. Le rôle de Gros René, qu'il remplissait très bien, était une espèce de Gilles ou de Jean Farine, diseur de bons mots, dont le caractère était toujours le bouffon. Du Parc mourut vers l'année 1673. Sa femme, qui remplissait les premiers rôles avec beaucoup de succès était morte le 11 décembre 1668.

DUPRÉ. Ce fameux danseur était compositeur de ballets de l'Académie royale de musique, depuis le mois d'août 1747, ayant succédé à Blondy dans cet emploi ; il se retira su théâtre en 175... avec la pension. Il y a eu encore à l'Opéra deux danseurs qui portent ce nom, et sont actuellement pensionnaires.

FEL (Mlle), une des bonnes actrices de l'opéra, où elle a été plus de vingt ans, jouait les premiers rôles tendres et légers, et était fort estimée à cause de sa voix gracieuse, et chantait l'italien avec beaucoup de goût. Elle est languedocienne et se retira en 1759.

FIERVILLLE débuta au Théâtre français le 18 mai 1733 par le rôle de Palmède dans Electre, fut reçu en 1734, et fut congédié le 24 janvier 1741, avec une pension de 500 livres. Il jouait les rôles de paysan, et est actuellement dans une troupe de province.

FLAMINIA (la Delle), actrice du Théâtre italien, se nomme Hélène Baletti, de la ville de Ferrare. Elle est veuve de Lelio, mère du sieur Riccoboni; soeur de Mario, et cousine germaine de la Dlle Silvia. Elle était venue en France avec son mari en 1716, pour jouer les premières amoureuses, se retira du théâtre en même temps que lui en mars 1729, y remonta à la fin de novembre 173, et y resta jusqu'à Pâques de l'année 1752 : elle jouit à présent de la pension. Voici comme on s'est expliqué à son sujet : "Elle joue ses rôles avec précipitation, mais avec intelligence, entrant admirabement dans les différents caractères, dont elle exprime non seulement les sentiments, mais en produit encore d'autres elle-même très convenables au sujet ; son esprit et ses talents lui ont mérité d'être admise en quatre académies d'Italie, qui sont celles de Rome, de Ferrare, de Bologne, et de Venise ; entre toutes ses connaissances, celle de son mérite semble ne lui être pas échappée." Nous avons de cette actrice une comédie du Naufrage, et celle d'Abdilly, roi de Grenade, faite en société avec Delisle.

FLEURY (N... Liard dit), Comédien du Théâtre français, où il débuta le 25 avril 1733, par Achille dans Iphigénie ; il fut reçu en 1734, et s'est retiré le 24 janvier 1741, avec une pension de 500 livres. Il joue actuellement en Provence les premiers rôles des deux genres.

FLORIDOR. Cet ancien acteur était gentilhomme, et se nommait Josias de Soulas ; il quitta une place d'enseigne dans le régiment de Rambure, pour se faire comédien de province. Il débuta dans la troupe du Marais en 1640, et passa en 1643 à l'Hôtel de Bourgogne. Il jouait parfaitement les premiers rôles dans le tragique et dans le comique, et était l'orateur de la troupe. Il se retira en 1672, et mourut au mois d'avril de la même année, âgé de soixante-quatre ans. Ce fut à son occasion que Louis XIV, rendit l'arrêt que la profession de comédien n'est pas compatible avec la qualité de gentilhomme.

FONTAINE (la Demoiselle), était une très belle et très noble danseuse de l'Opéra, où elle parut en 1681. Elle a été la première femme qui ait dansé sur le Théâtre de l'Académie Royale de Musique ; avant ce temps les rôles de dames étaient remplis par des hommes habillés en femme.

FOULQUIER (Catherine), dite Catinon, née à Toulouse, est la fille aînée du sieur Jean-Baptiste Foulquier, né à Béziers, qui a joué longtemps de la basse dans l'orchestre de la Comédie italienne, et qui a composé la musique de quelques ballets. Elle débuta comme actrice au même théâtre, à l'âge de quinze ans, le 20 décembre 1753, par le rôle d'Angélique dans la Mère confidente, et fut retenue à pension pour les rôles d'amoureuses, et la danse, et ensuite reçue à part en 1757. Elle s'est fait estimer par ses talents et ses moeurs, et a fait un mariage très honnête. Sa soeur cadette, connue sous le nom de Suzette, née à Nantes, est aussi pensionnaire du même spectacle pour la danse, et a épousé en 1761, le sieur Carlin.

GANDINI. Voyez SCARAMOUCHE.

GARDEL (le sieur), un des bons danseurs de l'Opéra, où il est depuis quelques années.

GAULTIER (la Dlle), débuta au théâtre français en 1716, fut reçue au mois d'octobre de la même année, quitta en 1726 avec la pension de 1000 livres et par un principe de dévotion se fit religieuse carmélite à Lyon. Elle mourut en 1757. Elle distribuait sa pension aux pauvres, et ne prenait que 24 livres dessus pour elle chaque année.

GAUSSIN (Marie-Magdeleine). Cette aimable actrice, qui joue les rôles de tendresse avec tant d'âme, et les naturels avec tant de naïveté et de simplicité que l'art disparaît pour ne laisser apercevoir que la vérité, fait l'ornement de la scène française depuis le 28 avril 1731, qu'elle y débuta par le rôle de Junie dans Britannicus. Elle fut reçue le 6 juillet suivant, et a toujours continué depuis à remplir les premier rôles avec tout le succès possible. Elle se maria en 1758, avec le sieur Taolaigo, bon danseur qui était entré à l'opéra en 175... et s'en retira en 1757.

GAUTHIER GARGUILLE. Ce farceur se nommait Hugues Guérin ou Guéru, dit Flechelles : il débuta dans la Troupe du Marais vers l'an 1598, et passa ensuite dans celle de l'Hôtel de Bourgogne. Il avait le corps maigre, les jambes longues et menues, et un gros visage ; aussi ne jouait-il jamais sans masque, et pour lors, avec une grande barbe pointue, une calotte noire et plate, des escarpins noirs, des manches à frise rouge, un pourpoint et des chausses de frise noire, il représentait toujours le vieillard de la farce. Il chantait ordinairement une chanson, et quoiqu'elle ne vaut rien la plus grande partie du temps, plusieurs ne venaient, dit-on, à l'Hôtel de Bourgogne que pour l'entendre. Cet homme, si ridicule à la farce, ne laissait pas quelquefois de faire le roi, et assez bien, dans les pièces sérieuses, à l'aide du masque et de la robe de chambre que portaient alors tous les rois du théâtre. Il mourut en 1634, âgé de soixante ans. Sa veuve, fille de Tabarin, à qui il laissa quelques biens, se remaria à un gentilhomme de Normandie, après s'être retirée du théâtre.

GAUTIER (le Demoiselle). Cette agréable actrice du Théâtre français, y fut reçue le 11 juin 1742, après avoir débuté le 30 mai précédent, dans le Cid. Elle joue avec beaucoup de goût et d'intelligence les rôles de soubrettes, et ceux de caractères, et a une fort joie voix. Elle a épousé le sieur Drouin, comédien de la même troupe, et est fille d'un musicien connu.

GHERARDI (Evariste), n'avait jamais monté sur le théâtre, et sortait du collège de la Marche, quand il tenta en 1689 de remplacer le fameux Dominique, Arlequin de l'ancien Théâtre italien. Il parut donc pour la première fois le premier octobre, et eut le bonheur de réussir au gré du public, (quoiqu'il eût choisi pour coup d'essai le Divorce, pièce qui avait échoué dans les mains de Dominique). Il continua toujours depuis à mériter les suffrages, et mourut au mois d'août 1700, à la fleur de son âge. Nous avons de Gherardi, en qualité d'auteur, le retour de la Foire de Bezons, donnée en 1695 ; et en qualité d'éditeur, le recueil des meilleure pièces jouées sur l'ancien Théâtre italien, en six volumes in-12.

GROS GUILLAUME. C'est le nom de théâtre d'un ancien farceur de l'Hôtel de Bourgogne : celui qui le remplissait s'appelait Robert Guérin, surnommé La Fleur, et était auparavant boulanger. Il joua pendant cinquante ans. C'était, dit-on, un franc ivrogne, gros, gras et ventru, qui ne venait sur la scène que garotté de deux ceintures, l'une au-dessous du nombril, et l'autre auprès de la poitrine, qui le mettaient en tel état, qu'on l'eût pris pour un tonneau. Il ne portait point de masque, contre l'usage de ce temps-là, mais se couvrait le visage de farine, en sorte que remuant un peu les lèvres, il blanchissait tout d'un coup ceux qui lui parlaient. La gravelle dont il était atteint, le venait quelquefois attaquer si cruellement sur le théâtre, qu'il en jetait des larmes ; et ces traits de douleurs imprimés sur son visage, faisaient souvent partie de la farce. Avec un si cruel mal, il ne laissa pas cependant que de vivre quatre -vingt ans sans être taillé, et fut enterré à Saint-Sauveur, sa paroisse, vers 1635. Sa fille épousa le père de La Thuillerie.

GUÉANT. Cette jeune et élégante actrice du Théâtre français y avait paru dans les rôles d'enfants dès l'âge de trois et de six ans. Elle débuta le 27 septembre 1749, par Junie dans Britannicus ; le 31 mai 1751, par Rosalie dans Mélanide ; et enfin pour la troisième fois le 16 novembre 1754, par le rôle de Lucinde dans le Pupille ; elle fut reçue le 12 décembre suivant, et mourut de la petite vérole le 2 octobre 1758.

GUÉRIN DÉTRICHÉ (Eustache-François), Comédien de la Troupe du Marais, où il avait débuté en 1672, était né à Paris en 1636, et épousa la veuve de Molière. Il excella dans les récits, et après la mort de Raisin le cadet, s'étant livré aux rôles de grands confidents et à ceux à manteau, il les remplit avec beaucoup de naturel et de succès jusqu'en 1718. Il mourut le 28 janvier 1728, âgé de quatre-vingt-douze ans, après avoir langui longtemps d'une paralysie, suite à une attaque d'apoplexie qu'il avait eue le 29 juillet 1717, sur le point d'entrer sur la scène. Guérin avait un fils de la veuve de Molière, nommé Nicolas-Armand-Martiel, et né vers 1678, qui a fini en 1699 la Mélicerte de ce grand auteur, sous le titre de Mirtil et Mélicerte, et donné ensuite Psiché de village, outre un opéra de Mélicerte, qui n'a pas été représenté. Il mourut à l'âge de trente ans.

GUILLOT GORJU. Ce dernier farceur de nos théâtres se nommait Bertrand Harduyn (ou Haudouin), dit Saint Jacques ; il fut le successeur des Tulupin, Gauthier Garguille, et Gros Guillaume. Il débuta à l'Hôtel de Bourgogne en 1634. Comme il avait étudié en Médecine, et qu'il avait été apothicaire à Montpellier, son personnage était de contrefaire le médecin ridicule, et il avait, dit-on, une mémoire si heureuse, que tantôt il nommait tous les simples, tantôt toutes les drogues des apothicaires, tantôt les instruments des chirurgiens, quelquefois les outils des artisans ; ce qu'il prononçait si vite, et cependant si distinctement, que chacun l'admirait. Après avoir été environ huit ans farceur, il abandonna le théâtre, et la farce en descendit avec lui. Il fut s'établir médecin à Melun, où étant devenu malade d'ennui, et de mélancolie, il revint à Paris loger près l'Hôtel de Bougogne, et mourut dans cette ville en 1648, âgé d'environ cinquante ans. C'était un grand homme noir, fort laid, ayant les yeux enfoncés et un nez en trompette ; et quoiqu'il ne ressemblât pas mal à un singe, et qu'il n'eut que faire de masque sur le théâtre, il ne laissait pas que d'en avoir toujours un.

HAUTEROCHE Voyez HAUTEROCHE (auteur).

HUBERT (André), acteur de la troupe de Molière, et ensuite de celle de Guénégaud en 1673, quitta tout à fait le théâtre au mois d'avril 1685, et mourut le 19 novembre 1700. Il excellait dans les rôles à manteau, et dans ceux d'hommes travestis en femmes, dont il fit revivre l'usage, aboli depuis la première représentation de la Galerie du Palais. Voyez l'article sur cette pièce, et celui de la Comtesse d'Escarbagnas.

HUS (Melle). Cette aimable actrice, élève de Delle Clairon, débuta au Théâtre français le 26 juillet 1751, à l'âge de quinze ans, par le rôle de Zaïre dans la tragédie de ce nom ; une seconde fois le 21 janvier 1753, par Hermione d'Andromaque ; et ensuite par Agnès dans l'Ecole des femmes ; Agathe dans les Folies amoureuses etc. Elle a été reçue peu de temps après, c'est à dire, le 21 mai 1753. La mère de cette actrice a donné au Théâtre italien, en 1756, une comédie intitulée Plutus rival de l'amour, et débuta à la Comédie française en janvier 1760, pour les rôles de caractère, mais elle ne fut pas reçue.

ISABELLE. C'était le nom de théâtre d'une jolie comédienne de l'ancienne troupe italienne, qui s'en retira en 168... pour contracter un mariage avantageux avec M. de Turgis, officier aux gardes ; mais cette alliance lui attira beaucoup de malheurs et de chagrins. Elle était fille de Dominique, et est morte dans un âge assez avancé.

JODELET. C'était le nom de théâtre de Julien (ou Claude) Joffrin, excellent comédien, qui par ses manières niaises et naïves, mais spirituelles, divertissait beaucoup, malgré son défaut du nez. Il avait débuté dans la troupe du Marais en 1610, passa dans celle de l'Hôtel de Bourgogne en décembre 1634, et mourut à la fin de mars 1660. On peut voir, dans la première partie de ce dictionnaire, les pièces faites sous le nom de Jodelet, et pour lui. C'était une espèce de valet bouffon.

JOURNET (Françoise), née à Lyon, joua d'abord sur le théâtre de l'Opéra de cette ville ; elle parut ensuite, au commencement de ce siècle, sur celui de l'Opéra de Paris, où elle se fit admirer dans les premiers rôles jusqu'en l'année 1720, qu'elle se retira avec la pension. Elle jouait d'une manière très noble, et excellait surtout dans le tendre. Elle mourut à Paris en 1722.

JOUVENET (Louise Heydecamp), avait débuté au Théâtre français le 19 décembre 1718 par Camille dans les Horaces, et fut reçue le 26 mai 1721. Elle s'était retirée le 2 juin 1722, mais elle rentra le premier septembre suivant, et ne quitta tout à fait que le 19 mars 1741, avec la pension de 1000 livres et jouait les grandes confidentes tragiques ; elle mourut le 18 mai 1762.

LA BATTE (Melle), avait débuté au Théâtre français le 2 août 1721, par le rôle d'Iphigénie dans la tragédie de ce nom, fut reçue le 7 septembre 1722, et a quitté le 22 mars 1733, avec la pension. Elle jouait les amoureuses et les seconds rôles tragiques.

LA GRANGE (Charles Varlet, dit), né à Amiens, était un excellent acteur qui, après avoir joué en province, entra en 1667 dans le Troupe de Molière, et sa femme joua aussi la comédie : il mourut au mois de mars 1692, et fut enterré à Saint André des Arts sa paroisse. On prétend que ce comédien laissa plus de cent mille écus de biens.

LA LANDE (La Demoiselle Biancolelli, dite), actrice de la comédie italienne où elle débuta dans les rôles d'amoureuses, le 10 février 1738, et se retira en 1761. Elle est fille de Dominique, et d'une actrice nommée aussi La Lande, élève de Le Grand, et qui après avoir débuté au Théâtre français le 5 mars 1719, parut ensuite le 10 février 1721 sur celui des Italiens, où elle fut reçue pour les rôles d'amoureuses, et de soubrettes, qu'elle a joués jusqu'à sa mort, arrivée le 16 décembre 1738, à l'âge de quarante-sept ans.

LA MOTTE (la Demoiselle), débuta au Théâtre français le premier octobre 1722, par le rôle de Cléopâtre dans Rodogune, et fut reçue le 21 novembre suivant ; quelques temps après elle quitta le tragique pour prendre les rôles de comiques chargés, dont elle s'acquitta avec beaucoup de succès. Elle se retira du théâtre en 1759.

LA THORILLIERE (Anne-Maurice Le Noir de), acteur du Théâtre Français, mort le 23 octobre 1759, âgé de plus de soixante ans, avait été reçu dans le troupe le 9 avril 1722, sans avoir débuté, n'ayant paru même en public que le 29 juin suivant, dans le rôle de Xipharès de la tragédie de Mithridate. Il était fils de Pierre Le Noir de la Thorillière, excellent comédien qui avait débuté en 1684, et qui après avoir joué longtemps quelques rôles tragiques, et les Amants comiques, commença en 1693, après le mort de Raisin, à jouer ceux de valets, et les autres comiques que cet acteur remplissait de son vivant, et y excella. Après avoir fait beaucoup d'années l'agrément du théâtre, il mourut en 1731, âgé de soixante-quinze ans, et doyen des comédiens du Roi. Il avait épousé Catherine Biancolelli, fille de Dominique, célèbre actrice de l'ancien Théâtre Italien, connue sous le nom de Colombine, et de ce mariage était né notre dernier acteur, dont l'aïeul était le sieur Le Noir de la Thorilliere, gentilhomme, qui d'Officier de cavalerie devint grand comédien en 1658, et remplit les rôles de roi et de paysan ; celui-ci mourut vers l'an 1679, et est auteur d'une tragédie Marc-Antoine. Ainsi La Thorillière, qui remplissait avec succès les rôles à manteau, de financier et de père, se trouvait bien allié au théâtre, non seulement en ligne directe, comme on vient de le marquer, mais encore en collatérale, étant neveu des défunts Baron, et Dancourt, à cause de leurs femmes Louise, et Thérèse Le Noir, soeur de son père.

LA THUILLERIE (Jean-François Juvenon de), était comédien de le Troupe Royale. Il aimait extraordinairement les femmes, et donna dans cette passion avec si peu de ménagement, qu'il mourut d'une fièvre chaude à l'âge de trente-cinq ans, le 13 février 1688. Il a paru cinq pièces de théâtre sous son nom depuis 1679, savoir : Crispin percepteur ; Soliman ; Hercule; Crispin bel-esprit, qui ont été recueillis en un volume in-12 et Merlin peintre, qui n'a pas été imprimée : mais on prétend qu'il n'en était que le parrain, et elles sont attribuées pour la plupart à l'Abbé Abeille. Voyez ces pièces en leur rang dans la première partie de ce dictionnaire [non présente sur ce site NdR].

LA THUILLERIE, était fils de Juvenon, dit La Fleur, qui succéda à Montfleury pour l'emploi des rois, et mourut vers 1680.

LA VOY (le Dlle Anne-Pauline DUMONT de), fille d'un comédien du Roi qui avait débuté en 1694, et qui mourut en 1726, âgé de plus de soixante-dix ans, parut au théâtre le 19 août 1739, par Andromaque dans la tragédie de ce nom, et fut reçue le 4 janvier suivant. Elle jouait les rôles de grandes confidentes tragiques, et les ridicules dans le comique, et se retira en 1759.

L'ECLUSE (le sieur), était excellent acteur de l'opéra-comique où il avait débuté en 1737, par un rôle de charbonnier dans l'Assemblée des acteurs. Il a quitté le théâtre, et professe depuis plusieurs années à Paris avec succès la profession de dentiste.

LE COUVREUR (Adrienne). Cette célèbre comédienne était fille d'un chapelier de Fismes, petite ville près de Rheims, où elle naquit en 1695. La passion dominante qu'est eut dès sa plus tendre jeunesse pour réciter des vers, l'engagea à prendre le parti du théâtre. Etant venue à Paris, Le Grand lui donna les premières leçons, et lui fit représenter quelques pièces dans des maisons bourgeoises ; ensuite elle alla jouer sur les théâtres de Strasbourg et de Nancy pendant une dizaine d'années ; d'où étant revenue à Paris, elle y débuta le 14 mars 1717, par le rôle de Monime dans Mithridate, et fut reçue au mois de juin suivant. Depuis, par un jeu rempli d'intelligence et de naturel, elle s'acquit une réputation de la plus excellente actrice qui ait parut sur le Théâtre français. Elle mourut le 20 mars 1730, âgée de trente-sept ans, laissant deux filles, dont l'aînée a été mariée à M. Francoeur le cadet, musicien connu par ses opéras. Mademoiselle Le Couvreur a été célébrée par M. de Voltaire dans ses vers.

LE GRAND (Marc-Antoine), comédien du Roi, et fils d'un chirurgien des Invalides, aussi maître chirurgien de Paris, naquit dans cette ville le même jour que Molière mourut, débuta pour la première fois le 13 mars 1694 ; pour la seconde, le 21 mars 1702 ; pour la troisième le 18 octobre de la même année. Il avait la belle voix sonore, mais la taille petite, peu majestueuse, et une figure à laquelle on avait eu de la peine à s'accoutumer lors de son début, et dans ses premiers temps : on rapporte même à ce sujet, qu'un jour qu'il avait joué un grand rôle tragique, où il avait été mal reçu, il harangua le public à l'annonce, et finit par dire : "Messieurs, il vous est plus aisé de vous accoutumé à ma figure, qu'à moi d'en changer". Comme c'était le grand Dauphin que l'avait fait revenir de Pologne, où il était, ce prince le protégea, et le fit recevoir. Voici six vers qu'il lui adresse :

Ma taille par malheur n'est ni haute ni belle,

Mes rivaux son ravis qu'on me la trouve telle.

Mais, grand Prince, après tout, ce n'est pas là le fait :

Recevoir le meilleur est, dit-on, votre envie ;

Et je ne serais pas parti de Varsovie,

Si vous aviez parlé de prendre le mieux fait.

Le Grand était homme d'esprit, plaisant, et entendant bien le théâtre, surtout pour les sujets qui n'étaient pas trop élevés. Au défaut d'autres il représentait les rois, et dans le comique il jouait bien les rôles de paysans, et ceux à manteau : il était très utile à la troupe, non seulement par la diversité des personnages qu'il représentait, mais encore par les nouveautés qu'il lui fournissait ; ce qui s'étendit mêmes aux autres théâtres de Paris et de Province, pour lesquels il travailla aussi. Il mourut le 7 janvier 1728, dans la cinquante-sixième année de son âge, après voir reçu les sacrements de l'église. Les oeuvres de Le Grand sont imprimées en quatre volumes in-12 mais comme toutes les pièces de sa composition ne s'y trouvent pas rassemblées, nous feront précéder par des + celles qui n'y sont point.
Pièces jouées sur les théâtre de province et de la Foire depuis 1694 : la Rue Mercière ; + le Caffetier ; + la Chute de Phaéton, et + la Fille percepteur. Ces trois dernières sont indiquées sans date.

Pièces jouées au Théâre français, au nombre de dix-neuf, depuis 1707 : la Femme fille et veuve ; l'Amour diable ; la Foire Saint-Laurent ; la Famille extravagante ; + les Amants ridicules ; la Métamorphose amoureuse ; l'Usurier Gentilhomme ; l'Aveugle clairvoyant ; le Roi de Cocagne ; Plutus ; Cartouche ; le Galant coureur ; le Ballet des vingt-quatre heures ; le Philanthrope ; le Triomphe des temps ; l'Impromptu de la Folie ; la Chasse du Cerf ; la Nouveauté, et les Amazones modernes ; cette dernière en société avec Fuzelier.

Pièces jouées sur le Théâtre italien depuis 1721 : Belphegor, la Fleuve de l'oubli; + les Amours aquatiques ; + Poliphène, et le Chevalier errant. De plus il a fait pour le même théâtre, en société avec Dominique, + Agnès de Chaillot ; + le Départ des comédiens italiens ; le Mauvais ménage, et + le Chaos. On lui attribue aussi la comédie du Luxurieux+.
Le sieur Le Grand, son fils, s'acquittait avec beaucoup de succès des rôles de récits dans le tragique, et de plusieurs rôles dans le comique. Il se trouvait le doyen des comédiens français, (ayant été reçu le 15 février 1720, après avoir débuté le 10 mars 1719, par Pyrrhus dans Andromaque), lorsqu'il a quitté le théâtre en 1758.

LE JEUNE (M), acteur du Théâtre italien, où il fut reçu depuis 1760 ; il joue avec succès les rôles d'amoureux et chante très bien. Il avait débuté le 15 août 1753 au Théâtre français. La Demoiselle son épouse est une des premières danseuses de celui des italiens.

LE KAIN (M). Cet acteur est né à Paris, et fils d'un marchand orfèvre d'auprès la pointe Saint-Eustache, nommé Le Quin. Son goût et ses talents pour le théâtre se montrèrent au sortir du collège ; et après avoir joué quelque temps en société bourgeoise, il débuta sur la scène française le 14 septembre 1750, par le tôle de Titus dans Brutus. Ayant été admis à l'essai le 4 janvier 1751, il a repris son début le 21 février suivant, et fut enfin reçu le 24 janvier 1752. Il remplit les premiers rôles tragiques avec beaucoup de succès. La Demoiselle son épouse débuta la 3 mars 1757, par Cléanthis dans Démocrite et Lisette dans les Folies amoureuses. Elle fut admise en qualité de pensionnaire, continua de jouer et fut reçue en 1761, pour les rôles de soubrettes.

LE MAURE (la Demoiselle), une des plus belles voix qui ait paru depuis longtemps, débuta à l'Opéra en 1721, dans Phaéton. Elle quitta le théâtre en août 1727, et y reparut en août 1730. Elle s'est encore retirée plusieurs fois, et est toujours revenue au grand contentement du public ; mais il en est actuellement privé sans espérance, depuis 1750. Elle a épousé un gentilhomme de Normandie.

LE MIERE (Mademoiselle), une des premières actrices de l'Opéra, où elle joue depuis quelques années les rôles tendres. Elle a épousé en 1762 le sieur Larrivée.

LEPAGE (le sieur), une des belles basse-tailles de l'Opéra, où il a joué plus de vingt ans, et qui s'est retiré avec pension en 1761.

LELIO. C'est un nom de théâtre de la comédie italienne pour les rôles d'amoureux, et il y a plusieurs pièces qui ont ce titre : on peut les voir dans le catalogue de Briasson. L'acteur qui a porté le nom de Lelio dans le nouvelle troupe italienne, s'appelait Louis Riccoboni, était modénois, et fils d'un comédien célèbre. Ce fut lui que M. le Régent fit charger, par M. Rouillé, conseiller d'Etat, de former en Italie une troupe de comédiens de cette nation, qu'il amena en France au mois de mai 1716. Quoique les grâces françaises manquassent à cet acteur, son air sombre servait à peindre les passions tristes et outrées ; et aussi jamais personne ne les a mieux caractérisées et avec plus de vraisemblance. C'était d'ailleurs un homme d'esprit et de mérite, et il a composé un grand nombre de pièces italiennes, dont le dialogue est toujours aisé et animé. Il a aussi donné un recueil des anciennes pièces italiennes, avec l'Art de déclamer, en vers italiens, telles que le Père partial ; Diane et Endimion ; l'Italien marié à Paris ; sans compter la Désolation des deux comédies ; le Procès des théâtres, et la Foire renaissante, composée en société avec Dominique. En 1729, il demanda à se retirer avec sa femme et son fis ; ce qui lui fut accordé, en lui conservant et à sa femme une pension de 1000 livres à chacun. Il fut à la cour du duc de Parme, qui lui donna l'intendance de sa maison ; mais la mort de ce prince produisit son retour, sinon au théâtre, du moins en France, où il mourut le 6 décembre 1753, âgé de soixante-dix-neuf ans, laissant sa veuve, la Dlle Flaminia, dont nous avons parlé à son nomn et son fils, dont nous allons faire le mention.
François Ticcoboni, né à Mantou en 1707, débuta au théâtre le 10 janvier 1726, dans la Surprise de l'Amour, par le rôle de Lelio. Il s'en retira avec son père au mois de mars 1729, dans le temps qu'il se formait, ayant toutes les dispositions nécessaires et les talents convenables à sa profession. Mais le public eut la satisfaction de le revoir paraître le 26 novembre 1731, et il l'a toujours vu depuis avec plaisir jusqu'au Carême de l'année 1750, qu'il quitta enfin la scène. Il y reparut cependant encore quelquefois en 1758. La Dlle Marie Laboras de Mézières son épouse, née à Paris, resta au théâtre jusqu'en 1761 ; c'était une actrice très agréable, qui avait débuté avec succès par le rôle de Lucile dans la Surprise de la haine, le 23 août 1734, et a composé les scènes françaises du Prince de Salerne, et plusieurs ouvrages d'esprits très bien écrits.
Le sieur Lelio fils a fait depuis 1724 plusieurs pièces seul, qui sont, les Effets de l'eclipse ; Zephire et Flore ; le Sincère contre-temps ; la parodie de Phaéton ; le Prince de Suresnes ; la Rancune ; le Prétendu ; les Caquets ; Quand parlera-t-elle ? ; les Bossus rivaux ; et vingt-trois autres en société avec Dominique et Romagnesi, qu'on peut voir à l'article des deux acteurs. Il a aussi composé un ouvrage sur son art, où il donne de très bonnes leçons.

LIONNOIS (la Demoiselle) et l'une des premières danseuses du théâtre de l'Opéra, son frère se fait aussi admiré sur le même théâtre par sa danse noble : ils y sont depuis une quinzaine d'années.

MARCEL, l'un des grands danseurs qu'ait eu l'Académie royale de Musique, s'était retiré en 174... avec la pension, et mourut en 1759.

MARIO. Voyez SILVIA.

MERLIN. C'est un personnage de valet du Théâtre français, qui fut inventé par Desmares, en 1686, et devint bientôt à la mode. On ne l'emploie cependant plus.

MEZZETIN. C'est le nom d'un rôle de la Comédie italienne, dont le caractère est à peu près le même que celui de Scapin. L'acteur qui le remplissait dans l'ancienne troupe , se nommait Angelo Constantini, de la ville de Vérone : il était frère d'Octave, tous deux enfants de Gradelin. Il fut reçut dans l'ancienne troupe italienne en 1680 ou 1682, et y joua d'abord sous le masque d'Arlequin, du temps même du fameux Dominique, qu'il était destinée de doubler : depuis il inventa le personnage de Mezzetin, qu'il a toujours joué à visage découvert, jusqu'au mois de mai 1697, que le Théâtre italien fut fermé ; après quoi ces comédiens s'étant dispersés, Mezzetin alla à Brunswick, où ayant trouvé une troupe italienne, il y joua le même rôle. La Roi de Pologne, qui avait entendu parler de ses talents, l'en retira en 1699 pour l'attacher à son service, et lui accorda le titre de noble, avec les charges de son camérier intime, trésorier de ses menus plaisir, et garde des bijoux de la Chambre : mais Mezzetin ayant eu l'audace d'adresser ses voeux à une maîtresse du roi Auguste, et d'accompagner sa déclaration de quelques dicours peu mesurés sur ce monarque, il pensa perdre la vie, et resta vingt ans en prison. Tout Paris, qui le croyait mort, fut surpris de le voir reparaître sur le nouveau Théâtre italien, le 5 février 1729. Riccoboni, fils, composa un prologue pour le produire en public, qui courut en foule le voir pendant le peu de temps qu'il joua sur ce théâtre ; car malgré ses talents, s'apercevant qu'il n'était pas aussi goûté qu'autrefois, il partit s'en retourner en Italie, âgé pour lors de soixante-quinze ans, et mourut à Vérone peu de mois après. Il y a plusieurs pièces sous le titre de Mezzetin.

MOLÉ (M), acteur de la Comédie française, avait débuté le 7 octobre 1754, âgé d'environ dix-neuf ans, et sans avoir encore paru sur aucun théâtre, par les rôles de Britannicus, et celui de Seyd dans Mahomet : il commença le 28 janvier 1760, un nouveau début dans le rôle d'Andronic, et fut reçu la même année. Il joue avec beaucoup de talent, d'intelligence, et de feu tous les rôles tendres, dans le tragique et dans le comique.

MOLIERE Voyez MOLIERE (auteur).

MONDORY. Cet ancien comédien était d'Orléans, et un très bon acteur dans les rôles de roi. Il parut au théâtre du Marais en 16... et ayant été attaqué d'une apoplexie dans le temps qu'il jouait Hérode dans la Mariamne de Tristan, il fut obligé de s'en retirer, et ne vécut guère, suivants quelques auteurs, plus d'un an après ; cependant, selon d'autres, il ne mourut que vers 1650.

MONTFLEURY(Zacharie Jacob dit), était fils d'un gentilhomme d'Anjou, dont on nous apprend point le nom, et qui après l'avoir fait étudier, le mis page chez le duc de Guise ; mais le goût que ce jeune homme avait pour la comédie l'ayant porter à la jouer, il quitta tout, s'attacha à une troupe qui courait la province, vint ensuite à Paris, y fut admiré longtemps sur le théâtre de l'Hôtel de Bourgogne, et, à ce que l'on a prétendu sans vérité, mourut en 1667, âgé de soixante-sept ans, des violents efforts qu'il fit en jouant le rôle d'Oreste dans l'Andromaque de Racine.

MONTMENY (Louis-André), un autre de ses fils [voir Lesage], avait débuté au Théâtre français le 18 mai 1728, après y avoir déjà paru en 1726 ; il fut reçu dans la troupe le 7 juin, et se fit extrêmement goûter par un jeu noble, vrai et naturel, dans les rôles sérieux, comme celui du philosophe marié, de Démocrite, etc. et dans ceux de paysan, qu'il rendait parfaitement ; mais le théâtre ne le posséda pas assez longtemps, étant mort subitement à la Villette le 8 septembre 1743. Ce comédien était d'ailleurs fort estimable par son caractère et par ses moeurs, et on l'a regretté longtemps.
Un troisième et dernier fils de Le Sage, joue la comédie en Allemagne, et est connu sous le nom de Pittenec : il composé un opéra-comique intitulé le Testament de la Foire.

MORANCOURT (Melle), a débuté au Théâtre français en 1712, a été reçue en 1713, et s'est retirée en octobre 1715, avec une pension de 500 livres qui fut augmentée du double en 1722, dont elle jouit encore.

OCTAVE, comédien, Voyez LES FOLIES d'OCTAVE.

PANTALON. C'est ordinairement un rôle de père des pièces italiennes, plein d'honneur, extrêmement délicat sur sa parole, et très sévère envers ses enfants, dont il est cependant toujours la dupe : d'autres fois, c'est un bourgeois, homme simple et de bonne foi, mais toujours amoureux et qui est la dupe d'un rival, d'un fils, d'un valet ou d'une servante. Enfin c'est souvent un mari ou un amant jaloux que chacun prend plaisir à tromper. Les comédiens qui ont rempli ce rôle dans la nouvelle troupe, sont :
I°. Pierre ALBORGHETTI, natif de Venise. Il jouait sous le masque en habit de vénitien, en quoi il a été suivi par ses successeurs. Son jeu était naturel, plein d'action et dans le vrai coût de son pays : il mourut le 4 janvier 1731, âgé de cinquante cinq ans, et fut enterré à Saint-Eustache sa paroisse : sa veuve épousa François Matterazzi, qui faisait le docteur dans la même troupe, et qui mourut en 1738, âgé de plus de quatre vingt six ans.
2° Après Alborghetti, le sieur Fabio s'acquitta des Pantalons jusqu'en 1744, que Carlo-Antonio Véronese, âgé de quarante-deux ans, et originaire de Venise, vint débuter dans ce rôle de 16 mai, et le remplit à la satisfaction du public. Il est mort au mois de janvier 1762, avait fait beaucoup de pièces italiennes que joue sa troupe, et est père des aimables Coraline, Camille et Marine, actrice du même théâtre : le seconde fut reçue en &747, à l'âge de douze ans, après avoir débuté le premier juillet, et brillé par son jeu vif et sa danse gracieuse ; et la dernière qui est fort jeune, danse dans les ballets. Le sieur Varonèse leur frère, débuta le 17 juillet 1754, et fut reçu avec pension pour jouer différents rôles dans les pièces italiennes : il n'avait jamais paru sur aucun théâtre, et n'y resta pas longtemps.
L'acteur qui remplit présentement la rôle de Pantalon, se nomme Colalto : il débuta la 20 septembre 1759, et fut reçu l'année suivante.

PECOURT, l'un des plus beaux danseurs du siècle passé, eut la direction des ballets de l'opéra après la mort de Beauchamps, et les a composés pendant très longtemps avec un génie et une variété admirables. Il mourut le 11 avril 1729, âgé de soixante-dix-huit ans, et il y en avait déjà une trentaine qu'il ne dansait plus. Blondy lui succéda dans la composition des ballets.

PELISSIER (la Demoiselle). Cette célèbre et charmante actrice, après avoir chanté quelque temps sur le théâtre de l'opéra de Paris, fut à celui de Rouen, dont elle avait épousé l'Entrepreneur ; elle revint cinq ou six ans après, c'est à dire le 16 mai 1726, paraître de nouveau à Paris, où elle a toujours continué avec succès jusqu'au 21 mars 1749 qu'elle mourut, âgée de quarante-deux ans.

PETIT-PAS (la Demoiselle), fille d'un serrurier de Paris, était actrice de l'opéra, où elle avait paru, dans le rôle de Thisbé, pour la première fois au mois de janvier 1727. Elle se retira en 1739, et mourut quelques années après. Elle avait joué dès 1723 à la Foire.

PICINELLI (la Demoiselle), actrice italienne, vint débuter à Paris en 1761, et fur reçue à cause de sa belle voix, quoiqu'elle ne chantât pas en français.

PIERROT. Rôle à caractère qui a pris naissance dans l'ancienne troupe italienne, et voici comment. De tous temps l'Arlequin avait été un ignorant : Dominique qui était un homme de lettres et d'esprit, et qui connaissait le génie de notre nation, qui veut de l'esprit partout, s'avisa d'en mettre dans son rôle, et donna au caractère d'Arlequin une forme différente de l'ancienne. Cependant pour conserver à la comédie italienne le caractère d'un valet ignorant et niais, on imagina le rôle de Pierrot, et il remplaça ainsi l'ancien Arlequin.

POISSON (Raymond), qu'on surnomme quelquefois l'ancien, pour le distingue de son petit-fils, était de Paris, et perdit en bas âge son père, qui était un célèbre mathématicien. Il quitta le service du duc de Créqui, auquel il appartenait et qui le protégeait, pour aller jouer la comédie en province. Louis XIV qui faisait alors le tour de son royaume, l'entendit et en fut si content qu'il le mit à l'Hôtel de Bourgogne, vers 1650. Il jouait le personnage de Crispin, qui, dit-on, était de son invention (Voyez l'Ecolier de Salamanque) : il parlait bref, et n'ayant pas de gras aux jambes, il s'imagina de jouer en bottines ; de là tous les Crispins, ses successeurs, ont bredouillé et se sont bottés. L'auteur qui a fait cette remarque, ajoute qu'il s'étonne qu'il n'ait pas poussé l'extravagance jusqu'à s’agrandir la bouche, parce que Poisson l'avait fort grande : aussi, dans la petite comédie du Deuil, lui fait-on dire ;

Je vous réponds monsieur, d'une bouche si grande, etc.

Il était d'ailleurs bien facé et d'une belle taille. Son grand naturel ne le fit pas seulement réussir comme Acteur original ; il se distingua comme auteur dès 1661, et l'on peut dire que dans ses pièces, comme dan son jeu, c'est la nature qui parle en toutes choses. Ces pièces sont : Lubin, ou le sot vengé, le Baron de la crasse ; le Fou de qualité ; l'Après-souper des auberges ; les Faux moscovites ; le Poète basque ; les Femmes coquettes ; la Hollande malade, et les Faux divertissements, qui sont recueillis en deux volumes in-12. On lui attribue encore l'Académie burlesque, et le Cocu battu et content. Il se retira du théâtre au mois de février 1685, et mourut à Paris en 1690, laissant entre autres enfants,
1°. Philippe POISSON, qui après avoir joué cinq ou six ans dans le tragique, et surtout dans le haut-comique, quitta aussi le théâtre, et se retira avec son père à Saint-Germain, où il est mort le 4 août 1743, âgé de soixante et un ans, étant né à Paris au mois de février 1682, et duquel nous avons deux volumes de pièces de théâtre, contenant le Procureur arbitre ; la Boîte de Pandore ; Alcibiade ; l'Impromptu de campagne ; le Réveil d'Epiménide ; le Mariage par lettres de change ; les Ruses d'amour ; l'Amour secret ; l'Amour musicien, et l'Actrice nouvelle.
Madame de GOMEZ, dont nous avons parlé à ce nom.
3° François-Arnoul POISSON de ROINVILLE, qui a soutenu le dernier le rôle des Crispins ses ancêtres, et plusieurs autres caractères comiques avec beaucoup de succès ; il avait débuté au théâtre le 21 mai 1723, et mourut le 24 août 1753, âgé d'environ cinquante-huit ans, étant né au mois d'août 1695. Ce fut malgré son père que cet acteur devint comédien, car Paul Poisson l'avait mis dans le service, en lui faisant obtenir une Compagnie d'Infanterie ; mais il la quitta, alla aux grandes Indes, revint en France, se mit dans quelques troupe de comédiens de province, et quand il se crut en état de remplir les rôles de son père, il vint secrètement à Paris pour monter sur le théâtre. Mais Paul Poisson, qui ne lui croyait ni esprit, ni talent, le sut, fut le premier à s'opposer à son début, et n'y consentit qu'après l'avoir vu répéter en particulier devant lui, et connu avec joie qu'il était digne de son sang, et que la nature l'avait destiné à être un grand comédien. Outre les Crispins, il faisait les marquis ridicules, et les rôles de caractère outrés et plaisant. Sa femme avait débuté le 10 novembre 1730, par Hermoine dans Andromaque : elle fut reçue à l'essai, se retira le 15 décembre 1732, reparut le 3 mai 1736, fut le reçue le 10 août suivant, et quitta tout à fait le 3 juillet 1741, avec une pension de 100 livres dont elle jouit jusqu'à sa mort, arrivé le 10 avril 1762.

PONTEUIL (Nicolas-Etienne Le Franc, surnommé) [1674, Paris - 1718, Dreux]. Ce comédien était fils d'un notaire au Châtelet de Paris, lequel, outre une bonne éducation, lui laissa un bien qui permettait le choix d'un état civil ; mais, dit-on, il semble que les impressions qu'il reçut avant que de voir le jour le décidèrent autrement, et le firent naître comédien. Sa mère, qui lors de sa grossesse logeait sur le quai de la Megisserie, où les bateleurs et charlatans dressaient des échafauds les fêtes et dimanches, pour y jouer leurs farces et débiter leurs drogues au peuple, ne pouvant se vaincre sur l'envie de voir ces bateleurs, passait les après-dînées entières aux fenêtres pour les observer : l'empreinte de ces objets dans ses sens déterminèrent sans doute dès lors la vocation de son fils, et dès l'enfance et le temps de ses premières études, il ne s'occupait que de jeux de théâtre et de marionnettes : mon témoignage peut être cru en cela (ajoute l'auteur de la Bibliothèque des théâtres), "car ayant été camarade de collège avec le jeune Le Franc, que dès lors nous appelions notre comédien, j'ai souvent assisté à ses farces, et je n'en oublierai jamais une qui pensa nous être funeste. Dans une pièce de sa façon, le Signor Polichinelle ayant reçu une malle des nouvelles de Flandre, s'asseyait dessus pour parler au courrier ; et comme c'était un tous qu'on jouait à Polichinelle, et qu'au lieu de lettres c'était de l'artifice qui était dans la malle, à laquelle le feu avait été mis, il prit aux décorations de carton et de papier, brûla les meubles du jeune comédien, et la fumée pensa nous étouffer nous autres jeunes écoliers, qui n'avions pas la force de nous faire jour dans la presse pour sortir". Dans la suite, le jeune Le Franc suivit toujours son attrait : il joua d'abord la comédie dans les petites pièces qui se représentaient à l'Hôtel de Soissons : il alla après la jouer en Pologne où il maria ; puis de retour à Paris il débuta dans la troupe française dans le rôle d'OEdipe, le 5 septembre 1701, et fut reçu en 1703, malgré les remontrances de sa famille, et les obstacles que voulut y apporter sa soeur, femme de M. Thomin, commissaire au Châtelet. La nature en avait fait un excellent comédien : il était grand, d'une assez belle figure, à un oeil près dont il louchait un peu, avait une voix sonore, et représentait également bien les rois et les paysans, rôles qui, quoique très opposés, se sont presque toujours trouvés réunis dans le même comédien. Enfin on eut dire que Ponteuil est un des premiers acteurs qui ait rendu au théâtre le naturel de la déclamation, qui y était assez ignoré quand il y monta. Il mourut à Dreux, le 15 août 1718, âgé de quarante-quatre ans.

PREVOST (Françoise), excellait dans la danse gracieuse et légère. Après avoir fait, pendant plus de vingt-cinq ans, les délices du public sur le théâtre de l'Opéra, elle s'en retira en 1730, et mourut en 1741, âgée de près de soixante ans.

PUVIGNE(le Demoiselle), aimable et bonne danseuse de l'Opéra, qui s'est retirée en 1760, avec la pension de 1000 livres. Elle a aussi brillé sur d'autres théâtres.

QUNAULT, l'aîné (Jean-Baptiste-Maurice). Cet excellent comédien pour le comique, et surtout pour les rôles de caractères et de père, avait débuté en mai 1712, et fut reçu la même année. Il joignit au talent du théâtre celui de la musique, et outre de jolis divertissements, composés pour différentes pièces, il a donné, en 1729, l'opéra des Amours des déesses. Il reparut le 2 mars 1734 sur le Théâtre français, dont il s'était retiré depuis un an, mais il l'abandonna bientôt après tout à fait, au grand regret du public, et mourut en 1744 ou 1745 à Gien.

QUINAULT DUFRESNE (Abraham-Alexis), son frère cadet, un des plus grands acteurs pour le tragique et le comique noble que nous ayons eu depuis longtemps, avait débuté le 7 octobre 1712, par le rôle d'Oreste dans Electre. Il épousa ensuite la Demoiselle Marie Du Pré, de Seine, qui ayant débuté à Fontainebleau le 7 novembre 1724, y fit tant de plaisir, qu'elle fut reçue dix jours après, et que sa majesté la gratifia d'un magnifique habit de théâtre à la romaine, qui revenait à plus de huit mille livres. Elle ne parut à Paris que le 5 janvier 1725, dans le rôle d'Hermione de la tragédie d'Andromaque. Le public aimait beaucoup cette actrice, qui jouait les premiers rôles dans les deux genres, et supérieurement le tragique ; mais elle fut obligée de quitter pour un temps le théâtre, en 1733, et ensuite tout à fait en 1736, à cause de sa santé délicate, et mourut en 1759. Le 19 mars 1741, Dufresne son mari quitta aussi, quoique d'une assez bonne santé et dans le fleur de son âge : il était cependant le doyen des comédiens, qui se sont ressentis longtemps de sa perte, et qui entendent même encore tous les jours de regretter ses talents supérieurs et sa figure avantageuse.
Les frères Quinault avaient trois soeurs (tous les cinq étaient enfants de Quinault, qui avait débuté le 6 mars 1695, et se retira du théâtre en 1717); l'aînée, nommée Françoise, avait épousé Hugues de Nesle, comédien, et était une très gracieuse actrice ; elle avait débuté le 24 janvier 1708, mourut le 22 décembre 1713, âgée de vingt-cinq ans, et jouait les premiers rôles dans le tragique et tous les rôles comiques. La seconde (Marie-Anne), nommé Mademoiselle Quinault aînée, avait paru pour la première fois le 9 janvier 1714, fut reçue au mois d'avril suivant, et quitta le théâtre le premier septembre 1722. Et la troisième enfin (Jeanne-Françoise), connue lors de son début par le rôle de Phèdre, le 14 juin 1718, sous le nom de Melle Dufresne, et ensuite sous celui de Quinault, était une excellente actrice qui jouait parfaitement les rôles comiques chargés, et dont le théâtre regrettera longtemps la perte : elle se retira en même temps que Dufresne son frère, et ils sont présentement pensionnaires de la troupe, ainsi que leur soeur aînée.

PONTEUIL (Nicolas-Etienne Le Franc, surnommé) [1674, Paris – 1718, Dreux]. Ce comédien était fils de notaire au Châtelet de Paris, lequel, outre une bonne éducation, lui laissa un bien qui permettait le choix d'un état civil ; mais, dit-on, il semble que les impressions qu'il reçut avant que de voir le jour en décidèrent autrement, et le firent naître comédien. Sa mère, qui lors de sa grossesse logeait le quai de la Megisserie, où les bateleurs et charlatans dressaient des échafauds les fêtes et les dimanches, pour y jouer leurs farces, et débiter leurs drogues au peuple, ne pouvant se vaincre sur l'envie de voir ces bateleurs, passait les après-dinées entières aux fenêtres pour les observer : l'empreinte de ces objets dans ses sens déterminèrent sans doute dès lors la vocation de son fils, et dès l'enfance et le temps de ses premières études, il ne s'occupait que de jeux de théâtre et de marionnettes : mon témoignage peut être cru en cela (ajoute l'auteur de la Bibiliothèque des théâtres), « car ayant été camarade de collège avec le jeune Le Franc, que dès lors nous appelions notre comédien, j'ai souvent assisté à ses farces, et je n'en oublierai jamais une qui pensa nous être funeste. Dans une pièce de sa façon, le signor Polichinelle ayant reçu une malle des nouvelles Flandres, s'asseyait dessus pour parler au courrier ; et comme c'était un tour qu'on jouait à Polichinelle, et qu'au lieu des lettres c'était de l'artifice qui était dans la malle, à laquelle le feu ayant été mis, il prit aux décorations de carton et de papier, brûla les meubles du jeune comédien, et la fumée pensa nous étouffer nous autres jeunes écoliers, qui n'avions pas la force de nous faire jour dans la presse pour sortir. » Dans le suite le jeune Le Franc suivit toujours son attrait ; il joua d'abord la comédie à l'Hôtel de Soissons : il alla après la jouer en Pologne où il maria ; puis de retour à Paris il débuta dans le troupe française par le rôle d'Oedipe, le 5 septembre 1701, et fut reçut en 1703, malgré les remontrances de sa famille, et les obstacles que voulut y apporter sa soeur, femme de M. Thomin, commissaire au Châtelet. La nature en avait fait un excellent comédien : il était grand, d'une assez belle figure, à un oeil près dont il louchait un peu, avait une voix sonore, et représentait également bien les rois et les paysans ; rôles qui, quoique très opposés, se sont presque toujours trouvés remis dans le même comédien. Enfin on peut dire que Ponteuil est un des premiers acteurs qui ait rendu au théâtre le naturel de la déclamation, qui était assez ignoré quand il y monta. Il mourut à Dreux, le 15 août 1718, âgé de quarante-quatre ans.

PREVOST (Françoise), excellait dans le danse gracieuse et légère. Après avoir fait, pendant plus de vingt-cinq ans, les délices du public sur le théâtre de l'Opéra, elle s'en retira en 1730, et mourut en 1741, âgée de près de soixante ans.

RAISIN (Jean-Baptiste Siret) [1656, Troyes - 1693], le cadet, né à Troyes en 1656, a été un des plus excellents comédiens de la scène française, où il débuta au mois d'avril 1679. Molière avait cultivé ses heureux talents ; et lorsqu'il mourut, le 5 septembre 1693, il fallut plusieurs acteurs pour le remplacer, tant dans ses rôles de petits maîtres, de valets, et autres comiques, que dans de ceux à manteaux et de caractère, qu'il remplissait aussi bien. Il avait épousé la demoiselle Fanchon Lonchamps (Françoise Pitel), qui débuta en même temps que lui, quitta le théâtre en 1701, et mourut le 3 septembre 1721, âgée de soixante ans. Raisin était fils d'un organiste de Troyes ; il avait un frère aîné nommé Jacques, qui débuta en 1685, jouait les seconds rôles dans le tragique, et les amoureux dans le comique, quitta le théâtre le dernier octobre 1694, et qui mourut d'une pleurésie quatre ans après. C'était un fort honnête homme, très retiré chez lui, et qui avait composé quatre comédies qui ne sont point imprimées. En voici les titres leur ordre de représentation : le Niais de Sologne ; le Petit homme de la foire ; le Faux gascon, et Merlin Gascon.

RIBOU, fils d'un libraire à Paris, débuta au Théâtre français le 6 novembre 1747, par le rôle d'Oreste dans Electre, et fut reçu le 15 janvier 1748, et s'est retiré en 1750. Il est dans les pays étrangers.

RICCOBONI. Voyez LELIO, et FLAMINIA.

ROCHARD (le sieur), de Bouillac, né à Paris, acteur du Théâtre italien, où il fut reçu le 19 novembre 1740, pour les rôles d'amoureux et le chant, avait paru aupravant à l'opéra ; il est connu avantageusement pour ses talents pour le théâtre, et un goût infini pour la musique.

ROCHOIS (Marthe le) [1658, Caen - 1728, Paris], née à Caen, de bonne famille, mais peu riche. Etant demeurée orpheline dès son bas âge, la grande voix qu'elle avait reçue de la nature, la détermina en 1678 à entrer à l'Académie royale de musique, et elle devint en peu de temps la plus célèbre actrice qu'on eût encore vue, au sentiment même du fameux Baron. Elle se retira de l'opéra en 1698, avec une pension de 1500 livres et mourut à Paris le 9 octobre 1728, âgée de soixante-dix ans. Lully l'estimait beaucoup, et la consultait sur tous ses ouvrages.

ROSELLY (Rissouche Montet, dit), débuta au théâtre français le 24 octobre 1742, par Andronic dans la tragédie de ce nom, fut reçu le 17 décembre de la même année, et mourut regretté le 22 décembre 1750.

SALLÉ (Jean-Baptiste-Louis-Nicolas) [1672, Troyes – 1707, Saint-Germain-en-Laye]. Cet excellent comédien était fils d'avocat de la ville de Troyes. Il voulut d'abord se faire capucin : ensuite comme il avait appris la musique, il entre en 1697 à l'Opéra de Rouen, où il remplit avec succès les premiers rôles de basse taille. Il vint à Paris en 1698, et débuta avec beaucoup de succès au Théâtre français par le rôle Manlius, le 23 août. Il ne resta cependant point pour lors, et s'en fut en Pologne. Etant revenu en 1701, il reparut au mois d'août par le rôle de Phocas, et fit tant de plaisir qu'il fut d'abord reçu. Il jouait supérieurement les rois dans le tragique, et les amoureux, avec les petits maîtres, les gascons, les ivrognes, etc... dans le comique. Il mourut dans le mois de mars 1707, âgé de trente-cinq ans, et fut enterré à Saint-Sulpice, après avoir donné une déclaration par devant notaire, qu'il renonçait à sa profession. Le public le goûtait tant, que pendant sa dernière maladie le parterre demandait tous les jours de ses nouvelles à l'annonce. Il avait épousé Françoise Thoury, qui après avoir parue au théâtre de l'Opéra au mois d'août 1702, débuta aux Français au mois de mai 1704, et y fut reçue pour les rôles de confidentes, qu'elle remplissait avec beaucoup d'intelligence. Elle se retira du théâtre le 30 mars 1721, avec la pension de 1000 livres et est morte le 16 octobre 1745, à Saint-Germain-en-Laye.

L'Opéra possédait une excellente et gracieuse danseuse nommée Sallé ; mais elle quitta ce théâtre en 1741 pour passer en Angleterre, et fut ensuite pensionnaire du Roi pour ses ballets. Cette demoiselle a mérité par son talent et ses moeurs les applaudissements et l'estime du public, qui l'avait vue dès 1718 à la Foire. Voici un madrigal que M. de Voltaire fit autrefois pour elle :

De tous les coeurs et du sien la maîtresse,

Elle alluma des feux qui lui sont inconnus ;

De Diane est la prêtresse

Dansant sous les traits de Venus.

* on prétend que dans sa jeunesse il avait été valet de l'Abbé Petitplé [?], chanoine de Notre-Dame de Paris.

SARAZIN (Pierre) [1??? - Dijon, 1762]. Cet acteur était né à Dijon d'une très honnête famille ; son goût pour le théâtre l'avait engagé dans plusieurs sociétés bourgeoises, pour y représenter la comédie, et s'étant fortifié par l'usage, il se décida à se livrer totalement au théâtre, où il débuta sans avoir joué en province, le 3 mars 1729, par le rôle d'OEdipe de la tragédie de ce nom, de Corneille, et fut reçu le 22 du même mois pour les rôles des rois, et confirmé le dernier jour de cette même année. Tout le monde a connu ses talents pour les rôles de tyran, qu'il représentait autrefois, et surtout pour ceux de vieillard pathétique, comme Lusignan dans Zaïre ; Simon dans l'Adrienne, etc qu'il joua toujours supérieurement. Il quitta le théâtre en 1759, et mourut le 15 novembre 1762.

SAVI (Le Dlle), actrice italienne, débuta le 28 mai 1760, pour jouer les rôles d'amoureuse au Théâtre italien, fut reçue à pension, et ensuite admise tout à fait en 1762. Son mari double les rôle d'Arlequin, et joue ceux de Docteur.

SCAPIN, personnage de la comédie italienne. C'est un intrigant, un fourbe, qui entreprend de faire réussir toutes les affaires les plus délabrées de la jeunesse libertine ; qui se pique d'avoir de l'esprit, qui fait le beau parleur et l'homme de conseil. Bissoni, l'un des dix comédiens que M. le Régent fit venir pour former la nouvelle troupe, joua ce rôle jusqu'à sa mort, arrivé en 1722. L'acteur qui le remplit présentement se nomme Alexandre Ciavarelli, natif de Naples : il débuta en 1739, à l'âge de trente-trois ans, et fut reçu au mois d'août 1740 ; il a beaucoup de talent, et est fort estimé en outre par ses moeurs et sa conduite.

SCARAMOUCHE [1608, Naples – 1694, Paris]. C'est un personnage du théâtre italien, dont le caractère est à peu près le même que celui du Capitan, qui n'est qu'un fanfaron, et un poltron, et qui finit ordinairement par recevoir des coups de bâton de la main d'Arlequin. L'Acteur fameux qui remplissait ce rôle dans l'ancienne troupe, se nommait Tiberio Fiurelli. Il était né à Naples en 1608, et fut un des plus grands pantomimes qu'on eut vu dans les derniers siècles. Sa femme était aussi comédienne pour les rôles de soubrette, et son nom de théâtre était Marinette. Il quitta la scène cinq ans avant sa mort, qui arriva au commencement de décembre 1694, dans la quatre-vingt-septième année de son âge : il fut enterré à Saint-Eustache, laissant, par sa grande parcimonie, plus de cent mille écus à son fils, prêtre d'un grand mérite. Mezzetin, de l'ancien théâtre italien, a donné une mauvaise Vie de Scarmouche, qu'il fait passer pour le plus grand fripon d'Italie.
L'Acteur venu avec la nouvelle troupe italienne en 1716, pour jouer les rôles de Scaramouche, se nommait Giacomo Rauzzini, et était aussi napolitain ; mais il s'en fallait de beaucoup que ses talents égalassent ceux de son compatriote et prédécesseur. On dit qu'il avait une charge assez honorable à Naples, que l'inclinaison pour le théâtre lui avait fait quitter, pour venir jouer la comédie en France, où il mourut le 25 septembre 1731, âgé d'environ soixante ans.
Enfin, l'acteur qui remplissait ce personnage en dernier lieu sur le Théâtre italien, où il fut reçu à pension en 1745, après avoir débuté le 13 septembre, se nomme Dionisio Gandini. Il jouait aussi les rôles de Docteur et plusieurs autres, avec assez de succès. Il s'est retiré à la clôture de Pâques 1755 : il est né à Vérone, et fils d'un docteur en droit et en médecine : il a donné au Théâtre italien plusieurs canevas de pièces.

SERRE (Jean de), est le premier comédien de notre nation qui soit connu : il excellait dans la farce, suivant le témoignage qui lui rend Marot dans l'épitaphe qu'il fit.

SILVIA. Cette actrice, l'une des plus parfaites qui ait parue depuis longtemps sur aucun théâtre, se nommait (Fianetta Rosa) Benozzi, et était native de Toulouse. Elle vint à la troupe italienne en 1716 : épousa en 1720 Joseph Baletti, dit Mario, (né à Munich, et mort en 1762), venu dans le même temps, et mourut en 1758. Leur fils aîné (Antoine-Etienne-Louis Baletti) fut reçu au même théâtre en 1742, et fut jouer ensuite en province pendant quelque temps. Il joue les amoureux, et danse très bien. Louis Baletti, son frère, est aussi un bon danseur du même théâtre.

STICOTTI (Antoine Fabio). Cet ancien acteur de la comédie italienne, est fils de Dlle Ursule Astori, chanteuse de l'ancienne troupe, morte en 1739, et du sieur Fabio Sticotti, né à Venise d'une très bonne famille, qui débuta au Théâtre italien le 5 janvier 1733, dans le personnage de Pantalon, sans avoir encore paru sur aucun théâtre et mourut en 1741. Sticotti fut reçu en 1729, après avoir début au mois de mai, à l'âge de dix-huit ans. Il se retira en 1759. Nous avons de lui en qualité d'auteur, Cybelle amoureuse, qu'il a donné seule ; outre Roland, parodie ; les Fêtes sincères ; l'Impromptu des acteurs ; les Ennuis de Thalie, dont il est de moitié avec M. Pannard ; les François du Port-Mahon, avec M. Lachassaigne ; les Faux devins, avec M. Brunet, et le Carnaval d'été, et Amadis, parodies, avec M. de Morambert.

TABARIN, Bouffon très grossier, valet et associé de Mondor. Ce Mondor était un charlatan et vendeur de Baume, qui au commencement du dernier siècle [XVIIème NdR] établissait son théâtre sur des tréteaux, dans la place Dauphine : il ne demeurait pas toujours à Paris, mais courait avec Tabarin dans les autres villes du royaume. Les Plaisanteries de Tabarin ont été imprimées plusieurs fois à Paris et à Lyon avec privilège ; elles ne roulent que sur des grossièretés qui ne peuvent plaire qu'au peuple.

TAOLAIGO. Voyez GAUSSIN.

THEVENARD (Gabriel-Vincent) [1669, Paris - 1741], né à Paris e 10 août 1669, devint un des meilleurs acteurs que nous ayons eu en basse-taille : il fut reçu à l'opéra en 1687, s'en retira au mois d'août 1727, et mourut le 24 août 1741, âgé de soixante-douze ans.

THOMASSIN. Ce gracieux et excellent Arlequin du nouveau Théâtre italien, se nommait Thomasso-Antonio Vicentini, était natif de Vicense dans l'état de Venise, et vint à la troupe en 1716. Il mourut en 1739, à l'âge de cinquante-sept ans, très regretté du public. Sa femme, qui s'appelait Marguerite Rusca, connue sous le nom de Violette, et qui jouait les rôles de suivantes avec beaucoup de feu, était morte le dernier février 1731. Ils ont laissé six enfants, deux garçons, dont l'aîné nommé communément Vincent, était de la troupe italienne depuis 1732, dansait très bien, et s'est retiré en 1755 ; et l'autre joue avec succès en province les rôles d'Arlequin : et quatre filles, dont l'aînée Catherine, reçue en 1727, a épousé le sieur Deshayes ; la cadette appelée Babet, fut reçue en 1733, et mourut en 1740, la troisième nommé Sidonie, est morte en 1745, après avoir mérité assez longtemps par sa danse gracieuse et son jeu dans les parodies, les applaudissements du public ; la dernière n'a point débutée au théâtre, et mourut âgée de douze ans, en 1743.

TURLUPIN. Le farceur qui avait pris ce nom, a joué pendant plus de cinquante ans dans la troupe des comédiens de l'Hôtel de Bourgogne, et y était encore du temps que Bellerose en était le chef. Il s'appelait Henri Le Grand, dit Belleville, ou Turlupin. Quoiqu'il fut rousseau, il ne laissait pas que d'être bel homme. Il jouait masqué, et l'habit qu'il portait à la farce, était pareil à celui de Briguelle. Outre que Turlupin était le plus excellent farceur de son temps, il était encore bon comédien. Il monta au théâtre en 1583, dès son enfance, et n'en descendit que pour entrer dans la fosse, qui lui fut accordée par l'église paroissiale de Saint-Sauveur, en 1634. Il laissa si peu de biens à ses enfants qu'il furent réduits à se faire comédiens ; et sa veuve se remaria à Dorgemont, le meilleur acteur de la troupe du Marais. Tout le monde sait que les turlupinades étaient de méchantes pointes, des jeux de mots, et des équivoques insipides, dont le goût régna pendant quelque temps en France, et que Molière vint enfin à bout de détruire.

VERONESE. Voyez CORALINE, et PANTALON.

VESTRIS (le sieur), natif de Florence, un des bons danseurs qu'il y ait eu jusqu'à présent à l'opéra, s'en retira en 1753 ; mais il y rentra le 9 décembre 1755. la Demoiselle Thérèse Vestris sa soeur brille aussi, depuis le 17 mars 1751, sur ce théâtre par les mêmes talents, et leur jeune frère y a paru aussi avantageusement.

VICTOIRE GOBE (Melle). Cette jeune actrice, après avoir paru quelque temps à l'opéra, vint débuter à la Comédie italienne le 19 août 1756, par le rôle de débutante dans les pièces de débuts, et elle fut reçue à ce théâtre pour la comédie et le chant, avec une pension ; mais elle s'en retira peu de temps après.

ZANUZZI, acteur italien, reçu à ce théâtre en 1760.

 

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