COMÉDIE
1752
par Mr ROUSSEAU
Représenté pour la première fois en 1747 au Château de Chenonceau.
publié par Paul FIÈVRE, Décembre 2012.
© Théâtre classique - Version du texte du 31/07/2023 à 20:01:11.
PERSONNAGES
GOTERNITZ, gentilhomme hongrois.
MACKER, Hongrois.
DORANTE, officier français, prisonnier de guerre.
SOPHIE, fille de Goternitz.
FRÉDÉRICH, officier hongrois, fils de Goternitz.
JACQUARD, suisse, valet de Dorante.
La scène est en Hongrie.
SCÈNE I.
Dorante, Jacquard.
JACQUARD.
Par mon foy, monsir, moi l'y comprendre rien à sti pays l'Ongri ; le fin l'être pon, et les hommes méchants : l'être pas naturel, cela.
DORANTE.
Si tu ne t'y trouves pas bien, rien ne t'oblige d'y demeurer. Tu es mon domestique et non pas prisonnier de guerre comme moi ; tu peux t'en aller quand il te plaira…
JACQUARD.
Oh ! Moi point quitter fous ; moi fouloir pas être plus libre que mon maître.
DORANTE.
Mon pauvre Jacquard, je suis sensible à ton attachement ; il me consolerait dans ma captivité, si j'étais capable de consolation.
JACQUARD.
Moi point souffrir que fous l'affliche touchours, touchours : fous poire comme moi, fous consolir tout l'apord.
DORANTE.
Quelle consolation ! Ô France ! Ô ma patrie ! Que ce climat barbare me fait sentir ce que tu vaux ! Quand reverrai-je ton heureux séjour ? Quand finira cette honteuse inaction où je languis, tandis que mes glorieux compatriotes moissonnent des lauriers sur les traces de mon roi ?
JACQUARD.
Oh ! Fous l'afre été pris combattant pravement. Les ennemis que fous afre tués l'être encore pli malates que fous.
DORANTE.
Apprends que, dans le sang qui m'anime, la gloire acquise ne sert que d'aiguillon pour en rechercher davantage. Apprends que, quelque zèle qu'on ait à remplir son devoir pour lui-même, l'ardeur s'en augmente encore par le noble désir du mériter l'estime de son maître en combattant sous ses yeux. Ah ! Quel n'est pas le bonheur de quiconque peut obtenir celle du mien ! Et qui sait mieux que ce grand prince peut, sur sa propre expérience, juger du mérite et de la valeur ?
JACQUARD.
Pien, pien : fous l'être pientôt tiré te sti prisonnache ; monsir fotre père afre écrit qu'il trafaillir pour faire échange fous.
DORANTE.
Oui, mais le temps en est encore incertain ; et cependant le roi fait chaque jour de nouvelles conquêtes.
JACQUARD.
Pardi ! Moi l'être pien content t'aller tant seulement à celles qu'il fera encore. Mais fous l'être pli amoureux, pisque fous fouloir tant partir.
DORANTE.
Amoureux ! Se qui ?…
À part.
Aurait-il pénétré mes feux secrets ?
JACQUARD.
Là, te cette temoiselle Claire, te cette cholie fille te notre bourgeois ; à qui fous faire tant te petits douceurs.
À part.
Oh ! Chons pien d'antres doutances, mais il faut faire semplant te rien.
DORANTE.
Non, Jacquard, l'amour que tu me supposes n'est point capable de ralentir mon empressement de retourner en France. Tous climats sont indifférents pour l'amour. Le monde est plein de belles dignes des services de mille amants, mais on n'a qu'une patrie à servir.
JACQUARD.
À propos te belles, savre-fous que l'être après-timain que notre prital te bourgeois épouse le fille de monsir Goternitz ?
DORANTE.
Comment ! Que dis-tu ?
JACQUARD.
Que la mariache de monsir Macker avec mamecelle Sophie, qui était différé chisque à l'arrivée ti frère te la temoicelle, doit se terminer dans teux jours, parce qu'il autre été échangé, pli tôt qu'on n'avre cru, et qu'il arriver aucherdi.
DORANTE.
Jacquard, que me dis-tu là ! Comment le sais-tu ?
JACQUARD.
Par mon foi, je l'afre appris toute l'heure en pivant pouteille avec un falet te la maison.
DORANTE, à part.
Cachons mon trouble…
Haut.
Je réfléchis que le messager doit être arrivé ; va voir s'il n'y a point de nouvelles pour moi.
JACQUARD, à part.
Diaple ! L'y être in noufelle te trop, à ce que che fois.
Revenant.
Monsir, che safre point où l'être la poutique te sti noufelle.
DORANTE.
Tu n'as qu'à parler à mademoiselle Claire, qui, pour éviter que mes lettres ne soient ouvertes à la poste, a bien voulu se charger de les recevoir sous une adresse convenue, et de me les remettre secrètement.
SCÈNE II.
DORANTE.
Quel coup pour ma flamme ! C'en est donc fait, trop aimable Sophie, il faut vous perdre pour jamais, et vous allez devenir la proie d'un riche mais ridicule et grossier vieillard ! Hélas ! sans m'en avoir encore fait l'aveu, tout commençait à m'annoncer de votre part le plus tendre retour ! Non, quoique les injustes préjugés de son père contre les Français dussent être un obstacle invincible à mon bonheur, il ne fallait pas moins qu'un pareil événement pour assurer la sincérité des voeux que je fais pour retourner promptement en France. Les ardents témoignages que j'en donne ne sont-ils point plutôt les efforts d'un esprit qui s'excite par la considération de son devoir, que les effets d'un zèle assez sincère ? Mais que dis-je ! Ah ! Que la gloire n'en murmure point ; de si beaux feux ne sont pas faits pour lui nuire : un coeur n'est jamais assez amoureux, il ne fait pas du moins assez de cas de l'estime de sa maîtresse, quand il balance à lui préférer son devoir, son pays et son roi.
SCÈNE III.
Macker, Dorante, Goternitz.
MACKER.
Ah ! Voici ce prisonnier que j'ai en garde. Il faut que je le prévienne sur la façon dont il doit se conduire avec ma future ; car ces Français, qui, dit-on, se soucient si peu de leurs femmes, sont des plus accommodants avec celles d'autrui : mais je ne veux point chez moi de ce commerce-là, et je prétends du moins que mes enfants soient de mon pays.
GOTERNITZ.
Vous avez là d'étranges opinions de ma fille.
MACKER.
Mon Dieu ! Pas si étranges. Je pense que la mienne la vaut bien ; et si… Brisons là-dessus… Seigneur Dorante !
DORANTE.
Monsieur ?
MACKER.
Savez-vous que je me marie ?
DORANTE.
Que m'importe ?
MACKER.
C'est qu'il m'importe à moi que vous appreniez que je ne suis pas d'avis que ma femme vive à la française.
DORANTE.
Tant pis pour elle.
MACKER.
Eh ! Oui, mais tant mieux pour moi.
DORANTE.
Je n'en sais rien.
MACKER.
Oh ! Nous ne demandons pas votre opinion là-dessus : je vous avertis seulement que je souhaite de ne vous trouver jamais avec elle, et que vous évitiez de me donner à cet égard des ombrages sur sa conduite.
DORANTE.
Cela est trop juste et vous serez satisfait.
MACKER.
Ah ! Le voilà complaisant une fois, quel miracle !
DORANTE.
Mais je compte que vous y contribuerez de votre côté autant qu'il sera nécessaire.
MACKER.
Oh ! Sans doute, et j'aurai soin d'ordonner à ma femme de vous éviter en toute occasion.
DORANTE.
M'éviter ! Gardez-vous-en bien. Ce n'est pas ce que je veux dire.
MACKER.
Comment ?
DORANTE.
C'est vous, au contraire, qui devez éviter de vous apercevoir du temps que je passerai auprès d'elle. Je ne lui rendrai des soins que le plus discrètement qu'il me sera possible ; et vous, en mari prudent, vous n'en verrez que ce qu'il vous plaira.
MACKER.
Comment diable ! vous vous moquez ; et ce n'est pas là mon compte.
DORANTE.
C'est pourtant tout ce que je puis vous promettre, et c'est même tout ce que vous m'avez demandé.
MACKER.
Parbleu ! Celui-là me passe ; il faut être bien endiablé après les femmes d'autrui pour tenir un tel langage à la barbe des maris.
SCÈNE IV.
GOTERNITZ.
En vérité, seigneur Macker, vos discours me font pitié, et votre colère me fait rire. Quelle réponse vouliez-vous que fît monsieur à une exhortation aussi ridicule que la vôtre ? La preuve de la pureté de ses intentions est le langage même qu'il vous tient : s'il voulait vous tromper, vous prendrait-il pour son confident ?
MACKER.
Je me moque de cela ; fou qui s'y fie. Je ne veux point qu'il fréquente ma femme, et j'y mettrai bon ordre.
DORANTE.
À la bonne heure ; mais, comme je suis votre prisonnier et non pas votre esclave, vous ne trouverez pas mauvais que je m'acquitte avec elle, en toute occasion, des devoirs de politesse que mon sexe doit au sien.
MACKER.
Eh, morbleu ! Tant de politesse pour la femme ne tendent qu'à faire affront au mari. Cela me met dans des impatiences… Nous verrons… Nous verrons… Vous êtes méchant, monsieur le Français ; oh ! Parbleu ! Je le serai plus que vous.
DORANTE.
À la maison, cela peut être ; mais j'ai peine à croire que vous le soyez fort à la guerre.
GOTERNITZ.
Tout doux, seigneur Dorante ; il est d'une nation…
DORANTE.
Oui, quoique la vraie valeur soit inséparable de la générosité ; je sais, malgré la cruauté de la vôtre, en estimer la bravoure. Mais cela le met-il en droit d'insulter un soldat qui n'a cédé qu'au nombre, et qui, je pense, a montré assez de courage pour devoir être respecté, même dans sa disgrâce !
GOTERNITZ.
Vous avez raison. Les lauriers ne sont pas moins le prix du courage que de la victoire. Nous-mêmes, depuis que nous cédons aux armes triomphantes de votre roi, nous ne nous en tenons pas moins glorieux, puisque la même valeur qu'il emploie à nous attaquer montre la nôtre à nous défendre. Mais voici Sophie.
SCÈNE IV.
Goternitz, Macker, Ssophie, Dorante.
GOTERNITZ.
Approchez, ma fille ; venez saluer votre époux. Ne l'acceptez-vous pas avec plaisir de ma main ?
SOPHIE.
Quand mon coeur en serait le maître, il ne le choisirait pas ailleurs qu'ici.
MACKER.
Fort bien, belle mignonne ; mais
À Dorante.
Quoi ! Vous ne vous en allez pas ?
DORANTE.
Ne devez-vous pas être flatté que mon admiration confirme la bonté de votre choix ?
MACKER.
Comme je ne l'ai pas choisie pour vous, votre approbation me paraît ici peu nécessaire.
GOTERNITZ.
Il me semble que ceci commence à durer trop pour un badinage. Vous voyez, monsieur, que le seigneur Macker est inquiété de votre présence : c'est un effet qu'un cavalier de votre figure peut produire naturellement sur l'époux le plus raisonnable.
DORANTE.
Eh bien ! Il faut donc le délivrer d'un spectateur incommode : aussi bien ne puis-je supporter le tableau d'une union aussi disproportionnée. Ah ! Monsieur, comment pouvez-vous consentir vous-même que tant de perfections soient possédées par un homme si peu fait pour les connaître !
SCÈNE V.
Macker, Goternitz, Sophie.
MACKER.
Parbleu ! Voilà une nation bien extraordinaire, des prisonniers bien incommodes ! Le valet me boit mon vin, le maître caresse ma fille.
Sophie fait une mine.
Ils vivent chez moi comme s'ils étaient en pays de conquêtes.
GOTERNITZ.
C'est la vie la plus ordinaire aux Français ; ils y sont tout accoutumés.
MACKER.
Bonne excuse, ma foi ! Ne faudra-t-il point encore, en faveur de la coutume, que j'approuve qu'il me fasse cocu ?
SOPHIE.
Ah ciel ! Quel homme !
GOTERNITZ.
Je suis aussi scandalisé de votre langage que ma fille en est indignée. Apprenez qu'un mari qui ne montre à sa femme ni estime ni confiance l'autorise, autant qu'il est en lui, à ne les pas mériter. Mais le jour s'avance ; je vais monter à cheval pour aller au-devant de mon fils qui doit arriver ce soir.
MACKER.
Je ne vous quitte pas ; j'irai avec vous, s'il vous plaît.
GOTERNITZ.
Soit ; j'ai même bien des choses à vous dire, dont nous nous entretiendrons en chemin.
MACKER.
Adieu, mignonne : il me tarde que nous soyons mariés, pour vous mener voir mes champs et mes bêtes à cornes ; j'en ai le plus beau parc de la Hongrie.
SOPHIE.
Monsieur, ces animaux-là me font peur.
MACKER.
Va, va, poulette, tu seras bientôt aguerrie avec moi.
SCÈNE VI.
SOPHIE.
Quel époux ! Quelle différence de lui à Dorante, en qui les charmes de l'amour redoublent par les grâces de ses manières et de ses expressions ! Mais, hélas ! Il n'est point fait pour moi. À peine mon coeur ose-t-il s'avouer qu'il l'aime ; et je dois trop me féliciter de ne le lui avoir point avoué à lui-même. Encore s'il m'était fidèle, la bonté de mon père me laisserait, malgré sa prévention en ses engagements, quelque lueur d'espérance. Mais la fille de Macker partage l'amour de Dorante ; il lui dit sans doute les mêmes choses qu'à moi ; peut-être est-elle la seule qu'il aime. Volages Français ! Que les femmes sont heureuses que vos infidélités les tiennent en garde contre vos séductions ! Si vous étiez aussi constants que vous êtes aimables, quels coeurs vous résisteraient ? Le voici. Je voudrais fuir, et je ne puis m'y résoudre ; je voudrais lui paraître tranquille, et je sens que je l'aime jusqu'à ne pouvoir cacher mon dépit.
SCÈNE VII.
Dorante, Sophie.
DORANTE.
Il est donc vrai, madame, que ma ruine est conclue, et que je vais vous perdre sans retour ! J'en mourrais, sans doute, si la mort était la pire des douleurs. Je ne vivrai que pour vous porter dans mon coeur plus longtemps, et pour me rendre digne, par ma conduite et par ma constance de votre estime et de vos regrets.
SOPHIE.
Se peut-il que la perfidie emprunte un langage aussi noble et aussi passionné !
DORANTE.
Que dites-vous ? Quel accueil ! Est-ce là la juste pitié que méritent mes sentiments ?
SOPHIE.
Votre douleur est grande en effet, à en juger par le soin que vous avez pris de vous ménager des consolations.
DORANTE.
Moi, des consolations ! En est-il pour votre perte ?
SOPHIE.
C'est-à-dire en est-il besoin ?
DORANTE.
Quoi ! Belle Sophie, pouvez-vous ?…
SOPHIE.
Réservez, je vous en prie, la familiarité de ces expressions pour la belle Claire ; et sachez que Sophie, telle qu'elle est, belle ou laide, se soucie d'autant moins de l'être à vos yeux, qu'elle vous croit aussi mauvais juge de la beauté que du mérite.
DORANTE.
Le rang que vous tenez dans mon estime et dans mon coeur est une preuve du contraire. Quoi ! vous m'avez cru amoureux de la fille de Macker !
SOPHIE.
Non, en vérité. Je ne vous fais pas l'honneur de vous croire un coeur fait pour aimer. Vous êtes, comme tous les jeunes gens de votre pays, un homme fort convaincu de ses perfections, qui se croit destiné à tromper les femmes, et jouant l'amour auprès d'elles, mais qui n'est pas capable d'en ressentir.
DORANTE.
Ah ! Se peut-il que vous me confondiez dans cet ordre d'amants sans sentiments et sans délicatesse, pour quelques vains badinages qui prouvent eux-mêmes que mon coeur n'y a point départ et qu'il était à vous tout entier ?
SOPHIE.
La preuve me paraît singulière. Je serais curieuse d'apprendre les légères subtilités de cette philosophie française.
DORANTE.
Oui, j'en appelle, en témoignage de la sincérité de mes feux, à cette conduite même que vous me reprochez. J'ai dit à d'autres de petites douceurs, il est vrai ; j'ai folâtré auprès d'elles : mais ce badinage et cet enjouement sont-ils le langage de l'amour ? Est-ce sur ce ton que je me suis exprimé près de vous ? Cet abord timide, cette émotion, ce respect, ces tendres soupirs, ces douces larmes, ces transports que vous me faites éprouver, ont-ils quelque chose de commun avec cet air piquant et badin que la politesse et le ton du monde nous font prendre auprès des femmes indifférentes ? Non, Sophie, les ris et la gaîté ne sont point le langage du sentiment… Le véritable amour n'est ni téméraire ni évaporé ; la crainte le rend circonspect ; il risque moins par la connaissance de ce qu'il peut perdre ; et, comme il en veut au coeur encore plus qu'à la personne, il ne hasarde guère l'estime de la personne qu'il aime pour en acquérir là possession.
SOPHIE.
C'est-à-dire, en un mot, que, contents d'être tendres pour vos maîtresses, vous n'êtes que galants, badins et téméraires près des femmes que vous n'aimez point. Voilà une constance et des maximes d'un nouveau goût, fort commodes pour les cavaliers ; je ne sais si les belles de votre pays s'en contentent de même.
DORANTE.
Oui, madame, cela est réciproque, et elles ont bien autant d'intérêt que nous, pour le moins, à les établir.
SOPHIE.
Vous me faites trembler pour les femmes capables de donner leur coeur à des amants formés à une pareille école.
DORANTE.
Eh ! Pourquoi ces craintes chimériques ? N'est-il pas convenu que ce commerce galant et poli qui jette tant d'agrément dans la société n'est point de l'amour ? Il n'est que le supplément. Le nombre des coeurs vraiment faits pour aimer est si petit, et parmi ceux-là il y en a si peu qui se rencontrent, que tout languirait bientôt si l'esprit et la volupté ne tenaient quelquefois la place du coeur et du sentiment. Les femmes ne sont point les dupes des aimables folies que les hommes font autour d'elles. Nous en sommes de même par rapport à leur coquetterie, elles ne séduisent que nos sens. C'est un commerce fidèle où l'on ne se donne réciproquement que pour ce qu'on est. Mais il faut avouer, à la honte du coeur, que ces heureux badinages sont souvent mieux récompensés que les plus touchantes expressions d'une flamme ardente et sincère.
SOPHIE.
Nous voici précisément où j'en voulais venir. Vous m'aimez, dites-vous, uniquement et parfaitement ; tout le reste n'est que jeux d'esprit : je le veux ; je le crois. Mais alors il me reste toujours à savoir quel genre de plaisir vous pouvez trouver à faire, dans un goût différent, la cour à d'autres femmes, et à rechercher pourtant auprès d'elles le prix du véritable amour.
DORANTE.
Ah ! Madame, quel temps prenez-vous pour m'engager dans des dissertations ! Je vais vous perdre, hélas ! Et vous voulez que mon esprit s'occupe d'autres choses que de sa douleur !
SOPHIE.
La réflexion ne pouvait venir plus mal à propos ; il fallait la faire plus tôt, ou ne la point faire du tout.
SCÈNE VIII.
Dorante, Sophie, Jacquard.
JACQUARD.
St, st, monsir, monsir ! [ 1 St St : Terme indéclinable, dont on se sert pour commander le silence. [F]]
DORANTE.
Je crois qu'on m'appelle.
JACQUARD.
Oh ! Moi fenir, pisque fous point aller.
DORANTE.
Eh bien ! Qu'est-ce ?
JACQUARD.
Monsir, afec la permission te montame, l'être ain piti l'écriture.
DORANTE.
Quoi ? Une lettre ?
JACQUARD.
Chistement.
DORANTE.
Donne-la-moi.
JACQUARD.
Tiantre ! Non ; mamecelle Claire m'afre chargé te ne la donne fous qu'en grand secrètement.
SOPHIE.
Monsieur Jacquard est exact, il veut suivre ses ordres.
DORANTE.
Donne toujours, butor ; tu fais le mystérieux fort à propos. [ 2 Butor : Gros oiseau, espèce de héron fainéant et poltron. On dit figurément d'un homme stupide et maladroit que c'est un butor. [F]]
SOPHIE.
Cessez de vous inquiéter. Je ne suis point incommode, et je vais me retirer pour ne pas gêner votre empressement.
SCÈNE IX.
Sophie, Dorante.
DORANTE, à part.
Cette lettre de mon père lui donne de nouveaux soupçons, et vient tout à propos pour les dissiper.
Haut.
Eh quoi ! Madame, vous me fuyez !
SOPHIE, ironiquement.
Seriez-vous disposé à me mettre de moitié dans vos confidences ?
DORANTE.
Mes secrets ne vous intéressent pas assez pour vouloir y prendre part ?
SOPHIE.
C'est au contraire qu'ils vous sont trop chers pour les prodiguer.
DORANTE.
Il me siérait mal d'en être plus avare que de mon propre coeur.
SOPHIE.
Aussi logez-vous tout au même lieu.
DORANTE.
Cela ne tient du moins qu'à votre complaisance.
SOPHIE.
Il y a dans ce sang-froid une méchanceté que je suis tentée de punir. Vous seriez bien embarrassé si, pour vous prendre au mot, je vous priais de me communiquer cette lettre.
DORANTE.
J'en serais seulement fort surpris ; vous vous plaisez trop à nourrir d'injustes sentiments sur mon compte, pour chercher à les détruire.
SOPHIE.
Vous vous fiez fort à ma discrétion… Je vois qu'il faut lire la lettre pour confondre votre témérité.
DORANTE.
Lisez-la pour vous convaincre de votre injustice.
SOPHIE.
Non, commencez par me la lire vous-même ; j'en jouirai mieux de votre confusion.
DORANTE.
Nous allons voir.
Il lit.
« Que j'ai de joie, mon cher Dorante… »
SOPHIE.
Mon cher Dorante ! L'expression est galante, vraiment.
DORANTE.
« Que j'ai de joie, mon cher Dorante, de pouvoir terminer vos peines !… »
SOPHIE.
Oh ! Je n'en doute pas, vous avez tant d'humanité !
DORANTE.
« Vous voilà délivré des fers où vous languissiez… »
SOPHIE.
Je ne languirai pas dans les vôtres.
DORANTE.
« Hâtez-vous de venir me rejoindre… »
SOPHIE.
Cela s'appelle être pressée.
DORANTE.
« Je brûle de vous embrasser… »
SOPHIE.
Rien n'est si commode que de déclarer franchement ses besoins.
DORANTE.
« Vous êtes échangé contre un jeune officier qui s'en retourne actuellement où vous êtes…
SOPHIE.
Mais je n'y comprends plus rien.
DORANTE.
« Blessé dangereusement, il fut fait prisonnier dans une affaire où je me trouvai… »
SOPHIE.
Une affaire où se trouva mademoiselle Claire ?
DORANTE.
Qui vous parle de mademoiselle Claire ?
SOPHIE.
Quoi ! Cette lettre n'est pas d'elle ?
DORANTE.
Non, vraiment ; elle est de mon père, et mademoiselle Claire n'a servi que de moyen pour me la faire parvenir ; voyez la date et le seing.
SOPHIE.
Ah ! Je respire.
DORANTE.
Écoutez le reste.
Il lit.
« À force de secours et de soins, j'ai eu le bonheur de lui sauver la vie ; je lui ai trouvé tant de reconnaissance, que je ne puis trop me féliciter des services que je lui ai rendus. J'espère qu'en le voyant vous partagerez mon amitié pour lui, et que vous le lui témoignerez. »
SOPHIE, à part.
L'histoire de ce jeune officier a tant de rapport avec… Ah ! Si c'était lui !… Tous mes doutes seront éclaircis ce soir.
DORANTE.
Belle Sophie, vous voyez votre erreur. Mais de quoi me sert que vous connaissiez l'injustice de vos soupçons ? En serai-je mieux récompensé de ma fidélité ?
SOPHIE.
Je voudrais inutilement vous déguiser encore le secret de mon coeur ; il a trop éclaté avec mon dépit : vous voyez combien je vous aime, et vous devez mesurer le prix de cet aveu sur les peines qu'il m'a coûtées.
DORANTE.
Aveu charmant ! Pourquoi faut-il que des moments si doux soient mêlés d'alarmes, et que le jour où vous partagez mes feux soit celui qui les rend le plus à plaindre !
SOPHIE.
Ils peuvent encore l'être moins que vous ne pensez. L'amour perd-il sitôt courage ? Et quand on aime assez pour tout entreprendre, manque-t-on de ressources pour être heureux ?
DORANTE.
Adorable Sophie ! Quels transports vous me causez ! Quoi ! Vos bontés… je pourrais… Ah ! Cruelle ! Vous promettez plus que vous ne voulez tenir !
SOPHIE.
Moi, je ne promets rien. Quelle est la vivacité de votre imagination ! J'ai peur que nous ne nous entendions pas.
DORANTE.
Comment ?
SOPHIE.
Le triste hymen que je crains n'est point tellement conclu que je ne puisse me flatter d'obtenir du moins un délai de mon père ; prolongez votre séjour ici jusqu'à ce que la paix ou des circonstances plus favorables aient dissipé les préjugés qui vous le rendent contraire.
DORANTE.
Vous voyez l'empressement avec lequel on me rappelle : puis-je trop me hâter d'aller réparer l'oisiveté de mon esclavage ? Ah ! S'il faut que l'amour me fasse négliger le soin de ma réputation, doit-ce être sur des espérances aussi douteuses que celles dont vous me flattez ? Que la certitude de mon bonheur serve du moins à rendre ma faute excusable. Consentez que des noeuds secrets…
SOPHIE.
Qu'osez-vous me proposer ? Un coeur bien amoureux ménage-t-il si peu la gloire de ce qu'il aime ? Vous m'offensez vivement.
DORANTE.
J'ai prévu votre réponse, et vous avez dicté la mienne. Forcé d'être malheureux ou coupable, c'est l'excès de mon amour qui me fait sacrifier mon bonheur à mon devoir, puisque ce n'est qu'en vous perdant que je puis me rendre digne de vous posséder.
SOPHIE.
Ah ! Qu'il est aisé d'étaler de belles maximes quand le coeur les combat faiblement ! Parmi tant de devoirs à remplir, ceux de l'amour sont-ils donc comptés pour rien ? Et n'est-ce que la vanité de me coûter des regrets qui vous a fait désirer ma tendresse ?
DORANTE.
J'attendais de la pitié, et je reçois des reproches, vous n'avez, hélas ! Que trop de pouvoir sur ma vertu, il faut fuir pour ne pas succomber. Aimable Sophie, trop digne d'un plus beau climat, daignez recevoir les adieux d'un amant qui ne vivrait qu'à vos pieds s'il pouvait conserver votre estime en immolant la gloire à l'amour.
Il l'embrasse.
SOPHIE.
Ah ! Que faites-vous ?
SCÈNE X.
Macker, Frederich, Goternitz, Dorante, Sophie.
MACKER.
Oh ! Oh ! Notre future, tubleu ! Comme vous y allez ! C'est donc avec monsieur que vous vous accordez pour la noce ! Je lui suis obligé, ma foi. Eh bien ! Beau-père, que dites-vous de votre progéniture ? Oh ! Je voudrais, parbleu ! Que nous en eussions vu quatre fois davantage, seulement pour lui apprendre à n'être pas si confiant.
GOTERNITZ.
Sophie, pourriez-vous m'expliquer ce que veulent dire ces étranges façons ?
DORANTE.
L'explication est toute simple ; je viens de recevoir avis que je suis échangé, et là-dessus je prenais congé de mademoiselle, qui, aussi bien que vous, monsieur, a eu pendant mon séjour ici beaucoup de bontés pour moi.
MACKER.
Oui, des bontés ! Oh ! Cela s'entend.
GOTERNITZ.
Ma foi, seigneur Macker, je ne vois pas qu'il y ait tant à se récrier pour une simple cérémonie de compliment.
MACKER.
Je n'aime point tous ces compliments à la française.
FRÉDÉRICH.
Soit : mais comme ma soeur n'est point encore votre femme, il me semble que les vôtres ne sont guère propres à lui donner envie de la devenir.
MACKER.
Eh ! Corbleu ! Monsieur, si votre séjour de France vous a appris à applaudir à toutes les sottises des femmes, apprenez que les flatteries de Jean-Mathias Macker ne nourriront jamais leur orgueil.
FRÉDÉRICH.
Pour cela, je le crois.
DORANTE.
Je vous avouerai, monsieur, qu'également épris des charmes et du mérite de votre adorable fille, j'aurais fait ma félicité suprême d'unir mon sort au sien, si les cruels préjugés qui vous ont été inspirés contre ma nation n'eussent mis un obstacle invincible au bonheur de ma vie.
FRÉDÉRICH.
Mon père, c'est là sans doute un de vos prisonniers ?
GOTERNITZ.
C'est cet officier pour lequel vous avez été échangé.
FRÉDÉRICH.
Quoi ! Dorante ?
GOTERNITZ.
Lui-même.
FRÉDÉRICH.
Ah ! Quelle joie pour moi de pouvoir embrasser le fils de mon bienfaiteur !
SOPHIE, joyeuse.
C'était mon frère, et je l'ai deviné.
FRÉDÉRICH.
Oui, monsieur, redevable de la vie à monsieur votre père, qu'il me serait doux de vous marquer ma reconnaissance et mon attachement par quelque preuve digne des services que j'ai reçus de lui !
DORANTE.
Si mon père a été assez heureux pour s'acquitter envers un cavalier de votre mérite des devoirs de l'humanité, il doit plus s'en féliciter que vous-même. Cependant, monsieur, vous connaissez mes sentiments pour mademoiselle votre soeur ; si vous daignez protéger mes feux, vous acquitterez au-delà vos obligations : rendre un honnête homme heureux, c'est plus que de lui sauver la vie.
FRÉDÉRICH.
Mon père partage mes obligations, et j'espère bien que, partageant aussi ma reconnaissance, il ne sera pas moins ardent que moi à vous la témoigner.
MACKER.
Mais il me semble que je joue ici un assez joli personnage.
GOTERNITZ.
J'avoue, mon fils, que j'avais cru voir en monsieur quelque inclination pour votre soeur ; mais, pour prévenir la déclaration qu'il m'en aurait pu faire, j'ai si bien manifesté en toute occasion l'antipathie et l'éloignement qui séparait notre nation de la sienne, qu'il s'était épargné jusqu'ici des démarches inutiles de la part d'un ennemi avec qui, quelque obligation que je lui aie d'ailleurs, je ne puis ni ne dois établir aucune liaison.
MACKER.
Sans doute, et c'est un crime de lèse-majesté à mademoiselle de vouloir aussi s'approprier ainsi les prisonniers de la reine.
GOTERNITZ.
Enfin je tiens que c'est une nation avec laquelle il est mieux de toute façon de n'avoir aucun commerce ; trop orgueilleux amis, trop redoutables ennemis ; heureux qui n'a rien à démêler avec eux !
FRÉDÉRICH.
Ah ! Quittez, mon père, ces injustes préjugés. Que n'avez-vous connu cet aimable peuple que vous haïssez, et qui n'aurait peut-être aucun défaut s'il avait moins de vertus ! Je l'ai vue de près, cette heureuse et brillante nation, je l'ai vue paisible au milieu de la guerre, cultivant les sciences et les beaux-arts, et livrée à cette charmante douceur de caractère qui en tout temps lui fait recevoir également bien tous les peuples du monde, et rend la France en quelque manière la patrie commune du genre humain. Tous les hommes sont les frères des Français. La guerre anime leur valeur sans exciter leur colère. Une brutale fureur ne leur fait point haïr leurs ennemis ; un sot orgueil ne les leur fait point mépriser. Ils les combattent noblement, sans calomnier leur conduite, sans outrager leur gloire ; et tandis que nous leur faisons la guerre en furieux, ils se contentent de nous la faire en héros.
GOTERNITZ.
Pour cela, on ne saurait nier qu'ils ne se montrent plus humains et plus généreux que nous.
FRÉDÉRICH.
Eh ! comment ne le seraient-ils pas sous un maître dont la bonté égale le courage ! Si ses triomphes le font craindre, ses vertus doivent-elles moins le faire admirer ? Conquérant redoutable, il semble à la tête de ses armées un père tendre au milieu de sa famille, et, forcé de dompter l'orgueil de ses ennemis, il ne les soumet que pour augmenter le nombre de ses enfants.
GOTERNITZ.
Oui, mais avec toute sa bravoure, non content de subjuguer ses ennemis par la force, ce prince croit-il qu'il soit bien beau d'employer encore l'artifice, et de séduire, comme il fait, les coeurs des étrangers et de ses prisonniers de guerre ?
MACKER.
Fi ! Que cela est laid de débaucher ainsi les sujets d'autrui ! Oh bien ! Puisqu'il s'y prend comme cela, je suis d'avis qu'on punisse sévèrement tous ceux des nôtres qui s'avisent d'en dire du bien.
FRÉDÉRICH.
Il faudra donc châtier tous vos guerriers qui tomberont dans ses fers, et je prévois que ce ne sera pas une petite tâche.
DORANTE.
Oh ! Mon prince, qu'il m'est doux d'entendre les louanges que ta vertu arrache de la bouche de tes ennemis ! Voilà les seuls éloges dignes de toi.
GOTERNITZ.
Non, le titre d'ennemis ne doit point nous empêcher de rendre justice au mérite. J'avoue même que le commerce de nos prisonniers m'a bien fait changer d'opinion sur le compte de leur nation : mais considérez, mon fils, que ma parole est engagée, que je me ferais une méchante affaire de consentir à une alliance contraire à nos usages et à nos préjugés ; et que, pour tout dire enfin, une femme n'est jamais assez en droit de compter sur le coeur d'un Français pour que nous puissions nous assurer du bonheur de votre soeur en l'unissant à Dorante.
DORANTE.
Je crois, monsieur, que vous voulez bien que je triomphe, puisque vous m'attaquez par le côté le plus fort. Ce n'est point en moi-même que j'ai besoin de chercher des motifs pour rassurer l'aimable Sophie sur mon inconstance, ce sont ses charmes et son mérite qui seuls me les fournissent ; qu'importe en quels climats elle vive ? Son règne sera toujours partout où l'on a des yeux et des coeurs.
FRÉDÉRICH.
Entends-tu, ma soeur ? Cela veut dire que si jamais il devient infidèle tu trouveras dans son pays tout ce qu'il faut pour t'en dédommager.
SOPHIE.
Votre temps sera mieux employé à plaider sa cause auprès de mon père qu'à m'interpréter ses sentiments.
GOTERNITZ.
Vous voyez, seigneur Macker, qu'ils sont tous réunis contre nous ; nous aurons affaire à trop forte partie : ne ferions-nous pas mieux de céder de bonne grâce ?
MACKER.
Qu'est-ce que cela veut dire ? Manque-t-on ainsi de parole à un homme comme moi ?
FRÉDÉRICH.
Oui, cela se peut faire par préférence.
GOTERNITZ.
Obtenez le consentement de ma fille, je ne rétracte point le mien ; mais je ne vous ai pas promis de la contraindre. D'ailleurs, à vous parler vrai, je ne vois plus pour vous ni pour elle les mêmes agréments dans ce mariage : vous avez conçu sur le compte de Dorante des ombrages qui pourraient devenir entre elle et vous une source d'aigreurs réciproques. Il est trop difficile de vivre paisiblement avec une femme dont on soupçonne le coeur d'être engagé ailleurs.
MACKER.
Ouais, vous le prenez sur ce ton ? Oh ! Têtebleu, je vous ferai voir qu'on ne se moque pas ainsi des gens. Je m'en vais tout à l'heure porter ma plainte contre lui et contre vous : nous apprendrons un peu à ces beaux messieurs à venir nous enlever nos maîtresses dans notre propre pays ; et, si je ne puis me venger autrement, j'aurai du moins le plaisir dédire partout pis que pendre de vous et des Français.
SCÈNE XI.
Goternitz, Dorante, Frédérich, Sophie.
GOTERNITZ.
Laissons-le s'exhaler en vains murmures ; en unissant Sophie à Dorante je satisfais en même temps à la tendresse paternelle et à la reconnaissance : avec des sentiments si légitimes je ne crains la critique de personne.
DORANTE.
Ah ! Monsieur, quels transports !
FRÉDÉRICH.
Mon père, il nous reste encore le plus fort à faire. Il s'agit d'obtenir le consentement de ma soeur, et je vois là de grandes difficultés ; épouser Dorante et aller en France ! Sophie ne s'y résoudra jamais.
GOTERNITZ.
Comment donc ! Dorante ne serait-il pas de son goût ? En ce cas je la soupçonnerais fort d'en avoir changé.
FRÉDÉRICH.
Ne voyez-vous pas les menaces qu'elle me fait pour lui avoir enlevé le seigneur Jean-Mathias Macker ?
GOTERNITZ.
Elle n'ignore pas combien les Français sont aimables.
FRÉDÉRICH.
Non ; mais elle sait que les Françaises le sont encore plus, et voilà ce qui l'épouvante.
SOPHIE.
Point du tout : car je tâcherai de le devenir avec elles ; et tant que je plairai à Dorante je m'estimerai la plus glorieuse de toutes les femmes.
DORANTE.
Ah ! vous le serez éternellement, belle Sophie ! Vous êtes pour moi le prix de ce qu'il y a de plus estimable parmi les hommes. C'est à la vertu de mon père, au mérite de ma nation, à la gloire de mon roi, que je dois le bonheur dont je vais jouir avec vous : on ne peut être heureux sous de plus beaux auspices.
Warning: Invalid argument supplied for foreach() in /htdocs/pages/programmes/edition.php on line 606
Notes
[1] St St : Terme indéclinable, dont on se sert pour commander le silence. [F]
[2] Butor : Gros oiseau, espèce de héron fainéant et poltron. On dit figurément d'un homme stupide et maladroit que c'est un butor. [F]