OU LES COMBATS DE L'AMOUR ET DU PRÉJUGÉ
DRAME EN UN ACTE
DIX-NEUVIÈME PROVERBE.
M. DCC. LXXXV.
Par MONSIEUR G***.
À LIÈGE, Chez F.J. DESOER, Imprimeur-Libraire, sur le Pont d'Isle, à la Croix d'Or.
Texte établi par Paul FIEVRE décembre 2018
Publié par Paul FIEVRE décembre 2018
© Théâtre classique - Version du texte du 28/02/2024 à 23:49:32.
PERSONNAGES
ADÉLAÏDE, jeune veuve.
LE COMTE D'ORONVILLE, sous le nom de Dorval.
LE BARON DE FONTALBANNE.
JUSTINE.
LA FLEUR.
La scène est chez Adélaïde.
Le texte est issu de "Nouveaux proverbes dramatiques ou recueil de comédies de société pour servir de suite aux Théâtres de Société et d'Éducation" par Monsieur G[arnier], 1785. pp. 421-440.
ADELAÏDE
SCÈNE PREMIÈRE.
Adélaïde, Justine.
Le Théâtre représente un appartement d'Adélaïde.
ADÉLAÏDE, entre sur la scène d'un air ému ; elle tient une lettre et est suivie de Justine.
Eh bien, Justine, j'ai pris mon parti enfin.
JUSTINE.
Bien sérieusement ?
ADÉLAÏDE.
Très sérieusement.
Montrant sa lettre.
Voilà un congé qui va surprendre Dorval.
JUSTINE.
Vous lui écrivez ?
ADÉLAÏDE.
Oui, mais de manière à le désespérer.
JUSTINE.
Hum ! J'ai bien peur qu'il n'en arrive le contraire.
ADÉLAÏDE.
Oh ! Ne crains rien ; si tu voyais comme je le maltraite, tu aurais toi-même pitié de lui.
JUSTINE.
Pitié de lui, moi ? Allez, il n'en mérite aucune.
ADÉLAÏDE.
Tu es bien impitoyable. Pour moi, quelque décidée que je sois à rompre avec lui, je ne puis m'empêcher de rendre justice à l'honnêteté de ses procédés.
JUSTINE.
Mais, il n'y a rien d'extraordinaire là dedans.
ADÉLAÏDE.
Il faut aussi convenir que personne, avec autant de tendresse, ne fut plus respectueux. Ce n'est que par excès d'amour qu'il se trouve aujourd'hui coupable envers moi.
JUSTINE.
Il est bien hardi.
ADÉLAÏDE.
Au fond, je me reproche ma conduite à son égard...
JUSTINE, à part.
Quelle femme !
Haut.
Eh, pourquoi ?
ADÉLAÏDE.
Il méritait de ma part un retour plus sincère ; et je lui cherche ici une mauvaise querelle.
JUSTINE.
Les coeurs ne sont-ils pas libres ?
ADÉLAÏDE, tendrement.
Hélas !... Pourquoi la fortune l'a-t-elle si cruellement traité, Il était si bien fait pour faire honneur au sang le plus illustre.
JUSTINE.
Mais, comme un autre.
ADÉLAÏDE, plus tendrement.
Ah ! Justine, est-il rien de plus noble que sa physionomie, de plus grand que ses manières, de plus élevé que son esprit !
JUSTINE, avec dépit.
Soit ; mais au bout du compte, on ne sait qui il est.
ADÉLAÏDE.
C'est à cause de cela, Justine, s'il n'était pas d'une naissance distinguée, la nature se serait méprise.
JUSTINE.
Chimères que tout cela, la médiocrité de sa fortune et le silence qu'il garde sur son origine, sont de sûrs indices qu'elle est obscure et peut-être ignoble, que sait-on.
ADÉLAÏDE, avec impétuosité et changeant brusquement de ton.
Tu as raison. Et il a eu l'insolence de m'aimer... Je le hais... Je le déteste... Que je ne le voie jamais !
JUSTINE.
Ah ! Je vous vois raisonnable, enfin ; vous prenez le bon parti.
ADÉLAÏDE.
Un homme sans nom... Un aventurier peut-être... Tiens, Justine, quand j'y pense, c'est qu'il me prend des impatiences...
JUSTINE.
Je le crois.
ADÉLAÏDE, avec attendrissement.
Et je l'aimais, Justine, je l'aimais... J'en suis bien honteuse.
JUSTINE.
Vous avez raison. Mais parlons de monsieur le Baron de Fontalbanne. Vous l'attendez aujourd'hui, je crois.
ADÉLAÏDE.
Oui ; suivant ce que ma tante m'écrit, il devrait être arrivé... L'indigne ! Il se jouait de ma faiblesse. Faite pour prétendre aux partis les plus distingués, je lui sacrifiais tout. Que j'étais aveugle ; avoue-le, Justine !
JUSTINE.
Je vous en réponds.... Vous allez donc être Madame la Baronne de Fontalbanne : vous devez être bien contente.
ADÉLAÏDE, froidement.
Mais, oui, Justine... Il est heureux pour moi d'avoir trouvé cette petite occasion pour rompre avec Dorval. Qu'en dis-tu, car, entre nous, ce n'est qu'un prétexte.
JUSTINE.
Quand cela serait, vous n'avez point de compte à rendre de votre conduite.
ADÉLAÏDE.
Il est vrai : mais j'aurais des reproches à me faire... Ah ! Justine, quel sera son chagrin ? Il va être désespéré ; mais il le mérite, n'est-ce pas, Justine ?
JUSTINE, impatientée.
Point du tout, Madame ; il mérite au contraire que vous alliez vous jeter à ses pieds, le conjurer de reprendre pour vous des sentiments...
ADÉLAÏDE.
Ah ! Justine, tu crois donc... Comme tu te trompes ! Mon parti est pris... et pour t'en convaincre, je me livre absolument à toi.
JUSTINE.
Laissez-moi.
ADÉLAÏDE.
Je vais écrire à ma tante que je suis disposée à prendre Monsieur de Fontalbanne, sans autre examen.
JUSTINE.
Vous ne l'avez pas encore vu, dites-vous ?
ADÉLAÏDE.
Qu'importe, tous les hommes me sont également indifférents ; et puisqu'il faut que je me marie, autant vaut celui-là qu'un autre.
JUSTINE.
Vous avez raison.
ADÉLAÏDE.
On le dit d'une noblesse ancienne... Mais il a toujours vécu dans une province, ce sera quelque lourd campagnard , peut-être ?
JUSTINE.
On le dit homme de beaucoup de bon sens, d'ailleurs extrêmement poli.
ADÉLAÏDE.
Je crains bien...
La Fleur entre.
SCENE II.
Adélaïde, Justine, La Fleur.
ADÉLAÏDE.
Qu'est-ce, La Fleur ?
LA FLEUR.
Monsieur le Baron de Fontalbanne, Madame.
JUSTINE.
Fais-le monter...
À La Fleur, qui se tient coi.
Eh bien, qu'attends-tu donc ?
LA FLEUR, à Justine.
Ah ça... Mais dame c'est que vous m'aviez dit de dire que Madame n'était pas visible.
JUSTINE.
Tu es un petit sot.
À Adélaïde.
Il est encore si neuf.
À La Fleur.
Est-il parti ?
LA FLEUR.
Non pardi. Il s'est campé sur un fauteuil ; et il dit comme ça qu'il est venu de bien loin pour voir Madame, et qu'il ne sortira pas qu'il ne l'ait vue.
ADÉLAÏDE.
Eh bien , allez lui dire de monter.
La Fleur sort.
SCÈNE III.
Adélaïde, Justine.
ADÉLAÏDE, à part.
Que cela est désagréable !
Haut, à Justine.
Je passe un instant dans mon cabinet, tu l'entretiendras jusqu'à mon retour.
JUSTINE.
Cela suffit, Madame.
SCÈNE IV.
JUSTINE, entre.
Courage, voilà mes affaires en bon train... Sa première inclination la brouillait avec sa famille, la déshonorait dans le monde... N'est-ce pas un vrai service que je lui rends d'avoir tout employé pour le rompre ; et quand j'y trouverais d'ailleurs mon petit intérêt... J'entends quelqu'un, c'est sûrement notre homme.
SCÈNE V.
Monsieur de Fontalbanne, Justine.
JUSTINE, à part.
Quelle figure !
MONSIEUR DE FONTALBANNE, s'inclinant profondément.
Madame, vous excuserez ma témérité ; mais...
JUSTINE, éclatant de rire.
Ah , ah , ah , ah.
MONSIEUR DE FONTALBANNE, troublé.
Mais... mais .... l'ardeur avec laquelle je désirais...
JUSTINE, redoublant ses ris.
Finissez donc, Monsieur, ah , ah , ah , ah.
MONSIEUR DE FONTALBANNE, déconcerté.
Madame... Je vous confesse... Que je ne m'attendais pas... Je suis surpris...
JUSTINE, contenant ses ris.
Monsieur... Vous vous trompez... Ma maîtresse va paraître... Et c'est votre méprise. Ah, ah, ah, ah.
MONSIEUR DE FONTALBANNE, fâché.
Vous avez tort, ma mie. Il fallait m'avertir plutôt. Le Baron de Fontalbanne n'est pas fait pour être joué. Ne seriez-vous pas cette Justine dont m'a tant parlé Madame d'Ainville ?
JUSTINE, faisant la révérence.
Oui, monsieur.
MONSIEUR DE FONTALBANNE.
Je vous pardonne à condition que vous me rendrez service. Vous pouvez tout sur l'esprit de votre maîtresse ; vous la menez, m'a-t-on dit : c'est tant mieux ; car on m'a ajouté que je pouvais compter sur vous.
JUSTINE, avec embarras, et lui faisant des signes.
On vous a trompé, Monsieur, ma maîtresse ne se laisse mener par personne, et j'ai moins d'empire sur son esprit qu'un autre.
MONSIEUR DE FONTALBANNE, d'un ton élevé.
À quoi bon faire la fine ? Je suis bien instruit peut-être ? Une offre de cent pistoles est bien tentante, n'est-ce pas ? Cela vaut bien la peine de faire des efforts ? Hein ?
JUSTINE, bas.
Taisez-vous donc ; ma maîtresse nous entend : vous me perdez.
MONSIEUR DE FONTALBANNE, fort haut.
Ah ! Pardon, pardon ; c'est aussi de votre faute. Vous me dites toujours les choses si tard.
SCÈNE VI.
Adélaïde, Monsieur de Fontalbanne, Justine.
ADÉLAÏDE, entrant avec précipitation.
Monsieur, mille pardons. Une affaire pressée m'a retenue un instant dans mon cabinet.
MONSIEUR DE FONTALBANNE.
Madame... Je serais mortifié.
ADÉLAÏDE, avec vivacité.
Abrégeons, Monsieur, s'il vous plait. Un mal de tête affreux m'empêche de soutenir une longue conversation. Ma tante me mande le sujet de votre visite.
MONSIEUR DE FONTALBANNE.
Madame ....
ADÉLAÏDE.
Monsieur, vous me paraissez un homme franc, un honnête-homme. Vous n'avez pas besoin ici d'autre recommandation. Elle me serait suspecte.
Elle lance un regard courroucé sur Justine, qui baisse les yeux.
MONSIEUR DE FONTALBANNE, s'inclinant profondément.
Madame... Si j'étais allez heureux pour mériter...
ADÉLAÏDE.
Oh ! Je vous en prie, point de compliments ni de remerciements ; ce que je vous dis, je le pense très sérieusement, je vous estime, je vous respecte et vous me paraissez mériter l'un et l'autre ; mais pour de l'amour, je vous avoue bonnement que je n'en sens point pour vous... Point du tout, et c'est tant mieux.
MONSIEUR DE FONTALBANNE.
Mais, madame...
ADÉLAÏDE.
Oui, Monsieur ; c'est tant mieux. Notre union uniquement fondée sur la raison, en sera d'autant plus tranquille.
MONSIEUR DE FONTALBANNE.
Madame, quels que soient les sentiments qui vous déterminent, il me suffit que vous me permettiez d'aspirer à vous ; et si d'un côté j'ai à me plaindre du sort qui ne m'a pas donné l'avantage de toucher votre coeur, d'un autre côté la raison.
ADÉLAÏDE, impatientée, s'assied et s'appuie la main sur son front.
Quel état cruel ! Ma migraine ne m'a jamais tourmentée si violemment.
MONSIEUR DE FONTALBANNE, allant à elle avec empressement.
Madame se trouve mal...
ADÉLAÏDE.
Eh ! Non, Monsieur. C'est une migraine à laquelle je suis sujette ; elle ne demande du repos.
MONSIEUR DE FONTALBANNE.
Je vous laisse, Madame ; mais avec les espérances que vous me donnez, vous me permettrez d'aller prendre les mesures nécessaires...
ADÉLAÏDE, l'interrompant.
Tenez, Monsieur, je suis dans un état qui ne me permet ni de rien vouloir, ni de rien décider. Excusez-moi, je vous prie.
MONSIEUR DE FONTALBANNE.
Oh, madame.... Je reviens à l'instant.
SCÈNE VII.
Adélaïde, Justine.
ADÉLAÏDE.
Une promesse de cent pistoles est tentante, n'est-ce pas, Mademoiselle Justine ? Il est bien pardonnable de lui tout sacrifier.
JUSTINE.
Madame... En vérité.
ADÉLAÏDE.
Vous êtes un monstre. Retirez-vous... Ah ! Je n'en puis plus.
JUSTINE.
Mais, Madame, dans l'état où je vous vois.
ADÉLAÏDE.
Retirez-vous, vous dis-je, vous m'êtes insupportable.
JUSTINE.
Mais, Madame... Comment...
ADÉLAÏDE.
Allez, vous êtes une malheureuse, laissez-moi ?
JUSTINE, pleurant.
Hélas, Madame, pourriez-vous croire ?...
ADÉLAÏDE.
Encore ? Mais c'est le comble de l'effronterie. Laissez-moi, vous dis-je, et ne paraissiez jamais devant mes yeux.
Justine sort.
SCÈNE VIII.
ADÉLAÏDE, seule.
Je ne sais où j'en suis... Une malheureuse qui me doit tout ; me vendre, me trahir aussi indignement ! Ces sortes de choses n'arrivent qu'à moi. Qu'ai-je fait ? Ne pouvais-je renoncer à Dorval sans prendre d'autres engagements ? était-il nécessaire de me jeter, pour ainsi dire, à la tête de ce Monsieur de Fontalbanne, que je ne connais point ?... Que va-t-il penser, et que dois-je penser moi-même d'un homme qui a la hardiesse de m'épouser quand je lui dis que je le hais. Hélas ! Qu'est-ce que les prérogatives de la naissance et de la fortune ? Pourquoi leur immoler le bonheur de mes jours ! La vertu est la vraie noblesse, quel autre que Dorval mérite plus justement ce titre... Ah, Dorval, Dorval ! Mon coeur a toujours été pour vous ; mon esprit seul s'est révolté ; l'amour propre s'est mis de la partie, et à combien de tourments me suis-je exposée en suivant la fougue de leurs impulsions !
Dorval, qui a entendu ces dernières paroles, entre et se jette aux pieds d'Adélaïde.
SCÈNE IX.
Adélaïde, Dorval.
ADÉLAÏDE.
Ah ! Dorval, vous m'écoutiez?
DORVAL.
Charmante Adélaïde ! Pardonnez-moi. Ce jour-ci est le plus heureux de ma vie.
ADÉLAÏDE.
Ah Ciel ! Quelle trahison !
DORVAL.
Cruelle ! Vous le reprocheriez-vous, ce peu de paroles qui fait mon bonheur... Je passe du comble du désespoir à la joie la plus vive.
ADÉLAÏDE, avec larmes.
Dorval !... Il faut nous séparer pour toujours.
DORVAL.
Comment ?
ADÉLAÏDE.
Vous venez de me surprendre un aveu qui exige cette réparation.
DORVAL.
Mais je ne conçois pas...
ADÉLAÏDE.
Non, je ne pourrai jamais soutenir votre présence.
DORVAL.
Ah ! Vous me haïssez.
ADÉLAÏDE.
Plut au Ciel !
DORVAL.
Je ne le vois que trop. Je me suis fait illusion ; c'est à l'heureux Fontalbanne qu'il était réservé de vous plaire.
ADÉLAÏDE.
Dorval ! Vous me persécutez cruellement. Vous ne connaissez que trop mes sentiments. N'en abusez pas. Retirez-vous ; trop de distance nous sépare.
Elle couvre ses yeux de son mouchoir.
DORVAL.
Je vous entends. Ingrate ! Vous ne pouvez me sacrifier un vain préjugé. Ah ! Que vous connaissez peu l'amour.
ADÉLAÏDE.
Non, Dorval, vous ne me rendez point justice. Mais, entre nous... On ne vous connaît point... Vous gardez sur votre naissance un silence mystérieux... Ah ! Dorval, qu'un nom, un rang, une famille me sont actuellement insupportables !
DORVAL, la considère un instant avec une pitié mêlée de tendresse.
Trop faible Adélaïde ! Et si vous deveniez Comtesse en m'épousant.
ADÉLAÏDE.
Comtesse !
DORVAL, avec précipitation.
Mes malheurs sont finis. Une affaire d'honneur m'avait obligé de demeurer inconnu jusqu'à présent. Mon père m'écrit qu'il vient de la terminer heureusement.
Il lui présente une lettre.
ADÉLAÏDE, après avoir lu quelques lignes.
Ah ! Dorval, que ne m'avez-vous instruite plutôt !
DORVAL.
Je me suis présenté plusieurs fois, et tout autant de fois, Justine m'a dit que vous n'étiez point visible ; elle m'a même ajouté que vous me priiez de supprimer mes visites.
ADÉLAÏDE.
Le monstre.
DORVAL.
À vous dire vrai, cette obstination m'a paru suspecte. Je me suis déterminé à tout entreprendre pour vous voir et vous parler. Je suis revenu sur mes pas ; je n'ai rencontré personne, et j'ai pénétré sans obstacle jusqu'à votre appartement.
ADÉLAÏDE.
Quel bonheur inespéré.
DORVAL, lui baisant la main avec transport.
Ma chère Adélaïde !
SCÈNE X ET DERNIÈRE.
Monsieur de Fontalbanne, Dorval, Adélaïde.
MONSIEUR DE FONTALBANNE, entre brusquement.
Madame, monsieur.... Mille pardons... Voulez-vous mander quelque chose à Madame d'Ainville ?
ADÉLAÏDE.
Vous m'obligerez, Monsieur, de lui dire que j'épouse le Comte d'Oronville.
MONSIEUR DE FONTALBANNE.
Monsieur le Comte d'Oronville.
ADÉLAÏDE.
Oui, monsieur ; ses grands biens répondent à sa naissance, je ne doute pas que ma tante n'approuve cette alliance.
MONSIEUR DE FONTALBANNE.
Tout ceci, Madame, a lieu de me surprendre, et...
ADÉLAÏDE.
Monsieur, vous m'avez paru très franc, et je veux imiter votre franchise. Je vous estime beaucoup, mais je ne vous aime point ; voici monsieur , que j'estime et que j'aime tout ensemble : Ai-je tort de le préférer ?
MONSIEUR DE FONTALBANNE, après un moment de réflexion.
Ma foi non. Cela est juste, et très juste. Je fais actuellement réflexion, Madame, que si d'un côté il était infiniment avantageux pour moi de vous épouser, d'un autre côté il était dangereux...
LE COMTE D'ORONVILLE.
Monsieur, vous prenez la chose en galant homme. Vous rendiez deux personnes malheureuses, sans pour cela devenir heureux vous-même.
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