COMÉDIE.
1889
Adolphe CARCASSONNE.
PARIS C. MARPON et E. FLAMMARION, ÉDITEURS, rue Racine, 26 près de l'Odéon.
ÉMILE COLIN - IMPRIMERIE DE LAGNY.
Texte établi par Paul FIEVRE juin 2021
Publié par Paul FIEVRE juillet 2021.
© Théâtre classique - Version du texte du 28/02/2024 à 23:49:48.
PERSONNAGES
ROGER, 12 ans.
FÉLIX, 10 ans.
LE DOCTEUR SOURABAYA.
BONNE-MAMAN.
UNE BONNE.
AIDES DU DOCTEUR.
Extrait de "Nouveau Théâtre d'enfants, Dix pièces en prose, à jouer dans les familles et dans les pensionnats", Paris, Marpon et Flammarion, Le Jay Libraires, 1889. pp. 23-63.
LE DOCTEUR SOURABAYA
SCÈNE PREMIÈRE.
Roger, Félix.
La chambre de Félix. - Une table au milieu. - Un sofa a droite. - Portes des deux côtés et au fond. Au lever du rideau, Félix est allongé sur le sofa, Roger est assis auprès de lui.
ROGER.
Ah ! Ça, mon cher Félix, est-ce que cette maladie va durer longtemps encore ?
FÉLIX.
J'en ai peur.
ROGER.
Il me semble pourtant qu'elle devrait être guérie.
FÉLIX.
Tu n'y penses pas. Vois donc tout ce que j'ai : coliques, douleurs de reins, et surtout un affaiblissement dans la jambe droite qui me fait marcher comme un boiteux. Avec cela...
ROGER.
Quoi ! Il y a autre chose?
FÉLIX.
Bien sûr ; avec cela des maux de tête et des étourdissements à ne pas pouvoir rester debout.
ROGER.
Et même à dormir debout.
FÉLIX.
Tu as l'air de ne pas me croire.
ROGER.
Veux-tu que je te dise toute ma pensée ?
FÉLIX.
Dis.
ROGER, se levant.
Eh bien ! Non, je ne crois pas à ta maladie.
FÉLIX.
C'est trop fort !
ROGER.
Je crois plutôt que tu tiens à te faire dorloter et surtout à ne pas aller à l'école.
FÉLIX.
Ce que tu dis là n'est pas d'un ami.
ROGER.
Tu sais combien ta bonne maman est faible pour toi et tu en profiles.
FÉLIX.
Elle me voit souffrir et elle cherche à me soulager.
ROGER.
Elle n'y est pas encore parvenue.
FÉLIX.
Pas encore, c'est vrai.
ROGER.
Et je crains qu'elle n'y parvienne pas de longtemps.
FÉLIX.
C'est bien possible.
ROGER.
J'ai donc raison de croire que tous les maux dont tu te plains ne sont qu'un prétexte.
FÉLIX.
Et moi, j'ai raison de croire que tu n'es pas mon ami.
ROGER.
Au contraire, tu devrais me remercier de ma franchise. Crois-moi, mon cher Félix, dans ce que tu fais il y a un mauvais service et une mauvaise action.
FÉLIX.
Ah ?
ROGER.
Le mauvais service retombe sur toi. Si tu continues à ne pas aller à l'école, que deviendras-tu plus tard ? Tu ne sais rien et tu n'apprends rien ; tu seras donc toute ta vie un ignorant.
FÉLIX.
Ça ne me chagrine pas.
ROGER.
C'est ton droit, puisqu'il ne s'agit que de toi ; mais ce qui devrait te chagriner, et voilà la mauvaise action, c'est la triste existence que tu fais à ta bonne maman. Pauvre femme ! Elle n'a que toi, elle ne pense qu'à toi, et tu la rends malheureuse par tes plaintes et par des souffrances qui...
FÉLIX, l'interrompant et avec humeur.
Vas-tu recommencer ?
ROGER.
Non, si cela t'ennuie.
FÉLIX.
Eh bien ! Oui, cela m'ennuie... Après tout, garde tes observations pour toi et laisse-moi tranquille... Je fais ce que je veux et cela ne te regarde pas... Tu me rends encore plus malade.
Il porte la main à son ventre.
Ah ! Quelles coliques !
Il sort en boitant par la porte de droite.
SCÈNE II.
ROGER.
Il a peut-être raison... Qu'ai-je avoir dans ce qu'il dit souffrir ? Qu'ai-je à faire avec ses coliques ? Qu'il soit actif ou paresseux, intelligent ou bête, que m'importe ? Ma foi, qu'il fasse ce que bon lui semble.
Il se dirige vers la porte du fond lorsque Bonne Maman entre ; elle a dans la main un petit sac en papier qu'elle met sur la table.
SCÈNE III.
Roger, Bonne Maman.
BONNE MAMAN.
Bonjour, mon ami, vous êtes venu voir Félix.
ROGER.
Oui, Madame, je suis venu passer un moment avec lui.
BONNE MAMAN.
Que vous êtes gentil !... Mais je ne vois pas ce cher enfant.
ROGER.
Il reviendra bientôt.
BONNE MAMAN.
Encore indisposé ! Toujours souffrant ! C'est affreux à son âge.
ROGER.
Voilà longtemps qu'il est ainsi.
BONNE MAMAN.
Plus de trois mois. Aussi, mon inquiétude est très vive et elle s'augmente encore chaque jour. Mon cher Félix ! Que de souffrances à la fois ! Maux de tête, coliques, douleurs de reins... Mais ce qui me tourmente le plus, c'est l'affaiblissement de la jambe droite ; je crains une paralysie. Ah ! Si un pareil malheur arrivait, j'en mourrai.
ROGER, à part.
Pauvre femme !
BONNE MAMAN.
Je le crois, mais cela n'arrivera pas et il ne faut pas désespérer.
BONNE MAMAN.
C'est cependant désespérant, car, je le répète, il me semble voir Félix dépérir chaque jour.
ROGER.
Il doit, sans doute, manquer d'appétit ?
BONNE MAMAN.
Non ; au contraire, il mange très bien.
ROGER.
Et il doit avoir des nuits très agitées ?
BONNE MAMAN.
Pas du tout, il dort très bien. Je vais auprès de lui chaque nuit et j'ai toujours remarqué que son sommeil est calme et paisible. Sans cela, que serait devenu mon pauvre petit ?
ROGER.
N'avez-vous pas consulté un médecin ?
BONNE MAMAN.
J'en ai même consulté plusieurs.
ROGER.
Eh bien ?
BONNE MAMAN.
Ils n'y comprennent rien ; leurs ordonnances n'ont produit aucun effet.
ROGER.
Les maux de tête et les coliques ne sont pourtant pas difficiles à guérir.
BONNE MAMAN.
Oui, mais la paralysie de la jambe ?
ROGER.
C'est là votre plus grande crainte.
Après un silence.
Eh bien ! Écoutez-moi.
BONNE MAMAN.
Dites, mon enfant.
ROGER.
Un ami de mon père vient d'arriver de l'Inde avec un docteur célèbre dont les cures ont fait grand bruit sur les bords du Gange. Le docteur Sourabaya est considéré, dans ces pays lointains, comme un véritable sauveur. Tout le monde parle de sa science et des découvertes qu'il a faites. Or, comme il loge à la maison, je vais, si vous le voulez, le prier de se rendre ici ; je suis sûr qu'il viendra tout de suite. Le voulez-vous ?
BONNE MAMAN.
Si je le veux ! Mais j'en suis bien heureuse ! Oui, j'accepte avec reconnaissance l'offre obligeante que vous me faites et je vous en remercie de tout mon coeur.
ROGER.
Je me rends donc auprès du docteur. Ce ne sera pas long, puisque nous sommes presque voisins.
Il se dirige vers le fond, puis il se retourne.
Ne dites rien à Félix de cette visite. Il faut que le docteur se rende bien compte de son état pour indiquer le traitement à suivre.
BONNE MAMAN.
Soyez tranquille. Merci, mon enfant... Ah ! Que je vous embrasse !
Elle court l'embrasser. Roger sort.
SCÈNE IV.
Bonne Maman, puis Félix.
BONNE MAMAN.
Je n'ai jamais eu autant d'espoir qu'aujourd'hui... Il me semble que ce docteur va guérir mon cher Félix... L'Inde est le pays des merveilles et la science, là-bas, a des secrets qui nous sont inconnus.
Félix rentre et se met à boiter en regagnant le sopha.
BONNE MAMAN.
Eh bien ! Mon chéri, comment te sens tu ?
FÉLIX.
Très mal, Bonne Maman, très mal.
BONNE MAMAN.
Quoi ! Tu souffres toujours autant ?
FÉLIX.
Autant et même plus. Ma jambe est lourde comme elle ne l'a jamais été ; je ne puis presque plus marcher.
BONNE MAMAN.
Aie du courage, tu guériras.
FÉLIX.
Tu me le dis toujours et je ne suis pas guéri.
BONNE MAMAN.
Mais je suis sûre que lu le seras. Voyons, mon chéri, essaie un peu de marcher.
FÉLIX.
Pourquoi me fatiguer encore ?.. Enfin, si tu le veux...
Il se lève et il fait quelques pas avec effort et en boitant beaucoup.
Tu vois bien que je ne puis pas.
Il se remet sur le sofa.
Je ne guérirai jamais.
BONNE MAMAN.
Moi, je sais le contraire. Il faut avoir un peu de patience.
FÉLIX.
C'est bon à dire.
BONNE MAMAN, allant prendre le sac qu'elle a mis sur la table et l'ouvrant.
Tiens, voilà pour t'en donner un peu.
FÉLIX.
Des gâteaux ?
BONNE MAMAN.
Oui, et des meilleurs que j'ai pu trouver... Mange d'abord ce baba, il a l'air excellent.
FÉLIX, mangeant.
Il est parfait et je le mange très volontiers. Tu n'en as porté qu'un, Bonne Maman ?
BONNE MAMAN.
Oui, mon chéri, mais je t'ai apporté autre chose.
Elle prend des petits biscuits ronds et plats.
Des biscuits...
FÉLIX.
Qu'on appelle des patiences... Je les aime aussi beaucoup.
Il mange.
BONNE MAMAN.
Je suis heureuse de te voir manger ainsi.
FÉLIX.
Est-ce qu'il n'y en a plus ?
BONNE MAMAN, prenant dans le sac
En voilà encore.
FELIX, mangeant.
C'est très bon et, comme tu le dis, ça fait prendre patience... Est-ce qu'il n'y en a plus ?
BONNE MAMAN.
Non, mon enfant, ça ne peut pas durer toujours.
FÉLIX.
Ne te fâche pas, Bonne Maman.
BONNE MAMAN.
Me fâcher ! Pourquoi ?
Riant.
Ce n'est pas moi, c'est le sac qui est à bout de... patience.
UNE BONNE, entrant et annonçant.
Le docteur Sourabaya.
FÉLIX.
Qu'est-ce que c'est que ça ?
BONNE MAMAN.
C'est un savant docteur indien qui...
Le docteur entre tenant une trousse qu'il pose sur la table ; il est enveloppé dans une grande robe et il porte une barbe noire. Il est suivi de deux aides également enveloppés dans une robe et portant une barbe ; ils se placent de chaque côté de la porte du fond. - La bonne sort.
SCÈNE V.
Bonne Maman, Félix, Le Docteur Sourabaya, Les aides.
LE DOCTEUR, aux aides.
Indiana ! Ramayana ! Mayana !
L'AIDE DE DROITE, en s'inclinant profondément.
Ramayana !
L'AIDE DE GAUCHE, même jeu.
Ramayana !
LE DOCTEUR, à Bonne maman.
Salufa, Madama, al noma Brahma...
Se reprenant.
Pardon, Madame, je vous parle indien... C'est un oubli... Excusez-moi.
BONNE MAMAN.
Vous n'ayez pas à vous excuser, docteur ; c'est nous qui avons à vous demander pardon du dérangement que nous vous causons en vous faisant venir ici.
LE DOCTEUR.
Les docteurs sont faits pour tous les dérangements, même ceux d'intestins... Vous avez ici un malade, n'est-ce pas ?
BONNE MAMAN, indiquant Félix.
Oui, docteur, mon cher petit Félix.
LE DOCTEUR, s'approchant de Félix.
De quoi souffrez-vous ?
FÉLIX.
De la tête, des reins et du ventre.
BONNE MAMAN.
Parle aussi de ta jambe engourdie.
LE DOCTEUR.
Ah ! Il y a une jambe engourdie ?
BONNE MAMAN.
Oui, et c'est ce qui m'inquiète le plus.
LE DOCTEUR.
Nous verrons cela tout à l'heure. Commençons par le commencement ; occupons-nous de la tête.
À Félix.
Mettez-vous sur votre séant.
Félix se met sur son séant et le docteur vient poser l'oreille sur sa tète.
BONNE MAMAN.
Que faites-vous, docteur ?
LE DOCTEUR, se relevant un instant.
J'ausculte le cerveau.
BONNE MAMAN.
Ah ?
LE DOCTEUR.
En Europe, où la science est encore fort en retard, on ausculte la poitrine. Chez nous, on ausculte aussi le cerveau et l'on voit très clairement ce qui s'y passe.
Il remet l'oreille sur la tête de Félix et il demeure ainsi un instant.
Vous avez presque toujours des douleurs, n'est-ce pas ?
FÉLIX.
Oui.
LE DOCTEUR.
Et, par moments, elles deviennent plus fortes ?
FÉLIX.
Oui.
LE DOCTEUR, se levant.
C'est bien cela, j'ai vu.
BONNE MAMAN.
Eh bien ! Docteur ?
LE DOCTEUR.
Le cerveau s'est gonflé et ce gonflement cause les douleurs éprouvées. Quand ces douleurs deviennent plus vives, c'est qu'il se forme un gonflement sur le gonflement.
BONNE MAMAN.
Ah ! Mon Dieu !
LE DOCTEUR.
Cela a été déterminé par un excès de travail.
FÉLIX.
Oui, bonne maman, le docteur a raison et j'ai besoin de repos.
LE DOCTEUR.
D'un repos absolu.
BONNE MAMAN.
Très bien.
LE DOCTEUR.
Passons maintenant au ventre. Voyons, avez-vous des coliques do haut en bas ?
FÉLIX.
Oui, de haut en bas.
LE DOCTEUR.
Pas de long en large ?
FÉLIX.
Non, de haut en bas.
LE DOCTEUR.
C'est bien cela, c'est un ver perpendiculaire.
BONNE MAMAN.
Mon pauvre petit !
LE DOCTEUR.
Un ver rongeur de premier degré.
À Félix.
Vous aimez beaucoup les gâteaux, sans doute ?
BONNE MAMAN.
Beaucoup, peut-être trop.
.
N'en accusez pas le sujet, Madame. C'est le ver qui aime les gâteaux et qui manifeste son désir en se remuant et en donnant ainsi des coliques. Il est inutile de s'occuper des maux de reins, ils tiennent à la même cause et j'indiquerai tout à l'heure ce qu'il faut faire.
FÉLIX.
Il faut un repos absolu.
LE DOCTEUR.
Maintenant, passons à la jambe.
BONNE MAMAN.
Oui, docteur.
LE DOCTEUR, à Félix.
Quelle est celle dont vous souffrez ?
FÉLIX.
La droite ; je n'en souffre pas, mais je ne puis pas m'en servir.
LE DOCTEUR.
Ce qui est pire, car il est toujours facile de guérir une douleur. Voyons, levez-vous et marchez.
Félix se lève et il fait quelques pas en boitant très fortement.
LE DOCTEUR.
Cela vous fatigue.
FÉLIX.
Beaucoup.
Il se rassied sur le sofa.
LE DOCTEUR.
Vous éprouvez une grande lourdeur, comme si votre jambe dormait, n'est-ce pas ?
FÉLIX.
Oui.
LE DOCTEUR, à Bonne maman
Vous devez sentir aussi un certain engourdissement dans la jambe gauche ?
FÉLIX.
Oui.
LE DOCTEUR, à Bonne maman
C'est très grave et vous avez bien raison d'en être préoccupée.
BONNE MAMAN.
Vous m'effrayez, docteur.
FÉLIX.
Il me faut un repos absolu.
LE DOCTEUR.
C'est une paralysie.
BONNE MAMAN, joignant les mains.
Je le pressentais.
LE DOCTEUR.
Or, écoutez bien ceci : Quand un oeil s'en va, l'autre le suit ; quand un poumon se prend, l'autre se prend aussi. La jambe droite du sujet est prise de paralysie, et voilà que la gauche commence à l'être. Il faut un remède immédiat et énergique.
BONNE MAMAN.
De grâce ! Docteur, apportez ce remède.
LE DOCTEUR, indiquant la trousse.
Le voilà.
Il ouvre la trousse de laquelle il sort un bistouri et il s'approche de Félix.
FÉLIX.
Ah ! Ça ! Qu'est-ce que vous allez faire ?
LE DOCTEUR.
Je vais vous couper la jambe droite.
FÉLIX.
Hein ?
BONNE MAMAN, au docteur.
Que dites-vous ?
LE DOCTEUR.
Il le faut, il le faut absolument. Si nous ne coupons pas la jambe droite, la gauche se paralysera, puis, le corps, puis, la tête, puis...
BONNE MAMAN.
Puis ?
LE DOCTEUR.
Ce sera fini. Il faut donc couper et couper immédiatement.
FÉLIX.
Non ! Je ne veux pas !
BONNE MAMAN.
Pourtant, mon chéri...
FÉLIX.
Je ne veux pas !
LE DOCTEUR, à Félix.
Quand le docteur Sourabaya a fait une prescription, il faut qu'on l'exécute.
FÉLIX.
Je ne veux pas ! Je ne veux pas !
LE DOCTEUR, allant vers ses aides
Ramayana ! Mayana !
L'UN DES AIDES.
Ramayana !
L'AUTRE AIDE.
Ramayana !
LE DOCTEUR.
Préparationa cordona.
L'un des aides sort une corde de sa robe.
LE DOCTEUR, indiquant Félix
Empoignana garçona, opérationa jamba !
Les aides vont vers Félix qui bondit sur lui-même et se met à courir sur la scène sans songer à boiter. Les aides le poursuivent en criant :
Ramayana ! Mais ils ne peuvent l'atteindre.
LE DOCTEUR, qui est venu près de Bonne maman.
Il me semble qu'il est plus dégourdi qu'engourdi.
BONNE MAMAN.
En effet et je n'y comprends rien. Après avoir fait, avec, la même rapidité, deux fois le tour de la scène, Félix vient se réfugier auprès de Bonne maman.
BONNE MAMAN, à Félix.
Monsieur mon petit-fils, vous ne pouviez plus marcher et je vous vois courir ; vous étiez très malade et vous voilà très bien. Qu'est-ce que cela signifie ?
FÉLIX.
Cela signifie... Cela signifie... Vrai, je n'ose pas.
BONNE MAMAN.
Dire la vérité est le meilleur moyen de faire pardonner les fautes commises.
FÉLIX.
Eh bien ! Oui, je dirai tout : Pour avoir des gâteaux et ne pas aller à l'école, j'ai fait le malade.
BONNE MAMAN.
Gourmand et paresseux ! C'est affreux !... Et dire que j'ai cru à celte maladie !
LE DOCTEUR.
Beaucoup trop, en vérité.
BONNE MAMAN.
Mais, docteur, vous y avez cru vous-même.
LE DOCTEUR.
Non, le docteur Sourabaya ne pouvait croire...
Il ouvre sa robe et il enlève sa barbe, les aide ; en font autant.
À ce que l'ami Roger et ses frères n'ont jamais cru.
FÉLIX.
Roger !... Tu m'as fait une fière peur !
ROGER.
Je le crois bien. Je me suis servi de tous les mots dont se sert mon cousin Émile, l'étudiant en médecine, et j'ai même pris sa trousse qu'il a laissée hier à la maison. Tu as eu grand peur, mais il fallait mettre fin à la comédie jouée.
FÉLIX.
Et je t'en remercie.
À Bonne maman.
Bonne maman, me pardonnes-tu ?
ROGER.
Le pardon est le traitement que j'impose.
FÉLIX.
Je suis déjà bien puni, puisque je vois que je n'aurai plus de gâteaux.
BONNE MAMAN.
En te pardonnant, je ne puis supprimer ce que tu aimes ; je te porterai donc des gâteaux, mais à l'école et à l'école seulement.
FÉLIX.
Bonne maman, j'y rentre demain, sans faute.
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