MADAME INFLUENZA

Saynète en un acte pour jeunes filles.

1901. Tous droits de traduction, de reproduction et de représentation réservés, pour tous les pays, y compris la Suède et la Norvège.

H. BEZANÇON

PARIS, LIBRAIRIE THÉÂTRALE, 30, rue de Grammond, 30.

IMPRIMERIE GÉNÉRALE DE CHATILLON-S-SEINE. - A. PICHAT.


Texte établi par Paul FIEVRE, octobre 2024

Publié par Paul FIEVRE, novembre 2024.

© Théâtre classique - Version du texte du 26/10/2024 à 20:15:25.


PERSONNAGES

MADAME LETRAC, 30 ans.

ROSE, 20 ans.

MADAME LANRUMÉ, 50 ans.

MADAME LANGE, 40 ans.

PREMIÈRE DAME.

DEUXIÈME DAME.

TROISIÈME DAME.

La scène se passe, en hiver, dans un salon bourgeois.


MADAME INFLUENZA

SCÈNE PREMIÈRE.
Madame Letrac, Rose et Trois dames.

Elles sont en train de prendre le thé.

MADAME LETRAC.

Non, mesdames, je ne vis plus ! depuis que, pauvres Parisiens, nous sommes sous le coup de cette maladie, de ce fléau, de cette véritable peste...

ROSE, riant.

La grippe... puisqu'il faut l'appeler par son nom !

MADAME LETRAC.

Non, ma soeur ; pas la grippe : l'influenza !

ROSE.

Oh ! Les mots étrangers ! On ne comprend pas : ça impressionne.

MADAME LETRAC.

Ris tant que tu voudras. Mais le sujet est mal choisi.

Aux autres dames.

Ma soeur Rose a vingt ans : le plus bel âge... et le plus sot.

ROSE.

Grand merci !

MADAME LETRAC.

Elle ne croit pas au danger.

PREMIÈRE DAME.

Chère Madame Letrac, il ne faut rien exagérer... Mais je serais fort ennuyée d'avoir l'influenza. Avec mes quatre enfants...

MADAME LETRAC, vivement.

Moi aussi ; c'est pour mes enfants !

DEUXIÈME DAME.

Je n'ai pas encore de bébé, bien que je sois mariée depuis deux ans. J'en profite pour aller au bal comme une jeune fille.

Faisant la moue.

L'influenza ne me plairait guère : on dit que ça coupe bras et jambes !

TROISIÈME DAME.

Je pars, la semaine prochaine, pour le midi : toute la côte d 'Azur, toute la lyre ! Je serais au désespoir que l'influenza vînt retarder mon départ.

ROSE.

Bref, mesdames, aucune de vous ne veut avoir l'influenza.

MADAME LETRAC.

Elle s'en étonne. Eh bien, chères amies, suivez mon système ; c'est le bon. Il me vient de mon docteur : fuyez les maisons contaminées. Méfiez-vous des malades - et surtout des convalescents. Moi, je ne fais presque plus de visites. Je ne m'aventure pas dans un intérieur, sans être sûre que tout le monde est en bon état... y compris les domestiques !

ROSE.

Un vrai conseil de révision[.] Mesdames, vous êtes averties ; ne soyez pas grippées : ma soeur n'irait pas vous voir.

PREMIÈRE DAME.

Ma foi ! Elle a raison. Que chacun garde ses maux, sans les passer à son voisin.

DEUXIÈME DAME.

D'autant plus que le mal de l'un ne guérit pas celui de l'autre.

TROISIÈME DAME.

Charité bien ordonnée commence par soi-même.

ROSE, riant.

Et après moi le déluge, pour clore dignement les proverbes.

MADAME LETRAC.

Ma chère, nous disons tout haut ce que tout le monde pense.

ROSE.

Non... pas tout le monde...

MADAME LETRAC.

Fais-toi soeur de charité ou fuis les malades. Je ne connais pas de milieu.

ROSE.

Pourtant, notre amie, Madame Lange...

MADAME LETRAC, sans l'écouter.

Grâce à mon système, j'espère bien éviter l'influenza cet hiver.

PREMIÈRE DAME.

Moi aussi !...

LES DEUX AUTRES ENSEMBLE.

Moi aussi ! Moi aussi !

ROSE, riant.

Nous formons un petit décaméron fin de siècle... Le coin du feu, un salon bourgeois, au lieu des jardins de Florence... L'influenza au lieu de la peste... heureusement !

MADAME LETRAC.

Oh ! Je suis bien sûre que l'influenza ne viendra pas nous troubler ici ! Mesdames, une autre tasse de thé.

Elle verse du thé dans les tasses, et les sert. - On en tend un coup de sonnette.

SCÈNE II.
Les Mêmes, Madame Lanrumé, tout emmitouflée.

MADAME LETRAC, se levant, accueillante.

Ah ! Cette bonne Madame Lanrumé ! Il y a longtemps qu'on ne l'a vue !

ROSE.

Un siècle...

MADAME LANRUMÉ, parlant péniblement.

C'est que... j'ai été... malade... mes chères amies !

MADAME LETRAC.

Ah ! Bah ! Qu'avez-vous eu ?

MADAME LANRUMÉ.

L'influenza.

Elle tousse.

Ahou ! ahou ! ahou ! Et même... je n'en suis pas... du tout... du... du... tout... tout... remi... se ! Je sors de mon lit... pour venir chez vous !

MADAME LETRAC.

Mais c'est une abominable... imprudence !

ROSE, à part.

Oh ! C'est impayable ! Quand on parle du loup...

Haut.

Mais asseyez-vous donc, chère madame...

Madame Letrac lui lance un coup d'oeil de reproche.

MADAME LANRUMÉ, s'asseyant.

Rien n'est remis... ni ma pauvre tête...

Elle la touche d'un geste dolent.

Ni mon pauvre coeur... ni mes pauvres jambes... ni... ahou ! ahou ! ahou !

MADAME LETRAC.

Mais... au nom du ciel ! Pourquoi sortez-vous ?

MADAME LANRUMÉ, entre deux quintes.

Le désir de vous voir, d'abord... l'ennui de garder la chambre, ensuite...

PREMIÈRE DAME, se levant, à Madame Letrac.

Je vous quitte, chère amie... Je suis un peu... pressée... Il faut que... j'aille chercher mes enfants au cours...

ROSE, à part.

Voilà des enfants bien commodes.

PREMIÈRE DAME.

... Avec tout ce petit monde... on a tant à faire !... Je me sauve ! Je me sauve !

Elle manque de renverser la table à thé en se levant.

DEUXIÈME DAME, même jeu.

Au revoir, Madame... au revoir, Mademoiselle Rose... J'ai un bal pour ce soir... Ma robe n'est pas prête... rien n'est prêt... Je me sauve !...

TROISIÈME DAME, même jeu.

Et moi... mes malles ne sont pas faites...

ROSE.

Oh ! Pour la semaine prochaine !...

TROISIÈME DAME.

Justement. On a tant de choses à prévoir... Mais je vous reverrai... sans adieu.

Elles sortent précipitamment toutes les trois.

ROSE, à part.

Sauve qui peut !

MADAME LETRAC, de même.

Que ne puis-je les imiter !...

SCÈNE III.
Madame Letrac, Rose, Madame Lanrume.

MADAME LANRUMÉ.

Comme les jeunes femmes sont pressées !... à Paris... Heureusement... moi, je ne vais pas au bal... je ne pars pas en voyage... Je vais pouvoir vous faire une bonne et longue visite. Ahou ! ahou! ahou !

ROSE.

C'est ainsi que je les aime.

Madame Letrac lui lance un nouveau regard de désapprobation. - Rose s'asseoit sur le canapé, auprès de Madame Lanrumé.

MADAME LETRAC.

Rose... Rose... comment peux-tu...

ROSE.

Quoi donc ?

MADAME LETRAC.

Mais... malheureuse enfant, tu... tu gênes Madame Lanrumé! Laisse-lui le canapé !

MADAME LANRUMÉ, toussant.

Du tout... du tout... Ahou ! ahou ! ahou ! Cette jeunesse près de moi... Ça me rajeunit !

MADAME LETRAC.

Rose....

Rose se lève et se met un peu plus loin. Madame Letrac se place à l'extrémité opposée du salon, collée contre la muraille.

MADAME LANRUMÉ.

Que vous êtes loin, chère dame ! Je ne vous vois pas... J'aime mieux m'asseoir à côté de vous.

Elle se lève et va se mettre à côté de Madame_Letrac.

MADAME LETRAC, s'agitant.

Hum ! hum ! Oui... c'est... c'est bien aimable à vous, d'être venue...

Sautant de sa chaise.

Je crois qu'on a sonné.

MADAME LANRUMÉ.

Votre bonne est sortie ?

MADAME LETRAC.

Oui... c'est-à-dire : peut-être... Avec ces filles, on ne Sait jamais.

Elle fait mine de regarder hors du salon.

Ah ! Je me trompais.

Elle va se rasseoir, le plus loin possible de Madame Lanrumé.

MADAME LANRUMÉ.

Si vous saviez comme cela fait souffrir, l'influenza !

MADAME LETRAC.

Je m'en doute.

MADAME LANRUMÉ.

Puisse le bon Dieu vous en préserver, ahou ! ahou ! ahou !

MADAME LETRAC, à part.

Eh ! De ta visite, d'abord !

MADAME LANRUMÉ.

Et puis... c'est traître, cette maladie-là. Je connais deux personnes qui en sont mortes, la mère et la fille.

MADAME LETRAC.

C'est affreux !

MADAME LANRUMÉ.

L'une l'a attrapé de l'autre.

MADAME LETRAC, bondissant.

Ah ! C'est intolérable !...

Se reprenant.

La chaleur qu'il fait ici ! Vous permettez que j'ouvre la fenêtre ?

MADAME LANRUMÉ.

Sans doute... ahou ! ahou! ahou ! Ne vous gênez pas !

Madame Letrac ouvre une fenêtre et s'assied dans l'embrasure.

MADAME LETRAC.

Je suis sujette aux vapeurs... Mon docteur m'a bien recommandé de... d'ouvrir les fenêtres.

ROSE, se levant et versant du thé.

Vous allez prendre une tasse de thé bien chaud. Cela vous fera du bien.

MADAME LANRUMÉ.

Vous êtes trop gentille.

Rose la sert.

ROSE, prenant une assiette de petits gâteaux.

Avec un petit gâteau...

MADAME LETRAC, s'élançant.

Rose... attends... laisse... tu vas voir... c'est très simple...

Elle prend plusieurs petits gâteaux et les pose sur une soucoupe. - À part.

Tant pis pour le protocole !

Haut.

Madame Lanrumé n'aurait jamais pu les prendre, avec ses gants... Je sais ce que c'est !

Bas, à Rose.

Malheureuse ! Tu ne vois pas qu'elle tousse dans ses gants depuis une heure ?

Elle tend la soucoupe à bout de bras, et va se remettre devant la fenêtre.

MADAME LANRUMÉ.

Que d'attentions !...

MADAME LETRAC.

Plus j'y songe, plus votre imprudence, chère Madame, me paraît blâmable... Faire des visites dans un état pareil !

MADAME LANRUMÉ.

Je le sais bien ; je ne suis pas remise. Mais... que voulez-vous ?

MADAME LETRAC, entre ses dents.

Que tu t'en ailles, influenza vivante !

ROSE.

Ma soeur a d'autant plus de mérite à condamner votre imprudence, que cela nous vaut une visite charmante.

MADAME LETRAC.

Cette enfant est folle. Ne l'écoutez pas. Elle joue avec la santé.

MADAME LANRUMÉ.

Je ne sais vraiment à laquelle... ahou ! ahou ! ahou ! À laquelle de vous je dois donner la préférence... Madame Letrac est si inquiète de ma santé...

MADAME LETRAC, à part.

Oh ! Oui, je suis inquiète !

MADAME LANRUMÉ.

Et mademoiselle Rose si désireuse de ma présence... ahou ! ahou ! ahou !

MADAME LETRAC.

Pourquoi parlez-vous ? Cela vous fait tousser.

MADAME LANRUMÉ.

Je tousse... Oui, je tousse... mais ce n'est rien : c'est le reste de l'influenza qui s'exhale...

Mouvement de Madame Letrac.

Seulement, je vous demanderai un verre d'eau... pour boire... entre les quintes...

MADAME LETRAC, à part.

Charmant !

ROSE.

Tout de suite.

Elle sort et rapporte un verre d'eau.

ROSE.

Il fait un temps délicieux, n'est-ce pas ? Un vrai temps de printemps.

MADAME LETRAC, vivement.

Il fait très froid, au contraire !

MADAME LANRUMÉ.

Alors... si vous fermiez la fenêtre ?

MADAME LETRAC.

Oh !... Une petite fenêtre de rien du tout... Mon docteur recommande de renouveler l'air. Ce que je dis du froid, c'est pour vous...

MADAME LANRUMÉ.

Ici, il fait très bon... Je suis bien... ahou ! ahou ! ahou ! ahou !

MADAME LETRAC.

C'est plus fort que moi ! Je ne peux pas entendre tousser.

MADAME LANRUMÉ.

Vous avez si bon coeur ! Mais ne vous tourmentez pas. Ahou ! ahou !

MADAME LETRAC, à part.

Je n'y tiens plus.

Haut.

Hum ! Oui... La température de l'appartement est assez bonne... mais... en sortant, vous serez saisie par le froid.

MADAME LANRUMÉ, avec un bon sourire.

Aussi, je ne me presse pas.

MADAME LETRAC, à part.

Est-il possible d'être idiote à ce point ?

Haut.

Plus vous rentrerez tard, plus le froid sera vif.

ROSE.

Bah ! En s'enveloppant bien...

MADAME LANRUMÉ.

Et puis, il ne fait pas si froid que cela. Ahou ! ahou ! ahou ! ahou !

Elle tousse et boit de l'eau.

MADAME LETRAC, à part.

J'enrage. Combien de temps va-t-elle aboyer ainsi ?

MADAME LANRUMÉ.

Ne vous inquiétez pas. Vers le soir, je n'arrête plus de tousser. Ahou ! ahou ! ahou !

MADAME LETRAC, à part.

C'est trop fort ! Et Rose qui ne m'aide pas ! On dirait qu'elle s'amuse.

Haut.

Oh ! Comme le brouillard tombe ! Le brouillard est plus mauvais que le froid.

Une pause.

Madame Lanrumé, je ne puis prendre une responsabilité semblable. Vous devriez rentrer. Je vous en prie...

MADAME LANRUMÉ.

Au fait... vous avez peut-être raison...

ROSE.

Restez encore un peu, Madame ; vos bonnes visites sont rares.

MADAME LETRAC.

Rose !...

À Madame Lanrumé.

Oui, oui, rentrez. Je vous le conseille ; dans l'intérêt de votre précieuse santé.

MADAME LANRUMÉ, se levant.

Mais je... ahou ! ahou ! ahou ! Je... ne serai pas longtemps sans revenir...

ROSE.

C'est cela. Ne comptez pas trop avec nous.

MADAME LETRAC.

Au contraire ! Comptez !

Appuyant.

C'est moi qui vous dois une visite...

À part.

Que je ne me hâterai pas de rendre. Au revoir, soignez-vous bien... Gardez la chambre... Ne sortez plus!

MADAME LANRUMÉ.

Ah ! Je suis confuse... touchée jusqu'aux larmes... ahou ! ahou ! ahou !... de tant d'intérêt... Je serais bien ingrate... si je restais longtemps... sans revenir...

MADAME LETRAC, la poussant dehors.

Mais non ! Au contraire !

MADAME LANRUMÉ, sort en toussant et répétant.

Je ne serai pas long... long... longtemps sans revenir... ahou ! ahou ! ahou !

ROSE, élevant le voix.

Votre aimable visite nous a fait beaucoup de plaisir.

SCÈNE IV.
Madame Letrac, Rose.

MADAME LETRAC, revenant.

Rose, est-ce une gageure ? Tu ne me voyais donc pas sur les épines ?

ROSE.

Tiens ! Cette pauvre dame ! Il fallait bien lui donner le change.

MADAME LETRAC.

Tais-toi. Je lui en veux terriblement. Elle m'apporte l'influenza à domicile.

ROSE, riant.

Bref, tu vas la prendre... en grippe.

MADAME LETRAC.

Au lieu de rire, aide-moi. Brûlons des pastilles du sérail, du sucre, des écorces d 'orange... Répandons du vinaigre de Bully. Faisons des courants d'air.   [ 1 Pastilles du sérail : pastilles qui viennent de Constantinople, qui répandent une odeur agréable et dont on fait différents bijoux. ]

Elle fait brûler sur une pelle les ingrédients susdits, ouvre les fenêtres, les portes. Jeu de scène.

SCÈNE V.
Les Mêmes, Madame Lange.

MADAME LANGE, entrant.

Ah ! Mon Dieu ! Qu'y a-t-il ? Quel courant d'air ! Je croyais que vous les redoutiez. Et cette fumée suffocante !

Elle tousse.

ROSE.

Nous venons de recevoir la visite de l'influenza.

MADAME LANGE.

Vous avez été malades?

ROSE.

Mais non. L'influenza, vous dis-je, en chair et en os. Emmitouflée de fourrures et de châles, dolente, toussante : ahou ! ahou! ahou !

Elle imite madame Lanrumé.

L'influenza racontée par elle-même. L'influenza, un verre d'eau devant elle, conférenciant entre deux quintes de toux !...

MADAME LANGE.

Petite folle ! Quel est ce conte ?

MADAME LETRAC.

Chère amie, c'est tout simplement Madame Lanrumé. Elle a eu la bêtise de venir chez moi, dans un état pareil.

MADAME LANGE.

Et c'est ce qui vous bouleverse ?

MADAME LETRAC.

Songez donc ! Rien n'est plus contagieux.

MADAME LANGE.

Mais alors... moi-même, je ne sais si je dois rester. Je suis allée voir, aujourd'hui, une pauvre enfant atteinte de la fièvre typhoïde... et... si vous craignez...

MADAME LETRAC.

Comment pouvez-vous faire de telles imprudences ?

MADAME LANGE.

C'est une enfant pauvre. Sa mère travaille dehors ; il faut bien que quelqu'un reste à son chevet.

ROSE.

Oh ! Vous, madame Lange, vous êtes admirable !

MADAME LANGE.

Voilà bien l'exagération de la jeunesse. En quoi suis-je admirable ? Je suis veuve, seule au monde ; tandis que votre soeur...

MADAME LETRAC, vivement.

Mais oui ; moi, j'ai mes enfants, mon mari... Ma soeur, à qui j'ai servi de mère.

MADAME LANGE, souriant.

Dois-je me retirer ? Dites-le franchement. Je ne voudrais pas faire comme cette pauvre Madame Lanrumé. Je dois vous prévenir, cependant, que j'ai totalement changé de vêtements avant de venir... et que j'ai pris l'air.

MADAME LETRAC.

Si c'est ainsi, restez, restez... Le danger est vous, hélas!... Comment peut-on être dévouée à ce point ? C'est épouvantable.

ROSE.

Madame Lange... est un ange.

MADAME LETRAC.

C'est vrai, vous êtes admirable...

Devant les signes de dénégation de Madame Lange.

Mais si ! Mais si ! Atchi ! Atchoum !

Elle éternue violemment.

ROSE.

Dieu te bénisse. Ma soeur, tu t'es enrhumée, dans ton embrasure de fenêtre.

MADAME LETRAC.

C'est bien possible. Rien n'est perfide comme un filet d'air.

ROSE.

Un filet, c'est toujours perfide.

MADAME LETRAC.

Cette enfant rit sans cesse; elle voit la vie couleur de son nom. Aïe ! aïe ! Ma névralgie qui me lancine ! Là, au-dessus du sourcil...

MADAME LANGE, souriant.

Pauvre amie, seriez-vous victime de vos précautions ?

MADAME LETRAC, fermant la fenêtre.

Atchi !... Atchoum ! Ah ! Ma tête!... Maudite fenêtre... Maudite Madame Lanrumé. Voilà deux maladies d'un seul coup. Il ne me manque plus que l'influenza : ça ferait trois.

ROSE.

Espérons que tu seras sauve. Espérons que je le serai aussi... Mais sans tes remèdes qui sont pires que le mal. Te voilà nantie d'un coryza et d'une névralgie...

MADAME LETRAC.

N'importe ! J'aime mieux ça que l'influenza. Oh ! Je souffre intolérablement. Je vais me mettre au lit. Rose, tiens compagnie à Madame Lange : elle sera assez bonne pour m'excuser. Au revoir, chère amie !...

Elle sort en se levant la tête, et en éternuant.

Atchi ! Atchoum !

 



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Notes

[1] Pastilles du sérail : pastilles qui viennent de Constantinople, qui répandent une odeur agréable et dont on fait différents bijoux.

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