******************************************************** DC.Title = LA NOUVELLE MESSALINE, TRAGÉDIE DC.Author = PIRON, Alexis DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Tragédie DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 03/05/2020 à 17:09:33. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/PIRON_NOUVELLEMESSALINE.xml DC.Source = http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k15107143 DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** LA NOUVELLE MESSALINE TRAGÉDIE, EN UN ACTE. M. DCC. LII. PAR PYRON, dit PREPUCIUS. À ANCONE, Chez CLITORIS, Libraire, rue du Sperme, vis à vis Le Fontaine de la Semence, à la Verge d'Or L'AUTEUR AU LECTEUR. On ne pourra pas ici me reprocher d'avoir infecté ma pièce de mots sales et équivoques. J'ai rendu, autant que j'ai pu, le style clair et net ; et je puis assurer que le lecteur, si borné qu'il puisse être, ne trouvera rien au-dessus de la portée de son intelligence. Car de ce grand Boileau, contrefaisant le ton, J'appelle un vit un vit, je nomme un con un con. La singularité de ma pièce me force, malgré ma modestie, à dire qu'elle est excellente dans son genre, que je la trouve telle, parce qu'elle est de moi, et que ceux qui auront le goût assez mauvais pour n'y pas applaudir, n'auront qu'à la jeter au feu, c'est de quoi je me soucie peu d'avance. Adieu. Quoiqu'on attribue cette pièce à Piron, elle est de Grandval. ACTEURS COULLANUS, Roi de Fourage. MESSALINE, fille de Couillanus. VITUS, prince et amant de Messaline. PINE-DE-VILLEPRUNE, prince et amant de Messaline. NOMBRILIS, prince at amant de Messaline. CONINE, Suivante de Messaline. PLUSIEURS GARDES. La scène est à Paris dans l'île de Cythère. LA NOUVELLE MESSALINE SCÈNE PREMIÈRE. Messaline, Conine. CONINE. Oui, ce rapport, Madame, est fidèle et sincère.Dans une île prochaine on a vu votre père ;Éloigné de ces lieux depuis près de six ans,Il revient dans ces murs embrasser ses enfants :Mais que dois-je juger du chagrin où vous êtes, Errante en ce palais et toujours inquiète !Vous ne m'écoutez pas, et vous fermez les yeux,Craignant de rencontrer la lumière des cieux :Vous avez la douleur peinte sur le visage,La tristesse sied ma aux filles de notre âge. Mais, quoi ! Vous soupirez ! Quel est donc ce secret ? MESSALINE. Ah ! Si je suis chagrine, il en est un sujet :Tu connais bien Vitus, ce héros admirableQue mon coeur adorait, ce n'est qu'un misérable. CONINE. Par où vous déplaît-il ? Et quel est ce transport ! MESSALINE. Que ne le vois-je, hélas, Dans les bras de la mort ?Sans doute il te souvient que dès cette journéeQu'il parut à mes yeux, je me crus fortunée.Il avait en effet, le dos large et carré,Le nez long, je ne l'ai que trop considéré. Sur un lit de gazon, il me surprit dormante,Il leva de sa main ma jupe un peu flottante ;De sa large culotte il arracha son vit,Et, pour tout dire enfin, Conine, il me le mit.Quel plaisir ! Que de coups ! Justes dieux, quelle joie ! Pyrrhus en eût-il plus, lorsqu'il vit brûler Troie.Sans jamais de mes bras vouloir se dégager,Je le vis, et bander, et foutre, et décharger,Et bien donc ce Vitus, dont la vigueur extrêmeMe foutait, refoutait, sans en paraître blême, Aujourd'hui, par un sort que je ne comprends pas ;Est plus mol que ne fut laine de matelas.Son vit, qui paraissait ne respirer que foutre,Sur les bords de mon con ne saurait passer outre.Oui, Conine, voilà quel était mon secret, Ah ! Si je suis chagrine, est-ce donc sans sujet ? CONINE. Oui, vous avez raison, Madame, de vous plaindre,Après un tel affront que pouvez-vous plus craindre ?Mais enfin, quoiqu'il soit et cruel et sanglant,N'allez pas vous abattre, et qu'un con si charmant Garde bien de sécher de honte et de tristesse,Pour avoir de Vitus éprouvé la mollesse.Ne vaut-il pas mieux pour vous récompenser... MESSALINE. J'entends, et de ce pas je m'en vais y penser ;C'est nourrir trop longtemps une douleur timide, Je veux que désormais le seul foutre me guide.Allons, que des torrents de foutre répandus,Parviennent à remplir tous mes moments perdus.Mais, quelqu'un vient ici, ô ciel ! Qui pourrait-ce être ? CONINE. Madame, c'est Vitus, et je le vois paraître. MESSALINE. Ah ! Conine, dis-lui, qu'en l'état où je suis,Le fuir et le bannir, c'est tout ce que je puis. SCÈNE II. Vitus, Conine. VITUS. On m'abhorre, on me fuit ! Ah ! Paillarde princesse !Réserviez-vous ce prix à toute ma tendresse ? À Conine.Mais, dis-moi, quel sujet à détourné ses pas ? CONINE. Quoi ! Vous-même, Seigneur, ne le savez-vous pas ?Ne vantez plus ici toute votre tendresse,Vous qui l'avez poussé jusques à la mollesse. VITUS. Il n'est pas étonnant, j'en fais ici l'aveu,Qu'après neuf coups de suite, un vit débande un peu. CONINE. C'est là tout le sujet de sa colère extrême !Ah peut-être, seigneur, peut-être Vitus même,Étant femme comme elle, après un tel affront,D'un plus honteux dépit verrait rougir son front.Mais, vengez-vous, seigneur, et faites choix d'un autre ; Elle change de vit et méprise le vôtre ?Changez aussi de con, et méprisez le sien.Puis-je ici, sans rougir, vous présenter le mien ?Peut-être, il s'en faut bien, qu'il ait autant de charmes :Un guerrier tel que vous veut de plus nobles armes. Mais songez, en voyant, s'il est grand ou petit,Que de changer de con augmente l'appétit. VITUS. Je suivrais vos conseils, si dans cette aventure,Vous eussiez un peu moins écouté la nature :Sans doute elle vous porte à me parler ainsi. J 'excuse vos transports, éloignez-vous d'ici :[Note : Il n'y a pas de vers qui rime avec audace.]Je pourrais me venger d'un tel excès d'audace ;C'est assez vous punir, d'autant que vous voulezQue je vous foute et que je ne veux pas, allez. CONINE, à part. Quel mépris ! Eh ! Bien donc, je te ferai connaître Que ton vit me foutra plus de neuf coups peut-être. SCÈNE III. VITUS, seul. Amour c'est à present que je sais ton pouvoir.Tôt ou tard tu nous trompes et tu le fais bien voir.Je n'avais jusqu'ici regardé MessalineQue comme une putain pour amuser ma pine ; En elle j'aperçois des attraits chaque jour,Et plus je vois son con, plus je ressens d'amour.Conine vient s'offrir, et veut remplir sa place,Et ce serait toujours ne foutre qu'une garce.Car j'aime Messaline, et je vais m'efforcer, En la rassasiant, de la décourroucer. SCÈNE IV. Vitus, Un Garde. LE GARDE. Messaline, Seigneur, dans sa douleur profonde,Veut que de ce Palais j'écarte tout le monde ;Elle vient. VITUS. Il suffit, je la laisse en ces lieux,Et ne lui montre pas un visage odieux. SCÈNE V. Messaline, Pine, Matricius, Nombrilis. MESSALINE. Venez, fameux héros, et tous trois prenez place ;Je sais tous vos exploits, mais le choix m'embarrasse,Oui, je veux que le sort décide seul du vit,Du vit qui vient s'offrir pour entrer dans mon lit.Mais, quoi ! Que dis-je ? Hélas ! Quelle est mon imprudence ? Non, ne nous en fions qu'à notre expérience.Celui qui de vous trois est le plus vigoureux,Entrera dans mon lit, en me foutant le mieux.Allons, braves guerriers, excitez vos pines,Briguez avec honneur le con de Messaline. Entrez dans la carrière, et montrez tant d'ardeur,Qu'il ne soit entre vous ni vaincu ni vainqueur.Vous soumettez-vous tous à cette loi commune ?Répondez le premier, Pinez de Villeprune. PINE. J'obéis, je connais la vertu de mon vit : Peut-être que des trois il est le plus petit ;Mais, qu'importe, pourvu que des ruisseaux de foutreInondent votre con. MATRICIUS. N'avancez pas plus outre :Sachons qui de nous trois le premier la foutra. MESSALINE. Celui qui de vous trois le premier bandera. MATRICIUS, PINE, NOMBRILIS, ensemble. Mais nous bandons tous trois. MESSALINE. Ah ! Quel heureux présage !Je vais donc inventer une autre loi plus sage.Tirez, Matricius, quelques poils de mon con. MATRICIUS. J'en tiens. MESSALINE. Et vous, Pine ? PINE. J'en tiens aussi. MESSALINE. C'est bon.À vous donc, Nombrilis, ne craignez pas d'en prendre, Mon poil revient sur l'heure, et renaît de sa cendre.Comptez-les à présent ; combien Matricius ? MATRICIUS. Dix-neuf. MESSALINE. Et vous, Pine ? PINE. J'en ai quatre de plus. MESSALINE. Eh ! Combien en a pris, de sa dextre velue,Le muet Nombrilis, a la bouche cousue ? NOMBRILIS. J'en ai tiré dix-sept, messieurs, soyez témoins.Et si je ne dis mot, je n'en bande pas moins. MESSALINE. Ne perdons pas de temps à des discours frivoles,Il faut des actions et non pas des paroles.Nombrilis, en ces lieux, me foutra le premier, Matricius ensuite, et Pine le dernier.Allons au dieu Priape offrir ce sacrifice :Suivez-moi, Nombrilis, venez, entrez en lice ;Couchons-nous sur ce lit... je décharge déjà,Et toi, décharges-tu ? NOMBRILIS. Laisse faire, va, va. MESSALINE. Mais, quoi ! Ton vit débande, et le lâche recule,Je te croyais au moins la force d'un Hercule ;Retire-toi d'ici, laisse-moi, pousse-mol, Que le diable t'emporte, et te casse le col.Venez, Matricius, et remplissez la place : Quand je suis tout en feu, d'où vous vient cette glace ?Où est donc votre vit ? MATRICIUS. Madame, le voilà. MESSALINE. Je tombe, juste ciel, de Charibde en Scylla ;Vous ne pouvez bander, Dieux ! Quel funeste outrage. À Pine.[Note : Le vers 145 n'est pas présent dans l'édition original, il est dans le recueil de Sade.]Quoi ! Dans un si beau champ vous manquez de courage. PINE. Madame, je bandais, mais je ne bande plus. MESSALINE. Ah ! C'est trop en un jour essuyer de refus.Bande-à-l'aise, fuyez, ôtez-vous de ma vue,Vos vits ne bandent pas quand je suis toute nue.Fuyez, dis-je, fuyez, craignez les mouvements Que pousseraient l'ardeur de mes ressentiments. SCÈNE VI. MESSALINE, seule. [Note : Parodie du vers 237 du Cid de Corneille (edition 1637) : Ô rage, ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie !]Orage ! Ô désespoir ! Ô Vénus ennemie !Étais-je réservée à cette ignominie ?N'ai-je donc encensé ton temple et tes autels,Que pour être l'objet du faible des mortels ? Tu peux voir aujourd'hui rater ces quatre infâmes,Et n'entreprendre pas la vengeance des femmes ?N'est-ce donc pas pour toi le plus sanglant affront,Qu'on m'ait enfin réduite à me branler le con ?Venge-toi, venge-moi, saisis-toi de la foudre, Et que leurs vits molets soient tous réduits en poudre.Ô terre, entr'ouvre-toi sous leurs pas chancelants ;Déesses des enfers invente des tourments,Creuse à chaque instant abîmes sur abîmes ;Qu'ils apprennent enfin comme on punit les crimes ; Et renversant pour eux les ordres du destin,Faites qu'après leur mort ils foutent des putains,Dont les cons vérolés, du fond de leurs matrices,Ne lancent sur leur vit que poulains, chaudes-pisses ;Que d'affreux morpions leurs corps soient tout couvert, Qu'ils déchargent toujours un foutre jaune et vert,Et qu'un chancre sans cesse en tourmentant leur âme,Leur apprenne ce que c'est que rater une femme. SCÈNE VII. Messaline, Un Garde. LE GARDE. Madame, votre père en ce moment arrive,Le Peuple pour le voir s'empresse sur la rive, On n'entend que des cris ; mais il entre en ces lieux,Cachez-lui pour un temps le trouble de vos yeux. SCÈNE VIII. Le Roi, Messaline. LE ROI. Ma fille, qu'il m'est doux, après six ans d'absence,De pouvoir, en ce jour, jouir de ta présence,De goûter des plaisirs... MESSALINE. Arrêtez, Couillanus, Tous vos empressements sont pour moi superflus ;Vous êtes offensé, la fortune maligneN'a pas en votre absence épargné Messaline ;Indigne de vous voir et de vous approcher,Je ne dois désormais songer qu'à me cacher. Elle sort. LE ROI, seul. Quel est l'étrange accueil qu'elle fait à son père ?Ce départ si subit cache quelque mystère ;Sachons-en le sujet de Conine qui vient,A qui peut s'adresser le billet qu'elle tient. SCÈNE IX. Le Roi, Conine. CONINE. Seigneur, c'est pour Vitus. LE ROI. Pourquoi donc ta maîtresse Fuit-elle à mon aspect ? Craint-elle ma tendresse ?Son visage est en feu, ses yeux sont en courroux,À quoi s'occupe-t-elle en ces lieux ? CONINE. Elle fout. LE ROI. Le foutre fait passer des moments agréables,Je ne condamne point ces passe-temps aimables, Mais faut-il y donner et son temps et ses soins ?Se faisant des vertus, quelle foute un peu moins,Qu'elle se fasse un nom glorieux dans l'histoire. CONINE. Seigneur, plusieurs chemins conduisent à la gloire ;Mais pour se faire un nom d'être victorieux, Le foutre est sa vertu, c'est la vertu des Dieux.Oui les divinités n'en connaissent point d'autre,C'est là leur seul plaisir, et c'est aussi le nôtre.[Note : Vers 204, il n'y a pas de vers qui rime avec "leurs pas".]Peut-on nous condamner de marcher sur leurs pas ?Détrompez-vous, Seigneur, foutre est la seule gloire Qui puisse nous conduire au temple de mémoire. LE ROI. Je cède à tes raisons, un discours si touchantFait que mon vit se dresse, et je le sens bandant ;Je m'en vais de ce pas auprès de ma maîtresse. CONINE. N'allez pas lui donner des preuves de vieillesse. SCÈNE X. CONINE, seule. Daigne, Amour, protéger mon amoureux dessein,Fais que Vitus s'abuse, et qu'il me foute enfin ;Le voici qui paraît, s'il pouvait me le mettre ! SCÈNE XI. Vitus, Conine. CONINE. On me charge, Seigneur, de vous rendre une lettre,La voici... VITUS. Lisons donc. CONINE, à part. Dieu d'amour, fais si bien Que de mon artifice il ne soupçonne rien. VITUS. « Adorable Vitus, si ton coeur m'aime encore,Tâche de m'en donner la preuve en ce moment ;Je viendrai te rejoindre en cet appartement,Pour te jurer cent fois que mon âme t'adore. Mon père est en ces lieux ;De crainte qu'il ne vienne ici pour nous surprendre,Fais que tout ferme au mieux,Et qu'on ne puisse enfin nous voir, ni nous entendre. »Ô bonté sans exemple ! Adorable princesse, Quoi pour mon vit encor votre con s'intéresse ?Et toi, mon vit, et toi ? CONINE. Juste ciel ! Qu'il est beau !Ô con trois fois heureux qui baise ce moineau. VITUS. Pourquoi donc interrompre ainsi ma périodec?Hélas ! Qu'une servante est souvent incommode. Et toi, mon vit, et toi, des vits le plus heureux,Fais donc en ma faveur un effort généreux ;Et, puisqu'on ne l'a vue jamais rassasiée,Par mes coups redoublés, fais si bien qu'épuisée,Elle tombe sans force, et me confesse enfin Que j'ai seul le pouvoir de lasser son conin.Va lui dire aussitôt qu'avec impatienceJ'attends en ce moment de son con la présence. SCÈNE XII. VITUS, seul. Conine de lorgnait, tu lui fais appétit :Il est vrai, j'aurais dû la jeter sur le lit... Qu'importe, quand j'aurai bien foutu Messaline,Je pourrai m'amuser à sa chère Conine :Pour cela mon honneur serait-il offensé ?Ma gloire est de bander, de foutre, c'est assez.Eh ! Combien en est-il, non pas un, mais cinquante, Qui foutent la maîtresse, ensuite la Suivante ?Mais mon bonheur approche : on vient, j'entends du bruit,En fermant les rideaux, précipitant la nuit,En croirai-je mon coeur ? Est-ce vous, ma princesse ? SCÈNE XIII. Vitus, Conine. CONINE. C'est moi, mon cher Vitus. VITUS. Masquée ! Pourquoi ça ? Vous tenez quelque chose, et je sens... CONINE. Halte-là.Ce sont de grands mouchoirs environ six et trente. VITUS. Grands Dieux ! Vous croyez donc ma pine être assez fortePour pouvoir empeser vos mouchoirs de la sorte ?Détrompez-vous, Madame ; cherchez en d'autres lieux Des vits plus abondands et qui vous foutent mieux. CONINE. Faut-il que jusques-là le traître me ravale !Le foutre te plairait, mais avec ma rivale,Tu ne saurais bander, perfide, et je l'entends :Eh bien ! Connais moi donc, regarde s'il en est temps ; Vois ce que mon amour m'avait fait entreprendre.Tu demeures surpris ? J'ai voulu te surprendre.Ta surprise me venge, et bientôt a l'instant,Tu vas savoir un fait beaucoup plus important. SCÈNE XIV ET DERNIÈRE. Vitus, Conine, Deux gardes. LE PREMIER GARDE. Ah ! Seigneur, écoutez. LE SECOND. C'est moi qui veux apprendre... LE PREMIER. Écoutez-moi, Seigneur. LE SECOND. Seigneur, daignez m'entendre. LE PREMIER. Il ne sait pas sa langue. LE SECOND. [Note : Grasseyer : Prononcer les r d'une manière vicieuse. [L]]Il grasseye en parlant. LE PREMIER. Je fais bien les récits. LE SECOND. J'ai la voix de Le Grand. VITUS. Oh ! Vous m'étourdissez. LE SECOND. C'est par excès de zèle. VITUS. Je vais par un seul mot finir votre querelle : Commencez le récit, et vous le finissez,Nous verrons qui des deux se sera surpassé.Faites-nous apporter à chacun une chaise,Pour entendre un récit, il faut être à son aise. LE PREMIER. À peine la Princesse avait quitté ces lieux, Nous la voyons sortir, la fureur dans les yeux ;Elle entre avec transport dans la salle des gardes,Et dit au capitaine, en déchirant ses hardes,Otez-moi ma chemise : il le fait : sur un bancLa princesse aussitôt et se couche et s'étend. Nous dévorons des yeux ses belles cuisses et blanches,Ses fesses, et sa gorge, et ses aimables hanches,Sa motte rebondie, et son con tout charmant.Ah ! Seigneur, je ne puis en parler qu'en bandant.Que chacun, nous dit-elle, vite et s'arme et s'apprête, De Vénus aujourd'hui je célèbre la fête ;Vous n'aurez aucun mal, j'en donne ici ma foi,Venez, je le permets, bandez et foutez-moi.Elle dit, et chacun l'admire et la contemple,Et notre capitaine, en nous donnant l'exemple, La fout, Seigneur, la fout six coups sans déconner.On nous commande alors de nous déboutonner.Nous nous déboutonnons, et tout, selon sa charge,Se couche dessus elle, et la gout et déchargeLe nombre des fouteurs ne l'intimide pas, Tenant son cavalier ferme dedans ses bras,Donnant des coups de cul, rapprochant chaque fesse,Jamais il ne se vit se semblable allégresse.Enfin, lorsque chacun, suivant son appétit,Eut foutu, refoutu, chacun lave son vit. Mais, prodige étonnant, qu'on ose à peine croire,Et qui ne sortira jamais de ma mémoire ;La princesse voulut se relever du banc,Elle fait un effort, mais il est impuissant.Le foutre, qui s'était répandu sur la planche, S'était si fort collé, tant aux reins, qu'à la hanche,Qu'elle ne pouvait plus tourner d'aucun côté ;Cependant par nos soins, nous l'en avons ôté :Et j'avouerai, Seigneur, que, jamais de ma vie,Je ne vis de la sorte une femme si aguerrie. LE SECOND. Vous m'avez ordonné de parler le dernier,Je rendrai mon discours aussi net et que denier.La princesse parut, de ses exploits charméeAutant que pouvait être un général d'arméeQui sort victorieux d'un combat incertain. Dans son appartement elle rentre soudain,Et se fait, à l'instant, par ses filles de chambre,Laver le cul, le con, ainsi que chaque membre.Après avoir ainsi fait son ablution,Elle prit aussitôt sa résolution. Je forme, ce dit-elle, une noble entreprise,Faites sortir mon char de dessous ma remise,Qu'on y mette à l'instant mes six chevaux entiers,Je prétends de Molas visiter les quartiers.Sitôt dit, sitôt fait ; elle monte, et se place, Elle se fait conduire au chemin de Thalasse ;À son ordre son char s'arrête, elle descend :Nous sommes tous surpris des pleurs qu'elle répand ;Mais, malheur imprévu que produisaient ses larmes !Elle veut s'enfermer... VITUS. En quel endroit ? LE GARDE. [Note : Carmes : Religieux d'un des quatre ordres mendiants, dont le nom complet est religieux de Notre-Dame du Mont-Carmel. L'ordre des carmes commença vers le XIIe siècle en Syrie. ]Aux Carmes. En faisant ses adieux, elle nous dit ces mots :La vertu de mon con se perd dans le repos.Je remplis un dessein digne de mon courage :J'ai tâté jusqu'ici du Marquis et du page,Du Suisse, du soldat, et du Grand Amiral, Pour eux enfin mon con s'était rendu banal,Il faut faire une fin, je veux tâter du moine,Je laisse là le soin pour courir à l'avoine.Elle nous quitte alors, et les moines joyeux,Sans doute en ce moment la foutent qui mieux mieux. Son père, mais en vain, dans de rudes alarmes,Tâche à la dégoûter de ce couvent de Carmes ;Mais elle lui répond en ouvrant de grands yeux :Faites-moi donc des vits qui puissent bander mieux.Je ne crains point du tout ici d'être ratée, Je les contenterai, je serai contentée.Que puis-je souhaiter ? Ma force est dans mon con.Et la leur est toujours dans leurs vits et couillons.Mais, quoi ! Déjà l'ardeur de foutre les rassemble,Sortez, Seigneur, sortez, et laissez-nous ensemble : Son père l'abandonne et lui dit en courroux,Tu veux y demeurer ? Demeures, je m'en fous. VITUS. C'est bien, je ne veux pas davantage en entendre ;Je vous offre mon vit, si vous voulez le prendre,Madame, il est à vous. CONINE. Je ne puis le haïr, Et lorsque vous parlez, c'est à moi d'obéir. VITUS. Oublions Messaline, et sans aller plus outre,Que l'on nous laisse ici, venez. CONINE. Où, Seigneur ? VITUS. Foutre. ==================================================