******************************************************** DC.Title = LE CARNAVAL DU BARON DE PAPAVER, PROVERBE DC.Author = P. G. DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Proverbe DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 22/06/2022 à 06:08:53. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/PG_CARNAVALDUBARON.xml DC.Source = https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5540414q DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** LE CARNAVAL DU BARON DE PAPAVER SCÈNE PROVERBE EN RIMAILLES Janvier 1889. P. G. À PARIS, DES PRESSES DE D. JOUAUST, Imprimeur breveté RUE SAINT-HONORÉ, 338 PERSONNAGES LE BARON DE PAPAVER. LE CHEVALIER PIERROT. TITINE. LE MAGISTER. MASQUES. Extrait de "Entre les paravents, Petites récréations scéniques de salle et de famille", P.G., Janvier 1889, pp. 389-407. Cote BnF [8-YF-410] LE CARNAVAL DU BARON DE PAPAYER SCÈNE PREMIÈRE. LE BARON DE PAPAVER, seul, une lettre à la main. Parbleu, c'est évident, il se moque de moi,Mon vieil ami, le Marquis de Gaudoi.Loin d'admirer une sagesse austèreQui m'a fait délaisser la Cour pour cette terre,Il voit, raillant mon changement de goût, [Note : Grigou : Terme populaire. Gueux, misérable ; homme avare et sordide. [L]]Non pas un philosophe en moi, mais un grigou.L'âge a passé, Marquis, sur nos folles ripaillesEt je suis revenu des plaisirs de Versailles.Cette lettre, pourtant, trouble un peu mon repos,Car, on a beau se mettre au-dessus des propos, On n'aime pas, à juste titre,Aux yeux des gens d'esprit à passer pour une huître.Ici, que manque-t-il à mon ambition ?Rien ; rien, sinon peut-être a ma distractionQuelque variété. Parfois, c'est vrai, ma vie Me semble bien avoir quelque monotonie.J'allais hier pêcher et je chasse aujourd'huiLe lièvre ou le canard, mais pas toujours l'ennui.Du Baron Papaver faut-il que l'on supposeQue dans l'isolement le cerveau s'ankylose ? Non, morbleu, non, je veux prouverQue dans son propre fonds, partout, on peut trouverTout ce qu'il faut pour charmer l'existence.Qu'ai-je besoin de l'assistanceD'un tas de fats ? Sans eux, dans ce séjour. Ne puis-je transporter les plaisirs de la Cour ?Vraiment, c'est une idée. Il faut que je la metteEn exécution sans plus tarder. - Fanchette ? SCÈNE II. Papaver, Fanchette. PAPAVER. Ma fille, écoute ici : nous allons, dès ce soir,Transformer, vois-tu bien, ce paisible manoir En un lieu de splendeurs, de joie et de délices,Cours chez la mère Epi, rafle les pains d'épices,Chandelles, ratafia, galette, tout enfin,Ce que dans sa boutique on trouve de plus fin ;Que Jean monte à cheval pour porter ce message Au galop, de ma part, à tout le voisinage :« Château de Papaver, ce soir, grand festival ! » FANCHETTE. Mais nous ne sommes pas encore en carnaval. PAPAVER. N'importe, j'anticipe, il est de toute urgenceQu'ici l'on rie, on s'amuse et qu'on danse. Je ne puis t'expliquer tous mes desseins profonds ;Mais, autrement, je me morfonds.Un jour de plus et c'est fait de ma tête.Tu vas aller inviter à la fête,Au bal masqué, magique étourdissant... FANCHETTE. Un bal masqué ! PAPAVER. Ce sera ravissant.Le grand bailli, mais il faut qu'il se metteEn blanc pierrot ; et puis aussi, Fanchette,Le magister eh asinus dispos,Et le docteur... tiens, en Parque Atropos. FANCHETTE. Après, Dame, il faudra, je vous le dis sans phrase,[Note : Petites-maisons : Lieu où l'on enferme les aliénés.]Aux petites maisons vous chercher une case. PAPAVER. Impertinente ! Hélas ! Ton rustique cerveauNe saurait démêler le subtil écheveauDe ces déductions fines et déliées, Dans mon esprit orné même assez embrouillées,Qui m'ont fait adopter ce moyen aujourd'huiContre l'humour noire et l'ennui. FANCHETTE. Il ne faut pas, car ce serait fâcheux,Tant d'esprit, croyez-moi, Monsieur, pour être heureux. PAPAVER. Mon enfant, ta remarque est juste,Mais l'esprit délicat et la nature frusteOnt des besoins différents pour objet.Fais ce que je t'ai dit. FANCHETTE. J'y cours (J'ai mon projet). SCÈNE III. PAPAVER, seul. Elle ne manque pas, il faut le reconnaître, D'un certain sens, cette fille champêtre.Mais ne sait rien, dans son étroit séjour,De la ville, ni de la cour.J'en veux, ce soir, aux bonnes gens candidesMontrer les agréments splendides. Morbleu ! Leur éblouissementDevra doubler mon divertissement. SCÈNE IV. Papaver, Le Magister. LE MAGISTER. À Monsieur le baron, mon humble révérence. PAPAVER. [Note : Magister : Maître d'école de village. [L]]Ah ! C'est vous, magister, on vous a fait, je pense,Mon message. LE MAGISTER. Oserai-je, à ce même propos, Respectueusement, adresser quelques mots,Que la philosophie à son vassal inspire ? PAPAVER. Que diable voulez-vous donc dire ? LE MAGISTER. L'idée à Papaver de donner un grand balEst un dessein original. Aristote y consent, mais Platon le condamne,Épicure l'approuve et Zénon... PAPAVER. Est un âne.Que me chantez-vous là ? LE MAGISTER. Sans indiscrétion,Permettez-moi deux mots de dissertation :Pour passer au concret, sachons d'abord abstraire : Tout homme veut trouver le bonheur sur la terre,Mais sachons distinguer, séparons l'objectifDu pur et simple subjectif. PAPAVER. Vous m'assommez, allez donc vous faire laniaire. LE MAGISTER. Je ne veux pas, Monseigneur, vous déplaire. PAPAVER. Eh bien, laissez-moi donc et que votre objectifSoit de faire au plus tôt votre préparatifPour mon grand bal masqué. LE MAGISTER. J'ai trop de déférencePour commettre envers vous la moindre irrévérence,Mais, si vous vouliez bien m'accorder un instant... PAPAVER. Pour me rompre la tête. LE MAGISTER. Hélas ! J'aurais pourtant,Au moyen seulement de quelque syllogismeÀ l'école emprunté de l'Aristotélisme... PAPAVER. Assez ! LE MAGISTER. [Note : Baralipton : Mot forgé par les Scolastiques pour rappeler mnémoniquement une forme de syllogisme, et où barali est seul significatif, pton n'étant qu'une finale pour faire le vers. [L]]Le voulez-vous soit en baralipton,Barbara, celarent, ou bien en feiapton ? PAPAVER. Allez vous promener, ou bien, jour de ma vie !... LE MAGISTER. J'y cours. Ô grand succès de la philosophie ! SCÈNE V. Papaver, puis Titine. PAPAVER. Je crois vraiment que ce sot animalAvait dessein de blâmer mon grand bal.Allons tout préparer pour... Mais voilà Titine, La petite fermière ; elle parait chagrine.Qu'as-tu donc, mon enfant, quel air embarrassé ?Explique-toi, voyons, je suis un peu pressé ;Vite, dis-moi ce qui t'amène. TITINE. Ah ! Monsieur le Baron, nous sommes dans la peine. PAPAVER. Que vous est-il donc arrivé ? TITINE. Ah ! Notre vache est morte et le cochon crevé.Si vous saviez, notre maître, à cette heure,Comme chez nous on se désole, on pleure ;Si vous voyiez, couchés sur le côté, Ces pauvres animaux, ça vous ferait pitié,Les yeux fermés, la bouche ouverte,C'est trente beaux écus de perte. PAPAVER. Va, je te plains. Pour distraire et chasserTon ennui, viens ce soir danser. TITINE. On n'a guère le coeur, par chez nous, à la joie ;Ma mère dans les pleurs se noieMon père est abattu depuis qu'on a trouvéLa vache morte et le cochon crevé,Si vous voyiez les tristes têtes Des pauvres gens, des pauvres bêtes. PAPAVER. Pourrais-je, en les voyant, leur rendre la santéÀ tes parents, aux bestiaux la gaîté ?Égayer les bestiaux, veux-je dire, au contraire,Et ressusciter... Ah ! Tu m'embrouilles l'affaire. TITINE. Fanchette m'a promis votre compassion.Et m'a dit... PAPAVER. Je prends part à votre afflictionEt veux la soulager. Tiens, sans tant de paroles,Prends, Titine, ces dix pistoles. TITINE. Merci, merci, notre maître si bon, Pour papa, pour maman, la vache et le cochon.Merci, merci. SCÈNE VI. Papaver puis Fanchette. PAPAVER. Vais-je enfin, à loisirPouvoir songer à mon plaisir ?Te voilà de retour, Fanchette.Bon, ma commission est faite. FANCHETTE. Tout sera prêt, Monsieur, j'ai, chez la mère Epi,Pris tout le pain d'épice et les pommes d'api.Jean est parti porter votre message ;Vous aurez tout le voisinage,Si cela peut vous contenter. PAPAVER. Je crois que je n'aurai plus rien à souhaiter. FANCHETTE. J'ai rencontré, bien triste et désolée,La fille à vos fermiers du bas de la vallée.Si vous aviez pu voir ces braves gens... PAPAVER. Bon, j'irai leur porter des mots encourageants Un autre jour. Les pleurs de la filletteM'ont un moment troublé, mais c'est affaire faite.Le mal est réparé, préparons le plaisir.Tu feras disposer, sans prendre de loisir,Deux rangs de lampions le long de l'avenue, Pour éclairer les gens et récréer sa vue,Et tu me sortiras du coffre ces habitsDe beau polichinelle à boutons de rubis.Donne ensuite un coup d'oeil a tout, à la cuisine.Va, fais vite. FANCHETTE. Oui, monsieur. SCÈNE VII. Papaver, Titine. PAPAVER. Tiens, revoilà Titine. TITINE. Quel malheur ! PAPAVER. Je sais bien, tu me l'as déjà dit,La vache, le cochon. TITINE. Oh ! Ce n'est pas fini. PAPAVER. La volaille, à son tour, aurait-elle, ma mie,Succombé maintenant à cette épidémie ? TITINE. Ah ! Monsieur, c'est bien pis, et le malheur chez nous À présent est entré tout a fait, voyez-vous. PAPAVER. Cela tombe bien mal. Allons, conte-moi vite,Car je suis très pressé, ce que c'est ma petite. TITINE. Mon bon grand-père, à tout il préféraitNotre vache défunte et le défunt goret. Il aimait tant et l'une et l'autre bêteQue de leur mort il a perdu la tête. PAPAVER. Pauvre bonhomme, on sait qu'il contenaitPeu de chose déjà, je crois, sous son bonnet. TITINE. Et pour se consoler dans une telle peine, Il s'est mis à vider trois pots sans prendre haleine. PAPAVER. Quel avaloir ! Mais qu'importe cela ? TITINE. C'est que, notre maître, voilà,Qu'après il est tombé, j'en suis toute saisie,On dit que c'est dans la paralysie. PAPAVER. Bon, voilà ce que c'est de boire sans raison. TITINE. Ah ! Monsieur, le chagrin est dans notre maison,Ma mère est folle et mon pèreAvec elle se désespère.Si vous pouviez d'un bon avis... PAPAVER. Quel contre-temps ! Aujourd'hui je ne puis,Pourtant votre douleur me touche.Tiens, écoute, il faut qu'on le coucheEt qu'il boive de l'eau, je le verrai demain. TITINE. Mais il va nous falloir payer le médecin, [Note : Sinapisme : Terme de médecine. Cataplasme dont la moutarde fait la base, et qu'on applique pour déterminer la rubéfaction de la partie, et produire une excitation générale ou une révulsion. [L]][Note : Bourrache : Plante à feuilles velues ; on l'emploie en tisane, comme diaphorétique et diurétique. [L]]Les sinapismes, la bourrache,Et nous avons perdu le cochon et la vache. PAPAVER. Allons ! Prends ce ducat. Et d'ailleurs tout espoirN'est pas perdu. J'irai demain le voir. TITINE. Oh merci, Monsieur le Baron, Pour grand-papa, la vache et le cochon. SCÈNE VIII. Papaver, Fanchette. PAPAVER. Rien qu'avec deux ou trois vassaux de cette espèceIl ne resterait pas grand temps pour la paresse.Comment être insensible aux maux que l'on entend ?Avec quelques écus tout s'arrange pourtant. Allons, à la gaîté ; voyons, si pour ma fête,Selon mes ordres, tout s'apprête. FANCHETTE, apportant le costume de polichinelle. Votre costume... PAPAVER. As-tu repassé le jabot,Brossé le juste-au-corps, ciré chaque sabot ? FANCHETTE. J'ai tout mis en état. Mais, auprès de la grille, J'ai rencontré Titine, pauvre fille ! PAPAVER. C'est bon, elle est venue encore me trouver. FANCHETTE. Ah ! Vous savez alors ce qui vient d'arriver. PAPAVER. Eh ! oui, te dis-je. - As-tu pris soin qu'on illumine ? FANCHETTE. Les lampions sont posés. - Cette pauvre Titine !... Son grand-père... PAPAVER. Je sais, je sais. - La mère EpiA-t-elle, dis-moi, tout fourni ? FANCHETTE. Tout est disposé dans l'office.Hélas ! Ces malheureux, à votre bon serviceDepuis un si long temps, qu'ils sont donc éprouvés. PAPAVER. Je sais les accidents qui leur sont arrivés.J'y compatis. - Et Jean a-t-il fini ses courses ? FANCHETTE. Vos invités viendront. - Les voilà sans ressources,Ils auraient bien besoin de consolation. PAPAVER. Ah ça ! Vas-tu finir ta lamentation ? Ils auront une vache, un cochon, le bonhommeSera soigné, grâce à la sommeQue j'ai fournie ; il n'est plus rien d'argent. FANCHETTE. Êtes-vous sûr, Monsieur, qu'avec un peu d'argentOn satisfasse à tout ? PAPAVER. Eh ! Laisse-moi tranquille, Le temps me manque, il ne m'est pas facileDe faire plus pour le moment ;Mais il est temps pour tout. FANCHETTE. Vous dites bien, vraiment. PAPAVER. Tu vas voir, tout à l'heure, ici, nous allons rire,Pour dissiper l'ennui rien ne vaut et n'inspire Comme le bal masqué. Dans chaque masque on voitSe révéler plus qu'on ne croitLes penchants et le caractère.Tel croit faire un contraste et dévoile au contraireLe fonds de sa nature. En pierrot s'étant mis, Crois-tu que le bailli figure une ThémisDifférente de celle à qui nous voyons presqueRendre plus d'un arrêt fol et carnavalesque ?Crois-tu que le docteur sera mal à proposMuni des grands ciseaux de la parque Atropos ? Et quant au Magister, sa figure de cuistreSans masque est bien assez comiquement sinistre. FANCHETTE. Oui, ce sera très drôle ; à force de railler,Nous n'aurons plus le temps peut-être de bailler. PAPAVER. J'y compte bien ; allons faire notre toilette ; L'heure du bal approche, allons, Fanchette. SCÈNE IX. Papaver, Fanchette, Titine. TITINE. Au secours, au secours ! PAPAVER. Comment, encor, toujours !C'est trop fort. TITINE. Ah ! Monsieur, la ferme anéantie,Et mon pauvre papa noyé dans l'incendie, Ma mère brûlant dans le puits.Au secours ! PAPAVER. Qu'est-ce que tu dis ?Elle est folle. TITINE. Au secours, au secours ! PAPAVER. Elle est folle ! FANCHETTE. L'affreuse catastrophe embrouille sa parole.On comprend qu'à la ferme un feu vient d'éclater. TITINE. Au secours ! FANCHETTE. Du secours, vite, il faut lui porter. PAPAVER. Il nous manquait cela. Quelle diable d'affaire !Mais sa narration n'est pourtant pas bien claire.Voyons, remets-toi donc, qu'on te comprenne enfin. TITINE. Comme je revenais, au bout de mon chemin, J'aperçois tout à coup la flammeQui dévorait la ferme. Alors, la mort dans l'âme,J'accours et l'on m'apprend, qu'en y puisant de l'eau ;Mon père est tombé dans le puits avec son seau ;Que ma mère, en voulant sauver quelques affaires, S'est brûlée, et mes petits frères,On craint, on tremble pour leurs jours. FANCHETTE. Affreux événement ! TITINE. Au secours, au secours ! PAPAVER. Courons jeter de l'eau. TITINE. Ce n'est plus nécessaire,Tout est fini, détruit. PAPAVER. Alors, que faire ? Pourquoi crier tout le temps : au secours !Puisqu'il n'est plus maintenant de recours ? FANCHETTE. Ah ! Monsieur le Baron, il faut que l'on procureÀ ces gens un abri, qu'on panse la brûlureDe la femme, qu'on cherche et soigne tes petits. Qu'on retire l'homme du puits. PAPAVER. C'est juste, allons, que l'on amène viteAu château tous ces gens sans gîte.Fais-y pour eux préparer logements,Nourriture et médicaments. Je vais aussi m'en occuper moi-mêmeEt voir ce qu'il en est de ce désastre extrême. TITINE. Merci de vos bontés. Au secours, au secours ! PAPAVER. Eh bien ! Ne vois-tu pas, Titine, que j'y cours ? FANCHETTE. Puis, on fera reconstruire la ferme. PAPAVER. Ah ! Nous voilà du travail à long terme,Je n'aurai plus le temps de m'ennuyer. FANCHETTE. Sans carnaval. PAPAVER. Bon, j'allais oublierMa soirée, au milieu d'une alerte si vive,Mes invités ; j'entends déjà que l'on arrive. Comment faire ? À quoi diable aussi fus-je songer ?En employant son temps, son coeur et sa richesse,À consoler, à soulager,Autour de soi, le malheur, la tristesse,On ne connaît, je le vois aujourd'hui, Jamais le vide, ni l'ennui. SCÈNE X. Papaver, Fanchette, Titine, Le Magister, Masques. LE MAGISTER. C'est, Monsieur, ce que, tout à l'heure,Du syllogisme dont j'ai posé la majeure... PAPAVER. Assez, venez plutôt nous aider tous au val. FANCHETTE. Non, Monsieur, vous pouvez à votre carnaval Vous livrer pour ce soir. PAPAVER. Comment, quand l'incendie... FANCHETTE. Je dois vous l'avouer, n'est qu'une comédie.Le grand-papa, la vache, le cochon,Comme le feu dans la maison,Tout cela n'était qu'une feinte. Me pardonnez-vous ? PAPAVER. Sois sans crainte,Tu m'as rendu service et les yeux m'as ouvertVa, c'est le dernier bal masqué de Papaver. FANCHETTE. Au moins qu'il soit joyeux, puisqu'ici l'on confesseQu'il est un temps pour tout, même pour l'allégresse. TOUS. Air des Bossus.Contenons-en, chaque chose à son tempsEt chaque temps aussi ses agréments.Ne mêlons pas l'automne et le printemps,Sachons, suivant tes différents moments,Prendre ce qui contient à chaque temps. PAPAVER. À la jeunesse, il faut les ornements,Plaisirs légers et divertissements ;Mais l'âge mûr plus sérieusementDoit réfléchir et ne peut follementTrouver jamais parfait contentement. FANCHETTE. À la cour on divertit brillamment,Quelquefois a la ville méchamment.À la campagne on sait parfaitementSe récréer, s'amuser autrement,Innocemment même et naïvement. TITINE. Un faux bonheur nous attire, inconstants,Si vanité remplit mal nos instants,Mais, a tout âge, en tous lieux, en tous temps,La charité, pour nous rendre contents,Seule, vraiment, a des charmes constants. LE MAGISTER, au public. Souffrez, Messieurs, qu'a ce dernier moment,Je place enfin un petit argument :Si la majeure en a quelque agrément,La mineure est un divertissement,La conséquence est-elle au baillement ? ==================================================