******************************************************** DC.Title = LE CATÉCHISME POISSARD, SAYNÈTE. DC.Author = MOINAUX, Jules DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Saynète DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 13/01/2022 à 07:09:19. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/MOINAUX_CATECHISMEPOISSARD.xml DC.Source = https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5718390w DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** LE CATÉCHISME POISSARD. 1881. Tous droits réservés. par JULES MOINEAUX, rédacteur de la Gazette des Tribunaux. 8517. - Paris. Imprimerie de Ch. Noblet, 13 rue Cujas. - 1881 PERSONNAGES. LE NARRATEUR. LE PRÉSIDENT. BOGUENARD. BIQUET. Extrait de MOINAUX, Jules, "Les tribunaux comiques", Paris, Chevalier-Marescq éditeur, 1881. pp 283-285 LE CATHÉCHISME POISSARD. LE NARRATEUR. Si on se défend comme on peut, quand on est devant la justice, on comprend aussi très bien Boguenard disant, des explications du prévenu Biquet : « Elle est bien bonne ! » Boguenard est une espèce de bouquiniste de quatorzième classe, dont la collection consiste en quelques volumes dépareillés, images, petits livres à trois ou quatre sous, etc.. Il a porté plainte en voies de fait contre Biquet, et il tient à peu près ce langage : Figurez-vous, messieurs, que cet original que je ne connais pas du tout, que même j'en suis très flatté de n'en pas faire ma société. BIQUET. Vous faut rien pour vot' politesse ? MONSIEUR LE PRÉSIDENT. Tâchez de vous taire. BOGUENARD. Il parle de politesse, vous allez voir la sienne : il m'achète un petit livre qui était le Catéchisme poissard de trois sous, dont il me donne deux pièces de dix centimes, et qu'il me dit : « Rendez m'en un ! » C'est bon, je cherche dans ma poche : je n'avais que des deux sous, je dis alors à cet individu : « Vous n'auriez pas un petit sou ? » Alors, Messieurs, là-dessus il me répond : « Espèce de serin, de Pédezouille, d'estropié de cervelle, si j'avais des petits sous, je ne vous en donnerais pas deux gros pour me rendre ; faut que vous soyez bête comme vos pieds pour me dire une muffeterie comme ça ». Moi je reste en putréfaction que j'en étais abruti, qu'il me fiche tout ça au nez sans savoir seulement ce que ça veut dire. Alors je lui réponds : « Vous êtes encore un drôle de citoyen, vous; je vous parle poliment et vous m'invectivez de grossièretés. » Alors, monsieur, là-dessus il se met à me débiter un chapelet des mille-z-horreurs de la terre et qu'il veut que je lui rende ses sous. « Alors, que je lui dis, rendez-moi mon livre et je vas vous rendre vos quatre sous. - Je te rendrai mon oeil, qu'il me dit, tu m'as vendu ton livre, je le garde ; tu me dois un sou, je veux mon sou. » Je lui dis : « Alors, attendez, je vas demander deux petits sous chez le marchand de vin. » Il me répond : « Pour te sauver avec mon sou et ne pas revenir. » Moi, la moutarde commence à me monter ; je lui dis : « Est-ce que vous vous fichez de moi ? Est-ce que vous croyez que je vas filer en Belgique pour vous emporter votre sou ? » Alors, Monsieur, il me saute dessus pour m'arracher les deux sous, disant que, dans mon livre, il n'y avait pas d'engueulades nouvelles (parce que faut vous dire qu'il l'avait lu pendant plus d'une demi-heure), qu'il ne vaut pas plus de deux sous, vu que tout ce qui est dedans, il le sait par coeur, que c'est le même que l'on vend depuis quarante ans, que je suis un filou, etc. Je lui réponds que ça n'est pas de ma faute s'il n'y a plus d'auteurs nouveaux ; finalement qu'il me saute au collet et que, voulant me rebiffer, il me fiche une gifle. MONSIEUR LE PRÉSIDENT, au prévenu. On n'a jamais rien vu de pareil, c'est inexplicable. BIQUET. Mon président, il y a quiproquo. MONSIEUR LE PRÉSIDENT. Comment, quiproquo ? BIQUET. Car, Messieurs, je ne comprends pas ce particulier ; je ne lui ai rien dit à lui, seulement que son livre, c'était le même qu'on vendait, depuis quarante ans, dont pour lui prouver, tout ce qu'il dit que je lui ai dit, je le lisais dans son Catéchisme poissard pour qu'il voie bien. BOGUENARD, abasourdi. Ah ! Elle est bonne !... Non, elle est bonne ! BIQUET. Tenez, mon juge, à preuve ; le v'là son livre. Lisant.Le Nouveau Catéchisme poissard ou l'art de s'engueuler sans se... MONSIEUR LE PRÉSIDENT. Serrez ce livre. BIQUET. Non, tenez, rien que ça ; j'ai marqué la place de ce que j'ai dit à Monsieur. Se mettant le poing sur la hanche.Dis donc, toi, espèce de... MONSIEUR LE PRÉSIDENT. Ah ça ! Est-ce que vous allez nous réciter ici le Catéchisme poissard ? BIQUET. C'était pour vous faire voir. BOGUENARD. Et la gifle, est-elle dans le livre ? BIQUET. Non, mais, il y a giroflée à cinq feuilles pour se désaltérer. Le tribunal condamne Biquet à quinze jours de prison. BIQUET. BIQUET. Ah ! Ben, par exemple, je recommanderai la boutique de monsieur. ==================================================