******************************************************** DC.Title = DON JUAN OU LE FESTIN DE PIERRE. DC.Author = LE TELLIER, Jean-François DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Opéra comique DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 08/05/2020 à 12:57:08. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/LETELLIER_DOMJUAN.xml DC.Source = http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k745013 DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** DON JUAN OU LE FESTIN DE PIERRE M. DCC. XIII. Représentée pour la première fois à la Foire Saint-Laurent et 1713. ACTEURS. DON JUAN. ARLEQUIN. LE COMMANDEUR. PIERROT. FANCHON. ISABELLE. COLOMBINE. UN BERGER. UNE BERGÈRE. PROLOGUE. SCÈNE PREMIÈRE. Pierrot, Fanchon. Pierrot tient du fromage dans ses mains et Fanchon un panier d'oeufs. Pierrot après avoir mis son fromage a terre présente un écriteau. PIERROT. Dis-moi, ma petite FanchonQue portes-tu dans ton gironÔ reguingué. Air.Prends bien garde à ta marchandiseCar aujourd'hui tout est de prise. FANCHON. Ne touches point à mes oeufs fraisPourquoi tant les mirer de prèsÔ reguingué. Air.Veux-tu voir si dans la coquilleQuelque petit poulet fourmille. SCÈNE I. Arlequin vient manger le fromage de Pierrot à la dérobée et Pierrot lui enfonce le reste dans le plat. PIERROT. Que faites-vous là cousinVous mangez mon fromageEh bien si vous avez faimMangés en jusqu'à demainCourage, courage. SCÈNE III. Don Juan, Arlequin, Fanchon. Don Juan après quelques lazzis sur la gourmandise avec Arlequin s'approche de Fanchon. DON JUAN. Que cet objet est charmantMe ravit et m'enchanteQuel bonheur pour un amantQui de sa beauté naissantePeut cultiver la plante Et l'arroser souvent. PIERROT. Laissés en reposNotre minagèreCommeJ'en avons affaire Morguienne de vousQuel homme, quel hommeMorguienne de vous. Air. FANCHON, à Pierrot. Tu te mets en colèrePetit mari Va, je n'ai point affaireD'un favoriTu seras toujours mon bouchonMon joli mignonEt qui te plaira Ô gai lanla.[Note : Colin-maillard : jeu d'enfants, où on bande les yeux à l'un de la troupe, qui est obligé d'attrapper quelqu'un des autres à tâtons pour le mettre en sa place.]Avant que de finir la scèneInventons quelque jeu gaillardPierrot laisse bander ta veineNous jouerons a colin-maillard. On bande les yeux a Pierrot et Don Juan enlève Fanchon. Arlequin ôte le bandeau des yeux de Pierrot qui est fort affligé de ne plus trouver sa femme, Arlequin enlève a son tour Pierrot sur son dos et le prologue finit. ACTE I Le théâtre représente le rivage de la mer. SCÈNE I. [Isabelle, Colombine]. Isabelle et Colombine en Bergères viennent se promener au bord de la Mer. ISABELLE. Nous jouissons au bord de ce rivageD'un sort heureux, d'un tranquille reposEt de l'amour nous fuyons le naufragePlus dangereux que la mer et ses flots. SCÈNE II. On entend un grand bruit de tempête et les flots jettent Don Juan et Arlequin sur le rivage, en chemise, Isabelle et Colombine courent a leur secours. ISABELLE. Quel objet, j'en suis attendrie En vain j'appelle ma fiertéAh faut-il lui sauver la vieAux dépends de ma liberté. COLOMBINE. Tâchons avec cette eau de vieDe sauver ces deux malheureux Ne trouverai-je point en euxQuelque signe de vie. DON JUAN, revenant de son évanouissement. Échappé du naufrageJe rends grâce au sortD'avoir sur ce rivage Abordé votre portEt vogue la galère. Air. ISABELLE. Sensible a votre malheurÀ votre triste aventureJe vous offre de bon cour TurelureMa chambre et sa garnitureRobin turelure... Air. ARLEQUIN. Vous ne connaissez pasCe dangereux corsaire Mais moi qui suis son frèreJe vous le dis tout basNe vous y fiez pas. ISABELLE. Quoi de ce beau seigneurVous vous dites le frère L'amour le fit pour plaireEt vous faites horreurVous n'êtes qu'un menteur. ARLEQUIN. Savez-vous la raison pourquoiMon cadet est plus blanc que moi Liron falariretteOn l'a fait de jour, moi de nuitLiron falariri. DON JUAN. Pour m'avoir sauvé du naufrageMa chère enfant Je veux vous prendre en mariageDès à présent.Menez moi dans votre logisJ'ai besoin de changer d'habits. ARLeQUIN, arrêtant Isabelle. Je vous le dis encor un coup Il est plus à craindre qu'un loupS'il met le pied dans la maisonCroyez moi prenez bien garde[Note : Cotillon : Cotte ou jupe du dessous. Jupon des paysannes. [L]]À votre cotillon. Ils rentrent. SCÈNE III. Un Berger et deux Bergères viennent se réjouir au bord de la Mer. UN BERGER. Dans notre brillante jeunesse Livrons nos cours a la tendresseLaissons murmurer la vieillesseQui languit sous le poids des ansDans notre brillante jeunesseNe songeons qu'a passer le temps UNE BERGÈRE. Dans notre villageChacun vit contentFidèle et constantMême après le mariageVivez-vous ainsi Bonnes gens d'ici. UNE AUTRE BERGÈRE. Jamais une belleDans notre hameauNe descend sur l'eau[Note : Javelle : Blé battu qu'on laisse qulques jours sur le terre en petits tas pour se sécher, avant qu'on mette en gerbe. Se dit aussi de petits fagots de sarments ou bottes d'échalats, ou de lattes. Les javelles doient contenir 50 échalats. On dit parmi le stonneliers, qu'un bariel est tombé en javelle, losque les douves, et les fonds se séparent. [F]]Pour se trouver à javelle Vivez-vous ainsiBonnes gens d'ici. Les Bergers et Bergères voyant venir Arlequin se retirent. SCÈNE IV. ARLEQUIN, chargé d'un tableau sur les épaules. Oh, écoutez petits et grandsMon histoire et mes ardeursDepuis vingt ans je sers mon maître Un fourbe, un scélérat, un traîtreDont je n'ai touché que dix solsEt qui m'a bien roué de coups.Je tremble à chaque instant de peurIl vient d'occire le Commandeur Il a débauché tant de fillesDes plus honorables famillesQue je crains qu'un Diable aujourd'huiN'emporte son valet et lui. SCÈNE V. Don Juan veut battre Arlequin et Arlequin fuit, la ferme s'ouvre et l'on voit la statue du Commandeur accompagnée d'autres figures. ARLEQUIN. Ah, Messieurs sauvez-moi des coups De mon maître en courroux. Bis.[Note : Pinte : Vaisseau qui sert à mesurer les liqueurs, et quelquefois des choses sèches. Une pinte de vin, d'eau, d'huile. La pinte contient deux chopines, ou la moitié d'une quarte. La pinte de Paris est environ la sixiéme partie du congé Romain, et contient le poids de deux livres d'eau commune. [F]]Je vous payerai pinte a dix solsPour vous enivrer tous. Bis. Don Juan se moque d'Arlequin et après lui avoir pardonné dit : DON JUAN. J'admire d'un poltron la gloireQui croit établie sa mémoire Par un superbe monumentOn le prendrait pour AlexandreMais son histoire le démentLe lâche n'a pu se défendre. ARLEQUIN. Quoi, c'est donc là ce Commandeur Que votre bras a mis parterrePour vous faire épouser sa soeurVeut-il vous faire encor la guerreAh pour le coup il a grand tortIl mérite bien d'être mort. Don Juan ordonne à Arlequin d'aller prier la statue a dîner, Arlequin après les lazzis convenables dit : ARLEQUIN. Veux-tu nous faire l'honneurCommandeurDont la mine me fait peurDe venir chez nous sans suiteManger une carpe frite. La statue baisse la tête, et Arlequin tout effrayé dit à Don Juan :Ô le Diable d'hommeJe suis confonduMonsieur voila commeIl m'a réponduIl aime la carpe [Note : Goulu : Goulistre, glouton, gourmand qui mange beaucoup et fort vite. [Aussi,] Animal sauvage fort noir et fort luisant, qu'on trouve en laponie et en moscovie, qui vit dans l'eau et sur terre. Il est gros comme un chien. [F]]La peste soit du gouluLanturelu lanturelu. DON JUAN. Ainsi je commence a croireQu'on aime à boireChez les morts Ainsi je commence a croireQu'on aime à boireSur les sombres bords[Note : Parques : divinités des Enfers chargées de filer la vie des hommes, étaient au nombre de trois, Clotho, Lachésis, Atropos : Chlotho préside à la naissance et tient le fuseau, Lachésis le tourne et file, Atropos coupe le fil. [B]]Que cette parque inévitableVienne aujourd'hui pousser mes jours à bout Je me moque de tout à table.Puisque Platon permet qu'on soit à tableLieu délectableJe verrai le trépas d'un oeil sereinEt là-bas comme ici je boirai du bon vin. ACTE II SCÈNE PREMIÈRE. Arlequin voyant son maître revenu lui dit ; ARLEQUIN. Voulez-vous savoir l'histoireDes femmes de mon tempsOn en voit mille à la foireVenir avec leurs galantsL'époux tranquille Garde au logis les enfants[Note : Gille : Personnage du théâtre de la foire, le niais. [L]]Comme un bon Gille. Don Juan demande a dîner, et en même-temps le buffet paraît, le couvert est mis et Don Juan se met a table. Arlequin s'ennuie de ne point manger.D'une jeune bruneVous causez l'ardeurLa fortune Et vous aurez son cour. DON JUAN. Quelle est donc cette brune aimableCher Arlequin, allons la voirVite, qu'on ôte la tableJe reviendrai souper ce soir. ARLEQUIN. Si je ne suis de ce repasMa foi je n'irai pasFaites-moi donner un couvertJ'ai l'appétit ouvert. Don Juan ordonne qu'on donne un couvert à Arlequin. SCÈNE II. On entend frapper à la porte, Arlequin va voir et trouvant que c'est la statue revient fort épouvanté. Don Juan va voir à son tour et sans s'effrayer éclaire la statue et la fait mettre à table et après bien des lazzis que fait Arlequin. LA STATUE. À venir souper je t'engage Je veux ce soir sur mon tombeauTe régaler d'un mets nouveauAuras-tu ce courage ? Don Juan accepte la proposition et reconduit la statue, Arlequin fait des lazzis qui font comprendre qu'il ne veut point aller souper chez le Commandeur. ACTE III SCÈNE PREMIÈRE. Isabelle et Colombine trouvent Don Juan et Arlequin. Le reste du manuscrit est illisible. [I.M.] ISABELLE. Vous n'êtes qu'un perfide amantQui mérite un châtiment Quand on est si volage eh bienDoit-on prendre pour gageVous m'entendez bien. ARLEQUIN. Vous vous plaignez injustementNous vous aimons fidèlement Par un contrat en forme eh bien[Note : "Atendez moi sous l'orme" est une comédie de Régnard de 1697.On trouve aussi cette expression dans "l'Avocat savetier" de Rosimond (1683).]Attendez nous sous l'ormeVous m'entendez bien. Les bergères se retirent et la ferme s'ouvre, on voit le Commandeur sur son tombeau qui prépare à souper à Don Juan. Arlequin fait des lazzis qui marquent sa frayeur, mais Don Juan s'avance hardiment et dit : DON JUAN. Tout ceci n'est que visionJe donne peu dans la chimère Et poussons jusqu'au bout l'affaireNous verrons peut-être a la finQue c'est un tour à la Jobbin. Don Juan, mange des serpents et poursuit.Quel Repas et quels mets funestesCommandeur sont-ce là les restes De ton Infernale MaisonMais je veux passer mon envieJ'en mangerai fut ce un poisonEt dût il m'en coûter la vie. LA STATUE. Viens ici que je te régale Don Juan donne-moi la mainC'est ici ton heure fataleEt ton repentir sera vainLe Ciel se venge enfinDes maux dont tu l'outrages C'est ainsi qu'un libertinVoit terminer son destin. ARLEQUIN. Mes gages, mes gages. Ven... ==================================================