******************************************************** DC.Title = PIERRE CORNEILLE, COMÉDIE. DC.Author = GAUTIER, Théophile DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Prologue DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 29/11/2022 à 07:25:31. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/GAUTIERT_PIERRECORNEILLE.xml DC.Source = https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5661556h DC.Source.cote = BnF LLA 8-YF-52 DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** PIERRE CORNEILLE PROLOGUE POUR L'ANNIVERSAIRE DE SA NAISSANCE LE 6 JUIN 1851. 1882. Tous droits réservés.. Théophile GAUTIER Représenté pour la première fois à la Comédie Française le 6 juin 1851. PERSONNAGES LE NARRATEUR. Extrait de "Théâtre, Mystère, Comédies et Ballets, Nouvelle édition revue, corrigée et augmentée d'une grand nombre de documents inédits" , Paris, G. Charpentier, Éditeur, 1882. pp 215-217 PIERRE CORNEILLE ***************** Erreur dans l'interprétation du texte (ligne 372, programme : edition_txt_TOUT.php)Par une rue étroite, au coeur du vieux Paris,Au milieu des passants, du tumulte et des cris,La tête dans le ciel et le pied dans la fange,Cheminait à pas lents une figure étrange :C'était un grand vieillard, sévèrement drapé, Noble et sainte misère, en son manteau râpé.Son oeil d'aigle, son front argenté vers les tempes,Rappelaient les fiertés des plus mâles estampes,Et l'on eût dit à voir ce masque souverain,Une tête romaine à frapper en airain. Chaque pli de sa joue austèrement creuséeSemblait continuer un sillon de pensée,Et dans son regard noir, qu'éteint un sombre ennui,On sentait que l'éclair autrefois avait lui.Le vieillard s'arrêta dans une pauvre échoppe. Le Roi-soleil alors illuminait l'Europe,Et les peuples baissaient leurs regards éblouis,Devant cet Apollon qui s'appelait Louis.À le chanter Boileau passait ses doctes veilles ;Pour le loger, Mansard entassait ses merveilles; Au coin d'un carrefour, auprès d'un savetier,Pied nu, le grand Corneille attendait son soulierSur la poussière d'or de sa terre bénieHomère sans chaussure, aux chemins d'IoniePouvait marcher jadis avec l'antiquité, Beau comme un marbre grec par Phidias sculpté ;Mais Homère à Paris, sans crainte du scandale,Un jour de pluie, eût fait recoudre sa sandale.Ainsi faisait l'auteur d'Horace et de Cinna,Celui que de ses mains la Muse couronna, Le fier dessinateur, Michel-Ange du drame,Qui peignit les Romains si grands, ? d'après son âme !Ô pauvreté sublime ! Ô sacré dénuement,Par ce coeur héroïque accepté simplement !Louis, ce vil détail que le bon goût dédaigne, Ce soulier recousu me gâte tout ton règne.À ton siècle vanté de lui-même amoureux,Je ne pardonne pas Corneille malheureux ;Ton dais fleurdelisé cache mal cette échoppe.De la pourpre, où ton faste à grands plis s'enveloppe. Je voudrais prendre un pan pour Corneille vieilli,S'éteignant loin des cours dans l'ombre et dans l'oubli.Sur le rayonnement de toute ton histoire,Sur l'or de tes soleils, c'est une tache noire,Ô roi ! D'avoir laissé, toi qu'ils ont peint si beau, Corneille sans souliers, Molière sans tombeau.Mais pourquoi s'indigner ? - Que viennent les années,L'équilibre se fait entre ces destinées :Le roi rentre dans l'ombre, et le poète en sort,Et chacun à sa place est remis par la mort. Pour courtisans Versailles a gardé ses statues,Les adulations et les eaux se sont tues :Versailles est la Palmyre où dort la royauté.Qui des deux survivra, génie ou majesté ?L'aube monte pour l'un, le soir descend sur l'autre. Le spectre de Louis aux jardins de Le NôtreErre seul, et Corneille, éternel comme un dieu,Toujours sur son autel voit reluire le feuQue font briller plus vif à ses fêtes natalesLes générations, immortelles vestales ! Quand en poudre est tombé le diadème d'or,Son vivace laurier pousse et verdit encor ;Dans la postérité, perspective inconnue,Le poète grandit et le roi diminue ! 1851.[Note : Au moment où le travail de cette édition était entièrement achevé, nous avons retrouvé des documents curieux relatifs au Prologue qu'on vient de lire; nous les avons placés on appendice (Voir page 413).] ==================================================