******************************************************** DC.Title = J'AI MAL AUX DENTS, MONOLOGUE. DC.Author = FEYDEAU, Georges DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Monologue DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 01/02/2021 à 07:00:08. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/FEYDEAU_JAIMALAUXDENTS.xml DC.Source = DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** J'AI MAL AUX DENTS MONOLOGUE EN VERS dit par SAINT-GERMAIN. 1887. Tous droits réservés GEORGES FEYDEAU PERSONNAGES UN HOMME. J'AI MAL AUX DENTS [UN HOMME]. Vous me voyez ? Eh bien j'enrage. Figurez-vous qu'en cet instant J'aurais une femme, un ménage. Si j'avais été bien portant !... J'arrive droit de la mairie... Mais patatras ! Quel contretemps ! Le jour même où je me marie. C'était prévu ! J'ai mal aux dents. C'est ma faute ! Avant hier dimanche, Avant de rompre tout à fait J'ai voulu dîner avec Blanche Et voici comment tout s'est fait : Nous étions seuls, en tête à tête, Chez Brébant, tout deux fort contents ; Blanche, ô hasard ! n'était point bête ; Moi... je n'avais point mal aux dents. C'était au mieux ! Comme on le pense. Nous avons fait un dîner fin : Bisque, huîtres, tout en abondance : Vin de champagne et Chambertin, Rien n'y manquait ! C'était un rêve. Nous étions si gais, si bruyants ! Et de l'esprit, j'en eus sans trêve : Ah ! Je n'avais pas mal aux dents. Au dessert je devins très tendre ! Je pourrais dire sans façon : Vous n'êtes pas sans me comprendre ! D'ailleurs j'étais toujours garçon ! Blanche était toujours ravissante... Enfin ce fut plein d'agréments... Ah ! Je suis d'une humeur charmante Moi quand je n'ai pas mal aux dents. Bref à dix heures nous partîmes ; Formant cent projets amoureux, Dans le seul fiacre que nous vîmes. Presto nous montâmes tous deux ; Il était ouvert ! C'est terrible, Eh hiver, par le mauvais temps : Juste, il faisait un temps horrible, Un vrai temps pour le mal de dents ! Un froid glacial, de la neige ; Un vrai fait exprès ! L'on conçoit Notre ennui. Bref, que vous dirai-je ? J'avais eu... chaud, il faisait froid ; C'était la mort, le coup suprême. Je gelais dans mes vêtements. « Sapristi, disais-je en moi-même, Je vais attraper mal aux dents ! » Parbleu la chose était bien sûre ! Ça n'a pas manqué !... Ce matin Je trouvais cette boursouflure À ma joue. Ah ! Maudit sapin. Bref, que vouliez-vous que je fisse ? Je pris mon chapeau, mes gants blancs, Et courus sans plus d'artifice Faire soigner mon mal de dents. Et cet homme se dit artiste ! Mais moi, moi qui n'y connais rien, Moi qui ne suis pas un dentiste, J'exercerais tout aussi bien. Et c'est pour ça qu'on fait attendre ? Pour ça que l'on me prend vingt francs ? Non, ces dentistes sont à pendre ! À pendre avec le mal de dents ! Enfin je file à la mairie ; J'arrive... trop tard ! Tous déjà Ont lâché la cérémonie... Seul mon beau-père est resté là. À ma vue il se met en rage ; Et tout se rompt en même temps ! Bref, j'ai raté mon mariage... Et j'ai toujours mon mal aux dents. ==================================================