******************************************************** DC.Title = L'HISTOIRE, COMÉDIE DC.Author = CARMONTELLE, Louis de DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Proverbe DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 08/05/2020 à 13:18:07. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/CARMONTELLE_HISTOIRE.xml DC.Source = DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** L'HISTOIRE. COMÉDIE. VINGT CINQUIÈME PROVERBE. 1822. de CARMONTELLE. À PARIS, chez DELONGCHAMPS, LIBRAIRE RUE DE LA FEUILLADE, n°2, près de la Place des Victoires. PERSONNAGES LA MARQUISE. LA COMTESSE. LE VICOMTE. LE BARON. L'ABBÉ DE FOND-GRAS. LE COMMANDEUR DE CANTAC. DUVAL, valet-de-chambre de la Comtesse. La scène est chez la Comtesse. Extrait de PROVERBES DRAMATIQUES DE CARMONTELLE précédé de la vie de Carmontelle (...), chez DELONGCHAMPS libraire, Tome Premier, 1822. pp. 337-348 L'HISTOIRE SCÈNE PREMIÈRE. La Comtesse, Le Vicomte, Le Baron, La Marquise. LA COMTESSE. Passez donc là, Madame la Marquise. LA MARQUISE. Je suis ici à merveille. S'asseyant. LA COMTESSE. Messieurs, vous avez là des sièges. À la Marquise.C'est bien à vous de venir de bonne heure comme cela. LA MARQUISE. Mais vraiment, j'avais bien peur de ne pouvoir pas sortir ; ma mère ne veut jamais fermer sa porte. Vous savez comme elle est ; heureusement, il n'est venu que des hommes : j'ai dit avant-qu'il arrive quelqu'un, je m'en vais m'échapper ; et je suis venue. LE VICOMTE. Je vous avertis, Mesdames, que si vous attendez la Vicomtesse, vous ne l'aurez pas si tôt. LA COMTESSE. Pourquoi donc ? LE VICOMTE. Parce qu'elle ne finit jamais rien ; et puis le mariage de sa belle-soeur l'occupe ; elle ne sait plus ce qu'elle fait. LA BARON. Je ne savais pas qu'elle se mariât. Qui épouse-t-elle ? LE VICOMTE. Le comte de Florensac. LA BARON. Florensac ! Qu'est-ce que c'est que ce Florensac-là? LE VICOMTE. Ma foi, c'est bien difficile à expliquer. LA MARQUISE. Je m'en vais le lui faire entendre en deux mots. Vous avez connu la grande Comtesse de Brindière, qui avait marié sa fille au Comte d'Hennevaux, qu'on appelait Casse-Tête, parce que c'était un braillard insupportable? LA BARON. Oui, qui avait perdu un oeil à Philipsbourg. LA MARQUISE. C'est cela même. Eh bien, Casse-Tête avait une soeur qui était chanoinesse, et qui eut tout d'un coup trente mille livres de rente de sa tante Lamotte Bouroncourt. LA BARON. Oui, je sais bien tout cela. LA MARQUISE. Le Florensac qui épouse la belle-soeur de la Vicomtesse, est fils de la chanoinesse d'Hennevaux, mariée à Florensac, qui était, je crois, dans la marine. LA BARON. Non, dans la maison du roi. LA MARQUISE. Il me semble que c'est dans la marine. LE VICOMTE. Vous avez raison tous les deux. Il était dans la marine ; mais, par un mécontentement, il a quitté, et il est entré dans la maison du roi. LA COMTESSE. Est-il riche, Vicomte ? LE VICOMTE. Non, pas à présent ; mais d'un moment à l'autre il peut avoir quarante à cinquante mille livres de rente. SCÈNE II. La Comtesse, La Marquise, Le Vicomte, Le Baron, L'Abbé, Duval. DUVAL, annonçant. Monsieur l'abbé de Fond-Gras ! LA COMTESSE. Ah, l'Abbé ! C'est délicieux ! Il ne se fait jamais attendre. L'ABBÉ. Il m'en coûte assez pour cela, mesdames ; je suis bien aise de vous le dire. LA MARQUISE. Comment donc, l'Abbé ? L'ABBÉ. Je viens de perdre quinze louis au whist ; et je n'ai pas voulu de revanche à cause de vous. Mais qui est-ce que vous attendez pour partir ? LA COMTESSE. La Vicomtesse. L'ABBÉ. Vous ne pourrez jamais vous promener ; les jours sont diminués, et vous avez quatre lieues à faire, et la montagne encore. LE BARON. Il n'y a que trois lieues, monsieur l'Abbé. L'ABBÉ. Comme vous voudrez ; mais comme on est toujours deux heures à les faire, j'appelle cela quatre lieues, et bonnes. LA COMTESSE. Ah, messieurs ! Ne disputons pas, je vous en prie. Dites nous plutôt s'il y a quelque chose de nouveau, l'Abbé. L'ABBÉ. Il y a... les mariages. LA MARQUISE. Nous les savons. L'ABBÉ. Et puis l'histoire de Versailles. LA MARQUISE. Qu'est-ce que c'est ? LA COMTESSE. Dites donc ? L'ABBÉ. Elle est très singulière ; comment, est-ce que vous m'en avez pas entendu parler ? LA MARQUISE. Non, vraiment. LA COMTESSE. Vous nous faites languir, l'Abbé ; vous êtes odieux ! L'ABBÉ. Mais c'est que je ne sais pas si je pourrai bien vous la conter. LA MARQUISE. Oh, que oui ! L'ABBÉ. C'est qu'il y a des choses.... Il faudrait.... Le Commandeur y était. LE VICOMTE. Il doit venir ici, le Commandeur. L'ABBÉ. Oh bien, il vous la contera mieux que moi. LE VICOMTE. J'entends quelqu'un ; je parie que c'est lui. LA MARQUISE. Et s'il ne vient pas, nous ne saurons pas l'histoire ? SCÈNE III. La Marquise, La Comtesse, Le Vicomte, Le Baron, L'Abbé, Le Commandeur, Duval. DUVAL, annonçant. Monsieur le commandeur de Cantac. LA MARQUISE. Ah, Commandeur, arrivez donc ! LA COMTESSE. Nous vous attendons avec la plus grande impatience. LE COMMANDEUR, saluant. Mesdames... L'ABBÉ. Asseyez-vous : ces dames voudraient savoir l'histoire de Versailles. LE COMMANDEUR. C'est-à-dire, du chemin de Versailles. L'ABBÉ. Est-ce du chemin ? LE COMMANDEUR. Oui, j'y étais, j'ai tout vu ; ainsi personne ne peut, je crois, vous en mieux rendre compte que moi. LA COMTESSE. C'est agréable de savoir comme cela de la première main. LE COMMANDEUR. Je vous dis, j'ai tout vu. LA MARQUISE. Eh bien, commencez donc. LE COMMANDEUR. Vous pourrez conter cela d'après moi, comme si vous y aviez été. LA COMTESSE. Oui, oui. LE COMMANDEUR. Madame, c'était sur les une heure : non, non, j'avais dîné à Versailles, et je revenais... Attendez, je me trompe ; c'était en allant... Quelle heure était-il? LA MARQUISE. Que fait l'heure ? LE COMMANDEUR. Cela est essentiel. LA COMTESSE. Dites seulement si c'était le matin ou l'après-dînée. LE COMMANDEUR. C'était de jour; mais pour l'heure... Cela ne fait rien. LA MARQUISE, à part. Il me fait mourir. LE COMMANDEUR. Après avoir passé le pont de Sèvres..... LA MARQUISE. De Sèvres, allons. LE COMMANDEUR. De Sèvres ? Oui, oui, vous suivez le chemin. Il y a un endroit où il y a un..... L'ABBÉ. Un fond ? LE COMMANDEUR. Non, non. LE VICOMTE. Une hauteur ? LE COMMANDEUR. Non, mon , un..... LA BARON. Un village ? LE COMMANDEUR. Non pas un village, un... Comment diable est-ce que je vous dirais bien ? Un... Cela ne fait rien ; c'est sur le chemin toujours. LA COMTESSE. Eh bien ? LE COMMANDEUR. Ne vous inquiétez pas, vous ne perdrez pas un mot de l'histoire. Je vis arriver à droite une voiture ; c'était une chaise de poste. Attendez, non ; car il y avait quatre personnes dedans. L'ABBÉ. C'était donc une berline ? LE COMMANDEUR. Ah, oui ! Une berline. Il y avait dedans madame de... Comment appelez-vous une intendante..... - LA MARQUISE. Ah, Madame de Bérouville ? LE COMMANDEUR. Non, non, ce n'est pas Madame de Bérouville ; c'est une grande femme. LA MARQUISE. Madame de Roumont ? LE COMMANDEUR. Non, non, madame de, de..... Cela ne fait rien. Avec elle était son frère, un maître des requêtes, monsieur de..., un gros homme. LA COMTESSE. Ah, Desgraviers ? LE COMMANDEUR. Non, ce n'est pas cela ; c'est de, du.... L'ABBÉ. Du Grandbac ? LE COMMANDEUR. Non, ce nom-là ne me revient jamais. Au.... du... des... cela ne fait rien. L'abbé de chose était à côté de madame de... L'abbé, c'est celui que nous connaissons tous, qui soupa l'autre jour chez madame de.... Eh, l'abbé.... LE VICOMTE. De la Veinière ? LE COMMANDEUR. Non, l'abbé, l'abbé... Un gros visage. LA BARON. L'abbé Despins ? LE COMMANDEUR. Non, l'abbé.... Cela ne fait rien. Vis-à-vis de lui était le Marquis de... Eh, vous savez bien qui je veux dire, qui a eu un régiment il y a trois ans. LE VICOMTE. Un régiment d'infanterie ? LE COMMANDEUR. Non, de cavalerie ; le régiment... Un régiment bleu. LA BARON. Mais ils le sont tous à présent. LE COMMANDEUR. Oui ; mais c'est le régiment de.... LE VICOMTE. Il n'y a qu'à prendre l'État militaire. LE COMMANDEUR. Non, non, je vous le dirai ; le régiment... Cela ne fait rien. Vous connaissez à présent les quatre personnes de la voiture ; comme ils allaient tourner pour aller du côté de... LA MARQUISE. De Versailles ? LE COMMANDEUR. Non, non. LA COMTESSE. C'est donc du côté de Paris ? LE COMMANDEUR. Non, non, pour suivre le grand chemin... Il est arrivé tout d'un coup une chaise de poste qui... Je ne me trompe pas, c'est une chaise, oui. La chaise s'est arrêtée ; il en est sorti... Ils étaient deux ; c'était une diligence. LA MARQUISE. Dites donc qui en est sorti. LE COMMANDEUR. Monsieur de la.... de la.... un conseiller ; non, un président, MONSIEUR de la.... L'ABBÉ. Monsieur de la Ferville ? LE COMMANDEUR. Non pas, non. Monsieur de la.... LA COMTESSE. Le président de Grandcour ? LE COMMANDEUR. Non, ce n'est pas Grandcour. Le président.... Cela ne fait rien. Le président s'est jeté... Attendez, je crois que son nom me revient. LA MARQUISE. Dites, dites où il s'est jeté. LE COMMANDEUR. Tout-à-l'heure. Il tire sa montre. Comment diable ! Il est cinq heures et demie, et l'opéra nouveau que je veux voir ! Il s'en va. LA MARQUISE. Mais, Commandeur... LE COMMANDEUR, revenant. Ah çà, ne me citez pas, parce qu'on n'est pas bien aise dans ces cas-là... Il s'en va. LA COMTESSE. Nous voilà bien instruits. L'ABBÉ. Je vous conterai ce que je sais en chemin. LE VICOMTE. Oui, oui, partons. La Vicomtesse viendra comme elle voudra ; peut-être point. LA COMTESSE. Sonnez un peu, l'Abbé. Il sonne. DUVAL. Que veut Madame ? LA COMTESSE. Les chevaux. DUVAL. Ils sont tout prêts il y a une heure. LA COMTESSE. Allons-nous-en, Marquise. Ils sortent tous. ==================================================