******************************************************** DC.Title = CHANSONS ET MONOLOGUES, CHANSONS et MONOLOGUES DC.Author = BRUAND, Aristide DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Monologue DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 01/05/2024 à 16:08:55. DC.Coverage = (Pays inconnu) DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/BRUAND_CHANSONS01.xml DC.Source = https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1130609 DC.Source.cote = BnF LLA 4-YF-117 (1) DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** CHANSONS ET MONOLOGUES TOME PREMIER - 1 à 17 1896. TOUS DROITS RÉSERVÉS. D'ARISTIDE BRUAND SCEAUX. - Imp. Charaire et Cie. LES PERSONNAGES. UN CHANTEUR. CHANSONS ET MONOLOGUES PHILOSOPHE. ***************** Erreur dans l'interprétation du texte (ligne 372, programme : edition_txt_TOUT.php) Va, mon vieux, va comme j'te pousse, À gauche, à doit', va, ça fait rien, Va, pierr' qui roule amass' pas mousse, J'm'appell' pas Pierre, et je l'sais bien. Quand j'étais p'tit j'm'app'lais Émile, À présent on m'appelle Éloi Va, mon vieux, va, n'te fais pas d'bile, T'es dans la ru', va, t'es chez toi. Va, mon vieux, pouss'-toi d'la ballade En attendant l'jour d'aujord'hui, Va donc, ya qu'quand on est malade Qu'on a besoin d'pioncer la nuit ; Tu t'portes ben, toi, t'as d'la chance, Tu t'fous d'ia chaud, tu t'fous d'la foid, Va, mon vieux, fais pas d'rouspétance. T'es dans la ru', va, t'es chez toi. De quoi donc ?... on dirait d'un merle. Ej'viens d'entende un coup d'sifflet ! Mais non, c'est moi que j'Lâche eun'perle, Sortez donc, Monsieur, s'i' vous plaît! Ah ! mince, on prend des airs de flûte, On s'régal' d'un p'tit quant-à-soi... Va, mon vieux, pèt' dans ta culbute, T'es dans la ru', va, t'es chez toi. D'abord ej'comprends pas qu'on s'gêne, Ej'suis ami d'la liberté. J'fais pas ma Sophi', mon Ugène, Quand ej'pète, ej'dis j'ai pété. Et pis nous somm', en République, On n'est pus su' l'pavé du roi; Va, va, mon vieux, va, pouss' ta chique, T'es dans la ru', va, t'es chez toi. Paris, 1886. À BATIGNOLLES. ***************** Erreur dans l'interprétation du texte (ligne 372, programme : edition_txt_TOUT.php) Sa maman s'appelait Flora, À connaissait pas son papa, Tout' jeune on la mit à l'école, À Batignolles. A poussa comme un champignon, Malgré qu'alle ait r'çu pus d'un gnon, L'soïr, en faisant la cabriole, À Batignolle. Alle avait des magnièr's très bien, Alle était coiffée à la chien, A chantait comme eun' petit' folle, À Batignolles. Quand a s'balladait, sous l'ciel'bleu, Avec ses ch'veux couleur de feu, On croyait voir une auréole, À Batignolles. Alle avait encor' tout's ses dents, Son p'tit nez, ousqui' pleuvait d'dans, Était rond comme eun' croquignolle, À Batignolles. A buvait pas trop, mais assez, Et quand a vous soufflait dans l'nez On croyait r'hifler du pétrole, À Batignolles. Ses appas étaient pas ben gros, Mais je m'disais : Quand on est dos, On peut nager avec eun'sole, À Balignolles. A gagnait pas beaucoup d'argent, Mais j'étais pas ben exigeant !... On vend d'l'amour pour eune obole, À Batignolles. Je l'ai aimée autant qu'j'ai pu, Mais j'ai pus pu lorsque j'ai su Qu'a m'trompait, avec Anatole, À Batignolles. Ça d'vait arriver, tôt ou tard, Car Anatol' c'est un mouchard. La marmite aim' ben la cass'role, À Batignolles. Alors a m'a donné congé, Mais le bon Dieu m'a ben vengé : A vient d'mourir de la variole, À Batignolles. La moral' de c'tte oraison-là, C'est qu'les p'tit's fill's qu'a pas de papa, 1 Doiv'nt jamais aller à l'école, À Batignolles. Paris, 1884. À BIRIBI. ***************** Erreur dans l'interprétation du texte (ligne 372, programme : edition_txt_TOUT.php) Yen a qui font la mauvais' tête Au régiment . I's tir' au cul, i's font la bète Inutil'ment ; Quand i's veul'nt pus fair' l'exercice Et tout l'fourbi, On les envoi' fair' leur service À Biribi. A Biribi c'est en Afrique Où que l'pus fort Est obligé d'poser sa chique Et d'fair' le mort; Où que l'pus malin désespère De fair' chibi, Car on peut jamais s'fair' la paire À Biribi. À Biribi c'est là. qu'on marche, Faut pas flancher ; Quand l'chaouch crie « En avant! Marche ! » Il faut marcher, Et quand on veut fair' des épates, C'est peau d'zébi / On vous fout les fers aux quat' pattes, À Biribi. À Biribi c'est là qu'on crève De soif et d' faim, C'est là qu'i' faut marner sans trêve Jusqu'à la fin !... Le soir on pense à la famille, Sous le gourbi... On pleure encor' quand on roupille, À Biribi. À Biribi c'est là qu'on râle, On râle en rut, La nuit on entend hurler l'mâle Qu'aurait pas cru Qu'un jour i' s'rait forcé d'connaître Mam'zell' Bibi. Car tôt ou tard i' faut en être, À Biribi. On est sauvag', lâche et féroce, Quand on en r'vient... Si par hasard on fait un gosse, On se souvient... On aim'rait mieux, quand on s' rappelle C' qu'on a subi, Voir son enfant à la Nouvelle Qu'à Biribi. Paris, 1891. AU BOIS DE BOULOGNE. ***************** Erreur dans l'interprétation du texte (ligne 372, programme : edition_txt_TOUT.php) Quand on cherche un'femme à Paris, Maint'nant, même en y mettant l'prix, On n'rencontre plus qu'des débris Ou d'la charogne Mais pour trouver c'qu'on a d'besoin, Il existe encore un bon coin, C'est au bout d'Paris. pas ben loin Au bois d'Boulogne. C'est un bois qu'est vraiment rupin / Quant on veut faire un bon chopin, On s'y fait traîner en sapin Et sans vergogne, On choisit tout le long du bois, Car ya que d'la grenouill' de choix ! Et ya mèm' des gonzess's de rois !! Au bois d'Boulogne. Yen a des tas, yen a d'partout De la Bourgogne et du Poitou, De Nanterre et de Montretout, Va d'la Gascogne De Pantin, de Montmorency, De là, d'où, d'ailleurs et d'ici, Et tout ça vient fair' son persil. Au bois d' Boulogne. Ça poudroie ça brille et ça r'luit, Ça fait du train, ça fait du bruit, Ça roul', ça passe et ça s'enfuit ! Ça cri', ça grogne ! Et tout ça va se r'miser, l'soir, À l'écurie ou dans l'boudoir... Puis la nuit tapiss' tout en noir... Au bois d'Boulogne. Alors c'est l'heur' du rendez-vous Des purotins et des filous, Et des escarp' et des marlous Qu'ont pas d'besogne, Et qui s'en vont, toujours par trois, Derrièr' les vieux salauds d'bourgeois, Leur fair' le coup du pèr' François, Au bois d'Boulogne. Paris. 1890. SOULAUD. ***************** Erreur dans l'interprétation du texte (ligne 372, programme : edition_txt_TOUT.php) Ah ça ! Pleut-i pas ou c'qui pleurt ? Sur i' pleut !... Parie eun' chpine. I'fait si tell'ment noir qu'on peut Pas seul'ment voir si i'lanc'quine. Cré nom de Dieu ! C'est épatant ! Pleut-i' ? Pleut-i' pas ? C'est un combe ! Je n'sens rien de rien et pourtant Nom de Dieu ! J'entends ben qu'ça tombe. Sûr i' pleut ! Mêm' que ça coul' dru Ça dégringol' par la gargouille. Jusqu'à présent j'ai toujours cru Qu'quand i'tombe d'l'eau ça vous mouille... Et j'suis pas mouillé... j'suis soulaud. Tiens ! Qu'est-c' que j'sens là l'long d'ma cuisse ? Ah ben ! C'est moi qui lâche d'l'eau... Alors i' pleut pas !... C'est que j'pisse ! Paris, 1886 À LA GLACIÈRE. ***************** Erreur dans l'interprétation du texte (ligne 372, programme : edition_txt_TOUT.php) C'était l'pus beau, c'était l'pus gros, Comm'qui dirait l'Emp'reur des dos, L' gouvernait à la barrière, À la Glacière. Son pèr', qu'est mort à soixante ans, L'avait r'levée aussi dans l'temps; Sa mère avait été daufière, À la Glacière. Lui, quand il était tout petit, l' f'sait des galipet's dans l'lit D'la Bièv', qu'est eun' joli' rivière, À la Glacière. Plus tard i' conduisit les veaux, Après i' fit trotter les ch'vaux, En s'agrippant à leur crinière, À la Glacière. Quand i' fallait r'cevoir un gnon, Ou bouffer l'nez d'un maquignon Il était jamais en errière, À la Glacière. I' racontait, avec orgueil, Qu'i' s'avait fait crever un oeil, Un soir, au coin d'eun' pissotière, À la Glacière. I' parlait aussi d'un marron. D'eun' nuit qu'on yavait sonné l'front, Ça yavait r'tourné la caf'tière, À la Glacière. I' vient d'tomber comme un César, Comme un princ' du sang, comme un czar ; On l'a crevé la s'main' dernière, À la Glacière. C'est pas un gros, c'est un p'tit mac Qui ya mis dl'air dans l'estomac, En y faisant eun' boutonnière, À la Glacière. C'était l'pus beau, c'était l'pus gros, Comm' qui dirait l'Emp'reur des dos, I' gouvernait à la barrière, À la Glacière. Paris, 1886. D'LA BRAISE. ***************** Erreur dans l'interprétation du texte (ligne 372, programme : edition_txt_TOUT.php) Messieurs, dam's, je vous d'mandd' pardon, Je vais vous chanter la chanson : D'la Braise ! Ah ! Voyez-vous, c'est qu'ici-bas, On est à plaindre quand on a pas De Braise ! Ya pas à dir' mon p'tit papa, La plus malin c'est celui qu'a D'la Braise ! Pour être un Monsieur comme il faut, Pour avoir le droit d'parler faut, D'la Braise ! La Braise est un levier puissant, Il faut au petit, comme au grand, D'la Braise! Un pédant, doublé d'un fruit sec, Devient homme d'esprit avec D'la Braise La Braise c'est le nerf du jour, Aussi faut voir ce qu'on fait pour D'la Braise On vend sa plume et son talent, Son coeur, son âme en demandant D'la Braise Au théâtre on s'en va content, Qu'est-c' qu'on vous d'mande en arrivant ? D'la Braise ! L'vestiaire est là, qui vous attend, Faut encor' donner en passant D'la Braise ! Vous montez en criant Du flanc ! L'ouvreus' vous ouvre en vous disant D'la Braise Enfin, l'soir, en vous en allant, Qu'est-c' qu'on vous d'mand' pour le p'tit banc D'la Braise ! À chaque pas, à chaque instant, Il vous faut pour payer comptant D'la Braise ! Vous voulez manger un peu d'pain, Vous voulez boire un verr' de vin. D'la Braise ! Si vous arrêtez un cocher Dans votre poche il faut chercher D'la Braise ! Si vous voulez parler d'amour Il vous faudra pour fair' la cour D'la Braise Votre épous' vous donne un enfant, La nourrice arrive en demandant : D'là Braise ! Pour le nourrir, pour l'élever, Pour l'instruire, il vous faut trouver D'la Braise ! S'il veut une épouse à son goût Il faut lui donner avant tout D'la Braise ! Aujourd'hui, tout se pay' comptant, On trouve un' femme en apportant D'la Braise ! Dans la peine, dans le malheur, Il faut pour calmer la douleur D'la Braise ! Quand vient la saison des frimas, Il faut plaindre ceux qui n'ont pas De Braise ! Riches, pensez aux pauvres gens, Donnez, donnez aux indigents D'la Braise ! Soyons humains, mes bons amis, Puisque la France est le pays D'la Braise ! Bref, je le répèt', tout est là, En tous lieux on vous demand'ra D'la Braise ! Vous v'nez ici vous amuser, Mais faut commencer par donner D'la Braise ! Moi, pour chanter ma p'tit' chanson, Qu'est-c' que j'demande à mon patron ? D'la Braise ! Et l'auteur a fait cett' sci'-là Dans l'espoir qu'ell' lui rapporl'ra D'la Braise ! Paris, 1880. COTIER. ***************** Erreur dans l'interprétation du texte (ligne 372, programme : edition_txt_TOUT.php) Psit! viens ici, viens que j't'accroche, V'là l'omnibus, faut démarrer! Ruhau !... r'cul' donc', hé têt' de boche Tu vas p't'èt' pas t'foute à tirer Au cul ? T'en as assez d'la côte ? T'as déjà soupe du métier ? Mais tu peux pus en faire un aute, Te v'là comm' moi ; te y'ià cotier. Dia ! qué qu'tu f'sais dans ta jeunesse ? T'as p't'-êt' ben couru à Longchamps, T'as p't'-êt' été l'cheval d'Ernesse Quand i'la donnait dans les camps ; Hein, mon colon, tu f'sais ta gueule, Tu marquais l'pas aux porte-sac, Aujord'hui, c'est moi que j't'engueule Psit ! viens ici, hé ! Cavaignac. Quéqu' tu r'gard'? eun' jument qui pisse ; Ça t'fait donc encor' de l'effet ? Vrai, j' t'aurais pas cru si novice, Les femm's tiens. Il crache. V'là l'effet qu'ça m' fait. Viens, mon salaud, viens, guide à gauche, T'es trop vieux, va, pour dérailler, D'ailleurs, c'est pour ça qu'on t'embauche Tu n'es pus bon qu'à travailler. Ça t'étonn' ?... ben vrai, tu m'épates : C'est la vi'... faut porter l'licou Tant qu'on tient un peu su' ses pattes Et tant qu'on peut en foute un coup. Et pis après, c'est la grand' sorgue, Toi, tu t'en iras chez Maquart, Moi, j'irai p't'-êt' ben à la Morgue, Ou ben ailleurs... ou ben auf part. Paris, 1888. LE BOULEVARD DES ÉTUDIANTS. ***************** Erreur dans l'interprétation du texte (ligne 372, programme : edition_txt_TOUT.php) Nous sommes tous garçons D'assez joyeuse mine, Nous prenons des leçons De droit et de méd'cine, Le matin, nous partons De notre observatoire, Pour aimer, rire et boire, Et le soir nous chantons En r'montant, En r'montant Le boul'vard Saint-Miche, En remontant, En r'montant Le boul'vard des Étudiants ! En r'montant, En r'montant Le boul'vard Saint-Miche, · En r'montant, En r'montant Le boul'vard des Étudiants. Quand nous r'cevons d' l'argent, La chose est assez rare, Nous descendons gaiement En fumant un cigare, Nous gaspillons notre or ; Puis au bout de la s'maine, Nous sommes dans la gène, Mais nous chantons encor En r'montant, En r'montant Le boul'vard Saint-Miche, En r'montant, En r'montant Le boul'vard des Étudiants ! En r'montant, En r'montant Le boul'vard Saint-Miche, En r'montant. -En r'montant Le boul'vard des Etudiants. C'est le joyeux quartier Où bell's et souriantes, Au bras d'un bachelier Vont les étudiantes ; Elles ont pour tout bien Des faux ch'veux, d'la peinture Qu'ell's s'mett'nt sur la figure, Mais, l' soir on n'y voit rien. En r'montant, En r'montant Le boul'vard Saint-Miche, En r'montant, En r'montant Le boul'vard des Étudiants En r'montant, En r'montant Le boul'vard Saint-Miche, En r'montant, En r'montant Le boul'vard des Étudiants. On y rencontre aussi La gentille Musette, Joyeuse, sans souci, Et Mimi la coquette Dans le quartier latin Elles sont immortelles, Mais toujours infidèles À deux heur's du matin. En r'montant, En r'montant Le boul'vard Saint-Miche, En r'montant, En r'montant Le boul'vard des Étudiants En r'montant, En r'montant Le boul'vard Saint-Miche, En r'montant, En r'montant Le boul'vard des Étudiants. Combien de sommités Du droit, de la méd'cine, Font les collets montés Et renfrognent leur mine, Et pourtant, comme nous, Ils s'en allaient naguère Au bal de la Chaumière Et chantaient comm' des fous : En r'montant, En r'montant Le boul'vard Saint-Miche, En r'montant, En r'montant Le boul'vard des Etudiants ! En r'montant, En r'montant Le boul'vard Saint-Miche, En r'montant, En r'montarit Le boul'vard des Etudiants. Le vieil esprit français, Le sourir' de Voltaire, Le rir' de Rabelais, La gaîté de Molière S'y donnent rendez-vous Et souvent, à l'aurore, On les rencontre encore Rentrant bras d'ssus bras d'ssous. En r'montant, En r'montant Le boul vard Saint-Miche, En r'montant, En r'montant Le boul'vard des Étudiants! En r'montant, En r'montant Le boul' vard Saint-Miche, En r'montant, En r'montant Le boul'vard des Etudiants. Paris, 1880. BELLEVILLE-MÉNILMONTANT. ***************** Erreur dans l'interprétation du texte (ligne 372, programme : edition_txt_TOUT.php) Papa, c'était un lapin Qui s'app'lait J.-B. Chopin Et qu'avait son domicile, À Bell'ville ; L'soir, avec sa p'tit' famille, I' s'balladait, en chantant, Des hauteurs de la Coutille, À Ménilmontant. I'buvait si peu qu'un soir On l'a r'trouvé su' l'trottoir, Il'tait crevé ben tranquille, À BellVille, On l'a mis dans d'la terr' glaise, Pour un prix exorbitant, Tout en haut du Pèr'-Lachaise, À Ménilmontant. Depis, c'est moi qu'est l'sout'neur Naturel à ma p'tit' soeur, Qu'est l'ami' d'la p'tit' Cécile, À Bell'ville Qu'est sout'nu' par son grand frère, Qui s'appelle Eloi Constant. Qu'a jamais connu son père, À Ménilmontant. Ma soeur est avec Eloi, Dont la soeur est avec moi, L'asoir, su' l'boul'verd, ej'la r'file, À Belle'ville ; Comme' ça j'gagne' pas mal de braise, Mon beau-frère en gagne autant, Pisqu'i r'fil ma soeur Thérèse, À Ménilmontant. L'dimanche, au lieu d'travailler, J'mont' les môm' au poulailler, Voir jouer l'drame ou l',vaud'ville, À Bell'ville; Le soir, on fait ses épates, On étal' son culbutant, Mine' des g'noux et larg' des pattes, À Ménilmontant. C'est comm' ça qu'c'est l'vrai moyen D'dev'nir un bon citoyen / On grandit, sans s'fair' de bile, À Bell'ville, On cri' Viv' l'Indépendance 1 On a l'coeur bath et content, Et l'on nag' dans l'abondance, À Ménilmontant. Paris, 1885. PUS D'PATRONS. ***************** Erreur dans l'interprétation du texte (ligne 372, programme : edition_txt_TOUT.php) J'suis républicain socialisse, Compagnon, radical ultra, Révolutionnaire, anarchisse, Eq'coetera. Eq?coetera. Aussi j'vas dans tous les métingues, Jamais je n'rate un'réunion, Et j'pass' mon temps chez les mann'zingues Oùs qu'on prêch' la Révolution. C'est vrai que j'comprends pas grand'chose À tout c'qu'y dis'nt les orateurs, Mais j'sais qu'i's parl'nt pour la bonn' cause Et qu'i's tap'nt su' les exploiteurs. Pourvu qu'on chine l'ministère, Duc d'Aumale (1822-1897) : Henri d'Orléans, fils de Louis-Philippe, général et homme politique. Qu'on engueul' d'Aumale et Totor, Et qu'on parl' de fout' tout par terre J'applaudis d'achar et d'autor. C'est d'un' simplicité biblique. D'abord faut pus d'gouvernement, Pis faut pus non pus d'République. Pus d'Sénat et pus d'Parlement, Pus d'salauds qui vit à sa guise, Pendant qu'nous ont un mal de chien... Pus d'lois, pus d'armé', pus d'église, Faut pus d'tout ça..., faut pus de rien ! Alors c'est nous qui s'ra les maîtres, C'est nous qui f'ra c'que nous voudrons, Yaura pus d'chefs, pus d'contremaitres, Pus d'directeurs et pus d'patrons Minc' qu on pourra tirer sa flemme, On f'ra tous les jours el' lundi § Oui.;; mais si n'ya pus d'latronspème, Qui qui fra la paye l'samedi? Paris, 1899. À LA CHAPELLE. ***************** Erreur dans l'interprétation du texte (ligne 372, programme : edition_txt_TOUT.php) Quand les heur' a tomb'nt comm' des glas, La nuit quand i' fait du verglas, Ou quand la neige à s'amoncelle, À la Chapelle, On a frio, du haut en bas, Car on n'a ni chaussett's, ni bas On transpir' pas dans d'la flanelle, À la Chapelle. On a beau s'payer des souliers, On a tout d'mêm' frisquet aux pieds, Car les souliers n'ont pas d'semelle, À la Chapelle. Dans l'temps, sous l'abri, tous les soirs, On allumait trois grands chauffoirs, Pour empêcher que l'peupe i' gèle, À la Chapelle. Alors on s'en foutait du froid ! Là-d'ssous on était comm' chez soi, El' gaz i' nous servait d'chandelle, À [la] Chapelle. Mais l'quartier d'venait trop rupin, Tous les sans-sou, tous les sans-pain Radinaient tous, mêm' ceux d'Grenelle, À la Chapelle. Et v'là porquoi qu'l'hiver suivant On n'nous a pus foutu qu'du vent, Et l'vent n'est pas chaud, quand i' gèle, À la Chapelle. Aussi, maint'nant qu'on n'a pus d'feu, On n'se chauff' pus, on grinche un peu. La Nouvelle : Ancien quartier de Paris situé dans l'actuel 9ème arrondissement. L' fait moins froid à la Nouvelle Qu'à la Chapelle. Paris, 1888. URSULE !. ***************** Erreur dans l'interprétation du texte (ligne 372, programme : edition_txt_TOUT.php) Un soir d'été, l'anné' dernière, Nous nous promenions tous les deux, L'eau clapotait dans la rivière Et la lune brillait aux cieux ; Mon coeur soupirait à se fendre, Ta main s'appuyait sur mon bras, L'amour accourait nous surprendre, Et moi je te disais tout bas Ah ! U ! ah ! Ursule ! V'là mon coeur qui brûle § Pour éteindr' le feu, le feu qu'j'ai dans l'coeur, Il faudrait un' pompe, un' pompe, un' pompe, Il faudrait un' pompe, un' pompe à vapeur ! Du soir, la brise parfumée S'mêlait aux soupirs de langueur De ta douce haleine embaumée, C'était comme un bouquet de fleurs... Moi, qu'aim' les beautés d'la nature, J'admirais ton large escarpin, Qui marchait en battant la m'sure Pendant qu'l'autr' rabotait l'chemin, Ah ! U ! ah ! Ursule! V'là mon coeur qui brûle Pour éteindr' le feu, le feu qu'j'ai dans l'cceur, Il faudrait un' pompe, un' pompe, un' pompe, II faudrait un' pompe, un' pompe à vapeur § Le rossignol, sous la charmille, Égrenait ses accents joyeux, La brise berçait la chenille Blotti' dans son cocon soyeux, Les lapins couraient sur l'herbette, Et les grenouilles au marais Coassaient une chansonnette, Pendant que moi, je répétais : Ah ! U ! ah ! Ursule ! V'là mon coeur qui brûle ! Pour éteindr' le feu, le feu qu'j'ai dans l'cOeur, Il faudrait un' pompe, un' pompe, un' pompe, Il faudrait un' pompe, un' pompe à vapeur! L'herbe poussait dans la prairie, Les oiseaux dormaient dans les bois, Rien ne troublait ma rêverie, Rien.;; si ce n'est ta douce voix. Tu m'disais si bien Je t'adore, Tu me donnais des noms d'oiseau, Et moi, je répétais encore Je t'aime en beuglant comme un veau / Ah ! U ! ah ! Ursule ! Vlà mon coeur qui brûle Pour éteindr' le feu, le feu qu'j'ai dans l'coeur, Il faudrait un' pompe, un' pompe, un' pompe, Il faudrait un' pompe, un pompe à vapeur ! Depuis cette douce soirée Mon pauvre coeur a du bobo, Ma pauvre âme est tout éplorée, Et j'ai toujours .le vertigo; Tu sais bien c'que j'te d'mande, en somme,. C'est de répondre à mes accents, Tu s'rais la femme à ton p'tit homme, Et moi j's'rais l'pèr' de tes enfants. Ah ! U ! ah ! Ursule ! V'là mon coeur qui brûle ! Pour éteindr' le feu, le feu qu'j'ai dans l'coeur, II faudrait un' pompe, un' pompe, un' pompe, II faudrait un' pompe, un' pompe à vapeur! Paris, 1877. LE PEUPLE. ***************** Erreur dans l'interprétation du texte (ligne 372, programme : edition_txt_TOUT.php) Si vous voulez bien m'écouter, Mes bons amis, j'vais vous chanter Le Peuple, Le Peuple dont nous sommes tous Grands ou petits, car, voyez-vous, Le Peuple, C'est la grand' famille aujourd'hui, Tout le monde s'adresse à lui Le Peuple Est devenu fort et puissant, Et j'me fais gloir' d'être un enfant Du Peuple. Le peuple est tout 'et ce n'est rien, C'est le mond', c'est un citoyen, Le Peuple, C'est vous, c'est nous, c'est lui, c'est toi, C'est un vagabond, c'est un roi, Le Peuple, C'est un nouveau-né qui vagit, C'est un vieux tigre qui rugit, Le Peuple, C'est un Océan indompté, Qui gronde, dans l'immensité, Le Peuple. Dans l'industrie et dans les arts Il s'est taillé de larges parts Le Peuple ! Combien d'artistes, des plus grands, Sont fiers d'être sortis des rangs Du Peuple ! Papin, Jacquart et Vaucanson Fur'nt élevés dans le giron Du Peuple ! Aussi qui revendiqu' l'honneur D'avoir découvert la vapeur ? Le Peuple. En fait d'écrivains, d'orateurs, De savants, de littérateurs, Le Peuple A fourni son p'tit contingent. Ah c'est qu'il est intelligent Le Peuple ! Beaucoup prétend'nt qu'il est méchant, Moi, j'soutiens qu'il est bon enfant, Le Peuple ! S'il se bat pour la Liberté... Il prêche la Fraternité, Le Peuple La Bastille, ce vieux rempart Des rois, fut enfin rasé' par Le Peuple. Hardi, brave comme un lion, En pleine révolution, Le Peuple Marchait sans peur à l'ennemi Ils en étaient ceux de Valmy Du Peuple, Ils en étaient les Augereau, Les Kléber, les Hoch', les Marceau, Du Peuple. Enfin, on n'en finirait pas S'il fallait compter les soldats Du Peuple : Héros, va-nu-pieds des combats, Artist's, crèv'-la-faim, tous soldats Du Peuple, Soldats du burin, du fusil, De la pensée ou de l'outil... Le Peuple !... Le peuple en a semé partout. Français ! Il est toujours débout, Le Peuple Paris, 1881. UNE DRÔLE D'AVENTURE. ***************** Erreur dans l'interprétation du texte (ligne 372, programme : edition_txt_TOUT.php) Un soir que j'rentrais un peu tard, Un peu trop tard, Il pleuvait, j'étais sans riflard, J'suis pas veinard, Je barbotais comme un canard, Sur le boul'vard, Quand de loin j'aperçois un' belle ; Comme elle avait son en-tout-cas, J'n'en avais pas, Je l'accoste et lui dis tout bas, Ah mais très bas Mam'zell', ne voudriez-vous pas, En pareil cas, Me recevoir sous votre ombrelle ? Moi je voulais bien, elle voulait pas, Vlà pourquoi qu'ça n'marchait guère, Moi je voulais bien, elle voulait pas, i Vlà pourquoi qu'ça n'marchait pas. Bis Voyant ça, j'me mets à chanter, Pour l'enchanter : Mad'moisell', daignez m'écouter, Sans m'abriter, L'histoir' que j'vais vous raconter Sans la vanter Pourrait p't-êtr' ben fair' votre affaire : Malgré la pluie et l'mauvais temps, Quel fichu temps Je cherche depuis bien longtemps, Depuis cinq ans, Un' fille arrivée à trente ans, Sans accidents, Pour la conduir' d'vant Mosieu l'Maire. Moi je voulais bien, elle voulait pas, Vlà pourquoi qu'ça n'marchait guère, Moi je voulais bien, elle voulait pas, Vlà pourquoi qu'ça n'marchait pas. bis. La bell' se met à m'rire au nez Ah mais sous l'nez ! En m'répondant : Vous m'étonnez, D'où qu'vous sortez ? Un' jeun' fill' comm' vous la voulez. Vous comprenez, J'sais pas si l'on en trouve encore. Puisque vous êt's en si beau ch'min, Pauvr' petit daim, Vous pouvez chercher jusqu'à d'main, Demain matin, Et j'vous réponds qu' vous s'rez malin, Ah très malin. Si vous dénichez c'météore. Moi je voulais bien, elle voulait pas, V'là pourquoi qu'ça n'marchait guère, Moi je voulais bien, elle voulait pas, V'là pourquoi qu'ça n'marchait pas. bis. Ma foi, Mam'zell', tant pis pour vous, Car entre nous, Si j'étais d'venu votre époux, Le croiriez-vous, J'vous aurais couvert' de bijoux, J'ai des gros sous, Oui, je suis riche et j'ai l'coeur tendre... Vraiment, m'répond-elle aussitôt, En f'sant un saut, Pourquoi qu't'as pas dit ça plus tôt, Mon p'tit nigaud, Moi, j'suis jm' jeun' fill' comme il faut... Très comme il faut, Nous pourrions p't-êt' ben nous entendre ! Elle voulait bien, moi je voulais plus, Vlà pourquoi qu'ça n'marchait guère, Elle voulait bien, moi je voulais plus, Vlà pourquoi qu'ça n'marchait plus ! Elle voulait bien, moi je voulais plus, Vlà pourquoi qu'ça n'marchait guère, Elle voulait bien, moi je voulais plus, Vlà pourquoi qu'ça n'marchait plus ! Paris, 1878. À LA BASTILLE. ***************** Erreur dans l'interprétation du texte (ligne 372, programme : edition_txt_TOUT.php) Son papa s'appelle Abraham, Il est l'enfant du macadam, Tout comm' sa môme en est la fille, À la Bastille. À quinze ans a s'app'lait Nini, All'tait grosse et grass' comme un I, A f'sait des travaux à l'aiguille, À la Bastille. Quand alle eût seize ans révolus, A s'app'lait.;;; je n'me l'rappell' pus, A s'prom'nait autour de la grille, À la Bastille. On la rencontrait tous les soirs, Parfois l'éclat d'ses grands yeux noirs Faisait pâlir la lun' qui brille, À la Bastille. Maint'nant a sert dan' eun' maison Où qu'on boit d'la bière à foison, Et du Champagne qui pétille, À la Bastille. Ses tables sont un rendez-vous Les jeunes, les vieux y vont tous, I' faut voir comme a' les étrille, À la Bastille. Mais si ses clients sont nombreux, I' paraît qu'i's sont tous heureux / Alle est si bonne et si gentille, À la Bastille. Pour eun' thune a' r'tir' son chapeau, Pour deux thun' a' r'tir' son manteau, Pour un sigue on la déshabille, À la Bastille. Alle a pas encore eu d'amant, Alle a qu'son père et sa maman, C'est ell' qui soutient sa famille, à la Bastille. Son papa s'appelle Abraham, Il est l'enfant du macadam, Tout comm' sa môme en est la fille, À la Bastille. Paris, 1886. TONDEUR DE POILS DE TORTU. ***************** Erreur dans l'interprétation du texte (ligne 372, programme : edition_txt_TOUT.php) Comm' c'est drôle, ya tout's sort's de gens Ya des gens bons, des gens d'affaires, Ya des gens noirs, ya des gens blancs, Ya des gens qu'est propriétaires, Des gendarm's qui d'mand'nt : D'où qu'tu viens ? À des gens qui n' demandent rien. Y a mèm' des gens qu'est cocu ! Moi... J'suis tondeur de poils de tortu' ! Tiens, c'est comm' les femm's, oh ! là là ! C'en est encore un' ritournelle Menteus's, trompeus's et coetera. Yen a pas un' qui soit fidèle. Pourtant, j'dois l'dire à leur honneur, J'en connais quéqu'un's qu'ont bon coeur. Mais j'peux pas croire à leur vertu. J'suis tondeur de poils de tortu' Un soir, à trois heur's du matin, J'flànais... quand un agent m'accoste, J'y dis : J'peux pas r'trouver mon ch'min. I m'répond : J'vas vous m'ner au poste ; Quéqu' vous fait's ? Quel est vot' métier ? Moi j'y réponds : Mon brigadier, J'fais un métier qu'est ben connu : J'suis tondeur de poils de tortu' ! Et l'autr' jour, v'là que l'Président M'disait (à la correctionnelle) On vous voit ici trop souvent, Mais j'y réponds que bagatelle ! Ya vraiment pas d'quoi m'en vouloir, Moi j'suis content quand j'viens vous voir. D'ailleurs, je n'suis pas l'premier v'nu. J'suis tondeur'de poils de tortu' ! C'est comm' quand r'vienn'nt les élections De c'qu'on appell' la politique, Ils vous en font des professions D'foi d'puis qu'on est en République. Mais j'leur z'y dis : C'est comm' des pommes, J'coup' pas là-d'dans, moi, mes brav' hommes ! J'suis pas d'aujourd'hui... j'ai vécu... Et puis... J'suis tondeur de poils de tortu' Bref, aujourd'hui, c'est dégoûtant ! Dans quel siècl' qu'on vit, ô misère ! Quand vot' femm' vous donne un enfant On n'sait plus quoi qu'on doit en faire ! Yen a qui mett'nt leur fils soldat, Méd'cin ou notaire, avocat, Mais ya qu'un métier qu'est ben vu C'est l'tondeur de poils de tortu' Paris, 1881. ==================================================