******************************************************** DC.Title = PROPRIÉTAIRE ET LOCATAIRE, COMÉDIE. DC.Author = BEISSIER, Fernand DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Comédie DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 05/07/2023 à 08:07:43. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/BESSIER_LOCATAIRE.xml DC.Source = https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57435258 DC.Source.cote = BnF LLA 8-YF-673 DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** PROPRIÉTAIRE ET LOCATAIRE GUIGNOL LOCATAIRE 1894 Tous droits réservés. FERNAND BESSIER IMPRIMERIE GÉNÉRALE de Chatillon-sur-seine. - [...] PERSONNAGES. GUIGNOL. LE CONCIERGE. MAÎTRE FURET. LE PROPRIÉTAIRE. LE GENDARME. LE COMMISSAIRE. La chambre de Guignol. PROPRIÉTAIRE ET LOCATAIRE SCÈNE PREMIÈRE. GUIGNOL, entrant. Plus moyen de trouver un sou ! C'est fini. Mon pauvre Guignol, tu y es. Mais là, en plein, dans la panade. J'ai visité tous mes amis ; ceux qui avaient ne voulaient pas; ceux qui voulaient, n'avaient pas. Comment faire ? Ce qui me gêne le plus, c'est mon propriétaire. Voilà trois fois qu'il envoie le concierge ; et voilà trois fois que je prie cet estimable fonctionnaire de revenir. Et il revient toujours ! Il y a des gens qui ont vraiment de la constance. Et puis payer, c'est bien facile à dire. Il faut pouvoir. Quelle invention bête que les créanciers, et que ces gens-là sont vraiment mal appris de venir nous réclamera tout instant ce qu'on a eu la faiblesse de leur emprunter ! En attendant je vais me coucher. Je rêverai peut-être que je suis millionnaire, et que c'est moi qui suis à mon tour le créancier de ma propriétaire. Il passerait un joli quart d'heure, je ne vous dis que ça. Allons ! Au moment où il va pour sortir, on entend frappera la porte.On frappe ! Qui peut bien venir à cette heure ? Si c'était la fortune ! Elle ne s'annoncerait pas autrement. On frappe encore.On y va ! On y va ! Il va ouvrir.Le concierge ! Encore. Ah ! Il m'ennuie à la fin ! SCÈNE II. Le concierge, Guignol, puis Maître Furet. GUIGNOL. Encore vous ! LE CONCIERGE. Encore moi ! Tout à votre service. GUIGNOL. Et quel heureux hasard me procure l'honneur de votre visite ? LE CONCIERGE. Oh ! Mon Dieu, pas grand'chose. Lui montrant un papier.Ceci. GUIGNOL. Quoi ? LE CONCIERGE. Votre quittance de loyer. GUIGNOL. Je ne lis jamais ces choses-là. LE CONCIERGE. Il ne s'agit pas de lire, mais de payer. GUIGNOL. Payer ? Pourquoi faire ? LE CONCIERGE. Comment ! Pourquoi faire ? GUIGNOL. Oui, expliquez-moi ! Parce que, au fond, voyez-vous, moi je ne demande pas mieux que de payer. LE CONCIERGE, joyeux. Vous allez payer ! GUIGNOL. Je ne dis pas cela. LE CONCIERGE. Mais vous devez ? GUIGNOL. Je ne l'ai jamais nié. LE CONCIERGE, en colère. Ainsi vous ne voulez pas payer ! GUIGNOL. Oh ! Fi, le vilain homme, qui me parle dans le nez. LE CONCIERGE. Une fois, deux fois, trois fois, vous ne voulez pas ! GUIGNOL. Si... LE CONCIERGE. Ah ! GUIGNOL. Combien dois-je ? LE CONCIERGE. Trente-deux francs. GUIGNOL. Parfait. Payez pour moi, prêtez m'en dix-huit et ce sera cinquante francs que je vous devrai. LE CONCIERGE. Ah ! C'est ainsi ! Vous voulez vous moquer de moi ! Vous allez voir. Se tournant vers la porte.Entrez, maître Furet. Maître Furet entre. GUIGNOL. Qu'est-ce que c'est que ça ! LE CONCIERGE. Ça ! C'est un huissier. GUIGNOL. Il en a bien l'air. MAÎTRE FURET. Insolent ! GUIGNOL. Ah ! Tu sais, toi ! Ne m'échauffe pas la bile, ou je cogne. LE CONCIERGE. Ne prêtez pas attention à ce que dit cet homme, et faites votre devoir. MAÎTRE FURET. Je vais inventorier. GUIGNOL. Inven... quoi ! LE CONCIERGE. Inventorier votre mobilier. GUIGNOL. Mon mobilier ? MAÎTRE FURET. Aux fins de saisie. Il écrit. Item : une table, dito.. GUIGNOL, à part. Attends, je vais t'en donner de l'item et du dito. LE CONCIERGE. Et surtout n'oubliez rien. MAÎTRE FURET, écrivant toujours. Soyez tranquille... Rien ne m'échappe ! GUIGNOL. Tu ne m'échapperas pas, non plus, vieux melon ! MAÎTRE FURET. Vous dites ? GUIGNOL. Je dis : vieux melon ! MAÎTRE FURET. J'avais bien entendu. Je vous remercie. LE CONCIERGE. Avez-vous tout noté, tout écrit ? MAÎTRE FURET. J'ai tout noté. GUIGNOL, qui est allé chercher un bâtai. Et ça ! Il lui en donne des coups sur la tête et sur le dos.Et ça ! Notez ! Écrivez ! N'oubliez rien. Mais écrivez donc ! Et aïe donc ! Et aïe donc ! LE CONCIERGE. Au secours ! GUIGNOL. Ah ! Tu en veux aussi ! Distribution générale. Il lui donne des coups de bâton.Pas de jaloux ! Il y en a pour tout le monde. LE CONCIERGE et MAÎTRE FURET. À l'assassin ! GUIGNOL, les poursuivant et les frappant toujours. Voulez-vous bien vous taire ! Vous allez ameuter le quartier. Le concierge et maître Furet, après une poursuite folle, s'enfuient en criant. GUIGNOL. Et aïe donc ! Et aïe donc ! Ouf ! M'en voilà débarrassé ! C'est dur un concierge et un huissier. J'aurais dû me munir d'un balai neuf. Regardant son balai.Ils m'en ont laissé le manche. Je vais maintenant pouvoir dormir tranquille. On frappe.Encore ? Serait-ce un autre huissier ? Attends. On frappe.Quelle baraque que celte maison ! On ne peut pas rester une heure en repos. SCÈNE III. Le propriétaire, Guignol. Le propriétaire entre, en bonnet grec, robe de chambre. GUIGNOL. Tiens ! C'est mon propriétaire, mon aimable propriétaire, mon adorable propriétaire! LE PROPRIÉTAIRE. Oui ! Monsieur Guignol, c'est moi. Je... GUIGNOL. Vous allez bien ? LE PROPRIÉTAIRE. Très bien. Je viens pour.... GUIGNOL. Et votre femme ? Chaque fois que le propriétaire veut parler, il l'arréte.Et vos enfants ? Votre petit dernier ! En voilà un qui est mignon par exemple ! Tout votre portrait. Mange-t-il bien ? Dort-il bien ? Et votre chien est-il guéri ? Et votre chat l'avez-vous retrouvé ?... LE PROPRIÉTAIRE. Mais me laisserez-vous parler à la fin... GUIGNOL. Vous ne me répondez pas... LE PROPRIÉTAIRE. J'ai bien autre chose à faire. Il parait que vous ne voulez pas sortir d'ici ? Vous ne voulez pas payer, et vous voulez rester ? GUIGNOL. Je me trouve si bien. LE PROPRIÉTAIRE. Ça m'est égal. GUIGNOL. Je préfère voire maison à foules les autres. Le schah de Perse m'a fait offrir un de ses palais. - J'ai refusé. LE PROPRIÉTAIRE. Vous avez roué de coups mon concierge et mon huissier. GUIGNOL. Moi ! Oh ! Si on peut dire ! LE PROPRIÉTAIRE. Oui ! - Ils sont arrivés chez moi, criant au secours, disant que vous aviez voulu les tuer. GUIGNOL. Il y a des gens qui exagèrent tout. LE PROPRIÉTAIRE. Vous ne les avez pas roués de coups ? GUIGNOL. Non. J'ai tout bonnement pris mon balai comme ceci, puis je me suis approché comme cela, et vlan, vlan, tout doucement,je leur ai secoué un peu leurs vêtements ? Tout en disant cela, il a pris le balai et frappe sur le propriétaire. LE PROPRIÉTAIRE. Merci, je comprends. GUIGNOL. Vous voyez bien. Et maintenant bonsoir, je vais me coucher. LE PROPRIÉTAIRE. Vous coucher ? Vous allez sortir d'ici, et tout de suite ! Vous ne me payez pas, je vous mets dehors. GUIGNOL. Dehors ! Répète un peu ça peur voir, vieille morue ! LE PROPRIÉTAIRE. Morue ! GUIGNOL. Espèce de chauffe la couche ! LE PROPRIÉTAIRE. Chauffe la couche ! GUIGNOL. Melon, si tu aimes mieux ! Mais voyez-moi donc ce pot à tabac, à qui je fais des politesses depuis une heure, et qui parle de me chasser ! Essaye un peu pour voir ! LE PROPRIÉTAIRE. Ah ! C'est trop fort ! - Je ne serai pas maître chez moi ? GUIGNOL. Chez toi ? On n'est jamais sûr d'être chez soi ! LE PROPRIÉTAIRE. Je suis propriétaire. GUIGNOL. Quand tu serais le Grand Turc ! Allons, houste ! File ou je cogne. LE PROPRIÉTAIRE. Il oserait. GUIGNOL. Tu vas voir. Il cogne. LE PROPRIÉTAIRE. À l'assassin ! À la garde! Au secours ! À moi ! GUIGNOL, même jeu. Mais ne crie donc pas comme ça ! On croirait que je te fais du mal 1 Ils se battent. LE PROPRIÉTAIRE. À la garde ! Le propriétaire cherche à prendre le bâton ; - il s'empare d'un bout, Guignol de l'autre. SCÈNE IV. Guignol, Le Propriétaire, Le Gendarme. Il passe d'abord doucement la tète et regarde. LE GENDARME. Qui appelle au secours ? LE PROPRIÉTAIRE. Moi ! Monsieur le gendarme. - Entrez. - Je tiens l'assassin. LE GENDARME. Il n'y a pas de danger, je peux donc entrer. Il entre. LE PROPRIÉTAIRE. Venez ! Venez m'aider à punir cet homme, qui a osé lever la main sur moi... GUIGNOL. Oh ! La main, le balai tout au plus. LE GENDARME. La main ? - Le balai ? Voyons, expliquez-vous sur ce point.Voilà, c'est monsieur qui, malgré moi, n'a pas voulu sortir d'ici... LE GENDARME. Sapristi ! Si vous parlez tous les deux à la fois, nous ne pourrons jamais nous entendre !... GUIGNOL. La voix est plus forte pourtant, en parlant à deux. LE GENDARME. Possible ! Mais un gendarme n'écoute pas comme les autres. LE PROPRIÉTAIRE. Voici le fait... GUIGNOL, l'interrompant. Non, voici... LE PROPRIÉTAIRE, même jeu. Monsieur... GUIGNOL, id. Est venu ! LE PROPRIÉTAIRE, id. Je suis venu. LE GENDARME. Qui ?... GUIGNOL. Moi ! LE GENDARME. Lui... GUIGNOL. Non... LE PROPRIÉTAIRE. Oui... LE GENDARME. Comprends plus. GUIGNOL. C'est pourtant bien simple ! LE PROPRIÉTAIRE. Très simple. Monsieur ne veut pas s'en aller. GUIGNOL. Non, c'est lui qui veut rester. LE GENDARME. Eh bien alors ? LE PROPRIÉTAIRE. Mais puisque je vous dis... LE GENDARME. Silence ! Je comprends bien, mais je ne saisis pas encore. GUIGNOL. Si nous remettions cela à demain ? LE PROPRIÉTAIRE. Comment, Gendarme, vous n'allez pas le conduire en prison ? LE GENDARME. Si ça peut vous être agréable ! D'ailleurs vous avez raison. Vous vous expliquerez bien mieux devant le commissaire. Allons, en route ! LE PROPRIÉTAIRE. Moi aussi ? LE GENDARME. Parbleu ! Tous les deux. GUIGNOL. C'est bien fait! LE PROPRIÉTAIRE. Ah ! Bandit ! Tu me le paieras. GUIGNOL. C'est ce que nous verrons. LE GENDARME. Allons, en roule ! Ah ! Sapristi, j'ai oublié mon sabre. GUIGNOL. Ça ne fait rien, je cognerai s'il ne marche pas. LE PROPRIÉTAIRE, furieux. Moi, un propriétaire,chez le commissaire I LE GENDARME, criant. Tout le monde chez le commissaire. Allons, en route ! GUIGNOL, frappant sur le propriétaire. Allons, en route ! LE PROPRIÉTAIRE, appelant. Gendarme ! GUIGNOL. Marchez donc ! LE GENDARME. C'est juste. Marchons ! ACTE II Chez le commissaire. SCÈNE PREMIÈRE. Le Commissaire et Le Gendarme entrent. LE COMMISSAIRE. Ainsi, Gendarme, les prisonniers sont là ? LE GENDARME. Ils sont là ! LE COMMISSAIRE. Tous ? LE GENDARME. Deux ! LE COMMISSAIRE. Deux seulement ? LE GENDARME. Ils n'étaient que deux, je ne pouvais pas en arrêter trois ! LE COMMISSAIRE. Qui sait ! Enfin deux, c'est quelque chose, j'ai là votre rapport. Vous êtes entré, pendant qu'on criait au secours, vous avez vu deux hommes qui se battaient ? LE GENDARME. Je les ai arrêtés. LE COMMISSAIRE. Vous avez eu raison. Il faut toujours arrêter ! Sans cela nous n'aurions rien à faire ; je vais les interroger. Faites-les venir. LE GENDARME. Tous les deux ? LE COMMISSAIRE. Tous les deux. Le gendarme sort. SCÈNE II. Le Commissaire, Le Gendarme, Guignol, Le Propriétaire. LE COMMISSAIRE. Ah ! C'est vous les prisonniers ! Approchez. GUIGNOL. Voilà. LE PROPRIÉTAIRE. Monsieur, je... LE COMMISSAIRE. Silence ! LE GENDARME, glapissant. Silence ! LE PROPRIÉTAIRE. Mais au moins... LE COMMISSAIRE. Silence ! LE GENDARME, id. Silence ! LE COMMISSAIRE. Maintenant, parlez. LE PROPRIÉTAIRE. Je suis propriétaire ! J'ai loué une chambre à monsieur ; cette chambre... LE COMMISSAIRE. Arrivez à l'affaire. LE PROPRIÉTAIRE. Mais j'y arrive, que diable ! Donnez-moi le temps ! LE COMMISSAIRE. Silence ! LE GENDARME, glapissant. Silence ! LE PROPRIÉTAIRE. Il... LE COMMISSAIRE. Suffit ! J'ai compris! LE PROPRIÉTAIRE. Mais je ne vous ai pas expliqué... LE COMMISSAIRE. Silence ! LE GENDARME, id. Silence ! LE COMMISSAIRE. À l'autre. Approchez-vous. GUIGNOL, s'approche. Votre nom ? GUIGNOL, bégayant. Je... je... ne... ne... Criant.Aïe ! LE COMMISSAIRE. Comment il ne... ne... GUIGNOL. C'est le pro... pro... Criant.Aïe ! LE COMMISSAIRE. Eh bien ! Qu'est-ce qu'il a fait le pro... pro... GUIGNOL. Coup... coup... coup... À part.Aïe ! LE COMMISSAIRE. Il a fait le coucou. GUIGNOL, fait signe que non. Non. LE COMMISSAIRE. Non !... Ce garçon-là est idiot... GUIGNOL, bégayant. Oui... oui... oui... LE COMMISSAIRE. Il avoue au moins, celui-là. Voyons à vous, gendarme, rajoutez-moi ce qui s'est passé. LE GENDARME. Voilà ! J'entre, je trouve ces deux particuliers, criant, et tenant chacun un bout d'un grand balai. LE COMMISSAIRE. Qui tapait ? LE PROPRIÉTAIRE, désignant Guignol. Lui... GUIGNOL, désignant le propriétaire. Lui... Criant. Aïe ! LE COMMISSAIRE, au propriétaire. C'est donc vous ? LE PROPRIÉTAIRE. Mais pas du tout. LE COMMISSAIRE. Puisqu'il crie aïe ! C'est qu'il a du mal. LE PROPRIÉTAIRE. Mais c'est moi qui devrais crier. LE COMMISSAIRE. Silence ! LE GENDARME, glapissant. Silence ! GUIGNOL. C'est le coup... coup... coup... qui m'a... m'a... m'a... le... le... LE COMMISSAIRE. J'y suis. Appelant. Gendarme ! LE GENDARME. Présent ! LE COMMISSAIRE. Ce garçon était-il aussi idiot quand vous l'avez arrêté ? LE GENDARME. Je ne crois pas. LE COMMISSAIRE. Alors c'est clair ! Ce sont les coups qui lui ont paralysé la langue. D'ailleurs il se plaint. À Guignol. Ça vous fait donc bien mal ? GUIGNOL, bégayant. Oui... oui... oui... Criant.Aïe!... LE COMMISSAIRE. J'en étais sûr. LE PROPRIÉTAIRE. Mais ce n'est pas vrai ; c'est un menteur, monsieur le Commissaire. Il n'est pas bègue... Vous vous trompez. LE COMMISSAIRE. La justice ne se trompe jamais. LE GENDARME. Jamais ! LE PROPRIÉTAIRE. Mais c'est moi qui ai reçu les coups. LE COMMISSAIRE. Prouvez-le. Où sont les marques ? LE PROPRIÉTAIRE. Je n'en ai pas, heureusement. LE COMMISSAIRE. Et bien alors ! Lui, il en a au moins ! Vous voyez que j'ai raison ; donc c'est vous que je condamne. LE PROPRIÉTAIRE. Condamné, moi ! Pour avoir voulu me faire payer ce qu'on me devait. Elle est trop forte ! LE COMMISSAIRE. C'est jugé. Il n'y a plus à revenir. LE PROPRIÉTAIRE. Mais... LE COMMISSAIRE. Silence ! LE GENDARME. Silence ! GUIGNOL. Silence ! LE COMMISSAIRE. Vous resterez eu prison, jusqu'à sa guérison. LE PROPRIÉTAIRE. Jusqu'à sa guérison ! Mais c'est affreux ! LE COMMISSAIRE. Gendarme ! Emmenez monsieur, en prison, et ce pauvre garçon à l'hôpital. LE PROPRIÉTAIRE. Ah ! Le gueux ! Le pendard ! J'étouffe ! LE COMMISSAIRE. N'insultez pas votre victime ! GUIGNOL, criant. Aïe ! Il s'approche du propriétaire. - Bas.Dites donc, mon bon propriétaire, mon aimable propriétaire, si vous voulez, me donner quittance de mon terme, je vais essayer de guérir tout de suite. LE PROPRIÉTAIRE. Ah ! Le brigand ! Monsieur le Commissaire, venez donc voir comme il mentait. LE COMMISSAIRE. Quoi ? GUIGNOL, criant très fort. Aïe !... Là, là, là! Aïe ! LE COMMISSAIRE, au propritïaire. Vous, si vous recommencez, je double la dose. En prison, et jusqu'à la guérison de ce pauvre malheureux. GUIGNOL, au propriétaire. Eh bien ! LE PROPRIÉTAIRE. Tiens ! Voilà la quittance ! Voilà tout! Mais dis vite que tu es guéri. GUIGNOL, bas. Merci. Haut.M'sieur le commissaire, je suis guéri. LE COMMISSAIRE. Ah ! Bah ! LE PROPRIÉTAIRE. Quand je vous le disais ! LE COMMISSAIRE. Je ne me trompe jamais, n'est-ce pas, Gendarme ? LE GENDARME. Jamais ! LE COMMISSAIRE. Vous n'irez pas en prison, mais vous paierez l'amende tout de même. GUIGNOL, au propriétaire. Moralité : il ne faut jamais tracasser son locataire. LE GENDARME. Lirelonlaire ! GUIGNOL, lui donnant un coup de bâton sur la tête. Salue donc mieux que ça.Lirelonla ! Au public. Ainsi finit la comédie. ==================================================