******************************************************** DC.Title = DC.Author = BARY, René DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Dialogue DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 30/09/2024 à 19:13:00. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/BARY_FEINTISE.xml DC.Source = https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1097097 DC.Source.cote = BnF LLA Z-20072 DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** DE LA FEINTISE CONVERSATION XXX. XCVIII. AVEC PRIVILÈGE DU ROI. PAR RENÉ BARY, Conseiller et Historiographe du Roi. Achevé d'imprimer pour la première foi le 24 jour de mars 1662. Les exemplaires ont été fournis ACTEUR. CÉSARION. MARCELIN. CERINDE. FELONTE. Texte extrait de "L'esprit de cour, ou Les conversations galantes, divisées en cent dialogues, dédiées au Roi.", René Bary, Paris : de C. de Sercy, 1662. pp 191-197. DE LA FEINTISE Césarion et Marcelin, traitent de pacifique un brave qui est de leurs amis, afin que Cerinde qui a de l'aversion pour les gens de guerre, puisse souffrir sa recherche. CÉSARION. Si l'honneur suivait toujours la bravoure, je condamnerais la demeure perpétuelle que vous faites à la campagne, parce qu'en vous défendant d'aller à la guerre, vous vous défendriez d'aller à la gloire : mais un homme qui n'est point en faveur, n'est guère en estime ; un homme qui n'est point en crédit. n'est guère en réputation. On me dira peut-être que l'exercice de la vaillance est aimable de soi-même, et qu'un bien qui est aimable de soi-même, doit affaiblir toutes les autres considérations. Ces sentiments sont raisonnables, on ne le peut nier : mais si les plus grands héros de l'Antiquité ont eu des fins fastueuses, où trouvera-t-on des Hommes qui soient braves, et qui ne soient pas ambitieux ? Où trouvera-t-on des hommes qui soient du Monde, et qui n'en aiment pas la fumée ? MARCELIN. Si l'ambition, comme vous dites, eut été bannie des Anciens, à quoi eussent servi les Couronnes et les privilèges, les Inscriptions et les Triomphes ? Ces remarques nous apprennent que les Hommes sont Hommes, c'est à dire qu'ils sont faibles, et que quelque amour qu'ils aient pour la vertu, ils ont de l'inclination pour la vanité. CERINDE. Encore si l'on ne s'appauvrissait point sous tous la cuirasse, je pourrais être la première à blâmer ceux qui ne vont point à l'Armée : mais qui ne sait qu'on est ordinairement mal payé, qu'il faut faire de grandes dépenses, et qu'à moins d'être puissamment riche, il faut de deux choies l'une, ou ruiner sa maison, ou ruiner ses hôtes. FELONTE, ou le Pacifique supposé. Comme l'argent est la source de tous les biens, la pauvreté est la source de tous les maux. CÉSARION. Quelque état qu'on fasse du courage, on le doit considérer comme un don inhumain. MARCELIN. L'on ne peut justement combattre votre proposition, elle est vraie ; les plus grands courages ont été les plus grands bouchers ; et ceux qui ont reçu le plus d'honneur aux villes, ont été ceux qui ont détruit le plus d'hommes à la Campagne. CÉSARION. Quand le courage ne serait pas sanguinaire, il ne mériterait pas qu'on en si grand état ; il se trouve souvent chez les personnes les plus viles. MARCELIN. Ne parlons plus de la vertu qui fait des plaintifs, parlons de la passion qui fait des contents. FELONTE. Je ne sais pas quand l'amour me fera favorable, il y a longtemps qu'il m'est fâcheux. CERINDE. La persévérance couronne les services. MARCELIN. Ha ! Que cette parole est obligeante ! CÉSARION. Elle donne de l'espérance. FELONTE. Elle donne ce que je n'ai point. CERINDE. Ou vous ne connaissez pas vos avantages, ou vous devez aspirer à de grands Partis. FELONTE. Je ne combattrai point les louanges que vous me donnez, je respecte tout ce qui vient de vous : mais si je suis ce que vous supposez, je puis donc prétendre quelque part à vos bonnes grâces. CERINDE. Vous n'êtes pas malaisé à contenter, c'est ce qui console mes semblables: mais si j'avais à contracter quelque attache, je voudrais que ce fut avecque une personne qui ne dépendit point du son de la Trompette. CÉSARION. Monsieur est à votre bienséance, il ne se propose point de faire des veuves. CERINDE. Voulez-vous être la caution de ce que vous avancez. CÉSARION. Très volontiers. CERINDE. Voila de beaux acheminements ! FELONTE. Tout de bon. CERINDE. Je dis ce que je pense. FELONTE. Quoi que cette réponse favorablement accompagnée de je ne sais quelle prononciation qui semble ne correspondre pas à l'honneur qu'elle me fait, je la reçois pourtant avecque tant de tendresse, que je n'ai jamais été si agréablement ému. CERINDE. Je vois bien que vous êtes extrêmement sensible, et que pour conserver votre vie, il est à propos que je ménage mes faveurs. MARCELIN. Croyez-moi, Mademoiselle, résolvez vous à cet obligeante cruauté ; le plaisir lui rendrait un mauvais office. CERINDE. Je suivrai votre avis. FELONTE. Ha ! Ne le suivez pas. Si je ne meurt de joie, je mourrai de douleur. ==================================================