Occurences de l'expression

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pour MARIVAUX

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FÉLICIE (1750)

  1. Aussi le plaisir d'être avec vous, qui est toujours si grand pour moi, ne m'a-t-il jamais été si sensible. (Acte 1, scène 1, FÉLICIE)
  2. Je m'en fie à votre tendresse, elle m'en a sans doute donné tout ce qu'il m'en faut. (Acte 1, scène 1, FÉLICIE)
  3. Songez que c'est peut-être de tous les dons le plus dangereux que vous choisissez, Félicie. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  4. Peut-être que je ne le suis pas autant que je l'ai cru. (Acte 1, scène 1, FÉLICIE)
  5. N'importe : puisque vous le voulez, soyez aimable autant qu'on le peut être. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  6. C'est-à-dire que vous voulez en être sûre. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  7. Vous vous en réjouissez ; je ne sais si vous ne devriez pas en être inquiète. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  8. et je croyais être encore auprès de notre demeure. (Acte 1, scène 1, FÉLICIE)
  9. Vous n'en êtes pas éloignée non plus ; mais ne vous embarrassez de rien : quoi qu'il en soit, votre coeur va trouver ici tout ce qui peut déterminer son goût. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  10. Je ne sais tout ce que cela signifie ; mais je la trouve charmante, et je serai ravie d'être avec elle : nous ne nous quitterons donc point ? (Acte 1, scène 2, FÉLICIE)
  11. Votre union dépend de vous ; gardez toujours cette qualité dont elle porte le nom, et vous serez toujours ensemble. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  12. Votre retraite m'afflige. (Acte 1, scène 2, FÉLICIE)
  13. Non, j'y entends du bruit ; tournons plutôt de l'autre côté ; je le crois plus sûr pour vous. (Acte 1, scène 3, LA-MODESTIE)
  14. Est-ce qu'on m'y fera un crime d'être jolie, dans ce pays galant ? (Acte 1, scène 3, FÉLICIE)
  15. Non ; mais je prévois de l'autre côté les pièges qu'on y pourra tendre à votre coeur, et franchement, j'ai peur que nous ne nous y perdions. (Acte 1, scène 3, LA-MODESTIE)
  16. Sous le prétexte qu'on est aimable, on n'osera pas se montrer ; il ne faudra rien voir, toujours s'enfuir, et ne s'occuper qu'à faire la sauvage ? (Acte 1, scène 3, FÉLICIE)
  17. Je ne crois point cela du tout ; il vaudrait mieux être laide : je redemanderais la médiocrité des agréments que j'avais, si cela était ; et à vous entendre dire, ce serait une vraie perte pour une fille que de perdre sa laideur ; ce serait lui rendre un très mauvais service que de la rendre aimable, et on ne l'a jamais compris de cette manière-là. (Acte 1, scène 3, F?LICIE)
  18. Parce qu'ils sont inutiles pour qui les méprise, et qu'en les fuyant d'un côté, on peut les trouver d'un autre. (Acte 1, scène 3, FÉLICIE)
  19. Quelle antipathie avez-vous pour l'autre ? (Acte 1, scène 3, FÉLICIE)
  20. Que ne m'a-t-on dit que c'était le plus grand malheur du monde que d'être jolie, puisqu'il faut être esclave des conséquences de son visage ? (Acte 1, scène 3, FÉLICIE)
  21. Je me suis donc étrangement trompée ; j'ai souhaité d'être aimable, afin qu'on m'aimât dès qu'on me verrait, ce qui est assurément très innocent ; et il se trouverait que, selon vos chicanes, ce serait afin qu'on ne me vît jamais : en vérité, je ne saurai goûter ce que vous me dites. (Acte 1, scène 3, FÉLICIE)
  22. Puisque vous êtes la Modestie, on est bien aise d'avoir votre approbation. (Acte 1, scène 3, FÉLICIE)
  23. Allez-vous encore trembler là-dessus ? (Acte 1, scène 3, FÉLICIE)
  24. J'entends aussi du bruit de l'autre côté ; écoutez, je crois qu'on y chante. (Acte 1, scène 3, LA-MODESTIE)
  25. J'aurais bien voulu voir ce qui se passe de l'autre côté. (Acte 1, scène 4, FÉLICIE)
  26. Mais voici bien autre chose ; regardez à votre tour, et voyez à gauche ce beau jeune homme qui vient de paraître, accompagné de ces jolis chasseurs, et qui nous salue ; il ne nous épargne pas non plus les avances. (Acte 1, scène 5, FÉLICIE)
  27. Peut-être ne connaissez-vous pas ces lieux, et vous voyez l'envie que j'ai de vous y servir. Ne me refusez pas d'entrer chez moi ; je chéris la vertu, et vous y serez en sûreté. (Acte 1, scène 5, DIANE)
  28. Votre jeunesse et vos charmes vous exposent ici ; n'hésitez point ; croyez-moi, suivez le conseil que je vous donne. (Acte 1, scène 5, DIANE)
  29. Voici un jeune homme qui vous distrait, et qui pourtant mérite bien moins votre attention que moi. (Acte 1, scène 5, DIANE)
  30. Beauté céleste, je règne dans ces cantons ; j'ose assurer qu'ils sont les plus riants ; daignez les honorer de votre présence. (Acte 1, scène 5, LUCIDOR)
  31. Non, je vous l'avoue, il n'y a rien d'égal à l'embarras où vous me mettez tous deux ; car je ne saurais prendre l'un que je ne laisse l'autre ; et le moyen d'être partout ! (Acte 1, scène 5, FÉLICIE)
  32. Vraiment, je sais bien que vous n'y feriez pas tant de façons ; vous en parlez bien à votre aise. (Acte 1, scène 5, FÉLICIE)
  33. Autre injustice. (Acte 1, scène 5, FÉLICIE)
  34. Je suis sûre qu'il vous en coûte pour me résister, et que votre coeur me regrette. (Acte 1, scène 5, DIANE)
  35. Pour innocents, j'en suis persuadée ; il serait inutile de m'en proposer d'autres. (Acte 1, scène 5, FÉLICIE)
  36. Il vous dit qu'ils sont innocents, mais ils cessent bientôt de l'être. (Acte 1, scène 5, DIANE)
  37. Mais prenons toujours ceux-ci qui se présentent, et qui sont permis ; voyons ce que c'est, et puis nous irons aux vôtres : est-ce que j'y renonce ? (Acte 1, scène 5, FÉLICIE)
  38. Je sais toujours votre avis, à vous, sans que vous le disiez. (Acte 1, scène 5, FÉLICIE)
  39. Elle est partie ; il ne vous reste plus que moi, Félicie, et peut-être nous séparons-nous aussi. (Acte 1, scène 5, LA-MODESTIE)
  40. Que nous sommes différents l'un de l'autre ! (Acte 1, scène 6, LUCIDOR)
  41. Je ferais ma félicité d'être toujours avec vous : oui, Félicie, vous êtes les délices de mes yeux et de mon coeur. (Acte 1, scène 6, LUCIDOR)
  42. Si vous continuez sur ce ton-là, je pourrai bien avoir tort d'être ici. (Acte 1, scène 6, FÉLICIE)
  43. Vos regards me pénètrent ; ils sont des traits de flamme. (Acte 1, scène 6, LUCIDOR)
  44. Quel autre discours voulez-vous que je vous tienne ? (Acte 1, scène 6, LUCIDOR)
  45. Si votre coeur n'a pas besoin d'elle, le mien n'est pas de même, entendez-vous ? (Acte 1, scène 8, FÉLICIE)
  46. Quel besoin le vôtre en a-t-il ? (Acte 1, scène 8, LUCIDOR)
  47. Si je m'écarte, je ne reviendrai peut-être plus. (Acte 1, scène 8, LA-MODESTIE)
  48. Pour ce commencement-là, il n'est pas difficile : oui, j'y consens ; quand je ne le voudrais pas, il n'en serait ni plus ni moins, ainsi, il vaut autant vous le permettre. (Acte 1, scène 9, FÉLICIE)
  49. votre compagne n'y est plus. (Acte 1, scène 9, LUCIDOR)
  50. On est donc, à cet égard-là, les maîtres de sa destinée ? (Acte 1, scène 9, LUCIDOR)
  51. Vous frémissez de songer que je serais votre époux ? (Acte 1, scène 9, LUCIDOR)
  52. N'est-il pas de votre intérêt que je sois estimable ? (Acte 1, scène 9, FÉLICIE)
  53. Vous permettre de m'aimer, vous l'entendre dire, vous aimer moi-même, à la bonne heure, passe pour cela ; s'il y entre de la faiblesse, elle est excusable ; on peut être tendre et pourtant vertueuse ; mais vous me proposez d'être insensée, d'être extravagante, d'être méprisable ; oh ! (Acte 1, scène 9, F?LICIE)
  54. Je suis fâchée contre vous ; je ne vous reconnais point à ce trait-là. (Acte 1, scène 9, F?LICIE)
  55. Vous parlez de vertu, Félicie, les dieux me sont témoins que je suis aussi jaloux de la vôtre que vous même, et que je ne songe qu'à rendre notre séparation impossible. (Acte 1, scène 9, LUCIDOR)
  56. Pouvez-vous abandonner notre amour au hasard ? (Acte 1, scène 9, LUCIDOR)
  57. Les témoins les plus sacrés ne sont-ils pas votre coeur et le mien ? (Acte 1, scène 9, LUCIDOR)
  58. Notre sort n'est assuré que par là. (Acte 1, scène 9, LUCIDOR)
  59. Puisqu'il le faut, donnez-moi, de grâce, un quart_d_heure pour me résoudre ; mon esprit est tout en désordre ; je ne sais où je suis, laissez-moi me reconnaître, n'arrachez rien au trouble où je me sens, et fiez-vous à mon amour ; il aura plus de soin de vous que de moi-même. (Acte 1, scène 9, FÉLICIE)
  60. Je suis perdu ; votre compagne reviendra, vous la rappellerez. (Acte 1, scène 9, LUCIDOR)
  61. Je n'ai pas le courage de vouloir l'être. (Acte 1, scène 10, FÉLICIE)
  62. Tâchez d'ouvrir les yeux sur votre état. (Acte 1, scène 10, LA-MODESTIE)
  63. Je ne saurais ; je soupire de mon état, et je l'aime ; de peur d'en sortir, je ne veux pas le connaître. (Acte 1, scène 10, FÉLICIE)
  64. Servez-vous de votre raison. (Acte 1, scène 10, LA-MODESTIE)
  65. Pressez-la, Madame ; vos discours la ramèneront peut-être. (Acte 1, scène 11, LA-MODESTIE)
  66. Non, dès qu'elle ne veut pas de vous, qui devez être sa plus intime amie, elle n'est pas en état de m'entendre. (Acte 1, scène 11, DIANE)
  67. Non, je ne risque rien : Lucidor est plein d'honneur, il m'aime ; je sens que je ne vivrais pas sans lui ; on me le refuserait peut-être, je l'épouse ; il est question d'un mariage qu'il me propose avec toute la tendresse imaginable, et sans lequel je sens que je ne puis être heureuse : ai-je tort de vouloir l'être ? (Acte 1, scène 11, FÉLICIE)
  68. Le vôtre me rend-il justice ? (Acte 1, scène 12, LUCIDOR)
  69. Notre union sera-t-elle éternelle ? (Acte 1, scène 12, LUCIDOR)
  70. Elles me quittent, elles disparaissent toujours à votre aspect, et je ne sais pourquoi. (Acte 1, scène 12, FÉLICIE)
  71. Cette autre dame qui désapprouve que vous veniez dans nos cantons, quand j'offre d'aller avec vous dans les siens ? (Acte 1, scène 12, LUCIDOR)
  72. Est-ce ainsi que vous traitez, que vous recevez un amant qui vous adore, un époux qui va faire sa félicité de la vôtre, et qui ne veut respirer que par vous et pour vous ? (Acte 1, scène 12, LUCIDOR)
  73. De ma compagne et de l'autre dame. (Acte 1, scène 12, FÉLICIE)
  74. Elles haïssent notre amour, vous ne l'ignorez pas ; venez, vous dis-je ; votre injuste résistance me désespère ; partons. (Acte 1, scène 12, LUCIDOR)
  75. Et qu'il est doux de me revoir entre vos bras ! (Acte 1, scène 13, FÉLICIE)
  76. Félicie, vous êtes instruite ; je ne vous ai pas perdue de vue, et vous avez mérité notre secours, dès que vous avez eu la force de l'implorer. (Acte 1, scène 13, LA-FEE)

LA DOUBLE INCONSTANCE (1724)

  1. Ne faut-il pas être raisonnable ? (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  2. Non, il ne faut pas l'être, et je ne le serai point. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  3. Cependant, je ne veux point avoir de raison : et quand vous recommenceriez cinquante fois votre cependant, je n'en veux point avoir : que ferez-vous là ? (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  4. Et moi, je hais la santé, et je suis bien aise d'être malade ; ainsi, vous n'avez qu'à renvoyer tout ce qu'on m'apporte, car je ne veux aujourd'hui ni déjeuner, ni dîner, ni souper ; demain la même chose. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  5. Je ne veux qu'être fâchée, vous haïr tous tant que vous êtes, jusqu'à tant que j'aie vu Arlequin, dont on m'a séparée : voilà mes petites résolutions, et si vous voulez que je devienne folle, vous n'avez qu'à me prêcher d'être plus raisonnable, cela sera bientôt fait. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  6. Que c'est votre souverain qui vous aime. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  7. Je ne l'empêche pas, il est le maître : mais faut-il que je l'aime, moi ? (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  8. Songez que c'est sur vous qu'il fait tomber le choix qu'il doit faire d'une épouse entre ses sujettes. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  9. Voyez les honneurs qu'il vous fait rendre, le nombre de femmes qui sont à votre suite, les amusements qu'on tâche de vous procurer par ses ordres. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  10. Qu'est-ce qu'Arlequin au prix d'un prince plein d'égards, qui ne veut pas même se montrer qu'on ne vous ait disposée à le voir ? (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  11. Madame, ouvrez les yeux, voyez votre fortune, et profitez de ses faveurs. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  12. Je suis votre serviteur. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  13. Mon serviteur, qui me vantez tant les honneurs que j'ai ici, qu'ai-je affaire de ces quatre ou cinq fainéantes qui m'espionnent toujours ? (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  14. Arlequin chantait mieux que tout cela, et j'aime mieux danser moi-même que de voir danser les autres, entendez-vous ? (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  15. Peut-être aussi qu'on le maltraite... (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  16. Ce qu'elle dit, seigneur, ma foi, ce n'est pas la peine de le répéter, il n'y a rien encore qui mérite votre curiosité. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  17. Eh non, seigneur, ce sont de petites bagatelles dont le récit vous ennuierait, tendresse pour Arlequin, impatience de le rejoindre, nulle envie de vous connaître, désir violent de ne vous point voir, et force haine pour nous ; voilà l'abrégé de ses dispositions, vous voyez bien que cela n'est point réjouissant ; et franchement, si j'osais dire ma pensée, le meilleur serait de la remettre où on l'a prise. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  18. Avec une femme, nous irions notre train ; celle-ci nous arrête, cela nous avertit d'un prodige, n'allons pas plus loin. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  19. Je vous avoue, Flaminia, que nous risquons beaucoup à lui montrer son amant, sa tendresse pour lui n'en deviendra que plus forte. (Acte 1, scène 2, LE-PRINCE)
  20. Oui, qu'on l'arrête autant qu'on pourra ; vous pouvez lui promettre que je le comblerai de biens et de faveurs, s'il veut en épouser une autre que sa maîtresse. (Acte 1, scène 2, LE-PRINCE)
  21. Non, la loi qui veut que j'épouse une de mes sujettes me défend d'user de violence contre qui que ce soit. (Acte 1, scène 2, LE-PRINCE)
  22. Il faudra mettre à profit l'ignorance où elle est de votre rang ; on l'a déjà prévenue que vous ne la verriez pas sitôt ; je me charge du reste, pourvu que vous vouliez bien agir comme je voudrai ! (Acte 1, scène 2, FLAMINIA)
  23. Il n'est pas besoin, la voilà qui entre ; adieu, je vais au-devant d'Arlequin ! (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  24. Quel meurtre ! (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  25. Non, elle n'est pas nécessaire : il s'agit ici d'un homme simple, d'un villageois sans expérience, qui s'imagine que nous autres femmes d'ici sommes obligées d'être aussi modestes que les femmes de son village ; oh ! (Acte 1, scène 3, FLAMINIA)
  26. la modestie de ces femmes-là n'est pas faite comme la nôtre ; nous avons des dispenses qui le scandaliseraient ; ainsi ne regrette plus tes mouches, et mets-en la valeur dans tes manières ; c'est de ces manières dont je te parle ; je te demande si tu sauras les avoir comme il faut ? (Acte 1, scène 3, FLAMINIA)
  27. Il faut en effacer cela ; tu mets je ne sais quoi d'étourdi et de vif dans ton geste, quelquefois c'est du nonchalant, du tendre, du mignard ; tes yeux veulent être fripons, veulent attendrir, veulent frapper, font mille singeries ; ta tête est légère ; ton menton porte au vent ; tu cours après un air jeune, galant et dissipé ; parles-tu aux gens, leur réponds-tu ? (Acte 1, scène 3, FLAMINIA)
  28. Que diantre, qu'est-ce que cette maison-là et moi avons affaire ensemble ? (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  29. Je suis un honnête homme, à présent votre domestique : je ne veux que vous servir, et nous n'allons pas plus loin. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  30. Honnête homme ou fripon, je n'ai que faire de vous, je vous donne votre congé, et je m'en retourne ! (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  31. Vous êtes bien impertinent d'arrêter votre maître ? (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  32. C'est un plus grand maître que vous qui vous a fait le mien. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  33. Quand vous le connaîtrez, vous parlerez autrement. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  34. Vous savez où elle est, mon ami, mon valet, mon maître, mon tout ce qu'il vous plaira ? (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  35. Que je suis fâché de n'être pas riche, je vous donnerais tous mes revenus pour gages. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  36. Écoutez, j'ai bien autre chose à vous dire ! (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  37. Je vous dis que vous la verrez : mais il faut que je vous entretienne auparavant. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  38. Cet homme-là a trouvé votre maîtresse fort aimable. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  39. Il y a une petite difficulté : il en est devenu amoureux, et souhaiterait d'en être aimé à son tour. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  40. Qu'il fasse donc l'amour ailleurs ; car il n'aurait que la femme, moi, j'aurais le coeur, il nous manquerait quelque chose à l'un et à l'autre, et nous serions tous trois mal à notre aise. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  41. Seigneur Arlequin, croyez-moi, faites quelque chose pour votre maître. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  42. Il ne peut se résoudre à quitter Silvia, je vous dirai même qu'on lui a prédit l'aventure qui la lui a fait connaître, et qu'elle doit être sa femme ; il faut que cela arrive, cela est écrit là-haut. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  43. Eh morbleu, on ne prétend pas vous faire du mal ; nous avons ici d'aimables filles, épousez-en une, vous y trouverez votre avantage. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  44. Oui-da, que je me marie à une autre, afin de mettre Silvia en colère et qu'elle porte son amitié ailleurs ! (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  45. Quand il vous plaira, vous irez de l'une à l'autre. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  46. À ce compte, je donnerai donc ma maîtresse pour avoir le plaisir de déménager souvent ? (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  47. Je conviens que vous ne serez point en danger de mettre ce domestique-là dehors : mais ne seriez-vous pas sensible au plaisir d'avoir un bon équipage, un bon carrosse, sans parler de l'agrément d'être meublé superbement ? (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  48. Vous êtes un grand nigaud, mon ami, de faire entrer Silvia en comparaison avec des meubles, un carrosse et des chevaux qui le traînent ; dites-moi, fait-on autre chose dans sa maison que s'asseoir, prendre ses repas et se coucher ? (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  49. Eh morbleu, il n'y a pas de raison à vous d'avoir une autre voiture que la mienne. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  50. Vous m'avez promis de me montrer Silvia, et un honnête homme n'a que sa parole. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  51. Imaginez-vous ce qu'il y a de meilleur, de plus friand en viande et en poisson : vous l'aurez, et pour toute votre vie. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  52. Allons, seigneur Arlequin, faites-vous un sort heureux ; il ne s'agira seulement que de quitter une fille pour en prendre une autre. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  53. J'en suis fâché, mais il n'y a rien à faire ; le coeur de Silvia est un morceau encore plus friand que tout cela : voulez-vous me la montrer, ou ne le voulez-vous pas ? (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  54. Vous l'entretiendrez, soyez-en sûr, mais il est encore un peu matin ! (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  55. Il est vrai que la vôtre m'a trompée, et voilà comme on a souvent tort de se prévenir en faveur de quelqu'un. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  56. Point du tout : il n'y a point de mal à voir ce que les gens nous montrent ; ce n'est point moi qui ai tort de vous trouver coquette, c'est vous qui avez tort de l'être, Mademoiselle ! (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  57. Comment est-ce que les garçons à la cour peuvent souffrir ces manières-là dans leurs maîtresses ? (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  58. Vous parlez de Silvia, c'est cela qui est aimable ; si je vous contais notre amour, vous tomberiez dans l'admiration de sa modestie. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  59. Je vous avoue, seigneur, que si j'étais vaine, je n'aurais pas mon compte ; j'ai des preuves que je puis déplaire, et nous autres femmes nous nous passons bien de ces preuves-là. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  60. Je ne gouvernerais pas deux coeurs de cette espèce-là, moi qui l'ai entrepris, moi qui suis opiniâtre, moi qui suis femme ? (Acte 1, scène 8, FLAMINIA)
  61. Seigneur, vous pouvez en toute sûreté ordonner les apprêts de votre mariage, vous arranger pour cela ; je vous garantis aimé, je vous garantis marié, Silvia va vous donner son coeur, ensuite sa main ; je l'entends d'ici vous dire : Je vous aime ; je vois vos noces, elles se font ; Arlequin m'épouse, vous nous honorez de vos bienfaits, et voilà qui est fini. (Acte 1, scène 8, FLAMINIA)
  62. Faites donc à votre fantaisie. (Acte 1, scène 8, LE-PRINCE)
  63. On ne vous honore donc pas, vous autres ? (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  64. Voilà une drôle de façon d'honorer un honnête homme, que de mettre une troupe de coquins après lui : c'est se moquer du monde ! (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  65. Quand je vous dis que nous ne méritons pas d'avoir des gens à notre suite, ce n'est pas que nous manquions d'honneur ; c'est qu'il n'y a que les personnes considérables, les seigneurs, les gens riches, qu'on honore de cette manière-là : s'il suffisait d'être honnête homme, moi qui vous parle, j'aurais après moi une armée de valets ! (Acte 1, scène 10, TRIVELIN)
  66. À présent je vous comprends ; que diantre ! (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  67. Je le crois bien, c'était mon intention ; par bonheur ce n'est qu'un malentendu, et vous devez être bien aise d'avoir reçu innocemment les coups de bâton que je vous ai donnés. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  68. Sur ce pied-là ce n'est pas grand-chose que d'être honoré, puisque cela ne signifie pas qu'on soit honorable. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  69. Mais on peut être honorable avec cela. (Acte 1, scène 10, TRIVELIN)
  70. Ma foi, tout bien compté, vous me ferez plaisir de me laisser là sans compagnie ; ceux qui me verront tout seul me prendront tout d'un coup pour un honnête homme, j'aime autant cela que d'être pris pour un grand seigneur. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  71. Parbleu je ne vous trompe pas, car la voilà qui entre : adieu, je me retire ! (Acte 1, scène 10, TRIVELIN)
  72. Là, là, mon fils, doucement ; comme il m'aime, quel plaisir d'être aimée comme cela ! (Acte 1, scène 11, SILVIA)
  73. Vous me ravissez tous deux, mes chers enfants, et vous êtes bien aimables de vous être si fidèles. (Acte 1, scène 11, FLAMINIA)
  74. Je l'ai vue au désespoir, je l'ai vue pleurer de votre absence ; elle m'a touchée moi-même, je mourais d'envie de vous voir ensemble ; vous voilà : adieu, mes amis, je m'en vais, car vous m'attendrissez ; vous me faites tristement ressouvenir d'un amant que j'avais, et qui est mort ; il avait de l'air d'Arlequin, et je ne l'oublierai jamais. (Acte 1, scène 11, FLAMINIA)
  75. Allez, Mademoiselle, vous êtes une fille de bien ; je suis votre ami aussi, moi ; je suis fâché de la mort de votre amant, c'est bien dommage que vous soyez affligée, et nous aussi ! (Acte 1, scène 11, ARLEQUIN)
  76. Oui, mais notre amitié, que deviendra-t-elle ? (Acte 1, scène 12, SILVIA)
  77. Petit coeur, est-ce que je m'accoutumerais à être malheureux ? (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  78. Comment voulez-vous que je m'empêche de pleurer, puisque vous voulez être si triste ? (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  79. Oui ; mais je devinerai que vous l'êtes ; il faut me promettre que vous ne le serez plus. (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  80. Silvia, je suis votre amant, vous êtes ma maîtresse, retenez-le bien, car cela est vrai, et tant que je serai en vie, cela ira toujours le même train, cela ne branlera pas, je mourrai de compagnie avec cela. (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  81. Voilà qui va bien, je ne sais point de serments ; vous êtes un garçon d'honneur, j'ai votre amitié, vous avez la mienne, je ne la reprendrai pas. (Acte 1, scène 12, SILVIA)
  82. Nous souffrirons peut-être un peu, voilà tout. (Acte 1, scène 12, SILVIA)
  83. Pourtant, je n'aurais que faire de pâtir pour être bien aise, moi. (Acte 1, scène 12, SILVIA)
  84. Je suis au désespoir de vous interrompre : mais votre mère vient d'arriver, Mademoiselle Silvia, et elle demande instamment à vous parler ! (Acte 1, scène 13, TRIVELIN)
  85. Ne craignez rien, mes enfants ; allez toute seule trouver votre mère, ma chère Silvia ; cela sera plus séant. (Acte 1, scène 13, FLAMINIA)
  86. Oh non ; vous êtes de notre parti, vous. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  87. Notre amie, pendant qu'elle sera là, restez avec moi, pour empêcher que je ne m'ennuie ; il n'y a ici que votre compagnie que je puisse endurer ! (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  88. Mon cher Arlequin, la vôtre me fait bien du plaisir aussi : mais j'ai peur qu'on ne s'aperçoive de l'amitié que j'ai pour vous. (Acte 1, scène 13, FLAMINIA)
  89. Je crois qu'elle dînera avec sa mère ; vous êtes le maître pourtant : mais je vous conseille de les laisser ensemble, n'est-il pas vrai ? (Acte 1, scène 13, FLAMINIA)
  90. Oui, je vous crois, vous paraissez me vouloir du bien ; aussi vous voyez que je ne souffre que vous, je regarde tous les autres comme mes ennemis. (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  91. Ne valoir rien, tromper son prochain, lui manquer de parole, être fourbe et mensonger, voilà le devoir des grandes personnes de ce maudit endroit-ci. (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  92. De la pâte des autres hommes, ma chère Silvia ; que cela ne vous étonne pas, ils s'imaginent que ce serait votre bonheur que le mariage du Prince. (Acte 2, scène 1, FLAMINIA)
  93. Mais ne suis-je pas obligée d'être fidèle ? (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  94. Tenez, si j'avais eu à changer Arlequin contre un autre, ç'aurait été contre un officier du palais, qui m'a vue cinq ou six fois, et qui est d'aussi bonne façon qu'on puisse être : il y a bien à tirer si le Prince le vaut ; c'est dommage que je n'aie pu l'aimer dans le fond, et je le plains plus que le Prince. (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  95. Silvia, je vous assure que vous plaindrez le Prince autant que lui quand vous le connaîtrez. (Acte 2, scène 1, FLAMINIA)
  96. Eh bien, qu'il tâche de m'oublier, qu'il me renvoie, qu'il voie d'autres filles ; il y en a ici qui ont leur amant tout comme moi : mais cela ne les empêche pas d'aimer tout le monde, j'ai bien vu que cela ne leur coûte rien : mais pour moi, cela m'est impossible. (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  97. Oh que si, il y en a de plus jolies que moi ; et quand elles seraient la moitié moins jolies, cela leur fait plus de profit qu'à moi d'être tout à fait belle : j'en vois ici de laides qui font si bien aller leur visage, qu'on y est trompé. (Acte 2, scène 1, SILVIA)
  98. Oui, mais le vôtre va tout seul, et cela est charmant. (Acte 2, scène 1, FLAMINIA)
  99. Y a-t-il de visage plus commun disaient l'autre jour ces jalouses entre elles ; de taille plus gauche ? (Acte 2, scène 1, FLAMINIA)
  100. Là-dessus l'une vous prenait par les yeux, l'autre par la bouche ; il n'y avait pas jusqu'aux hommes qui ne vous trouvaient pas trop jolie ; j'étais dans une colère !... (Acte 2, scène 1, FLAMINIA)
  101. Qu'elles mériteraient bien d'être punies ! (Acte 2, scène 1, FLAMINIA)
  102. Oui, Mademoiselle, je le savais ; mais vous m'aviez dit de ne plus vous voir, et je n'aurais osé paraître sans Madame, qui a souhaité que je l'accompagnasse, et qui a obtenu du Prince l'honneur de vous faire la révérence ! (Acte 2, scène 2, LE-PRINCE)
  103. Le Prince paraît et affecte d'être surpris. (Acte 2, scène 2, SILVIA)
  104. Ce n'est pas mon dessein ; j'avais la curiosité de voir cette petite fille qu'on aime tant, qui fait naître une si forte passion ; et je cherche ce qu'elle a de si aimable. (Acte 2, scène 2, LISETTE)
  105. Eh non, Madame, ce n'est pas la peine, il n'est pas si plaisant que le vôtre ! (Acte 2, scène 2, SILVIA)
  106. Vous vous repentirez de votre procédé ! (Acte 2, scène 2, LE-PRINCE)
  107. Je ne voudrais pas être changée contre elles. (Acte 2, scène 3, SILVIA)
  108. Vous savez que je suis pénétré de respect pour vous ; vous connaissez mon coeur, je venais ici pour me donner la satisfaction de vous voir, pour jeter encore une fois les yeux sur une personne si chère, et reconnaître notre souveraine ; mais je ne prends pas garde que je me découvre, que Flaminia m'écoute, et que je vous importune encore ! (Acte 2, scène 3, LE-PRINCE)
  109. Et moi, je voudrais qu'il ne m'aimât pas, car j'ai du chagrin de ne pouvoir lui rendre le change ; encore si c'était un homme comme tant d'autres, à qui on dit ce qu'on veut ; mais il est trop agréable pour qu'on le maltraite, lui, et il a toujours été comme vous le voyez. (Acte 2, scène 3, SILVIA)
  110. Aimez-moi, à la bonne heure, j'y aurai du plaisir, pourvu que vous promettiez de prendre votre mal en patience ; car je ne saurais mieux faire, en vérité : Arlequin est venu le premier, voilà tout ce qui vous nuit. (Acte 2, scène 3, SILVIA)
  111. Non, la tendresse d'une autre me toucherait moins que la seule bonté qu'elle a de me plaindre ! (Acte 2, scène 3, LE-PRINCE)
  112. Vous, ma chère, pendant que je vais chercher Arlequin, qu'on retient peut-être un peu trop longtemps à table, allez essayer l'habit qu'on vous a fait, il me tarde de vous le voir. (Acte 2, scène 4, FLAMINIA)
  113. Je m'en vais donc sur votre parole ; pourvu qu'il ne me dise pas après : Pourquoi as-tu pris mes présents ? (Acte 2, scène 4, SILVIA)
  114. C'est que mon valet Trivelin, que je ne paye point, m'a mené par toutes les chambres de la maison, où l'on trotte comme dans les rues ; où l'on jase comme dans notre halle, sans que le maître de la maison s'embarrasse de tous ces visages-là, et qui viennent chez lui sans lui donner le bonjour, qui vont le voir manger, sans qu'il leur dise : Voulez-vous boire un coup ? (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  115. Il n'y a pas moyen de tenir contre sa cuisine ; j'ai tant bu à la santé de Silvia et de vous, que si vous êtes malades, ce ne sera pas ma faute. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  116. Écoute, je suis ton maître, car tu me l'as dit ; je n'en savais rien, fainéant que tu es ! (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  117. Ma chère Flaminia, à présent, parlons de Silvia à notre aise ; quand je ne la vois point, il n'y a qu'avec vous que je m'en passe ! (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  118. Toutes les fois que vous me plaignez, cela m'apaise, je suis la moitié moins fâché d'être triste. (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  119. Par la mardi, je voudrais n'être plus affligé, quand ce ne serait que pour l'amour du souci que cela vous donne ; mais cela viendra ! (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  120. Non, je ne serai jamais témoin de votre contentement, voilà qui est fini ; Trivelin causera, l'on me séparera d'avec vous, et que sais-je, moi, où l'on m'emmènera ? (Acte 2, scène 6, FLAMINIA)
  121. Arlequin, je vous parle peut-être pour la dernière fois, et il n'y a plus de plaisir pour moi dans le monde ! (Acte 2, scène 6, FLAMINIA)
  122. Je n'ai qu'une pauvre maîtresse, ils me l'ont emportée, vous emporteraient-ils encore ? (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  123. Ont-ils entrepris mon trépas ? (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  124. En tout cas, j'espère que vous n'oublierez jamais Flaminia, qui n'a rien tant souhaité que votre bonheur. (Acte 2, scène 6, FLAMINIA)
  125. Ma mie, vous me gagnez le coeur ; conseillez-moi dans ma peine, avisons-nous, quelle est votre pensée ? (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  126. Car je n'ai point d'esprit, moi, quand je suis fâché ; il faut que j'aime Silvia, il faut que je vous garde, il ne faut pas que mon amour pâtisse de notre amitié, ni notre amitié de mon amour, et me voilà bien embarrassé. (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  127. Depuis que j'ai perdu mon amant, je n'ai eu de repos qu'en votre compagnie, je respire avec vous ; vous lui ressemblez tant, que je crois quelquefois lui parler ; je n'ai vu dans le monde que vous et lui de si aimables. (Acte 2, scène 6, FLAMINIA)
  128. Il est fâcheux que j'aime Silvia, sans cela je vous donnerais de bon coeur la ressemblance de votre amant. (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  129. Regardez-vous, Arlequin, voyez combien vous méritez d'être aimé, et vous verrez combien je l'aimais. (Acte 2, scène 6, FLAMINIA)
  130. Je n'ai vu personne répondre si doucement que vous, votre amitié se met partout ; je n'aurais jamais cru être si joli que vous le dites ; mais puisque vous aimiez tant ma copie, il faut bien croire que l'original mérite quelque chose. (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  131. Je ne vous refuse pas ce plaisir-là, moi, regardez-moi à votre aise, je vous rendrai la pareille ! (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  132. Seigneur Arlequin, n'y a-t-il point de risque à reparaître ? (Acte 2, scène 7, TRIVELIN)
  133. N'est-ce point compromettre mes épaules ? (Acte 2, scène 7, TRIVELIN)
  134. Car vous jouez merveilleusement de votre épée de bois. (Acte 2, scène 7, TRIVELIN)
  135. Vous n'avez seulement qu'à me dire si je dois aussi mettre mon chapeau. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  136. Que souhaite de moi Votre Seigneurie ? (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  137. Votre visage ne m'est point nouveau, Monsieur ; je vous ai vu quelque part à la chasse, où vous jouiez de la trompette ; je vous ai ôté mon chapeau en passant, et vous me devez ce coup de chapeau-là. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  138. Je ne m'aperçus donc pas de votre honnêteté ? (Acte 2, scène 7, LE-SEIGNEUR)
  139. Je compte sur votre bon coeur ; voici ce que c'est : j'ai eu le malheur de parler cavalièrement de vous devant le Prince. (Acte 2, scène 7, LE-SEIGNEUR)
  140. Vous n'avez encore qu'à ne vous pas reconnaître à cela. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  141. Oui ; mais le Prince s'est fâché contre moi. (Acte 2, scène 7, LE-SEIGNEUR)
  142. Voilà qui me plaît ; c'est un honnête homme ; s'il ne me retenait pas ma maîtresse, je serais fort content de lui. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  143. Par la morbleu, je suis son serviteur ; franchement, je fais cas de lui, et je croyais être plus en colère contre lui que je ne le suis. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  144. Il s'est aussi fâché contre eux. (Acte 2, scène 7, LE-SEIGNEUR)
  145. Et nous ne pouvons reparaître tous qu'à condition que vous demandiez notre grâce. (Acte 2, scène 7, LE-SEIGNEUR)
  146. Comment, être exilé, ce n'est donc point vous faire d'autre mal que de vous envoyer manger votre bien chez vous ? (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  147. Et vous vivrez là paix et aise, vous ferez vos quatre repas comme à l'ordinaire ? (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  148. Parce que je veux aller en exil, moi ; de la manière dont on punit les gens ici, je vais gager qu'il y a plus de gain à être puni que récompensé. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  149. Moi, j'ai l'air d'un innocent ; vous, vous avez l'air d'un homme d'esprit ; eh bien, à cause de cela, faut-il s'en fier à notre air ? (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  150. Pardi, il faut bien vous donner votre revanche à vous autres. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  151. Voilà donc toute votre faute ? (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  152. C'est se moquer, vous ne méritez pas d'être exilé, vous avez cette bonne fortune-là pour rien. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  153. Vous avez raison dans le fond : ils ont quelquefois des caprices fâcheux, mais on n'oserait s'en ressentir, on les ménage, on est souple avec eux, parce que c'est par leur moyen que vous vous vengez des autres. (Acte 2, scène 7, LE-SEIGNEUR)
  154. C'est justement recevoir des coups de bâton d'un côté, pour avoir le privilège d'en donner d'un autre ; voilà une drôle de vanité ! (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  155. À vous voir si humbles, vous autres, on ne croirait jamais que vous êtes si glorieux. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  156. Mais écoutez, vous n'aurez point de peine à me remettre en faveur, car vous connaissez bien Flaminia ? (Acte 2, scène 7, LE-SEIGNEUR)
  157. Oui, mais ce n'est pas là le chemin des miennes ; car je n'aime point qu'on épouse mes amies, moi, et vous n'imaginez rien qui vaille avec votre petit-cousin. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  158. Je suis votre serviteur. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  159. Diantre, je suis en crédit, car on fait ce que je veux. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  160. Eh dame, puisqu'on ne nous gêne plus, j'aime autant être ici qu'ailleurs ; qu'est-ce que cela fait d'être là ou là ? (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  161. Aussi, de notre part, c'est queussi-queumi. (Acte 2, scène 9, ARLEQUIN)
  162. Allez, allez, Arlequin ; à cette heure que nous nous voyons quand nous voulons, ce n'est pas la peine de nous ôter notre liberté à nous-mêmes ; ne vous gênez point ! (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  163. Je m'en vais avec vous ; aussi bien voilà quelqu'un qui entre et qui tiendra compagnie à Silvia. (Acte 2, scène 9, FLAMINIA)
  164. Ne faites point tant de révérences, Madame, cela m'exemptera de vous en faire ; je m'y prends de si mauvaise grâce, à votre fantaisie ! (Acte 2, scène 10, SILVIA)
  165. Ce n'est pas moi qui ai envie de plaire, telle que vous me voyez ; il me fâche assez d'être si jolie, et que vous ne soyez pas assez belle. (Acte 2, scène 10, SILVIA)
  166. Vous soupirez à cause d'une petite villageoise, vous êtes bien de loisir ; et où avez-vous mis votre langue de tantôt, Madame ? (Acte 2, scène 10, SILVIA)
  167. Eh bien, achevez, prenez-en votre suffisance. (Acte 2, scène 10, SILVIA)
  168. Épargnez-moi, Mademoiselle ; l'emportement que j'ai eu contre vous a mis toute ma famille dans l'embarras : le Prince m'oblige à venir vous faire une réparation, et je vous prie de la recevoir sans me railler. (Acte 2, scène 10, LISETTE)
  169. Cependant je plains votre peine, et je vous pardonne. (Acte 2, scène 10, SILVIA)
  170. J'avais cru m'apercevoir que le Prince avait quelque inclination pour moi, et je ne croyais pas en être indigne : mais je vois bien que ce n'est pas toujours aux agréments qu'on se rend ! (Acte 2, scène 10, LISETTE)
  171. Eh bien oui, je suis jalouse, il est vrai ; mais puisque vous n'aimez pas le Prince, aidez-moi à le remettre dans les dispositions où j'ai cru qu'il était pour moi : il est sûr que je ne lui déplaisais pas, et je le guérirai de l'inclination qu'il a pour vous, si vous me laissez faire ! (Acte 2, scène 10, LISETTE)
  172. Tenez, tenez, parlons d'autre chose ; vos bonnes qualités m'ennuient. (Acte 2, scène 10, SILVIA)
  173. J'ai satisfait à ce qu'on exigeait de moi à votre égard, et je vous prie d'oublier tout ce qui s'est passé entre nous ! (Acte 2, scène 10, LISETTE)
  174. J'ai, que je suis en colère ; cette impertinente femme de tantôt est venue pour me demander pardon, et sans faire semblant de rien, voyez la méchanceté, elle m'a encore fâchée, m'a dit que c'était à ma laideur qu'on se rendait, qu'elle était plus agréable, plus adroite que moi, qu'elle ferait bien passer l'amour du Prince ; qu'elle allait travailler pour cela ; que je verrais, pati, pata ; que sais-je, moi, tout ce qu'elle mis en avant contre mon visage ! (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  175. Est-ce que je n'ai pas raison d'être piquée ? (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  176. Écoutez, si vous ne faites taire tous ces gens-là, il faut vous cacher pour toute votre vie. (Acte 2, scène 11, FLAMINIA)
  177. Je vous entends ; voilà un amour aussi mal placé, qui se rencontre là aussi mal à propos qu'on le puisse. (Acte 2, scène 11, FLAMINIA)
  178. J'ai toujours eu du guignon dans les rencontres. (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  179. D'un côté, Arlequin est un petit négligent qui ne songe ici qu'à manger ; d'un autre côté, si on me renvoie, ces glorieuses de femmes feront accroire partout qu'on m'aura dit : Va-t'en, tu n'es pas assez jolie. (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  180. D'un autre côté, ce monsieur que j'ai retrouvé ici... (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  181. Je vous le dis en secret ; je ne sais ce qu'il m'a fait depuis que je l'ai revu ; mais il m'a toujours paru si doux, il m'a dit des choses si tendres, m'a conté son amour d'un air si poli, si humble, que j'en ai une véritable pitié, et cette pitié-là m'empêche encore d'être la maîtresse de moi. (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  182. Si Arlequin se mariait à une autre fille que moi, à la bonne heure ; je serais en droit de lui dire : Tu m'as quittée, je te quitte, je prends ma revanche : mais il n'y a rien à faire ; qui est-ce qui voudrait d'Arlequin ici, rude et bourru comme il est ? (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  183. Il n'y a pas presse, entre nous : pour moi, j'ai toujours eu dessein de passer ma vie aux champs ; Arlequin est grossier, je ne l'aime point, mais je ne le hais pas ; et dans les sentiments où je suis, s'il voulait, je vous en débarrasserais volontiers pour vous faire plaisir. (Acte 2, scène 11, FLAMINIA)
  184. Voici ce cavalier qui vous plaît, tâchez de prendre votre parti. (Acte 2, scène 11, FLAMINIA)
  185. Vous venez : vous allez encore me dire que vous m'aimez, pour me mettre davantage en peine. (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  186. Mais que puis-je mieux que de vous rendre maîtresse de mon sort ? (Acte 2, scène 12, LE-PRINCE)
  187. Vos discours me pénètrent, Silvia, vous êtes trop touchée de ma douleur ; ma tendresse, toute grande qu'elle est, ne vaut pas le chagrin que vous avez de ne pouvoir m'aimer. (Acte 2, scène 12, LE-PRINCE)
  188. Pardi, j'aurais moins de mal à vous aimer tout à fait qu'à être comme je suis ; pour moi, je laisserai tout là ; voilà ce que vous gagnerez. (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  189. Je ne veux donc plus vous être à charge ; vous souhaitez que je vous quitte et je ne dois pas résister aux volontés d'une personne si chère. (Acte 2, scène 12, LE-PRINCE)
  190. Restez-là, c'est ma volonté ; je la sais mieux que vous, peut-être. (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  191. Cela serait différent, parce que je dirais à Arlequin que vous prétendriez être le maître, ce serait mon excuse : mais il n'y a que pour vous que je voudrais prendre cette excuse-là. (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  192. Mais non, après tout, il vaut mieux que vous ne soyez pas le maître ; cela me tenterait trop. (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  193. Et quand vous le seriez, tenez, je ne pourrais me résoudre à être une infidèle, voilà qui est fini. (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  194. Silvia, conservez-moi seulement les bontés que vous avez pour moi : le Prince vous a fait préparer un spectacle, permettez que je vous y accompagne, et que je profite de toutes les occasions d'être avec vous. (Acte 2, scène 12, LE-PRINCE)
  195. Après la fête, vous verrez le Prince, et je suis chargé de vous dire que vous serez libre de vous retirer, si votre coeur ne vous dit rien pour lui. (Acte 2, scène 12, LE PRINCE)
  196. Peut-être que vous m'aurez. (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  197. Quand une maîtresse, à force d'amour, nous dit clairement : Je vous aime, cela fait assurément un grand plaisir. (Acte 3, scène 1, LE-PRINCE)
  198. Cela est impossible : je suis ravi, je suis enchanté, je ne peux pas vous répéter cela autrement. (Acte 3, scène 1, LE-PRINCE)
  199. Si vous saviez combien, dit-elle, elle est affligée de ne pouvoir m'aimer, parce que cela me rend malheureux et qu'elle doit être fidèle à Arlequin... (Acte 3, scène 1, LE-PRINCE)
  200. Non, je le dis encore, il n'y a que l'amour de Silvia qui soit véritablement de l'amour ; les autres femmes qui aiment ont l'esprit cultivé, elles ont une certaine éducation, un certain usage, et tout cela chez elles falsifie la nature ; ici c'est le coeur tout pur qui me parle ; comme ses sentiments viennent, il les montre ; sa naïveté en fait tout l'art, et sa pudeur toute la décence. (Acte 3, scène 1, LE-PRINCE)
  201. Dans la première conversation, je l'instruirai de l'état de ses petites affaires avec moi, et ce penchant qui est incognito chez lui, et que je lui ferai sentir par un autre stratagème, la douceur avec laquelle vous lui parlerez, comme nous en sommes convenus, tout cela, je pense, va vous tirer d'inquiétude, et terminer mes travaux dont je sortirai, seigneur, victorieuse et vaincue. (Acte 3, scène 1, FLAMINIA)
  202. C'est une petite bagatelle qui ne mérite pas de vous être dite ; c'est que j'ai pris du goût pour Arlequin, seulement pour me désennuyer dans le cours de notre intrigue. (Acte 3, scène 1, FLAMINIA)
  203. Mardi, j'ai peur d'être en pension sans le savoir. (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  204. Je ris de votre idée, qui est plaisante. (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  205. Allons vite, tirez votre plume, et griffonnez-moi mon écriture. (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  206. Vous devez dire : Votre Grandeur saura. (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  207. Votre Grandeur saura. (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  208. Quel diantre de galimatias ! (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  209. Que j'ai une maîtresse qui s'appelle Silvia, bourgeoise de mon village et fille d'honneur. (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  210. Vous êtes votre maîtresse : mais si vous aviez un amant, vous l'aimeriez peut-être ; cela gâterait la bonne amitié que vous me portez, et vous m'en feriez ma part plus petite : Oh ! (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  211. C'est bien fait, n'examinez jamais, Flaminia, cela sera ce que cela pourra ; au reste, croyez-moi, ne prenez point d'amant : j'ai une maîtresse, je la garde ; si je n'en avais point, je n'en chercherais pas. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  212. Le moyen, après tout ce que vous dites, de rester votre amie ? (Acte 3, scène 3, FLAMINIA)
  213. Voilà mon homme de tantôt ; ma foi, Monsieur le médisant, car je ne sais point votre autre nom, je n'ai rien dit de vous au Prince, par la raison que je ne l'ai point vu. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  214. Je vous suis obligé de votre bonne volonté, seigneur Arlequin : mais je suis sorti d'embarras et rentré dans les bonnes grâces du Prince, sur l'assurance que je lui ai donnée que vous lui parleriez pour moi : j'espère qu'à votre tour vous me tiendrez parole. (Acte 3, scène 4, LE-SEIGNEUR)
  215. Non, le présent dont il s'agit est dans ma poche ; ce sont des lettres de noblesse dont le Prince vous gratifie comme parent de Silvia, car on dit que vous l'êtes un peu. (Acte 3, scène 4, LE-SEIGNEUR)
  216. J'ai pourtant bon coeur aussi ; pour de l'ambition, j'en ai bien entendu parler, mais je ne l'ai jamais vue, et j'en ai peut-être sans le savoir. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  217. En voilà bien d'un autre ! (Acte 3, scène 4, LE-SEIGNEUR)
  218. Donnez-vous comme cela de jolis noms à toutes les sottises, vous autres ? (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  219. Prenez, vous dis-je : ne serez-vous pas bien aise d'être gentilhomme ? (Acte 3, scène 4, LE-SEIGNEUR)
  220. Eh bien, si j'avais ce pouvoir, si j'étais noble, diable emporte si je voudrais gager d'être toujours brave homme : je ferais parfois comme le gentilhomme de chez nous, qui n'épargne pas les coups de bâton à cause qu'on n'oserait lui rendre. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  221. Et si on vous donnait ces coups de bâton, ne souhaiteriez-vous pas être en état de les rendre ? (Acte 3, scène 4, LE-SEIGNEUR)
  222. Comme les hommes sont quelquefois méchants, mettez-vous en état de faire du mal, seulement afin qu'on n'ose pas vous en faire, et pour cet effet prenez vos lettres de noblesse. (Acte 3, scène 4, LE-SEIGNEUR)
  223. Je suis votre serviteur. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  224. Elle oblige à être honnête homme. (Acte 3, scène 4, LE-SEIGNEUR)
  225. N'y songez plus, un gentilhomme doit être généreux. (Acte 3, scène 4, LE-SEIGNEUR)
  226. Je les trouve encore plus nobles que mes lettres de noblesse. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  227. Diantre ! (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  228. N'y a-t-il plus d'autre devoir ? (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  229. Tout doucement : ces dernières obligations-là ne me plaisent pas tant que les autres. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  230. Tout ce que vous m'avez dit n'est donc qu'un coq-à-l'âne ; car si je suis obligé d'être généreux, il faut que je pardonne aux gens ; si je suis obligé d'être méchant, il faut que je les assomme. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  231. Je vous entends, il m'est défendu d'être meilleur que les autres ; et si je rends le bien pour le mal, je serai donc un homme sans honneur ? (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  232. Tenez, accommodons-nous plutôt ; quand on me dira une grosse injure, j'en répondrai une autre si je suis le plus fort. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  233. Voulez-vous me laisser votre marchandise à ce prix-là ? (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  234. Dites-moi votre dernier mot. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  235. Une injure répondue à une injure ne suffit point ; cela ne peut se laver, s'effacer que par le sang de votre ennemi ou le vôtre. (Acte 3, scène 4, LE-SEIGNEUR)
  236. Je vous rends votre paquet de noblesse, mon honneur n'est pas fait pour être noble, il est trop raisonnable pour cela. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  237. Sans compliment, reprenez votre affaire. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  238. Adieu, je suis votre serviteur. (Acte 3, scène 4, LE-SEIGNEUR)
  239. Et moi le vôtre. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  240. Qui diantre vient encore me rendre visite ? (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  241. Vous voilà donc, Monsieur le babillard, qui allez dire partout que la maîtresse des gens est belle ; ce qui fait qu'on m'a escamoté la mienne. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  242. Mardi, vous êtes bienheureux ; sans cela je vous dirais de bon coeur ce que vous méritez : mais votre honneur voudrait peut-être faire son devoir, et après cela, il faudrait vous tuer pour vous venger de moi. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  243. Calmez-vous, je vous prie, Arlequin, le Prince m'a donné ordre de vous entretenir. (Acte 3, scène 5, LE-PRINCE)
  244. Votre foi ? (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  245. Puisque vous n'avez pas de rancune contre moi, ne permettez que j'en aie contre vous ; je ne suis pas digne d'être fâché contre un prince, je suis trop petit pour cela : si vous m'affligez, je pleurerai de toute ma force, et puis c'est tout ; cela doit faire compassion à votre puissance, vous ne voudriez pas avoir une principauté pour le contentement de vous tout seul. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  246. Que voulez-vous, Monseigneur, j'ai une fille qui m'aime ; vous, vous en avez plein votre maison, et nonobstant vous m'ôtez la mienne. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  247. Je sais bien que vous êtes un bon prince, tout le monde le dit dans le pays, il n'y aura que moi qui n'aurai pas le plaisir de le dire comme les autres. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  248. Ne parlons point de ce marché-là, vous gagneriez trop sur moi ; disons en conscience : si un autre que vous me l'avait prise, est-ce que vous ne me la feriez pas remettre ? (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  249. Eh bien, personne ne me l'a prise que vous ; voyez la belle occasion de montrer que la justice est pour tout le monde. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  250. N'est-ce pas à moi à être son protecteur, puisque je suis son maître ? (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  251. Je pourrais te renvoyer, et garder Silvia sans t'écouter ; cependant, malgré l'inclination que j'ai pour elle, malgré ton obstination et le peu de respect que tu me montres, je m'intéresse à ta douleur, je cherche à la calmer par mes faveurs, je descends jusqu'à te prier de me céder Silvia de bonne volonté ; tout le monde t'y exhorte, tout le monde te blâme, et te donne un exemple de l'ardeur qu'on a de me plaire, tu es le seul qui résiste ; tu dis que je suis ton prince : marque-le-moi donc par un peu de docilité. (Acte 3, scène 5, LE-PRINCE)
  252. Vous prenez cela pour argent comptant ; et puis vous avez beau être bon, vous avez beau être brave homme, c'est autant de perdu, cela ne vous fait point de profit ; sans ces gens-là, vous ne me chercheriez point chicane, vous ne diriez pas que je vous manque de respect parce que je vous représente mon bon droit : allez, vous êtes mon prince, et je vous aime bien ; mais je suis votre sujet, et cela mérite quelque chose. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  253. Le moyen d'en être jamais aimé, si tu ne veux pas m'aider ? (Acte 3, scène 5, LE-PRINCE)
  254. Prenez quelque consolation, Monseigneur, promenez-vous, voyagez quelque part, votre douleur se passera dans les chemins. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  255. Je le crois bien ; je ne vous promets pourtant rien, il y a trop d'embarras dans ma volonté : mais à tout hasard, si je vous donnais Silvia, avez-vous dessein que je sois votre favori ? (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  256. C'est qu'on m'a dit que vous aviez coutume d'être flatté ; moi, j'ai coutume de dire vrai, et une bonne coutume comme celle-là ne s'accorde pas avec une mauvaise ; jamais votre amitié ne sera assez forte pour endurer la mienne. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  257. Flaminia sera-t-elle sa maîtresse ? (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  258. Trivelin nous a trahis ; le Prince a su l'intelligence qui est entre nous ; il vient de m'ordonner de sortir d'ici, et m'a défendu de vous voir jamais. (Acte 3, scène 7, FLAMINIA)
  259. Je me suis peut-être trompé, moi aussi, sur mon compte. (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  260. C'est que mon amitié est aussi loin que la vôtre ; elle est partie : voilà que je vous aime, cela est décidé, et je n'y comprends rien. (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  261. Ensuite, puisque notre coeur s'est mécompté et que nous nous aimons par mégarde, nous prendrons patience et nous nous accommoderons à l'avenant ! (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  262. Pourquoi ne m'avertissiez-vous pas que vous m'attraperiez et que vous seriez ma maîtresse ? (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  263. Ne nous reprochons rien ; s'il ne tient qu'à être aimable, vous avez plus de tort que moi. (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  264. Attendez, et donnez-moi votre main que je la baise... (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  265. Voici l'autre. (Acte 3, scène 8, FLAMINIA)
  266. Lorsque je l'ai aimé, c'était un amour qui m'était venu ; à cette heure que je ne l'aime plus, c'est un amour qui s'en est allé ; il est venu sans mon avis, il s'en retourne de même, je ne crois pas être blâmable. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  267. Je l'attends ; nous avons été plus de deux heures ensemble, et il va revenir pour être avec moi quand le Prince me parlera. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  268. Diantre, il est donc bien facile de m'oublier, à ce compte ? (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  269. Est-ce qu'il a fait quelque maîtresse ici ? (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  270. Vous avez bien affaire de me dire cela ; vous êtes cause que je redeviens incertaine, avec votre désespoir. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  271. S'il ne m'aime plus, vous n'avez qu'à garder votre nouvelle. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  272. Votre amant vous cherche ; croyez-moi, finissez avec lui sans vous inquiéter du reste. (Acte 3, scène 8, FLAMINIA)
  273. Je sais que vous êtes résolue à me refuser votre coeur, et c'est là savoir ce que vous pensez. (Acte 3, scène 9, LE-PRINCE)
  274. Comme on n'est pas le maître de son coeur, si vous aviez envie de m'aimer, vous seriez en droit de vous satisfaire ; voilà mon sentiment. (Acte 3, scène 9, LE-PRINCE)
  275. Il ne viendra que trop tôt pour moi ; lorsque vous le connaîtrez, vous ne voudrez peut-être plus de moi. (Acte 3, scène 9, LE-PRINCE)
  276. Ne tremblez plus, je n'aimerai jamais le Prince, je vous en fais un serment par... (Acte 3, scène 9, SILVIA)
  277. Arrêtez, Silvia, n'achevez pas votre serment, je vous en conjure. (Acte 3, scène 9, LE-PRINCE)
  278. Voulez-vous que je vous laisse jurer contre moi ? (Acte 3, scène 9, LE-PRINCE)
  279. Contre vous ! (Acte 3, scène 9, SILVIA)
  280. Oui, Silvia ; je vous ai jusqu'ici caché mon rang, pour essayer de ne devoir votre tendresse qu'à la mienne : je ne voulais rien perdre du plaisir qu'elle pouvait me faire. (Acte 3, scène 9, LE-PRINCE)
  281. À présent que vous me connaissez, vous êtes libre d'accepter ma main et mon coeur, ou de refuser l'un et l'autre. (Acte 3, scène 9, LE PRINCE)
  282. J'allais faire un beau serment ; si vous avez cherché le plaisir d'être aimé de moi, vous avez bien trouvé ce que vous cherchiez ; vous savez que je dis la vérité, voilà ce qui m'en plaît. (Acte 3, scène 9, SILVIA)
  283. Notre union est donc assurée ! (Acte 3, scène 9, LE-PRINCE)
  284. Eh bien, Arlequin, je n'aurai donc pas la peine de vous le dire ; consolez-vous comme vous pourrez de vous-même ; le Prince vous parlera, j'ai le coeur tout entrepris : voyez, accommodez-vous, il n'y a plus de raison à moi, c'est la vérité. (Acte 3, scène 10, SILVIA)
  285. Belle Silvia, souffrez que des fêtes qui vous sont préparées annoncent ma joie à des sujets dont vous allez être la souveraine. (Acte 3, scène 10, LE-PRINCE)
  286. À présent, je me moque du tour que notre amitié nous a joué ; patience, tantôt nous lui en jouerons d'un autre ! (Acte 3, scène 10, ARLEQUIN)

LE PÈRE PRUDENT ET ÉQUITABLE (1712)

  1. Je veux être obéi ; votre jeune cervelle v.1 (Acte 1, scène 1, DÉMOCRITE)
  2. Il est vrai que l'on dit qu'il n'est pas de votre âge : v.14 (Acte 1, scène 1, D?MOCRITE)
  3. Non. Sans aller plus loin, voyez votre cousine; v.17 (Acte 1, scène 1, D?MOCRITE)
  4. Pour les autres, je sais aussi comme on les nomme : v.22 (Acte 1, scène 1, D?MOCRITE)
  5. Ma fille, en voilà trois; choisissez l'un d'entre eux, v.24 (Acte 1, scène 1, D?MOCRITE)
  6. Peut-être ne viendront qu'après votre décès. v.28 (Acte 1, scène 1, D?MOCRITE)
  7. Vous suivez sottement votre amoureux caprice ; v.30 (Acte 1, scène 1, DÉMOCRITE)
  8. C'est faire votre bien que de vous résister, v.31 (Acte 1, scène 1, D?MOCRITE)
  9. Tout autre que Cléandre à mes yeux est horrible. v.34 (Acte 1, scène 2, PHILINE)
  10. N'avez-vous pu, Madame, adoucir votre père ? v.37 (Acte 1, scène 3, CLÉANDRE)
  11. Quand je tremble d'effroi, rien ne vous intéresse. v.42 (Acte 1, scène 3, CLÉANDRE)
  12. Votre injuste froideur est enfin découverte. v.62 (Acte 1, scène 3, CLÉANDRE)
  13. Et ce serait montrer une faiblesse extrême, v.65 (Acte 1, scène 3, CL?ANDRE)
  14. C'en est fait, je vous laisse à votre indifférence ; v.69 (Acte 1, scène 3, CL?ANDRE)
  15. Je vais mettre à vous fuir mon unique constance ; v.70 (Acte 1, scène 3, CL?ANDRE)
  16. Mais, dussé-je, Philine, être accablé de haine, v.85 (Acte 1, scène 3, CLÉANDRE)
  17. Et je n'exciterais que votre inimité. v.88 (Acte 1, scène 3, CL?ANDRE)
  18. Votre père pourrait, Madame, vous surprendre ; v.97 (Acte 1, scène 3, TOINETTE)
  19. Je suis de vos amis, ouvrez-moi votre coeur : v.103 (Acte 1, scène 3, CRISPIN)
  20. Chassez de votre esprit toute triste pensée. v.105 (Acte 1, scène 3, CRISPIN)
  21. Votre bourse, Monsieur, serait-elle épuisée ? v.106 (Acte 1, scène 3, CRISPIN)
  22. Retournez au logis passer votre chagrin. v.115 (Acte 1, scène 3, TOINETTE)
  23. Et retournons au nôtre y prendre un doigt de vin. v.116 (Acte 1, scène 3, CRISPIN)
  24. Eh bien ! Finissez-vous ? Toi, Crispin, tiens ton maître. v.121 (Acte 1, scène 3, TOINETTE)
  25. Hélas ! Que vous avez de peine à vous connaître ! v.122 (Acte 1, scène 3, TOINETTE)
  26. Votre père viendra. v.131 (Acte 1, scène 3, TOINETTE)
  27. Pour nous unir enfin, ce qu'on peut entreprendre. v.134 (Acte 1, scène 3, CLÉANDRE)
  28. L'autre est un chevalier, l'autre homme de finance ; v.137 (Acte 1, scène 3, PHILINE)
  29. Pourrait le préférer à tout autre parti. v.140 (Acte 1, scène 3, PHILINE)
  30. Va des fureurs du sort affranchir votre vie. v.150 (Acte 1, scène 3, CRISPIN)
  31. Ha ! Votre enthousiasme est enfin achevé. v.160 (Acte 1, scène 3, TOINETTE)
  32. Peut-être qu'à ce vieux je me verrais livrée. v.162 (Acte 1, scène 3, PHILINE)
  33. De ne pouvoir jamais lui donner votre main ? v.164 (Acte 1, scène 3, CRISPIN)
  34. Des deux autres messieurs... v.184 (Acte 1, scène 3, TOINETTE)
  35. Et méritez mes soins par votre confiance. v.196 (Acte 1, scène 4, CRISPIN)
  36. De ce que j'entreprends je sors avec honneur, v.197 (Acte 1, scène 4, CRISPIN)
  37. Je savais autrefois quelques mots de latin : v.201 (Acte 1, scène 4, CRISPIN)
  38. C'est le futur, soit dit sans taxer votre gloire, v.204 (Acte 1, scène 4, CRISPIN)
  39. Quand vous vous marierez, j'aurai bien mon étrenne. v.208 (Acte 1, scène 4, CRISPIN)
  40. Ma foi, ce pourrait bien être notre animal. v.210 (Acte 1, scène 4, CRISPIN)
  41. Tout comme l'a bâti notre mère nature. v.224 (Acte 1, scène 5, MAITRE JACQUES)
  42. En vous remarcissant de votre traitement. v.230 (Acte 1, scène 5, MAITRE JACQUES)
  43. Pût, dans la suite, Ariste, unir notre famille. v.232 (Acte 1, scène 5, CRISPIN)
  44. C'est qu'en ville autrefois sa fortune était faite. v.244 (Acte 1, scène 5, MAITRE JACQUES)
  45. Maître Jacques, apercevant Toinette à une fenêtre. v.259 (Acte 1, scène 5, ARISTE)
  46. Ma fille, et saluez votre futur époux. v.267 (Acte 1, scène 6, CRISPIN)
  47. Gageons que votre coeur ne tient pas d'un filet ? v.277 (Acte 1, scène 6, TOINETTE)
  48. Ô trop heureux mortel de m'avoir pour maîtresse ! v.292 (Acte 1, scène 6, TOINETTE)
  49. À l'autre ! v.305 (Acte 1, scène 6, ARISTE)
  50. Point de bruit, s'il vous plaît, ou bien sur votre échine v.312 (Acte 1, scène 6, CRISPIN)
  51. Et je saurai chasser les autres dans la suite. v.324 (Acte 1, scène 7, CRISPIN)
  52. Mais, pour être sa femme, il est un peu trop vieux. v.333 (Acte 1, scène 8, TOINETTE)
  53. La rencontre est heureuse, et ma joie est extrême, v.355 (Acte 1, scène 10, LE-CHEVALIER)
  54. Puis-je croire, Monsieur, que votre aimable fille v.363 (Acte 1, scène 10, LE-CHEVALIER)
  55. Voudra bien consentir d'unir notre famille ? v.364 (Acte 1, scène 10, LE CHEVALIER)
  56. Mais comme vous avez pressé votre visite, v.367 (Acte 1, scène 10, DÉMOCRITE)
  57. Et ma fille à son gré choisira l'un d'entre eux. v.378 (Acte 1, scène 11, DÉMOCRITE)
  58. Ariste et l'autre ici doivent bientôt se rendre, v.379 (Acte 1, scène 11, D?MOCRITE)
  59. Quelque mérite enfin qu'ait notre Chevalier, v.381 (Acte 1, scène 11, D?MOCRITE)
  60. Il faut attendre Ariste et notre financier. v.382 (Acte 1, scène 11, D?MOCRITE)
  61. Et je suis toujours frais, grâce au jus de la treille. v.392 (Acte 1, scène 12, CRISPIN)
  62. Votre nom, s'il vous plaît ? v.393 (Acte 1, scène 12, DÉMOCRITE)
  63. Exprès pour épouser votre fille, je pense : v.395 (Acte 1, scène 12, CRISPIN)
  64. Dites-moi, pourrai-je en être aimé ? v.398 (Acte 1, scène 12, CRISPIN)
  65. Voilà, ma chère enfant, désormais votre emploi, v.417 (Acte 1, scène 13, CRISPIN)
  66. Les autres, après moi, n'ont qu'un talent banal. v.442 (Acte 1, scène 14, CRISPIN)
  67. Ces deux autres messieurs n'ont point vu Démocrite ; v.451 (Acte 1, scène 14, CRISPIN)
  68. Mais le voilà qui vient, notre vrai financier. v.461 (Acte 1, scène 14, CRISPIN)
  69. C'est votre serviteur. v.465 (Acte 1, scène 15, CRISPIN)
  70. Quoi ! Crispin autrefois qui fut à mon service !... v.479 (Acte 1, scène 15, LE FINANCIER)
  71. Je tremble. v.483 (Acte 1, scène 15, CRISPIN)
  72. Et peut-être, sans toi, j'eus terminé l'affaire. v.488 (Acte 1, scène 15, LE FINANCIER)
  73. Je serais bien fâché d'être époux à ce prix ; v.497 (Acte 1, scène 16, LE FINANCIER)
  74. Peut, en si peu de temps, causer votre départ ? v.517 (Acte 1, scène 18, DÉMOCRITE)
  75. J'entrevois que peut-être ici quelque jaloux v.521 (Acte 1, scène 18, DÉMOCRITE)
  76. Un mal affreux, dit-il, attaquait votre fille. v.535 (Acte 1, scène 18, LE FINANCIER)
  77. Qui peut être l'auteur de cette fausseté ? v.542 (Acte 1, scène 19, DÉMOCRITE)
  78. Est à votre service. v.550 (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  79. Me l'offrez-vous, à moi ? votre nom, que je sache, v.551 (Acte 1, scène 19, DÉMOCRITE)
  80. Comment va notre enfant ? Elle est belle, ma foi ; v.562 (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  81. Je ne vous en crois pas, même à votre serment. v.570 (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  82. Démocrite, entre nous, point tant de modestie. v.571 (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  83. J'adoucirai bientôt votre aigre révérence. v.588 (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  84. Un autre avec cela ferait le glorieux : v.594 (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  85. Va rendre votre enfant de tant de biens maîtresse ? v.600 (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  86. Dites, en vérité, puis-je être plus modeste ? v.604 (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  87. Vinssiez-vous à présent prier pour votre fille, v.611 (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  88. J'abandonne à jamais votre ingrate famille. v.612 (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  89. Et j'espère, Monsieur, de votre probité, v.617 (Acte 1, scène 21, CRISPIN)
  90. Calmez les mouvements dont votre âme agitée... v.627 (Acte 1, scène 21, DÉMOCRITE)
  91. Je l'épousai, Monsieur : mais notre mariage, v.635 (Acte 1, scène 21, CRISPIN)
  92. Cet ingrat chevalier épouse votre fille. v.643 (Acte 1, scène 21, CRISPIN)
  93. Quoi ! c'est celui qui veut entrer dans ma famille ? v.644 (Acte 1, scène 21, DÉMOCRITE)
  94. Votre fille est fort riche, elle est jeune, elle est belle ; v.660 (Acte 1, scène 22, LE-CHEVALIER)
  95. Cet homme a déjà fait une autre menterie : v.667 (Acte 1, scène 22, DÉMOCRITE)
  96. Mais vous, n'avez-vous point engagé votre foi ? v.670 (Acte 1, scène 22, D?MOCRITE)
  97. C'est votre femme. v.679 (Acte 1, scène 22, DÉMOCRITE)
  98. Mais je crois la connaître. Ah parbleu ! c'est Crispin, v.681 (Acte 1, scène 22, LE-CHEVALIER)
  99. Je crois que notre fourbe a regagné la ville, v.688 (Acte 1, scène 23, LE FINANCIER)
  100. Il s'est dit financier, et prenait votre nom. v.694 (Acte 1, scène 23, DÉMOCRITE)
  101. Mais le drôle a bian mal payé notre visite. v.708 (Acte 1, scène 24, MAITRE JACQUES)
  102. Ai-je dit, moi. Pargué ! pour être plus certain, v.721 (Acte 1, scène 24, MAITRE JACQUES)
  103. C'est notre homme ! v.725 (Acte 1, scène 24, MAITRE JACQUES)
  104. Il m'a trompé de même, et vous a contrefait. v.726 (Acte 1, scène 24, DÉMOCRITE)
  105. Et qui vouliez, Messieurs, entrer dans ma famille, v.728 (Acte 1, scène 24, DÉMOCRITE)
  106. Avec un de vous trois d'entrer en alliance ; v.732 (Acte 1, scène 24, D?MOCRITE)
  107. Ecoutez-moi sans bruit, quatre mots font l'affaire. v.735 (Acte 1, scène 24, CRISPIN)
  108. Et l'un des trois allait devenir votre gendre. v.739 (Acte 1, scène 24, CRISPIN)
  109. Il aime votre fille, il en est fort aimé. v.741 (Acte 1, scène 24, CRISPIN)
  110. Mais je me repens bien d'être né trop bon coeur : v.746 (Acte 1, scène 24, CRISPIN)
  111. Mais votre habileté ne servira de rien : v.749 (Acte 1, scène 24, DÉMOCRITE)
  112. Vous venez à propos : quoi ! vous osez paraître ! v.755 (Acte 1, scène 24, CRISPIN)
  113. De mon destin, Monsieur, je viens vous rendre maître ; v.756 (Acte 1, scène 25, CLÉANDRE)
  114. Et vous-même dictez notre arrêt en ce jour. v.758 (Acte 1, scène 25, CL?ANDRE)
  115. Mon procès est gagné, j'adore votre fille : v.764 (Acte 1, scène 25, CL?ANDRE)
  116. C'en est fait, et mon coeur cesse d'être inflexible. v.772 (Acte 1, scène 25, DÉMOCRITE)
  117. Soyez contents tous deux, votre peine est finie. v.776 (Acte 1, scène 25, D?MOCRITE)

LES ACTEURS DE BONNE FOI (1757)

  1. Oui, Monsieur, tout sera prêt ; vous n'avez qu'à faire mettre la salle en état ; à trois heures après midi, je vous garantis que je vous donnerai la comédie. (Acte 1, scène 1, MERLIN)
  2. Ton génie me fait trembler. (Acte 1, scène 1, ÉRASTE)
  3. Mais prends garde que Madame Argante ne sache notre projet ; Madame Amelin veut la surprendre. (Acte 1, scène 1, ÉRASTE)
  4. Lisette, qui est des nôtres, a sans doute gardé le secret. (Acte 1, scène 1, MERLIN)
  5. Mademoiselle Angélique, votre future, n'aura rien dit. (Acte 1, scène 1, MERLIN)
  6. De votre côté, vous vous êtes tu. (Acte 1, scène 1, MERLIN)
  7. Je n'ai fourni que ce que nous autres beaux esprits appelons le canevas ; la simple nature fournira les dialogues, et cette nature-là sera bouffonne. (Acte 1, scène 1, MERLIN)
  8. J'oublie encore à vous dire une finesse de ma pièce ; c'est que Colette qui doit faire mon amoureuse, et moi qui dois faire son amant, nous sommes convenus tous deux de voir un peu la mine que feront Lisette et Blaise à toutes les tendresses naïves que nous prétendons nous dire ; et le tout, pour éprouver s'ils n'en seront pas un peu alarmés et jaloux ; car vous savez que Blaise doit épouser Colette, et que l'amour nous destine, Lisette et moi, l'un à l'autre. (Acte 1, scène 1, MERLIN)
  9. J'ai voulu voir comment ils s'y prendront ; laissez-moi les écouter et les instruire, et retirez-vous : les voilà qui entrent. (Acte 1, scène 1, MERLIN)
  10. Allons, mes enfants, je vous attendais ; montrez-moi un petit échantillon de votre savoir-faire, et tâchons de gagner notre argent le mieux que nous pourrons ; répétons. (Acte 1, scène 2, MERLIN)
  11. De très jolis propos ; car, dans le plan de ma pièce, vous ne sortez point de votre caractère, vous autres : toi, tu joues une maligne soubrette à qui l'on n'en fait point accroire, et te voilà ; Blaise a l'air d'un nigaud pris sans vert, et il en fait le rôle ; une petite coquette de village et Colette, c'est la même chose ; un joli homme et moi, c'est tout un. (Acte 1, scène 2, MERLIN)
  12. Oui, mais si ce que j'allons jouer allait être vrai, prenez garde, au moins, il ne faut pas du tout de bon ; car j'aime Colette, dame ! (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  13. Courage, friponne ; vous y êtes, c'est dans ce goût-là qu'il faut jouer votre rôle. (Acte 1, scène 2, MERLIN)
  14. Oui, nous sommes la première scène ; asseyez-vous là, vous autres ; et nous, débutons. (Acte 1, scène 2, MERLIN)
  15. Tu arrives sur le théâtre, et tu me trouves rêveur et distrait. (Acte 1, scène 2, MERLIN)
  16. Et votre façon, en vous promenant, est-elle de ne pas regarder les gens qui vous abordent ? (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  17. Tiens, tu es de méchante humeur ; passons notre chemin, ne nous parlons pas davantage. (Acte 1, scène 3, MERLIN)
  18. Je n'aime à contredire personne. (Acte 1, scène 3, MERLIN)
  19. Dis-moi, dans cette scène-là, puis-je te battre ? (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  20. Adieu : voici la petite impertinente qui entre ; mais laisse-moi faire. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  21. Serait-il si mal de la battre un peu ? (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  22. Non pas, s'il vous plaît ; je ne veux pas que les coups en soient ; je n'ai point affaire d'être battue pour une farce : encore si c'était vrai, je l'endurerais. (Acte 1, scène 3, COLETTE)
  23. Ne perdons point le temps à nous interrompre ; va-t'en, Lisette : voici Colette qui entre pendant que tu sors, et tu n'as plus que faire ici. (Acte 1, scène 3, MERLIN)
  24. Et moi, je suis charmé de vous rencontrer, Colette. (Acte 1, scène 4, MERLIN)
  25. Pourquoi te hâtes-tu tant d'être amoureuse de Monsieur Merlin ? (Acte 1, scène 4, BLAISE)
  26. Comment voulez-vous que je fasse autrement ? (Acte 1, scène 4, COLETTE)
  27. Allons, continuons, et attendez que je me déclare tout à fait, pour vous montrer sensible à mon amour. (Acte 1, scène 4, MERLIN)
  28. Que vous êtes aimable, Colette, et que j'envie le sort de Blaise, qui doit être votre mari ! (Acte 1, scène 4, MERLIN)
  29. Chère Colette, votre coeur vous dit quelque chose pour moi ? (Acte 1, scène 4, MERLIN)
  30. Donnez-moi votre jolie main, que je vous en remercie. (Acte 1, scène 4, MERLIN)
  31. Entre amants, les mains d'une maîtresse sont toujours de la conversation. (Acte 1, scène 4, MERLIN)
  32. Je sis de votre avis, Monsieur Merlin, et je n'empêche pas les mains, moi. (Acte 1, scène 4, COLETTE)
  33. Non, te dis-je ; il faut ou quitter notre projet ou le suivre ; la récompense que Madame Amelin nous a promise vaut bien la peine que nous la gagnions ; je suis fâché d'avoir imaginé ce plan-là, mais je n'ai pas le temps d'en imaginer un autre ; poursuivons. (Acte 1, scène 4, MERLIN)
  34. Quoi qu'il en soit, allons notre chemin, pour ne pas risquer notre argent. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  35. Mais, Monsieur Merlin, si vous me demandiais en mariage, peut-être que vous m'auriais ? (Acte 1, scène 4, COLETTE)
  36. Si alle n'était pas ici, je varrions comme nous y prenre ; fallait pas parmettre qu'alle nous écoutît. (Acte 1, scène 4, COLETTE)
  37. Car, enfin, voilà un discours qui ne peut entrer dans la représentation de votre scène, puisque je ne serai pas présente quand vous la jouerez. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  38. À toi, à présent, Blaise ; c'est toi qui entres ici, et qui viens nous interrompre ; retire-toi à quatre pas, pour feindre que tu arrives ; moi, qui t'aperçois venir, je dis à Colette : « Voici Blaise qui arrive, ma chère Colette ; remettons l'entretien à une autre fois. » (Acte 1, scène 4, MERLIN)
  39. Tu rencontres Colette sur ton chemin, et tu lui demandes d'avec qui elle sort. (Acte 1, scène 4, MERLIN)
  40. Tenez, Monsieur Merlin, je ne saurions endurer que vous m'escamotiais ma maîtresse. (Acte 1, scène 5, BLAISE)
  41. Dans mes instructions, je t'ai dit de me demander quel était mon entretien avec Colette. (Acte 1, scène 5, MERLIN)
  42. Souviens-toi donc que tu n'étais pas censé y être. (Acte 1, scène 5, MERLIN)
  43. Oui, nous ne faisions que de nous rencontrer. (Acte 1, scène 5, MERLIN)
  44. Continuez ; continuez ; dans la représentation il ne les verra pas, et cela le corrigera ; quand un homme perd sa maîtresse, il lui est permis d'être distrait, Monsieur Merlin. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  45. Quant à ce qui est de vous autres, il n'y a que patience à prendre. (Acte 1, scène 5, COLETTE)
  46. Tiens, voilà le cas que je fais du plan de ta comédie, tu mériterais d'être traité de même. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  47. Mais, mes enfants, gagnons d'abord notre argent, et puis nous finirons nos débats. (Acte 1, scène 5, MERLIN)
  48. Et pourquoi s'y battre ? (Acte 1, scène 6, MADAME-ARGANTE)
  49. C'est elle qui nous paye pour la mettre en état ; et moi, qui vous parle, j'ai déjà reçu des arrhes ; ma marchandise est vendue, il faut que je la livre ; et vous ne sauriez, en conscience, rompre un marché conclu, Madame. (Acte 1, scène 6, MERLIN)
  50. Ne te mets point en peine ; je vous dédommagerai, vous autres. (Acte 1, scène 6, MADAME-ARGANTE)
  51. Sans compter douze sous qu'il m'en coûte pour un moucheur de chandelles que j'ai arrêté ; trois bouteilles de vin que j'ai avancées aux ménétriers du village pour former mon orchestre ; quatre que j'ai donné parole de boire avec eux immédiatement après la représentation ; une demi-main de papier que j'ai barbouillée pour mettre mon canevas bien au net... (Acte 1, scène 6, MERLIN)
  52. Où en est notre comédie ? (Acte 1, scène 8, ARAMINTE)
  53. Sans doute : on la jouera pourtant, ou celle-ci, ou une autre. (Acte 1, scène 8, MADAME-AMELIN)
  54. Il sera curieux de la voir monter sur le théâtre ! (Acte 1, scène 8, ARAMINTE)
  55. Écoutez-moi ; je vais feindre d'être si rebutée du peu de complaisance qu'on a pour moi, que je paraîtrai renoncer au mariage de mon neveu avec Angélique. (Acte 1, scène 8, MADAME-AMELIN)
  56. Votre neveu est, en effet, un si grand parti pour elle... (Acte 1, scène 8, ARAMINTE)
  57. Mon neveu et sa maîtresse seront-ils, de leur côté, de bons acteurs, à votre avis ? (Acte 1, scène 8, MADAME-AMELIN)
  58. Cela sera plaisant, mais il n'y a que mon rôle qui m'embarrasse : à quoi puis-je vous être bonne ? (Acte 1, scène 8, ARAMINTE)
  59. Vous m'avez fait confidence de votre inclination pour mon neveu, tout est dit. (Acte 1, scène 8, MADAME-AMELIN)
  60. Mon neveu, son coeur et sa main, joints à trente mille livres de rente, ne valent-ils pas bien qu'on s'attache à elle ? (Acte 1, scène 9, MADAME-AMELIN)
  61. Vous m'aimerez, vous dis-je ; on m'a promis votre coeur, et je prétends qu'on me le tienne ; je crois que d'en donner deux cent mille écus, c'est le payer tout ce qu'il vaut, et qu'il y en a peu de ce prix-là. (Acte 1, scène 9, ARAMINTE)
  62. Rien que de fort heureux, quand il sera raisonnable ; au reste, Madame, j'allais vous informer que nous sommes sur notre départ, Araminte, mon neveu et moi. (Acte 1, scène 10, MADAME-AMELIN)
  63. Notre projet était de demeurer ensemble ; nous pourrions ne nous pas convenir ; n'allons pas plus loin. (Acte 1, scène 10, MADAME-AMELIN)
  64. Araminte à votre neveu, Madame ! (Acte 1, scène 10, MADAME-ARGANTE)
  65. Votre neveu épouser Araminte ! (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  66. Y songez-vous, mon neveu, de parler d'amour à une autre, en présence de Madame que je vous destine ? (Acte 1, scène 10, MADAME-AMELIN)
  67. Il n'y a qu'un rêve qui puisse rendre ceci pardonnable, absolument qu'un rêve, que la représentation de votre misérable comédie va dissiper. (Acte 1, scène 10, MADAME-ARGANTE)
  68. Vous joueriez à merveille, Madame, et votre vivacité en est une preuve ; mais je ferais scrupule d'abaisser votre gravité jusque-là. (Acte 1, scène 10, MADAME-AMELIN)
  69. Qu'ils entrent. (Acte 1, scène 11, MADAME-ARGANTE)
  70. Il n'en sera rien, s'il vous plaît vous-même, et je vous le dis tout franc, vous avez là un très mauvais procédé, Madame ; vous êtes de nos amis, nous vous invitons au mariage de ma fille, et vous prétendez en faire le vôtre et lui enlever son mari, malgré toute la répugnance qu'il en a lui-même ; car il vous refuse, et vous sentez bien qu'il ne gagnerait pas au change ; en vérité, vous n'êtes pas concevable : à quarante ans lutter contre vingt ! (Acte 1, scène 11, MADAME-ARGANTE)
  71. Non ; noute mère m'a défendu de monter sur le thiâtre. (Acte 1, scène 12, BLAISE)
  72. Et moi, je lui défends de vous en empêcher : je vous sers de mère ici, c'est moi qui suis la vôtre. (Acte 1, scène 12, MADAME-ARGANTE)
  73. Et au par-dessus, on se raille de ma parsonne dans ce peste de jeu-là, noute maîtresse ; Colette y fait semblant d'avoir le coeur tendre pour Monsieur Merlin, Monsieur Merlin de li céder le sien ; et maugré la comédie, tout ça est vrai, noute maîtresse ; car ils font semblant de faire semblant, rien que pour nous en revendre, et ils ont tous deux la malice de s'aimer tout de bon en dépit de Lisette qui n'en tâtera que d'une dent, et en dépit de moi qui sis pourtant retenu pour gendre de mon biau-père. (Acte 1, scène 12, BLAISE)
  74. Retirez-vous, puisque vous n'êtes pas de cette scène-ci ; vous paraîtrez quand il sera temps ; continuez, vous autres. (Acte 1, scène 12, MADAME-ARGANTE)
  75. Quand on achèverait cette scène-ci, vous n'avez pas l'autre ; car c'est moi qui dois la jouer, et je n'en ferai rien. (Acte 1, scène 12, LISETTE)
  76. Faites comme si c'était le vôtre. (Acte 1, scène 13, MADAME-AMELIN)
  77. Ne voulez-vous pas bien honorer ce contrat-là de votre signature, Madame ? (Acte 1, scène 13, MADAME AMELIN)
  78. Signer votre contrat, Madame ! (Acte 1, scène 13, MADAME-ARGANTE)
  79. Accommodez-vous donc, Mesdames ; car d'autres affaires m'appellent ailleurs. (Acte 1, scène 13, LE-NOTAIRE)
  80. Vous ne m'aimerez jamais tant que vous m'avez haïe ; mais mes quarante ans me restent sur le coeur ; je n'en ai pourtant que trente-neuf et demi. (Acte 1, scène 13, ARAMINTE)

ANNIBAL (1727)

  1. Verser dans votre coeur la tristesse et l'ennui ! v.4 (Acte 1, scène 1, EGINE)
  2. De ce Romain si fier, qui fut votre vainqueur. v.43 (Acte 1, scène 1, EGINE)
  3. Sans doute, à votre tour, vous surprîtes le coeur. v.44 (Acte 1, scène 1, EGINE)
  4. Moi-même, que l'amour sut peut-être tromper, v.55 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  5. Je le devins, Egine, et j'ai cru l'être enfin, v.67 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  6. Sans amour, il est vrai, j'allais être asservie ; v.77 (Acte 1, scène 1, LAODICE)
  7. Et le roi votre père ignore ses desseins ; v.96 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  8. Par moi, Rome autrefois se vit près de sa chute ; v.98 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  9. Et de l'ambassadeur, peut-être, tout l'emploi v.107 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  10. Annibal, destiné pour être votre époux, v.119 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  11. Et votre coeur, enfin, est assez grand pour croire v.121 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  12. M'associe aux hasards de votre destinée. v.126 (Acte 1, scène 2, LAODICE)
  13. Croyez à votre tour que j'ai l'âme trop fière v.129 (Acte 1, scène 2, LAODICE)
  14. Le noeud dont avec vous je dois être lié, v.144 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  15. Réparer entre nous la distance des ans, v.152 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  16. Je ne vous dirai point que le Sénat, peut-être, v.157 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  17. Deviendra par degrés son tyran et son maître ; v.158 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  18. Et que, si votre père obéit aujourd'hui, v.159 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  19. Ce maître ordonnera de vous comme de lui ; v.160 (Acte 1, scène 2, ANNIBAL)
  20. Sans la guerre, il aurait conclu notre hyménée ; v.173 (Acte 1, scène 2, LAODICE)
  21. Eh quoi ! Pour vos pareils voulez-vous reconnaître v.189 (Acte 1, scène 3, ANNIBAL)
  22. Des hommes, par abus appelés rois sans l'être ; v.190 (Acte 1, scène 3, ANNIBAL)
  23. Qui, sur ce trône assis, et le sceptre à la main, v.195 (Acte 1, scène 3, ANNIBAL)
  24. S'ils livrent aux Romains et leur sceptre et leur vie, v.210 (Acte 1, scène 3, PRUSIAS)
  25. Quoi ! Seigneur, votre rang n'est pas sacrifié, v.219 (Acte 1, scène 3, ANNIBAL)
  26. C'est montrer votre estime, en produire des marques v.221 (Acte 1, scène 3, ANNIBAL)
  27. Et d'un commun accord, ces maîtres des humains, v.231 (Acte 1, scène 3, ANNIBAL)
  28. Qui vous fait un devoir de votre abaissement. v.236 (Acte 1, scène 3, ANNIBAL)
  29. Au trône, votre place, attendez sa présence. v.238 (Acte 1, scène 3, ANNIBAL)
  30. Ce que le ciel peut-être en ce moment m'inspire ! v.254 (Acte 1, scène 4, AMILCAR)
  31. Sans doute il a dessein de vous être fidèle : v.258 (Acte 1, scène 4, AMILCAR)
  32. De peu de fermeté doit vous être suspect. v.260 (Acte 1, scène 4, AMILCAR)
  33. Il en serait peut-être encor de généreux : v.271 (Acte 1, scène 4, AMILCAR)
  34. Mais une autre raison fait vos dégoûts pour eux : v.272 (Acte 1, scène 4, AMILCAR)
  35. Peut-être à quelqu'un d'eux rendriez-vous justice. v.274 (Acte 1, scène 4, AMILCAR)
  36. Par de nouveaux efforts, combattre sa faiblesse, v.310 (Acte 1, scène 4, ANNIBAL)
  37. L'irriter contre Rome ; et mon unique soin v.311 (Acte 1, scène 4, ANNIBAL)
  38. Des ministres chargés des ordres du Sénat ! v.316 (Acte 2, scène 1, FLAVIUS)
  39. Sans d'autres intérêts qui ne touchent que moi. v.344 (Acte 2, scène 1, FLAMINIUS)
  40. Et s'il n'eût, autrefois, ralenti son courage, v.349 (Acte 2, scène 1, FLAMINIUS)
  41. Qu'il va de Laodice être bientôt l'époux. v.364 (Acte 2, scène 1, FLAMINIUS)
  42. N'aurait peut-être pu sentir le déshonneur, v.376 (Acte 2, scène 1, FLAMINIUS)
  43. Le titre qui pouvait excuser ma tendresse, v.378 (Acte 2, scène 1, FLAMINIUS)
  44. L'aimable Laodice a-t-elle fait connaître v.385 (Acte 2, scène 1, FLAVIUS)
  45. Prusias va paraître ; v.386 (Acte 2, scène 1, FLAMINIUS)
  46. Entre Artamène et vous renouvellent la guerre. v.394 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  47. Cet auguste Sénat, qui peut parler en maître, v.401 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  48. Mais qui donne à regret des preuves qu'il peut l'être, v.402 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  49. Les autres gémissants abandonnés aux fers, v.415 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  50. Voilà, pour imposer silence à votre audace, v.417 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  51. Le spectacle qu'il faut que votre esprit se fasse. v.418 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  52. Vont mettre, je le veux, son sceptre dans vos mains. v.420 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  53. Mais quand vous le tiendrez, ce sceptre qui vous tente, v.421 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  54. Que ferez-vous du vôtre, et qui vous sauvera v.423 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  55. Restez en paix, régnez, gardez votre couronne : v.425 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  56. Quoi qu'il en soit, enfin, que votre ambition v.431 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  57. Fait rarement trembler ceux qui sont à ma place. v.442 (Acte 2, scène 2, PRUSIAS)
  58. Et d'une lâcheté veut-il être complice ! v.454 (Acte 2, scène 2, PRUSIAS)
  59. Et lorsque je suis prêt d'en être la victime, v.457 (Acte 2, scène 2, PRUSIAS)
  60. M'en défendre, Seigneur, est-ce commettre un crime ! v.458 (Acte 2, scène 2, PRUSIAS)
  61. Seigneur, si de la vôtre elle n'est que la suite ! v.462 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  62. Qui servît de prétexte à votre ambition ! v.468 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  63. Mais le Sénat a vu votre coupable ruse, v.469 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  64. Si le roi contre lui veut en faire l'épreuve, v.481 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  65. Le projet est hardi. Cependant votre état v.483 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  66. Et votre orgueil, réduit à chercher un asile, v.485 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  67. Dont votre Rome aurait à rougir la première. v.490 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  68. Ô Rome ! Tes destins ont pris une autre face. v.505 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  69. Le Sénat, qui d'un autre est aujourd'hui l'appui, v.519 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  70. N'avez-vous donc pas mis tout votre art en pratique ! v.530 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  71. Serait-ce qu'il manquait à votre instruction v.531 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  72. La honte d'être encor vaincu par Scipion ! v.532 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  73. Apprît à l'avenir à nous être soumise. v.546 (Acte 2, scène 2, FLAMINIUS)
  74. A tant de vains discours, je vois votre embarras ; v.547 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  75. D'un homme qu'autrefois Rome a vu son vainqueur ; v.556 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  76. Qu'il a bien mérité d'être respecté d'eux. v.560 (Acte 2, scène 2, ANNIBAL)
  77. Que de notre entretien Annibal fût témoin, v.564 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  78. Et vous pouviez, sans lui, faire votre réponse v.565 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  79. Ne lui plaît point dans ceux qui tiennent votre place. v.574 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  80. Ce devoir est, Seigneur, de n'oser entreprendre v.577 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  81. Voilà votre devoir, et vous l'observez mal, v.583 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  82. Et si les fiers avis offensent votre coeur, v.587 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  83. Cette Rome s'explique en maîtresse du monde. v.589 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  84. Si sur un titre égal votre audace se fonde, v.590 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  85. Si, lorsqu'elle voudra, votre trône chancelle, v.594 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  86. Aurait toujours raison, et l'autre toujours tort. v.600 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  87. Les rois, dans le haut rang où le ciel les fait naître, v.609 (Acte 2, scène 3, PRUSIAS)
  88. Ont souvent des vainqueurs et n'ont jamais de maître ; v.610 (Acte 2, scène 3, PRUSIAS)
  89. Et pouvoir ignorer quel est votre intérêt. v.616 (Acte 2, scène 3, PRUSIAS)
  90. En ce cas, du Sénat avouez l'entremise. v.630 (Acte 2, scène 3, FLAMINIUS)
  91. Et de son amitié l'entreprise est nouvelle ; v.638 (Acte 2, scène 3, PRUSIAS)
  92. Non : de trop de vertu votre esprit le soupçonne, v.657 (Acte 2, scène 4, HIÉRON)
  93. Puisque lui résister c'est se montrer rebelle. v.662 (Acte 2, scène 4, HI?RON)
  94. Oui, ce Flaminius dont je crus être aimée, v.689 (Acte 3, scène 1, LAODICE)
  95. Oserait en ce jour se permettre votre âme ! v.698 (Acte 3, scène 1, EGINE)
  96. Mon coeur tâcha du moins de se rendre le maître v.701 (Acte 3, scène 1, LAODICE)
  97. De cet amour qu'il plut au sort d'y faire naître. v.702 (Acte 3, scène 1, LAODICE)
  98. Puisse avec fermeté vouloir être vainqueur ! v.704 (Acte 3, scène 1, LAODICE)
  99. Ce qu'elle a pour la vôtre et d'estime et d'amour. v.724 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  100. Quoique enfin le Sénat n'ait consacré ce titre v.729 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  101. Qu'à s'annoncer des rois et le juge et l'arbitre, v.730 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  102. Madame, en sa faveur, que votre âme indulgente v.733 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  103. Ai-je l'honneur de plaire à votre république ! v.742 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  104. Et nous a-t-il fait naître avec tant d'infortune, v.749 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  105. Si tel est notre sort, du moins épargnez-nous v.751 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  106. L'honneur humiliant d'être admirés de vous. v.752 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  107. Quoi qu'il en soit enfin, dans la peur d'être ingrate, v.753 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  108. C'est en dire beaucoup : une telle entreprise v.757 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  109. De trop de liberté pourrait être reprise ; v.758 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  110. Et c'est trop, entre nous, présumer des effets v.763 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  111. Est trop fait aux honneurs pour en être charmé. v.768 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  112. Qui n'a point votre aveu, Madame ! Ah ! Cet époux v.775 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  113. Vous aime, et ne veut être agréé que de vous. v.776 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  114. Quand les dieux, le Sénat, et le roi votre père, v.777 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  115. Il vous aimerait trop pour vouloir être heureux. v.780 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  116. Un feu moins généreux serait-il votre ouvrage ! v.781 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  117. Arbitre de l'amant dont vous êtes chérie, v.790 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  118. Je vous ai tu son nom ; mais mon récit peut-être, v.793 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  119. Et le vif intérêt que j'ai laissé paraître, v.794 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  120. De supposer quelqu'un digne de votre coeur. v.804 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  121. Ni que vous feignissiez de ne point reconnaître v.809 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  122. L'infortuné penchant que vous avez vu naître. v.810 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  123. Un pareil entretien a duré trop longtemps, v.811 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  124. Eût destiné mon coeur à leur être équitable. v.814 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  125. Oubliez-vous quel rang nous tenons l'un et l'autre ! v.817 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  126. Vous rougiriez du mien, je rougirais du vôtre. v.818 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  127. Non, Seigneur ; c'est en vain que le vôtre m'en presse ; v.822 (Acte 3, scène 2, LAODICE)
  128. Achevez ; qui pourrait m'empêcher d'être heureux ! v.824 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  129. Vous aurait-on promise ! Et le roi votre père v.825 (Acte 3, scène 2, FLAMINIUS)
  130. À permettre mes feux s'est en vain abaissée. v.830 (Acte 3, scène 3, FLAMINIUS)
  131. M'appartient-il d'oser combattre une faiblesse ! v.842 (Acte 3, scène 3, FLAMINIUS)
  132. L'hymen de votre fille est aujourd'hui certain. v.847 (Acte 3, scène 4, FLAMINIUS)
  133. Quelque intérêt, Seigneur, que votre Rome y prenne, v.853 (Acte 3, scène 4, PRUSIAS)
  134. De qui dépendez-vous, pour être interrogé ! v.860 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  135. Est-ce à vous qu'on m'envoie ! Est-ce ici votre place ! v.862 (Acte 3, scène 4, FLAMINIUS)
  136. Et qu'avec trop d'excès votre orgueil importune. v.866 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  137. Mais j'y suis à bon titre, et comme ami du roi. v.868 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  138. Si ce n'est pas assez pour y pouvoir paraître, v.869 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  139. Je suis donc son ministre, et je le fais mon maître. v.870 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  140. Dût-il de votre fille être bientôt l'époux, v.871 (Acte 3, scène 4, FLAMINIUS)
  141. Pourrait-il de son sort se montrer plus jaloux ! v.872 (Acte 3, scène 4, FLAMINIUS)
  142. Que son agent voudrait jeter dans votre coeur v.876 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  143. Déclarez avec qui votre foi vous engage : v.877 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  144. Que Rome a des soupçons de notre engagement. v.888 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  145. Qui m'attache à jamais à votre destinée, v.894 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  146. Qui de Rome peut-être expose le destin, v.896 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  147. Qui contre elle du moins fait revivre un courage v.897 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  148. D'un orgueil alarmé vous montrent l'artifice. v.902 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  149. Je veuille encourager votre honneur étonné v.907 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  150. Et que pourriez-vous craindre en gardant votre foi ! v.911 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  151. Est-ce d'être vaincu, de cesser d'être roi ! v.912 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  152. Épuisez votre adresse à tromper Prusias ; v.923 (Acte 3, scène 4, FLAMINIUS)
  153. Mais laissez-nous après un moment d'entretien. v.932 (Acte 3, scène 4, FLAMINIUS)
  154. Qu'il ne rend pas ici justice à votre coeur. v.936 (Acte 3, scène 4, ANNIBAL)
  155. Pour venir vous surprendre a dû s'être formée ; v.946 (Acte 3, scène 5, FLAMINIUS)
  156. Vous, de son désespoir instrument et ministre, v.949 (Acte 3, scène 5, FLAMINIUS)
  157. Qui n'en pénétrez pas le mystère sinistre, v.950 (Acte 3, scène 5, FLAMINIUS)
  158. Il doit m'être bien dur de menacer son père. v.962 (Acte 3, scène 5, FLAMINIUS)
  159. Mais, par reconnaissance, épargnez votre tête. v.970 (Acte 3, scène 5, FLAMINIUS)
  160. Peut-être auriez-vous peine à me faire réponse ; v.974 (Acte 3, scène 5, FLAMINIUS)
  161. Songez-y ; mais sachez qu'après cet entretien, v.975 (Acte 3, scène 5, FLAMINIUS)
  162. Si je ne suis un traître, il faut que j'y périsse. v.990 (Acte 3, scène 6, PRUSIAS)
  163. Ô ciel ! J'aurais peut-être, au gré d'une chimère v.1001 (Acte 3, scène 6, PRUSIAS)
  164. Le parti que je prends, dût-il même être infâme, v.1005 (Acte 3, scène 6, PRUSIAS)
  165. Peut-être a pressenti ce que Rome projette. v.1014 (Acte 3, scène 6, PRUSIAS)
  166. Il la verra peut-être, et je vais, de ce pas, v.1023 (Acte 3, scène 7, PRUSIAS)
  167. D'un pareil entretien prévenir l'embarras. v.1024 (Acte 3, scène 7, PRUSIAS)
  168. Dans un pareil danger, il doit m'être permis, v.1045 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  169. Sans craindre d'être vain, d'exposer qui je suis. v.1046 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  170. J'ai besoin, en un mot, qu'ici votre mémoire v.1047 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  171. Et qu'à ce souvenir votre coeur excité, v.1049 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  172. Je ne vous dirai plus de presser votre père v.1051 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  173. Ces serments me flattaient du bonheur d'être à vous ; v.1053 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  174. Par qui de ses projets il puisse être éclairci. v.1058 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  175. Des devoirs où pour moi votre foi vous oblige, v.1059 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  176. Songez que votre coeur est pour moi dans ces lieux v.1061 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  177. Des desseins où l'effroi peut-être l'abandonne. v.1068 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  178. Vous devez être sûr qu'un coeur tel que le mien v.1081 (Acte 4, scène 2, LAODICE)
  179. Et que, me conformant à votre grand courage, v.1083 (Acte 4, scène 2, LAODICE)
  180. Mais votre honneur ici n'aura pas besoin d'elles : v.1087 (Acte 4, scène 2, LAODICE)
  181. Parlez-moi sans détour : content d'être estimé, v.1101 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  182. Je me connais trop bien pour vouloir être aimé. v.1102 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  183. Peut-être cependant ma crainte est-elle vaine ; v.1123 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  184. Peut-être notre hymen est tout ce qui le gêne : v.1124 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  185. Un sort livré peut-être aux fureurs des Romains. v.1126 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  186. Il ne m'importe plus d'être informé, Madame, v.1131 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  187. Du reste des secrets que j'ai lus dans votre âme ; v.1132 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  188. Et ce serait ici fatiguer votre coeur v.1133 (Acte 4, scène 2, ANNIBAL)
  189. Qu'on puisse m'obtenir après votre trépas. v.1150 (Acte 4, scène 2, LAODICE)
  190. Notre hymen est rompu. v.1161 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  191. Oui, Seigneur, vous serez content à votre tour, v.1165 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  192. Si vous ne trahissez vous-même votre amour. v.1166 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  193. Votre emploi dans ces lieux à ma gloire est funeste. v.1168 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  194. Mais enfin ce guerrier dut être mon époux. v.1174 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  195. Est-ce de votre haine une fatale adresse ! v.1180 (Acte 4, scène 3, FLAMINIUS)
  196. Cherchez-vous un refus, et votre cruauté v.1181 (Acte 4, scène 3, FLAMINIUS)
  197. Votre main est pour moi d'un prix inestimable, v.1183 (Acte 4, scène 3, FLAMINIUS)
  198. Et j'en ai cru le don plus cher à votre coeur. v.1186 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  199. Qui sur Flaminius borne votre pouvoir. v.1198 (Acte 4, scène 3, FLAMINIUS)
  200. De l'effroi que sa foudre entretient dans le monde ; v.1208 (Acte 4, scène 3, FLAMINIUS)
  201. Ces dieux, Flaminius, auraient cessé de l'être v.1215 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  202. S'ils voulaient ce que veut le Sénat, votre maître. v.1216 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  203. Cependant cet hymen que votre coeur rejette, v.1223 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  204. Je gémis d'être né pour être vertueux. v.1230 (Acte 4, scène 3, FLAMINIUS)
  205. Et ce serait peut-être une férocité v.1233 (Acte 4, scène 3, FLAMINIUS)
  206. Ce n'est pas tout encor : songez que votre amante v.1243 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  207. Et plus sur vous peut-être obtiendrai-je d'empire. v.1252 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  208. Contre mon propre amour en vain j'ai combattu ; v.1257 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  209. Oui, Seigneur, qu'avec soin votre âme y réfléchisse. v.1260 (Acte 4, scène 3, LAODICE)
  210. Dieux ! Que ne peut-elle être aujourd'hui la plus forte ! v.1268 (Acte 4, scène 3, FLAMINIUS)
  211. Sur ces instructions réglez votre conduite. v.1284 (Acte 4, scène 5, FLAMINIUS)
  212. Mais enfin ce serment pèse à votre courage, v.1295 (Acte 4, scène 6, ANNIBAL)
  213. Et si vous aviez su connaître votre coeur, v.1298 (Acte 4, scène 6, ANNIBAL)
  214. Sans doute vous n'auriez osé me la promettre v.1299 (Acte 4, scène 6, ANNIBAL)
  215. Et ne rougiriez pas de vous la voir remettre. v.1300 (Acte 4, scène 6, ANNIBAL)
  216. Mais il vous reste encore un autre engagement, v.1301 (Acte 4, scène 6, ANNIBAL)
  217. Puisque après tout, Seigneur, pour tenir votre foi, v.1305 (Acte 4, scène 6, ANNIBAL)
  218. Vous qui, si le sort même eût trahi votre appui, v.1309 (Acte 4, scène 6, ANNIBAL)
  219. Vous devrez l'être, au moins. v.1323 (Acte 4, scène 7, PRUSIAS)
  220. Peut-être d'Annibal trancher la destinée. v.1328 (Acte 5, scène 1, PRUSIAS)
  221. Doit, en se retirant, faire notre repos ; v.1334 (Acte 5, scène 1, HIÉRON)
  222. C'est la faute du sort, et non de votre coeur. v.1342 (Acte 5, scène 1, HIÉRON)
  223. Qui porte votre esprit à tant de méfiance ! v.1344 (Acte 5, scène 2, PRUSIAS)
  224. Veulent qu'à ses périls cède notre amitié. v.1362 (Acte 5, scène 2, PRUSIAS)
  225. Sans doute votre coeur a fait ce qu'il a pu. v.1374 (Acte 5, scène 2, ANNIBAL)
  226. Mais voulez-vous m'en croire ! Oublions l'un et l'autre v.1383 (Acte 5, scène 2, ANNIBAL)
  227. Ces serments que mon coeur dut refuser du vôtre, v.1384 (Acte 5, scène 2, ANNIBAL)
  228. Et ces mêmes serments déposent contre nous. v.1386 (Acte 5, scène 2, ANNIBAL)
  229. Je pars, et ma retraite obtiendra votre grâce. v.1388 (Acte 5, scène 2, ANNIBAL)
  230. Que sur nos ennemis votre âme, moins émue, v.1391 (Acte 5, scène 2, PRUSIAS)
  231. Mais, Seigneur, finissons cet entretien fâcheux, v.1397 (Acte 5, scène 2, ANNIBAL)
  232. Oui, Seigneur ; mais un jour vous connaîtrez mon zèle. v.1400 (Acte 5, scène 2, PRUSIAS)
  233. Vous pleurez : votre coeur accomplit sa promesse. v.1412 (Acte 5, scène 4, ANNIBAL)
  234. Fidèle à votre gloire, il veut la garantir : v.1417 (Acte 5, scène 4, LAODICE)
  235. Quelques avis certains m'ont découvert qu'un traître v.1419 (Acte 5, scène 4, LAODICE)
  236. Qui pense qu'un forfait obligera son maître, v.1420 (Acte 5, scène 4, LAODICE)
  237. Mais votre coeur me donne autant que son amour. v.1430 (Acte 5, scène 4, ANNIBAL)
  238. À votre asile ! Ô ciel ! Seigneur où courez-vous ! v.1453 (Acte 5, scène 4, LAODICE)
  239. Tes devoirs tant vantés, ministre des Romains, v.1461 (Acte 5, scène 5, LAODICE)
  240. Hâtez-vous d'achever votre barbare emploi : v.1466 (Acte 5, scène 6, LAODICE)
  241. Cet aveu d'un penchant que votre coeur abhorre. v.1472 (Acte 5, scène 7, FLAMINIUS)
  242. Quand sans crime il peut être et tendre et généreux. v.1478 (Acte 5, scène 8, FLAMINIUS)
  243. Seigneur, puis-je espérer qu'oubliant l'un et l'autre v.1487 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  244. Tout ce qui peut aigrir mon esprit et le vôtre, v.1488 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  245. Vous voudrez bien ici que je vous entretienne v.1491 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  246. Seigneur, si votre estime a conçu ce projet, v.1493 (Acte 5, scène 9, ANNIBAL)
  247. Pour Annibal peut-être est encore un mystère. v.1496 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  248. Vous n'en devez pas être irrité contre moi. v.1498 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  249. A cru qu'il suffirait de votre éloignement. v.1502 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  250. Et n'exigerait rien après votre retraite. v.1504 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  251. Promet de révéler le jour de votre fuite. v.1508 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  252. Que puisse se choisir votre audace guerrière. v.1536 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  253. A votre place enfin, voilà le seul écueil v.1537 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  254. Où, même en se brisant, se maintient votre orgueil. v.1538 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  255. N'hésitez point, venez ; achevez de connaître v.1539 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  256. Ces vainqueurs que déjà vous estimez peut-être. v.1540 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  257. Puisque autrefois, Seigneur, vous les avez vaincus, v.1541 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  258. Montrez-leur Annibal ; qu'il vienne les convaincre v.1543 (Acte 5, scène 9, FLAMINIUS)
  259. D'autre asile à choisir que Rome ou que la mort. v.1554 (Acte 5, scène 9, ANNIBAL)
  260. Quand même vous m'eussiez remis entre ses mains, v.1569 (Acte 5, scène 10, ANNIBAL)
  261. Malgré tout le courroux qui trouble votre coeur, v.1581 (Acte 5, scène 10, FLAMINIUS)
  262. Ils ont droit de paraître, et je dois y souscrire. v.1584 (Acte 5, scène 10, FLAMINIUS)

LE TRIOMPHE DE PLUTUS (1739)

  1. J'aperçois Apollon ; il est descendu dans ces lieux pour y faire sa cour à sa nouvelle maîtresse. (Acte 1, scène 1, PLUTUS)
  2. Je m'avisai l'autre jour de lui dire que je voulais en avoir une ; Monsieur le blondin me railla fort ; il me défia d'en être aimé, me traita comme un imbécile, et je viens ici exprès pour souffler la sienne. (Acte 1, scène 1, PLUTUS)
  3. Cet aigrefin de dieu qui veut tenir contre Plutus ? (Acte 1, scène 1, PLUTUS)
  4. Contre le dieu des trésors ! (Acte 1, scène 1, PLUTUS)
  5. Apparemment que la petite contestation que nous avons eue l'autre jour vous a piqué ; vous n'en voulez pas avoir le démenti, c'est fort bien fait. (Acte 1, scène 2, APOLLON)
  6. Dites-moi, votre maîtresse est-elle aimable ? (Acte 1, scène 2, APOLLON)
  7. C'est un morceau à croquer ; je l'ai vue l'autre jour en traversant les airs, et je veux lui en dire deux mots. (Acte 1, scène 2, PLUTUS)
  8. Vous voilà toujours avec votre esprit pindarisé ; je parle net et clair, et outre cela mes ducats ont un style qui vaut bien celui de l'Académie. (Acte 1, scène 2, PLUTUS)
  9. Je connais pourtant des femmes qu'ils ne persuaderont pas, et je viens, comme vous, voir ici une jolie personne auprès de qui je soupçonne que je ne serais rien, si je n'avais que cette ressource ; votre maîtresse sera peut-être de même. (Acte 1, scène 2, APOLLON)
  10. Qu'elle soit comme elle voudra, je ne m'embarrasse point ; avec de l'argent j'ai tout ce qu'il me faut ; mais qu'est-ce que votre maîtresse à vous ? (Acte 1, scène 2, PLUTUS)
  11. Déguisé en muguet, vous vous moquez de moi à cause de votre bel esprit et de vos cheveux blonds. (Acte 1, scène 2, PLUTUS)
  12. Nous verrons, nous verrons ; j'ai une petite chose à vous dire : c'est que votre belle, je la connais, je lui ai déjà parlé, et, sans vanité, elle est dans d'assez bonnes dispositions pour nous. (Acte 1, scène 2, APOLLON)
  13. Vous pouvez ici rester, si vous voulez, et lui parler à votre tour ; voyez bien que je suis de bonne composition, quand je ne vois point de danger. (Acte 1, scène 2, APOLLON)
  14. Bon, je le veux bien, abordez, j'irai mon train, et vous le vôtre. (Acte 1, scène 2, PLUTUS)
  15. Bonjour, ma chère Spinette ; comment se porte ta maîtresse ? (Acte 1, scène 3, APOLLON)
  16. Pendant votre absence, je vous ai rendu auprès de ma maîtresse tous les petits services qui dépendaient de moi. (Acte 1, scène 3, SPINETTE)
  17. Votre ami a l'air bien épais. (Acte 1, scène 3, SPINETTE)
  18. Mais je te quitte, Spinette ; mon impatience ne me permet pas de différer davantage d'entrer. (Acte 1, scène 3, APOLLON)
  19. Soit, vous êtes le maître. (Acte 1, scène 3, APOLLON)
  20. Vous êtes bien le maître de prouver tant qu'il vous plaira, et s'il ne s'agit que de douter du fait, je douterai de reste. (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  21. Monsieur, vous demandez, à être de mes amis ; comment l'entendez-vous ? (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  22. Votre fantaisie serait un assez bon goût. (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  23. C'est que j'aime ta maîtresse ; je suis riche, un richissime négociant, à qui l'or et l'argent ne coûtent rien, et je voudrais bien n'aimer pas tout seul. (Acte 1, scène 4, PLUTUS)
  24. Ma maîtresse a aussi un honneur à garder. (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  25. Cela est vrai, quand c'est dans de bonnes vues ; mais les vôtres n'ont pas l'air d'être bien régulières. (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  26. Si vous demandiez à vous en faire aimer pour l'épouser, riche comme vous êtes, et de la meilleure pâte d'homme qu'il y ait, à ce qu'il me paraît, je ne doute pas que vous ne vinssiez à bout de votre projet, avec mes soins, à condition que les preuves iront leur chemin, quand j'en aurai besoin. (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  27. Oh ça, est-ce que vous voudriez épouser ma maîtresse ? (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  28. Fort bien, je vous sers de bon coeur à ce prix-là ; mais Monsieur Ergaste, votre ami, avec qui vous êtes venu, est amoureux d'Aminte, et je crois même qu'il ne lui déplaît pas ; il parle de mariage aussi, il est d'une figure assez aimable, beaucoup d'esprit, et il faudra lutter contre tout cela. (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  29. Je le crois comme vous ; car il ne m'a jamais rien prouvé que le talent qu'il a de promettre. (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  30. Ergaste, au reste, se dit un gentilhomme à son aise, et sous ce titre, il fait son chemin tant qu'il peut dans le coeur de ma maîtresse, qui est un peu précieuse, et qui l'écoute à cause de son esprit. (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  31. Aime-t-elle la dépense, ta maîtresse ? (Acte 1, scène 4, PLUTUS)
  32. Dis-lui tout cela ; dis-lui encore que mon or et mon argent sont toujours beaux ; cela ne prend point de rides ; un louis d'or de quatre-vingts ans est tout aussi beau qu'un louis d'or d'un jour, et cela est considérable d'être toujours jeune du côté du coffre-fort. (Acte 1, scène 4, PLUTUS)
  33. Allez, allez, je ferai votre cour. (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  34. Tenez ; moi d'abord, en vous voyant, je vous trouvais la physionomie assez commune, et l'esprit à l'avenant ; mais depuis que je vous connais, vous êtes tout un autre homme, vous me paraissez presque aimable, et dès demain je vous trouverai charmant ; du moins il ne tiendra qu'à vous. (Acte 1, scène 4, SPINETTE)
  35. Mon maître est-il arrivé ? (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  36. Voilà un galant homme qui me salue sans me connaître. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  37. Cependant tous les jours je demande à en avoir un petit échantillon ; mais, à vous parler franchement, je crois que mon maître n'a ni l'échantillon ni la pièce. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  38. Dix louis d'or pour boire à votre santé ! (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  39. J'aime la maîtresse d'Ergaste. (Acte 1, scène 5, PLUTUS)
  40. Monsieur, faites-lui votre compliment. (Acte 1, scène 5, SPINETTE)
  41. Te voilà, Arlequin ; est-ce que ton maître est arrivé ? (Acte 1, scène 6, ARMIDAS)
  42. On dit que oui, Monsieur ; car je ne fais que d'arriver moi-même : je m'étais arrêté dans un village pour m'y rafraîchir ; et comme il fait extrêmement chaud, vous me permettrez d'en aller faire autant dans l'office. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  43. Tu es le maître. (Acte 1, scène 6, ARMIDAS)
  44. C'est que si mon amitié pouvait vous accommoder, la vôtre me conviendrait on ne peut pas mieux. (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  45. Monsieur, mon amitié est due à tous les honnêtes gens ; et quand j'aurai l'honneur de vous connaître... (Acte 1, scène 6, ARMIDAS)
  46. Monsieur, vous ne pouviez manquer d'être bien venu sous les auspices de Monsieur Ergaste, que j'estime beaucoup. (Acte 1, scène 6, ARMIDAS)
  47. Je suis fâché de n'être pas venu plus tôt ; mais j'ai été occupé d'une affaire que je voulais finir. (Acte 1, scène 6, ARMIDAS)
  48. Mais, Monsieur, j'ai peine à vous la vendre de cette manière ; vous ne l'avez pas vue, et vous n'aimeriez peut-être pas le pays où elle est ? (Acte 1, scène 6, ARMIDAS)
  49. Je ne m'y connais pas ; il suffit, c'est une terre ; je ne l'ai point vue, mais je vous vois ; vous avez la physionomie d'un honnête homme, et votre terre vous ressemble. (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  50. Vous me comblez d'honnêtetés, Monsieur, je ne sais comment les reconnaître. (Acte 1, scène 6, ARMIDAS)
  51. Votre nièce est bien jolie, Monsieur Armidas. (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  52. Dis-je en moi-même, ce visage-là tout entier doit être bien aimable. (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  53. Ergaste, mon ami, me dit quelques jours après qu'il venait ici ; je l'ai suivi pour le supplanter ; car il aime aussi votre nièce, et je ne m'en soucie guère, si nous sommes d'accord. (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  54. C'est mon ami, mais je n'y saurais que faire ; l'amour se moque de l'amitié, et moi aussi ; je suis trop franc pour être scrupuleux. (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  55. Voilà ce qu'on appelle avoir du mérite, de l'esprit et de la taille, qui ne me manquent pourtant pas, ni l'un ni l'autre. (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  56. Voilà un menton qui triplera, sur ma parole ; et puis du ventre !... (Acte 1, scène 6, PLUTUS)
  57. Votre humeur me convient à merveille. (Acte 1, scène 6, ARMIDAS)
  58. Pour de la musique, Mademoiselle, il vous en apprendra tant, que vous pourrez la montrer vous-même. (Acte 1, scène 7, PLUTUS)
  59. Voilà mes galanteries, à moi ; je ne sais point chercher mes phrases, Mademoiselle : vous êtes belle comme un astre, et le tout sans compliment. (Acte 1, scène 7, PLUTUS)
  60. Elle n'a pas goûté ma comparaison ; une autre fois, je l'attraperai mieux. (Acte 1, scène 7, PLUTUS)
  61. Je ne serais pas pourtant bien aise que vous lui ressemblassiez tout à fait ; la bonne dame a un mari dont je ne voudrais pas être la copie. (Acte 1, scène 7, PLUTUS)
  62. Mais à propos, Ergaste fait des vers à votre louange, et moi il faut bien aussi que je vous imagine quelque chose ; je vous quitte pour y rêver. (Acte 1, scène 7, PLUTUS)
  63. Notre oncle, je me recommande à vous : allez droit en besogne. (Acte 1, scène 7, PLUTUS)
  64. Sur ce pied-là, je l'avoue, on ne saurait lui disputer le titre d'homme généreux et magnifique. (Acte 1, scène 8, AMINTE)
  65. Et moi je vous dis qu'il a autant d'esprit qu'un autre, mais qu'il ne veut s'en servir qu'à sa commodité. (Acte 1, scène 8, SPINETTE)
  66. Spinette, à notre secours ! (Acte 1, scène 10, PLUTUS)
  67. Ma maîtresse, ma chère maîtresse, ayez pitié de l'amour de cet honnête homme. (Acte 1, scène 10, SPINETTE)
  68. Je veux mourir si je suis la maîtresse de dire non. (Acte 1, scène 10, AMINTE)
  69. Il est plusieurs sortes de mérites, et vous avez le vôtre, Monsieur ; mais que deviendrait Ergaste ? (Acte 1, scène 10, AMINTE)
  70. Et soutenue d'un bout à l'autre. (Acte 1, scène 11, ARMIDAS)
  71. Grand merci, notre oncle, je la soutiendrai toujours de même. (Acte 1, scène 11, PLUTUS)
  72. Voyons donc votre musique. (Acte 1, scène 11, AMINTE)
  73. Il semble que cela n'ait point été de votre goût, Monsieur Armidas. (Acte 1, scène 12, APOLLON)
  74. Cela n'empêchera pas, Monsieur, si vous voulez, que nous ne vous donnions tantôt un petit divertissement à votre honneur et gloire. (Acte 1, scène 13, MUSICIEN)
  75. Oui-da, cela ne gâtera rien, et vous vous joindrez à mes danseurs que je vois entrer. (Acte 1, scène 13, PLUTUS)
  76. Ces airs-là sont-ils aussi de votre goût, Mademoiselle ? (Acte 1, scène 13, APOLLON)
  77. Approuvez-vous le procédé de Mademoiselle votre nièce ? (Acte 1, scène 14, APOLLON)
  78. Votre valet très humble. (Acte 1, scène 15, ARMIDAS)
  79. Vous étiez bien riche ; mais je crois qu'on m'appelle ; je suis votre servante. (Acte 1, scène 15, SPINETTE)
  80. Que ta maîtresse me fuit, que tout le monde m'abandonne. (Acte 1, scène 15, APOLLON)
  81. Monsieur Richard est donc maître du champ de bataille ? (Acte 1, scène 15, APOLLON)
  82. Ignores-tu de quel oeil nous nous regardons, ta maîtresse et moi ? (Acte 1, scène 15, APOLLON)
  83. Mon maître m'attend, dépêchez. (Acte 1, scène 16, ARLEQUIN)
  84. Ton maître ? (Acte 1, scène 16, APOLLON)
  85. Attendez, attendez ; j'ai quelque souvenir éloigné d'avoir autrefois servi un certain Monsieur... (Acte 1, scène 16, ARLEQUIN)
  86. Nous avons changé tout cela ; et je l'ai troqué contre un certain Monsieur Richard, qui habille et paie encore mieux. (Acte 1, scène 16, ARLEQUIN)
  87. Monsieur, nous ne songions pas seulement à vous, nous avons autre chose en tête. (Acte 1, scène 17, MUSICIEN)
  88. Plutus, vous l'emportez sur Apollon ; mais je ne suis point jaloux de votre triomphe. (Acte 1, scène 18, APOLLON)
  89. Il n'est point honteux pour le dieu du mérite d'être au-dessous du dieu des vices dans le coeur des hommes. (Acte 1, scène 18, APOLLON)
  90. Cela signifie qu'Ergaste est Apollon, et moi Plutus, qui lui a escroqué sa maîtresse. (Acte 1, scène 18, PLUTUS)
  91. Notre amour s'empresse. v.20 (Acte 1, scène 19, SUIVANTE-DE-PLUTUS)
  92. Si Plutus n'est votre dieu tutélaire. v.35 (Acte 1, scène 19, CHANTEUR)
  93. Rien ne répond à notre espoir. v.40 (Acte 1, scène 19, CHANTEUR)
  94. Un maître sot, v.75 (Acte 1, scène 19, CHANTEUR)
  95. Mais si Plutus entre dans le mystère, v.102 (Acte 1, scène 19, CHANTEUR)
  96. Contre l'auteur, v.135 (Acte 1, scène 19, ARLEQUIN)

LA SECONDE SUPRISE DE L'AMOUR (1728)

  1. Il est vrai que votre zèle est fort bien entendu ; pour m'empêcher d'être triste, il me met en colère. (Acte 1, scène 1, LA MARQUISE)
  2. Vous ne payerez jamais cette dette-là ; vous êtes trop jeune, elle ne saurait être sérieuse. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  3. Vous me faites trembler : est-ce que tous les hommes sont morts ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  4. Ah çà, Madame, sérieusement, je vous trouve le meilleur visage du monde ; voyez ce que c'est : quand vous aimiez la vie, peut-être que vous n'étiez pas si belle ; la peine de vivre vous donne un air plus vif et plus mutin dans les yeux, et je vous conseille de batailler toujours contre la vie ; cela vous réussit on ne peut pas mieux. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  5. Tu m'ennuies : qu'ai-je besoin d'être mieux que je ne suis ? (Acte 1, scène 1, LA MARQUISE)
  6. Votre amour-propre ne dit plus mot, et vous n'êtes pas à l'extrémité ! (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  7. Ne serait-ce pas un meurtre que de laisser dépérir ce teint-là, qui n'est que lys et que rose quand on en a soin ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  8. Que me veut son maître ? (Acte 1, scène 1, LA MARQUISE)
  9. Il vous appartient bien de m'interrompre, ma mie ; est-ce qu'il ne m'est pas libre d'être honnête ? (Acte 1, scène 2, LUBIN)
  10. Ce que votre femme de chambre m'a fait oublier. (Acte 1, scène 2, LUBIN)
  11. Il a à vous dire que vous ayez la bonté de l'entretenir un quart_d_heure ; pour ce qui est d'affliction, ne vous embarrassez pas, Madame, il ne nuira pas à la vôtre ; au contraire, car il est encore plus triste que vous, et moi aussi ; nous faisons compassion à tout le monde. (Acte 1, scène 2, LUBIN)
  12. Vous ne voyez rien, je pleure bien autrement quand je suis seul ; mais je me retiens par honnêteté. (Acte 1, scène 2, LUBIN)
  13. Dis à ton maître qu'il peut venir, et que je l'attends ; et vous, Lisette, quand Monsieur Hortensius sera revenu, qu'il vienne sur-le-champ me montrer les livres qu'il a dû m'acheter. (Acte 1, scène 2, LA MARQUISE)
  14. Ceux qui n'en veulent pas n'ont qu'à les laisser ; ils ont fait plaisir à Madame, et Monsieur le Chevalier l'accommodera bien autrement, car il soupire encore bien mieux que moi. (Acte 1, scène 3, LUBIN)
  15. Qu'il s'en garde bien : dis-lui de cacher sa douleur, je ne t'arrête que pour cela ; ma maîtresse n'en a déjà que trop, et je veux tâcher de l'en guérir : entends-tu ? (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  16. Oui, mon maître soupire parce qu'il a perdu une maîtresse ; et comme je suis le meilleur coeur du monde, moi, je me suis mis à faire comme lui pour l'amuser ; de sorte que je vais toujours pleurant sans être fâché, seulement par compliment. (Acte 1, scène 3, LUBIN)
  17. Tu en ris, j'en ris quelquefois de même, mais rarement, car cela me dérange ; j'ai pourtant perdu aussi une maîtresse, moi ; mais comme je ne la verrai plus, je l'aime toujours sans en être plus triste. (Acte 1, scène 3, LUBIN)
  18. Tu ne pourras plus te remettre à pleurer. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  19. Va-t'en ; ton maître t'attendra. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  20. Monsieur Hortensius, Madame m'a chargée de vous dire que vous alliez lui montrer les livres que vous avez achetés pour elle. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  21. On doit son coeur à ceux qui vous donnent le leur, je vous donne le mien : ergo, vous me devez le vôtre. (Acte 1, scène 5, HORTENSIUS)
  22. Adieu, Monsieur Hortensius ; que le ciel vous bénisse, vous, votre thèse et votre syllogisme. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  23. Montrez. (Acte 1, scène 6, LA MARQUISE)
  24. Faites entrer. (Acte 1, scène 6, LA MARQUISE)
  25. Votre visite ne m'est point importune, je la reçois avec plaisir ; puis-je vous rendre quelque service ? (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  26. Vous savez où elle s'était retirée depuis huit mois pour se soustraire au mariage où son père voulait la contraindre ; nous espérions tous deux que sa retraite fléchirait le père : il a continué de la persécuter ; et lasse ; apparemment, de ses persécutions, accoutumée à notre absence, désespérant, sans doute, de me voir jamais à elle, elle a cédé, renoncé au monde, et s'est liée par des noeuds qu'elle ne peut plus rompre : il y a deux mois que la chose est faite. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  27. Non, Chevalier, ne vous gênez point ; votre douleur fait votre éloge, je la regarde comme une vertu ; j'aime à voir un coeur estimable car cela est si rare, hélas ! (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  28. Il est vrai, Madame, que mes chagrins ne m'empêchent pas d'être touché des vôtres. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  29. Voici une lettre que je ne saurais lui faire tenir, et qu'elle ne recevrait point de ma part ; vous allez incessamment à votre campagne, qui est voisine du lieu où elle est, faites-moi, je vous supplie, le plaisir de la lui donner vous-même ; la lire est la seule grâce que je lui demande ; et si, à mon tour, Madame, je pouvais jamais vous obliger... (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  30. Dès que vous êtes capable d'une vraie tendresse, vous êtes né généreux, cela s'en va sans dire ; je sais à présent votre caractère comme le mien ; les bons coeurs se ressemblent, Chevalier : mais la lettre n'est point cachetée. (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  31. Je ne sais ce que je fais dans le trouble où je suis : puisqu'elle ne l'est point, lisez-la, Madame, vous en jugerez mieux combien je suis à plaindre ; nous causerons plus longtemps ensemble, et je sens que votre conversation me soulage. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  32. Tenez, sans compliment, depuis six mois je n'ai eu de moment supportable que celui-ci ; et la raison de cela, c'est qu'on aime à soupirer avec ceux qui vous entendent : lisons la lettre. (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  33. Je ne saurais le dire ; tout ce que je sais, c'est que je vous ai perdue, que je voudrais vous parler pour redoubler la douleur de ma perte, pour m'en pénétrer jusqu'à mourir." (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  34. Pour m'en pénétrer jusqu'à mourir ! (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  35. Mais cela est étonnant : ce que vous dites là, Chevalier, je l'ai pensé mot pour mot dans mon affliction ; peut-on se rencontrer jusque-là ! (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  36. "Mais c'est fait, et je ne vous écris que pour vous demander pardon de ce qui m'échappa contre vous à notre dernière entrevue ; vous me quittiez pour jamais, Angélique, j'étais au désespoir ; et dans ce moment-là, je vous aimais trop pour vous rendre justice ; mes reproches vous coûtèrent des larmes, je ne voulais pas les voir, je voulais que vous fussiez coupable, et que vous crussiez l'être ; et j'avoue que j'offenserais la vertu même. (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  37. Allez, Chevalier, avec cette façon de sentir là, vous n'êtes point à plaindre ; quelle lettre ! (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  38. Autrefois le Marquis m'en écrivit une à peu près de même, je croyais qu'il n'y avait que lui au monde qui en fût capable ; vous étiez son ami, et je ne m'en étonne pas. (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  39. Consultez-vous : il me semble qu'il vous sera plus doux d'être moins éloigné d'Angélique. (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  40. Cela vient encore fort bien ; j'ai pris depuis quinze jours un homme à qui j'ai donné le soin de ma bibliothèque ; je n'ai pas la vanité de devenir savante, mais je suis bien aise de m'occuper : il me lit tous les jours quelque chose, nos lectures sont sérieuses, raisonnables ; il y met un ordre qui m'instruit en m'amusant : voulez-vous être de la partie ? (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  41. Allons, je ne partirai point ; j'ai des livres aussi en assez grande quantité, celui qui a soin des vôtres les mettra tout ensemble, et je vais appeler mon valet pour changer les ordres que je lui ai donnés. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  42. peut-être que vous me sauvez la raison, mon désespoir se calme, vous avez dans l'esprit une douceur qui m'était nécessaire, et qui me gagne : vous avez renoncé à l'amour et moi aussi ; et votre amitié me tiendra lieu de tout, si vous êtes sensible à la mienne. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  43. Monsieur, quand je suis à rien faire, je m'attriste à cause de votre maîtresse, et un peu à cause de la mienne ; je suis fâché de ce que nous partons ; si nous restions, je serais fâché de même. (Acte 1, scène 9, LUBIN)
  44. Nous ne partons point, ainsi ne fais rien de ce que je t'avais ordonné pour notre départ. (Acte 1, scène 9, LE CHEVALIER)
  45. Tais-toi ; rends-moi mes lettres. (Acte 1, scène 9, LE CHEVALIER)
  46. Je n'y comprends rien ; c'est donc encore autant de perdu que ces lettres-là ? (Acte 1, scène 9, LUBIN)
  47. Vos maisons se communiquent ; de l'une on entre dans l'autre ; je n'ai plus ma maîtresse ; Madame la Marquise a une femme de chambre toute agréable ; de chez vous j'irai chez elle ; crac, me voilà infidèle tout de plain-pied, et cela m'afflige ; pauvre Marton ! (Acte 1, scène 9, LUBIN)
  48. pour cela, oui, cela sera bien vilain, mais cela ne manquera pas d'arriver : car j'y sens déjà du plaisir, et cela me met au désespoir ; encore si vous aviez la bonté de montrer l'exemple : tenez, la voilà qui vient, Lisette. (Acte 1, scène 9, LUBIN)
  49. J'allais chez vous, Chevalier, et j'ai su de Lisette que vous étiez ici ; elle m'a dit votre affliction, et je vous assure que j'y prends beaucoup de part ; il faut tâcher de se dissiper. (Acte 1, scène 10, LE COMTE)
  50. J'étais sous le berceau pendant votre conversation avec Madame la Marquise, et j'en ai entendu une partie sans le vouloir ; votre voyage est rompu, ma maîtresse vous a conseillé de rester, vous êtes tous deux dans la tristesse, et la conformité de vos sentiments fera que vous vous verrez souvent. (Acte 1, scène 10, LISETTE)
  51. Je suis attachée à ma maîtresse, plus que je ne saurais vous le dire, et je suis désolée de voir qu'elle ne veut pas se consoler, qu'elle soupire et pleure toujours ; à la fin elle n'y résistera pas : n'entretenez point sa douleur, tâchez même de la tirer de sa mélancolie ; voilà Monsieur_le_Comte qui l'aime, vous le connaissez, il est de vos amis, Madame la Marquise n'a point de répugnance à le voir ; ce serait un mariage qui conviendrait, je tâche de le faire réussir ; aidez-nous de votre côté, Monsieur le Chevalier, rendez ce service à votre ami, servez ma maîtresse elle-même. (Acte 1, scène 10, LISETTE)
  52. Mais, vraiment, ces petits mots-là doivent faire un grand effet, et vous êtes entre de bonnes mains, Monsieur_le_Comte. (Acte 1, scène 10, LE CHEVALIER)
  53. Point du tout, je dis fort bien ; on voit votre amour, on le souffre, on y fait accueil, apparemment qu'on s'y plaît, et je gâterais peut-être tout si je m'en mêlais : cela va tout seul. (Acte 1, scène 10, LE CHEVALIER)
  54. Ma foi, Monsieur_le_Comte, je faisais tout pour le mieux ; mais puisque vous le voulez, je parlerai, il en arrivera ce qu'il pourra : vous le voulez, malgré mes bonnes raisons ; je suis votre serviteur et votre ami. (Acte 1, scène 10, LE CHEVALIER)
  55. Adieu, Lisette, ne m'oubliez pas ; puisque Madame la Marquise a des affaires, je reviendrai une autre fois. (Acte 1, scène 10, LE COMTE)
  56. Je le voudrais de tout mon coeur ; dans l'état où je vois ma maîtresse, que m'importe par qui elle en sorte, pourvu qu'elle épouse un honnête homme ? (Acte 1, scène 11, LISETTE)
  57. C'est ma foi bien dit, il faut être honnête homme pour l'épouser, il n'y a que les malhonnêtes gens qui ne l'épouseront point. (Acte 1, scène 11, LUBIN)
  58. Si vous saviez combien aujourd'hui votre physionomie est bonne à porter dans un désert, vous aurez le plaisir de n'y trouver rien de si triste qu'elle. (Acte 1, scène 11, LISETTE)
  59. Tenez, Monsieur, l'ennui, la langueur, la désolation, le désespoir, avec un air sauvage brochant sur le tout, voilà le noir tableau que représente actuellement votre visage ; et je soutiens que la vue en peut rendre malade, et qu'il y a conscience à la promener par le monde. (Acte 1, scène 11, LISETTE)
  60. Je ne vous blâme pas ; vous avez perdu votre maîtresse, vous vous êtes voué aux langueurs, vous avez fait voeu d'en mourir ; c'est fort bien fait, cela édifiera le monde : on parlera de vous dans l'histoire, vous serez excellent à être cité, mais vous ne valez rien à être vu ; ayez donc la bonté de nous édifier de plus loin. (Acte 1, scène 11, LISETTE)
  61. Lisette, je pardonne au zèle que vous avez pour votre maîtresse ; mais votre discours ne me plaît point. (Acte 1, scène 11, LE CHEVALIER)
  62. Mon voyage est rompu ; on ne change pas à tout moment de résolution, et je ne partirai point ; à l'égard de Monsieur_le_Comte, je parlerai en sa faveur à votre maîtresse ; et s'il est vrai, comme je le préjuge, qu'elle ait du penchant pour lui, ne vous inquiétez de rien, mes visites ne seront pas fréquentes, et ma tristesse ne gâtera rien ici. (Acte 1, scène 11, LE CHEVALIER)
  63. Adieu, Monsieur ; je suis votre servante. (Acte 1, scène 11, LISETTE)
  64. Je m'attendais à trouver quelque consolation dans la Marquise, sa généreuse résolution de ne plus aimer me la rendait respectable ; et la voilà qui va se remarier ; à la bonne heure : je la distinguais, et ce n'est qu'une femme comme une autre. (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  65. Chère Angélique, s'il y a quelque chose au monde qui puisse me consoler, c'est de sentir combien vous êtes au-dessus de votre sexe, c'est de voir combien vous méritez mon amour. (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  66. Je t'oubliais d'un grand courage ; mais mon maître ne veut pas que j'achève ; je m'en vais donc me remettre à te regretter comme auparavant, et que le ciel m'assiste !... (Acte 1, scène 12, LUBIN)
  67. Va me chercher celui qui a soin des siens : ne serait-ce pas lui qui entre ? (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  68. Je n'ai pas l'honneur d'être connu de vous, Monsieur ; je m'appelle Hortensius. (Acte 1, scène 13, HORTENSIUS)
  69. Madame la Marquise, dont j'ai l'avantage de diriger les lectures, et à qui j'enseigne tour à tour les belles-lettres, la morale et la philosophie, sans préjudice des autres sciences que je pourrais lui enseigner encore, m'a fait entendre, Monsieur, le désir que vous avez de me montrer vos livres, lesquels témoigneront, sans doute, l'excellence et sûreté de votre bon goût ; partant, Monsieur, que vous plaît-il qu'il en soit ? (Acte 1, scène 13, HORTENSIUS)
  70. Tant mieux ; faites-moi prendre un doigt de cette médecine-là, contre ma mélancolie. (Acte 1, scène 14, LUBIN)
  71. Vous avez là un puissant antidote : je vous dirai pourtant, mon ami, que le chagrin est toujours inutile, parce qu'il ne remédie à rien, et que la raison doit être notre règle dans tous les états. (Acte 1, scène 14, HORTENSIUS)
  72. Voyons donc les belles-lettres. (Acte 1, scène 14, LUBIN)
  73. Elles ne vous conviendraient pas : mais quel est votre chagrin ? (Acte 1, scène 14, HORTENSIUS)
  74. vous pleurez une maîtresse, faites-en une autre. (Acte 1, scène 14, HORTENSIUS)
  75. Et qu'est-ce que vous faites de tout cela dans votre tête ? (Acte 2, scène 1, LUBIN)
  76. Je te dirai, Lisette, que je viens de regarder ce qui se passe dans mon coeur, et je te confie que j'ai vu la figure de Marton qui en délogeait, et la tienne qui demandait à se nicher dedans ; je lui ai dit que je t'en parlerais, elle attend : veux-tu que je la laisse entrer ? (Acte 2, scène 2, LUBIN)
  77. On trouve toujours bien le débit de cela entre deux personnes. (Acte 2, scène 2, LUBIN)
  78. Non, te dis-je, ton maître ne veut point s'attacher à ma maîtresse, et ma fortune dépend de demeurer avec elle, comme la tienne dépend de rester avec le Chevalier. (Acte 2, scène 2, LISETTE)
  79. Elle a de l'amitié pour le Chevalier, le Chevalier en a pour elle ; ils pourraient fort bien se faire l'amitié de s'épouser par amour, et notre affaire irait tout de suite. (Acte 2, scène 2, LUBIN)
  80. Lisette, allez dire là-bas qu'on ne laisse entrer personne ; je crois que voilà l'heure de notre lecture, il faudrait avertir le Chevalier. (Acte 2, scène 3, LA MARQUISE)
  81. Te voilà, Lubin ; où est ton maître ? (Acte 2, scène 3, LA MARQUISE)
  82. Oui, Madame ; et j'aurai aussi pour moi une petite bagatelle à vous proposer, dont je prendrai la liberté de vous entretenir en toute humilité, comme cela se doit. (Acte 2, scène 3, LUBIN)
  83. Presque de rien ; nous parlerons de cela tantôt, quand j'aurai fait votre commission. (Acte 2, scène 3, LUBIN)
  84. Je m'étais proposé de vous lire un peu du Traité de la patience, chapitre premier, du Veuvage. (Acte 2, scène 4, HORTENSIUS)
  85. Prenez autre chose ; rien ne me donne moins de patience que les traités qui en parlent. (Acte 2, scène 4, LA MARQUISE)
  86. Oui, Madame, au moyen duquel mariage je deviens à présent un serviteur superflu, semblable à ces troupes qu'on entretient pendant la guerre, et que l'on casse à la paix : je combattais vos passions, vous vous accommodez avec elles, et je me retire avant qu'on me réforme. (Acte 2, scène 4, HORTENSIUS)
  87. Vous tenez là de jolis discours ; avec vos passions ; il est vrai que vous êtes assez propre à leur faire peur, mais je n'ai que faire de vous pour les combattre. (Acte 2, scène 4, LA MARQUISE)
  88. De Mademoiselle Lisette qui l'a dit à Lubin, lequel me l'a rapporté, avec cette apostille contre moi, qui est que ce mariage m'expulserait d'ici. (Acte 2, scène 4, HORTENSIUS)
  89. J'en approuve l'esprit ; s'il pensait autrement, je ne le verrais de ma vie ; mais se récrier devant les domestiques, m'exposer à leur raillerie, ah ! (Acte 2, scène 4, LA MARQUISE)
  90. C'en est un peu trop ; il n'y a point de situation qui dispense d'être honnête. (Acte 2, scène 4, LA MARQUISE)
  91. Monsieur le Chevalier, aimez votre Angélique tant que vous voudrez ; mais que je n'en souffre pas, s'il vous plaît ! (Acte 2, scène 4, LA MARQUISE)
  92. Prenez votre livre, et lisons ; je n'attends personne. (Acte 2, scène 4, LA MARQUISE)
  93. La paix règne sur votre visage. (Acte 2, scène 5, HORTENSIUS)
  94. C'est que vous saurez, Madame, que Lisette trouve ma personne assez agréable ; la sienne me revient assez, et ce serait un marché fait, si, par une bonté qui nous rendrait la vie, Madame, qui est à marier, voulait bien prendre un peu d'amour pour mon maître qui a du mérite, et qui, dans cette occasion, se comporterait à l'avenant. (Acte 2, scène 5, LUBIN)
  95. Sa vivacité me divertit : tu as raison, Lubin ; mais malheureusement, dit-on, ton maître ne se soucie point de moi. (Acte 2, scène 5, LA MARQUISE)
  96. Cela suffit ; il s'agit d'autre chose à présent, approche. (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  97. C'est que j'apprends que vous me marierez avec Monsieur_le_Comte, au défaut du Chevalier, à qui vous m'avez proposée, et qui ne veut point de moi, malgré tout ce que vous avez pu lui dire avec son valet, qui vient m'exhorter à avoir de l'amour pour son maître, dans l'espérance que cela le touchera. (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  98. Voilà notre ménage renversé. (Acte 2, scène 6, LUBIN)
  99. Allez, je vous croyais plus de zèle et plus de respect pour votre maîtresse. (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  100. Fort bien, Madame, vous parlez de zèle, et je suis payée du mien ; voilà ce que c'est que de s'attacher à ses maîtres ; la reconnaissance n'est point faite pour eux ; si vous réussissez à les servir, ils en profitent ; et quand vous ne réussissez pas, ils vous traitent comme des misérables. (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  101. Le Chevalier m'a refusée, par exemple ; mon amour-propre ne lui en veut aucun mal ; il n'y a là-dedans, comme je vous l'ai déjà dit, que le ton, que la manière que je condamne : car, quand il m'aimerait, cela lui serait inutile ; mais enfin il m'a refusée, cela est constant, il peut se vanter de cela, il le fera peut-être ; qu'en arrive-t-il ? (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  102. En voici d'une autre espèce. (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  103. Peut-être qu'il vous aime. (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  104. Vous avez des expressions bien grossières ; votre axiome ne sait ce qu'il dit ; il n'est pas encore sûr qu'il me refuse. (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  105. C'est un peut-être ; mais cette gloire en souffre, toute sotte qu'elle est, et me voilà dans la triste nécessité d'être aimée d'un homme qui me déplaît ; le moyen de tenir à cela ? (Acte 2, scène 6, LA MARQUISE)
  106. On n'a jamais aimé une maîtresse autant que je vous aime ; je m'avise de tout, et puis il se trouve que j'ai fait tous les maux imaginables. (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  107. Je ne saurais durer comme cela ; j'aime mieux me retirer, du moins je ne verrai point votre tristesse, et l'envie de vous en tirer ne me fera point faire d'impertinence. (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  108. Vous m'avez peut-être attendu, Madame, et je vous prie de m'excuser ; j'étais en affaire. (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  109. Oui, Madame, vous avez raison, et je pense comme vous ; il est digne d'être excepté. (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  110. Point du tout, et vous allez être content. (Acte 2, scène 7, LA MARQUISE)
  111. Pour vous, Chevalier, j'ai encore un mot à vous dire avant notre lecture ; il s'agit d'un petit éclaircissement qui ne vous regarde point, qui ne touche que moi, et je vous demande en grâce de me répondre avec la dernière naïveté sur la question que je vais vous faire. (Acte 2, scène 7, LA MARQUISE)
  112. Je n'y saurais que faire, elle ne laisse pas que d'être ; il est permis aux gens de mauvaise humeur de la trouver comme ils voudront. (Acte 2, scène 7, LA MARQUISE)
  113. Je n'en avais point d'autre, mais il était de son goût, et il a le malheur de n'être pas du vôtre ; cela fait une grande différence. (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  114. Je n'avais garde ; le Comte est un amant, vous m'aviez dit que vous ne les aimiez point ; mais vous êtes la maîtresse. (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  115. Non, je ne la suis point ; peut-on, à votre avis, répondre à l'amour d'un homme qui ne vous plaît pas ? (Acte 2, scène 7, LA MARQUISE)
  116. Il en pouvait être quelque chose. (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  117. On ne plaît pas à tout le monde ; or, comme elle a cru que vous me conveniez, elle vous a proposé ma main, comme si cela dépendait d'elle, et il est vrai que souvent je lui laisse assez de pouvoir sur moi ; vous vous êtes, dit-elle, révolté avec dédain contre la proposition. (Acte 2, scène 7, LA MARQUISE)
  118. Car enfin, malgré nos conventions, votre coeur aurait pu être tenté du mien : ou bien était-ce vrai dédain ? (Acte 2, scène 7, LA MARQUISE)
  119. Est-ce que vous êtes fâchée contre moi ? (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  120. Contre vous, Chevalier ? (Acte 2, scène 7, LA MARQUISE)
  121. Allons, Monsieur Hortensius, approchez, prenez votre place ; lisez-moi quelque chose de gai, qui m'amuse. (Acte 2, scène 7, LA MARQUISE)
  122. Chevalier, vous êtes le maître de rester si ma lecture vous convient ; mais vous êtes bien triste, et je veux tâcher de me dissiper. (Acte 2, scène 8, LA MARQUISE)
  123. Qu'est-ce que c'est que votre livre ? (Acte 2, scène 8, LA MARQUISE)
  124. "La raison est d'un prix à qui tout cède ; c'est elle qui fait notre véritable grandeur ; on a nécessairement toutes les vertus avec elle ; enfin le plus respectable de tous les hommes, ce n'est pas le plus puissant, c'est le plus raisonnable." (Acte 2, scène 8, HORTENSIUS)
  125. Ma foi, sur ce pied-là, le plus respectable de tous les hommes a tout l'air de n'être qu'une chimère : quand je dis les hommes, j'entends tout le monde. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  126. Mais, du moins, y a-t-il des gens qui sont plus raisonnables les uns que les autres. (Acte 2, scène 8, LA MARQUISE)
  127. Si Monsieur me donnait la licence de parachever, peut-être que... (Acte 2, scène 8, HORTENSIUS)
  128. Un homme qui cite Sénèque pour garant de ce qu'il dit, ainsi que vous le verrez plus bas, folio 24, chapitre V ! (Acte 2, scène 8, HORTENSIUS)
  129. Fût-ce chapitre mille, Sénèque ne sait ce qu'il dit. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  130. En vérité, cela me divertit plus que ma lecture : mais, Monsieur Hortensius, en voilà assez, votre livre ne plaît point au Chevalier, n'en lisons plus ; une autre fois nous serons plus heureux. (Acte 2, scène 8, LA MARQUISE)
  131. C'est votre goût, Madame, qui doit décider. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  132. Mon goût veut bien avoir cette complaisance-là pour le vôtre. (Acte 2, scène 8, LA MARQUISE)
  133. Je demeurerai neutre, si la querelle continue ; car je m'imagine que vous ne voudrez pas la recommencer ; nos occupations vous ennuient, n'est-il pas vrai ? (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  134. Il faut être plus tranquille que je ne suis, pour réussir à s'amuser. (Acte 2, scène 9, LE CHEVALIER)
  135. Ne vous gênez point, Chevalier, vivons sans façon ; vous voulez peut-être seul : adieu, je vous laisse. (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  136. Non, Chevalier, vous ne me rebutez point ; ne cédez point à votre douleur : tantôt vous partagiez mes chagrins, vous étiez sensible à la part que je prenais aux vôtres, pourquoi n'êtes-vous plus de même ? (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  137. d'une chose que vous avez rendue nécessaire : une étourdie vient vous proposer ma main, vous y avez de la répugnance ; à la bonne heure, ce n'est point là ce qui me choque ; un homme qui a aimé Angélique peut trouver les autres femmes bien inférieures, elle a dû vous rendre les yeux très difficiles ; et d'ailleurs tout ce qu'on appelle vanité là-dessus, je n'en suis plus. (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  138. Voilà le portrait que je m'en suis toujours fait, voilà comme je la sens, et comme vous auriez dû la sentir : il me semble que l'on n'en peut rien rabattre, et vous n'en connaissez pas les devoirs comme moi : qu'il vienne quelqu'un me proposer votre main, par exemple, et je vous apprendrai comme on répond là-dessus. (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  139. C'est que le Comte vous aimait, c'est que vous le souffriez ; j'étais outré de voir cet amour venir traverser un attachement qui devait faire toute ma consolation ; mon amitié n'est point compatible avec cela, ce n'est point une amitié faite comme les autres. (Acte 2, scène 9, LE CHEVALIER)
  140. Eh bien, voilà qui change tout, je ne me plains plus, je suis contente ; ce que vous me dites là, je l'éprouve, je le sens ; c'est là précisément l'amitié que je demande, la voilà, c'est la véritable, elle est délicate, elle est jalouse, elle a droit de l'être ; mais que ne me parliez-vous ? (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  141. votre réponse à Lisette n'avait-elle pas dû me choquer ? (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  142. On le congédiera aussi ; je veux que vous soyez content, je veux vous mettre en repos. (Acte 2, scène 9, LA MARQUISE)
  143. Vos doctes interprètes ont de la peine à vivre ; bientôt je n'aurai plus d'asile : j'ai vu la Marquise irritée contre le Chevalier ; mais incontinent je l'ai vue dans le jardin discourir avec lui de la manière la plus bénévole. (Acte 3, scène 1, HORTENSIUS)
  144. Ma foi, je n'en sais rien, si ce n'est pour entrer en conversation. (Acte 3, scène 2, LUBIN)
  145. A mon égard, je salue votre érudition, et je suis votre très humble servante. (Acte 3, scène 2, LISETTE)
  146. Et moi votre serviteur. (Acte 3, scène 2, LUBIN)
  147. J'entends, c'est que Madame la Marquise et Monsieur le Chevalier ont de l'inclination l'un pour l'autre. (Acte 3, scène 2, HORTENSIUS)
  148. Des arguments, te dis-je ; mais je les ai fort bien repoussés avec d'autres. (Acte 3, scène 3, LISETTE)
  149. Pardi, tu n'as que faire du Docteur pour cela, je t'en ferai aussi bien qu'un autre. (Acte 3, scène 3, LUBIN)
  150. Bonjour, Lisette ; je viens de rencontrer Hortensius, qui m'a dit des choses bien singulières. (Acte 3, scène 4, LE COMTE)
  151. Oui, qui dit l'un dit l'autre. (Acte 3, scène 4, LUBIN)
  152. Est-ce de l'amour qu'ils ont l'un pour l'autre ? (Acte 3, scène 5, LE COMTE)
  153. C'est une autre affaire, et je me suis expliqué là-dessus. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  154. Monsieur_le_Comte, un homme d'esprit comme vous ne doit point faire de chicane sur les mots ; le oui et le non, qui ne se sont point présentés à moi, ne valent pas mieux que le langage que je vous tiens ; c'est la même chose, assurément : il y a entre la Marquise et moi une amitié et des sentiments vraiment respectables. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  155. Revenons à vous et à vos amours, je m'intéresse beaucoup à ce qui vous regarde ; mais n'allez pas encore empoisonner ce que je vais vous dire ; ouvrez-moi votre coeur. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  156. Entre nous ; il est étonnant que vous ne vous lassiez point de son indifférence. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  157. Un coeur qui ne se remue ni pour ni contre, qui n'est ni ami ni ennemi, qui n'est rien, qui est mort, le ressuscite-t-on ? (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  158. Je n'en suis pas tout à fait réduit à une entreprise si chimérique, et le coeur de la Marquise n'est pas si mort que vous le pensez : m'entendez-vous ? (Acte 3, scène 6, LE COMTE)
  159. Cependant aujourd'hui elle ne veut pas me voir, j'attribue cela à ce que j'avais été quelques jours sans paraître, avant que vous arrivassiez : la Marquise est la femme de France la plus fière. (Acte 3, scène 6, LE COMTE)
  160. Comte, finissons : vous autres amants, vous n'avez que votre amour et ses intérêts dans la tête, et toutes ces folies-là n'amusent point les autres. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  161. Parlons d'autre chose : de quoi s'agit-il ? (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  162. Parbleu, c'en est trop : faut-il que j'y renonce pour vous mettre en repos ? (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  163. Votre question me fait ressouvenir qu'il y a longtemps que je ne l'ai vue, et qu'il faut que vous me présentiez à elle. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  164. Vous m'avez dit cent fois qu'elle était digne d'être aimée du plus honnête homme : on l'estime, vous connaissez son bien, vous lui plairez, j'en suis sûr ; et si vous ne voulez qu'un parti convenable, en voilà un. (Acte 3, scène 6, LE COMTE)
  165. Votre idée est admirable : elle est amie de la Marquise, n'est-ce pas ? (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  166. Je crois que c'est elle qui entre, retirez-vous pour quelques moments dans ce cabinet ; vous allez voir ce qu'un rival de mon espèce est capable de faire, et vous paraîtrez quand je vous appellerai. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  167. Il est bien curieux : à votre place, je n'aurais pas seulement voulu les distinguer, qu'il devine. (Acte 3, scène 8, LA MARQUISE)
  168. Non pas, Marquise, il n'y avait pas moyen de jouer là-dessus, car il vous enveloppait dans ses soupçons, et vous faisait pour moi le coeur plus tendre que je ne mérite ; vous voyez bien que cela était sérieux ; il fallait une réponse décisive, aussi l'ai-je faite, et l'ai bien assuré qu'il se trompait et qu'absolument il ne s'agissait point d'amour entre nous deux, absolument. (Acte 3, scène 8, LE CHEVALIER)
  169. Comment donc, je serais très fâché, à cause de vous, que le commerce de notre amitié rendît vos sentiments équivoques ; mon attachement pour vous est trop délicat, pour profiter de l'honneur que cela me ferait ; mais j'y ai mis bon ordre, et cela par une chose tout à fait imprévue : vous connaissez sa soeur, elle est riche, très aimable, et de vos amies, même. (Acte 3, scène 8, LE CHEVALIER)
  170. Madame, je vous avertis qu'on vient de renvoyer Madame_la_Comtesse, mais elle a dit qu'elle repasserait sur le soir ; voulez-vous y être ? (Acte 3, scène 12, LISETTE)
  171. Votre situation, je la regarde comme une énigme. (Acte 3, scène 12, LISETTE)
  172. je crois que son bon sens s'en va : tantôt il marche, tantôt il s'arrête ; il regarde le ciel, comme s'il ne l'avait jamais vu ; il dit un mot, il en bredouille un autre, et il m'envoie savoir si vous voulez bien qu'il vous voie. (Acte 3, scène 13, LUBIN)
  173. Montre donc. (Acte 3, scène 13, LA MARQUISE)
  174. Sors, il sera peut-être bien aise de n'avoir point de témoins, d'être seul. (Acte 3, scène 14, LA MARQUISE)
  175. Non, Marquise, c'en est fait ; il ne m'est plus possible de rester, mon coeur ne serait plus content du vôtre. (Acte 3, scène 15, LE CHEVALIER)
  176. Il est vrai, Monsieur_le_Comte ; quand vous me disiez que j'aimais Madame, vous connaissiez mieux mon coeur que moi ; mais j'étais dans la bonne foi, et je suis sûr de vous paraître excusable. (Acte 3, scène 16, LE CHEVALIER)
  177. Et nous aussi, et il faudra que votre contrat fasse la fondation du nôtre : n'est-ce pas, Lisette ? (Acte 3, scène 17, LUBIN)

L'HÉRITIER DE VILLAGE (1729)

  1. Être quatre jours à Paris, demandez-moi à quoi faire ! (Acte 1, scène 1, CLAUDINE)
  2. Un homme de votre étoffe ! (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  3. Le défunt a laissé cent mille francs, maître Blaise ? (Acte 1, scène 1, CLAUDINE)
  4. Je leur ons quasiment parlé ; j'ons été chez le maltôtier qui les avait de mon frère, et qui les fait aller et venir pour notre profit, et je les ons laissés là : car, par le moyen de son tricotage, ils rapportont encore d'autres écus ; et ces autres écus, qui venont de la manigance, engendront d'autres petits magots d'argent qu'il boutra avec le grand magot, qui, par ce moyen, devianra ancore pus grand ; et j'apportons le papier comme quoi ce monciau du petit et du grand m'appartiant, et comme quoi il me fera délivrance, à ma volonté, du principal et de la rente de tout ça, dont il a été parlé dans le papier qui en rend témoignage en la présence de mon procureur, qui m'assistait pour agencer l'affaire. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  5. Ce garçon-là sait vivre avec les gens de notre sorte. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  6. J'allais à mon village voir ma soeur ; mais si vous me prenez, je lui ferai mes excuses par lettre. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  7. Je sis votre maître, et ous êtes mon sarviteur. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  8. Diantre ! (Acte 1, scène 1, CLAUDINE)
  9. Ça suffit ; mais je ne parle point de cet honneur de conscience, et ceti-là, tu te contenteras de l'avoir en secret dans l'âme ; là, t'en auras biaucoup sans en montrer tant. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  10. Comment, sans en montrer tant ! (Acte 1, scène 2, CLAUDINE)
  11. Je ne montrerai pas mon honneur! (Acte 1, scène 2, CLAUDINE)
  12. Eh morgué, tu ne m'entends point : c'est que je veux dire qu'il ne faut faire semblant de rian, qu'il faut se conduire à l'aise, avoir une vartu négligente, se parmettre un maintien commode, qui ne soit point malhonnête, qui ne soit point honnête non plus, de ça qui va comme il peut ; entendre tout, repartir à tout, badiner de tout. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  13. Tians, par exemple, prends que je ne sois pas ton homme, et que t'es la femme d'un autre ; je te connais, je vians à toi, et je batifole dans le discours ; je te dis que t'es agriable, que je veux être ton amoureux, que je te conseille de m'aimer, que c'est le plaisir, que c'est la mode : Madame par-ci, Madame par-là ; ou êtes trop belle ; qu'est-ce qu'ou en voulez faire ? (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  14. Ensuite je devians rouge, et je te dis pour qui tu me prends ; je t'appelle un impartinant, un vaurian : Ne m'attaque jamais, ce fais-je, en te montrant les poings, ne vians pas envars moi, car je ne sis pas aisiée, vois-tu bian ; n'y a rien à faire ici pour toi, va-t'en, tu n'es qu'un bélître. (Acte 1, scène 2, CLAUDINE)
  15. Et drès que c'est la mode pour être honnête, je varrons ; cette vartu-là n'est pas plus difficile que la nôtre. (Acte 1, scène 2, CLAUDINE)
  16. Je te varrions un régiment de galants à l'entour de toi, que je sis obligé de passer mon chemin, c'est mon savoir-vivre que ça, li aura trop de froidure entre nous. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  17. Non ; je pense qu'il n'y a pas d'obligation à ça ; stapendant je nous en informerons pour être pus sûrs ; mais il y a une autre bagatelle qui est encore pour le bon air ; c'est que j'aurons une maîtresse qui sera queuque chiffon de femme, qui sera bian laide et bian sotte, qui ne m'aimera point, que je n'aimerai point non pus ; qui me fera des niches, mais qui me coûtera biaucoup, et qui ne vaura guère, et c'est là le plaisir. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  18. T'en auras trente, et non pas un. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  19. Oui, trente à l'entour de moi, à cause de ma vartu commode ; mais ne me faut-il pas un galant à demeure ? (Acte 1, scène 2, CLAUDINE)
  20. T'as raison, femme ; je pense itou que c'est de la belle manière, ça se pratique ; mais ce chapitre-là ne me reviant pas. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  21. Je n'avons pas l'esprit assez farme pour te parmettre ça, je ne sommes pas encore assez naturisé gros monsieur ; tian, passe-toi de galant, je me passerai d'amoureuse. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  22. Je suis de votre goût, Madame ; j'aime Paris, c'est le salut du galant homme ; mais il fait cher vivre à l'auberge. (Acte 1, scène 3, LE CHEVALIER)
  23. Vous voilà ; Claudine, votre mari est-il revenu, a-t-il fait nos commissions ? (Acte 1, scène 3, MADAME-DAMIS)
  24. Avec votre parmission, à qui parlez-vous donc, Madame ? (Acte 1, scène 3, CLAUDINE)
  25. Il n'y a ici ni maître ni maîtresse. (Acte 1, scène 3, CLAUDINE)
  26. Boutez-vous à votre devoir, honorez ma parsonne, traitez-moi de Madame, demandez-moi comment se porte ma santé, mettez au bout queuque coup de chapiau, et pis vous varrais. (Acte 1, scène 3, CLAUDINE)
  27. Est-ce que je nous soucions l'un de l'autre ? (Acte 1, scène 3, CLAUDINE)
  28. Vous qui n'avez jamais quitté votre châtiau, cela vous passe, aussi bian que la vartu folichonne. (Acte 1, scène 3, CLAUDINE)
  29. Maître Blaise, expliquez-nous un peu le procédé de votre femme. (Acte 1, scène 4, MADAME-DAMIS)
  30. C'est peut-être que le respect vous a manqué. (Acte 1, scène 4, BLAISE)
  31. Et toi, bélître ? (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  32. Dans la voiture de l'autre monde. (Acte 1, scène 4, BLAISE)
  33. Monsieur, je suis votre serviteur, je vous fais réparation ; vous êtes sage, judicieux et respectable. (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  34. Allons, enfants, tirez le pied, faites voute révérence avec un petit compliment de rencontre. (Acte 1, scène 4, BLAISE)
  35. Monsieur, vos grâces l'emportont sur les nôtres, et j'avons encore plus de reconnaissance que de mérite. (Acte 1, scène 4, COLETTE)
  36. Vous vous moquez, vous êtes trop modestes, et si vous me fâchez, je vous compare aux astres tous tant que vous êtes. (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  37. Les astres! (Acte 1, scène 4, BLAISE)
  38. Ne résistez point, j'ai mon dessein ; lâchez-lui le titre de Madame. (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  39. Ni moi non plus, Madame Claudine ; je suis ravie de votre fortune, et je vous accorde mon amitié. (Acte 1, scène 4, MADAME-DAMIS)
  40. En voulez-vous votre part ? (Acte 1, scène 4, LE CHEVALIER)
  41. Précepteur, boutez de la marge entre nous ; convarsez à dix pas. (Acte 1, scène 4, BLAISE)
  42. J'ai l'honneur d'être gentilhomme, estimé, personne n'en doute ; je suis dans les troupes, je ferai mon chemin, sandis ! (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  43. D'un autre côté, voilà Madame Damis, veuve de qualité, jeune et charmante ; ses facultés, vous les savez ; bonne seigneurie, grand château, ancien comme le temps, un peu délabré, mais on le maçonne. (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  44. Or, elle vient de jeter sur Monsieur Colin un regard, que si le défunt en avait vu la friponnerie, je lui en donnais pour dix ans de tremblement de coeur ; ce regard, vous l'entendez, camarade ? (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  45. Est-ce votre fille, est-ce l'Amour qui m'a regardé ? (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  46. Le titre de votre gendre me sortirait d'embarras, par exemple ; et moyennant le nom de bru, la cousine guérirait. (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  47. Je vous ai dit le mal, je vous montre le remède. (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  48. Belle-mère, ne bronchez pas ; je me retiens pour votre fille. (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  49. Je suis née simple et sans fierté, et votre fils m'a plu ; voilà la vérité. (Acte 1, scène 5, MADAME-DAMIS)
  50. Touchez là, mon gendre ; allons, ma bru, ça vaut fait ; j'achèterons de la noblesse, alle sera toute neuve, alle en durera pus longtemps, et soutianra la vôtre qui est un peu usée. (Acte 1, scène 5, BLAISE)
  51. Stapendant il m'est avis que je faisons un métier de fous, nous autres honnêtes gens... (Acte 1, scène 6, BLAISE)
  52. Bonjour, maître Blaise. (Acte 1, scène 7, LE-FISCAL)
  53. J'entends ; votre fortune a haussé vos qualités. (Acte 1, scène 7, LE-FISCAL)
  54. Soit, Monsieur Blaise, je me réjouis de votre aventure ; vos enfants viennent de me l'apprendre ; je vous en fais compliment, et je vous prie en même temps de me donner les cinquante francs que vous me devez depuis un mois. (Acte 1, scène 7, LE FISCAL)
  55. Eh bian oui, je ne vais pas à l'encontre ; vous me l'avez baillé, je l'ons reçu, je vous le dois ; je vous ai baillé mon écrit, vous n'avez qu'à le garder ; venez de jour à autre me demander votre dû, je ne l'empêche point ; je vous remettrons, et pis vous revianrez, et pis je vous remettrons, et par ainsi de remise en remise le temps se passera honnêtement ; velà comme ça se fait. (Acte 1, scène 7, BLAISE)
  56. Effectivement le privilège est noble, et d'ailleurs il vous convient mieux qu'à un autre ; car j'ai toujours remarqué que vous êtes naturellement généreux. (Acte 1, scène 7, LE-FISCAL)
  57. Faut nous cajoler, nous autres gros monsieurs ; j'avons en effet de grands mérites, et des mérites bian commodes ; car ça ne nous coûte rian ; an nous les baille, et pis je les avons sans les montrer ; velà toute la çarimonie. (Acte 1, scène 7, BLAISE)
  58. Comme vous voudrez ; je satisferai là-dessus à la dignité de votre nouvelle condition ; et vous me paierez quand il vous plaira. (Acte 1, scène 7, LE-FISCAL)
  59. Je suis honnête homme ; voici votre billet que je déchire, me voilà payé. (Acte 1, scène 7, LE-FISCAL)
  60. C'est que la biauté de votre parsonne... (Acte 1, scène 9, COLIN)
  61. J'aperçois quelque chose de rustique dans les dernières lignes de votre compliment. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  62. Je ne dirai pas que vous serez ma femme ; mais ça n'empêchera pas que je ne sois votre homme. (Acte 1, scène 9, COLIN)
  63. Laissons tout cela ; tenez je m'en vas, je n'aime pas à être à l'école ; je parlerai à l'aventure ; laissez venir Madame Damis ; pisqu'alle est veuve, alle me fera mieux ma leçon que vous. (Acte 1, scène 9, COLIN)
  64. Velà une éducation qui m'a coûté bien de la peine ; achevons la vôtre, Mademoiselle. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  65. Mais, Monsieur le Chevalier, c'est une autre histoire ; sa mine me plaît ; vous varrez, vous varrez comme ça me démène le coeur. (Acte 1, scène 10, COLETTE)
  66. Mademoiselle, vous dira-t-il en vous abordant, vous voyez le plus humble des vôtres. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  67. Et moi, je vous remarcie de votre humilité, ce li ferai-je. (Acte 1, scène 10, COLETTE)
  68. Votre personne en fourmille, ils ne savent où se mettre... (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  69. Puis-je espérer que vous aurez pour agréable la tendresse de votre amant ?... (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  70. Monsieur, pour ce qui est de votre coeur, je ne l'avons pas vu ; si vous me disiez la parsonne qui l'a prins, on varrait ça. (Acte 1, scène 12, COLETTE)
  71. Votre coeur est venu à moi, je ne li dirai pas de s'en aller ; et on ne rend pas cela de la main à la main. (Acte 1, scène 12, COLETTE)
  72. Ne vous effrayez point ; sans crier au meurtre, je trouve un expédient ; vous m'avez maltraité le coeur, faites les frais de sa guérison ; j'attendrai, je suis accommodant, le vôtre me servira de nantissement, je m'en contente. (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  73. Si vous l'aviez une fois, vous le garderiez peut-être. (Acte 1, scène 12, COLETTE)
  74. Vous me demandez mon coeur ; mais il est tout neuf ; et le vôtre a peut-être sarvi. (Acte 1, scène 12, COLETTE)
  75. Il ne lui en reste pas une syllabe, vos beaux yeux l'ont dépouillé de tout ; je le renonce, et je plaide à présent pour en avoir un autre. (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  76. J'allons être mariés ensemble, ça me réjouit ; ça vous rend-il gaillarde ? (Acte 1, scène 14, COLIN)
  77. Bian entendu ; mais avec la parmission de votre éducation, dites-moi, suis-je pas aimable ? (Acte 1, scène 14, COLIN)
  78. C'est comme qui dirait beaucoup ; mais c'est que la confusion vous rend le coeur chiche ; baillez-moi votre main que je la baise ; ça vous mettra pus en train. (Acte 1, scène 14, COLIN)
  79. En vérité, l'Amour est un grand maître ! (Acte 1, scène 14, MADAME-DAMIS)
  80. Velà une belle bagatelle voirement vous en varrez bian d'autres. (Acte 1, scène 14, COLIN)
  81. Mandez-moi cependant ce que vous voulez que je fasse ; j'attends votre réponse, et suis... (Acte 1, scène 15, LE CHEVALIER)
  82. Car les articles de notre contrat sont passés en pays étranger ; actuellement ils courent la poste. (Acte 1, scène 15, LE CHEVALIER)

L'ÃŽLE DE LA RAISON ou LES PETITS HOMMMES (1727)

  1. Peut-être bien, d'autant plus qu'en général (et toute comédie à part), nous autres Français, nous ne pensons pas ; nous n'avons pas ce talent-là. (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  2. Ma foi, crois-moi, ce n'est pas là notre fort : pour de l'esprit, nous en avons à ne savoir qu'en faire ; nous en mettons partout, mais de jugement, de réflexion, de flegme, de sagesse, en un mot, de cela. (Prologue, scène 1, LE MARQUIS)
  3. N'en parlons pas, mon cher Chevalier ; glissons là-dessus : on ne nous en donne guère ; et entre nous, on n'a pas tout le tort. (Prologue, scène 1, LE MARQUIS)
  4. Je t'accuse d'être vain, tu en conviens ; tu badines de ta propre vanité : il n'y a peut-être que le Français au monde capable de cela. (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  5. Nous voilà d'accord ; et pour achever de te prouver notre raison, va-t'en, par exemple ; chez une autre nation lui exposer ses ridicules, et y donner hautement la préférence à la tienne : elle ne sera pas assez forte pour soutenir cela, on te jettera par les fenêtres. (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  6. Ici tu verras tout un peuple rire, battre des mains, applaudir à un spectacle où on se moque de lui, en le mettant bien au-dessous d'une autre nation qu'on lui compare. (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  7. Effectivement cela nous fait honneur, c'est que notre orgueil entend raillerie. (Prologue, scène 1, LE MARQUIS)
  8. Il est moins neuf que celui des autres. (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  9. leur science les charge ; ils ne s'y font jamais, ils en sont tout entrepris. (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  10. Leur badinage n'est pas de commerce ; il y a quelque chose de rude, de violent, d'étranger à la véritable joie ; leur raison est sans complaisance, il lui manque cette douceur que nous avons, et qui invite ceux qui ne sont pas raisonnables à le devenir : chez eux, tout est sérieux, tout y est grave, tout y est pris à la lettre : on dirait qu'il n'y a pas encore assez longtemps qu'ils sont ensemble ; les autres hommes ne sont pas encore leurs frères, ils les regardent comme d'autres créatures. (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  11. Voient-ils d'autres moeurs que les leurs ? (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  12. Il n'y a rien ici d'important, rien de grave que ce qui mérite de l'être. (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  13. Son pays en a plus que le nôtre ; il rebute nos livres, et nous admirons les siens. (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  14. Toute notre indulgence, tous nos éloges, toutes nos admirations, toute notre justice, est pour l'étranger ; enfin notre amour-propre n'en veut qu'à notre nation ; celui de tous les étrangers n'en veut qu'à nous, et le nôtre ne favorise qu'eux. (Prologue, scène 1, LE CHEVALIER)
  15. Le titre excepté, je serais fâché à cette heure que dans la comédie que nous allons voir, on eût pris l'idée de Gulliver ; je partirais si cela était. (Prologue, scène 1, LE MARQUIS)
  16. Non, Madame, et nous n'avons fait que nous rencontrer tous deux. (Prologue, scène 2, LE MARQUIS)
  17. Ah, le vilain titre ! (Prologue, scène 2, LA COMTESSE)
  18. Assurément, le titre est rebutant ; qu'en dites-vous, Monsieur le Conseiller ? (Prologue, scène 2, LA COMTESSE)
  19. Ce sera peut-être comme dans Gulliver ; ils y sont si jolis ! (Prologue, scène 2, LE-CONSEILLER)
  20. Ah, ce n'est pas la peine : les nôtres sont fort bons pour figurer en petit : la taille n'y fera rien pour moi. (Prologue, scène 3, LE CHEVALIER)
  21. Et d'ailleurs, ne suppose-t-on pas sur le théâtre qu'un homme ou une femme deviennent invisibles par le moyen d'une ceinture ? (Prologue, scène 3, LE MARQUIS)
  22. Et ici on suppose, pour quelque temps seulement, qu'il y a des hommes plus petits que d'autres. (Prologue, scène 3, L'ACTEUR)
  23. Vous deviez changer votre titre à cause des dames. (Prologue, scène 3, LE MARQUIS)
  24. quel sort que le nôtre ! (Acte 1, scène 2, LE POÈTE)
  25. Mais, Messieurs, depuis six mois que nous avons été pris par cet insulaire qui vient de nous mettre ici, que vous est-il arrivé ? (Acte 1, scène 2, LA COMTESSE)
  26. Ils m'appeliont noute ami quatre pattes ; ils preniont mes mains pour des pattes de devant, et mes pieds pour celles de darrière. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  27. Pour moi, j'ai été entre les mains de deux insulaires qui voulaient d'abord m'apprendre à parler comme on le fait aux perroquets. (Acte 1, scène 2, LE COURTISAN)
  28. Vous a-t-on à tretous appris la langue du pays ? (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  29. Je vois bian que vous êtes aplatis itou ; mais me voyez-vous comme je vous vois, vous autres ? (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  30. Je ne saurais croire que notre petitesse soit réelle : il faut que l'air de ce pays-ci ait fait une révolution dans nos organes, et qu'il soit arrivé quelque accident à notre rétine, en vertu duquel nous nous croyons petits. (Acte 1, scène 2, LE PHILOSOPHE)
  31. Vous me montrez là quelque chose de bien extraordinaire : il n'y a assurément rien de pareil dans le monde. (Acte 1, scène 3, LE GOUVERNEUR)
  32. Et cependant ces petits animaux ont parfaitement la figure d'homme, et même à peu près nos gestes et notre façon de regarder. (Acte 1, scène 3, LE GOUVERNEUR)
  33. Vraiment, ils parlent ; ils ont des pensées, et je leur ai fait apprendre notre langue. (Acte 1, scène 3, L'INSULAIRE)
  34. Ma soeur, ma femelle vaut bien votre mâle. (Acte 1, scène 3, PARMENÈS)
  35. Et les autres ? (Acte 1, scène 3, LE GOUVERNEUR)
  36. Les autres sont indignés du peu d'égard qu'on a ici pour des créatures raisonnables. (Acte 1, scène 3, LE PHILOSOPHE)
  37. Il me semble qu'ils se fâchent : allons, qu'on les remette en cage, et qu'on leur donne à manger ; cela les adoucira peut-être. (Acte 1, scène 3, LE GOUVERNEUR)
  38. Seigneur, je me rappelle un fait ; c'est que j'ai lü dans les registres de l'Etat, qu'il y a près de deux cents ans qu'on en prit de semblables à ceux-là ; ils sont dépeints de même. (Acte 1, scène 4, BLECTRUE)
  39. On crut que c'étaient des animaux, et cependant c'étaient des hommes : car il est dit qu'ils devinrent aussi grands que nous, et qu'on voyait croître leur taille à vue d'oeil, à mesure qu'ils goûtaient notre raison et nos idées. (Acte 1, scène 4, BLECTRUE)
  40. Qu'ils goûtaient notre raison et nos idées ? (Acte 1, scène 4, LE GOUVERNEUR)
  41. Peut-être bien. (Acte 1, scène 4, BLECTRUE)
  42. Si cela ne réussit pas, nous aurons du moins fait notre devoir ; et si ce ne sont que des animaux, qu'on les garde à cause de leur figure semblable à la nôtre. (Acte 1, scène 4, LE GOUVERNEUR)
  43. Je n'ai pas grande espérance, ils se querellent, ils se fâchent même les uns contre les autres. (Acte 1, scène 6, BLECTRUE)
  44. On dit qu'il y en a deux tantôt qui ont voulu se battre ; et cela ne ressemble point à l'homme. (Acte 1, scène 6, BLECTRUE)
  45. Doucement, petits singes ; apaisez-vous, je ne demande qu'à sortir d'erreur ; et le parti que je vais prendre pour cela, c'est de vous entretenir chacun en particulier, et je vais vous laisser un moment ensemble pour vous y déterminer : calmez-vous, nous ne vous voulons que du bien ; si vous êtes des hommes, tâchez de devenir raisonnables : on dit que c'est pour vous le moyen de devenir grands. (Acte 1, scène 7, BLECTRUE)
  46. S'il né fallait qué dé la raison pour être grand dé taillé, jé passérais le chêné en hautur. (Acte 1, scène 8, FONTIGNAC)
  47. Pour moi, je crois que c'est un pays de magie, où notre naufrage nous a fait aborder. (Acte 1, scène 8, LE POÈTE)
  48. Si je ne m'y mets, velà de la fourmi qui se va battre : paix donc là, grenaille. (Acte 1, scène 8, BLAISE)
  49. Je ne sommes que des Français, des Gascons, ou autre chose ; je nous trouvons avec des Raisonnables, et velà ce qui nous rapetisse la taille. (Acte 1, scène 8, BLAISE)
  50. Eh morgué, non : ils ne sont que des Français ; ils ne pourront pas être nés natifs de deux pays. (Acte 1, scène 8, BLAISE)
  51. C'est peut-être parce qu'il y en a de plus fous les uns que les autres. (Acte 1, scène 8, BLAISE)
  52. Cet hommé dit d'or ; jé pense qué c'est lé dégré dé folie qui régle la chose ; et qu'ainsi ne soit, regardez cé paysan, cé n'est qu'un rustre. (Acte 1, scène 8, FONTIGNAC)
  53. Et cépendant cé rustre, il est lé plus grand dé nous tous. (Acte 1, scène 8, FONTIGNAC)
  54. La foulie vous blesse tout à fait, vous autres ; alle ne fait que m'égratigner, moi : stapendant, voyez que j'ai bon air avec mes égratignures ! (Acte 1, scène 8, BLAISE)
  55. En suivant lé dégré, j'arribe après lui, moi, plus pétit qué lui, mais plus grand qué les autres. (Acte 1, scène 8, FONTIGNAC)
  56. Jé né m'en étonne pas non plus ; dans lé monde, jé né suis qué suvalterne, et jé n'ai jamais eu lé moyen d'être aussi fou qué les autres. (Acte 1, scène 8, FONTIGNAC)
  57. En effet, la chambrière n'est pas si petiote que la maîtresse, faut bian qu'alle ne soit pas si folle. (Acte 1, scène 8, BLAISE)
  58. Ellé né vient pourtant qu'après nous, et c'est qué la raison des femmes est toujours un peu plus dévilé qué la nôtre. (Acte 1, scène 8, FONTIGNAC)
  59. Des gens dé botre métier, cependant, lé bon sens n'en est pas célèbre ; n'avez-vous pas dit qué bous étiez en voyage pour une épigramme ? (Acte 1, scène 8, FONTIGNAC)
  60. Je l'avais fait contre un homme puissant qui m'aimait assez, et qui s'est scandalisé mal à propos d'un pur jeu d'esprit. (Acte 1, scène 8, LE POÈTE)
  61. Jé n'interrogé pas Monsieur, dé qui jé suis lé sécrétaire dépuis dix ans, et qué lé hasard a fait naître en France ; quoiqué dé famille espagnolé ; il allait vice-roi dans les Indes avec Madamé sa soeur, et Spinette, cette agréablé fille de qui jé suis tombé épris dans lé voyage. (Acte 1, scène 8, FONTIGNAC)
  62. En effet, faut que vous ayez de maîtres vartigos dans voute tête. (Acte 1, scène 8, BLAISE)
  63. Paix, silencé ; voilà notre homme qui revient. (Acte 1, scène 8, FONTIGNAC)
  64. Allons, soit, qu'on ramène les autres. (Acte 1, scène 9, BLECTRUE)
  65. Et moi, je ne veux plus paraître ; je suis las de toutes ces façons. (Acte 1, scène 9, LE PHILOSOPHE)
  66. J'ai toujours remarqué que ce petit animal-là a plus de férocité que les autres ; qu'on le mette à part, de peur qu'il ne les gâte. (Acte 1, scène 9, BLECTRUE)
  67. Allons, causons ensemble ; j'ai bonne opinion de vous, puisque vous avez déjà eu l'instinct d'apprendre notre langue. (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  68. Cela ressemblerait à l'article dont il est fait mention dans nos registres. (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  69. Vous me pénétrez de compassion pour vous. (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  70. Je n'y connais point d'autre magie que vos faiblesses. (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  71. Je crois vous reconnaître à travers le déguisement humiliant où vous êtes : oui, la petitesse de votre corps n'est qu'une figure de la petitesse de votre âme. (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  72. Seigneur Blectrue, charitable insulaire, conduisez-moi, je me remets entre vos mains ; voyez ce qu'il faut que je fasse. (Acte 1, scène 10, LE POÈTE)
  73. Vous n'avez point dans votre langue de mot pour définir ce que j'étais. (Acte 1, scène 10, LE POÈTE)
  74. Tenez, je m'amusais dans mon pays à des ouvrages d'esprit, dont le but était, tantôt de faire rire, tantôt de faire pleurer les autres. (Acte 1, scène 10, LE POÈTE)
  75. Voilà qui est fini, je n'espère plus rien ; votre espèce me devient plus problématique que jamais. (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  76. Pour être loué, et admiré même, si vous voulez. (Acte 1, scène 10, LE POÈTE)
  77. Quand on vous admirait, et que vous croyiez en être digne, alliez-vous dire aux autres : Je suis un homme admirable ? (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  78. Je n'aurais donc été qu'un sot, à votre compte ? (Acte 1, scène 10, LE POÈTE)
  79. Je crois voir aussi quelque changement à votre taille. (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  80. Allez, mon fils, allez ; faites de sérieuses réflexions sur vous ; tâchez de vous mettre au fait de toute votre sottise. (Acte 1, scène 10, BLECTRUE)
  81. Je suis charmé, mes espérances renaissent, il faut voir les autres. (Acte 1, scène 11, BLECTRUE)
  82. Je veux voir pourquoi elle n'est pas si petite que les autres ; cela pourra encore m'apprendre quelque chose sur leur espèce. (Acte 1, scène 13, BLECTRUE)
  83. Ne tient-il qu'à vous ouvrir votre cage pour vous rendre content ? (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  84. Pargué, faut que vous radotiez, vous autres, pour nous enfarmer. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  85. Vous n'êtes, dit-on, devenus petits qu'en entrant dans notre île. (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  86. Dès le premier pas ici, je me suis aparçu dévaler jusqu'à la ceinture ; et pis, en faisant l'autre pas, je n'allais pus qu'à ma jambe ; et pis je me sis trouvé à la cheville du pied. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  87. Il y a deux siècles qu'on prit ici de petites créatures comme vous autres. (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  88. Je ne sis qu'un nigaud, qu'un butor, et je le soutianrons dans le carrefour, à son de trompe, afin d'en être pus confus ; car, morgué ! (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  89. Prenez garde ; l'aveu que vous faites de manquer de raison n'est peut-être pas comme il faut : peut-être ne le faites-vous que dans la seule vue de rattraper votre figure ? (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  90. Ce ne doit pas être là votre objet. (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  91. Encore ma raison et mon impartinence sont si embarrassées l'une dans l'autre, que tout ça fait un ballot où je ne connais pus rian. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  92. J'avons un tas de fautes qui est trop grand pour en venir à bout : mais, quant à ce qui est de cette ivrognerie, j'ons toujours fricassé tout mon argent pour elle : et pis, mon ami, quand je vendions nos denrées, combian de chalands n'ons-je pas fourbé, sans parmettre aux gens de me fourber itou ! (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  93. Et le compère Mathurin, que n'ons-je pas fait pour mettre sa femme à mal ? (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  94. Par bonheur qu'alle a toujours été rudânière envars moi ; ce qui fait que je l'en remarcie : mais, dans la raison, pourquoi vouloir se ragoûter de l'honneur d'un compère, quand on ne voudrait pas qu'il eût appétit du nôtre ? (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  95. Velà-t-il pas que je quitte, sauf votre respect, bétail, amis, parents ? (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  96. Vous ne sauriez croire avec quelle joie je vois votre changement. (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  97. Que je vas être glorieux ! (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  98. Je fais voeu d'être humble. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  99. Le bon secret que l'humilité pour être grand ! (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  100. Vous vaudrez mieux qu'un autre pour les instruire ; vous sortez du même monde, et vous aurez des lumières que je n'ai point. (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  101. Tirons parti de leur démence sur votre chapitre ; qu'ils soient humiliés de vous voir plus raisonnable qu'eux, vous dont ils font si peu de cas. (Acte 1, scène 14, BLECTRUE)
  102. Faudrait se mettre à genoux pour écouter voute bon sens. (Acte 1, scène 14, BLAISE)
  103. Maître Blaise, n'ai-jé pas la verlue ! (Acte 1, scène 16, FONTIGNAC)
  104. Il n'y a qu'à être bian persuadé qu'ou êtes une bête, et déclarer en quoi. (Acte 1, scène 17, BLAISE)
  105. Cé n'est pas là qué gît mon mal : c'était lé vôtre ; chacun a lé sien. (Acte 1, scène 17, FONTIGNAC)
  106. Montrez-moi le fond du sac. (Acte 1, scène 17, BLAISE)
  107. Pour de ceti-là, il me faut du conseil ; car faura peut-être vous étouffer pour vous guarir, voyez-vous ! (Acte 1, scène 17, BLAISE)
  108. C'est peut-être les rivières ? (Acte 1, scène 17, BLAISE)
  109. j'ons bian de la satisfaction de tout ça : j'ons guari Monsieu de Fontignac, et pis Monsieu de Fontignac vous a guarie ; et par ainsi, de guarison en guarison, je me porte bian, il se porte bian, vous vous portez bian : et velà trois malades qui sont devenus médecins ; car vous êtes itou médeceine envars les autres, Mademoiselle Spinette. (Acte 3, scène 1, BLAISE)
  110. Ne le pardez pas, vous ; ça est bian casuel entre les mains d'une fille. (Acte 3, scène 1, BLAISE)
  111. Alle me charme, Monsieu de Fontignac ; alle a de la modestie, alle est aussi raisonnable que nous autres hommes. (Acte 3, scène 1, BLAISE)
  112. Jé m'estimérais bien fortuné dé l'être autant qu'elle. (Acte 3, scène 1, FONTIGNAC)
  113. Oh dame, il faut que l'humilité marche entre nous ; je nous mettons bas pour rester haut. (Acte 3, scène 2, BLAISE)
  114. Ça vous passe, mon mignon ; et j'allons, pisque ma compagnée l'ordonne, vous apprenre à devenir grand garçon, et le tu autem de voute petitesse : mais je vas être brutal, je vous en avartis ; faut que j'assomme voute rapetissement avec des injures : demandez putôt aux camarades. (Acte 3, scène 2, BLAISE)
  115. Oui, votre santé en dépend. (Acte 3, scène 2, FONTIGNAC)
  116. Tout votre secret est de me dire des injures ? (Acte 3, scène 2, LE MÉDECIN)
  117. Gardez donc vos quatre pattes. (Acte 3, scène 2, BLAISE)
  118. Madémoisellé Spinetté, laissons faire maître Blaisé, et l'écoutons. (Acte 3, scène 2, FONTIGNAC)
  119. Premièrement, faut commencer par vous dire qu'on êtes un sot d'être médecin. (Acte 3, scène 2, BLAISE)
  120. je ne sis pas entre vos mains. (Acte 3, scène 2, BLAISE)
  121. J'en avais trois ; et ils sont morts de la petite vérole, il y a quatre ans. (Acte 3, scène 2, LE MÉDECIN)
  122. Vous avez beau dire, j'étais plus couru qu'un autre. (Acte 3, scène 2, LE MÉDECIN)
  123. Eh mais, morgué, pisque vous n'avez pas besoin de gagner voute vie en tuant le monde, ou avez donc tort d'être médecin. (Acte 3, scène 2, BLAISE)
  124. Il n'a pas laissé que d'être frappé, il y reviendra. (Acte 3, scène 2, SPINETTE)
  125. Vénez, Monsieur Blectrue, approchez dé vos enfants, et récévez-les entre vos bras. (Acte 3, scène 3, FONTIGNAC)
  126. Je venons d'en rater un tout à l'heure ; et les autres sont bian opiniâtres, surtout le courtisan et le philosophe. (Acte 3, scène 3, BLAISE)
  127. Pour moi, j'espère que je ferai entendre raison à ma maîtresse, et que nous demeurerons tous ici ; car on y est si bien ! (Acte 3, scène 3, SPINETTE)
  128. Je me proposais de vous le persuader, mes enfants ; dans votre pays vous retomberiez peut-être. (Acte 3, scène 3, BLECTRUE)
  129. Vous mettrez la séduction du côté des hommes, et la nécessité de la vaincre du côté des femmes ! (Acte 3, scène 3, BLECTRUE)
  130. Quelles étranges lois que les vôtres en fait d'amour ! (Acte 3, scène 3, BLECTRUE)
  131. Dans un pays où l'on a réglé que les femmes résisteraient aux hommes, on a voulu que la vertu n'y servît qu'à ragoûter les passions, et non pas à les soumettre. (Acte 3, scène 3, BLECTRUE)
  132. Allons, ma maîtresse gémit ; permettez que je travaille à la tirer d'affaire ; je veux lui parler. (Acte 3, scène 3, SPINETTE)
  133. Et moi, dé mon côté, jé vais combattré les vertigés dé mon maître. (Acte 3, scène 3, FONTIGNAC)
  134. Cet amour qu'il faut qu'on nous fasse, à nous autres hommes, qu'il y a de prudence à ça ! (Acte 3, scène 4, BLAISE)
  135. Maître Blaise, la conquête d'une si jolie fille mérite pourtant votre attention. (Acte 3, scène 5, SPINETTE)
  136. Voici, je pense, quelqu'un de vos camarades qui vient ; je me retire, sans rien attendre de votre coeur. (Acte 3, scène 5, L'INSULAIRE)
  137. Par quel enchantement avez-vous repris votre figure naturelle ? (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  138. Je tombe dans un désespoir dont je ne suis plus la maîtresse. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  139. Fontignac a eu autant de peine à me persuader que j'en ai après vous, ma chère maîtresse ; mais je me suis rendue. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  140. Citez-moi une tête de fille qui ait tenu contre ces trois qualités-là, citez-m'en une. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  141. À votre compte, Spinette, je suis donc une étourdie, une sotte et une glorieuse ? (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  142. Vous souvenez-vous, ma chère maîtresse, de cette quantité d'outils pour votre visage qui était sur la vôtre ? (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  143. N'est-il pas vrai qu'à votre miroir, un jour, un regard doux vous a coûté plus de trois heures à attraper ? (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  144. Velà une tarrible condition que d'être les yeux d'une coquette ! (Acte 3, scène 6, BLAISE)
  145. Et notre ajustement ! (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  146. Et l'architecture de notre tête, surtout en France où Madame a demeuré ! (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  147. Mais de cette manière-là, vous autres femmes dans le monde qui tirez sur les gens, je comprends qu'ou êtes comme des fusils. (Acte 3, scène 6, BLAISE)
  148. Orgueil sur le chapitre de la naissance : Qui sont-ils ces gens-là ? (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  149. Et puis cette bonté superbe avec laquelle on salue des inférieurs ; cet air altier avec lequel on prend sa place ; cette évaluation de ce que l'on est et de ce que les autres ne sont pas. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  150. Sans compter cette rancune contre tous les jolis visages que l'on va détruisant d'un ton nonchalant et distrait. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  151. Il y avait un nez sur celui-ci qui l'empêchait d'être spirituel. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  152. Elle aurait pu se montrer à la foire. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  153. le montrer sur le Pont-Neuf, comme la curiosité. (Acte 3, scène 6, BLAISE)
  154. Et pis du doux dans un regard, qui se détrempe avec du fiar ; et pis une balance pour peser cette marchandise : qu'est-ce que c'est que tout ça ? (Acte 3, scène 6, BLAISE)
  155. Achevez, maître Blaise ; cela vaut mieux que tout ce que j'ai dit. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  156. Tenez, un tiers d'oeillade avec un autre quart ; un visage qu'il faut remonter comme un horloge ; un étourdi qui viant voir ce visage ; des femmes qui vont à la chasse après cet étourdi, pour tirer dessus ; et pis de la poudre et du plomb dans l'oeil ; des naissances qui demandont la maison des gens ; des bourgeoises de comparaison saugrenue : des faces joufflues qui ont de la boursouflure, avec du gras ; un arpent de taille qu'on baille à celle-ci pour un quarquier qu'on ôte à celle-là ; de l'esprit qui ne saurait compatir avec un nez, et de la médisance de bon coeur. (Acte 3, scène 6, BLAISE)
  157. Car je veux tout avoir, pour lui montrer quand alle sera guarie ; ça la fera rire. (Acte 3, scène 6, BLAISE)
  158. Ma chère maîtresse, que je suis contente ! (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  159. Il ne faut plus nous exposer ; les rechutes, chez nous autres femmes, sont bien plus faciles que chez les hommes. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  160. Il ne vous sera pas difficile d'en être aimée. (Acte 3, scène 6, SPINETTE)
  161. C'est ma maîtresse, cette petite femelle que Monsieur avait retenue. (Acte 3, scène 7, SPINETTE)
  162. Je vous demande votre amitié. (Acte 3, scène 7, FLORIS)
  163. J'allais vous demander la vôtre, Madame, avec un asile éternel en ce pays-ci. (Acte 3, scène 7, LA COMTESSE)
  164. Non, Prince, votre joie peut paraître ; elle ne risquera point de déplaire. (Acte 3, scène 7, LA COMTESSE)
  165. Dans notre pays on nous assiège ; c'est nous qui assiégeons ici parce que la place en est mieux défendue. (Acte 3, scène 7, SPINETTE)
  166. Souvenez-vous qu'elle est étrangère, et qu'elle mérite plus d'égards qu'une autre. (Acte 3, scène 7, FLORIS)
  167. Je suis charmé, Madame, des noms caressants que ma soeur vous donne, et de l'amitié qui commence si bien entre vous deux. (Acte 3, scène 8, PARMENÈS)
  168. Il n'y a personne ici qui ne s'empresse à vous être utile. (Acte 3, scène 8, PARMENÈS)
  169. Les lois de mon pays sont bien différentes des vôtres. (Acte 3, scène 8, LA COMTESSE)
  170. Sans doute que les nôtres vous paraissent préférables ? (Acte 3, scène 8, PARMENÈS)
  171. Nous autres hommes, ici, nous ne disons point ce que nous pensons. (Acte 3, scène 8, PARMENÈS)
  172. Il y a des choses sur lesquelles je puis n'être pas encore bien affermie. (Acte 3, scène 8, LA COMTESSE)
  173. Nous ne vivons pas autrement ici ; continuez, Madame. (Acte 3, scène 8, PARMENÈS)
  174. Et j'ignore pour qui votre penchant se déclare. (Acte 3, scène 8, PARMENÈS)
  175. Vous voyez bien que ce n'est pas pour un autre. (Acte 3, scène 8, LA COMTESSE)
  176. Que la franchise de mon aveu dissipe la peine que vous a fait le vôtre. (Acte 3, scène 8, PARMENÈS)
  177. Et vous, aussi aimée que vous êtes digne de l'être. (Acte 3, scène 8, PARMENÈS)
  178. Rien ne lui sera plus précieux que l'état où vous êtes, et que la durée de cet état par votre séjour ici. (Acte 3, scène 8, PARMEN?S)
  179. Vous et les vôtres, vous m'appelez Prince, et je me suis fait expliquer ce que ce mot-là signifie ; ne vous en servez plus. (Acte 3, scène 8, PARMEN?S)
  180. Nous ne connaissons point ce titre-là ici ; mon nom est Parmenès, et l'on ne m'en donne point d'autre. (Acte 3, scène 8, PARMEN?S)
  181. Surtout que le ciel en préserve ceux qui sont établis pour commander, eux qui doivent avoir plus de vertus que les autres, parce qu'il n'y a point de justice contre leurs défauts. (Acte 3, scène 8, PARMEN?S)
  182. Moi qui vous parle, voyez ce que je suis aujourd'hui ; reconnaissez-vous votre soeur à l'aveu franc qu'elle a fait de ses folies ? (Acte 4, scène 1, LA COMTESSE)
  183. Morgué, il n'y a qu'à ouvrir les yeux pour nous admirer, sans compter que velà Mademoiselle qui est la propre fille du Gouverneur et qui n'attend que la revenue de votre parsonne pour vous entretenir de vos beaux yeux : ce qui vous sera bian agriable à entendre. (Acte 4, scène 1, BLAISE)
  184. Il n'y a pas moyen de faire autrement. (Acte 4, scène 1, SPINETTE)
  185. Oui, mon frère, nous allons vous quitter ; mais, au nom de notre amitié, ne résistez plus. (Acte 4, scène 1, LA COMTESSE)
  186. La vanité défendait le logis ; mais enfin la raison l'a serrée dé si près, qu'elle l'a, comme on dit, jetée par les fenêtres, et jé régarde déjà la vôtre commé sautée. (Acte 4, scène 2, FONTIGNAC)
  187. Jé vous fais excuse ; vous êtes fourni ; votre emvarras né peut vénir qué dé l'avondancé du sujet. (Acte 4, scène 2, FONTIGNAC)
  188. N'avez-vous jamais vu d'enfant entre les bras dé sa nourrice ? (Acte 4, scène 2, FONTIGNAC)
  189. Qué vous ressemvlez bien à cé poupon, vous autres grands seignurs ! (Acte 4, scène 2, FONTIGNAC)
  190. Quand un homme a lé bras disloqué, né faut-il pas lé rémettre ? (Acte 4, scène 2, FONTIGNAC)
  191. Cé n'est pas le bras à vous, c'est la tête qu'il faut vous rémettre ! (Acte 4, scène 2, FONTIGNAC)
  192. tête dé coutisan, cadédis, qué jé vous garantis aussi disloquée à sa façon, qu'aucun bras lé peut être. (Acte 4, scène 2, FONTIGNAC)
  193. Morgué, ça me va au coeur : allons, qu'en se mette à genoux tout à l'heure pour li demander pardon, et qu'an se baisse bian bas pour être à son niviau. (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  194. Tenez, cet étourdi qui reproche aux gens d'être généreux ! (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  195. Vous n'avez pas été si méchamment goulu que ça, peut-être ? (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  196. Ça est honnête, et vous devez être content de la diffarance ; car velà, par exemple, un animal chargé de vivres : et bian ! (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  197. Jé mé travaille pour en trouver qui té persuadent, et jé mé montre persuadé des tiennes. (Acte 4, scène 3, FONTIGNAC)
  198. Ou avez donc le coeur bien traîtreux, vous autres ! (Acte 4, scène 3, BLAISE)
  199. Aujourd'hui, il dit du mal de moi ; autrefois il faisait mon éloge. (Acte 4, scène 3, LE COURTISAN)
  200. Vous, Monsieur le philosophe, vous, plus incapable que nous de devenir raisonnable, pendant qu'un homme de cour, peut-être de tous les hommes le plus frappé d'illusion et de folie, retrouve la raison ? (Acte 4, scène 4, LE COURTISAN)
  201. Si vous appelez cela des vers, il en a fait contre nous tous en forme de requête, qu'il adressait au Gouverneur, en lui demandant sa liberté ; et j'y étais moi-même accommodé on ne peut pas mieux. (Acte 4, scène 4, BLECTRUE)
  202. C'est un var qui en fait d'autres mais morgué ! (Acte 4, scène 4, BLAISE)
  203. Que vous avais-je fait pour nous mettre dans une requête qui nous blâme ? (Acte 4, scène 4, BLAISE)
  204. Je n'ai fait que les écrire, et cela aurait diverti le Gouverneur, un peu à vos dépens, à la vérité ; mais c'est ce qui en fait tout le sel ; et à cause que j'ai mis quelque épithète un peu maligne contre le Philosophe, cela l'a mis en colère. (Acte 4, scène 4, LE POÈTE)
  205. Vraiment je suis arrivé comme ils se battaient ; j'ai voulu les prendre, et ils se sont enfui : mais je vais les séparer et les remettre entre les mains de quelqu'un qui les gardera pour toujours. (Acte 4, scène 4, BLECTRUE)
  206. Donnez-moi-les, que je les confie à un autre. (Acte 4, scène 4, BLECTRUE)
  207. C'est de n'être pas fou. (Acte 4, scène 4, BLAISE)
  208. C'est que tu ne crois pas l'être. (Acte 4, scène 4, LE PHILOSOPHE)
  209. Vous m'offrez votre coeur, et c'est à moi à vous offrir le mien. (Acte 4, scène 5, FLORIS)
  210. Guarissez de cette autre infirmité-là. (Acte 4, scène 5, BLAISE)
  211. Votre coeur ne doit point se donner ; c'est bien assez qu'il se laisse surprendre. (Acte 4, scène 5, FLORIS)
  212. Je vous instruis contre moi ; je vous apprends à me résister, mais en même temps à mériter ma tendresse et mon estime. (Acte 4, scène 5, FLORIS)
  213. Ménagez-moi donc l'honneur de vous vaincre ; que votre amour soit le prix du mien, et non pas un pur don de votre faiblesse : n'avilissez point votre coeur par l'impatience qu'il aurait de se rendre ; et pour vous achever l'idée de ce que vous devez être, n'oubliez pas qu'en nous aimant tous deux, vous devenez, s'il est possible, encore plus comptable de ma vertu que je ne la suis moi-même. (Acte 4, scène 5, FLORIS)
  214. Madame, écoutez-moi : quoique vous vous en alliez, vous voyez bien que je ne vous arrête point ; et assurément vous devez, ce me semble, être contente de mon indifférence. (Acte 4, scène 5, LE COURTISAN)
  215. Cheux nous les femmes de bian ne font pas autre chose. (Acte 4, scène 6, BLAISE)
  216. N'avons-je pas une maîtresse itou, moi ? (Acte 4, scène 6, BLAISE)
  217. D'abord à votre coeur, ensuite à votre main. (Acte 4, scène 7, FONTIGNAC)
  218. Faut bian d'autres çarimonies. (Acte 4, scène 7, BLAISE)
  219. Oui ; mais voute compte n'est pas le mian : j'avons une autre arusmétique. (Acte 4, scène 7, BLAISE)
  220. Il est temps qué votre modestie cède la victoire. (Acte 4, scène 7, FONTIGNAC)
  221. Il me viant des rougeurs que je ne sais où les mettre. (Acte 4, scène 7, BLAISE)
  222. Mais ne causons pus ; velà une autre amoureuse qui viant. (Acte 4, scène 7, BLAISE)
  223. Votre indifférence même commence à m'alarmer. (Acte 4, scène 8, FLORIS)
  224. Vous n'irez pas lé chercher, car il entre. (Acte 4, scène 8, FONTIGNAC)
  225. Oui, Seigneur, mettez le comble à vos bienfaits : je vous ai mille obligations ; joignez-y encore la grâce de m'accorder votre fils. (Acte 4, scène 9, LA COMTESSE)
  226. Nous n'en avons point d'autre ici que la présence de ceux devant qui on se marie. (Acte 4, scène 9, LE GOUVERNEUR)
  227. L'usage le plus digne qu'on puisse faire de son bonheur, c'est de s'en servir à l'avantage des autres. (Acte 4, scène 9, LE GOUVERNEUR)
  228. Ne vous défend pas d'être amants, v.5 (Acte 4, scène 10, LEGRAND)
  229. Mais d'être amants volages. v.6 (Acte 4, scène 10, LEGRAND)
  230. Tu t'applaudis d'en être exempt : v.36 (Acte 4, scène 10, DU-MIRAIL)
  231. Contre les douces flammes v.47 (Acte 4, scène 10, MADEMOISELLE JOUVENOT)
  232. Tu n'es plus, contre Cupidon, v.53 (Acte 4, scène 10, MADEMOISELLE JOUVENOT)
  233. Si notre comédie v.98 (Acte 4, scène 10, MADEMOISELLE QUINAULT)

LA JOIE IMPRÉVUE (1760)

  1. Fasse le ciel, Monsieur, que votre chagrin vous profite, et vous apprenne à mener une vie plus raisonnable ! (Acte 1, scène 1, PASQUIN)
  2. Patience, Monsieur votre père vous a envoyé pour acheter une charge : l'argent de cette charge était en entier entre les mains de votre banquier, de qui vous avez déjà reçu la moitié, que vous avez jouée et perdue ; ce qui fait, par conséquent, que vous ne pouvez plus avoir que la moitié de votre charge ; et voilà ce qui est terrible. (Acte 1, scène 1, PASQUIN)
  3. Doucement, Monsieur ; c'est qu'actuellement j'ai une charge aussi, moi, laquelle est de veiller sur votre conduite et de vous donner mes conseils. (Acte 1, scène 1, PASQUIN)
  4. Pasquin, me dit Monsieur votre père la veille de notre départ, je connais ton zèle, ton jugement et ta prudence ; ne quitte jamais mon fils, sers-lui de guide, gouverne ses actions et sa tête, regarde-le comme un dépôt que je te confie. (Acte 1, scène 1, PASQUIN)
  5. Je le lui promis bien, je lui en donnai ma parole : je me fondais sur votre docilité, et je me suis trompé. (Acte 1, scène 1, PASQUIN)
  6. Votre conduite, vous la voyez, elle est détestable ; mes conseils, vous les avez méprisés, vos fonds sont entamés, la moitié de votre argent est partie, et voilà mon dépôt dans le plus déplorable état du monde : il faut pourtant que j'en rende compte, et c'est ce qui fait ma douleur. (Acte 1, scène 1, PASQUIN)
  7. En arrivant à Paris, je me mets dans cet hôtel garni : j'y vois un jardin qui est commun à une autre maison, je m'y promène, j'y rencontre le Chevalier, avec qui, par hasard, je lie conversation ; il loge au même hôtel, nous mangeons à la même table, je vois que tout le monde joue après dîner, il me propose d'en faire autant, je joue, je gagne d'abord, je continue par compagnie, et insensiblement je perds beaucoup, sans aucune inclination pour le jeu ; voilà d'où cela vient ; mais ne t'inquiète point, je ne veux plus jouer qu'une fois pour regagner mon argent ; et j'ai un pressentiment que je serai heureux. (Acte 1, scène 1, DAMON)
  8. Non, Pasquin, on ne perd pas toujours, je veux me remettre en état d'acheter la charge en question, afin que mon père ne sache rien de ce qui s'est passé : au surplus, c'est dans ce jardin que j'ai connu l'aimable Constance ; c'est ici où je la vois quelquefois, où je crois m'apercevoir qu'elle ne me hait pas, et ce bonheur est bien au-dessus de toutes mes pertes. (Acte 1, scène 1, DAMON)
  9. Quant à votre amour pour elle, j'y consens, j'y donne mon approbation ; je vous dirai même que le plaisir de voir Lisette qui la suit a extrêmement adouci les afflictions que vous m'avez données, je n'aurais pu les supporter sans elle ; il n'y a qu'une chose qui m'intrigue : c'est que la mère de Constance, quand elle se promène ici avec sa fille, et que vous les abordez, ne me paraît pas fort touchée de votre compagnie, sa mine s'allonge, j'ai peur qu'elle ne vous trouve un étourdi ; vous êtes pourtant un assez joli garçon, assez bien fait mais, de temps en temps, vous avez dans votre air je ne sais quoi... qui marquerait... une tête légère... (Acte 1, scène 1, PASQUIN)
  10. Mais qui est-ce qui vient par cette autre allée du jardin ? (Acte 1, scène 1, DAMON)
  11. C'est peut-être ce fripon de Chevalier qui vient chercher le reste de votre argent. (Acte 1, scène 1, PASQUIN)
  12. Où est ton maître, Pasquin ? (Acte 1, scène 2, LE CHEVALIER)
  13. C'est que je n'aime pas ceux qui gagnent l'argent de mon maître. (Acte 1, scène 2, PASQUIN)
  14. Il le gagnera peut-être une autre fois. (Acte 1, scène 2, LE CHEVALIER)
  15. Ne reviendrez-vous pas ce soir ici pour être au bal ? (Acte 1, scène 2, DAMON)
  16. Cela me sera difficile, j'ai même, ce matin, reçu une lettre qui, je crois, m'obligera à aller demain en campagne pour quelques jours. (Acte 1, scène 2, LE CHEVALIER)
  17. Monsieur, il fait si beau : Partez, Monsieur le Chevalier, et ne revenez pas, nos affaires ont grand besoin de votre absence ; il y a tant de châteaux dans les champs, amusez-vous à en ruiner quelqu'un. (Acte 1, scène 2, PASQUIN)
  18. Monsieur, cet argent qui est à deux pas d'ici, n'est pas à vous, il est à Monsieur votre père, et vous savez bien que son intention n'est pas que Monsieur le Chevalier y ait part ; il ne lui en destine pas une obole. (Acte 1, scène 2, PASQUIN)
  19. Non, je n'en ai point reçu d'autre que de sa mine ; c'est elle qui m'a dit tout le mal que j'en sais. (Acte 1, scène 3, PASQUIN)
  20. Arrêtez, Monsieur, on nous a interrompus, je ne vous ai pas quand je veux, et mes ordres portent aussi, attendu cette légèreté d'esprit dont je vous ai parlé, que je tiendrai la main à ce que vous exécutiez tout ce que Monsieur votre père vous a dit de faire, et voici un petit agenda où j'ai tout écrit. (Acte 1, scène 3, PASQUIN)
  21. Le pupille ne manquera de se transporter chez Monsieur Raffle, procureur, pour lui remettre des papiers. (Acte 1, scène 3, PASQUIN)
  22. De presser le sieur Damon de porter une lettre à l'adresse de Madame... (Acte 1, scène 3, PASQUIN)
  23. C'est elle-même, sans doute, qui loge dans cette maison, d'où elle passe dans le jardin de votre hôtel. (Acte 1, scène 3, PASQUIN)
  24. Voyez ce que c'est, faute d'exactitude, nous négligions la lettre du monde la plus importante, et qui va nous donner accès dans la maison. (Acte 1, scène 3, PASQUIN)
  25. J'étais bien éloigné de penser que j'avais en main quelque chose d'aussi favorable ; je ne l'ai pas même sur moi, cette lettre, que je ne devais rendre qu'à loisir. (Acte 1, scène 3, DAMON)
  26. Tu me fais grand plaisir de me rappeler cette lettre ; voilà de quoi m'introduire chez Madame Dorville, et j'irai la lui remettre au retour de chez mon banquier : je pars, ne t'écarte pas. (Acte 1, scène 3, DAMON)
  27. Monsieur, comme vous en rapporterez le reste de votre argent, je vous demande en grâce que je le voie avant que vous le jouiez, je serais bien aise de lui dire adieu. (Acte 1, scène 3, PASQUIN)
  28. Ta maîtresse viendra-t-elle tantôt se promener ici avec sa mère ? (Acte 1, scène 4, DAMON)
  29. Adieu, Lisette, continue, je te prie, d'être dans mes intérêts. (Acte 1, scène 4, DAMON)
  30. Mais, ma mie, je ne comprends pas votre scrupule ; n'êtes-vous pas convenue avec moi que je suis aimable ? (Acte 1, scène 5, PASQUIN)
  31. Oui : mais si notre mariage ne se fait jamais ? (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  32. Si Madame Dorville, qui ne connaît point ton maître, marie sa fille à un autre, comme il y a quelque apparence. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  33. Gardez-vous en bien ; je suis d'avis même que nous vous donnions, mon maître et moi, chacun notre portrait, que vous regarderez, pour vaincre la tentation de nous quitter. (Acte 1, scène 5, PASQUIN)
  34. Ne badine point : j'ai charge de ma maîtresse de t'interroger adroitement sur de certaines choses. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  35. Tu sens bien qu'il serait désagréable d'être obligée de donner sa main d'un côté, pendant qu'on laisserait son coeur d'un autre : ainsi voyons : tu dis que ton maître a du bien et de la naissance : que ne se propose-t-il donc ? (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  36. Oui, vraiment : ce fut le Chevalier, avec qui nous étions, qui aborda la mère dans le jardin ; ce qui continue de notre part : de façon que nous ne sommes encore que des amants qui s'abordent, en attendant qu'ils se fréquentent : il est vrai que c'en est assez pour s'aimer, et non pas pour se demander en mariage, surtout quand on a des mères qui ne voudraient pas d'un gendre de rencontre. (Acte 1, scène 5, PASQUIN)
  37. Pour ce qui est de nos parents, nous ne leur avons, depuis notre arrivée, écrit que deux petites lettres, où il n'a pu être question de vous, ma fille : à la première, nous ne savions pas seulement que vos beautés étaient au monde ; nous ne l'avons su qu'une heure avant la seconde ; mais à la troisième, on mandera qu'on les a vues, et à la quatrième, qu'on les adore. (Acte 1, scène 5, PASQUIN)
  38. Oui, mais les expédients ne sont pas de notre goût ; et en mon particulier, je congédierais, avec un soufflet ou deux, le coquin qui oserait me le proposer. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  39. Achevons : dis-moi, cette charge que doit avoir ton maître est-elle achetée ? (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  40. On te surfait, tu rabats, tu te retires, on te rappelle, et à la fin on lâche la main de part et d'autre, et nous la lâcherons, quand il en sera temps. (Acte 1, scène 5, PASQUIN)
  41. Allons, allons, tu te moques ; je n'ai point d'autre réponse à cela que de te montrer ce minois. (Acte 1, scène 5, PASQUIN)
  42. Ta physionomie vaut peut-être mieux que toi ? (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  43. Quoi qu'il en soit, je conseille à ton maître de faire ses diligences. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  44. J'ôterais mon chapeau à cet homme-là, si je ne m'en empêchais pas, tant il ressemble au père de mon maître. (Acte 1, scène 6, PASQUIN)
  45. Tu as donc bien de la peine à me reconnaître, faquin ? (Acte 1, scène 6, MONSIEUR ORGON)
  46. Monsieur, j'ai bien de la joie à vous revoir, mais votre accueil est triste ; vous n'avez pas l'air aussi serein qu'à votre ordinaire. (Acte 1, scène 6, PASQUIN)
  47. Il est vrai que j'ai fort sujet d'être content de ce qui se passe. (Acte 1, scène 6, MONSIEUR ORGON)
  48. Oui, je les sais, oui, il y a quinze jours que vous êtes ici, et il y en a autant que j'y suis ; je partis le lendemain de votre départ, je vous ai rattrapé en chemin, je vous ai suivi jusqu'ici, et vous ai fait observer depuis que vous y êtes ; c'est moi qui ai dit au banquier de ne délivrer à mon fils qu'une partie de l'argent destiné à l'acquisition de sa charge, et de le remettre pour le reste ; on m'a appris qu'il a joué, et qu'il a perdu. (Acte 1, scène 6, MONSIEUR ORGON)
  49. Jouer, contre le premier venu, un argent dont je lui avais marqué l'emploi ! (Acte 1, scène 6, MONSIEUR ORGON)
  50. Ce jardin-ci m'en est témoin, il m'a vu pleurer, Monsieur : mes larmes apparemment ne sont pas touchantes ; car votre fils n'en a tenu compte, et je conviens avec vous que c'est un étourdi, un évaporé, un libertin qui n'est pas digne de vos bontés. (Acte 1, scène 6, PASQUIN)
  51. Monsieur, il ne les mérite pas non plus ; et je ne les lui donnais que par complaisance pour votre colère et pour ma justification : mais la vérité est que c'est un fort estimable jeune homme, qui n'a joué que par politesse, et qui n'a perdu que par malheur. (Acte 1, scène 6, PASQUIN)
  52. Il me l'a toujours paru, et j'avoue que jusqu'ici je n'ai rien vu que de louable en lui ; je voulais achever de le connaître : il est jeune, il a fait une faute, il n'y a rien d'étonnant, et je la lui pardonne, pourvu qu'il la sente ; c'est ce qui décidera de son caractère : ce sera un peu d'argent qu'il m'en coûtera, mais je ne le regretterai point si son imprudence le corrige. (Acte 1, scène 6, MONSIEUR ORGON)
  53. Je n'en sais rien, mais je crois qu'oui, car il y a quelques jours qu'il y eut un bal où ils l'étaient tous deux ; mon maître a même encore son domino vert qu'il a gardé pour ce bal-ci, et je pense que le Chevalier, qui loge au même hôtel, a aussi gardé le sien qui est jaune. (Acte 1, scène 6, PASQUIN)
  54. Garde-toi, surtout, de dire à mon fils que je suis ici, je te le défends, et remets-lui cette lettre comme venant de la poste ; mais ce n'est pas là tout : on m'a dit aussi qu'il voit souvent dans ce jardin une jeune personne qui vient s'y promener avec sa mère ; est-ce qu'il l'aime ? (Acte 1, scène 6, MONSIEUR ORGON)
  55. Oui, celle de mon maître. (Acte 1, scène 6, PASQUIN)
  56. Je la connais, cette Madame Dorville, et il faut que mon fils ne lui ait pas rendu la lettre que je lui ai écrite, puisqu'il ne la voit pas chez elle. (Acte 1, scène 6, MONSIEUR ORGON)
  57. Il l'avait oubliée, et il doit la lui remettre à son retour ; mais, Monsieur, cette Madame Dorville est-elle bien de vos amies ? (Acte 1, scène 6, PASQUIN)
  58. Pardonnez mon transport, c'est l'amour qui le cause ; il ne tiendra qu'à vous de faire notre fortune. (Acte 1, scène 6, PASQUIN)
  59. Constance et Damon doivent être mariés ensemble. (Acte 1, scène 6, MONSIEUR ORGON)
  60. Écoute-moi, monstre, et ne réplique plus. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  61. Tu diras à ton maître, de la part de Madame Dorville, qu'elle le prie de ne plus parler à Constance, que c'est une liberté qui lui déplaît, et qu'il s'en abstiendra, s'il est galant homme ; ce dont l'impudence du valet fait que je doute. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  62. J'avoue que je ne me sens pas d'aise, et cependant tu t'abuses : je suis plein d'amour, là, ce qu'on appelle plein, mon coeur en a pour quatre, en vérité, tu le verras. (Acte 1, scène 7, PASQUIN)
  63. Un peu moins que vous ne pensez ; ne me retenez pas, Monsieur, je ne saurais rester : votre homme sait les nouvelles, qu'il vous les dise. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  64. Madame Dorville s'emporte, et prétend que nous supprimions tout commerce avec elle ; notre fréquentation dans le jardin n'est pas de son goût, dit-elle ; elle s'imagine que nous lui déplaisons, cette bonne femme ! (Acte 1, scène 8, PASQUIN)
  65. Oui, Monsieur : voilà ce qui le réjouit, il n'est plus permis à Constance de vous dire le moindre mot, on vous prie de la laisser en repos, vous êtes proscrit, tout entretien nous est interdit avec vous, et même, en vous parlant, je fais actuellement un crime. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  66. Votre vin est-il bon, Lisette ? (Acte 1, scène 8, PASQUIN)
  67. Où est votre lettre pour cette Madame Dorville ? (Acte 1, scène 9, PASQUIN)
  68. Je vais la lui remettre, dès que j'aurai porté mon argent chez moi. (Acte 1, scène 9, DAMON)
  69. Non, je vous attends ici ; allez vite, nous nous amuserions l'un et l'autre, et il n'y a point de temps à perdre ; tenez, prenez ce paquet que je viens de recevoir du facteur, il est de votre père. (Acte 1, scène 9, PASQUIN)
  70. Oui, je sais ce dont il est question, et j'en ai instruit mon maître ; mais ce n'est pas là votre dernier mot, Madame, vous changerez de sentiment ; je prends la liberté de vous le dire, nous ne sommes pas si mal dans votre esprit. (Acte 1, scène 10, PASQUIN)
  71. Vous êtes bien hardi, mon ami ; allez, passez votre chemin. (Acte 1, scène 10, MADAME DORVILLE)
  72. Jamais Madame ne séparera sa fille et mon maître. (Acte 1, scène 10, PASQUIN)
  73. Ils sont faits pour s'aimer ; c'est l'avis des astres et le vôtre. (Acte 1, scène 10, PASQUIN)
  74. Peut-être même vous a-t-il parlé d'amour ? (Acte 1, scène 10, MADAME DORVILLE)
  75. Comme il s'expliquait d'une façon très respectueuse, et de l'air de la meilleure foi ; que, d'ailleurs, j'étais le plus souvent avec vous, et que je ne prévoyais pas que vous me défendriez de le voir, je n'ai pas cru devoir me fâcher contre un si honnête homme. (Acte 1, scène 10, CONSTANCE)
  76. Et moi, je dis que voici le temps qu'ils se verront bien autrement. (Acte 1, scène 10, PASQUIN)
  77. Où est cet étourdi qui ne vient point avec sa lettre ? (Acte 1, scène 10, PASQUIN)
  78. Allons vite à la lettre. (Acte 1, scène 11, PASQUIN)
  79. Je suis si mortifié du trouble que je cause ici, que je ne songeais pas à vous rendre cette lettre, Madame. (Acte 1, scène 11, DAMON)
  80. Oui, d'un gentilhomme de votre ancienne connaissance. (Acte 1, scène 11, PASQUIN)
  81. Tu ne m'as rien dit de cette lettre. (Acte 1, scène 11, LISETTE)
  82. Monsieur, cette lettre me fait grand plaisir, je suis charmée d'apprendre des nouvelles de Monsieur votre père. (Acte 1, scène 11, MADAME DORVILLE)
  83. Suivez-moi dans cette autre allée, Lisette, j'ai à vous parler. (Acte 1, scène 11, MADAME DORVILLE)
  84. Monsieur, je suis votre servante. (Acte 1, scène 11, MADAME DORVILLE)
  85. Ma foi, tenez, c'est lui qu'elle choisirait, si elle était sa maîtresse. (Acte 1, scène 12, LISETTE)
  86. Voilà quatre jeunes gens qui seront bien contents. (Acte 1, scène 12, LISETTE)
  87. Quatre ! (Acte 1, scène 12, MADAME DORVILLE)
  88. Si fait : Pasquin et moi nous sommes les deux autres. (Acte 1, scène 12, LISETTE)
  89. Ne dis rien de ceci à ma fille, non plus qu'à Damon, Lisette ; je veux les surprendre, et c'est aussi l'intention du père qui doit arriver incessamment, et qui me prie de cacher à son fils, s'il aime ma fille, que nous avons dessein d'en faire mon gendre ; il se ménage, dit-il, le plaisir de paraître obliger Damon en consentant à ce mariage. (Acte 1, scène 12, MADAME DORVILLE)
  90. À l'aigreur que vous montrez, Constance, on dirait que vous regrettez Damon... (Acte 1, scène 13, MADAME DORVILLE)
  91. Mais je l'aurais trouvé assez à mon gré, si vous me l'aviez permis, au lieu que je ne connais pas l'autre. (Acte 1, scène 13, CONSTANCE)
  92. Allez, si j'en crois Madame, l'autre le vaut bien. (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  93. Je les aurais combattus, si j'y avais pris garde, et je tâcherai de les surmonter, puisque vous me l'ordonnez ; il aurait pu devenir mon époux, si vous l'aviez voulu ; il a de la naissance et de la fortune, il m'aime beaucoup ; ce qui est avantageux en pareil cas, et ce qu'on ne rencontre pas toujours. (Acte 1, scène 13, CONSTANCE)
  94. Celui que vous me destinez feindra peut-être plus d'amour qu'il n'en aura ; je n'en aurai peut-être point pour lui, quelque envie que j'aie d'en avoir ; cela ne dépend pas de nous. (Acte 1, scène 13, CONSTANCE)
  95. Vous rejetez Damon, vous préférez l'autre, je l'épouserai. (Acte 1, scène 13, CONSTANCE)
  96. La seule grâce dont j'ai besoin, c'est que vous m'accordiez du temps pour me mettre en état de vous obéir d'une manière moins pénible. (Acte 1, scène 13, CONSTANCE)
  97. Quand vous aurez vu le futur, vous ne serez peut-être pas fâchée qu'on expédie, et mon avis n'est pas qu'on recule. (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  98. Je pense pourtant comme elle, il sera mieux de ne pas différer votre mariage. (Acte 1, scène 13, MADAME DORVILLE)
  99. Si vous rencontrez Damon, je vous permets de souffrir qu'il vous aborde ; vous me paraissez si raisonnable que ce n'est pas la peine de vous rien défendre là-dessus. (Acte 1, scène 13, MADAME DORVILLE)
  100. J'aurai le chagrin de me marier au gré de ma mère ; mais j'aurai le plaisir de vous mettre dehors. (Acte 1, scène 14, CONSTANCE)
  101. Je serai pourtant la maîtresse. (Acte 1, scène 14, CONSTANCE)
  102. Ne vous adressez point à elle, Damon, elle est votre ennemie et la mienne. (Acte 1, scène 15, CONSTANCE)
  103. Ma mère veut me marier à un autre que je hais, quel qu'il soit. (Acte 1, scène 15, CONSTANCE)
  104. Sur tout ce que vous m'avez dit, vous êtes un parti convenable ; votre père a sans doute quelques amis à Paris, allez les trouver, engagez-les à parler à ma mère. (Acte 1, scène 15, CONSTANCE)
  105. Quand elle vous connaîtra mieux, peut-être vous préférera-t-elle. (Acte 1, scène 15, CONSTANCE)
  106. Il ne me servirait à rien d'avoir recours à des amis, on vous a promise d'un côté, et on m'a engagé d'un autre : Voici ce que m'écrit mon père. (Acte 1, scène 15, DAMON)
  107. J'arrive incessamment à Paris, mon fils ; je compte que les affaires de votre charge sont terminées, et que je n'aurai plus qu'à remplir un engagement que j'ai pris pour vous, et qui est de terminer votre mariage avec une des plus aimables filles de Paris. (Acte 1, scène 15, DAMON)
  108. Votre père s'y connaît, apparemment ? (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  109. Il ne serait pas difficile de vous le montrer. (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  110. Il n'ose donc se montrer ? (Acte 1, scène 15, DAMON)
  111. Il se montre aussi hardiment que vous, et n'a pas moins de coeur que vous. (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  112. Point d'emportement, Damon ; je vous quitte : peut-être qu'elle nous trompe pour nous épouvanter ; il est du moins certain que je n'ai point vu ce rival. (Acte 1, scène 15, CONSTANCE)
  113. Adieu, Damon, ne laissez pas que d'agir de votre côté, et ne perdons point de temps. (Acte 1, scène 15, CONSTANCE)
  114. Oui, Constance, je ne négligerai rien ; peut-être nous arrivera-t-il quelque chose de favorable. (Acte 1, scène 15, DAMON)
  115. Je te rencontre fort à propos. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  116. Non, au lieu d'être fou, tu ne seras plus que sot. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  117. Ma poule, votre ignorance est comique. (Acte 1, scène 16, PASQUIN)
  118. Damon devait épouser ma maîtresse, suivant la lettre qu'il a tantôt remise à Madame Dorville de la part de son père ; on en était convenu ; n'est-il pas vrai ? (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  119. Il m'a révélé un secret de mince valeur, car tout est changé ; votre lettre est venue trop tard ; Madame Dorville ne peut plus tenir parole, et Constance et moi nous sommes toutes deux arrêtées pour d'autres. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  120. Celui que j'épouse à ta place est jaloux, ne te montre plus. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  121. Quand je l'aurai étranglé, il sera le maître. (Acte 1, scène 16, PASQUIN)
  122. Allons, je cours vite avertir le père de mon maître. (Acte 1, scène 16, PASQUIN)
  123. Le père de ton maître ? (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  124. Tout beau, ne dérangeons rien ; ne va point faire de sottises qui gâteraient tout peut-être ; il n'y a pas le mot de ce que je t'ai dit ; la lettre en question est toujours bonne, et les conventions tiennent ; c'est ce que m'a confié Madame Dorville et je me suis divertie de ta douleur, pour me venger de la scène de tantôt. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  125. À force de joie, tu deviens fat ; il se fait tard, tu me diras une autre fois pourquoi ton maître se cache : voici l'heure où l'on s'assemble dans la salle du bal ; Madame Dorville m'a dit qu'elle y mènerait Constance, et je vais voir si elles n'auront pas besoin de moi. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  126. C'est le Chevalier qui vient pour jouer avec mon maître, et qui lui gagnerait le reste de son argent ; je vais tâcher de l'amuser, pour l'empêcher d'aller joindre Damon ; mais reviens, si tu peux, dans un instant, pour m'aider à le retenir. (Acte 1, scène 16, PASQUIN)
  127. Où est ton maître ? (Acte 1, scène 17, MONSIEUR ORGON)
  128. Ne sais-tu pas que je dois jouer avec ton maître ? (Acte 1, scène 17, MONSIEUR ORGON)
  129. Cela vous plaît à dire ; ce sera lui qui jouera ; tout le hasard sera de son côté, toute la fortune du vôtre ; vous ne jouez pas, vous, vous gagnez. (Acte 1, scène 17, PASQUIN)
  130. Du bonheur ; ce n'est pas là votre fort, vous êtes trop sage pour en avoir affaire. (Acte 1, scène 17, PASQUIN)
  131. Il devrait être arrivé. (Acte 1, scène 19, PASQUIN)
  132. C'est peut-être son banquier qui l'a remis. (Acte 1, scène 19, LE CHEVALIER)
  133. Je viens de tirer votre horoscope, et je m'étais trompé tantôt : mon maître perdra peut-être, mais vous ne gagnerez point. (Acte 1, scène 19, PASQUIN)
  134. Je ne saurais vous l'expliquer, les astres ne m'en ont pas dit davantage ; ce qu'on lit dans le ciel est écrit en si petit caractère ! (Acte 1, scène 19, PASQUIN)
  135. Vous verrez, vous verrez : tenez, je déchiffre encore qu'aujourd'hui vous devez rencontrer sur votre chemin un fripon qui vous amusera, qui se moquera de vous, et dont vous serez la dupe. (Acte 1, scène 19, PASQUIN)
  136. Non, mais qui vous empêchera d'avoir celui de mon maître. (Acte 1, scène 19, PASQUIN)
  137. J'aperçois aussi, dans votre étoile, un domino qui vous portera malheur ; il sera cause d'une méprise qui vous sera fatale. (Acte 1, scène 19, PASQUIN)
  138. Ne vois-tu pas aussi dans mon étoile que je pourrais me fâcher contre toi ? (Acte 1, scène 19, LE CHEVALIER)
  139. C'est peut-être le petit caractère qui t'empêche d'y lire des coups de bâton. (Acte 1, scène 19, LE CHEVALIER)
  140. Laisse là tes contes ; ton maître ne vient point, et cela m'impatiente. (Acte 1, scène 19, LE CHEVALIER)
  141. Cet entretien-là peut vous mettre en jolie posture ; il y a longtemps qu'on vous connaît ; on est sage, on vous aime, on a vingt-cinq mille livres de rente, et vous pouvez mener tout cela bien loin. (Acte 1, scène 20, LISETTE)
  142. Monsieur, vous avez donné parole à mon maître ; il va venir avec un sac plein d'or, et cela se gagne encore plus vite qu'une femme ; que la veuve attende. (Acte 1, scène 20, PASQUIN)
  143. Soubrette d'aventurière, vous ne l'aurez point, votre action est contre la police. (Acte 1, scène 20, PASQUIN)
  144. On insulte ma maîtresse, et vous le souffrez, et vous ne venez pas ! (Acte 1, scène 20, LISETTE)
  145. Dis à ton maître que je reviendrai. (Acte 1, scène 20, LE CHEVALIER)
  146. Je vous avertis qu'il y a ici d'autres joueurs qui le guettent. (Acte 1, scène 20, PASQUIN)
  147. Ce n'est donc pas contre vous que j'ai joué ? (Acte 1, scène 21, DAMON)
  148. Non, votre fourbe de valet m'a dit que vous n'étiez pas arrivé. (Acte 1, scène 21, LE CHEVALIER)
  149. Vous êtes jeune, vous dépendez apparemment d'un père ; je me reprocherais de profiter de l'étourdissement où vous êtes, et d'être, pour ainsi dire, le complice du désordre où vous voulez vous jeter ; j'ai même regret d'avoir tant joué ; votre âge et la considération de ceux à qui vous appartenez devaient m'en empêcher : croyez-moi, Monsieur ; vous me paraissez un jeune homme plein d'honneur, n'altérez point votre caractère par une aussi dangereuse habitude que l'est celle du jeu, et craignez d'affliger un père, à qui je suis sûr que vous êtes cher. (Acte 1, scène 21, MONSIEUR ORGON)
  150. J'oublie tout, mon fils ; si cette scène-ci vous corrige, ne craignez rien de ma colère ; je vous connais, et ne veux vous punir de vos fautes qu'en vous donnant de nouveaux témoignages de ma tendresse ; ils feront plus d'effet sur votre coeur que mes reproches. (Acte 1, scène 21, MONSIEUR ORGON)
  151. Oui, Madame, c'est moi-même ; et j'allais dans le moment me faire connaître ; je m'étais fait un plaisir de vous surprendre. (Acte 1, scène 22, MONSIEUR ORGON)
  152. Après cet aveu-là, Madame, je crois qu'il ne doit plus être question de notre projet. (Acte 1, scène 22, MONSIEUR ORGON)
  153. Plus que jamais, je vous assure que votre fils l'épousera. (Acte 1, scène 22, MADAME DORVILLE)
  154. Vous voyez bien qu'ils sont assez d'accord ; ce n'est pas la peine de rentrer dans le bal, je pense, allons souper chez moi. (Acte 1, scène 22, MADAME DORVILLE)
  155. Je demandais tantôt si votre vin était bon ; c'est moi qui vais t'en dire des nouvelles. (Acte 1, scène 22, PASQUIN)

L'ÉPREUVE (1740)

  1. Je viens de mettre pied à terre à la première hôtellerie du village, j'ai demandé le chemin du château suivant l'ordre de votre lettre, et me voilà dans l'équipage que vous m'avez prescrit. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  2. Y reconnaissez-vous votre valet de chambre, et n'ai-je pas l'air un peu trop seigneur ? (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  3. C'est une autre histoire ; et cela étant, il y a une chose qui m'inquiète. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  4. C'est qu'en venant, j'ai rencontré près de l'hôtellerie une fille qui ne m'a pas aperçu, je pense, qui causait sur le pas d'une porte, mais qui m'a bien la mine d'être une certaine Lisette que j'ai connue à Paris, il y a quatre ou cinq ans, et qui était à une dame chez qui mon maître allait souvent. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  5. Quoique à la fleur de votre âge, vous êtes tout à fait sage et raisonnable, il me semble pourtant que votre projet est bien jeune. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  6. Non, il n'a pas encore été question du mot d'amour entre elle et moi ; je ne lui ai jamais dit que je l'aime ; mais toutes mes façons n'ont signifié que cela ; toutes les siennes n'ont été que des expressions du penchant le plus tendre et le plus ingénu. (Acte 1, scène 1, LUCIDOR)
  7. Il n'est pas temps ; tout sûr que je suis de son coeur, je veux savoir à quoi je le dois ; et si c'est l'homme riche, ou seulement moi qu'on aime : c'est ce que j'éclaircirai par l'épreuve où je vais la mettre ; il m'est encore permis de n'appeler qu'amitié tout ce qui est entre nous deux, et c'est de quoi je vais profiter. (Acte 1, scène 1, LUCIDOR)
  8. Mettez-vous à la place d'une fille, et ouvrez les yeux, vous verrez pourquoi, il y a cent à parier contre un que je plairai. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  9. Si tu plais, j'y remédierai sur-le-champ, en te faisant connaître. (Acte 1, scène 1, LUCIDOR)
  10. Puisque personne ne t'a vu entrer, retire-toi avant que quelqu'un que je vois dans le jardin n'arrive, va t'ajuster, et ne parais que dans une heure ou deux. (Acte 1, scène 1, LUCIDOR)
  11. C'est que j'aime tant la santé des braves gens, alle est si recommandabe, surtout la vôtre, qui est la pus recommandabe de tout le monde. (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  12. Vous avez raison d'y prendre quelque intérêt, je voudrais pouvoir vous être utile à quelque chose. (Acte 1, scène 2, LUCIDOR)
  13. Et que je sis encore une jeunesse, je n'ons que trente ans, et d'humeur folichonne, un Roger-Bontemps. (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  14. Vous me faites là un vilain tour avec voute avisement, Monsieur Lucidor ; velà qui m'est bian rude, bian chagrinant et bian traître. (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  15. Soyons bons, je l'approuve, mais ne foulons parsonne, je sis voute prochain autant qu'un autre, et ne faut pas peser sur ceti-ci, pour alléger ceti-là. (Acte 1, scène 2, MA?TRE BLAISE)
  16. Votre parenté avec lui n'ajoute rien à l'obligation que je vous ai. (Acte 1, scène 2, LUCIDOR)
  17. Je vous en donne douze pour en épouser une autre et pour vous dédommager du chagrin que je vous fais. (Acte 1, scène 2, LUCIDOR)
  18. Ce n'est pas tout à fait cela, écoutez-moi, je prétends, vous dis-je, que vous vous proposiez pour Angélique, indépendamment du mari que je lui offrirai ; si elle vous accepte, comme alors je n'aurai fait aucun tort à votre amour, je ne vous donnerai rien ; si elle vous refuse, les douze mille francs sont à vous. (Acte 1, scène 2, LUCIDOR)
  19. Prenez garde, je vois bien qu'à cause des douze mille francs, vous ne demandez déjà pas mieux que d'être refusé. (Acte 1, scène 2, LUCIDOR)
  20. Peut-être bien que la somme m'étourdit un petit brin ; j'en sis friand, je le confesse, alle est si consolante ! (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  21. Je mets cependant encore une condition à notre marché, c'est que vous feigniez de l'empressement pour obtenir Angélique, et que vous continuiez de paraître amoureux d'elle. (Acte 1, scène 2, LUCIDOR)
  22. Oui, Monsieur, je serons fidèle à ça, mais j'ons bonne espérance de n'être pas daigne d'elle, et mêmement j'avons opinion, si alle osait, qu'alle vous aimerait pus que parsonne. (Acte 1, scène 2, MAÎTRE BLAISE)
  23. Moi, Maître Blaise ? (Acte 1, scène 2, LUCIDOR)
  24. J'avoue qu'elle sert Madame Argante, mais elle n'est pas de moindre condition que les autres filles du village. (Acte 1, scène 2, LUCIDOR)
  25. Mais je vous ordonne une chose ; c'est de ne lui dire que vous l'aimez qu'après qu'Angélique se sera expliquée sur votre compte ; il ne faut pas que Lisette sache vos desseins auparavant. (Acte 1, scène 2, LUCIDOR)
  26. Je viens d'apprendre, Monsieur, par le petit garçon de notre vigneron, qu'il vous était arrivé une visite de Paris. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  27. Ma réponse n'a rien de trop flatteur, mais je ne saurais en faire une autre. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  28. Ce n'est pas que vous ne valiez votre prix, Monsieur Blaise, mais je crains que Madame Argante ne vous trouve pas assez de bien pour sa fille. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  29. Vous me faites rire avec votre air joyeux. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  30. Stapendant, je me baillerai bian du tourment pour avoir Angélique, et il en pourra venir que je l'aurons, ou bian que je ne l'aurons pas, faut mettre les deux pour deviner juste. (Acte 1, scène 3, MAÎTRE BLAISE)
  31. Soyez persuadée, à votre égard, que je ne m'en retournerai point à Paris sans récompenser le zèle que vous m'avez marqué. (Acte 1, scène 3, LUCIDOR)
  32. Ménagez vos termes avec Lisette, Maître Blaise. (Acte 1, scène 3, LUCIDOR)
  33. Que voulez-vous dire avec votre compliment, Maître Blaise ? (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  34. Que vous êtes original avec votre agréable ! (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  35. Contemplez, voyez, ai-je aujourd'hui le visage autrement fait que je l'avais hier ? (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  36. C'est se moquer que de vous entendre ; on dirait que vous m'en contez ; je sais bien que vous êtes un fermier à votre aise, et que je ne suis pas pour vous, de quoi s'agit-il donc ? (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  37. Je ne vous dis pas que je ne vous aime point ; ni l'un ni l'autre, vous m'en êtes témoin ; j'ons donné ma parole, je marche droit en besogne, voyez-vous, il n'y a pas à rire à ça ; je ne dis rien, mais je pense, et je vais répétant que vous êtes agriable ! (Acte 1, scène 4, MAÎTRE BLAISE)
  38. Ma foi, votre tête est dérangée, Monsieur Blaise, je n'en rabats rien. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  39. Stapendant j'ons mes prétentions itou, mais je ne me cache pas, je dis mon nom, je me montre, en publiant que je suis amoureux de vous, vous le savez bian. (Acte 1, scène 5, MAÎTRE BLAISE)
  40. Bon ça ; velà qui se comprend ; c'est pourtant fâcheux, voyez-vous, ça me chagraine ; mais n'importe, ne vous gênez pas, je reviendrai tantôt pour savoir si vous désirez que j'en parle à Madame Argante, ou s'il faudra que je m'en taise ; ruminez ça à part vous, et faites à votre guise, bonjour. (Acte 1, scène 5, MAÎTRE BLAISE)
  41. Ne serait-ce pas lui, par hasard, que vous vous imaginez être l'homme en question, tout grand seigneur qu'il est par ses richesses ? (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  42. Pardi, tu fais bien les commissions qu'on te donne, il n'y sera peut-être plus. (Acte 1, scène 6, ANGÉLIQUE)
  43. Oui, j'ai à vous entretenir d'une chose assez importante. (Acte 1, scène 7, LUCIDOR)
  44. Vous donner des témoignages de l'extrême amitié que j'ai pour vous, à condition qu'avant tout, vous m'instruirez de l'état de votre coeur. (Acte 1, scène 8, LUCIDOR)
  45. Je ne vous en dirai rien de nouveau ; ôtez notre amitié que vous savez bien, il n'y a rien dans mon coeur, que je sache, je n'y vois qu'elle. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  46. Vous oublierez donc toujours, à moins que je ne me taise ; je ne connais point d'autre secret. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  47. Êtes-vous aussi indifférente pour maître Blaise, ce jeune fermier qui veut vous demander en mariage, à ce qu'il m'a dit ? (Acte 1, scène 8, LUCIDOR)
  48. Il me demandera en ce qu'il lui plaira, mais, en un mot, tous ces gens-là me déplaisent depuis le premier jusqu'au dernier, principalement lui, qui me reprochait, l'autre jour, que nous nous parlions trop souvent tous deux, comme s'il n'était pas bien naturel de se plaire plus en votre compagnie qu'en la sienne ; que cela est sot ! (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  49. Il est vrai, je vois avec joie que votre amitié répond à la mienne. (Acte 1, scène 8, LUCIDOR)
  50. Oui, mais malheureusement vous n'êtes pas de notre village, et vous retournerez peut-être bientôt à votre Paris, que je n'aime guère. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  51. Si j'étais à votre place, il me viendrait plutôt chercher que je n'irais le voir. (Acte 1, scène 8, ANG?LIQUE)
  52. Ce n'est pas assez, je n'ose encore être bien aise en toute confiance. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  53. Je n'en veux point d'autre. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  54. Adieu, ma chère Angélique ; il me tarde d'entretenir votre mère et d'avoir son consentement. (Acte 1, scène 8, LUCIDOR)
  55. Et moi je les prends, parce qu'ils y retourneront avec vous, et que nous y serons ensemble ; mais il ne fallait point de bijoux, c'est votre amitié qui est le véritable. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  56. Adieu, belle Angélique ; votre mari ne tardera pas à paraître. (Acte 1, scène 8, LUCIDOR)
  57. Tu as dû le rencontrer ; il va trouver ma mère. (Acte 1, scène 9, ANGÉLIQUE)
  58. Je reviens, belle Angélique ; en allant chez votre mère, j'ai trouvé Monsieur qui arrivait, et j'ai cru qu'il n'y avait rien de plus pressé que de vous l'amener ; c'est lui, c'est ce mari pour qui vous êtes si favorablement prévenue, et qui, par le rapport de nos caractères, est en effet un autre moi-même ; il m'a apporté aussi le portrait d'une jeune et jolie personne qu'on veut me faire épouser à Paris. (Acte 1, scène 10, LUCIDOR)
  59. Si la charmante Angélique daignait seulement jeter un regard sur moi, je crois que je ne lui ferais point de peur, et peut-être y reviendrait-elle : on s'accoutume aisément à me voir, j'en ai l'expérience, essayez-en. (Acte 1, scène 11, FRONTIN)
  60. Je ne saurais ; ce sera pour une autre fois. (Acte 1, scène 11, ANGÉLIQUE)
  61. Allez-vous me dire aussi que ce sera pour une autre fois ? (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  62. Je crois que le plus court est d'en rire moi-même ; allez, ma fille, un homme moins raisonnable et de moindre étoffe se fâcherait ; mais je suis trop au-dessus de votre méprise, et vous me divertiriez beaucoup, n'était le désagrément qu'il y a d'avoir une physionomie commune avec ce coquin-là. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  63. La nature pouvait se passer de lui donner le double de la mienne, et c'est un affront qu'elle m'a fait, mais ce n'est pas votre faute ; parlons de votre maîtresse. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  64. Non, Monsieur, c'est à votre copie, et je voulais dire qu'il aurait grand tort de me tromper ; car je voudrais de tout mon coeur que ce fût lui ; je crois qu'il m'aimait, et je le regrette. (Acte 1, scène 12, LISETTE)
  65. Quand ce serait lui, au reste, Maître Blaise est bien un autre parti, s'il m'aime. (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  66. Voilà Madame Argante et Monsieur Lucidor ; il est apparemment question du mariage d'Angélique avec l'amant qui lui est venu ; la mère voudra qu'elle l'épouse ; et si elle obéit, comme elle y sera peut-être obligée, il ne sera plus nécessaire que vous la demandiez ; ainsi, retirez-vous, je vous prie. (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  67. Votre énigme est d'une impertinence qui m'indigne. (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  68. Madame, le mariage en impromptu étonne l'innocence, mais ne l'afflige pas, et votre fille est allée se trouver mal dans sa chambre. (Acte 1, scène 14, FRONTIN)
  69. Votre fille me convient fort ; et je rends grâces à mon ami de l'avoir retenue ; mais il fallait, en m'appelant, me tenir sa main si prête et si disposée que je n'eusse qu'à tendre la mienne pour la recevoir ; point d'autre cérémonie. (Acte 1, scène 14, FRONTIN)
  70. Approchez, Mademoiselle, approchez, n'êtes-vous pas bien sensible à l'honneur que vous fait Monsieur, de venir vous épouser, malgré votre peu de fortune et la médiocrité de votre état ? (Acte 1, scène 15, MADAME-ARGANTE)
  71. Vous ne m'avez pas encore regardé, fille aimable, vous n'avez point encore vu ma personne, vous la rebutez sans la connaître ; voyez-la pour la juger. (Acte 1, scène 15, FRONTIN)
  72. Oui, Monsieur, votre zèle est admirable, c'est la plus belle chose du monde, et j'ai tort, je suis une étourdie, mais laissez-moi dire. (Acte 1, scène 16, ANGÉLIQUE)
  73. A cette heure que ma mère n'y est plus, et que je suis un peu plus hardie, il est juste que je parle à mon tour, et je commence par vous, Lisette ; c'est que je vous prie de vous taire, entendez-vous ; il n'y a rien ici qui vous regarde ; quand il vous viendra un mari, vous en ferez ce qu'il vous plaira, sans que je vous en demande compte, et je ne vous dirai point sottement, ni que vous êtes née coiffée, ni que vous êtes trop heureuse, ni que vous attendez un prince, ni d'autres propos aussi ridicules que vous m'avez tenus, sans savoir ni quoi, ni qu'est-ce. (Acte 1, scène 16, ANG?LIQUE)
  74. La vôtre est toute prête, Monsieur. (Acte 1, scène 16, ANGÉLIQUE)
  75. C'est bien fait, je vous dirai donc, Monsieur, que je serais mortifiée s'il fallait vous aimer, le coeur me le dit ; on sent cela ; non que vous ne soyez fort aimable, pourvu que ce ne soit pas moi qui vous aime ; je ne finirai point de vous louer quand ce sera pour une autre ; je vous prie de prendre en bonne part ce que je vous dis là, j'y vais de tout mon coeur ; ce n'est pas moi qui ai été vous chercher, une fois ; je ne songeais pas à vous, et si je l'avais pu, il ne m'en aurait pas plus coûté de vous crier : Ne venez pas ! (Acte 1, scène 16, ANGÉLIQUE)
  76. Votre ami n'a guère de coeur, il me demande à quelle heure il partira, et il reste. (Acte 1, scène 16, ANGÉLIQUE)
  77. Il est vrai que je laisse là tous vos mariages ; mais aussi il ne faut pas croire, à cause de vos rares bontés, qu'on soit obligé, vite et vite, de se donner au premier venu que vous attirerez de je ne sais où, et qui arrivera tout botté pour m'épouser sur votre parole ; il ne faut pas croire cela, je suis fort reconnaissante, mais je ne suis pas idiote. (Acte 1, scène 17, ANGÉLIQUE)
  78. Le mari et les bijoux étaient pour aller ensemble, et en rendant l'un, je rends l'autre. (Acte 1, scène 17, ANGÉLIQUE)
  79. Je lui en trouverai d'autres ; reprenez ceux-ci. (Acte 1, scène 17, LUCIDOR)
  80. Êtes-vous sourd, Maître Blaise ? (Acte 1, scène 18, LISETTE)
  81. Un homme qui ne songe point à moi, qui veut me marier à tout le monde, et je l'aimerais, moi, qui ne pourrais pas le souffrir s'il m'aimait, moi qui ai de l'inclination pour un autre ? (Acte 1, scène 18, ANGÉLIQUE)
  82. Mais en vérité, Angélique, vous n'êtes pas raisonnable ; ne voyez-vous pas que ce sont nos petites conversations qui ont donné lieu à cette folie qu'on a rêvée, et qu'elle ne mérite pas votre attention ? (Acte 1, scène 18, LUCIDOR)
  83. Je suis honteux de la douleur où je vous vois, avez-vous besoin de vous défendre, dès que vous en aimez un autre, tout n'est-il pas dit ? (Acte 1, scène 18, LUCIDOR)
  84. Un autre galant ? (Acte 1, scène 18, MAÎTRE BLAISE)
  85. bian en peine de le montrer. (Acte 1, scène 18, MA?TRE BLAISE)
  86. Par votre foi, est-ce ma personne qui vous a pris le coeur ? (Acte 1, scène 18, MAÎTRE BLAISE)
  87. Et pis, vous m'avez rebuté d'abord, j'ai compté là-dessus, moi, je me sis arrangé autrement. (Acte 1, scène 18, MAÎTRE BLAISE)
  88. On n'a pas un coeur qui va et qui vient comme une girouette : faut être fille pour ça ; on se fie à des refus. (Acte 1, scène 18, MAÎTRE BLAISE)
  89. Ce n'est pas là ce qui embarrassera, et j'aplanirai tout ; puisque vous avez le bonheur d'être aimé, Maître Blaise, je donne vingt mille francs en faveur de ce mariage, je vais en porter la parole à Madame Argante, et je reviens dans le moment vous en rendre la réponse. (Acte 1, scène 18, LUCIDOR)
  90. Adieu, Angélique, j'aurai enfin la satisfaction de vous avoir mariée selon votre coeur, quelque chose qu'il m'en coûte. (Acte 1, scène 18, LUCIDOR)
  91. Ce Monsieur Lucidor est un grand marieur de filles ; à quoi vous déterminez-vous, Maître Blaise ? (Acte 1, scène 19, LISETTE)
  92. En veci bian d'un autre ! (Acte 1, scène 19, MAÎTRE BLAISE)
  93. Il y aurait trop de lâcheté à vous de prendre de l'argent d'un homme qui a voulu me marier à un autre, qui m'a offensée en particulier en croyant que je l'aimais, et qu'on dit que j'aime moi-même. (Acte 1, scène 19, ANGÉLIQUE)
  94. Est-ce votre dernier mot ? (Acte 1, scène 19, MAÎTRE BLAISE)
  95. Votre mère consent à tout, belle Angélique j'en ai sa parole, et votre mariage avec Maître Blaise est conclu, moyennant les vingt mille francs que je donne. (Acte 1, scène 20, LUCIDOR)
  96. Point du tout ; il y a un autre vartigo qui la tiant ; elle a de l'aversion pour le magot de vingt mille francs, à cause de vous qui les délivrez : alle ne veut point de moi si je les prends, et je veux du magot avec alle. (Acte 1, scène 20, MAÎTRE BLAISE)
  97. Laissez-nous, vous autres. (Acte 1, scène 20, LUCIDOR)
  98. À l'égard de votre mère, ne vous en inquiétez pas, je la calmerai ; mais me laisserez-vous la douleur de n'avoir pu vous rendre heureuse ? (Acte 1, scène 21, LUCIDOR)
  99. Quand il n'y aurait que ce portrait de Paris qui est dans votre poche. (Acte 1, scène 21, ANGÉLIQUE)
  100. Et si je restais, si je vous demandais votre main, si nous ne nous quittions de la vie ? (Acte 1, scène 21, LUCIDOR)
  101. Ai-je jamais fait autre chose ? (Acte 1, scène 21, ANGÉLIQUE)
  102. Qui est votre ami, demeure aussi le nôtre. (Acte 1, scène 22, MADAME-ARGANTE)
  103. Ma reine, puisque vous aimiez tant Frontin, et que je lui ressemble, j'ai envie de l'être. (Acte 1, scène 22, FRONTIN)
  104. A la mettre à l'épreuve. v.6 (Acte 1, scène 23, MADAME-ARGANTE)
  105. Que le froid gèle notre vin, v.22 (Acte 1, scène 23, MAÎTRE BLAISE)

LES SINCÈRES (1747)

  1. Monsieur Frontin, puisque je vous trouve, vous m'épargnez la peine de parler à votre maître de la part de ma maîtresse. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  2. Dites-lui qu'actuellement elle achève une lettre qu'elle voudrait bien qu'il envoyât à Paris porter avec les siennes, entendez-vous ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  3. Il n'y a rien qui presse ; Monsieur a plusieurs lettres à écrire, à peine commence-t-il la première ; ainsi soyez tranquille. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  4. De votre figure ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  5. Je voudrais pourtant de votre part quelque chose de plus sûr que l'indifférence ; il serait à souhaiter que vous aimassiez ailleurs. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  6. Monsieur le fat, j'ai votre affaire. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  7. Grâce au ciel, nous voici en état de nous entendre pour rompre l'union de nos maîtres. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  8. Pourrais-tu me dire au juste le caractère de ta maîtresse ? (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  9. Il y a bien des choses dans ce portrait-là : en gros, je te dirai qu'elle est vaine, envieuse et caustique ; elle est sans quartier sur vos défauts, vous garde le secret sur vos bonnes qualités ; impitoyablement muette à cet égard, et muette de mauvaise humeur ; fière de son caractère sec et formidable qu'elle appelle austérité de raison ; elle épargne volontiers ceux qui tremblent sous elle, et se contente de les entretenir dans la crainte. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  10. Quant à moi, j'ai là-dessus une petite manière qui l'enchante ; c'est que je la loue brusquement, du ton dont on querelle ; je boude en la louant, comme si je la grondais d'être louable ; et voilà surtout l'espèce d'éloges qu'elle aime, parce qu'ils n'ont pas l'air flatteur, et que sa vanité hypocrite peut les savourer sans indécence. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  11. Aussi me brusquait-elle ; je la trouvais aigre, acariâtre : Que vous êtes gauche ! (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  12. Je le devinai : c'est que c'était une coquette qui voulait l'être sans que je le susse, et qui prétendait que je le fusse pour elle ; son intention, ne vous déplaise, était que je fisse violence à la profonde indifférence qu'elle affectait là-dessus. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  13. Il fallait que je servisse sa coquetterie sans la connaître ; que je prisse cette coquetterie sur mon compte, et que Madame eût tout le bénéfice des friponneries de mon art, sans qu'il y eût de sa faute. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  14. Et ton maître ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  15. Si, pour paraître franc, il fallait mentir, il mentirait : c'est un homme qui vous demanderait volontiers, non pas : M'estimez-vous ? (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  16. Son but n'est pas de persuader qu'il vaut mieux que les autres, mais qu'il est autrement fait qu'eux ; qu'il ne ressemble qu'à lui. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  17. Ordinairement, vous fâchez les autres en leur disant leurs défauts ; vous le chatouillez, lui, vous le comblez d'aise en lui disant les siens ; parce que vous lui procurez le rare honneur d'en convenir ; aussi personne ne dit-il tant de mal de lui que lui-même ; il en dit plus qu'il n'en sait. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  18. Je l'ai entendu s'accuser d'être avare, lui qui est libéral ; sur quoi on lève les épaules, et il triomphe. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  19. L'autre jour, un homme contre qui il avait un procès presque sûr vint lui dire : Tenez, ne plaidons plus, jugez vous-même, je vous prends pour arbitre, je m'y engage. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  20. Là-dessus voilà mon homme qui s'allume de la vanité d'être extraordinaire ; le voilà qui pèse, qui prononce gravement contre lui, et qui perd son procès pour gagner la réputation de s'être condamné lui-même : il fut huit jours enivré du bruit que cela fit dans le monde. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  21. Ah çà, profitons de leur marotte pour les brouiller ensemble ; inventons, s'il le faut ; mentons : peut-être même nous en épargneront-ils la peine. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  22. Voici ton maître. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  23. À propos, puisque voilà Ergaste, parle-lui de la lettre de Madame la Marquise. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  24. Madame la Marquise vous prie de n'envoyer votre commissionnaire à Paris qu'après qu'elle lui aura donné une lettre. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  25. Je vous dis qu'elle vous prie de n'envoyer votre messager qu'après qu'il aura reçu une lettre d'elle. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  26. Ergaste, entre nous, je serais assez fondée à vous appeler infidèle. (Acte 1, scène 3, ARAMINTE)
  27. Je ne dis pas cela ; votre figure ne le cède pas à la sienne. (Acte 1, scène 3, ERGASTE)
  28. Oui ; car votre douceur naturelle et votre politesse m'auraient trompé, elles ressemblent à de l'inclination. (Acte 1, scène 3, ERGASTE)
  29. j'ai le coeur affadi des douceurs de Dorante que je quitte ; je me mourais déjà des sots discours de cinq ou six personnes d'avec qui je sortais, et qui me sont venues voir ; vous êtes bien heureux de ne vous y être pas trouvé. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  30. et tout cela, faute de sincérité de part et d'autre. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  31. Si les hommes voulaient se parler franchement, si l'on n'était point applaudi quand on s'en fait accroire, insensiblement l'amour-propre se rebuterait d'être impertinent, et chacun n'oserait plus s'évaluer que ce qu'il vaut. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  32. Quand je dis vous, Marquise, c'est sans faire réflexion que vous êtes là ; je vous le dis comme je le dirais à un autre. (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  33. Oui, vous m'avez surpris ; je ne m'attendais pas à un caractère comme le vôtre. (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  34. Voir qu'il ne vous échappe jamais un mot à votre avantage ! (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  35. Vous qui parlez, faites-vous autre chose que de vous critiquer sans cesse ? (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  36. L'un était un jeune homme de vingt-huit à trente ans, un fat toujours agité du plaisir de se sentir fait comme il est ; il ne saurait s'accoutumer à lui ; aussi sa petite âme n'a-t-elle qu'une fonction, c'est de promener son corps comme la merveille de nos jours ; c'est d'aller toujours disant : Voyez mon enveloppe, voilà l'attrait de tous les coeurs, voilà la terreur des maris et des amants, voilà l'écueil de toutes les sagesses. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  37. Imaginez-vous qu'il n'a précisément qu'un objet dans la pensée, c'est de se montrer ; quand il rit, quand il s'étonne, quand il vous approuve, c'est qu'il se montre. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  38. Ce n'est rien de tout cela qu'il veut faire, c'est qu'il se montre ; c'est qu'il vous dit : Regardez-moi. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  39. À leurs maîtresses : Où en serait votre fidélité, si je voulais ? (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  40. À la jeune fille : Avouez que votre coeur est ému ! (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  41. Il a parlé d'un mariage qui a pensé se conclure pour lui ; mais que trois ou quatre femmes jalouses, désespérées et méchantes, ont trouvé sourdement le secret de faire manquer : cependant il ne sait pas encore ce qui arrivera ; il n'y a que les parents de la fille qui se soient dédits, mais elle n'est pas de leur avis. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  42. À côté de lui était une nouvelle mariée, d'environ trente ans, de ces visages d'un blanc fade, et qui font une physionomie longue et sotte ; et cette nouvelle épousée, telle que je vous la dépeins, avec ce visage qui, à dix ans, était antique, prenait des airs enfantins dans la conversation ; vous eussiez dit d'une petite fille qui vient de sortir de dessous l'aile de père et de mère ; figurez-vous qu'elle est toute étonnée de la nouveauté de son état ; elle n'a point de contenance assurée ; ses innocents appas sont encore tout confus de son aventure ; elle n'est pas encore bien sûre qu'il soit honnête d'avoir un mari ; elle baisse les yeux quand on la regarde ; elle ne croit pas qu'il lui soit permis de parler si on ne l'interroge ; elle me faisait toujours une inclination de tête en me répondant, comme si elle m'avait remerciée de la bonté que j'avais de faire comparaison avec une personne de son âge ; elle me traitait comme une mère, moi, qui suis plus jeune qu'elle, ah, ah, ah ! (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  43. Il est vrai que, si elle a trente ans, elle est à peu près votre aînée de deux. (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  44. Vis-à-vis de la petite fille de trente ans, était une assez grosse et grande femme de cinquante à cinquante-cinq ans, qui nous étalait glorieusement son embonpoint, et qui prend l'épaisseur de ses charmes pour de la beauté ; elle est veuve, fort riche, et il y avait auprès d'elle un jeune homme, un cadet qui n'a rien, et qui s'épuise en platitudes pour lui faire sa cour. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  45. Je vous en défie, je vous reconnus du premier coup d'oeil à votre air de tête. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  46. Oui, Madame, à je ne sais quoi de noble et d'aisé qui ne pouvait appartenir qu'à vous ; et puis vous ôtâtes un gant ; et comme, grâce au ciel, nous avons une main qui ne ressemble guère à d'autres, en la voyant je vous nommai. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  47. Je vous en parle savamment ; car la grosse dame au grand air de tête prit longtemps du tabac pour exposer cette main unique, qui a de l'étoffe pour quatre, et qui finit par des doigts d'une grosseur, d'une brièveté, à la différence de ceux de la petite fille de trente ans qui sont comme des filets. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  48. Notre cercle finissait par un petit homme qu'on trouvait si plaisant, si sémillant, qui ne dit rien et qui parle toujours ; c'est-à-dire qu'il a l'action vive, l'esprit froid et la parole éternelle : il était auprès d'un homme grave qui décide par monosyllabes, et dont la compagnie paraissait faire grand cas ; mais à vous dire vrai, je soupçonne que tout son esprit est dans sa perruque : elle est ample et respectable, et je le crois fort borné quand il ne l'a pas ; les grandes perruques m'ont si souvent trompée que je n'y crois plus. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  49. Prenez garde, car je vous crois à la lettre ; vous répondez de ma raison là-dessus, je vous l'abandonne. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  50. À propos, vous envoyez à Paris ; dites à votre homme qu'il vienne chercher une lettre que je vais achever. (Acte 1, scène 4, MARQUISE)
  51. Suivez Madame, elle va vous donner une lettre, que vous remettrez à celui que je fais partir pour Paris. (Acte 1, scène 5, ERGASTE)
  52. Il est lui-même chez Madame qui attend la lettre. (Acte 1, scène 5, FRONTIN)
  53. Je n'en sais encore rien ; je ne saurais t'expliquer mon projet ; j'aurais de la peine à me l'expliquer à moi-même : ce n'est pas un projet, c'est une confusion d'idées fort spirituelles qui n'ont peut-être pas le sens commun, mais qui me flattent. (Acte 1, scène 6, FRONTIN)
  54. Non, Madame, mais nous parlions d'eux, à votre profit. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  55. La Marquise est à la veille d'épouser Ergaste ; il y a du moins lieu de le croire, à l'empressement qu'ils ont l'un pour l'autre. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  56. Point du tout, nous venons tout à l'heure de rompre ce mariage, Lisette et moi, dans notre petit conseil... (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  57. Sur ce pied-là, vous ne vous aimez donc pas, vous autres ? (Acte 1, scène 7, ARAMINTE)
  58. Nous avions déjà conclu d'affaire avec d'autres, et Madame loge chez elle la petite personne que j'aime. (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  59. Laissons là ce détail ; vous aimez toujours ma maîtresse ; dans le fond elle ne vous haïssait pas, et c'est vous qui l'épouserez, je vous la donne. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  60. Et c'est Madame à qui je prends la liberté de transporter mon maître. (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  61. Vous parlez fort mal, Lisette ; ce que j'ai répondu à Frontin ne signifie rien contre Ergaste, que je regarde comme un des hommes les plus dignes de l'attachement d'une femme raisonnable. (Acte 1, scène 7, ARAMINTE)
  62. Pour le moins aussi rare que ta maîtresse (soit dit sans préjudice de la reconnaissance que j'ai pour la bonne chère que j'ai fait chez elle). (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  63. Monsieur, je défends mon maître. (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  64. Allez, Lisette ; vous êtes une impertinente avec vos airs méprisants contre un homme dont je prends le parti, et votre maîtresse elle-même me fera raison du peu de respect que vous avez pour moi. (Acte 1, scène 7, ARAMINTE)
  65. Ta maîtresse en est-elle un plus que nous ? (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  66. Monsieur, je suis indigné : qu'est-ce donc que sa maîtresse a qui la relève tant au-dessus de mon maître ? (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  67. Madame n'a que faire là-dedans, maraud ; mais je te donnerais cent coups de bâton, sans la considération que j'ai pour ton maître. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  68. Monsieur, si la sincérité loge quelque part, c'est dans votre coeur. (Acte 1, scène 8, FRONTIN)
  69. J'ai prononcé de même sur ces deux articles, et Monsieur s'emporte ; il dit que sans vous la dispute finirait sur mes épaules ; je vous laisse mon bon droit à soutenir, et je me retire avec votre suffrage. (Acte 1, scène 8, FRONTIN)
  70. Eh mais je suis persuadé que la Marquise elle-même ne se pique pas de beauté, elle n'en a que faire pour être aimée. (Acte 1, scène 9, ERGASTE)
  71. L'opiniâtreté de cet impudent m'a choqué, et j'espère que tu voudras bien t'en défaire ; et s'il le faut, je t'en ferai prier par la Marquise, sans lui dire ce dont il s'agit. (Acte 1, scène 9, DORANTE)
  72. Au reste, j'étais venu savoir si vous n'avez rien à mander à Paris, où j'envoie un de mes gens qui va partir ; peut-il vous être utile ? (Acte 1, scène 9, ERGASTE)
  73. Madame va me remettre un billet pour être porté à Paris ; et je reviens ici dans le moment, Madame. (Acte 1, scène 10, ERGASTE)
  74. Dans la triste situation où me met votre indifférence pour moi, je n'ai rien à dire, et je ne sais que soupirer. (Acte 1, scène 11, DORANTE)
  75. Madame, n'abusez point du pouvoir de votre beauté : ne vous suffit-il pas de me préférer un rival ? (Acte 1, scène 11, DORANTE)
  76. L'expression est grande et magnifique assurément : mais je lui trouve un défaut ; c'est qu'elle me glace, et vous ne la prononcez jamais que je ne sois tentée d'être aussi muette qu'une idole. (Acte 1, scène 11, MARQUISE)
  77. J'ai vu ce mot-là dans Cyrus ou dans Cléopâtre. (Acte 1, scène 11, MARQUISE)
  78. Dorante, vous n'êtes pas indigne qu'on vous aime ; vous avez de tout, de l'honneur, de la naissance, de la fortune, et même des agréments ; je dirai même que vous m'auriez peut-être plu ; mais je n'ai jamais pu me fier à votre amour ; je n'y ai point de foi, vous l'exagérez trop ; il révolte la simplicité de caractère que vous me connaissez. (Acte 1, scène 11, MARQUISE)
  79. Un homme qui aime une femme raisonnable ne dit point : Je soupire ; ce mot n'est pas assez sérieux pour lui, pas assez vrai ; il dit : Je vous aime ; je voudrais bien que vous m'aimassiez ; je suis bien mortifié que vous ne m'aimiez pas : voilà tout, et il n'y a que cela dans votre coeur non plus. (Acte 1, scène 11, MARQUISE)
  80. Vous n'y verrez, ni que vous m'adorez, car c'est parler en poète ; ni que vous êtes désespéré, car il faudrait vous enfermer ; ni que je suis cruelle, car je vis doucement avec tout le monde ; ni peut-être que je suis belle, quoique à tout prendre il se pourrait que je la fusse ; et je demanderai à Ergaste ce qui en est ; je compterai sur ce qu'il me dira ; il est sincère : c'est par là que je l'estime ; et vous me rebutez par le contraire. (Acte 1, scène 11, MARQUISE)
  81. Vous me poussez à bout ; mon coeur en est plus croyable qu'un misanthrope qui voudra peut-être passer pour sincère à vos dépens, et aux dépens de la sincérité même. (Acte 1, scène 11, DORANTE)
  82. J'appelle aussi mon amour une passion, parce que c'en est une ; je dis que votre raillerie me désespère, et je ne dis rien de trop ; je ne saurais rendre autrement la douleur que j'en ai ; et s'il ne faut pas m'enfermer, c'est que je ne suis qu'affligé, et non pas insensé. (Acte 1, scène 11, DORANTE)
  83. Il est encore vrai que je soupire, et que je meurs d'être méprisé : oui, je m'en meurs, oui, vos railleries sont cruelles, elles me pénètrent le coeur, et je le dirai toujours. (Acte 1, scène 11, DORANTE)
  84. À ma première lettre, si vous voulez, je manderai tout net que je vous épouserai bientôt. (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  85. Sans difficulté ; mais, dites-moi, Ergaste, vous êtes homme vrai : qu'est-ce que c'est que votre amour ? (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  86. Car je veux être véritablement aimée. (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  87. Très possible, je vous en réponds ; rien n'empêche que vous n'aimiez encore davantage : je n'ai qu'à être plus aimable et cela ira plus loin ; passons. (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  88. Votre incertitude décide ; comptez aussi que vous l'aimiez plus que moi. (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  89. Votre coeur n'a guère de mémoire. (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  90. Je n'en doute pas ; je sais votre indifférence là-dessus, d'autant plus que si cette égalité n'y est point, ce serait de si peu de chose ! (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  91. Ne vous travaillez plus à nous évaluer ; mettez-vous l'esprit en repos ; je lui cède, j'en ferai un astre, si vous voulez. (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  92. votre badinage me charme ; il en sera donc ce qu'il vous plaira ; l'essentiel est que je vous aime autant que je l'aimais. (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  93. Oui, je me suis senti quelque envie de l'aimer ; mais la difficulté de pénétrer ses dispositions m'a rebuté. (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  94. Franchement, c'est que vous êtes un mauvais connaisseur, et qu'à dire vrai, nous ne sommes belles ni l'une ni l'autre. (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  95. Visions, vous dis-je ; pas plus belles l'une que l'autre. (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  96. Oui, Monsieur, du baroque ; mais on s'y accoutume, et voilà tout ; et quand je vous accorde que nous n'avons pas plus de beauté l'une que l'autre, c'est que je ne me soucie guère de me faire tort ; mais croyez que tout le monde la trouvera encore plus éloignée d'être belle que moi, tout effroyable que vous me faites. (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  97. J'ai dit que votre partage était de plaire plus qu'elle. (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  98. Je puis m'être trompé, cela m'arrive souvent ; je réponds de la sincérité de mes sentiments, mais je n'en garantis pas la justesse. (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  99. À la bonne heure ; mais quand on a le goût faux, c'est une triste qualité que d'être sincère. (Acte 1, scène 12, MARQUISE)
  100. Quant à vos esprits, le vôtre me paraît bien vif, bien sensible, bien délicat. (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  101. Vous savez que tantôt Frontin a osé dire à Dorante même qu'Araminte était beaucoup plus belle que ma maîtresse ? (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  102. Ce que je veux apprendre à Monsieur, c'est que Frontin dit qu'il est arrivé dans le temps que Dorante se fâchait, s'emportait contre lui en faveur de Madame. (Acte 1, scène 13, LISETTE)
  103. Voilà où l'oracle s'est trop avancé ; je ne justifierai point votre estime : j'en suis fâchée ; mais je connais Araminte, et je n'irai point confirmer aussi une décision qui lui tournerait la tête ; car elle est si sotte : je gage qu'elle vous aura cru, et il n'y aurait plus moyen de vivre avec elle. (Acte 1, scène 13, MARQUISE)
  104. Monsieur, vous m'avez rendu compte de votre coeur ; il est juste que je vous rende compte du mien. (Acte 1, scène 14, MARQUISE)
  105. Depuis sa mort, je me suis senti, il y a deux ans, quelque sorte de penchant pour un étranger qui demeura peu de temps à Paris, que je refusai de voir, et que je perdis de vue ; homme à peu près de votre taille, ni mieux ni plus mal fait ; de ces figures passables, peut-être un peu plus remplie, un peu moins fluette, un peu moins décharnée que la vôtre. (Acte 1, scène 14, MARQUISE)
  106. J'ai tort aussi, très tort : mais ce qui me surprend, c'est qu'une figure aussi chétive que la mienne, qu'un homme aussi désagréable, aussi revêche, aussi sottement infatué de lui-même, ait pu gagner votre coeur. (Acte 1, scène 14, ERGASTE)
  107. Il entre tant de caprices dans les inclinations ! (Acte 1, scène 14, MARQUISE)
  108. Il vous en a fallu un des plus déterminés pour pouvoir m'aimer avec de si terribles défauts, qui sont peut-être vrais, dont je vous suis obligé de m'avertir, mais que je ne savais guère. (Acte 1, scène 14, ERGASTE)
  109. Dès que vous pardonnez à mes désagréments, il est juste que je pardonne à la petitesse de votre mérite. (Acte 1, scène 14, MARQUISE)
  110. Je vous en remercie, et je vous quitte ; je suis votre serviteur. (Acte 1, scène 14, ERGASTE)
  111. À propos, quand vous écrirez à votre frère, n'allez pas si vite sur les nouvelles de notre mariage. (Acte 1, scène 14, MARQUISE)
  112. Après tout, peut-être pas si étrange, Lisette ; je ne sais plus qu'en penser moi-même ; il a peut-être raison ; je me méfie de tout ce qu'on m'a dit jusqu'ici de flatteur pour moi ; et surtout de ce que m'a dit ton Dorante, que tu aimes tant, et qui doit être le plus grand fourbe, le plus grand menteur avec ses adulations. (Acte 1, scène 15, MARQUISE)
  113. Je sais bien qu'il y a des minois d'un mérite incertain, qui semblent jolis aux uns, et qui ne le semblent pas aux autres ; et si vous aviez un de ceux-là, qui ne laissent pas de distinguer beaucoup une femme, j'excuserais votre méfiance. (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  114. Mais le vôtre est charmant ; petits et grands, jeunes et vieux, tout en convient, jusqu'aux femmes ; il n'y a qu'un cri là-dessus. (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  115. Ceux qui viennent ici, ceux qui vous rencontrent, comment vous trouvent-ils ? (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  116. À la ville, aux champs, c'est le même écho, partout charmante ; que diantre ! (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  117. Oui, en descendant : mais il faudra que votre misanthrope les redresse, car ils étaient aussi sots que moi. (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  118. Quelqu'un de mes gens pouvait être là ; ce n'est pas par vanité, au reste, que je suis en peine de savoir ce qui en est ; car est-ce par là qu'on vaut quelque chose ? (Acte 1, scène 15, MARQUISE)
  119. Non, c'est qu'il est bon de se connaître. (Acte 1, scène 15, MARQUISE)
  120. Venez-vous encore m'entretenir de mes appas ? (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  121. J'ai interrogé un homme vrai pour achever de vous connaître, j'ai vu Ergaste ; allez savoir ce qu'il pense de moi ; il vous dira si je dois être contente du sot amour-propre que vous m'avez supposé par toutes vos exagérations. (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  122. Il n'est pas question de plaisanter, peu m'importe ce que je suis à cet égard ; ce n'est pas l'intérêt que j'y prends qui me fait parler, pourvu que mes amis me croient le coeur bon et l'esprit bien fait, je les quitte du reste : mais qu'un homme que je voulais estimer, dont je voulais être sûre, m'ait regardée comme une femme dont il croyait que ses flatteries démonteraient la petite cervelle, voilà ce que je lui reproche. (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  123. C'est pour votre honneur que j'insiste ; les sentiments varient-ils jusque-là ? (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  124. Je ne lui donne pas six mois sans avoir besoin d'être enfermé. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  125. Parlez, Madame, car je suis piqué ; c'est votre sincérité que j'interroge : vous êtes-vous jamais présentée nulle_part, au spectacle, en compagnie, que vous n'ayez fixé les yeux de tout le monde, qu'on ne vous y ait distinguée ? (Acte 1, scène 16, DORANTE)
  126. Il est vrai que je me sens obligée de dire, pour votre justification, qu'on a toujours mis quelque différence entre elle et moi ; je ne serai pas de bonne foi si je le niais ; ce n'est pas qu'elle ne soit aimable. (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  127. Ce n'est pas pour moi, c'est pour vous ; je ne demande pas mieux que d'avoir tort pour être satisfaite de votre caractère. (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  128. Ce n'est pas que vous n'ayez vos défauts ; vous en avez, car je suis sincère aussi, moi, sans me vanter de l'être. (Acte 1, scène 16, DORANTE)
  129. Est-il permis, par exemple, avec une figure aussi distinguée que la vôtre, et faite au tour, est-il permis de vous négliger quelquefois autant que vous le faites ? (Acte 1, scène 16, DORANTE)
  130. Tant pis ; ce matin encore vous marchiez toute courbée, pliée en deux comme une femme de quatre-vingts ans, et cela avec la plus belle taille du monde. (Acte 1, scène 16, DORANTE)
  131. Tu vois, Lisette ; en bon français, il me dit que je ressemble à une vieille, que je suis contrefaite, que j'ai mauvaise façon ; et je ne m'en fâche pas, je l'en remercie : d'où vient ? (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  132. Vous ferez fort bien ; je ne vous rendais pas justice, Dorante : et encore une fois il faut vous connaître ; je doutais même que vous m'aimassiez, et je résistais à mon penchant pour vous. (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  133. Oui, j'y résistais : mais j'ouvre les yeux, et tout à l'heure vous allez être vengé. (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  134. Voulez-vous bien qu'il le remplisse de votre nom et du mien, Dorante ? (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  135. Il y a longtemps que cela devrait être fait. (Acte 1, scène 16, MARQUISE)
  136. De grâce, permettez-moi d'écrire un petit billet qui presse, il n'interrompra point notre entretien. (Acte 1, scène 17, MARQUISE)
  137. Il n'y a plus qu'à vous féliciter de votre bonne fortune. (Acte 1, scène 17, MARQUISE)
  138. C'est donc par modestie que vous vous méfiez de son jugement ; car il vous a traitée plus favorablement que moi : il a décidé que vous plaisiez davantage, et je changerais bien mon partage contre vous. (Acte 1, scène 17, ARAMINTE)
  139. Oui-da ; je sais qu'il vous trouve régulière, mais point touchante ; c'est-à-dire que j'ai des grâces, et vous des traits : mais je n'ai pas plus de foi à mon partage qu'au vôtre ; je dis le vôtre (elle se lève après avoir plié son billet) parce qu'entre nous nous savons que nous ne sommes belles ni l'une ni l'autre. (Acte 1, scène 17, MARQUISE)
  140. Madame, vous faut-il quelqu'un pour donner votre billet ? (Acte 1, scène 17, DORANTE)
  141. Défiant sur le bien qu'on vous veut jusqu'à en être ridicule. (Acte 1, scène 18, ARAMINTE)
  142. Je ne l'ai cru autrement que par pure imbécillité. (Acte 1, scène 18, ERGASTE)
  143. De celle de ma maîtresse. (Acte 1, scène 19, LISETTE)
  144. Vous n'êtes pas au fait de mon caractère ; je ne suis peut-être pas mieux au fait du vôtre ; quittons-nous, Monsieur, actuellement nous n'avons point d'autre parti à prendre. (Acte 1, scène 19, ERGASTE)
  145. Ce n'est pas la peine ; vous l'allez voir paraître, et je ne suis envoyée que pour vous préparer sur votre disgrâce. (Acte 1, scène 19, LISETTE)
  146. En votre faveur ! (Acte 1, scène 20, ARAMINTE)
  147. Ergaste, ce que je vais vous dire vous surprendra peut-être ; c'est que je me marie, n'en serez-vous point fâché ? (Acte 1, scène 21, MARQUISE)
  148. Notre contrat de mariage est passé. (Acte 1, scène 21, MARQUISE)
  149. Notre contrat était presque passé avant le vôtre. (Acte 1, scène 21, ARAMINTE)
  150. Enfin nous voilà délivrés l'un de l'autre ; j'ai envie de t'embrasser de joie. (Acte 1, scène 21, FRONTIN)

LE JEU DE L'AMOUR ET DU HASARD (1730)

  1. C'est que j'ai cru que, dans cette occasion-ci, vos sentiments ressembleraient à ceux de tout le monde ; Monsieur votre père me demande si vous êtes bien aise qu'il vous marie, si vous en avez quelque joie : moi je lui réponds qu'oui ; cela va tout de suite ; et il n'y a peut-être que vous de fille au monde, pour qui ce oui-là ne soit pas vrai ; le non n'est pas naturel. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  2. Taisez-vous, allez répondre vos impertinences ailleurs, et sachez que ce n'est pas à vous à juger de mon coeur par le vôtre... (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  3. Mon coeur est fait comme celui de tout le monde ; de quoi le vôtre s'avise-t-il de n'être fait comme celui de personne ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  4. Si j'étais votre égale, nous verrions. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  5. Ce n'est pas mon dessein ; mais dans le fond voyons, quel mal ai-je fait de dire à Monsieur Orgon que vous étiez bien aise d'être mariée ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  6. Premièrement, c'est que tu n'as pas dit vrai, je ne m'ennuie pas d'être fille. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  7. C'est qu'il n'est pas nécessaire que mon père croie me faire tant de plaisir en me mariant, parce que cela le fait agir avec une confiance qui ne servira peut-être de rien. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  8. Que sais-je, peut-être ne me conviendra-t-il point, et cela m'inquiète. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  9. On dit que votre futur est un des plus honnêtes du monde, qu'il est bien fait, aimable, de bonne mine, qu'on ne peut pas avoir plus d'esprit, qu'on ne saurait être d'un meilleur caractère ; que voulez-vous de plus ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  10. Ma foi, Madame, c'est qu'il est heureux qu'un amant de cette espèce-là veuille se marier dans les formes ; il n'y a presque point de fille, s'il lui faisait la cour, qui ne fût en danger de l'épouser sans cérémonie ; aimable, bien fait, voilà de quoi vivre pour l'amour ; sociable et spirituel, voilà pour l'entretien de la société : Pardi, tout en sera bon, dans cet homme-là, l'utile et l'agréable, tout s'y trouve. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  11. Oui, dans le portrait que tu en fais, et on dit qu'il y ressemble, mais c'est un on dit, et je pourrais bien n'être pas de ce sentiment-là, moi ; il est bel homme, dit-on, et c'est presque tant pis. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  12. Oh, il a tort d'être fat ; mais il a raison d'être beau. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  13. Les hommes ne se contrefont-ils pas, surtout quand ils ont de l'esprit ? (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  14. Il venait l'autre jour de s'emporter contre sa femme ; j'arrive, on m'annonce, je vois un homme qui vient à moi les bras ouverts, d'un air serein, dégagé, vous auriez dit qu'il sortait de la conversation la plus badine ; sa bouche et ses yeux riaient encore. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  15. Je la trouvai toute abattue, le teint plombé, avec des yeux qui venaient de pleurer, je la trouvai comme je serai peut-être, voilà mon portrait à venir ; je vais du moins risquer d'en être une copie. (Acte 1, scène 1, SILVIA)
  16. Ton prétendu arrive aujourd'hui, son père me l'apprend par cette lettre-ci. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR-ORGON)
  17. Monsieur, un visage qui fait trembler, un autre qui fait mourir de froid, une âme gelée qui se tient à l'écart, et puis le portrait d'une femme qui a le visage abattu, un teint plombé, des yeux bouffis et qui viennent de pleurer ; voilà, Monsieur, tout ce que nous considérons avec tant de recueillement. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  18. C'est que j'entretenais Lisette du malheur d'une femme maltraitée par son mari ; je lui citais celle de Tersandre, que je trouvai l'autre jour fort abattue, parce que son mari venait de la quereller, et je faisais là-dessus mes réflexions. (Acte 1, scène 2, SILVIA)
  19. Pour moi, je n'ai jamais vu Dorante, il était absent quand j'étais chez son père ; mais sur tout le bien qu'on m'en a dit, je ne saurais craindre que vous vous remerciiez ni l'un ni l'autre. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR-ORGON)
  20. Eh bien, abuse, va, dans ce monde, il faut être un peu trop bon pour l'être assez. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR-ORGON)
  21. Et moi je vais à ma toilette, venez m'y coiffer, Lisette, pour vous accoutumer à vos fonctions ; un peu d'attention à votre service, s'il vous plaît. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  22. Je commence par vous recommander d'être discret sur ce que je vais vous dire, au moins. (Acte 1, scène 4, MONSIEUR-ORGON)
  23. Écoutez l'article de la lettre du père. (Acte 1, scène 4, MONSIEUR-ORGON)
  24. "Je ne sais au reste ce que vous penserez d'une imagination qui est venue à mon fils ; elle est bizarre, il en convient lui-même, mais le motif est pardonnable et même délicat ; c'est qu'il m'a prié de lui permettre de n'arriver d'abord chez vous que sous la figure de son valet, qui de son côté fera le personnage de son maître." (Acte 1, scène 4, MONSIEUR ORGON)
  25. "Mon fils sait combien l'engagement qu'il va prendre est sérieux, et il espère, dit-il, sous ce déguisement de peu de durée, saisir quelques traits du caractère de notre future et la mieux connaître, pour se régler ensuite sur ce qu'il doit faire, suivant la liberté que nous sommes convenus de leur laisser. (Acte 1, scène 4, MONSIEUR-ORGON)
  26. Pour moi, qui m'en fie bien à ce que vous m'avez dit de votre aimable fille, j'ai consenti à tout en prenant la précaution de vous avertir, quoiqu'il m'ait demandé le secret de votre côté ; vous en userez là-dessus avec la future comme vous le jugerez à propos..." Voilà ce que le père m'écrit. (Acte 1, scène 4, MONSIEUR ORGON)
  27. Ce n'est pas le tout, voici ce qui arrive ; c'est que votre soeur, inquiète de son côté sur le chapitre de Dorante, dont elle ignore le secret, m'a demandé de jouer ici la même comédie, et cela précisément pour observer Dorante, comme Dorante veut l'observer. (Acte 1, scène 4, MONSIEUR ORGON)
  28. Actuellement, la maîtresse et la suivante se travestissent. (Acte 1, scène 4, MONSIEUR ORGON)
  29. Que me conseillez-vous, Mario, avertirai-je votre soeur ou non ? (Acte 1, scène 4, MONSIEUR ORGON)
  30. Ma foi, Monsieur, puisque les choses prennent ce train-là, je ne voudrais pas les déranger, et je respecterais l'idée qui leur est inspirée à l'un et à l'autre ; il faudra bien qu'ils se parlent souvent tous deux sous ce déguisement, voyons si leur coeur ne les avertirait pas de ce qu'ils valent. (Acte 1, scène 4, MARIO)
  31. Peut-être que Dorante prendra du goût pour ma soeur, toute soubrette qu'elle sera, et cela serait charmant pour elle. (Acte 1, scène 4, MARIO)
  32. Ma foi, ma soeur, c'est autant de pris que le valet ; mais tu pourrais bien aussi escamoter Dorante à ta maîtresse. (Acte 1, scène 5, MARIO)
  33. Allons doucement, ma soeur, ce faquin-là sera votre égal. (Acte 1, scène 5, MARIO)
  34. Eh bien, l'honneur de lui plaire ne me sera pas inutile ; les valets sont naturellement indiscrets, l'amour est babillard, et j'en ferai l'historien de son maître. (Acte 1, scène 5, SILVIA)
  35. Qu'il entre : c'est sans doute le valet de Dorante ; son maître peut être resté au bureau pour affaires. (Acte 1, scène 5, MONSIEUR-ORGON)
  36. Mais il me semble que ce nom de Mademoiselle qu'il te donne est bien sérieux ; entre gens comme vous, le style des compliments ne doit pas être si grave, vous seriez toujours sur le qui-vive ; allons, traitez-vous plus commodément, tu as nom Lisette, et toi mon garçon, comment t'appelles-tu ? (Acte 1, scène 6, MARIO)
  37. Va donc pour Lisette, je n'en serai pas moins votre serviteur. (Acte 1, scène 6, DORANTE)
  38. Votre serviteur, ce n'est point encore là votre jargon, c'est ton serviteur qu'il faut dire. (Acte 1, scène 6, MARIO)
  39. Oh, doucement, s'aimer, c'est une autre affaire ; vous ne savez peut-être pas que j'en veux au coeur de Lisette, moi qui vous parle. (Acte 1, scène 6, MARIO)
  40. Tu te fais tort de dire je veux, belle Lisette ; tu n'as pas besoin d'ordonner pour être servie. (Acte 1, scène 6, DORANTE)
  41. Mon fils, vous perdrez votre procès ; retirons-nous, Dorante va venir, allons le dire à ma fille ; et vous, Lisette, montrez à ce garçon l'appartement de son maître. (Acte 1, scène 6, MONSIEUR-ORGON)
  42. Puisque nous sommes dans le style amical et que nous avons abjuré les façons, dis-moi, Lisette, ta maîtresse te vaut-elle ? (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  43. Ma foi, je n'étais pas venu dans ce dessein-là, je te l'avoue ; tout valet que je suis, je n'ai jamais eu de grandes liaisons avec les soubrettes, je n'aime pas l'esprit domestique ; mais à ton égard c'est une autre affaire ; comment donc, tu me soumets, je suis presque timide, ma familiarité n'oserait s'apprivoiser avec toi, j'ai toujours envie d'ôter mon chapeau de dessus ma tête, et quand je te tutoie, il me semble que je jure ; enfin j'ai un penchant à te traiter avec des respects qui te feraient rire. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  44. Ma foi, je ne serais pas surpris quand ce serait aussi l'histoire de tous les maîtres. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  45. Il faut pourtant qu'il s'exécute ; on m'a prédit que je n'épouserais jamais qu'un homme de condition, et j'ai juré depuis de n'en écouter jamais d'autres. (Acte 1, scène 7, SILVIA)
  46. Je ne m'en écarte peut-être pas tant que nous le croyons, tu as l'air bien distingué, et l'on est quelquefois fille de condition sans le savoir. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  47. Bourguignon, je ne saurais me fâcher des discours que tu me tiens ; mais je t'en prie, changeons d'entretien, venons à ton maître ; tu peux te passer de me parler d'amour, je pense ? (Acte 1, scène 7, SILVIA)
  48. Attends, Lisette, je voulais moi-même te parler d'autre chose ; mais je ne sais plus ce que c'est. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  49. Je me rappelle de t'avoir demandé si ta maîtresse te valait. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  50. Eh non, te dis-je, Lisette, il ne s'agit ici que de mon maître. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  51. Tu me permettras peut-être bien de te remercier de ce que tu me dis là ; par exemple ? (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  52. Tu as raison, notre aventure est unique. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  53. Quand ton maître sera venu, je tâcherai en faveur de ma maîtresse de le connaître par moi-même, s'il en vaut la peine ; en attendant, tu vois cet appartement, c'est le vôtre. (Acte 1, scène 7, SILVIA)
  54. Tiens, voici mon maître. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  55. Un domestique là-bas m'a dit d'entrer ici, et qu'on allait avertir mon beau-père qui était avec ma femme. (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  56. Eh oui, mon beau-père et ma femme, autant vaut ; je viens pour épouser, et ils m'attendent pour être mariés ; cela est convenu, il ne manque plus que la cérémonie, qui est une bagatelle. (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  57. En effet, quelle si grande différence y a-t-il entre être marié ou ne l'être pas ? (Acte 1, scène 8, SILVIA)
  58. Oui, Monsieur, nous avons tort, et je cours informer votre beau-père de votre arrivée. (Acte 1, scène 8, SILVIA)
  59. Bon, tant mieux, entretenez-vous dans ce sentiment-là, il pourra trouver sa place. (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  60. Vous êtes bien modeste de vous en contenter, mais je vous quitte, il faut qu'on ait oublié d'avertir votre beau-père, car assurément il serait venu, et j'y vais. (Acte 1, scène 8, SILVIA)
  61. Tu m'avais tant promis de laisser là tes façons de parler sottes et triviales, je t'avais donné de si bonnes instructions, je ne t'avais recommandé que d'être sérieux. (Acte 1, scène 9, DORANTE)
  62. Va, je vois bien que je suis un étourdi de m'en être fié à toi. (Acte 1, scène 9, DORANTE)
  63. Monsieur, mille pardons, c'est beaucoup trop et il n'en faut qu'un quand on n'a fait qu'une faute ; au surplus, tous mes pardons sont à votre service. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  64. Vous êtes le maître, et moi votre serviteur. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  65. J'ai à vous entretenir un moment. (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  66. Monsieur, on a de la peine à se louer soi-même, mais malgré toutes les règles de la modestie, il faut pourtant que je vous dise que si vous ne mettez ordre à ce qui arrive, votre prétendu gendre n'aura plus de coeur à donner à Mademoiselle votre fille ; il est temps qu'elle se déclare, cela presse, car un jour plus tard, je n'en réponds plus. (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  67. Je vous le répète encore, le coeur de Dorante va bien vite ; tenez, actuellement je lui plais beaucoup, ce soir il m'aimera, il m'adorera demain ; je ne le mérite pas, il est de mauvais goût, vous en direz ce qu'il vous plaira ; mais cela ne laissera pas que d'être ; voyez-vous, demain je me garantis adorée. (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  68. En bien, quand tu lui parleras, dis-lui que tu soupçonnes ce valet de la prévenir contre son maître ; et si elle se fâche, ne t'en inquiète point, ce sont mes affaires. (Acte 2, scène 1, MONSIEUR-ORGON)
  69. Votre amour ne saurait être bien fort, ce n'est tout au plus qu'un amour naissant. (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  70. Vous vous trompez, prodige de nos jours, un amour de votre façon ne reste pas longtemps au berceau ; votre premier coup d'oeil a fait naître le mien, le second lui a donné des forces et le troisième l'a rendu grand garçon ; tâchons de l'établir au plus vite, ayez soin de lui puisque vous êtes sa mère. (Acte 2, scène 3, ARLEQUIN)
  71. En attendant qu'il soit pourvu, donnez-lui seulement votre belle main blanche, pour l'amuser un peu. (Acte 2, scène 3, ARLEQUIN)
  72. Je ne me soucie pas de ce qui est possible, moi ; mais je vous aime comme un perdu, et vous verrez bien dans votre miroir que cela est juste... (Acte 2, scène 3, ARLEQUIN)
  73. Mignonne, adorable, votre humilité ne serait donc qu'une hypocrite ! (Acte 2, scène 3, ARLEQUIN)
  74. Quelqu'un vient à nous ; c'est votre valet. (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  75. Monsieur, pourrais-je vous entretenir un moment ? (Acte 2, scène 4, DORANTE)
  76. Mais à propos de mon amour, quand est-ce que le vôtre lui tiendra compagnie ? (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  77. Ce n'est donc pas la retenue d'à présent qui donne bien d'autres permissions. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  78. J'aurais lieu à mon tour d'être étonnée de la promptitude de votre hommage ; peut-être m'aimerez-vous moins quand nous nous connaîtrons mieux. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  79. Souvenez-vous qu'on n'est pas les maîtres de son sort. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  80. Puissent de si beaux sentiments être durables ! (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  81. Pour les fortifier de part et d'autre, jurons-nous de nous aimer toujours, en dépit de toutes les fautes d'orthographe que vous aurez faites sur mon compte. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  82. Votre bonté m'éblouit, et je me prosterne devant elle. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  83. Hé, ma mie revenez dans un quart_d_heure, allez, les femmes de chambre de mon pays n'entrent point qu'on ne les appelle. (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  84. Mais voyez l'opiniâtre soubrette ! (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  85. Pardi, Madame, je ne puis pas jouer deux rôles à la fois ; il faut que je paraisse, ou la maîtresse, ou la suivante, que j'obéisse ou que j'ordonne. (Acte 2, scène 7, LISETTE)
  86. Fort bien ; mais puisqu'il n'y est plus, écoutez-moi comme votre maîtresse : vous voyez bien que cet homme-là ne me convient point. (Acte 2, scène 7, SILVIA)
  87. Êtes-vous folle avec votre examen ? (Acte 2, scène 7, SILVIA)
  88. Il me déplaît, vous dis-je, et votre peu de zèle aussi. (Acte 2, scène 7, SILVIA)
  89. Car enfin, vous m'obligez à le justifier ; il n'est pas question de le brouiller avec son maître, ni d'en faire un fourbe, pour me faire, moi, une imbécile qui écoute ses histoires. (Acte 2, scène 7, SILVIA)
  90. Qu'entendez-vous par ce discours, que se passe-t-il dans votre esprit ? (Acte 2, scène 7, SILVIA)
  91. Je dis, Madame, que je ne vous ai jamais vue comme vous êtes, et que je ne conçois rien à votre aigreur. (Acte 2, scène 7, LISETTE)
  92. Elle a des façons de parler qui me mettent hors de moi ; retirez-vous, vous m'êtes insupportable, laissez-moi, je prendrai d'autres mesures. (Acte 2, scène 7, SILVIA)
  93. Je ne saurais m'en remettre, je n'oserais songer aux termes dont elle s'est servie, ils me font toujours peur. (Acte 2, scène 8, SILVIA)
  94. Est-ce que ton maître s'en va ? (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  95. Tiens, Bourguignon, une bonne fois pour toutes, demeure, va-t'en, reviens, tout cela doit m'être indifférent, et me l'est en effet, je ne te veux ni bien ni mal, je ne te hais, ni ne t'aime, ni ne t'aimerai, à moins que l'esprit ne me tourne. (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  96. Voilà mes dispositions, ma raison ne m'en permet point d'autres, et je devrais me dispenser de te le dire. (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  97. Mon malheur est inconcevable, tu m'ôtes peut-être tout le repos de ma vie. (Acte 2, scène 9, DORANTE)
  98. Quelle fantaisie il s'est allé mettre dans l'esprit ! (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  99. Il me fait de la peine : reviens à toi ; tu me parles, je te réponds, c'est beaucoup, c'est trop même, tu peux m'en croire, et si tu étais instruit, en vérité, tu serais content de moi, tu me trouverais d'une bonté sans exemple, d'une bonté que je blâmerais dans une autre. (Acte 2, scène 9, SILVIA)
  100. Ta maîtresse en partant a paru m'accuser de t'avoir parlé au désavantage de mon maître. (Acte 2, scène 9, DORANTE)
  101. Et je n'ai fait qu'une faute, c'est de n'être pas parti dès que je t'ai vue. (Acte 2, scène 9, DORANTE)
  102. J'agis de bonne foi, donne-moi du secours contre moi-même, il m'est nécessaire, je te le demande à genoux. (Acte 2, scène 9, DORANTE)
  103. Je ne saurais empêcher ce garçon de se mettre à genoux, Monsieur, je ne suis pas en état de lui en imposer, je pense. (Acte 2, scène 10, SILVIA)
  104. Vous vous convenez parfaitement bien tous deux ; mais j'ai à te dire un mot, Lisette, et vous reprendrez votre conversation quand nous serons partis : vous le voulez bien, Bourguignon ? (Acte 2, scène 10, MONSIEUR-ORGON)
  105. Allez, et tâchez de parler de votre maître avec un peu plus de ménagement que vous ne faites. (Acte 2, scène 10, MONSIEUR-ORGON)
  106. Vous-même, Monsieur Bourguignon ; vous ne brillez pas trop dans le respect que vous avez pour votre maître, dit-on. (Acte 2, scène 10, MARIO)
  107. Adieu, adieu ; vous vous justifierez une autre fois. (Acte 2, scène 10, MONSIEUR-ORGON)
  108. Quelque chose dans votre tête, à la bonne heure, mon frère ; mais, pour dans la mienne, il n'y a que l'étonnement de ce que vous dites. (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  109. C'est donc ce garçon qui vient de sortir qui t'inspire cette extrême antipathie que tu as pour son maître ? (Acte 2, scène 11, MONSIEUR-ORGON)
  110. Ce n'est pas la peine, mon père, et personne au monde que son maître ne m'a donné l'aversion naturelle que j'ai pour lui. (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  111. Ma foi, tu as beau dire, ma soeur, elle est trop forte pour être si naturelle, et quelqu'un y a aidé. (Acte 2, scène 11, MARIO)
  112. Puisque j'ai eu la complaisance de vous permettre votre déguisement, il faut, s'il vous plaît, que vous ayez celle de suspendre votre jugement sur Dorante, et de voir si l'aversion qu'on vous a donnée pour lui est légitime. (Acte 2, scène 11, MONSIEUR-ORGON)
  113. Ce sont apparemment ces mouvements-là qui sont cause que Lisette nous a parlé comme elle a fait ; elle accusait ce valet de ne t'avoir pas entretenue à l'avantage de son maître, et Madame, nous a-t-elle dit, l'a défendu contre moi avec tant de colère, que j'en suis encore toute surprise, et c'est sur ce mot de surprise que nous l'avons querellée ; mais ces gens-là ne savent pas la conséquence d'un mot. (Acte 2, scène 11, MONSIEUR-ORGON)
  114. Quoi, parce que je suis équitable, que je veux qu'on ne nuise à personne, que je veux sauver un domestique du tort qu'on peut lui faire auprès de son maître, on dit que j'ai des emportements, des fureurs dont on est surprise : un moment après un mauvais esprit raisonne, il faut se fâcher, il faut la faire taire, et prendre mon parti contre elle à cause de la conséquence de ce qu'elle dit ? (Acte 2, scène 11, SILVIA)
  115. Tu la verras si tu veux, mais tu dois être charmée que ce garçon s'en aille, car il t'aime, et cela t'importune assurément. (Acte 2, scène 11, MONSIEUR-ORGON)
  116. Tu n'en es pas tant la maîtresse que tu le dis bien. (Acte 2, scène 11, MARIO)
  117. Ne l'avons-nous pas vu se mettre à genoux malgré toi ? (Acte 2, scène 11, MONSIEUR-ORGON)
  118. Son maître en décidera, allons-nous-en. (Acte 2, scène 11, MONSIEUR-ORGON)
  119. Arrête donc, Lisette, j'ai à te parler pour la dernière fois, il s'agit d'une chose de conséquence qui regarde tes maîtres. (Acte 2, scène 12, DORANTE)
  120. Sache que celui qui est avec ta maîtresse n'est pas ce qu'on pense. (Acte 2, scène 12, DORANTE)
  121. Je voulais sous cet habit pénétrer un peu ce que c'était que ta maîtresse, avant de l'épouser. (Acte 2, scène 12, DORANTE)
  122. Mon père, en partant, me permit ce que j'ai fait, et l'événement m'en paraît un songe : je hais la maîtresse dont je devais être l'époux, et j'aime la suivante qui ne devait trouver en moi qu'un nouveau maître. (Acte 2, scène 12, DORANTE)
  123. Je rougis pour elle de le dire, mais ta maîtresse a si peu de goût qu'elle est éprise de mon valet au point qu'elle l'épousera si on la laisse faire. (Acte 2, scène 12, DORANTE)
  124. Votre situation est neuve assurément ! (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  125. Mais, Monsieur, je vous fais d'abord mes excuses de tout ce que mes discours ont pu avoir d'irrégulier dans nos entretiens. (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  126. Votre penchant pour moi est-il si sérieux ? (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  127. J'entends quelqu'un, patientez encore sur l'article de votre valet, les choses n'iront pas si vite, nous nous reverrons, et nous chercherons les moyens de vous tirer d'affaire. (Acte 2, scène 12, SILVIA)
  128. Ah vraiment, mon frère, il y a bien d'autres nouvelles ! (Acte 2, scène 13, SILVIA)
  129. Hélas, Monsieur, mon très honoré maître, je vous en conjure. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  130. Je ne les refuse point, si je les mérite ; mais quand je les aurai reçus, permettez-moi d'en mériter d'autres : voulez-vous que j'aille chercher le bâton ? (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  131. Coquin est encore bon, il me convient aussi : un maraud n'est point déshonoré d'être appelé coquin ; mais un coquin peut faire un bon mariage. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  132. Accommodons-nous : cette demoiselle m'adore, elle m'idolâtre ; si je lui dis mon état de valet, et que, nonobstant, son tendre coeur soit toujours friand de la noce avec moi, ne laisserez-vous pas jouer les violons ? (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  133. Je voudrais pourtant bien voir Lisette, et savoir le succès de ce qu'elle m'a promis de faire auprès de sa maîtresse pour me tirer d'embarras. (Acte 3, scène 2, DORANTE)
  134. Qu'y a-t-il pour votre service, Monsieur ? (Acte 3, scène 2, DORANTE)
  135. Vous avez le langage bien précieux pour un garçon de votre espèce. (Acte 3, scène 2, MARIO)
  136. Monsieur, je ne saurais parler autrement. (Acte 3, scène 2, DORANTE)
  137. Je vous assure, Monsieur, que je n'imite personne ; mais sans doute que vous ne venez pas exprès pour me traiter de ridicule, et vous aviez autre chose à me dire, nous parlions de Lisette, de mon inclination pour elle et de l'intérêt que vous y prenez. (Acte 3, scène 2, DORANTE)
  138. Ah, le voici : c'est que malgré le ton badin que j'ai pris tantôt, je serais très fâché qu'elle t'aimât ; c'est que sans autre raisonnement, je te défends de t'adresser davantage à elle ; non pas dans le fond que je craigne qu'elle t'aime, elle me paraît avoir le coeur trop haut pour cela, mais c'est qu'il me déplaît à moi d'avoir Bourguignon pour rival. (Acte 3, scène 2, MARIO)
  139. Est-ce que je ne vaux pas la peine de l'être ? (Acte 3, scène 2, MARIO)
  140. Vous ne vous attendez pas à être loué par vos propres rivaux, peut-être ? (Acte 3, scène 2, DORANTE)
  141. Ta livrée n'est pas propre à faire pencher la balance en ta faveur, et tu n'es pas fait pour lutter contre moi. (Acte 3, scène 2, MARIO)
  142. Il me défend donc de vous paraître aimable ? (Acte 3, scène 3, SILVIA)
  143. Vous ne demandez peut-être pas mieux ? (Acte 3, scène 3, DORANTE)
  144. Mais que vous a-t-il dit dans le petit entretien que vous avez eu tête à tête avec lui ? (Acte 3, scène 4, SILVIA)
  145. Hélas, mon frère, je vous avoue que j'ai lieu d'être contente. (Acte 3, scène 4, SILVIA)
  146. Dorante et moi, nous sommes destinés l'un à l'autre, il doit m'épouser ; si vous saviez combien je lui tiendrai compte de ce qu'il fait aujourd'hui pour moi, combien mon coeur gardera le souvenir de l'excès de tendresse qu'il me montre ! (Acte 3, scène 4, SILVIA)
  147. si vous saviez combien tout ceci va rendre notre union aimable ! (Acte 3, scène 4, SILVIA)
  148. Il ne pourra jamais se rappeler notre histoire sans m'aimer, je n'y songerai jamais que je ne l'aime, vous avez fondé notre bonheur pour la vie, en me laissant faire ; c'est un mariage unique ; c'est une aventure dont le seul récit est attendrissant ; c'est le coup de hasard le plus singulier, le plus heureux, le plus... (Acte 3, scène 4, SILVIA)
  149. Mais il faut que j'arrache ma victoire, et non pas qu'il me la donne : je veux un combat entre l'amour et la raison. (Acte 3, scène 4, SILVIA)
  150. Enfin, ma reine, je vous vois et je ne vous quitte plus, car j'ai trop pâti d'avoir manqué de votre présence, et j'ai cru que vous esquiviez la mienne. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  151. Comment donc, ma chère âme, élixir de mon coeur, avez-vous entrepris la fin de ma vie ? (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  152. Je voudrais bien pouvoir baiser ces petits mots-là, et les cueillir sur votre bouche avec la mienne. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  153. Mais vous me pressiez sur notre mariage, et mon père ne m'avait pas encore permis de vous répondre ; je viens de lui parler, et j'ai son aveu pour vous dire que vous pouvez lui demander ma main quand vous voudrez. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  154. Avant que je la demande à lui, souffrez que je la demande à vous ; je veux lui rendre mes grâces de la charité qu'elle aura de vouloir bien entrer dans la mienne qui en est véritablement indigne. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  155. Je regarde pourtant votre amour comme un présent du ciel. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  156. Vous ne sauriez croire combien votre modestie m'embarrasse. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  157. Enfin, Monsieur, faut-il vous dire que c'est moi que votre tendresse honore ? (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  158. Je ne sais plus où me mettre. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  159. Eh, je me connais bien aussi, et je n'ai pas là une fameuse connaissance, ni vous non plus, quand vous l'aurez faite ; mais c'est là le diable que de me connaître, vous ne vous attendez pas au fond du sac. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  160. Madame, votre amour est-il d'une constitution bien robuste, soutiendra-t-il bien la fatigue que je vais lui donner, un mauvais gîte lui fait-il peur ? (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  161. Achevez donc, quel est votre nom ? (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  162. Mais voyez cette magotte, avec qui, depuis une heure, j'entre en confusion de ma misère ! (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  163. Il y a apparence que ton maître est encore dans l'erreur à l'égard de ma maîtresse, ne l'avertis de rien, laissons les choses comme elles sont : je crois que le voici qui entre. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  164. Monsieur, je suis votre servante. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  165. Et moi votre valet, Madame. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  166. Quand je lui ai dit que je m'appelais Arlequin, et que j'avais un habit d'ordonnance : Eh bien mon ami, m'a-t-elle dit, chacun a son nom dans la vie, chacun a son habit, le vôtre ne vous coûte rien, cela ne laisse pas que d'être gracieux. (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  167. Par la ventrebleu, voulez-vous gager que je l'épouse avec la casaque sur le corps, avec une souguenille, si vous me fâchez ? (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  168. Je veux bien que vous sachiez qu'un amour de ma façon n'est point sujet à la casse, que je n'ai pas besoin de votre friperie pour pousser ma pointe, et que vous n'avez qu'à me rendre la mienne. (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  169. Notre père ? (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  170. Ah, le bon homme, nous l'avons dans notre manche ; c'est le meilleur humain, la meilleure pâte d'homme !... (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  171. Non ; peut-être a-t-elle passé devant mes yeux, mais un honnête homme ne prend pas garde à une chambrière : Je vous cède ma part de cette attention-là. (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  172. Votre soubrette arrive. (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  173. Qu'elle est digne d'être aimée ! (Acte 3, scène 8, DORANTE)
  174. J'ai eu beau décrier votre valet et prendre sa conscience à témoin de son peu de mérite, j'ai eu beau lui représenter qu'on pouvait du moins reculer le mariage, il ne m'a pas seulement écoutée ; je vous avertis même qu'on parle d'envoyer chez le notaire, et qu'il est temps de vous déclarer. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  175. Je ne vois pourtant rien de mieux dans la situation où je suis, à moins que de parler moi-même, et je ne saurais m'y résoudre ; j'ai d'ailleurs d'autres raisons qui veulent que je me retire : je n'ai plus que faire ici. (Acte 3, scène 8, DORANTE)
  176. Comme je ne sais pas vos raisons, je ne puis ni les approuver, ni les combattre ; et ce n'est pas à moi à vous les demander. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  177. Que vous êtes aimable d'être si bien au fait ! (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  178. Feignons de sortir, afin qu'il m'arrête : il faut bien que notre réconciliation lui coûte quelque chose. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  179. Vous m'aimez, mais votre amour n'est pas une chose bien sérieuse pour vous ; que de ressources n'avez-vous pas pour vous en défaire ! (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  180. La distance qu'il y a de vous à moi, mille objets que vous allez trouvez sur votre chemin, l'envie qu'on aura de vous rendre sensible, les amusements d'un homme de votre condition, tout va vous ôter cet amour dont vous m'entretenez impitoyablement ; vous en rirez peut-être au sortir d'ici, et vous aurez raison. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  181. Mais moi, Monsieur, si je m'en ressouviens, comme j'en ai peur, s'il m'a frappée, quel secours aurai-je contre l'impression qu'il m'aura faite ? (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  182. Qui est-ce qui me dédommagera de votre perte ? (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  183. Qui voulez-vous que mon coeur mette à votre place ? (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  184. Jugez donc de l'état où je resterais, ayez la générosité de me cacher votre amour : moi qui vous parle, je me ferais un scrupule de vous dire que je vous aime, dans les dispositions où vous êtes. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  185. L'aveu de mes sentiments pourrait exposer votre raison, et vous voyez bien aussi que je vous les cache. (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  186. Ma chère Lisette, que viens-je d'entendre : tes paroles ont un feu qui me pénètre, je t'adore, je te respecte ; il n'est ni rang, ni naissance, ni fortune qui ne disparaisse devant une âme comme la tienne. (Acte 3, scène 8, DORANTE)
  187. J'aurais honte que mon orgueil tînt encore contre toi, et mon coeur et ma main t'appartiennent. (Acte 3, scène 8, DORANTE)
  188. En vérité, ne mériteriez-vous pas que je les prisse, ne faut-il pas être bien généreuse pour vous dissimuler le plaisir qu'ils me font, et croyez-vous que cela puisse durer ? (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  189. Ne consentez-vous pas d'être à moi ? (Acte 3, scène 8, DORANTE)
  190. Quoi, vous m'épouserez malgré ce que vous êtes, malgré la colère d'un père, malgré votre fortune ? (Acte 3, scène 8, SILVIA)
  191. Ne gênez donc plus votre tendresse, et laissez-la répondre... (Acte 3, scène 8, DORANTE)
  192. Ah, mon père, vous avez voulu que je fusse à Dorante : venez voir votre fille vous obéir avec plus de joie qu'on n'en eut jamais. (Acte 3, scène 9, SILVIA)
  193. Oui, Dorante, la même idée de nous connaître nous est venue à tous deux. (Acte 3, scène 9, SILVIA)
  194. Après cela, je n'ai plus rien à vous dire ; vous m'aimez, je n'en saurais douter, mais à votre tour jugez de mes sentiments pour vous, juger du cas que j'ai fait de votre coeur par la délicatesse avec laquelle j'ai tâché de l'acquérir. (Acte 3, scène 9, SILVIA)
  195. Connaissez-vous cette lettre-là ? (Acte 3, scène 9, MONSIEUR-ORGON)
  196. Voilà par où j'ai appris votre déguisement, qu'elle n'a pourtant su que par vous. (Acte 3, scène 9, MONSIEUR ORGON)
  197. Vous avez perdu votre rang, mais vous n'êtes point à plaindre, puisque Arlequin vous reste. (Acte 3, scène 9, ARLEQUIN)
  198. Je n'y perds pas ; avant notre connaissance ; votre dot valait mieux que vous ; à présent, vous valez mieux que votre dot. (Acte 3, scène 9, ARLEQUIN)

LA PROVINCIALE (1750)

  1. Vraiment, il est bien temps de venir : je n'ai plus le loisir de vous entretenir ; il y a une heure que je vous attends, et que vous devriez être ici. (Acte 1, scène 1, MADAME LÉPINE)
  2. Madame La Thibaudière est presque habillée : elle ou Lisette peut descendre dans cette salle-ci, et il faut être plus exact. (Acte 1, scène 1, MADAME LÉPINE)
  3. Vous comprenez à présent pourquoi j'affectai tant de vous connaître et de vous saluer ; pourquoi je vous glissai à l'oreille de la lorgner beaucoup, et de vous trouver le même jour au Luxembourg, où je serais avec elle, et d'y continuer vos lorgneries. (Acte 1, scène 1, MADAME LÉPINE)
  4. Oui, je commence à être au fait. (Acte 1, scène 1, LE CHEVALIER)
  5. Vous me dîtes aussi d'envoyer La Ramée le lendemain à votre hôtel, à l'heure de votre dîner, sous prétexte de savoir à quelle heure je pourrais vous voir aujourd'hui. (Acte 1, scène 1, LE CHEVALIER)
  6. Quelle était votre idée, Madame Lépine ? (Acte 1, scène 1, LE CHEVALIER)
  7. Elle me paraît faite pour la lettre que je lui ai écrite, en supposant que je ne la visse pas chez vous, et qu'elle ne refusera pas de prendre de votre main. (Acte 1, scène 3, LE CHEVALIER)
  8. Monsieur, Monsieur, un autre petit mot, s'il vous plaît. (Acte 1, scène 3, LA RAMÉE)
  9. Non pas, mais comme à des espiègles dont j'ai l'honneur d'être associé. (Acte 1, scène 3, LA RAMÉE)
  10. Et votre lieutenant, quelle est sa pensée un peu au net ? (Acte 1, scène 3, LA RAMÉE)
  11. Madame Lépine, il s'agit ici d'une espèce de parti bleu honnête contre une cassette ; et par ma foi, cinquante pistoles, ce n'est pas assez. (Acte 1, scène 4, LA RAMÉE)
  12. Dis-moi : cette lettre qu'il m'a laissée, est-elle dans le goût que j'ai demandé ? (Acte 1, scène 4, MADAME LÉPINE)
  13. Soyez sûre qu'une femme sensée, en pareil cas, en ferait jeter l'auteur par les fenêtres. (Acte 1, scène 4, LA RAMÉE)
  14. Et voilà précisément comme il nous le faut avec notre provinciale, préparée comme elle l'est ! (Acte 1, scène 4, MADAME LÉPINE)
  15. Avant mon mariage, j'ai passé quelques années avec des duchesses et même des princesses, dont j'avais l'honneur d'être la compagne gagée et qui me menaient partout, ce qui m'a acquis une expérience consommée sur les usages du beau monde, en vertu de laquelle je gouverne notre provinciale. (Acte 1, scène 4, MADAME LÉPINE)
  16. Mais comme, d'un autre côté, la fortune lui donne de grands avantages sur une dame ruinée, j'ai la modestie de négliger les cérémonies avec la Marquise de la Thibaudière, de lui céder les honneurs du pas, et de laisser, entre elle et moi, une petite distance qui me gagne sa vanité, et qui ne me coûte que des égards et quelques flatteries, de façon que je suis tour à tour, et sa complaisante, et son oracle. (Acte 1, scène 4, MADAME LÉPINE)
  17. Madame Lépine, avec un pareil don du ciel, le patrimoine du prochain sera toujours le vôtre ! (Acte 1, scène 4, LA RAMÉE)
  18. Votre Marquise, au reste, n'a encore reçu de visite que d'un de ses parents, homme de province assez âgé, et qui, pour terminer une grande affaire qu'elle a ici, vient la marier avec un homme de considération, qu'il doit lui amener incessamment, et qui la fixerait à Paris. (Acte 1, scène 4, MADAME LÉPINE)
  19. Cela serait trop difficile, et puis j'irais directement contre mes préceptes : je lui ai déjà dit que, pour le bon air, il était indécent d'aimer son mari, et qu'il ne fallait garder l'amour que pour la galanterie, et non pas pour le mariage : ainsi il n'y a pas moyen. (Acte 1, scène 4, MADAME LÉPINE)
  20. Je rêve que nous aurions besoin d'une femme qui, sur le pied d'amante de ton maître, et d'amante jalouse, se douterait de son intrigue avec la Marquise, et viendrait hardiment ici, ou pour l'y chercher, ou pour examiner sa rivale, et lui dirait en même temps de la suivre chez un notaire, afin d'y achever le paiement d'un régiment qu'il achèterait. (Acte 1, scène 4, MADAME LÉPINE)
  21. D'un régiment fabuleux, de votre invention ? (Acte 1, scène 4, LA RAMÉE)
  22. Je ferai votre affaire. (Acte 1, scène 4, LA RAMÉE)
  23. Elle ne sera pas de votre force, Madame Lépine ; mais elle ne sera pas mal. (Acte 1, scène 4, LA RAM?E)
  24. Vous avez une lettre du Chevalier à rendre à la Marquise... (Acte 1, scène 4, LA RAMÉE)
  25. Non, c'est une porte plus bas ; c'est à Cathos dont je ne sais le nom que de tout à l'heure, à ce petit minois de femme de chambre, qui était avec vous chez ce marchand, qui me parut niaise, mais jolie, et avec qui, par inspiration, j'ébauchai une petite conversation de regards, où elle joua assez bien sa partie ; et hier, quand le Chevalier m'envoya chez vous, en redescendant, je la trouvai sur la porte d'un entre-sol, où je repris le fil du discours par un : Votre valet très humble, Mademoiselle, et par une ou deux révérences, aussi bien troussées, soutenues d'un déhanchement aussi parfait !... (Acte 1, scène 4, LA RAMÉE)
  26. Nous venons encore de nous entre-saluer ici ; et à l'exemple de mon maître, dont vous rendrez le billet, voici un petit bout de papier que j'ai écrit, et que je vous supplierai de lui remettre par la même commodité. (Acte 1, scène 4, LA RAM?E)
  27. Je ne m'attends pas qu'on ait rien remboursé à Cathos ; mais si vous vouliez, chemin faisant, la mettre un peu en goût d'être du bel air avec moi, je n'aurai point de régiment à acheter, mais j'aurai quelque payement à faire, et tout m'est bon : je glanerai ; ce qui viendra, je le prendrai. (Acte 1, scène 4, LA RAMÉE)
  28. Soit ; je glisserai à tout hasard quelques mots en votre faveur. (Acte 1, scène 4, MADAME LÉPINE)
  29. À l'égard de votre papier, faites-lui votre commission vous-même, puisque la voilà qui vient ; et puis, partez pour rejoindre votre maître. (Acte 1, scène 4, MADAME L?PINE)
  30. Monsieur de la Ramée est un illustre au moins, un garçon très couru. (Acte 1, scène 5, MADAME LÉPINE)
  31. Palsambleu, beauté sans pair, vous avez lu dans mes yeux que je vous adore, et je requiers de pouvoir en lire autant dans les vôtres. (Acte 1, scène 5, LA RAMÉE)
  32. C'est ce que vous verrez dans cette petite épître qui vous entretiendra de moi jusqu'à mon retour, et que je n'ai pu qu'adresser à Mademoiselle, Mademoiselle en blanc, faute d'être instruit de votre nom. (Acte 1, scène 5, LA RAMÉE)
  33. Il n'y a qu'à mettre Cathos, pour vous servir, si j'en suis capable. (Acte 1, scène 5, CATHOS)
  34. Prenez, Charlotte, prenez cette lettre, et souvenez-vous que c'est Charlot de la Ramée qui vous la présente, et qui brûle d'en avoir réponse. (Acte 1, scène 5, LA RAMÉE)
  35. Madame, votre approbation met le comble à son éloge. (Acte 1, scène 5, LA RAMÉE)
  36. J'oubliais votre main... (Acte 1, scène 5, LA RAM?E)
  37. Madame La Thibaudière m'a dit qu'elle avait une terre qui portait ce titre, et elle l'a pris elle-même, ce qui est assez d'usage. (Acte 1, scène 6, MADAME LÉPINE)
  38. Je crois que vous me gâtez la maîtresse et la servante. (Acte 1, scène 6, MONSIEUR LORMEAU)
  39. Au surplus, Madame Riquet est sa maîtresse. (Acte 1, scène 6, MONSIEUR LORMEAU)
  40. Autre pratique galante !... (Acte 1, scène 7, MONSIEUR LORMEAU)
  41. Madame est bon, Marquise aussi, toujours l'un ou l'autre ; c'est la règle. (Acte 1, scène 7, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  42. Feu votre mari s'appelait Monsieur Riquet, n'est-il pas vrai ? (Acte 1, scène 7, MONSIEUR LORMEAU)
  43. Oui, Marquise ; et je venais vous dire que je vous amènerai tantôt la personne avec qui je travaille à vous marier, pour vous éviter le procès que vous auriez ensemble touchant votre succession ; c'est un homme de distinction qui vous donnera un assez beau rang. (Acte 1, scène 7, MONSIEUR LORMEAU)
  44. Que Monsieur votre cousin est campagnard ! (Acte 1, scène 8, MADAME LÉPINE)
  45. Au moment où nous parlons, vous faites peut-être plus de bruit que vous ne pensez. (Acte 1, scène 8, MADAME LÉPINE)
  46. Voyez-vous cette lettre-là qu'on est venu tantôt à genoux me prier de vous rendre ? (Acte 1, scène 8, MADAME LÉPINE)
  47. Déjà deux lettres ? (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  48. Oui, Marquise, chacune la nôtre. (Acte 1, scène 8, CATHOS)
  49. Celle-ci est du Chevalier, qui, sans contredit, est l'homme de France le plus à la mode. (Acte 1, scène 8, MADAME LÉPINE)
  50. Quoi qu'il en dise, dans le fond, notre liaison n'est presque rien ; cependant il m'écrit, et me parle d'amour apparemment. (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  51. Dans mon pays, cela me paraîtrait impertinent ; ici, ce n'est peut-être qu'une liberté de savoir-vivre. (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDI?RE)
  52. Mais bien m'en prend d'être avertie : quinze jours plus tôt, j'aurais pris cette lettre-là pour une insulte, Madame Lépine, pour une insulte ! (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  53. Je m'en doute bien ; mon coeur ne serait pas parti si vite, si le vôtre avait dû vous rester. (Acte 1, scène 8, MADAME LÉPINE)
  54. C'est ici une affaire de sympathie ; notre étoile était de nous aimer : hâtons-nous de la remplir ; j'ai besoin de vous voir ; vous m'attendez sans doute. (Acte 1, scène 8, MADAME L?PINE)
  55. C'est assez d'une pareille lettre, pour illustrer toute la vie d'une femme. (Acte 1, scène 8, MADAME L?PINE)
  56. Sinon qu'à la fin, de peur qu'il ne gêne le corps de la lettre... (Acte 1, scène 8, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  57. Mais, Madame, ne prenons-nous pas mal notre temps ? (Acte 1, scène 9, MONSIEUR-DERVAL)
  58. Je vois que vous tenez une lettre, qui demande peut-être une réponse prompte. (Acte 1, scène 9, MONSIEUR DERVAL)
  59. Vous voilà donc bien épouvanté, notre cher parent ? (Acte 1, scène 9, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  60. Madame est la maîtresse de ses actions. (Acte 1, scène 9, MONSIEUR-DERVAL)
  61. Tâchez donc de n'être plus si neuf. (Acte 1, scène 9, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  62. Vraiment, il faudra bien qu'il la suive ; il n'y manquera pas : mais je pense entre nous que ce n'est pas là le plus grand de vos soucis, Monsieur, et que nous ne nous chicanerons pas là-dessus ; nous savons bien que le coeur est une espèce de hors-d'oeuvre dans le mariage. (Acte 1, scène 9, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  63. Quelqu'un abuse de la crédulité de votre parente. (Acte 1, scène 9, MONSIEUR-DERVAL)
  64. Avez-vous envie de l'aimer, d'être amoureuse de votre mari ? (Acte 1, scène 10, MADAME LÉPINE)
  65. Je ne mériterai jamais votre raillerie. (Acte 1, scène 10, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  66. Non, Marquise ; quand il y en a, on le prend ; quand il n'y en a point, on en contrefait, et quelquefois il en vient. (Acte 1, scène 10, MADAME LÉPINE)
  67. Tout ceci n'est fait que pour votre réputation. (Acte 1, scène 10, MADAME LÉPINE)
  68. Mon enfant, quand vous parlez à votre maîtresse, ce n'est pas à vous à l'appeler Marquise tout court ; c'est un manque de respect. (Acte 1, scène 11, MADAME LÉPINE)
  69. Pardi, c'est pourtant ce nom-là qu'on nous a ordonné l'autre jour. (Acte 1, scène 11, LE VALET)
  70. Oui, notre maîtresse... (Acte 1, scène 11, COLIN)
  71. Moi, je lui ai dit qu'oui ; et là-dessus il voulait entrer sans façon ; mais moi, je l'ai repoussé. (Acte 1, scène 11, VALET-COLIN)
  72. Je ne suis pas encore assez forte pour risquer un long entretien avec lui. (Acte 1, scène 12, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  73. Eh bien, congédiez votre soupirant après les premiers compliments. (Acte 1, scène 12, MADAME LÉPINE)
  74. C'est-à-dire, deux ou trois mots folâtres ; et puis : je suis votre servante. (Acte 1, scène 12, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  75. Mon amour a bien de la peine à percer jusqu'à vos charmes : il y a longtemps qu'il attend à votre porte. (Acte 1, scène 13, LE CHEVALIER)
  76. La mère de l'Amour est très fâchée de votre accident, et va donner de si bons ordres que l'Amour n'attendra plus. (Acte 1, scène 13, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  77. Ne me disputez pas l'entrée de votre coeur, et je pardonne à ceux qui m'ont disputé l'entrée de votre chambre. (Acte 1, scène 13, LE CHEVALIER)
  78. Madame Lépine a sans doute eu la bonté de vous remettre certain billet pressant ; et cependant vous êtes en arrière ; il ne m'est pas venu de revanche. (Acte 1, scène 13, LE CHEVALIER)
  79. Il n'est pas croyable que mon billet ait été pour vous un sujet de scandale ; votre sagesse sait vivre apparemment, et n'est ni bourgeoise ni farouche. (Acte 1, scène 13, LE CHEVALIER)
  80. Et pour vous punir de vos mauvais propos, notre entretien ne sera pas long. (Acte 1, scène 13, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  81. Pardon à mon tour : votre conduite est d'une aisance incontestable ; on ne saurait moins disputer le terrain que vous ne le faites, ni se présenter de meilleure grâce à une affaire de coeur ; et je vais, en réparation de mes soupçons, annoncer à la ville et aux faubourgs que vous êtes la beauté de l'Europe la plus accessible et la plus légère de scrupules et de modestie populaire. (Acte 1, scène 13, LE CHEVALIER)
  82. Adieu, reine ; je m'éloigne pour un quart_d_heure ; je reviendrai prendre votre billet moi-même ; et je m'attends à n'y pas trouver plus de réserve que dans vos façons. (Acte 1, scène 13, LE CHEVALIER)
  83. Jusqu'au revoir, notre chère amie. (Acte 1, scène 14, LE CHEVALIER)
  84. L'affaire de votre régiment est-elle terminée, Monsieur le Chevalier ? (Acte 1, scène 14, MADAME LÉPINE)
  85. Ce n'est pas la modestie qui me tient ; je ne recule pas plus qu'une Marquise : mais il faut du temps, et vous n'avez qu'à vous en aller un peu, vous aurez votre affaire toute griffonnée. (Acte 1, scène 15, CATHOS)
  86. On est belle âme tout comme une autre. (Acte 1, scène 15, CATHOS)
  87. Je suis si content de votre façon de penser, que je me repens de n'avoir pas bu davantage. (Acte 1, scène 15, LA RAMÉE)
  88. Ah çà, notre chère dame, pendant que nous sommes seules, ouvrons le billet ; vous savez bien que vous m'avez promis de le lire ? (Acte 1, scène 16, CATHOS)
  89. Mais, à propos de coeur, si vous avez perdu le vôtre, n'en soyez point en peine ; c'est moi qui l'ai trouvé, m'amie Cathos. (Acte 1, scène 16, MADAME LÉPINE)
  90. Doit-elle être sérieuse, ou badine, ou folle ? (Acte 1, scène 17, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  91. Votre étoile le veut. (Acte 1, scène 17, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  92. Eh oui, il ne s'agit que d'être sur la liste des jolies femmes qui ont occupé le Chevalier. (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  93. Oui, certes ; vous préserve le ciel de n'y être pas ! (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  94. C'est son heureuse indiscrétion qui vous fera connaître, qui vous mettra en spectacle. (Acte 1, scène 17, MADAME L?PINE)
  95. Votre célébrité dépend de là. (Acte 1, scène 17, MADAME L?PINE)
  96. On sait bien qu'une provinciale ou qu'une petite bourgeoise ne s'en accommoderait pas ; et vous n'avez qu'à voir si vous voulez qu'on dise que vous fuyez le Chevalier ; qu'une intrigue vous fait peur ; que vous vous en faites un monstre. (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  97. Vous me faites trembler ! (Acte 1, scène 17, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  98. Si on ne dit pas que vous êtes amoureuse, c'est tant pis pour votre honneur... (Acte 1, scène 17, CATHOS)
  99. Eh non, ma reine, on vous idolâtre. (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  100. Avec une politesse aisée, tranquille et riante, qui ravalera ses charmes, qui marquera le peu de souci que vous en avez, et la supériorité des vôtres. (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  101. C'est là le fin de votre état. (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  102. La circonstance est heureuse pour rendre votre nom fameux. (Acte 1, scène 17, MADAME LÉPINE)
  103. Je vais toujours écrire ma lettre ; et à tout hasard, je mettrai sur moi des billets de plusieurs sommes. (Acte 1, scène 17, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  104. Je suis d'avis d'aller lui aider à faire sa lettre. (Acte 1, scène 18, MADAME LÉPINE)
  105. Il n'y a nulle différence, sinon qu'il te sera permis d'être jalouse jusqu'à décoiffer tes rivales. (Acte 1, scène 18, MADAME LÉPINE)
  106. Mon épître et point de quartier. (Acte 1, scène 19, LA RAMÉE)
  107. Votre billet est bien troussé, il m'a été fort agréable ; c'est bien fait de me l'avoir mandé. (Acte 1, scène 19, CATHOS)
  108. Quel dommage d'être un fourbe avec elle ! (Acte 1, scène 19, LA RAMÉE)
  109. Montrez-m'en quelqu'une, afin que je la méprise poliment, ou bien que je la décoiffe. (Acte 1, scène 19, CATHOS)
  110. C'est moi qui veux être ruinée toute seule, en attendant restitution. (Acte 1, scène 19, CATHOS)
  111. Pas encore, parce qu'il y a une certaine Marton plus opiniâtre qu'un démon, qui veut à toute force que j'accepte sa monnaie pour payer le vin que j'ai bu. (Acte 1, scène 19, LA RAMÉE)
  112. Allons, prends cette bague qui m'a coûté trente bons francs. (Acte 1, scène 19, CATHOS)
  113. La soubrette vient d'entrer en payement avec moi, et j'attends un peu d'or qu'elle va m'apporter encore. (Acte 1, scène 20, LA RAMÉE)
  114. Oui : on est allé avertir la Marquise, avec qui je n'aurai pas une longue conversation ; car, à te dire vrai, cette folle-là m'ennuie ; et j'arrive avec la personne que tu sais, que j'ai laissée dans un fiacre là-bas, et qui doit entrer quelques instants après moi. (Acte 1, scène 20, LE CHEVALIER)
  115. Vous me pénétrez ! (Acte 1, scène 21, LE CHEVALIER)
  116. Je vous avertis que j'ai sur lui des droits, qui me paraissent un peu meilleurs que les vôtres. (Acte 1, scène 22, L'INCONNUE)
  117. Prenez la peine de vous asseoir, Madame ; vous en gronderez plus à votre aise, et nous en écouterons plus poliment la triste histoire de vos droits. (Acte 1, scène 22, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  118. C'est de votre régiment dont il est question ; un autre presse pour l'acheter ; son argent est tout prêt, m'a-t-on dit ; on diffère, par amitié pour vous, de conclure avec lui jusqu'à ce soir ; c'est notre ami le Maquis qui est venu m'en informer. (Acte 1, scène 22, L'INCONNUE)
  119. Ha, votre cornette vous pèse ! (Acte 1, scène 22, CATHOS)
  120. Gardez votre argent, je vous conjure. (Acte 1, scène 22, LE CHEVALIER)
  121. Cela étant, il n'y a plus à se débattre. (Acte 1, scène 22, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  122. Quand je dis trouvée, du moins m'a-t-on comme assuré qu'on me la donnerait peut-être ce soir. (Acte 1, scène 22, LE CHEVALIER)
  123. Peut-être ! (Acte 1, scène 22, L'INCONNUE)
  124. Votre régiment dépend-il d'un peut-être ? (Acte 1, scène 22, L'INCONNUE)
  125. Car enfin tout se marchande, et on tirerait peut-être meilleur parti... (Acte 1, scène 22, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  126. N'êtes-vous pas honteux de me mettre en parallèle avec une femme qui parle de marchander un régiment comme on marchande une pièce de toile ? (Acte 1, scène 22, L'INCONNUE)
  127. Votre emportement décide : vous insultez Madame ; et pour la venger, j'avouerai que je l'aime, et c'est son argent que j'accepte. (Acte 1, scène 22, LE CHEVALIER)
  128. Voilà qui va être fait. (Acte 1, scène 23, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  129. De votre procureur ? (Acte 1, scène 23, MADAME LA THIBAUDIÈRE)
  130. Tiens, reprends ta bague : je n'ai pas reçu d'autre acompte. (Acte 1, scène 23, LA RAMÉE)
  131. Pour la mettre en vogue ; pour lui donner de belles manières. (Acte 1, scène 23, LA RAMÉE)
  132. Soyez vous-même notre arbitre dans les discussions que nous avons ensemble, Monsieur... (Acte 1, scène 23, MADAME LA THIBAUDIÈRE)

LE PRINCE TRAVESTI (1727)

  1. Le sang nous unit ; je sais votre attachement pour moi, et vous me serez toujours chère ; mais j'ai peur que vous ne condamniez mes faiblesses. (Acte 1, scène 2, LA-PRINCESSE)
  2. Entendrait-elle quelque chose à nous, à notre coeur, à ses petits besoins ? (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  3. Croyez-moi Madame ; il faut vivre avec les autres, et avoir du moins moitié raison et moitié folie, pour lier commerce ; avec cela vous nous ressemblerez un peu ; car pour nous ressembler tout à fait, il ne faudrait presque que de la folie ; mais je ne vous en demande pas tant. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  4. Quel est le sujet de votre inquiétude ? (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  5. Je règne ; celui dont il s'agit ne pense pas sans doute qu'il lui soit permis de s'expliquer autrement que par ses respects. (Acte 1, scène 2, LA-PRINCESSE)
  6. Oui, comme d'un illustre étranger qui, ayant rencontré notre armée, y servit volontaire il y a six ou sept mois, et à qui nous dûmes le gain de la dernière bataille. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  7. Jeune, aimable, vaillant, généreux et sage, cet homme-là vous a donné son coeur ; vous lui avez rendu le vôtre en revanche, c'est coeur pour coeur, le troc est sans reproche, et je trouve que vous avez fait là un fort bon marché. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  8. Comptons ; dans cet homme-là vous avez d'abord un amant, ensuite un ministre, ensuite un général d'armée, ensuite un mari, s'il le faut, et le tout pour vous ; voilà donc quatre hommes pour un, et le tout en un seul, Madame ; ce calcul-là mérite attention. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  9. Mais cet homme qui en vaut quatre, et que vous voulez que j'épouse, savez-vous qu'il n'est, à ce qu'il dit, qu'un simple gentilhomme, et qu'il me faut un prince ? (Acte 1, scène 2, LA-PRINCESSE)
  10. Madame, il vous faut un prince ou un homme qui mérite de l'être, c'est la même chose ; un peu d'attention, s'il vous plaît. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  11. Croyez-moi, je parle quelquefois sérieusement ; vous et moi nous restons seules de la famille de nos maîtres ; donnez à vos sujets un souverain vertueux ; ils se consoleront avec sa vertu du défaut de sa naissance. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  12. Vous avez raison, et vous m'encouragez ; mais, ma chère Hortense, il vient d'arriver ici un ambassadeur de Castille, dont je sais que la commission est de demander ma main pour son maître ; aurais-je bonne grâce de refuser un prince pour n'épouser qu'un particulier ? (Acte 1, scène 2, LA-PRINCESSE)
  13. Je ne saurais me résoudre à montrer clairement mes dispositions à Lélio ; souffrez que je vous charge de ce soin-là, et acquittez-vous-en adroitement dès que vous le verrez. (Acte 1, scène 2, LA-PRINCESSE)
  14. À la charge que, quand vous aurez épousé cet honnête homme-là, il y aura dans votre histoire un petit article que je dresserai moi-même, et qui dira précisément : "Ce fut la sage Hortense qui procura cette bonne fortune au peuple ; la Princesse craignait de n'avoir pas bonne grâce en épousant Lélio ; Hortense lui leva ce vain scrupule, qui eût peut-être privé la république de cette longue suite de bons princes qui ressemblèrent à leur père." Voilà ce qu'il faudra mettre pour la gloire de mes descendants, qui, par ce moyen, auront en moi une aïeule d'heureuse mémoire. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  15. Mais, ma chère Hortense, vous parlez de vos descendants ; vous n'avez été qu'un an avec votre mari, qui ne vous a pas laissé d'enfants, et toute jeune que vous êtes, vous ne voulez pas vous remarier ; où prendrez-vous votre postérité ? (Acte 1, scène 2, LA-PRINCESSE)
  16. Mais trouvez-moi quelqu'un qui ait à peu près le mérite de Lélio, et le goût du mariage me reviendra peut-être ; car je l'ai tout à fait perdu, et je n'ai point tort. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  17. Les autres amants auprès de lui rampaient comme de mauvaises copies d'un excellent original, c'était une chose admirable, c'était une passion formée de tout ce qu'on peut imaginer en sentiments, langueurs, soupirs, transports, délicatesses, douce impatience, et le tout ensemble ; pleurs de joie au moindre regard favorable, torrent de larmes au moindre coup d'oeil un peu froid ; m'adorant aujourd'hui, m'idolâtrant demain ; plus qu'idolâtre ensuite, se livrant à des hommages toujours nouveaux ; enfin, si l'on avait partagé sa passion entre un million de coeurs, la part de chacun d'eux aurait été fort raisonnable. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  18. Je ne craignais qu'une chose, c'est qu'il ne mourût de tant d'amour avant que d'arriver au jour de notre union. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  19. Imaginez-vous ce que c'est que d'être humiliée, rebutée, abandonnée, et vous aurez quelque légère idée de tout ce qui compose la douleur d'une jeune femme alors. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  20. Être aimée d'un homme autant que je l'étais, c'est faire son bonheur et ses délices ; c'est être l'objet de toutes ses complaisances, c'est régner sur lui, disposer de son âme ; c'est voir sa vie consacrée à vos désirs, à vos caprices, c'est passer la vôtre dans la flatteuse conviction de vos charmes ; c'est voir sans cesse qu'on est aimable : ah ! (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  21. Voilà pourtant mes aventures ; et si je me rembarquais, j'ai du malheur, je ferais encore naufrage, à moins que de trouver un autre Lélio. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  22. Vous ne tiendrez pas votre colère, et je chercherai de quoi vous réconcilier avec les hommes. (Acte 1, scène 2, LA-PRINCESSE)
  23. L'homme dont je vous parle, accompagné de trois autres, vint à mes cris, et fondit sur mes voleurs, qu'il contraignit à prendre la fuite. (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  24. Il me vient une idée pour vous ; ne saurait-il pas qui est son maître ? (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  25. Ton maître est-il dans le palais ? (Acte 1, scène 3, LA-PRINCESSE)
  26. Madame, je supplie Votre Principauté de pardonner l'impertinence de mon étourderie ; si j'avais su que votre présence eût été ici, je n'aurais pas été assez nigaud pour y venir apporter ma personne. (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  27. Mais, dis-moi, cherches-tu ton maître ? (Acte 1, scène 3, LA-PRINCESSE)
  28. Que vous êtes riches, vous autres Princes ! (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  29. Mais n'est-ce pas encore une autre impertinence que je fais, de raisonner avec vous comme avec ma pareille ? (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  30. Voilà votre camarade qui rit ; j'aurai dit quelque sottise. (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  31. Adieu, Madame ; je salue Votre Grandeur. (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  32. Vous vous amusez à être riches, vous autres, et moi je m'amuse à être gaillard ; il faut bien que chacun ait son amusette en ce monde. (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  33. Non, je n'en sache point de meilleure que celle de ton maître ; car on dit qu'il est grand seigneur. (Acte 1, scène 3, HORTENSE)
  34. Ce qui fut dit, fut fait ; il prit encore d'autre monde ; et puis le voilà qui part pour venir ici, et puis moi je pars de même, et puis nous voilà en voyage, en courant la poste, qui est le train du diable ; car parlant par respect, j'ai été près d'un mois sans pouvoir m'asseoir. (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  35. Quand je compte quelque chose, je n'oublie rien ; bref, tant y a que nous arrivâmes ici, mon maître et moi. (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  36. C'est un drôle de métier que d'avoir un maître ici qui a fait fortune ; tous les courtisans veulent être les serviteurs de son valet. (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  37. Voilà mon maître. (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  38. Elle me demandait si nous nous trouvions bien ensemble, comment s'appelaient votre père et votre mère, de quel métier ils étaient, s'ils vivaient de leurs rentes ou de celles d'autrui. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  39. Dans la vie il y a tant de fripons, tant de vauriens qui courent par le monde pour fourber l'un, pour attraper l'autre, et qui ont bonne mine comme vous. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  40. Va, va, ne t'embarrasse pas, Arlequin ; tu as bon maître, je t'en assure. (Acte 1, scène 4, LÉLIO)
  41. Vous me payez bien, je n'ai pas besoin d'autre caution ; et au cas que vous soyez quelque bohémien, pardi ! (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  42. Tenez, d'un autre côté, je m'imagine quelquefois que vous êtes quelque grand seigneur ; car j'ai entendu dire qu'il y a eu des princes qui ont couru la prétantaine pour s'ébaudir, et peut-être que c'est un vertigo qui vous a pris aussi. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  43. Et par où juges-tu que je pourrais être un prince ? (Acte 1, scène 4, LÉLIO)
  44. On peut avoir le coeur bon sans être prince, et pour l'avoir tel, un prince a plus à travailler qu'un autre ; mais comme tu es attaché à moi, je veux bien te confier que je suis un homme de condition qui me divertis à voyager inconnu pour étudier les hommes, et voir ce qu'ils sont dans tous les Etats. (Acte 1, scène 4, LÉLIO)
  45. De quel côté tournerai-je pour retrouver notre cuisine ? (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  46. La Princesse cherche à me connaître, et me confirme dans mes soupçons ; les services que je lui ai rendu ont disposé son coeur à me vouloir du bien, et mes respects empressés l'ont persuadée que je l'aimais sans oser le dire. (Acte 1, scène 5, LÉLIO)
  47. N'en cherchons donc point d'autre qu'elle ; déclarons-lui qui je suis, enlevons-la au prince de Castille, qui envoie la demander. (Acte 1, scène 5, L?LIO)
  48. Il le faudra peut-être bien. (Acte 1, scène 6, HORTENSE)
  49. Non, Madame ; je ne l'exige point non plus ; ce bonheur-là n'est pas fait pour moi, et je ne mérite sans doute que votre indifférence. (Acte 1, scène 6, LÉLIO)
  50. Je vous consolerais mal ; je n'ai point de talents pour être confidente. (Acte 1, scène 6, HORTENSE)
  51. Qu'est-ce que c'était que votre tristesse ? (Acte 1, scène 6, HORTENSE)
  52. J'aurais de la peine à vous rendre compte de cela ; j'étais pénétrée du service que vous m'aviez rendu, de votre générosité ; vous alliez me quitter, je vous voyais triste, je l'étais peut-être moi-même ; je vous regardai comme je pus, sans savoir comment, sans me gêner ; il y a des moments où des regards signifient ce qu'ils peuvent, on ne répond de rien, on ne sait point trop ce qu'on y met ; il y entre trop de choses, et peut-être de tout. (Acte 1, scène 6, HORTENSE)
  53. Tout ce que je sais, c'est que je me serais bien passée de savoir votre secret. (Acte 1, scène 6, HORTENSE)
  54. Il est vrai que votre pitié m'est bien due ; j'ai plus d'un chagrin ; vous ne m'aimerez jamais, et vous m'avez dit que vous étiez mariée. (Acte 1, scène 6, LÉLIO)
  55. Hé bien, je suis veuve ; perdez du moins la moitié de vos chagrins ; à l'égard de celui de n'être point aimé... (Acte 1, scène 6, HORTENSE)
  56. Mais supposons que je vous aime, n'y a-t-il pas une princesse qui croit que vous l'aimez, qui vous aime peut-être elle-même, qui est la maîtresse ici, qui est vive, qui peut disposer de vous et de moi ? (Acte 1, scène 6, HORTENSE)
  57. Je ne vous dirai plus rien ; vous m'avez demandé la consolation de m'ouvrir votre coeur, et vous me trompez ; au lieu de cela, vous prenez la consolation de voir dans le mien. (Acte 1, scène 6, HORTENSE)
  58. Je sais votre secret, en voilà assez ; laissez-moi garder le mien, si je l'ai encore. (Acte 1, scène 6, HORTENSE)
  59. Votre rang est d'être un homme aimable et vertueux, et c'est là le plus beau rang du monde ; mais je vous dis encore une fois que cela est résolu ; je ne vous aimerai point, je n'en conviendrai jamais. (Acte 1, scène 8, HORTENSE)
  60. Vous accorder mon amour pour vous empêcher de régner, pour causer la perte de votre liberté, peut-être pis ! (Acte 1, scène 8, HORTENSE)
  61. Non, Lélio, n'en parlons plus, donnez-vous tout entier à la Princesse, je vous le pardonne ; cachez votre tendresse pour moi, ne me demandez plus la mienne, vous vous exposeriez à l'obtenir, je ne veux point vous l'accorder, je vous aime trop pour vous perdre, je ne peux pas vous mieux dire. (Acte 1, scène 8, HORTENSE)
  62. Prenez-y garde ; une conversation en amènera une autre, et cela ne finira point, je le sens bien. (Acte 1, scène 8, HORTENSE)
  63. Je me flatte d'être de vos amis. (Acte 1, scène 10, FRÉDÉRIC)
  64. Vous savez que le premier secrétaire d'État de la Princesse vient de mourir, et je vous avoue que j'aspire à sa place ; dans le rang où je suis ; je n'ai plus qu'un pas à faire pour la remplir ; naturellement elle me paraît due ; il y a vingt-cinq ans que je sers l'État en qualité de conseiller de la Princesse ; je sais combien elle vous estime et défère à vos avis, je vous prie de faire en sorte qu'elle pense à moi ; vous ne pouvez obliger personne qui soit plus votre serviteur que je le suis. (Acte 1, scène 10, FRÉDÉRIC)
  65. Je vois bien que quelqu'un de mes ennemis vous aura indisposé contre moi. (Acte 1, scène 10, FRÉDÉRIC)
  66. J'ignore si vous avez craint la confiance dont elle m'honore ; mais depuis que je suis ici, vous n'avez rien oublié pour lui donner de moi des idées désavantageuses, et vous tremblez tous les jours, dites-vous, que je ne sois un espion gagé de quelque puissance, ou quelque aventurier qui s'enfuira au premier jour avec de grandes sommes, si on le met en état d'en prendre. (Acte 1, scène 10, LÉLIO)
  67. Si vous appelez cela de l'amitié, vous en avez beaucoup pour moi ; mais vous aurez de la peine à faire passer votre définition. (Acte 1, scène 10, L?LIO)
  68. Vous ne vouliez me perdre que parce que vous me soupçonniez d'être dangereux pour l'État ? (Acte 1, scène 10, LÉLIO)
  69. Vous êtes louable, Monsieur, et votre zèle est digne de récompense ; il me servira d'exemple. (Acte 1, scène 10, L?LIO)
  70. Vous avez craint qu'on ne m'avançât, parce que vous me croyez un espion ; et moi je craindrais qu'on ne vous fît ministre, parce que je ne crois pas que l'État y gagnât ; ainsi je ne parlerai point pour vous... (Acte 1, scène 10, L?LIO)
  71. Ce mariage-là serait une conspiration contre l'État, il faudrait travailler à vous faire ministre. (Acte 1, scène 10, LÉLIO)
  72. Un espion devenir votre gendre ! (Acte 1, scène 10, LÉLIO)
  73. Votre fille devenir la femme d'un aventurier ! (Acte 1, scène 10, L?LIO)
  74. Je vous demande grâce pour elle ; j'ai pitié de la victime que vous voulez sacrifier à votre ambition ; c'est trop aimer la fortune. (Acte 1, scène 10, L?LIO)
  75. Ah vous voilà dans votre figure naturelle, je vous vois le visage à présent ; il n'est pas joli, mais cela vaut toujours mieux que le masque que vous portiez tout à l'heure. (Acte 1, scène 10, LÉLIO)
  76. Vous faites mieux qu'un autre tout ce que vous voulez faire ; et quand votre présence sera nécessaire à l'armée, vous choisirez pour exercer vos fonctions ici ceux que vous en jugerez les plus capables : ce que vous ferez n'est pas sans exemple dans cet État. (Acte 1, scène 11, LA-PRINCESSE)
  77. Un homme sans nom, sans parents, sans patrie, car on ne sait d'où il vient, m'arrache le ministère, le fruit de trente années de travail !... (Acte 1, scène 12, FRÉDÉRIC)
  78. Et je n'en saurais douter, c'est l'amour qui a nommé ce ministre-là : oui, la Princesse a du penchant pour lui... (Acte 1, scène 12, FR?D?RIC)
  79. Voici le valet de cet aventurier ; tâchons à quelque prix que ce soit de le mettre dans mes intérêts, il pourra m'être utile. (Acte 1, scène 12, FR?D?RIC)
  80. Vingt-quatre, vingt-cinq, vingt-six et vingt-sept sols. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  81. J'en avais trente. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  82. Je vois bien qu'il t'en faut encore une autre. (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  83. Écoute ; j'ai bien peur que la faveur de ton maître ne soit pas longue ; elle est un grand coup de hasard. (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  84. Oui, vous mourrez bientôt, et vous me laisseriez orphelin de votre amitié. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  85. Je n'ai point d'esprit ; mais de la prudence, j'en ai que c'est une merveille ; et voilà comme je dis : Un homme qui se trouve bien assis, qu'a-t-il besoin de se mettre debout ? (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  86. J'ai bon pain, bon vin, bonne fricassée et bon visage, cent écus par an, et les étrennes au bout ; cela n'est-il pas magnifique ? (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  87. Je ne prétends pas que tu t'attaches à moi pour être mon domestique ; je veux te donner des emplois qui t'enrichiront, et par-dessus le marché te marier avec une jolie fille qui a du bien. (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  88. Vous me traitez comme votre enfant ; il n'y a pas à tortiller à cela. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  89. Pour cela, je suis drôle comme un coffre ; laissez faire, nous rirons comme des fous ensemble ; mais allons faire venir ce bien, ces emplois, et cette jolie fille, car j'ai hâte d'être riche et bien aise. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  90. Il peut arriver que, dans des moments, un homme chez lui dise de certaines choses et en fasse d'autres qui le décèlent, et dont on peut tirer des conjectures. (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  91. J'aime mieux vous faire mon billet comme quoi j'aurai reçu cette fille à compte ; je ne plaiderai pas contre mon écrit. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  92. Ne parlons point de votre argent, il est fort bon, je n'ai rien à lui dire ; mais, tenez, j'ai opinion que vous voulez me donner un office de fripon ; car qu'est-ce que vous voulez faire des paroles du seigneur Lélio, mon maître, là ? (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  93. Il y a de la malice là-dessous ; vous avez l'air d'un sournois ; je m'en vais gager dix sols contre vous, que vous ne valez rien. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  94. J'ai bien de la peine à m'empêcher d'être un coquin ; faut-il que l'honneur me ruine, qu'il m'ôte mon bien, mes emplois et une jolie fille ? (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  95. Encore une fois, es-tu fou d'être si longtemps à prendre ton parti ? (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  96. De me donner quelques instructions innocentes sur le chapitre d'un homme inconnu, qui demain tombera peut-être, et qui te laissera sur le pavé. (Acte 1, scène 13, FR?D?RIC)
  97. Tenez, votre jolie fille, ce n'est qu'une guenon ; vos emplois, de la marchandise de chien ; voilà mon dernier mot, et je m'en vais tout droit trouver la Princesse et mon maître ; peut-être récompenseront-ils le dommage que je souffre pour l'amour de ma bonne conscience. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  98. Tu vas trouver la Princesse et ton maître ! (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  99. Pour leur compter mon désastre, et toute votre marchandise. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  100. Ma vie n'a jamais servi de caution ; je boirai encore bouteille trente ans après votre trépassement. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  101. Arrête, Arlequin ; tu me mets au désespoir, tu ne sais pas la conséquence de ce que tu vas faire, mon enfant, tu me fais trembler ; c'est toi-même que je te conjure d'épargner, en te priant de sauver mon honneur ; encore une fois ; arrête, la situation d'esprit où tu me mets ne me punit que trop de mon imprudence. (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  102. Je passe mon chemin sans penser à mal, et puis vous venez à l'encontre de moi pour m'offrir des filles, et puis vous me donnez une pistole pour trois sols : est-ce que cela se fait ? (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  103. Moi, je prends cela, parce que je suis honnête, et puis vous me fourbez encore avec je ne sais combien d'autres pistoles que j'ai dans ma poche, et que je ferai venir en témoignage contre vous, comme quoi vous avez mitonné le coeur d'un innocent, qui a eu sa conscience et la crainte du bâton devant les yeux, et qui sans cela aurait trahi son bon maître, qui est le plus brave et le plus gentil garçon, le meilleur corps qu'on puisse trouver dans tous les corps du monde, et le factotum de la Princesse ; cela se peut-il souffrir ? (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  104. Pourtant, ce que c'est que d'être honnête homme ! (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  105. Allons, présentez-moi votre requête, appelez-moi un peu Monseigneur, pour voir comment cela fait ; je suis Frédéric à cette heure, et vous, vous êtes Arlequin. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  106. Quand je nierais le fait, c'est un homme simple qu'on n'en croira que trop sur une infinité d'autres présomptions, et la quantité d'argent que je lui ai donné prouve encore contre moi. (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  107. Allons, consolez-vous ; je suis las de faire le glorieux, cela est trop sot ; il n'y a que vous autres qui puissiez vous accoutumer à cela. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  108. J'aime cette couleur-là ; elle dure plus longtemps qu'une autre. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  109. Bon ; ces pistoles-là, c'est pour votre pénitence de m'avoir donné les autres pistoles. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  110. Mais, ces emplois, tu ne peux les exercer qu'en quittant ton maître. (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  111. Peut-être me le débauchera-t-elle mieux que je n'ai su faire. (Acte 1, scène 13, FRÉDÉRIC)
  112. Je ne veux ni vous battre ni vous voir à genoux ; je me contenterai de savoir ce que vous avez dit. (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  113. Écoutez-moi ; j'ai dit, en parlant de votre inimitable personne, j'ai dit... (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  114. Mais, m'amour, je n'avais pas encore vu votre gentil minois... ois... ois... ois... (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  115. Pas seulement le bout de votre nez. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  116. Ne me trouvez-vous pas de votre goût à présent ? (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  117. Mais qui diantre peut dire cela, combien je vous aime ?... (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  118. Je voudrais pouvoir vous entretenir fainéante toute votre vie : manger, boire et dormir, voilà l'ouvrage que je vous souhaite. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  119. Le seigneur Frédéric lui proposera de le servir contre un inconnu ; il refusera d'abord de le faire, parce qu'il s'imaginera que cela ne serait pas bien ; mais vous obtiendrez de lui ce qu'il aura refusé au seigneur Frédéric ; et de là, s'ensuivra pour vous deux une grosse fortune, dont vous jouirez mariés ensemble. (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  120. Je vous aime, cela est vrai ; je veux vous épouser, cela est encore vrai, et véritablement le seigneur Frédéric m'a proposé d'être un fripon ; je n'ai pas voulu l'être, et pourtant vous verrez qu'il faudra que j'en passe par là ; car quand une chose est prédite, elle ne manque pas d'arriver. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  121. Cet argent-là m'était dû comme une lettre de change ; si j'allais le rendre, cela gâterait l'horoscope, et il ne faut pas aller à l'encontre d'un astrologue. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  122. Gagnons, ma mie, gagnons, cela est juste, Arlequin est à vous, tournez-le, virez-le à votre fantaisie, je ne m'embrasse plus de lui, la prédiction m'a transporté à vous, elle sait bien ce qu'elle fait, il ne m'appartient pas de contredire à son ordonnance, je vous aime, je vous épouserai, je tromperai Monsieur Lélio, et je m'en gausse, le vent me pousse, il faut que j'aille, il me pousse à baiser votre menotte, il faut que je la baise. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  123. Il l'aura peut-être oublié. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  124. Voilà mon maître ; je dois être encore trois semaines avec lui pour guetter ce qu'il fera, et je vais voir s'il n'a pas besoin de moi. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  125. Je tremble que la Princesse, pendant la fête, n'ait surpris mes regards sur la personne que j'aime. (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  126. Il tremble à cause de la Princesse... (Acte 2, scène 2, ARLEQUIN)
  127. Si la Princesse vient à soupçonner mon penchant pour son amie, sa jalousie me la dérobera, et peut-être fera-t-elle pis. (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  128. J'aurais besoin d'une entrevue. (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  129. Qu'est-ce que c'est qu'une entrevue ? (Acte 2, scène 2, ARLEQUIN)
  130. Il me fait pitié pourtant ; car peut-être qu'il en mourra ; mais l'horoscope le veut. (Acte 2, scène 2, ARLEQUIN)
  131. Mon cher maître ! (Acte 2, scène 2, ARLEQUIN)
  132. Votre foi ? (Acte 2, scène 2, ARLEQUIN)
  133. Je ferai votre commission. (Acte 2, scène 2, ARLEQUIN)
  134. Un butor aurait été chagriner son maître sans lui en demander honnêtement le privilège. (Acte 2, scène 3, ARLEQUIN)
  135. Il me semble avoir vu de loin ton maître avec toi. (Acte 2, scène 4, LA-PRINCESSE)
  136. Il ne peut pas encore être loin, tu le trouveras sans doute.. (Acte 2, scène 4, LA-PRINCESSE)
  137. Un homme à qui vous avez fait apercevoir que je l'aime, un homme à qui j'ai cru voir du penchant pour moi, devrait, à votre discours, donner malgré lui quelques marques de joie, et vous ne me parlez que de son profond respect ; cela est bien froid. (Acte 2, scène 5, LA-PRINCESSE)
  138. Comment feriez-vous pour dire autrement ? (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  139. Je suis satisfaite de ce qu'il m'a répondu sur votre chapitre ; l'aimez-vous mieux de cette façon-là ? (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  140. Oui ; mais les faiblesses d'un enfant de votre âge sont dangereuses, et je voudrais bien n'avoir rien à démêler avec elles. (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  141. Je ne sais plus comment me conduire ; si je me tais, c'est du mystère ; si je parle, autre mystère ; enfin je suis mystère depuis les pieds jusqu'à la tête. (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  142. Quel étrange amour que le vôtre, Madame ! (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  143. Mais, Madame, c'est plus mon amour que le vôtre ; de la manière dont vous le prenez, il me fatigue plus que vous ; ne pourriez-vous me dispenser de votre confidence ? (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  144. Quand je répare mes soupçons à votre égard par l'aveu franc que je vous en fais, mon amour vous déplaît trop ; je n'y comprends rien ; on dirait presque que vous en avez peur. (Acte 2, scène 5, LA-PRINCESSE)
  145. Non, ma chère Hortense, vous ne me quitterez point ; je ne veux point vous perdre, je veux vous aimer, je veux que vous m'aimiez ; j'abjure toutes mes faiblesses ; vous êtes mon amie, je suis la vôtre, et cela durera toujours. (Acte 2, scène 5, LA-PRINCESSE)
  146. À l'égard de Lélio, vous continuerez de le voir avec moi ou sans moi, quand votre amie vous en priera. (Acte 2, scène 5, LA-PRINCESSE)
  147. D'ailleurs, s'il a toujours ce profond respect qui n'est pas de votre goût, vous vous en prendrez à moi, vous me direz encore : Cela est bien froid ; comme si je n'avais qu'à lui dire : Monsieur, soyez plus tendre. (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  148. Je ne sais si, pour vous accommoder, il me suffirait d'être aveugle, sourde et muette ; je ne serais peut-être pas encore à l'abri de votre chicane. (Acte 2, scène 5, HORTENSE)
  149. Si je refuse de le conclure, c'est entrer dans ses vues, et lui dire que je l'aime ; si je le conclus, c'est lui donner des preuves d'une indifférence dont elle cherchera les raisons. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  150. Non, Monsieur, n'espérez rien, je vous prie ; ne parlons plus de votre coeur, et laissez le mien en repos ; vous le troublez, je ne sais ce qu'il est devenu ; je n'entends parler que d'amour à droite et à gauche, il m'environne ; il m'obsède, et le vôtre, au bout du compte, est celui qui me presse le plus. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  151. Pourquoi me rencontrez-vous ici ? (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  152. Oui, très jalouse : peut-être actuellement sommes-nous observés l'un et l'autre ; et après cela vous venez me parler de votre passion, vous voulez que je vous aime ; vous le voulez, et je tremble de ce qui en peut arriver : car enfin on se lasse. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  153. Lélio, qu'est-ce que c'est que votre amour ? (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  154. Vous ne me ménagez point ; aime-t-on les gens quand on les persécute, quand ils sont plus à plaindre que nous, quand ils ont leurs chagrins et les nôtres, quand ils ne nous font un peu de mal que pour éviter de nous en faire davantage ? (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  155. C'est votre main qui manque à mon bonheur. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  156. Non, si je faisais jamais votre bonheur, je voudrais qu'il durât longtemps. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  157. Arrêtez, Lélio ; j'envisage un malheur qui me fait frémir ; je ne sache rien de si cruel que votre obstination ; il me semble que tout ce que vous me dites m'entretient de votre mort. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  158. Voici donc, à la lettre, ce que je pense, et ce que je penserai toujours : c'est que je ne vous aime point, et que je ne vous aimerai jamais. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  159. Je ne pense pas qu'à présent vous ayez envie de parler de votre amour ; ainsi changeons de sujet. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  160. Oui, Madame, je vois bien que votre résolution est prise. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  161. La seule espérance d'être uni pour jamais avec vous m'arrêtait encore ici ; je m'étais flatté, je l'avoue ; mais c'est bien peu de chose que l'intérêt que l'on prend à un homme à qui l'on peut parler comme vous le faites. (Acte 2, scène 7, L?LIO)
  162. Daignez donc consulter votre coeur. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  163. Adieu ; je vous dois la vie ; je ne vous devrai rien, si vous ne sauvez la vôtre. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  164. Vous me rappelez donc à votre tour ? (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  165. Vous m'aimez beaucoup, je le sais bien ; passons votre reconnaissance, nous dirons cela une autre fois. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  166. Mais vous n'avez qu'à me garder votre coeur, vous ne me donnerez rien qui le vaille ; achevons. (Acte 2, scène 7, HORTENSE)
  167. Vous savez, Monsieur, ce qui m'amène ici, et votre habileté me répond du succès de ma commission. (Acte 2, scène 8, L'AMBASSADEUR)
  168. Il s'agit d'un mariage entre votre Princesse et le roi de Castille, mon maître. (Acte 2, scène 8, L'AMBASSADEUR)
  169. Tout invite à le conclure ; jamais union ne fut peut-être plus nécessaire. (Acte 2, scène 8, L'AMBASSADEUR)
  170. Laissons là ces droits historiques, Monsieur ; je sais ce que c'est ; et quand on voudra, la Princesse en produira de même valeur sur les Etats du roi votre maître. (Acte 2, scène 8, LÉLIO)
  171. Laissons-les donc pour le présent, j'y consens ; mais la trop grande proximité des deux Etats entretient depuis vingt ans des guerres qui ne finissent que pour des instants, et qui recommenceront bientôt entre deux nations voisines, et dont les intérêts se croiseront toujours. (Acte 2, scène 8, L'AMBASSADEUR)
  172. Vos peuples sont fatigués ; mille occasions vous ont prouvé que vos ressources sont inégales aux nôtres. (Acte 2, scène 8, L'AMBASSADEUR)
  173. La paix que nous venons de faire avec vous, vous la devez à des circonstances qui ne se rencontreront pas toujours. (Acte 2, scène 8, L'AMBASSADEUR)
  174. Point du tout ; il en aurait été de cette guerre comme de toutes les autres. (Acte 2, scène 8, LÉLIO)
  175. Depuis tant de siècles que cet État se défend contre le vôtre, où sont vos progrès ? (Acte 2, scène 8, L?LIO)
  176. Ces mêmes secours dans bien des occasions vous ont aussi rendu de grands services ; et voilà comment subsistent les Etats : la politique de l'un arrête l'ambition de l'autre. (Acte 2, scène 8, LÉLIO)
  177. Retranchons-nous sur des choses plus effectives, sur la tranquillité durable que ce mariage assurerait aux deux peuples qui ne seraient plus qu'un, et qui n'auraient plus qu'un même maître. (Acte 2, scène 8, FRÉDÉRIC)
  178. Etes-vous sûr, Monsieur, qu'ils voudront bien passer sous une domination étrangère, et peut-être se soumettre aux coutumes d'une nation qui leur est antipathique ? (Acte 2, scène 8, LÉLIO)
  179. Votre avis est donc de rejeter le mariage que je propose ? (Acte 2, scène 8, L'AMBASSADEUR)
  180. On décidera sur les vôtres. (Acte 2, scène 8, FRÉDÉRIC)
  181. Vous êtes le maître. (Acte 2, scène 8, LÉLIO)
  182. Vous êtes ici dans une belle situation, et vous craignez d'en sortir, si la Princesse se marie ; mais le Roi mon maître est assez grand seigneur pour vous dédommager, et j'en réponds pour lui. (Acte 2, scène 8, L'AMBASSADEUR)
  183. De grâce, ne citez point ici le Roi votre maître ; soupçonnez-moi tant que vous voudrez de manquer de droiture, mais ne l'associez point à vos soupçons. (Acte 2, scène 8, LÉLIO)
  184. Vous m'allez encore parler à coeur ouvert, Monsieur, et si vous m'en croyez, vous n'en ferez rien ; la franchise ne vous réussit pas ; le Roi votre maître s'en est mal trouvé tout à l'heure, et vous m'inquiétez pour la Princesse. (Acte 2, scène 8, LÉLIO)
  185. La Princesse n'est sans doute que l'objet de vos respects ; mais le bruit qui court sur votre compte vous expose, et pour le détruire, je vous conseillerais de porter la Princesse à un mariage avantageux à l'État. (Acte 2, scène 8, L'AMBASSADEUR)
  186. Jusqu'ici les Ambassadeurs n'ont jamais été les précepteurs des ministres chez qui ils vont, et je n'ose renverser l'ordre. (Acte 2, scène 8, LÉLIO)
  187. Quand je verrai votre nouvelle méthode bien établie, je vous promets de la suivre. (Acte 2, scène 8, L?LIO)
  188. Le roi de Castille a pris de l'inclination pour la Princesse sur un portrait qu'il en a vu ; c'est en amant que ce jeune prince souhaite un mariage que la raison, l'égalité d'âge et la politique doivent presser de part et d'autre. (Acte 2, scène 8, L'AMBASSADEUR)
  189. Encore une fois, je ne rejette point votre proposition, nous l'examinerons plus à loisir ; mais si les raisons secrètes que vous voulez dire étaient réelles, Monsieur, je ne laisserais pas que d'embarrasser le ressentiment de votre prince. (Acte 2, scène 8, LÉLIO)
  190. Soit ; et moi je n'ai, si vous le voulez, que mon coeur pour tout avantage ; mais les égards que l'on doit à la seule vertu sont aussi légitimes que les respects que l'on doit aux princes ; et fussiez-vous le roi de Castille même, si vous êtes généreux, vous ne sauriez penser autrement. (Acte 2, scène 8, LÉLIO)
  191. Je ne vous ai point manqué de respect, supposé que je vous en doive ; mais les sentiments que je vous montre depuis que je vous parle méritaient de votre part plus d'attention que vous ne leur en avez donné. (Acte 2, scène 8, L?LIO)
  192. La manière dont vous venez de lui parler me fait présumer bien des choses ; peut-être sous le titre d'Ambassadeur nous cachez-vous... (Acte 2, scène 9, FRÉDÉRIC)
  193. Cependant, si nous ne le renversons, vous ne pouvez réussir ; ne joindrez-vous pas vos efforts aux nôtres ? (Acte 2, scène 9, FRÉDÉRIC)
  194. J'y consens, à condition que nous ne tenterons rien qui soit indigne de nous ; je veux le combattre généreusement, comme il le mérite. (Acte 2, scène 9, L'AMBASSADEUR)
  195. Et puis je cours encore, patati, patata ; je jure, je rencontre un porteur d'eau, je renverse son eau : N'avez-vous pas vu le seigneur Frédéric ? (Acte 2, scène 10, ARLEQUIN)
  196. J'y rentre, je trouve du vin, je bois chopine, je m'apaise, et puis je reviens ; et puis vous voilà. (Acte 2, scène 10, ARLEQUIN)
  197. Pourquoi est-ce que vous laissez votre bourse à la maison ? (Acte 2, scène 10, ARLEQUIN)
  198. Cet argent promis m'envoie des scrupules ; si vous pouviez me donner des gages ; ce petit diamant qui est à votre doigt, par exemple ? (Acte 2, scène 10, ARLEQUIN)
  199. Vous êtes honnête homme, et votre bague aussi. (Acte 2, scène 10, ARLEQUIN)
  200. Il en pense, ma foi, bien d'autres ! (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  201. C'est que, voyez-vous, Madame, il n'y a mardi point de chanson à cela, je suis bon serviteur de Votre Principauté. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  202. Dame, quand on vous parle, à vous autres, ce n'est pas le tout que d'ôter son chapeau, il faut bien mettre en avant quelque petite faribole au bout. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  203. Vous saurez donc, avec votre permission, que tantôt j'écoutais Monsieur Lélio, qui faisait la conversation des fous, car il parlait tout seul. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  204. Oui, il a dit : Je tremble. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  205. Car, a-t-il repris, j'ai lorgné ma gentille maîtresse pendant cette belle fête ; et si cette Princesse, qui est plus fine qu'un merle, a vu trotter ma prunelle, mon affaire va mal, j'en dis du mirlirot. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  206. Là-dessus autre promenade, ensuite autre conversation. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  207. Par la ventre-bleu ! (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  208. Je suis donc venu comme un honnête garçon, et voilà que je vous découvre le pot aux roses : peut-être que je ne vous dis pas les mots, mais je vous dis la signification du discours, et le tout gratis, si cela vous plaît. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  209. Madame, vous m'avez dit quelquefois que je présumais mal de Lélio ; voyez l'abus qu'il fait de votre estime. (Acte 2, scène 11, FRÉDÉRIC)
  210. Pour toi, je vais t'apprendre à trahir ton maître, à te mêler de choses que tu ne devais pas entendre et à me compromettre dans l'impertinente répétition que tu en fais ; une étroite prison me répondra de ton silence. (Acte 2, scène 11, LA-PRINCESSE)
  211. Je ne suis qu'un butor, et c'est ce misérable conseiller de malheur qui m'a brouillé avec votre charitable personne. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  212. Je ne suis qu'un chétif valet, et si pourtant, je voulais être homme de bien ; et lui, qui est riche et grand seigneur, il n'a jamais eu le coeur d'être honnête homme. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  213. - En voilà encore une autre. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  214. - Veux-tu me rapporter ce que tu entendras dire à ton maître ? (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  215. Montrez-la pour voir. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  216. Il me doit encore une pension de cent écus par an, et j'ai déjà reçu la fillette, que je ne puis pas vous montrer, parce qu'elle n'est pas là ; sans compter une prophétie qui a parlé, à ce qu'ils disent, de mon argent, de ma fortune et de ma friponnerie. (Acte 2, scène 11, ARLEQUIN)
  217. Non, Madame, restez, je suis bien aise d'être seule ; mais ne vous écartez point. (Acte 2, scène 11, LA-PRINCESSE)
  218. Oui-da, Monsieur, faut-il demander qu'on vous ôte la vie, pour vous délivrer du malheur d'être détesté de tous les hommes ? (Acte 2, scène 12, HORTENSE)
  219. Mon maître bien-aimé, venez que je vous baise les pieds, je ne suis pas digne de vous baiser les mains. (Acte 2, scène 13, ARLEQUIN)
  220. Votre valet, payé par Frédéric, a rapporté à la Princesse ce qu'il vous a entendu dire dans un moment où vous vous croyiez seul. (Acte 2, scène 13, HORTENSE)
  221. Non ; mais apparemment on la connaît bien ; et voilà l'obligation que vous avez à Frédéric, dont les présents ont corrompu votre valet. (Acte 2, scène 13, HORTENSE)
  222. Oui, Monsieur, je vous l'avouerai encore une fois, j'ai cru bien servir l'État et la Princesse en tâchant d'arrêter votre fortune ; suivez ma conduite, elle me justifie. (Acte 2, scène 13, FRÉDÉRIC)
  223. Je vous ai prié de travailler à me faire premier ministre, il est vrai ; mais quel pouvait être mon dessein ? (Acte 2, scène 13, FR?D?RIC)
  224. Non, Monsieur ; trente années d'exercice m'ont rassasié d'emplois et d'honneurs, il ne me faut que du repos ; mais je voulais m'assurer de vos idées, et voir si vous aspiriez vous-même au rang que je feignais de souhaiter. (Acte 2, scène 13, FR?D?RIC)
  225. J'allais dans ce cas parler à la Princesse, et la détourner, autant que j'aurais pu, de remettre tant de pouvoir entre des mains dangereuses et tout à fait inconnues. (Acte 2, scène 13, FR?D?RIC)
  226. Pour achever de vous pénétrer, je vous ai offert ma fille ; vous l'avez refusée ; je l'avais prévu, et j'ai tremblé du projet dont je vous ai soupçonné sur ce refus, et du succès que pouvait avoir ce projet même. (Acte 2, scène 13, FR?D?RIC)
  227. Car enfin, vous avez la faveur de la Princesse, vous êtes jeune et aimable, tranchons le mot, vous pouvez lui plaire, et jeter dans son coeur de quoi lui faire oublier ses véritables intérêts et les nôtres, qui étaient qu'elle épousât le roi de Castille. (Acte 2, scène 13, FR?D?RIC)
  228. Voilà ce que j'appréhendais, et la raison de tous les efforts que j'ai fait contre vous. (Acte 2, scène 13, FR?D?RIC)
  229. Je ne vous le reproche pas : les vues jalouses et ambitieuses ne sont que trop ordinaires à mes pareils ; et ne me connaissant pas, il vous était permis de me confondre avec eux, de méconnaître un zèle assez rare, et qui d'ailleurs se montrait par des actions équivoques. (Acte 2, scène 13, FR?D?RIC)
  230. Quoi qu'il en soit, tout louable qu'il est, ce zèle, je me vois près d'en être la victime. (Acte 2, scène 13, FR?D?RIC)
  231. Peut-être êtes-vous digne qu'ils réussissent, et la manière dont vous en userez avec moi dans l'état où je suis, l'usage que vous ferez de votre crédit auprès de la Princesse, enfin la destinée que j'éprouverai, décidera de l'opinion que je dois avoir de vous. (Acte 2, scène 13, FR?D?RIC)
  232. Si je péris après d'aussi louables intentions que les miennes, je ne me serai point trompé sur votre compte ; je périrai du moins avec la consolation d'avoir été l'ennemi d'un homme qui, en effet, n'était pas vertueux. (Acte 2, scène 13, FR?D?RIC)
  233. Je vous sauverai si je puis, Frédéric ; vous me faites du tort ; mais l'honnête homme n'est pas méchant, et je ne saurais refuser ma pitié aux opprobres dont vous couvre votre caractère. (Acte 2, scène 13, LÉLIO)
  234. Votre pitié !... (Acte 2, scène 13, FRÉDÉRIC)
  235. Adieu, Lélio ; peut-être à votre tour aurez-vous besoin de la mienne. (Acte 2, scène 13, FR?D?RIC)
  236. L'on va peut-être me séparer d'avec vous, et vous ne voulez pas me regarder, ni voir combien je vous aime ! (Acte 2, scène 14, HORTENSE)
  237. Montrez-moi du moins combien vous m'aimez, je veux vous voir. (Acte 2, scène 14, HORTENSE)
  238. Vous êtes dans son palais sans secours, vous m'avez donné votre coeur, tout cela serait affreux pour elle ; vous péririez, j'en suis sûre ; elle est déjà jalouse, elle deviendrait furieuse, elle en perdrait l'esprit ; elle aurait raison de le perdre, je le perdrais comme elle, et toute la terre le perdrait. (Acte 2, scène 14, HORTENSE)
  239. Peut-être allez-vous être arrêté ; ne restons point ici, retirons-nous ; je suis mourante de frayeur pour vous ; mon cher Prince, que vous m'avez donné d'amour ! (Acte 2, scène 14, HORTENSE)
  240. Adieu ; ne restons point à présent ensemble, peut-être nous verrons-nous libres. (Acte 2, scène 14, HORTENSE)
  241. Voici quelqu'un, retirons-nous, c'est peut-être la Princesse, et je ne veux pas qu'elle me voie dans ce moment-ci. (Acte 3, scène 1, HORTENSE)
  242. La Princesse vous a tantôt envoyé chercher ; est-elle encore fâchée contre nous ? (Acte 3, scène 2, LISETTE)
  243. J'ai donc avancé un pied, et puis un autre pied, et puis un troisième pied, et de pied en pied je me suis trouvé vers elle, mon chapeau sur mes deux mains. (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  244. Elle a répondu : Va-t'en dire à Hortense que ton maître, à qui on t'a permis de parler, t'a donné en secret ce billet pour elle. (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  245. Et vous croyez qu'Hortense est de concert avec la Princesse, et qu'elle lui rendra compte de votre sincérité ? (Acte 3, scène 2, LISETTE)
  246. Qu'a-t-elle répondu à votre message ? (Acte 3, scène 2, LISETTE)
  247. Il faut absolument le remettre à la Princesse, Arlequin, n'y manquez pas ; son intention n'était pas que vous avouassiez que ce billet venait d'elle ; par bonheur que votre aveu n'a servi qu'à persuader à Hortense qu'elle pouvait se fier à vous ; peut-être même ne vous aurait-elle pas donné un billet pour Lélio sans cela ; votre imprudence a réussi ; mais encore une fois, remettez la réponse à la Princesse, elle ne vous pardonnera qu'à ce prix. (Acte 3, scène 2, LISETTE)
  248. Votre foi ? (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  249. J'entends du bruit, c'est peut-être elle qui vient pour vous le demander. (Acte 3, scène 2, LISETTE)
  250. Oui, Madame, je lui ai menti, suivant votre ordonnance. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  251. Notre tromperie va à merveille ; j'ai un billet doux pour Monsieur Lélio. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  252. Vous verrez que la lettre aura passé par ce trou-là. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  253. Non ; peut-être que je l'aurai oubliée à l'office, où j'ai été pour me rafraîchir. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  254. On aurait de la peine à se l'imaginer ; et à votre place, je voudrais encore m'éclaircir. (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  255. Il entre peut-être dans son coeur plus de timidité que d'indifférence. (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  256. Votre amitié pour moi vous fournit des motifs de consolation bien faibles, ou vous êtes bien distraite ! (Acte 3, scène 5, LA-PRINCESSE)
  257. On ne peut être plus attentive que je le suis, Madame. (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  258. Je parlais pour une princesse ; la matière était délicate, je vous aurai peut-être un peu trop ménagée, je me serai expliquée d'une manière obscure, Lélio ne m'aura pas entendue et ce sera ma faute. (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  259. Je crains, à mon tour, que votre ménagement pour moi n'ait été plus loin que vous ne dites ; peut-être ne l'avez-vous pas entretenu de mes sentiments ; peut-être l'avez-vous trouvé prévenu pour une autre ; et vous, qui prenez à mon coeur un intérêt si tendre, si généreux, vous m'avez fait un mystère de tout ce qui s'est passé ; c'est une discrétion prudente, dont je vous crois très capable. (Acte 3, scène 5, LA-PRINCESSE)
  260. Madame, je puis vous être importune en ce moment-ci ; je me retirerai, si vous voulez. (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  261. C'est moi qui vous suis à charge ; notre conversation vous fatigue, je le sens bien ; mais cependant restez, vous me devez un peu de complaisance. (Acte 3, scène 5, LA-PRINCESSE)
  262. Il ne me reste plus qu'à découvrir ma rivale, et cela va être fait ; vous auriez pu me la faire connaître, sans doute ; mais vous la trouvez trop coupable, et vous avez raison. (Acte 3, scène 5, LA-PRINCESSE)
  263. Votre rivale ! (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  264. Je suis prête à partir tout à l'heure, indiquez-moi l'endroit où vous voulez que j'aille, ôtez-moi la liberté, s'il est nécessaire, rendez-la ensuite à Lélio, faites-lui un accueil obligeant, rejetez sa détention sur quelques faux avis ; montrez-lui dès aujourd'hui plus d'estime, plus d'amitié que jamais, et de cette amitié qui le frappe, qui l'avertisse de vous étudier ; et dans trois jours, dans vingt-quatre heures, peut-être saurez-vous à quoi vous en tenir avec lui. (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  265. Et que serait-ce donc que votre coeur, si vous étiez coupable après cela ? (Acte 3, scène 5, LA-PRINCESSE)
  266. Calmez-vous, j'attends des preuves incontestables de votre innocence. (Acte 3, scène 5, LA PRINCESSE)
  267. Je l'ai envoyé chercher, et je veux le charger du soin de mettre Lélio en lieu où il ne pourra me nuire ; il m'échapperait s'il était libre, et me rendrait la fable de toute la terre. (Acte 3, scène 5, LA PRINCESSE)
  268. Arlequin est le seul par qui je puisse vous avertir de ce que j'ai à vous dire, tout dangereux qu'il est peut-être de s'y fier ; il vient de me donner une preuve de fidélité, sur laquelle je crois pouvoir hasarder ce billet pour vous, dans le péril où vous êtes. (Acte 3, scène 6, LA-PRINCESSE)
  269. Demandez à parler à la Princesse, plaignez-vous avec douleur de votre situation, calmez son coeur, et n'oubliez rien de ce qui pourra lui faire espérer qu'elle touchera le vôtre... (Acte 3, scène 6, LA PRINCESSE)
  270. Devenez libre, si vous voulez que je vive ; fuyez après, et laissez à mon amour le soin d'assurer mon bonheur et le vôtre. (Acte 3, scène 6, LA PRINCESSE)
  271. Seigneur, je vous demande un moment d'entretien. (Acte 3, scène 7, HORTENSE)
  272. Vous haïssez Lélio, il ne mérite plus votre haine, il est à plaindre aujourd'hui. (Acte 3, scène 7, HORTENSE)
  273. À l'égard de l'honneur, je n'y touche pas ; j'attends toujours à la dernière extrémité pour décider contre les gens là-dessus. (Acte 3, scène 7, FRÉDÉRIC)
  274. Oui, Madame, très sincère, c'est un titre que je ne pourrais vous disputer sans injustice ; tantôt, quand je vous ai demandé votre protection, vous m'avez donné des preuves de franchise qui ne souffrent pas un mot de réplique. (Acte 3, scène 7, FRÉDÉRIC)
  275. La Princesse a des desseins contre Lélio, dont elle doit vous charger ; détournez-la de ces desseins ; obtenez d'elle que Lélio sorte dès à présent de ses Etats ; vous n'obligerez point un ingrat. (Acte 3, scène 7, HORTENSE)
  276. Si vous saviez de qui vous parlez, vous changeriez bien de langage ; je n'ose en dire plus, je jetterais peut-être Lélio dans un nouveau péril. (Acte 3, scène 7, HORTENSE)
  277. Quoi qu'il en soit, les avantages que vous trouveriez à le servir n'ont point de rapport à sa fortune présente ; ceux dont je vous entretiens sont d'une autre sorte, et bien supérieurs. (Acte 3, scène 7, HORTENSE)
  278. Si, avant que d'en venir là, elle m'avait demandé mon avis, ce qu'elle a fait, j'aurais cru, je vous jure, être obligé en conscience de lui conseiller de le faire ; cela posé, vous voyez quel est mon devoir dans cette occasion-ci, Madame, la conséquence est aisée à tirer. (Acte 3, scène 7, FRÉDÉRIC)
  279. Très aisée, seigneur Frédéric ; vous avez raison ; dès que vous me renvoyez à votre conscience, tout est dit ; je sais quelle espèce de devoirs sa délicatesse peut vous dicter. (Acte 3, scène 7, HORTENSE)
  280. Sur ce pied-là, Madame, loin de conseiller à la Princesse de laisser échapper un homme aussi dangereux que Lélio, et qui pourrait le devenir encore, vous approuverez que je lui montre la nécessité qu'il y a de m'en laisser disposer d'une manière qui sera douce pour Lélio, et qui pourtant remédiera à tout. (Acte 3, scène 7, FRÉDÉRIC)
  281. Je serais curieuse, seigneur Frédéric, de savoir par quelles voies vous rendriez Lélio suspect ; voyons, de grâce, jusqu'où l'industrie de votre iniquité pourrait tromper la Princesse sur un homme aussi ennemi du mal que vous l'êtes du bien ; car voilà son portrait et le vôtre. (Acte 3, scène 7, HORTENSE)
  282. Vous êtes du sang de nos souverains ; Lélio travaillait à se rendre maître de l'État ; son malheur vous consterne : tout cela amènerait des réflexions qui pourraient vous embarrasser. (Acte 3, scène 7, FRÉDÉRIC)
  283. Allez, Frédéric, je ne vous demande plus rien ; vous êtes trop méchant pour être à craindre ; votre méchanceté vous met hors d'état de nuire à d'autres qu'à vous-même ; à l'égard de Lélio, sa destinée, non plus que la mienne, ne relèvera jamais de la lâcheté de vos pareils. (Acte 3, scène 7, HORTENSE)
  284. Voici Monsieur l'Ambassadeur, et vous me permettrez de le joindre. (Acte 3, scène 7, FRÉDÉRIC)
  285. La Princesse est irritée contre Lélio ; elle a dessein de le mettre entre les mains du plus grand ennemi qu'il ait ici, c'est Frédéric. (Acte 3, scène 8, HORTENSE)
  286. Sauvez Lélio, Seigneur, engagez la Princesse à vous le confier ; vous serez charmé de l'avoir servi, quand vous le connaîtrez, et le roi de Castille même vous saura gré du service que vous lui rendrez. (Acte 3, scène 8, HORTENSE)
  287. Ce prince, en me chargeant des intérêts de son coeur auprès de vous, m'a recommandé encore d'être secourable à tout le monde ; c'est donc en son nom que je vous prie de pardonner à Lélio les sujets de colère que vous pouvez avoir contre lui. (Acte 3, scène 9, L'AMBASSADEUR)
  288. Quoiqu'il ait mis quelque obstacle aux désirs de mon maître, il faut que je lui rende justice ; il m'a paru très estimable, et je saisis avec plaisir l'occasion qui s'offre de lui être utile. (Acte 3, scène 9, L'AMBASSADEUR)
  289. La prière que vous me faites aurait suffi, Monsieur, pour m'engager à rendre la liberté à Lélio, quand même je n'y aurais pas été déterminée ; mais votre recommandation doit hâter mes résolutions, et je ne l'envoie chercher que pour vous satisfaire. (Acte 3, scène 10, LA-PRINCESSE)
  290. Pour vous, Monsieur, qui m'avez prié si généreusement de pardonner à Lélio, vous pouvez informer le Roi votre maître que je suis prête à recevoir sa main et à lui donner la mienne. (Acte 3, scène 11, LA-PRINCESSE)
  291. J'ai grande idée d'un prince qui sait se choisir des ministres aussi estimables que vous l'êtes, et son coeur... (Acte 3, scène 11, LA PRINCESSE)
  292. Vous trouverez dans le prince de Léon tout le zèle qu'il eut pour vous en qualité de ministre ; je me flatte qu'à son tour le roi de Castille voudra bien accepter mes remerciements. (Acte 3, scène 11, LÉLIO)
  293. Prince, votre rang ne me surprend point : il répond aux sentiments que vous m'avez montrés. (Acte 3, scène 11, LE-ROI-DE-CASTILLE)

LES FAUSSES CONFIDENCES (1738)

  1. Voyez, Monsieur, n'en faites pas de façon : nous avons ordre de Madame d'être honnête, et vous êtes témoin que je le suis. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  2. Non, vous dis-je, je serai bien aise d'être un moment seul. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  3. Excusez, Monsieur, et restez à votre fantaisie. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  4. Vous n'avez rien dit de notre projet à Monsieur_Remy, votre parent ? (Acte 1, scène 2, DUBOIS)
  5. Voilà tout, et je n'aurais garde de lui confier notre projet, non plus qu'à personne, il me paraît extravagant, à moi qui m'y prête. (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  6. Laissons cela, Monsieur ; tenez, en un mot, je suis content de vous ; vous m'avez toujours plu ; vous êtes un excellent homme, un homme que j'aime ; et si j'avais bien de l'argent, il serait encore à votre service. (Acte 1, scène 2, DUBOIS)
  7. Quand pourrai-je reconnaître tes sentiments pour moi ? (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  8. Ma fortune serait la tienne ; mais je n'attends rien de notre entreprise, que la honte d'être renvoyé demain. (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  9. Votre bonne mine est un Pérou ! (Acte 1, scène 2, DUBOIS)
  10. Tournez-vous un peu, que je vous considère encore ; allons, Monsieur, vous vous moquez, il n'y a point de plus grand seigneur que vous à Paris : voilà une taille qui vaut toutes les dignités possibles, et notre affaire est infaillible, absolument infaillible ; il me semble que je vous vois déjà en déshabillé dans l'appartement de Madame. (Acte 1, scène 2, DUBOIS)
  11. Vous êtes actuellement dans votre salle et vos équipages sont sous la remise. (Acte 1, scène 2, DUBOIS)
  12. Je l'aime avec passion, et c'est ce qui fait que je tremble ! (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  13. Vous m'impatientez avec vos terreurs : eh que diantre ! (Acte 1, scène 2, DUBOIS)
  14. Je m'en charge, je le veux, je l'ai mis là ; nous sommes convenus de toutes nos actions ; toutes nos mesures sont prises ; je connais l'humeur de ma maîtresse, je sais votre mérite, je sais mes talents, je vous conduis, et on vous aimera, toute raisonnable qu'on est ; on vous épousera, toute fière qu'on est, et on vous enrichira, tout ruiné que vous êtes, entendez-vous ? (Acte 1, scène 2, DUBOIS)
  15. Quand l'amour parle, il est le maître, et il parlera : adieu ; je vous quitte ; j'entends quelqu'un, c'est peut-être Monsieur_Remy ; nous voilà embarqués poursuivons. (Acte 1, scène 2, DUBOIS)
  16. Et de fort bonne famille : c'est moi qui ai succédé à son père ; il était fort ami du vôtre ; homme un peu dérangé ; sa fille est restée sans bien ; la dame d'ici a voulu l'avoir ; elle l'aime, la traite bien moins en suivante qu'en amie, lui a fait beaucoup de bien, lui en fera encore, et a offert même de la marier. (Acte 1, scène 3, MONSIEUR REMY)
  17. Marton a d'ailleurs une vieille parente asthmatique dont elle hérite, et qui est à son aise ; vous allez être tous deux dans la même maison ; je suis d'avis que vous l'épousiez : qu'en dites-vous ? (Acte 1, scène 3, MONSIEUR REMY)
  18. Ainsi, mon neveu, prenez toujours vos petites précautions, et vous mettez en état de vous passer de mon bien, que je vous destine aujourd'hui, et que je vous ôterai demain peut-être. (Acte 1, scène 3, MONSIEUR REMY)
  19. Ce neveu-là est bon à montrer ; il ne dépare point la famille. (Acte 1, scène 4, MARTON)
  20. Mademoiselle, votre père et le sien s'aimaient beaucoup ; pourquoi les enfants ne s'aimeraient-ils pas ? (Acte 1, scène 4, MONSIEUR REMY)
  21. Je vous laisse le soin de présenter votre futur à Madame. (Acte 1, scène 4, MONSIEUR REMY)
  22. Votre amour me paraît bien prompt, sera-t-il aussi durable ? (Acte 1, scène 5, MARTON)
  23. Autant l'un que l'autre, Mademoiselle. (Acte 1, scène 5, DORANTE)
  24. J'admire ce penchant dont on se prend tout d'un coup l'un pour l'autre. (Acte 1, scène 5, MARTON)
  25. Dès que c'est un honnête homme, il aura lieu d'être content. (Acte 1, scène 6, ARAMINTE)
  26. Oui, Madame ; mon père était avocat, et je pourrais l'être moi-même. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  27. C'est une chose qui me blesse, surtout dans les personnes de son âge ; car vous n'avez que trente ans tout au plus ? (Acte 1, scène 7, ARAMINTE)
  28. Je commence à l'être aujourd'hui, Madame. (Acte 1, scène 7, DORANTE)
  29. On vous montrera l'appartement que je vous destine ; s'il ne vous convient pas, il y en a d'autres, et vous choisirez. (Acte 1, scène 7, ARAMINTE)
  30. Je ne te donne point ton congé, je te payerai pour être à Monsieur. (Acte 1, scène 8, ARAMINTE)
  31. Je représente à Madame que cela ne serait pas juste : je ne donnerai pas ma peine d'un côté, pendant que l'argent me viendra d'un autre. (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  32. Il faut que vous ayez mon service, puisque j'aurai vos gages ; autrement je friponnerais, Madame. (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  33. C'est une autre affaire. C'est Madame qui donnera ordre à Monsieur de souffrir mon service, que je lui prêterai par le commandement de Madame. (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  34. Voici votre marchande qui vous apporte des étoffes, Madame. (Acte 1, scène 8, UN-DOMESTIQUE)
  35. Oh ça, Monsieur, nous sommes donc l'un à l'autre, et vous avez le pas sur moi ? (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  36. Un moment, avec votre permission. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  37. Vous a-t-on donné ordre d'être servi gratis ? (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  38. Voilà une action de maître. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  39. À votre aise le reste. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  40. Vous avez lieu d'être satisfait de l'accueil de Madame ; elle paraît faire cas de vous, et tant mieux, nous n'y perdons point. (Acte 1, scène 10, MARTON)
  41. À trente ans, on est en âge d'être intendant de maison, Madame. (Acte 1, scène 10, MARTON)
  42. Vous allez donc faire ici votre apprentissage ? (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  43. Pourvu que Monsieur ne s'écarte pas des intentions que nous avons, il me sera indifférent que ce soit lui ou un autre. (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  44. Mais Madame_la_Comtesse_Dorimont aurait un rang si élevé, irait de pair avec des personnes d'une si grande distinction, qu'il me tarde de voir ce mariage conclu ; et, je l'avoue, je serai charmée moi-même d'être la mère de Madame_la_Comtesse_Dorimont, et de plus que cela peut-être ; car Monsieur_le_Comte_Dorimont est en passe d'aller à tout. (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  45. Les paroles sont-elles données de part et d'autre ? (Acte 1, scène 10, DORANTE)
  46. Elle souhaiterait seulement, dit-elle, d'être bien instruite de l'état de l'affaire et savoir si elle n'a pas meilleur droit que Monsieur_le_Comte, afin que, si elle l'épouse, il lui en ait plus d'obligation. (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  47. Le beau nom de Dorimont et le rang de comtesse ne la touchent pas assez ; elle ne sent pas le désagrément qu'il y a de n'être qu'une bourgeoise. (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  48. Peut-être n'en sera-t-elle pas plus heureuse, si elle en sort. (Acte 1, scène 10, DORANTE)
  49. Gardez votre petite réflexion roturière, et servez-nous, si vous voulez être de nos amis. (Acte 1, scène 10, MADAME ARGANTE)
  50. C'est un petit trait de morale qui ne gâte rien à notre affaire. (Acte 1, scène 10, MARTON)
  51. Au surplus, que vous importe ce que vous direz à la fille, dès que la mère sera votre garant ? (Acte 1, scène 11, MARTON)
  52. Vous m'excuserez : ce sera toujours l'engager à prendre un parti qu'elle ne prendrait peut-être pas sans cela. (Acte 1, scène 11, DORANTE)
  53. Mais vous aimez votre maîtresse : et si elle n'était pas heureuse avec cet homme-là, ne vous reprocheriez-vous pas d'y avoir contribué pour une si misérable somme ? (Acte 1, scène 11, DORANTE)
  54. Elle me l'a dit, et voudrait bien que j'en eusse pris un autre que vous. (Acte 1, scène 12, ARAMINTE)
  55. Je n'ai point d'autre ambition. (Acte 1, scène 12, DORANTE)
  56. Parlons de ce que j'ai à vous dire ; mais que ceci soit secret entre nous, je vous prie. (Acte 1, scène 12, ARAMINTE)
  57. C'est que si, dans votre procès, vous avez le bon droit de votre côté, on souhaite que je vous dise le contraire, afin de vous engager plus vite à ce mariage ; et j'ai prié qu'on m'en dispensât. (Acte 1, scène 12, DORANTE)
  58. Votre fidélité ne me surprend point ; j'y comptais. (Acte 1, scène 12, ARAMINTE)
  59. Madame la Marquise se porte mieux, Madame et vous est fort obligée... fort obligée de votre attention. (Acte 1, scène 13, DUBOIS)
  60. Lui, votre intendant ! (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  61. Il n'y a point de plus brave homme dans toute la terre ; il a, peut-être, plus d'honneur à lui tout seul que cinquante honnêtes gens ensemble. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  62. C'est une probité merveilleuse ; il n'a peut-être pas son pareil. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  63. De quoi peut-il donc être question ? (Acte 1, scène 14, ARAMINTE)
  64. Il fera ce qu'il voudra ; mais je ne le garderai pas : on a bien affaire d'un esprit renversé ; et peut-être encore, je gage, pour quelque objet qui n'en vaut pas la peine ; car les hommes ont des fantaisies... (Acte 1, scène 14, ARAMINTE)
  65. Madame, ce fut un jour que vous sortîtes de l'Opéra, qu'il perdit la raison ; c'était un vendredi, je m'en ressouviens ; oui, un vendredi ; il vous vit descendre l'escalier, à ce qu'il me raconta, et vous suivit jusqu'à votre carrosse ; il avait demandé votre nom, et je le trouvai qui était comme extasié ; il ne remuait plus. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  66. J'espérais que cela se passerait, car je l'aimais : c'est le meilleur maître ! (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  67. C'est à la Comédie qu'on va, me disait-il ; et je courais faire mon rapport, sur lequel, dès quatre heures, mon homme était à la porte. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  68. C'est chez Madame celle-ci, c'est chez Madame celle-là ; et sur cet avis, nous allions toute la soirée habiter la rue, ne vous déplaise, pour voir Madame entrer et sortir, lui dans un fiacre, et moi derrière, tous deux morfondus et gelés ; car c'était dans l'hiver ; lui, ne s'en souciant guère ; moi, jurant par-ci par-là pour me soulager. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  69. Mais n'alla-t-il pas, deux jours après, vous rencontrer aux Tuileries, où il avait été s'attrister de votre absence. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  70. Au retour il était furieux, il voulut me battre, tout bon qu'il est ; moi, je ne le voulus point, et je le quittai. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  71. Mon bonheur ensuite m'a mis chez Madame, où, à force de se démener, je le trouve parvenu à votre intendance, ce qu'il ne troquerait pas contre la place de l'empereur. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  72. Est-ce que vous croyez qu'il songe à être aimé ? (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  73. Il dit que dans l'univers il n'y a personne qui le mérite ; il ne veut que vous voir, vous considérer, regarder vos yeux, vos grâces, votre belle taille ; et puis c'est tout : il me l'a dit mille fois. (Acte 1, scène 14, DUBOIS)
  74. Allons, je patienterai quelques jours, en attendant que j'en aie un autre ; au surplus, ne crains rien, je suis contente de toi ; je récompenserai ton zèle, et je ne veux pas que tu me quittes, entends-tu, Dubois. (Acte 1, scène 14, ARAMINTE)
  75. Je ne suis pas heureux ; rien ne me réussit, et j'aurai la douleur d'être renvoyé. (Acte 1, scène 15, DORANTE)
  76. Et d'ailleurs, votre situation est si tranquille et si douce. (Acte 1, scène 15, DORANTE)
  77. Marton vous cherche pour vous montrer l'appartement qu'on vous destine. (Acte 1, scène 16, DUBOIS)
  78. Dis-lui que Madame m'attend pour me remettre des papiers, et que j'irai la trouver dès que je les aurai. (Acte 1, scène 16, DORANTE)
  79. N'êtes-vous pas un peu trop prévenu contre le mariage, et par conséquent contre Monsieur_le_Comte ? (Acte 2, scène 1, ARAMINTE)
  80. En tout cas, si je l'épouse, et qu'il veuille en mettre un autre ici à votre place, vous n'y perdrez point ; je vous promets de vous en trouver une meilleure. (Acte 2, scène 1, ARAMINTE)
  81. Je viens d'apprendre que le concierge d'une de vos terres est mort : on pourrait y mettre un de vos gens ; et j'ai songé à Dubois, que je remplacerai ici par un domestique dont je réponds. (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  82. Non, envoyez plutôt votre homme au château, et laissez-moi Dubois : c'est un garçon de confiance, qui me sert bien et que je veux garder. (Acte 2, scène 1, ARAMINTE)
  83. Ne me nuirait-il point dans votre esprit ? (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  84. Madame, je suis votre très humble serviteur. (Acte 2, scène 2, MONSIEUR REMY)
  85. Ne m'aviez-vous pas dit qu'on vous en offrait un autre ? (Acte 2, scène 2, MONSIEUR REMY)
  86. Mais, Monsieur_Remy, ceci est un peu vif ; vous prenez assez mal votre temps, et j'ai refusé l'autre personne. (Acte 2, scène 2, ARAMINTE)
  87. Tenez, Madame, jugez-en vous-même ; voici de quoi il est question : c'est une dame de trente-cinq ans, qu'on dit jolie femme, estimable, et de quelque distinction ; qui ne déclare pas son nom ; qui dit que j'ai été son procureur ; qui a quinze mille livres de rente pour le moins, ce qu'elle prouvera ; qui a vu Monsieur chez moi, qui lui a parlé, qui sait qu'il n'a pas de bien, et qui offre de l'épouser sans délai. (Acte 2, scène 2, MONSIEUR REMY)
  88. Dans deux heures il faut être au logis. (Acte 2, scène 2, MONSIEUR REMY)
  89. Oui, Monsieur ; mais en eût-elle vingt fois davantage, je ne l'épouserais pas ; nous ne serions heureux ni l'un ni l'autre : j'ai le coeur pris ; j'aime ailleurs. (Acte 2, scène 2, DORANTE)
  90. Je n'aurais jamais deviné la beauté des scrupules de ce coeur-là, qui veut qu'on reste intendant de la maison d'autrui pendant qu'on peut l'être de la sienne ! (Acte 2, scène 2, MONSIEUR REMY)
  91. Est-ce là votre dernier mot, berger fidèle ? (Acte 2, scène 2, MONSIEUR REMY)
  92. Voyez pourtant, Dorante, tâchez de vaincre votre penchant, si vous le pouvez. (Acte 2, scène 2, ARAMINTE)
  93. Ceux qui aiment les beaux sentiments doivent être contents ; en voilà un des plus curieux qui se fassent. (Acte 2, scène 2, MONSIEUR REMY)
  94. Dites-nous un peu votre sentiment ; que pensez-vous de quelqu'un qui n'a point de bien, et qui refuse d'épouser une honnête et fort jolie femme, avec quinze mille livres de rente bien venants ? (Acte 2, scène 3, MONSIEUR REMY)
  95. Votre question est bien aisée à décider. (Acte 2, scène 3, MARTON)
  96. Voilà le rêveur ; et pour excuse, il allègue son coeur que vous avez pris ; mais comme apparemment il n'a pas encore emporté le vôtre, et que je vous crois encore à peu près dans tout votre bon sens, vu le peu de temps qu'il y a que vous le connaissez, je vous prie de m'aider à le rendre plus sage. (Acte 2, scène 3, MONSIEUR REMY)
  97. C'est pour se garder à moi qu'il refuse d'être riche ? (Acte 2, scène 3, MARTON)
  98. Je ne fais que vous le montrer, et vous en êtes déjà coiffée ! (Acte 2, scène 3, MONSIEUR REMY)
  99. Monsieur, faut-il tant de bien pour être heureux ? (Acte 2, scène 3, MARTON)
  100. Vous ne me devez rien ; je ne pense pas à votre reconnaissance. (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  101. On m'a dit qu'Araminte se promenait dans le jardin, et je viens d'apprendre de sa mère une chose qui me chagrine : je lui avais retenu un intendant, qui devait aujourd'hui entrer chez elle, et cependant elle en a pris un autre, qui ne plaît point à la mère, et dont nous n'avons rien à espérer. (Acte 2, scène 4, LE COMTE)
  102. Araminte ne me hait pas, je pense, mais elle est lente à se déterminer ; et pour achever de la résoudre, il ne s'agirait plus que de lui dire que le sujet de notre discussion est douteux pour elle. (Acte 2, scène 4, LE COMTE)
  103. Parlons à cet intendant ; s'il ne faut que de l'argent pour le mettre dans nos intérêts, je ne l'épargnerai pas. (Acte 2, scène 4, LE COMTE)
  104. Mademoiselle, voilà un homme qui en demande un autre ; savez-vous qui c'est ? (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  105. Et qui est cet autre ? (Acte 2, scène 5, MARTON)
  106. Fais-le entrer. (Acte 2, scène 5, MARTON)
  107. Le garçon : venez ici dire votre affaire. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  108. Je n'ai point affaire à Monsieur, Mademoiselle ; c'est une autre personne. (Acte 2, scène 6, LE-GARÇON)
  109. N'est-ce pas le procureur de Madame ? montrez-nous la boîte. (Acte 2, scène 6, LE COMTE)
  110. Vous n'avez qu'à me remettre la boîte ; vous le pouvez en toute sûreté ; vous lui ferez même plaisir. (Acte 2, scène 7, MARTON)
  111. Ce ne peut être que mon portrait. (Acte 2, scène 8, MARTON)
  112. Retirez-vous, voici Madame avec sa mère et le Comte ; c'est peut-être de cela qu'ils s'entretiennent. (Acte 2, scène 8, MARTON)
  113. Marton, qu'est-ce que c'est qu'un portrait dont Monsieur_le_Comte me parle, qu'on vient d'apporter ici à quelqu'un qu'on ne nomme pas, et qu'on soupçonne être le mien ? (Acte 2, scène 9, ARAMINTE)
  114. Votre portrait ? (Acte 2, scène 9, LE COMTE)
  115. Ma foi, Madame, toute autre que moi s'y serait trompée. (Acte 2, scène 9, MARTON)
  116. Vous autres ? (Acte 2, scène 10, MARTON)
  117. Si je disais un mot, ton maître sortirait bien vite. (Acte 2, scène 10, DUBOIS)
  118. Apprenez-nous ce que c'est que ce mot que vous diriez contre Dorante ; il serait bon de savoir ce que c'est. (Acte 2, scène 10, MADAME ARGANTE)
  119. Je soutiens les intérêts de mon maître, je tire des gages pour cela, et je ne souffrirai point qu'un ostrogoth menace mon maître d'un mot ; j'en demande justice à Madame. (Acte 2, scène 10, ARLEQUIN)
  120. Je le défie d'en dire seulement une lettre. (Acte 2, scène 10, ARLEQUIN)
  121. Sans doute, de quoi t'avises-tu d'ôter ce tableau qui est tout à fait gracieux, que mon maître considérait il n'y avait qu'un moment avec toute la satisfaction possible ? (Acte 2, scène 10, ARLEQUIN)
  122. Ôte-lui quelque autre meuble, s'il en a trop, mais laisse-lui cette pièce, animal. (Acte 2, scène 10, ARLEQUIN)
  123. Vous m'excuserez, ma fille ; ce n'est point là sa place, et il n'y a qu'à l'ôter ; votre intendant se passera bien de ses contemplations. (Acte 2, scène 10, MADAME ARGANTE)
  124. Je ne vois pas le sujet de me défaire d'un homme qui m'est donné de bonne main, qui est un homme de quelque chose, qui me sert bien, et que trop bien peut-être ; voilà ce qui n'échappe pas à ma pénétration, par exemple. (Acte 2, scène 11, ARAMINTE)
  125. Il aura pourtant beau faire, je déclare que je renonce à tout procès avec vous ; que je ne veux pour arbitre de notre discussion que vous et vos gens d'affaires, et que j'aime mieux perdre tout que de rien disputer. (Acte 2, scène 11, LE COMTE)
  126. Le mariage terminerait tout, et le vôtre est comme arrêté. (Acte 2, scène 11, MADAME ARGANTE)
  127. Je ferai comme Monsieur, je ne vous parlerai plus de rien non plus, vous m'accuseriez de vision, et votre entêtement finira sans notre secours. (Acte 2, scène 11, MADAME ARGANTE)
  128. Je t'avais recommandé de te taire sur le chapitre de Dorante ; tu en sais les conséquences ridicules, et tu me l'avais promis : pour quoi donc avoir prise, sur ce misérable tableau, avec un sot qui fait un vacarme épouvantable, et qui vient ici tenir des discours tous propres à donner des idées que je serais au désespoir qu'on eût ? (Acte 2, scène 12, ARAMINTE)
  129. S'il en est incapable, on me dira de le renvoyer, et il n'est pas encore temps ; j'y ai pensé depuis ; la prudence ne le veut pas, et je suis obligée de prendre des biais, et d'aller tout doucement avec cette passion si excessive que tu dis qu'il a, et qui éclaterait peut-être dans sa douleur. (Acte 2, scène 12, ARAMINTE)
  130. Et moi je n'ai pas osé l'en dédire, m'a dit Dorante, parce que j'aurais indisposé contre moi cette fille, qui a du crédit auprès de sa maîtresse, et qui a cru ensuite que c'était pour elle que je refusais les quinze mille livres de rente qu'on m'offrait. (Acte 2, scène 12, DUBOIS)
  131. S'il était dans une plus grande fortune, comme il n'y a rien à dire à ce qu'il est né, ce serait une autre affaire, mais il n'est riche qu'en mérite, et ce n'est pas assez. (Acte 2, scène 12, DUBOIS)
  132. Ce portrait que Marton a cru être le sien à ce qu'elle m'a dit... (Acte 2, scène 12, DUBOIS)
  133. Oui, Madame, il se déclarera peut-être, et tout de suite je lui dirais : Sortez. (Acte 2, scène 12, DUBOIS)
  134. Je viens, Madame, vous demander votre protection. (Acte 2, scène 13, DORANTE)
  135. Je suis dans le chagrin et dans l'inquiétude : j'ai tout quitté pour avoir l'honneur d'être à vous, je vous suis plus attaché que je ne puis le dire ; on ne saurait vous servir avec plus de fidélité ni de désintéressement ; et cependant je ne suis pas sûr de rester. (Acte 2, scène 13, DORANTE)
  136. J'en suis consterné ; je tremble que vous ne cédiez à leur inimitié pour moi, et j'en serais dans la dernière affliction. (Acte 2, scène 13, DORANTE)
  137. Tranquillisez-vous ; vous ne dépendez point de ceux qui vous en veulent ; ils ne vous ont encore fait aucun tort dans mon esprit, et tous leurs petits complots n'aboutiront à rien ; je suis la maîtresse. (Acte 2, scène 13, ARAMINTE)
  138. Je n'ai que votre appui, Madame. (Acte 2, scène 13, DORANTE)
  139. Il ne vous manquera pas ; mais je vous conseille une chose : ne leur paraissez pas si alarmé, vous leur feriez douter de votre capacité, et il leur semblerait que vous m'auriez beaucoup d'obligation de ce que je vous garde. (Acte 2, scène 13, ARAMINTE)
  140. Ils ne se tromperaient pas, Madame ; c'est une bonté qui me pénètre de reconnaissance. (Acte 2, scène 13, DORANTE)
  141. Je vous sais bon gré de votre attachement et de votre fidélité ; mais dissimulez-en une partie, c'est peut-être ce qui les indispose contre vous. (Acte 2, scène 13, ARAMINTE)
  142. Vous leur avez refusé de m'en faire accroire sur le chapitre du procès ; conformez-vous à ce qu'ils exigent ; regagnez-les par là, je vous le permets : l'événement leur persuadera que vous les avez bien servis ; car toute réflexion faite, je suis déterminée à épouser le Comte. (Acte 2, scène 13, ARAMINTE)
  143. Écrivez. Hâtez-vous de venir, Monsieur ; votre mariage est sûr... Avez-vous écrit ? (Acte 2, scène 13, ARAMINTE)
  144. Votre mariage est sûr ; Madame veut que je vous l'écrive, et vous attend pour vous le dire. (Acte 2, scène 13, ARAMINTE)
  145. Non, Monsieur, je suis chargé de sa part de vous assurer que la seule justice qu'elle rend à votre mérite la détermine. (Acte 2, scène 13, ARAMINTE)
  146. Qu'elle rend à votre mérite la détermine... (Acte 2, scène 13, ARAMINTE)
  147. Je crois que la main vous tremble ! (Acte 2, scène 13, ARAMINTE)
  148. Pliez la lettre et mettez : À Monsieur_le_Comte_Dorimont. (Acte 2, scène 13, ARAMINTE)
  149. Elle vous aurait peut-être empêchée de me recevoir, et mon indifférence lui en dit assez. (Acte 2, scène 15, DORANTE)
  150. Mais dans la situation où vous êtes, quel intérêt aviez-vous d'entrer dans ma maison, et de la préférer à une autre ? (Acte 2, scène 15, ARAMINTE)
  151. Je trouve plus de douceur à être chez vous, Madame. (Acte 2, scène 15, DORANTE)
  152. Elle ignore que vous l'aimez, dites-vous, et vous lui sacrifiez votre fortune ? (Acte 2, scène 15, ARAMINTE)
  153. Être aimé, moi ! (Acte 2, scène 15, DORANTE)
  154. Mais votre conduite blesse la raison. (Acte 2, scène 15, ARAMINTE)
  155. Le plaisir de la voir quelquefois, et d'être avec elle, est tout ce que je me propose. (Acte 2, scène 15, DORANTE)
  156. Je me serais privé de son portrait, si je n'avais pu l'avoir que par le secours d'un autre. (Acte 2, scène 15, DORANTE)
  157. Montrez-moi ce portrait. (Acte 2, scène 15, ARAMINTE)
  158. Il m'en est tombé un par hasard entre les mains : on l'a trouvé ici. (Acte 2, scène 15, ARAMINTE)
  159. Votre égarement me fait pitié. (Acte 2, scène 15, ARAMINTE)
  160. Rendez-moi ma lettre. (Acte 2, scène 15, ARAMINTE)
  161. La lettre est-elle prête ? (Acte 3, scène 1, DUBOIS)
  162. Que j'ai souffert dans ce dernier entretien ! (Acte 3, scène 1, DORANTE)
  163. Et d'ailleurs, votre douleur n'en a paru que plus vraie. (Acte 3, scène 1, DUBOIS)
  164. Elle va en essuyer bien d'autres ! (Acte 3, scène 1, DUBOIS)
  165. Songe que je l'aime, et que, si notre précipitation réussit mal, tu me désespères. (Acte 3, scène 1, DORANTE)
  166. Qu'y a-t-il pour votre service, Mademoiselle ? (Acte 3, scène 2, DUBOIS)
  167. Vous avez bien trouvé votre homme ! (Acte 3, scène 2, DUBOIS)
  168. En fait de discrétion, je mériterais d'être femme. (Acte 3, scène 2, DUBOIS)
  169. Je vous demande pardon de la comparaison : mais c'est pour vous mettre l'esprit en repos. (Acte 3, scène 2, DUBOIS)
  170. Mais, à propos, il vient tout à l'heure d'appeler Arlequin pour lui donner une lettre : si nous pouvions la saisir, peut-être en saurions-nous davantage. (Acte 3, scène 2, DUBOIS)
  171. Une lettre, oui-da ; ne négligeons rien. (Acte 3, scène 2, MARTON)
  172. C'est que mon camarade, que je sers, m'a dit de porter cette lettre à quelqu'un qui est dans cette rue, et comme je ne la sais pas, il m'a dit que je m'en informasse à vous ou à cet animal-là ; mais cet animal-là ne mérite pas que je lui en parle, sinon pour l'injurier. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  173. Prenez la lettre. (Acte 3, scène 3, DUBOIS)
  174. Veux-tu me donner ta lettre ? (Acte 3, scène 3, MARTON)
  175. Ne lui réponds rien : donne ta lettre. (Acte 3, scène 3, MARTON)
  176. Quand il y aura à trotter pour votre serviable personne, n'ayez point d'autre postillon que moi. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  177. Je suis votre serviteur éternel. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  178. Si vous le rencontrez, ne lui dites point qu'un autre galope à ma place. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  179. D'un autre côté, j'ai fait venir l'intendant que Monsieur_le_Comte lui proposait. (Acte 3, scène 4, MADAME ARGANTE)
  180. Je doute que vous réussissiez si nous n'apprenons rien de nouveau : mais je tiens peut-être son congé, moi qui vous parle... (Acte 3, scène 4, MARTON)
  181. Passez, Monsieur, et cherchez votre nièce ailleurs : je n'aime point les mauvais plaisants. (Acte 3, scène 5, MARTON)
  182. On m'a dit de votre part de venir ici, Madame : de quoi est-il donc question ? (Acte 3, scène 5, MONSIEUR REMY)
  183. Et de quoi vous êtes-vous avisé, je vous prie, de nous embarrasser d'un intendant de votre façon ? (Acte 3, scène 5, MADAME ARGANTE)
  184. Madame, s'il n'est pas à votre goût, vous êtes bien difficile. (Acte 3, scène 5, MONSIEUR REMY)
  185. C'est votre neveu, dit-on ? (Acte 3, scène 5, MADAME ARGANTE)
  186. Tout votre neveu qu'il est, vous nous ferez un grand plaisir de le retirer. (Acte 3, scène 5, MADAME ARGANTE)
  187. On n'a pas mis dans le marché qu'il vous plairait, personne n'a songé à cela ; et, pourvu qu'il convienne à Madame Araminte, tout doit être content. (Acte 3, scène 5, MONSIEUR REMY)
  188. Vous savez bien que je n'ai pas l'honneur de vous connaître, et nous n'avons que faire ensemble, pas la moindre chose. (Acte 3, scène 5, MONSIEUR REMY)
  189. Que vous me connaissiez ou non, il n'est pas si peu essentiel que vous le dites que notre neveu plaise à Madame. (Acte 3, scène 5, LE COMTE)
  190. Votre Dorante est un impertinent. (Acte 3, scène 5, MADAME ARGANTE)
  191. Ce mot-là ne signifie rien dans votre bouche. (Acte 3, scène 5, MONSIEUR REMY)
  192. Au discours que Madame en tient, ce doit pourtant être un fripon, dont il faut que je vous délivre, et on se passerait bien du présent que je vous ai fait, et c'est un impertinent qui déplaît à Monsieur qui parle en qualité d'époux futur ; et à cause que je le défends, on veut me persuader que je radote. (Acte 3, scène 6, MONSIEUR REMY)
  193. Oui, ma fille, c'est moi qui ai prié Monsieur de le faire venir pour remplacer celui que vous avez et que vous allez mettre dehors : je suis sûre de mon fait. (Acte 3, scène 6, MADAME ARGANTE)
  194. J'ai laissé dire votre procureur, au reste, mais il amplifie. (Acte 3, scène 6, MADAME ARGANTE)
  195. Mauvaise parenthèse, avec votre permission, supposition injurieuse, et tout à fait hors d'oeuvre. (Acte 3, scène 6, MONSIEUR REMY)
  196. Peut-être qu'ils m'aiment aussi : que sait-on ? (Acte 3, scène 6, ARAMINTE)
  197. Il n'est pas question de votre Monsieur_Remy ; laissons là ce bonhomme, et traitons la chose un peu plus sérieusement. (Acte 3, scène 6, MADAME ARGANTE)
  198. Quelle est cette conjoncture, Monsieur, et le motif de votre inquiétude ? (Acte 3, scène 7, ARAMINTE)
  199. Ne vous pressez pas de le renvoyer, Madame ; voilà une lettre de recommandation pour lui, et c'est Monsieur Dorante qui l'a écrite. (Acte 3, scène 8, MARTON)
  200. Un instant, Madame, cela mérite d'être écouté. (Acte 3, scène 8, MARTON)
  201. La lettre est de Monsieur, vous dis-je. (Acte 3, scène 8, MARTON)
  202. Je vous conjure, mon cher ami, d'être demain sur les neuf heures du matin chez vous ; j'ai bien des choses à vous dire ; je crois que je vais sortir de chez la dame que vous savez ; elle ne peut plus ignorer la malheureuse passion que j'ai prise pour elle, et dont je ne guérirai jamais. (Acte 3, scène 8, LE COMTE)
  203. On a soupçonné que ce portrait m'appartenait ; ainsi, je pense qu'on va tout découvrir, et qu'avec le chagrin d'être renvoyé et de perdre le plaisir de voir tous les jours celle que j'adore... (Acte 3, scène 8, LE COMTE)
  204. J'aurai encore celui d'être méprisé d'elle. (Acte 3, scène 8, LE COMTE)
  205. Cette lettre n'est pas d'une écriture contrefaite ? (Acte 3, scène 8, ARAMINTE)
  206. Cet amour-là lui coûte quinze mille livres de rente, sans compter les mers qu'il veut courir ; voilà le mal ; car au reste, s'il était riche, le personnage en vaudrait bien un autre ; il pourrait bien dire qu'il adore. (Acte 3, scène 8, MONSIEUR REMY)
  207. Accommodez-vous, au reste ; je suis votre serviteur, Madame. (Acte 3, scène 8, MONSIEUR REMY)
  208. Allez-vous-en, vous prenez mal votre temps pour me faire des questions. (Acte 3, scène 8, ARAMINTE)
  209. Vous êtes le maître d'interpréter, Monsieur ; mais je n'en veux point. (Acte 3, scène 8, ARAMINTE)
  210. Quoique je n'aie aucune part à ce qui vient de se passer, je ne m'aperçois que trop, Madame, que je ne suis pas exempt de votre mauvaise humeur, et je serais fâché d'y contribuer davantage par ma présence. (Acte 3, scène 8, LE COMTE)
  211. Au reste, je viens seulement de le rencontrer plus mort que vif, qui traversait la galerie pour aller chez lui. (Acte 3, scène 9, DUBOIS)
  212. En un mot, vous en êtes quitte, et cela par le moyen de cette lettre qu'on vous a lue et que Mademoiselle_Marton a tirée d'Arlequin par mon avis ; je me suis douté qu'elle pourrait vous être utile, et c'est une excellente idée que j'ai eue là, n'est-ce pas, Madame ? (Acte 3, scène 9, DUBOIS)
  213. Il m'importait peu d'en être instruite, c'est un amour que je n'aurais jamais su, et je le trouve bien malheureux d'avoir eu affaire à vous, lui qui a été votre maître, qui vous affectionnait, qui vous a bien traité, qui vient, tout récemment encore, de vous prier à genoux de lui garder le secret. (Acte 3, scène 9, ARAMINTE)
  214. La manière dont vous m'avez renvoyée, il n'y a qu'un moment, me montre que je vous suis désagréable, Madame, et je crois vous faire plaisir en vous demandant mon congé. (Acte 3, scène 10, MARTON)
  215. Votre intention est-elle que je sorte dès aujourd'hui, Madame ? (Acte 3, scène 10, MARTON)
  216. Après les bienfaits dont vous m'avez comblée, que ferais-je auprès de vous, à présent que je vous suis suspecte, et que j'ai perdu toute votre confiance ? (Acte 3, scène 10, MARTON)
  217. Elle est dans votre imagination. (Acte 3, scène 10, ARAMINTE)
  218. Vous me demandez votre congé, je vous le donne. (Acte 3, scène 10, ARAMINTE)
  219. Rendez-moi votre amitié comme je l'avais, et je serai contente. (Acte 3, scène 10, MARTON)
  220. J'aurais bien de la peine à vous le dire ; car je suis dans une détresse qui me coupe entièrement la parole, à cause de la trahison que Mademoiselle_Marton m'a faite. (Acte 3, scène 11, ARLEQUIN)
  221. Cette pauvre lettre. (Acte 3, scène 11, ARLEQUIN)
  222. Je n'ose presque paraître devant vous. (Acte 3, scène 12, DORANTE)
  223. J'ai autre chose à dire... (Acte 3, scène 12, DORANTE)
  224. Je suis si interdit, si tremblant que je ne saurais parler. (Acte 3, scène 12, DORANTE)
  225. Et j'ai de l'argent à vous remettre. (Acte 3, scène 12, DORANTE)
  226. Madame, que je vais être à plaindre ! (Acte 3, scène 12, DORANTE)
  227. Il a été entre vos mains, Madame. (Acte 3, scène 12, DORANTE)
  228. Madame, je vais être éloigné de vous. Vous serez assez vengée. N'ajoutez rien à ma douleur. (Acte 3, scène 12, DORANTE)
  229. Modérez votre joie : levez-vous, Dorante. (Acte 3, scène 12, ARAMINTE)
  230. J'aime encore mieux regretter votre tendresse que de la devoir à l'artifice qui me l'a acquise ; j'aime mieux votre haine que le remords d'avoir trompé ce que j'adore. (Acte 3, scène 12, DORANTE)
  231. Si j'apprenais cela d'un autre que de vous, je vous haïrais sans doute ; mais l'aveu que vous m'en faites vous-même dans un moment comme celui-ci, change tout. (Acte 3, scène 12, ARAMINTE)
  232. Monsieur_le_Comte, il était question de mariage entre vous et moi, et il n'y faut plus penser : vous méritez qu'on vous aime ; mon coeur n'est point en état de vous rendre justice, et je ne suis pas d'un rang qui vous convienne. (Acte 3, scène 13, ARAMINTE)
  233. Il n'y a plus que notre discussion, que nous réglerons à l'amiable ; j'ai dit que je ne plaiderais point, et je tiendrai parole. (Acte 3, scène 13, LE COMTE)
  234. Qu'il soit votre mari tant qu'il vous plaira ; mais il ne sera jamais mon gendre. (Acte 3, scène 13, MADAME ARGANTE)
  235. Pardi, nous nous soucions bien de ton tableau à présent ; l'original nous en fournira bien d'autres copies. (Acte 3, scène 13, ARLEQUIN)

LE LEGS (1736)

  1. Je suis sûre qu'il a de l'inclination pour la Comtesse ; d'ailleurs, il est déjà assez riche par lui-même ; voilà encore une succession de six cent mille francs qui lui vient, à laquelle il ne s'attendait pas ; et vous croyez que, plutôt que d'en distraire deux cent mille, il aimera mieux m'épouser, moi qui lui suis indifférente, pendant qu'il a de l'amour pour la Comtesse, qui peut-être ne le hait pas, et qui a plus de bien que moi ? (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  2. Du caractère dont elle est, celui du Marquis doit être de son goût. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  3. La Comtesse est une femme brusque, qui aime à primer, à gouverner, à être la maîtresse. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  4. D'ailleurs, le Marquis est d'un âge qui lui convient ; elle n'est plus de cette grande jeunesse : il a trente-cinq ou quarante ans, et je vois bien qu'elle serait charmée de vivre avec lui. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  5. Mais, s'il accepte votre main ? (Acte 1, scène 1, LE CHEVALIER)
  6. Peut-être même feindra-t-il de consentir à notre union ; mais que cela ne vous épouvante pas. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  7. Je sais qu'ils ont tous deux la confiance de leurs maîtres ; je les intéresserai à m'instruire, et tout ira bien. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  8. Je ne prétends vous engager à rien et voici de quoi il est question ; le Marquis, votre maître, vous estime, Lépine ? (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  9. Nous devons ce soir nous entretenir là-dessus. (Acte 1, scène 2, LÉPINE)
  10. Et vous, Lisette, quel est votre sentiment sur la Comtesse ? (Acte 1, scène 2, HORTENSE)
  11. Madame, permettez que je vous rende votre argent. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  12. Ma maîtresse est veuve ; elle est tranquille ; son état est heureux ; ce serait dommage de l'en tirer ; je prie le Ciel qu'elle y reste. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  13. J'ai la volonté de vous être utile. (Acte 1, scène 2, LÉPINE)
  14. D'homme d'honneur, je n'avais pas envisagé vos grâces ; je ne connaissais pas votre mine. (Acte 1, scène 3, LÉPINE)
  15. Je vous en offre autant ; c'est tout au plus si je connais actuellement la vôtre. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  16. Quelquefois pourtant nombre de gens ont estimé que j'étais un garçon assez revenant ; mais nous y retournerons ; c'est partie à remettre. (Acte 1, scène 3, LÉPINE)
  17. Il est certain que mon maître distingue tendrement votre maîtresse. (Acte 1, scène 3, L?PINE)
  18. Remarquons d'abondance que la Comtesse se plaît avec mon maître, qu'elle a l'âme joyeuse en le voyant. (Acte 1, scène 3, LÉPINE)
  19. Le Marquis, homme tout simple, peu hasardeux dans le discours, n'osera jamais aventurer la déclaration ; et des déclarations, la Comtesse les épouvante ; femme qui néglige les compliments, qui vous parle entre l'aigre et le doux, et dont l'entretien a je ne sais quoi de sec, de froid, de purement raisonnable. (Acte 1, scène 3, L?PINE)
  20. Le moyen que l'amour puisse être mis en avant avec cette femme. (Acte 1, scène 3, L?PINE)
  21. Qu'en me voyant votre camarade, vous me rendrez votre mari par la douce habitude de me voir. (Acte 1, scène 3, L?PINE)
  22. Je vous prédis que nos maîtres se marieront ; que la commodité vous tente. (Acte 1, scène 3, LÉPINE)
  23. Ma maîtresse, comme vous dites fort habilement, tient l'amour au-dessous d'elle ; et j'aurai soin de l'entretenir dans cette humeur, attendu qu'il n'est pas de mon petit intérêt qu'elle se marie. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  24. Je les ai vues, Mademoiselle ; j'en suis frappé et n'ai de remède que votre coeur. (Acte 1, scène 3, LÉPINE)
  25. Me donnez-vous votre dernier mot ? (Acte 1, scène 3, LÉPINE)
  26. Laissez parler mon maître qui nous arrive. (Acte 1, scène 3, LÉPINE)
  27. Vous me paraissez une très bonne fille, et vous êtes à une maîtresse qui a bien du mérite. (Acte 1, scène 4, LE MARQUIS)
  28. C'est que, entre nous, il n'y a point de femme que j'aime tant qu'elle. (Acte 1, scène 4, LE MARQUIS)
  29. Je l'aime mieux qu'un autre. (Acte 1, scène 4, LE MARQUIS)
  30. Oui, cela m'embarrasse, et, comme ta maîtresse est une femme fort raisonnable, j'ai peur qu'elle ne se moque de moi, et je ne saurais plus que lui dire ; de sorte que j'ai rêvé qu'il serait bon que tu la prévinsses en ma faveur. (Acte 1, scène 4, LE MARQUIS)
  31. Si je parlais de vos sentiments à ma maîtresse, vous avez beau dire que le nom n'y fait rien, je me brouillerais avec elle, je vous y brouillerais vous-même. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  32. Adieu, gentille personne, je vous chéris ni plus ni moins ; gardez-moi votre coeur, c'est un dépôt que je vous laisse. (Acte 1, scène 5, LÉPINE)
  33. Adieu, mon pauvre Lépine ; vous êtes peut-être de tous les fous de la Garonne le plus effronté, mais aussi le plus divertissant. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  34. Voici ma maîtresse. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  35. Tenez, Lisette, dites qu'on porte cette lettre à la poste ; en voilà dix que j'écris depuis trois semaines. (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  36. Bon, votre procès, une affaire de mille francs, voilà quelque chose de bien considérable pour vous ! (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  37. J'ai votre affaire. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  38. Ce pourrait être quelqu'un de Paris qui vous aurait fait une confidence ; en tout cas, ne me le nommez pas. (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  39. Je rêve à une chose ; le Marquis n'a ici qu'un valet de chambre dont il a peut-être besoin ; et je voulais lui demander s'il n'a pas quelque paquet à porter à la poste, on le porterait avec le mien. (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  40. Oui ; malepeste, il a ses raisons pour être éveillé de bonne heure. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  41. Ce n'est point de Paris ; votre conquête est dans le château. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  42. Je n'avais garde d'y être. (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  43. C'est un fort honnête homme, un homme dont je fais cas, qui a d'excellentes qualités ; et j'aime encore mieux que ce soit lui qu'un autre. (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  44. Il ne t'aura peut-être parlé que d'estime ; il en a beaucoup pour moi, beaucoup ; il me l'a marquée en mille occasions d'une manière fort obligeante. (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  45. Et même est-ce que je vous aurais donné le vôtre ? (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  46. il était si simple de vous en tenir à lui dire : "Monsieur, je ne saurais ; ce ne sont pas là mes affaires ; parlez-en vous-même." Je voudrais qu'il osât m'en parler, pour raccommoder un peu votre malhonnêteté. (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  47. Voulez-vous être sa femme par politesse, lui qui doit épouser Hortense ? (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  48. Allez porter ma lettre. (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  49. Je suis à vous dans l'instant ; je n'ai qu'à donner cette lettre à un laquais. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  50. Non, Lisette ; c'est une lettre de conséquence, et vous me ferez plaisir de la porter vous-même, parce que, si le courrier est passé, vous me la rapporterez, et je l'enverrai par une autre voie. (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  51. Il ne saurait l'être. (Acte 1, scène 8, LA COMTESSE)
  52. J'ai besoin de conseil, j'ai besoin de grâces, et le tout de votre part. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  53. Vous avez encore moins besoin de tout cela, que je n'ai d'envie de vous être bonne à quelque chose. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  54. Il ne tient qu'à vous de m'être excellente, si vous voulez. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  55. Son caractère est si différent du vôtre ! (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  56. Il faudrait toujours l'entretenir de compliments, et moi, ce n'est pas là mon fort. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  57. vous plaisez sans y penser, ce n'est pas votre faute. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  58. Vous ne savez pas seulement que vous êtes aimable ; mais d'autres le savent pour vous. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  59. Je pense qu'à cet égard-là les autres songent aussi peu à moi que j'y songe moi-même. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  60. Vous m'excuserez ; mais quand je serais autre chose, il n'y aurait rien de surprenant. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  61. Je ne laisserais pas d'en être surprise. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  62. Je le crois ; et ce serait encore pis si vous aviez de l'inclination pour une autre. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  63. Épousez-la, Marquis, épousez-la, et laissez là Hortense ; il n'y a point à hésiter, vous n'avez point d'autre parti à prendre. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  64. Regardez-moi dans cette occasion-ci comme une autre vous-même. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  65. Que c'est bien dit, une autre moi-même ! (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  66. Ce qui me plaît en vous, c'est votre franchise, qui est une qualité admirable. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  67. Mais, à propos, c'est votre parent ? (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  68. Cela devrait être fait. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  69. Peut-être vous attend-elle. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  70. De quoi vous avisez-vous donc de m'entretenir de ma santé ? (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  71. Tout à l'heure, à votre avis, on avait si bonne grâce à dire naïvement qu'on aime ! (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  72. Si vous vous mettez en colère contre tous ceux qui me ressemblent, vous en querellerez bien d'autres. (Acte 1, scène 10, LE MARQUIS)
  73. Monsieur_le_Marquis, je vous prie, ne vous en allez pas ; nous avons à nous parler, et Madame peut être présente. (Acte 1, scène 11, HORTENSE)
  74. Il est humiliant pour moi d'être obligée de vous prévenir. (Acte 1, scène 11, HORTENSE)
  75. Et qui dispose de ma main en votre faveur ? (Acte 1, scène 11, HORTENSE)
  76. Je ne vous cache point que vous avez un rival ; c'est le Chevalier, qui est parent de Madame, que je ne vous préfère pas, mais que je préfère à tout autre, et que j'estime assez pour en faire mon époux si vous ne devenez pas le mien ; c'est ce que je lui ai dit jusqu'ici ; et comme il m'assure avoir des raisons pressantes de savoir aujourd'hui même à quoi s'en tenir, je n'ai pu lui refuser de vous parler. (Acte 1, scène 11, HORTENSE)
  77. Est-ce votre coeur qui me choisit, Monsieur_le_Marquis ? (Acte 1, scène 11, HORTENSE)
  78. Il est vrai, c'était de vous dont il m'entretenait ; il songeait à vous proposer ce mariage. (Acte 1, scène 11, LA COMTESSE)
  79. J'en conviens ; mais le temps se passe ; on est distrait ; on ne sait pas si les gens sont de votre avis. (Acte 1, scène 11, LE MARQUIS)
  80. Voilà qui est donc arrêté, et je vais l'annoncer au Chevalier qui entre. (Acte 1, scène 11, HORTENSE)
  81. Oui, Chevalier, je l'épouse ; la chose est conclue, et le ciel vous destine à une autre qu'à moi. (Acte 1, scène 12, HORTENSE)
  82. J'en suis fâché, mais mettez-vous à ma place ; il y a un testament, vous le savez bien ; je ne peux pas faire autrement. (Acte 1, scène 12, LE MARQUIS)
  83. Sans le testament, vous n'aimeriez peut-être pas autant que moi. (Acte 1, scène 12, LE CHEVALIER)
  84. Demandez qu'on presse notre mariage. (Acte 1, scène 12, HORTENSE)
  85. Monsieur_le_Marquis, nous ne sommes qu'à une lieue de Paris ; il est de bonne heure ; envoyez Lépine chercher un notaire, et passons notre contrat aujourd'hui, pour donner au Chevalier la triste conviction qu'il demande. (Acte 1, scène 12, HORTENSE)
  86. Vous aurez la bonté d'attendre à demain, Monsieur le Chevalier ; vous n'êtes pas si pressé ; votre fantaisie n'est pas d'une espèce à mériter qu'on se gêne tant pour elle ; ce serait ce soir ici un embarras qui nous dérangerait. (Acte 1, scène 12, LA COMTESSE)
  87. Il est donc bien ragoûtant de voir sa maîtresse mariée à son rival ? (Acte 1, scène 12, LA COMTESSE)
  88. Voici Lisette qui entre ; je vais lui dire de nous l'aller chercher. (Acte 1, scène 13, HORTENSE)
  89. Lisette, on doit passer ce soir un contrat de mariage entre Monsieur_le_Marquis et moi ; il veut tout à l'heure faire partir Lépine pour amener son notaire de Paris ; ayez la bonté de lui dire qu'il vienne recevoir ses ordres. (Acte 1, scène 13, HORTENSE)
  90. Il s'agit d'un contrat de mariage entre Madame et votre maître, et il faut aller à Paris chercher le notaire de Monsieur_le_Marquis. (Acte 1, scène 14, LISETTE)
  91. Ce n'est pas la peine que je voyage pour avoir le vôtre ; je le compte pour mort. (Acte 1, scène 14, LÉPINE)
  92. Ma lettre a-t-elle empêché qu'il ne mourût ? (Acte 1, scène 14, LA COMTESSE)
  93. Allez lui écrire un mot, Monsieur_le_Marquis, et priez-le, s'il ne peut venir, d'en indiquer un autre. (Acte 1, scène 14, HORTENSE)
  94. Je me brisai hier d'une chute sur l'escalier ; je roulai tout un étage, et je commençais d'en entamer un autre quand on me retint sur le penchant. (Acte 1, scène 14, LÉPINE)
  95. Monsieur traite avec vous de sa ruine ; vous ne l'aimez point, Madame ; j'en ai connaissance, et ce mariage ne peut être que fatal ; je me ferais un reproche d'y avoir part. (Acte 1, scène 14, LÉPINE)
  96. Comment voulez-vous que je m'y prenne avec cet opiniâtre ? (Acte 1, scène 14, LE MARQUIS)
  97. Allez toujours écrire ; un de mes gens portera la lettre, ou quelqu'un du village. (Acte 1, scène 14, HORTENSE)
  98. çà, vous allez faire votre billet ; j'en vais écrire un qu'on laissera chez moi en passant. (Acte 1, scène 15, HORTENSE)
  99. Rappelez-les ; votre situation me fait de la peine. (Acte 1, scène 16, LA COMTESSE)
  100. Votre amour n'est pas aussi vrai que vous me l'avez dit. (Acte 1, scène 17, HORTENSE)
  101. Que diantre voulez-vous ? (Acte 1, scène 17, LE MARQUIS)
  102. Nous ne gagnerions, à nous marier, que le loisir de nous quereller à notre aise, et ce n'est pas là une partie de plaisir bien touchante ; ainsi, tenez, accommodons-nous plutôt. (Acte 1, scène 17, LE MARQUIS)
  103. Vous n'y pensez pas, Monsieur ; cent mille francs ne peuvent entrer en comparaison avec l'avantage de vous épouser, et vous ne vous évaluez pas ce que vous valez. (Acte 1, scène 17, HORTENSE)
  104. Allons notre chemin ; vous serez mariée. (Acte 1, scène 17, LE MARQUIS)
  105. Ne suis-je pas bien malheureux d'être obligé de donner la moitié d'une pareille somme à une personne qui ne se soucie pas de moi ? (Acte 1, scène 17, LE MARQUIS)
  106. Je soutiendrai que c'est vous qui ne m'aimez pas, et qui même, dit-on, en aime une autre. (Acte 1, scène 17, HORTENSE)
  107. J'en aurai le plaisir ; il faudra bien que l'amour vous vienne ; et, pour début de mariage, je prétends, s'il vous plaît, que Monsieur le Chevalier ait la bonté d'être notre ami de loin. (Acte 1, scène 17, LE MARQUIS)
  108. Monsieur le Chevalier me connaît assez pour être persuadé qu'il ne me verra plus. (Acte 1, scène 17, HORTENSE)
  109. Adieu, Monsieur ; je vais écrire mon billet ; tenez le vôtre prêt ; ne perdons point de temps. (Acte 1, scène 17, HORTENSE)
  110. Pour votre contrat, je vous certifie que vous irez le signer où il vous plaira, mais que ce ne sera pas chez moi. (Acte 1, scène 17, LA COMTESSE)
  111. Comtesse, la Marquise est votre voisine ; nous irons chez elle. (Acte 1, scène 17, HORTENSE)
  112. Je ne connais point votre Marquise. (Acte 1, scène 17, LE MARQUIS)
  113. Le mariage ne vous fait-il pas trembler ? (Acte 1, scène 18, LA COMTESSE)
  114. Je les enfermerais si j'étais la maîtresse. (Acte 1, scène 18, LA COMTESSE)
  115. Si je l'épouse, elle ne le serait pas assez avec la fortune que j'ai ; la douceur de notre union s'altérerait ; je la verrais se repentir de m'avoir épousé, de n'avoir pas épousé Monsieur, et c'est à quoi je ne m'exposerai point. (Acte 1, scène 18, LE CHEVALIER)
  116. Je ne m'étonne plus de l'inclination que vous avez l'un pour l'autre. (Acte 1, scène 18, LA COMTESSE)
  117. Madame, la vraie tendresse ne raisonne pas autrement que la mienne. (Acte 1, scène 18, LE CHEVALIER)
  118. Vous parlez de votre fortune, je la connais ; elle vous met fort en état de supporter le retranchement d'une aussi misérable somme que celle dont il s'agit, et qui ne peut jamais être que mal acquise. (Acte 1, scène 18, LA COMTESSE)
  119. Le billet va partir ; vous avez encore trois heures à entretenir Hortense, après quoi j'espère qu'on ne vous verra plus. (Acte 1, scène 18, LE MARQUIS)
  120. Pour vous, Comtesse, quand vous y penserez bien sérieusement, vous excuserez votre parent et vous lui rendrez plus de justice. (Acte 1, scène 18, LE CHEVALIER)
  121. Il vaudrait mieux qu'il vous en coûtât tout votre bien que de la retenir, puisque vous ne l'aimez pas, Monsieur. (Acte 1, scène 19, LA COMTESSE)
  122. En aimerais-je une autre davantage ? (Acte 1, scène 19, LE MARQUIS)
  123. Ce n'est pas votre faute si je vous aime, et je ne prétends pas que vous m'aimiez ; je ne vous en parle point non plus. (Acte 1, scène 19, LE MARQUIS)
  124. Vous faites fort bien, Monsieur ; votre discrétion est tout à fait raisonnable ; je m'y attendais, et vous avez tort de croire que je vous fais plus ridicule que vous ne l'êtes. (Acte 1, scène 19, LA COMTESSE)
  125. Adieu, Marquis ; vous vous en allez donc gaillardement comme cela, sans imaginer d'autre expédient que ce contrat extravagant ! (Acte 1, scène 19, LA COMTESSE)
  126. Je suis votre très humble serviteur. (Acte 1, scène 19, LE MARQUIS)
  127. Je suis quelquefois, par impatience, tentée de lui dire que je l'aime, pour lui montrer qu'il n'est qu'un idiot. (Acte 1, scène 20, LA COMTESSE)
  128. Il vous a semblé que j'étais un serviteur excellent ; Madame, ce sont les termes de la louange dont votre justice m'a gratifié. (Acte 1, scène 21, LÉPINE)
  129. Je sais au demeurant que Monsieur_le_Marquis vous aime ; Lisette le sait ; nous l'avions même priée de vous en toucher deux mots pour exciter votre compassion, mais elle a craint la diminution de ses petits profits. (Acte 1, scène 21, LÉPINE)
  130. Elle prétend que votre état de veuve lui rapporte davantage que ne ferait votre état de femme en puissance d'époux, que vous lui êtes plus profitable, autrement dit, plus lucrative. (Acte 1, scène 21, LÉPINE)
  131. Cette prudence ne vous rit pas, elle vous répugne ; votre belle âme de comtesse s'en scandalise ; mais tout le monde n'est pas comtesse ; c'est une pensée de soubrette que je rapporte. (Acte 1, scène 21, LÉPINE)
  132. Va, laisse-nous ; je te raccommoderai avec ton maître ; dis-lui que je le prie de me venir parler. (Acte 1, scène 21, LA COMTESSE)
  133. Mademoiselle, vous allez trouver le temps orageux ; mais ce n'est qu'une gentillesse de ma façon pour obtenir votre coeur. (Acte 1, scène 22, LÉPINE)
  134. Penserait-on que je serai peut-être obligée de me remarier, pour échapper à la fourberie et aux services intéressés de mes domestiques ? (Acte 1, scène 23, LA COMTESSE)
  135. Vous ne savez pas qu'il m'aime, Madame ; que par là il a intérêt que vous épousiez son maître ; et, comme j'ai refusé de vous parler en faveur du Marquis, Lépine a cru que je le desservais auprès de vous ; il m'a dit que je m'en repentirais ; et voilà comme il s'y prend ! (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  136. Oui ; mais on vous prévient bien aisément contre moi, Madame ; vous ne rendez guère justice à mon attachement pour vous. (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  137. Sans contredit, je n'ai jamais pensé autrement. (Acte 1, scène 23, LA COMTESSE)
  138. Un homme avec qui vous aurez l'agrément d'avoir un ami sûr, sans avoir de maître. (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  139. Vous en avez des instants de mauvaise humeur qui nuisent à votre santé. (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  140. Savez-vous bien que c'est peut-être le seul homme qui vous convienne ? (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  141. Oui, il m'a dit qu'il m'aimait, et mon premier mouvement a été d'en paraître étonnée ; c'était bien le moins. (Acte 1, scène 23, LA COMTESSE)
  142. En un mot, je le déteste, je suis furieuse contre son amour ; voilà d'où il part ; moyennant quoi je ne saurais le désabuser sans lui dire : Monsieur, vous ne savez ce que vous dites. (Acte 1, scène 23, LA COMTESSE)
  143. C'est une autre affaire : vous avez raison ; ce n'est point ce que je vous conseille non plus, et il n'y a qu'à le laisser là. (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  144. tu veux que je l'épouse, tu veux que je le laisse là ; tu me promènes d'une extrémité à l'autre. (Acte 1, scène 23, LA COMTESSE)
  145. Peut-être n'a-t-il pas tant de tort, et que c'est ma faute. (Acte 1, scène 23, LA COMTESSE)
  146. Voyez comme votre mariage diminuera mes profits. (Acte 1, scène 23, LISETTE)
  147. Voici cette lettre que je viens de faire pour le notaire, mais je ne sais pas si elle partira ; je ne suis pas d'accord avec moi-même. (Acte 1, scène 24, LE MARQUIS)
  148. Votre inclination s'explique avec des grâces infinies. (Acte 1, scène 24, LA COMTESSE)
  149. N'a-t-il pas plu à votre coeur de me trouver haïssable ? (Acte 1, scène 24, LE MARQUIS)
  150. Que vous êtes impatientant avec votre haine ! (Acte 1, scène 24, LA COMTESSE)
  151. Toutes visions que vous prenez, je ne sais comment, dans votre tête, et que vous vous figurez venir de moi ; visions que vous grossissez, que vous multipliez à chaque fois que vous me répondez ou que vous croyez me répondre ; car vous êtes d'une maladresse ! (Acte 1, scène 24, LA COMTESSE)
  152. Oui, vous pouvez être persuadé qu'il n'y a rien de si original que vos conversations avec moi, de si incroyable ! (Acte 1, scène 24, LA COMTESSE)
  153. Comme votre aversion m'accommode ! (Acte 1, scène 24, LE MARQUIS)
  154. Je respire, Comtesse, donnez-moi votre main, que je la baise. (Acte 1, scène 24, LE MARQUIS)
  155. Votre billet est-il prêt, Marquis ? (Acte 1, scène 25, HORTENSE)
  156. Je l'avais entrepris. (Acte 1, scène 25, LÉPINE)

LA RÉUNION DES AMOURS (1732)

  1. Vous me dites des injures : mais votre état me désarme. (Acte 1, scène 1, CUPIDON)
  2. Est-ce que vous vous ennuyez dans votre solitude ? (Acte 1, scène 1, CUPIDON)
  3. Je vous donnerai votre petite provision de flèches ; car celles que vous avez là dans votre carquois ne valent plus rien... (Acte 1, scène 1, CUPIDON)
  4. Cela entre dans le coeur, cela le pénètre, cela le brûle ; cela l'embrasse : il crie, il s'agite, il demande du secours, il ne saurait attendre. (Acte 1, scène 1, CUPIDON)
  5. Ils ont pourtant décrié les vôtres. (Acte 1, scène 1, CUPIDON)
  6. Entre vous et moi, de votre temps les amants n'étaient que des benêts ; ils ne savaient que languir, que faire des hélas, et conter leurs peines aux échos d'alentour. (Acte 1, scène 1, CUPIDON)
  7. Je ne les endors pas, je les éveille : ils sont si vifs qu'ils n'ont pas le loisir d'être tendres ; leurs regards sont des désirs : au lieu de soupirer, ils attaquent : ils ne demandent pas d'amour, ils le supposent. (Acte 1, scène 1, CUPIDON)
  8. J'ai besoin de commis ; voulez-vous être le mien ? (Acte 1, scène 1, CUPIDON)
  9. Elle a sa charge, et moi la mienne ; elle est faite pour régir l'univers, et moi pour l'entretenir, déterminez-vous, vous dis-je : mais je ne vous prends qu'à condition que vous quitterez je ne sais quel air de dupe que vous avez sur la physionomie. (Acte 1, scène 1, CUPIDON)
  10. Un peu de mutinerie dans les yeux ; les vôtres prêchent la résistance : est-ce là la contenance d'un vainqueur ? (Acte 1, scène 1, CUPIDON)
  11. Allez, petit libertin que vous êtes, votre audace ne m'offense point, et votre empire touche peut-être à sa fin. (Acte 1, scène 1, L'AMOUR)
  12. Tremblez des suites que peut avoir cette aventure. (Acte 1, scène 1, L'AMOUR)
  13. Je suis votre serviteur. (Acte 1, scène 3, MERCURE)
  14. Étais-je sur votre liste ? (Acte 1, scène 3, CUPIDON)
  15. Le métier de cruelle est tombé ; ne t'embarrasse pas de ton rival ; je ne veux que de l'or pour le battre, moi. (Acte 1, scène 3, PLUTUS)
  16. Point d'étourderie ; Jupiter est le maître : on pourrait bien vous casser, car on n'est pas trop content de vous. (Acte 1, scène 3, MERCURE)
  17. C'est-à-dire que les femmes sont bien aises d'être courues ? (Acte 1, scène 3, PLUTUS)
  18. Ce sont des malices qui ne finissent point ; sans compter votre libertinage : car Bacchus, dit-on, vous fait faire tout ce qu'il veut ; Plutus, avec son or, dispose de votre carquois ; pourvu qu'il vous donne, toute votre artillerie est à son service, et cela n'est pas joli ; ainsi, tenez-vous en repos, et changez de conduite. (Acte 1, scène 3, MERCURE)
  19. Quant à moi, je n'ai que faire d'être dans les caquets. (Acte 1, scène 3, PLUTUS)
  20. Oubliez-vous que c'est moi qui met tout en mouvement, que c'est moi qui donne la vie ; qu'il faut dans ma charge un fond inépuisable de bonne humeur, et que je dois être à moi seul plus sémillant, plus vivant que tous les dieux ensemble ? (Acte 1, scène 3, CUPIDON)
  21. Quand son rival reviendrait à la mode, vous n'en inspirerez pas moins ceux qui chanteront leurs maîtresses. (Acte 1, scène 5, MERCURE)
  22. Sans comparaison, et un sujet bien plus à la portée d'être senti. (Acte 1, scène 5, APOLLON)
  23. Aujourd'hui, quand j'inspire un couplet de chanson ou quelques autres vers, j'ai mes coudées franches, je suis à mon aise. (Acte 1, scène 5, APOLLON)
  24. Au lieu que si la tendresse allait être à la mode, adieu les bras, adieu les mains ; les Philis n'auraient plus de tout cela. (Acte 1, scène 5, APOLLON)
  25. Tenez, de toutes les eaux de votre Hippocrène, de votre Parnasse et de votre bel esprit, je n'en donnerais pas un fétu ; non plus que de vos neuf Muses, qu'on appelle les chastes soeurs, et qui ne sont que neuf vieilles friponnes que vous n'employez qu'à faire du mal. (Acte 1, scène 6, LA VÉRITÉ)
  26. On est toujours mal loué de lui, dès qu'on mérite de l'être. (Acte 1, scène 6, LA VÉRITÉ)
  27. Vos épîtres dédicatoires, par exemple ? (Acte 1, scène 6, LA VÉRITÉ)
  28. Quand j'ouvre un livre, et que je vois le nom d'une vertueuse personne à la tête, je m'en réjouis ; mais j'en ouvre un autre, il s'adresse à une personne admirable ; j'en ouvre cent, j'en ouvre mille ; tout est dédié à des prodiges de vertu et de mérite. (Acte 1, scène 6, LA VÉRITÉ)
  29. Comment se fait-il que les personnes vraiment louables soient si rares, et que les épîtres dédicatoires soient si communes ? (Acte 1, scène 6, LA V?RIT?)
  30. En un mot, il y a mille épîtres où vous vous écriez : Que votre modestie se rassure, Monseigneur. (Acte 1, scène 6, LA V?RIT?)
  31. On ne sent point qu'on est menteur, quand on a l'habitude de l'être. (Acte 1, scène 6, MERCURE)
  32. La folle n'en veut rien rabattre. (Acte 1, scène 6, LA VÉRITÉ)
  33. C'est sur ce pied-là qu'elle se montre ; et la charmante Iris est une guenon qui vous ferait peur. (Acte 1, scène 6, LA V?RIT?)
  34. Et le plus heureux de tous les peuples est celui chez qui ce Prince et ce sujet se rencontrent ensemble. (Acte 1, scène 6, LA VÉRITÉ)
  35. Nous ne serons pas de trop ; je serai bien aise d'être présent. (Acte 1, scène 8, MERCURE)
  36. Peut-être vous plaindrez-vous du secret que je vous ai fait de notre assemblée : mais je croyais vos feux trop vifs. (Acte 1, scène 9, MINERVE)
  37. À votre place, je ne ferais point cette question-là. (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  38. Je croirais manquer de respect et faire outrage à vos lumières, si je vous soupçonnais capable d'hésiter entre lui et moi. (Acte 1, scène 10, L'AMOUR)
  39. Votre audace m'irrite, et me fait sortir de la modération que je voulais garder. (Acte 1, scène 10, L'AMOUR)
  40. Vous, qui n'avez pour attribut que le vice, digne héritage d'une origine aussi impure que la vôtre ? (Acte 1, scène 10, L'AMOUR)
  41. Il faut que les hommes vivent un peu plus bourgeoisement les uns avec les autres, pour être en repos. (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  42. Il est beau de l'être ; mais la raison n'admire que les sages. (Acte 1, scène 10, MINERVE)
  43. Qu'est-ce que c'était autrefois que l'envie de plaire ? (Acte 1, scène 10, L'AMOUR)
  44. Avec moi, le méchant rougissait de l'être. (Acte 1, scène 10, L'AMOUR)
  45. L'espoir de plaire, l'impossibilité d'y arriver autrement que par la vertu, forçaient son âme à devenir estimable. (Acte 1, scène 10, L'AMOUR)
  46. Je suis fait pour être ou son vainqueur ou son vaincu. (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  47. Nous ne saurions vivre autrement ensemble ; et sauve qui peut. (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  48. Comment fallait-il qu'il fût, à votre avis ? (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  49. Un trembleur qui a toujours peur d'offenser, qui n'eût fait dire aux femmes que ma gloire ! (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  50. Et cet enfant-là, je vous prie, y avait-il rien de plus sage que de lui donner pour père et pour mère des parents joyeux qui le fissent naître sans cérémonie dans le sein de la joie ? (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  51. Les uns y perdent, les autres y gagnent ; je ne m'en embarrasse pas. (Acte 1, scène 10, CUPIDON)
  52. Je suspends encore mon jugement entre vous deux. (Acte 1, scène 10, MINERVE)
  53. Voici la Vertu qui entre ; je ne me prononcerai que lorsqu'elle m'aura donné son avis. (Acte 1, scène 10, MINERVE)
  54. Vous savez les motifs de notre assemblée. (Acte 1, scène 11, MINERVE)
  55. Adieu, je vous laisse ; et vous me ferez votre rapport. (Acte 1, scène 11, MINERVE)
  56. Il est bien humiliant pour moi de me voir tant de fois réduit à lutter contre lui. (Acte 1, scène 12, L'AMOUR)
  57. Il a pillé celui-ci dans Cléopâtre. (Acte 1, scène 12, CUPIDON)
  58. Le pas est réglé entre vous. (Acte 1, scène 12, MERCURE)
  59. Permettez-moi, Madame, de vous demander un moment d'entretien. (Acte 1, scène 12, L'AMOUR)
  60. Ils n'ont osé se produire que dans mes timides regards ; mais il n'est plus temps de feindre, ni de vous dérober votre victime. (Acte 1, scène 12, L'AMOUR)
  61. Voilà qui est bien ; votre langage est décent. (Acte 1, scène 12, LA VERTU)
  62. On a le temps de se reconnaître ; et j'en rendrai bon compte. (Acte 1, scène 12, LA VERTU)
  63. Ce n'est pas votre sentiment qu'on demande. (Acte 1, scène 12, L'AMOUR)
  64. Ni sur la terre ni dans les cieux, je ne vois rien qui ne le cède aux vôtres. (Acte 1, scène 12, CUPIDON)
  65. Quelles délices pour moi d'aimer la Vertu, si je pouvais être aimé d'elle ! (Acte 1, scène 12, CUPIDON)
  66. N'avez-vous pas quelque répugnance à me refuser le vôtre ? (Acte 1, scène 12, CUPIDON)
  67. Chère main que j'idolâtre, recevez mes transports. (Acte 1, scène 12, CUPIDON)
  68. Il n'y en a point d'autre avec un fripon comme vous. (Acte 1, scène 13, MERCURE)
  69. Nous ne pouvons nous passer l'un de l'autre. (Acte 1, scène 13, CUPIDON)
  70. Je suis sûr que c'est Minerve qui va venir vous donner votre congé. (Acte 1, scène 13, MERCURE)
  71. Cupidon, la Vertu décidait contre vous ; et moi-même j'allais être de son sentiment, si Jupiter n'avait pas jugé à propos de vous réunir, en vous corrigeant, pour former le coeur du Prince. (Acte 1, scène 14, MINERVE)
  72. Avec votre confrère, l'âme est trop tendre, il est vrai ; mais avec vous, elle est trop libertine. (Acte 1, scène 14, MINERVE)
  73. Je vous apprendrai à n'être plus si sot ; et vous m'apprendrez à être plus sage. (Acte 1, scène 14, CUPIDON)

LA FEMME FIDÈLE (1750)

  1. Serviteur, Maître Colas ! (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  2. Faut-il entrer comme ça dans le jardin des personnes sans demander ni quoi ni qu'est-ce ? (Acte 1, scène 2, COLAS)
  3. Peut-être avons-nous affaire dans le jardin des personnes. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  4. Je ne dis pas qu'alle vous étouffit vous autres, puisque vous velà ; je dis tant seulement qu'alle tuit Monsieur_le_Marquis. (Acte 1, scène 2, COLAS)
  5. Quand son mari mourut, il me chargea de lui rendre une lettre qu'il écrivit, de lui dire même de certaines choses, si j'étais assez heureux pour revenir dans ma patrie ; et je viens m'acquitter de ma commission, malgré l'âge où je suis. (Acte 1, scène 2, LE MARQUIS)
  6. C'est l'effet de votre bonté : car vous paraissez bian caduc et bien cassé. (Acte 1, scène 2, COLAS)
  7. Vous avez donc été tous deux pris des Turcs, votre valet et vous, avec note maître ? (Acte 1, scène 2, COLAS)
  8. Dites-moi, braves gens, ce pauvre Frontin qui s'embarquit de compagnie avec noute maître, que lui est-il arrivé ? (Acte 1, scène 2, COLAS)
  9. Moi, Maître Colas ? (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  10. Ne crie point ; tais-toi, Maître Colas, tais-toi ; oui, c'est moi ; mais je t'ordonne de me garder le secret, je te l'ordonne. (Acte 1, scène 2, LE MARQUIS)
  11. Que voulez-vous, nout'maître !... (Acte 1, scène 2, COLAS)
  12. Alle a été quatre ans dans les syncopes et pis encore deux ou trois ans dans les mélancolies, pus étique... (Acte 1, scène 2, COLAS)
  13. Il est vrai que vout'homme est mort ; mais il en reste tant d'autres ! (Acte 1, scène 2, COLAS)
  14. Notre retour ne le ravigotera guère. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  15. Faut avoir quatre-vingts ans en leur parlant au moins, faut tousser beaucoup. (Acte 1, scène 3, COLAS)
  16. C'est un pays où Monsieur_le_Marquis d'Ardeuil est mort ; peut-être l'avez-vous connu ? (Acte 1, scène 3, LA MARQUISE)
  17. Cet entretien, en un tel jour, est bien mal à propos, et je souhaiterais qu'on nous l'épargnât. (Acte 1, scène 3, DORANTE)
  18. Mon maître m'envoie demander s'il peut voir Madame la Marquise : c'est un gentilhomme des plus respectables et des plus décrépis. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  19. Refuser de recevoir un homme qui a été l'ami de mon mari, et qui vient exprès ici pour m'en parler, vous n'y songez pas, Dorante ; ce n'est point là me connaître. (Acte 1, scène 3, LA MARQUISE)
  20. Allez, Colas, allez avec ce domestique dire de ma part à son maître qu'il me fera beaucoup d'honneur, et que je l'attends. (Acte 1, scène 3, LA MARQUISE)
  21. Vous vous trompez, Dorante, et je ne vous épouserais pas si votre attachement pour moi ne m'avait point touchée. (Acte 1, scène 4, LA MARQUISE)
  22. Ce n'est point un amant, c'est un époux que je regrette ; vous l'avez connu, vous m'avez avoué vous-même qu'il méritait mes regrets ; ne lui enviez point mes larmes, elles ne prennent rien sur les sentiments que j'ai pour vous : vous êtes peut-être le seul homme du monde à qui je puisse consentir de me donner après avoir été à lui, et vous devez être content. (Acte 1, scène 4, LA MARQUISE)
  23. Vous étiez bien en droit de regarder la maison de Monsieur_le_Marquis comme la vôtre, et de descendre ici tout d'un coup, sans s'arrêter dans le village. (Acte 1, scène 5, LA MARQUISE)
  24. Il est vrai qu'on ne saurait être plus unis que nous l'avons été, Monsieur_le_Marquis et moi... (Acte 1, scène 5, LE MARQUIS)
  25. Je vous demande pardon si je m'attendris moi-même ; je trouble peut-être quelque engagement nouveau : il me semble que ma commission n'est pas ici au gré de tout le monde. (Acte 1, scène 5, LE MARQUIS)
  26. Avec votre permission, Monsieur, cette pensée dans laquelle il est mort ne valait rien du tout ; le ciel nous préserve qu'elle soit exaucée ! (Acte 1, scène 5, MADAME ARGANTE)
  27. Remettons plutôt ce qui me reste à vous dire, Madame ; vous serez peut-être seule une autre fois, et je reviendrai. (Acte 1, scène 5, LE MARQUIS)
  28. Le Marquis l'aimait beaucoup, il vous l'a dit, il est mort en vous le répétant, ce doit être là tout, il ne saurait guère y en avoir davantage. (Acte 1, scène 5, MADAME ARGANTE)
  29. Je suis votre serviteur, Madame ; je vais me reposer un peu en attendant de revoir Madame la Marquise. (Acte 1, scène 6, LE MARQUIS)
  30. Il faut l'excuser ; il est devenu familier à force d'être mon camarade. (Acte 1, scène 6, LE MARQUIS)
  31. Ah ça, Monsieur, après tout, vous avez l'air d'un galant homme ; à votre âge, on a eu le temps de le devenir, et je crois que vous l'êtes. (Acte 1, scène 6, MADAME ARGANTE)
  32. On le voit à votre physionomie. (Acte 1, scène 6, MADAME ARGANTE)
  33. Si mon maître voulait, vous le verriez encore mieux. (Acte 1, scène 6, FRONTIN)
  34. Ne vous reprocheriez-vous pas d'être venu nous troubler pour satisfaire aux injustes fantaisies d'un mort ? (Acte 1, scène 6, MADAME ARGANTE)
  35. À presque rien : j'ai une lettre à lui remettre. (Acte 1, scène 6, LE MARQUIS)
  36. Une lettre du défunt ? (Acte 1, scène 6, DORANTE)
  37. Encore une lettre ! (Acte 1, scène 6, MADAME ARGANTE)
  38. Il ne m'est pas possible : j'ai fait serment de la remettre, il y va de mon honneur. (Acte 1, scène 6, LE MARQUIS)
  39. Il y va de votre honneur d'ôter la vie à ma fille ? (Acte 1, scène 6, MADAME ARGANTE)
  40. Voilà, je vous l'avoue, un étrange mort, avec sa misérable lettre ! (Acte 1, scène 6, MADAME ARGANTE)
  41. Impertinent, vous en mériteriez sans votre âge. (Acte 1, scène 6, MADAME ARGANTE)
  42. Eh bian, noute maître, j'ons vu que vous parliez à Madame. (Acte 1, scène 7, COLAS)
  43. Je vous avartis qu'alle se lamente là-bas dans ce petit cabinet de vardure, alle a la face toute trempée : j'ons vu ses deux yeux qui vont quasiment comme des arrosoirs, c'est une piquée. (Acte 1, scène 7, COLAS)
  44. Faut l'apaiser, Monsieur, faut li montrer le défunt. (Acte 1, scène 7, COLAS)
  45. J'ai encore à l'entretenir. (Acte 1, scène 7, LE MARQUIS)
  46. Je veux voir jusqu'où va son inclination pour mon rival, et si la lettre que je lui rendrai l'engagera sans peine à rompre son mariage. (Acte 1, scène 7, LE MARQUIS)
  47. Je vais vous montrer votre appartement, Monsieur, si vous souhaitez vous y retirer. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  48. Je n'ai qu'une oreille à vous abattre. (Acte 1, scène 11, FRONTIN)
  49. Ah çà, dites-nous, mon bonhomme, votre maître prétend-il rester longtemps ici ? (Acte 1, scène 13, MADAME ARGANTE)
  50. Il me semble lui avoir entendu dire qu'il avait vu mourir le Marquis, et il ne nous refusera pas de l'assurer à ma fille, si son maître disait le contraire ; il sera bien aise de nous servir ; n'est-ce pas, bonhomme ? (Acte 1, scène 13, MADAME ARGANTE)
  51. Voici votre maître et j'ai envie que nous lui parlions. (Acte 1, scène 13, MADAME ARGANTE)
  52. Approchez, Monsieur, vous n'êtes point de trop : votre valet nous parlait du Marquis qu'il a vu mort. (Acte 1, scène 14, MADAME ARGANTE)
  53. Sans doute avez-vous d'autres raisons que votre valet pour être de ce sentiment-là. (Acte 1, scène 14, DORANTE)
  54. Quittez le château, Monsieur, nous vous donnerons de l'argent pour faire votre voyage. (Acte 1, scène 14, DORANTE)
  55. Comment donc, radoteur, vous prenez le ton de maître ? (Acte 1, scène 14, MADAME ARGANTE)
  56. Vous allez cependant donner votre main à un autre, Madame, et ce n'est point à moi à y trouver à redire ; mais je ne saurais m'empêcher d'être sensible à la consternation où il en serait lui-même... (Acte 1, scène 16, LE MARQUIS)
  57. J'aime votre sensibilité, et je la respecte, mais vous n'êtes pas instruit ; c'est l'ami de mon mari même que je vais prendre pour juge : ne vous imaginez pas que mon coeur soit coupable ; que le vôtre ne gémisse point, le Marquis n'est point trompé. (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  58. Attendez, Monsieur, il faut s'expliquer ; oui, les apparences peuvent être contre moi ; mais laissez-moi vous dire ; je mérite bien qu'on m'écoute. (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  59. Je connaissais bien le Marquis, et j'ai peut-être porté la douleur au delà même de ce qu'un coeur comme le sien l'aurait voulu. (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  60. Dites donc que j'y consens, ce qui est bien différent, et que j'y consens tourmentée par une mère à qui je suis chère, qui me doit l'être, qui n'a jamais rien aimé tant que moi, et que mes refus désolent. (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  61. On n'est pas toujours la maîtresse de son sort, Monsieur, il y a des complaisances inévitables dans la vie, des espèces de combats qu'on ne saurait toujours soutenir. (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  62. J'ai vu cette mère mille fois désespérée de mon état, elle tomba malade : j'en étais cause ; il ne s'agissait pas moins que de lui sauver la vie, car elle se mourait, mon opiniâtreté la tuait. (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  63. Je ne sais point être insensible à de pareilles choses, et elle m'arracha une promesse d'épouser Dorante. (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  64. Je n'hésiterai donc plus à vous donner cette lettre ; elle ne viendra point mal à propos, elle vous convient encore. (Acte 1, scène 16, LE MARQUIS)
  65. Une lettre de lui, Monsieur ? (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  66. Consolez-vous, vivez, mais restez libre ; c'est pour vous que je vous en conjure : personne ne saurait le prix de votre coeur. (Acte 1, scène 16, LA MARQUISE)
  67. Oui, Madame, on s'est trompé ; il est vrai que la plus grande partie des captifs mourut à Alger pendant que nous y étions ; mais nous trouvâmes le moyen de nous sauver, et c'est notre disparition qui a fait l'erreur : je suis dans le même cas, et le Marquis mourut dans notre fuite, ou du moins il se mourait quand je fus obligé de le quitter. (Acte 1, scène 16, LE MARQUIS)
  68. S'il n'avait hésité de paraître que dans la crainte de n'être plus aimé ? (Acte 1, scène 16, LE MARQUIS)
  69. Voici votre mère. (Acte 1, scène 16, LE MARQUIS)
  70. Mon ami le défunt, commençons par aller boire sur votre testament. (Acte 1, scène 17, COLAS)

L'ÉCOLE DES MÈRES (1732)

  1. Oui, vous voilà fort bien déguisé, et avec cet habit-là, vous disant mon cousin, je crois que vous pouvez paraître ici en toute sûreté ; il n'y a que votre air qui n'est pas trop d'accord avec la livrée. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  2. Il n'y a rien à craindre ; je n'ai pas même, en entrant, fait mention de notre parenté. (Acte 1, scène 1, ÉRASTE)
  3. Je crois que vous devez être content du zèle avec lequel je vous sers : je m'expose à tout, et ce que je fais pour vous n'est pas trop dans l'ordre ; mais vous êtes un honnête homme ; vous aimez ma jeune maîtresse, elle vous aime ; je crois qu'elle sera plus heureuse avec vous qu'avec celui que sa mère lui destine, et cela calme un peu mes scrupules. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  4. Moi qui ne l'ai vue qu'en passant dans nos promenades, qui ne lui ai prouvé mon amour que par mes regards, et qui n'ai pu lui parler que deux fois pendant que sa mère s'écartait avec d'autres dames ! (Acte 1, scène 1, ÉRASTE)
  5. Avec un de mes parents qui s'appelle La Ramée, et dont le maître, qui est ordinairement en province, est venu ici pour affaire ; et il profite du séjour qu'il y fait pour me voir. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  6. Tu sais à qui Madame marie Angélique, ma maîtresse ? (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  7. Ce n'est qu'à regret qu'Angélique obéit, d'autant plus que le hasard lui a fait connaître un aimable homme qui a touché son coeur. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  8. En ce cas-là, je vous pardonne votre figure, et je suis tout à vous. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  9. Rien que favoriser une entrevue que Lisette va me procurer ce soir, et tu seras content de moi. (Acte 1, scène 2, ÉRASTE)
  10. Je le crois, mais qu'espérez-vous de cette entrevue ? (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  11. Eh bien, pendant que la compagnie, avant le souper, sera dans l'appartement de Madame, Monsieur nous attendra dans cette salle-ci, sans lumière pour n'être point vu, et nous y viendrons, Angélique et moi, pour examiner le parti qu'il y aura à prendre. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  12. Ce n'est pas de l'entretien dont je doute : mais à quoi aboutira-t-il ? (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  13. Pour nous, Frontin, nous ne nous chargeons que de faciliter l'entretien, auquel je serai présente ; mais de ce qu'on y résoudra, nous n'y trempons point, cela ne nous regarde pas. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  14. Si fait, cela nous regarderait un peu, si cette petite conversation nocturne que nous leur ménageons dans la salle était découverte ; d'autant plus qu'une des portes de la salle aboutit au jardin, que du jardin on va à une petite porte qui rend dans la rue, et qu'à cause de la salle où nous les mettrons, nous répondrons de toutes ces petites portes-là, qui sont de notre connaissance. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  15. Mais tout coup vaille ; pour se mettre à son aise, il faut quelquefois risquer son honneur, il s'agit d'ailleurs d'une jeune victime qu'on veut sacrifier, et je crois qu'il est généreux d'avoir part à sa délivrance, sans s'embarrasser de quelle façon elle s'opérera : Monsieur payera bien, cela grossira ta dot, et nous ferons une action qui joindra l'utile au louable. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  16. Comme on ne sait encore qui vous êtes, en cas qu'on vous fît quelques questions, au lieu d'être mon parent, soyez celui de Frontin, et retirez-vous dans sa chambre, qui est à côté de cette salle, et d'où Frontin pourra vous amener, quand il faudra. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  17. Allez tout à l'heure ; car il faut que je prévienne Angélique, qui assurément sera charmée de vous voir, mais qui ne sait pas que vous êtes ici, et à qui je dirai d'abord qu'il y a un domestique dans la chambre de Frontin qui demande à lui parler de votre part : mais sortez, j'entends quelqu'un qui vient. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  18. Madame, c'est un garçon de condition, comme vous voyez, qui m'est venu voir, et à qui je m'intéresse parce que nous sommes fils des deux frères ; il n'est pas content de son maître, ils se sont brouillés ensemble, et il vient me demander si je ne sais pas quelque maison dont il pût s'accommoder... (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  19. Y peut-on rien connaître ? (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  20. Je le crois, c'est une marque qu'elle a le coeur bon : elle va se marier, elle me quitte, elle m'aime, et notre séparation est douloureuse. (Acte 1, scène 4, MADAME-ARGANTE)
  21. Oui, une fille dissipée, élevée dans un monde coquet, qui a plus entendu parler d'amour que de vertu, et que mille jeunes étourdis ont eu l'impertinente liberté d'entretenir de cajoleries ; mais une fille retirée, qui vit sous les yeux de sa mère, et dont rien n'a gâté ni le coeur ni l'esprit, ne laisse pas que d'être alarmée quand elle change d'état. (Acte 1, scène 4, MADAME-ARGANTE)
  22. Je connais Angélique et la simplicité de ses moeurs ; elle n'aime pas le monde, et je suis sûre qu'elle ne me quitterait jamais, si je l'en laissais la maîtresse. (Acte 1, scène 4, MADAME ARGANTE)
  23. S'il n'en est pas question avec Mademoiselle votre fille, il n'y aura guère eu de prodige de cette force-là ! (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  24. Qu'entendez-vous avec votre prodige ? (Acte 1, scène 4, MADAME-ARGANTE)
  25. J'entends qu'il faut, le plus qu'on peut, mettre la vertu des gens à son aise, et que celle d'Angélique ne sera pas sans fatigue. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  26. Voyez, n'êtes-vous pas satisfaite de votre sort ? (Acte 1, scène 5, MADAME-ARGANTE)
  27. Je veux qu'on me réponde raisonnablement ; je m'attends à votre reconnaissance, et non pas à des mais. (Acte 1, scène 5, MADAME-ARGANTE)
  28. Je vous demande quelles sont les dispositions de votre coeur dans cette conjoncture-ci. (Acte 1, scène 5, MADAME-ARGANTE)
  29. Je tremble de ne pas répondre à votre fantaisie. (Acte 1, scène 5, ANGÉLIQUE)
  30. C'est que ce que je dirais vous fâcherait peut-être. (Acte 1, scène 5, ANGÉLIQUE)
  31. Il n'est pas nécessaire ; vous faites encore mieux d'être comme vous êtes ; de vous laisser conduire, et de vous en fier entièrement à moi. (Acte 1, scène 5, MADAME-ARGANTE)
  32. Aussi voyez-vous que vous en êtes récompensée ; je ne vous donne pas un jeune extravagant qui vous négligerait peut-être au bout de quinze jours, qui dissiperait son bien et le vôtre, pour courir après mille passions libertines ; je vous marie à un homme sage, à un homme dont le coeur est sûr, et qui saura tout le prix de la vertueuse innocence du vôtre. (Acte 1, scène 5, MADAME ARGANTE)
  33. Oui, grâces à mes soins, je vous vois telle que j'ai toujours souhaité que vous fussiez ; comme il vous est familier de remplir vos devoirs, les vertus dont vous allez avoir besoin ne vous coûteront rien ; et voici les plus essentielles ; c'est, d'abord, de n'aimer que votre mari. (Acte 1, scène 5, MADAME-ARGANTE)
  34. Vous n'en devez point avoir d'autres que ceux de Monsieur Damis, aux volontés de qui vous vous conformerez toujours, ma fille ; nous sommes sur ce pied-là dans le mariage. (Acte 1, scène 5, MADAME-ARGANTE)
  35. C'est une espèce de loi qu'on nous a imposée ; et qui dans le fond nous fait honneur, car entre deux personnes qui vivent ensemble, c'est toujours la plus raisonnable qu'on charge d'être la plus docile, et cette docilité-là vous sera facile ; car vous n'avez jamais eu de volonté avec moi, vous ne connaissez que l'obéissance. (Acte 1, scène 5, MADAME-ARGANTE)
  36. Je vous laisse, songez à tout ce que je vous ai dit ; et surtout gardez ce goût de retraite, de solitude, de modestie, de pudeur qui me charme en vous ; ne plaisez qu'à votre mari, et restez dans cette simplicité qui ne vous laisse ignorer que le mal. (Acte 1, scène 5, MADAME-ARGANTE)
  37. Qu'avez-vous dit à votre mère ? (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  38. C'est lui qui est aimable, qui est complaisant, et non pas ce Monsieur Damis que ma mère a été prendre je ne sais où, qui ferait bien mieux d'être mon grand-père que mon mari, qui me glace quand il me parle, et qui m'appelle toujours ma belle personne ; comme si on s'embarrassait beaucoup d'être belle ou laide avec lui : au lieu que tout ce que me dit Eraste est si touchant ! (Acte 1, scène 6, ANGÉLIQUE)
  39. On voit que c'est du fond du coeur qu'il parle ; et j'aimerais mieux être sa femme seulement huit jours, que de l'être toute ma vie de l'autre. (Acte 1, scène 6, ANG?LIQUE)
  40. Je sais bien qu'il sera inconsolable : N'est-on pas bien à plaindre, quand on s'aime tant, de n'être pas ensemble ? (Acte 1, scène 6, ANGÉLIQUE)
  41. Qu'on me donne Eraste ; je l'aimerai tant qu'on voudra, puisque je l'aime avant que d'y être obligée, je n'aurai garde d'y manquer quand il le faudra, cela me sera bien commode. (Acte 1, scène 6, ANG?LIQUE)
  42. Il est encore temps ; vous êtes d'une vivacité étonnante avec moi, et vous tremblez devant votre mère. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  43. Tu as raison : mais quand ma mère me parle, je n'ai plus d'esprit ; cependant je sens que j'en ai assurément ; et j'en aurais bien davantage, si elle avait voulu ; mais n'être jamais qu'avec elle, n'entendre que des préceptes qui me lassent, ne faire que des lectures qui m'ennuient, est-ce là le moyen d'avoir de l'esprit ? (Acte 1, scène 6, ANGÉLIQUE)
  44. Je n'ose pas seulement ouvrir ma fenêtre. (Acte 1, scène 6, ANG?LIQUE)
  45. Suis-je vêtue comme une autre ? (Acte 1, scène 6, ANG?LIQUE)
  46. Votre naïveté me fait rire. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  47. En vérité, si je n'avais pas le coeur bon, tiens, je crois que je haïrais ma mère, d'être cause que j'ai des émotions pour des choses dont je suis sûre que je ne me soucierais pas si je les avais. (Acte 1, scène 6, ANGÉLIQUE)
  48. Aussi, quand je serai ma maîtresse ! (Acte 1, scène 6, ANG?LIQUE)
  49. Je veux savoir tout ce que les autres savent. (Acte 1, scène 6, ANG?LIQUE)
  50. Sais-tu bien que je serai fort heureuse de n'être pas coquette ? (Acte 1, scène 6, ANGÉLIQUE)
  51. Mais parlons d'autre chose. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  52. Prenez donc une bonne résolution de n'être pas à un autre. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  53. Il y a ici un domestique à lui qui a une lettre à vous rendre de sa part. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  54. Une lettre de sa part, et tu ne m'en disais rien ! (Acte 1, scène 6, ANGÉLIQUE)
  55. Tu me parles de lui et de sa lettre, et je ne vois ni l'un ni l'autre. (Acte 1, scène 6, ANGÉLIQUE)
  56. Le valet de Monsieur Eraste vous apporte une lettre que voici, Madame. (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  57. Si vous concluez sans me permettre de vous voir, je ne me soucie plus de la vie. (Acte 1, scène 7, ANGÉLIQUE)
  58. Adieu ; j'attends votre réponse, et je me meurs. (Acte 1, scène 7, ANG?LIQUE)
  59. Cette lettre-là me pénètre ; il n'y a point de modération qui tienne, Lisette ; il faut que je lui parle, et je ne veux pas qu'il meure. (Acte 1, scène 7, ANG?LIQUE)
  60. Allez lui dire qu'il vienne ; on le fera entrer comme on pourra. (Acte 1, scène 7, ANG?LIQUE)
  61. Madame, je n'ai encore fait que vous voir et j'ai besoin d'un entretien pour vous résoudre à me sauver la vie. (Acte 1, scène 7, ÉRASTE)
  62. Qui est-ce qui entre là ? (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  63. Bonsoir, la jolie fille, bonsoir, Messieurs ; je viens attendre ici mon maître qui m'envoie dire qu'il va venir ; et je suis charmé d'une rencontre... (Acte 1, scène 8, CHAMPAGNE)
  64. Parce que je n'en ai pas reçu d'autre. (Acte 1, scène 8, ÉRASTE)
  65. Je veux bien que Monsieur La Ramée en ait un ; mais il ne lui est pas permis de se servir de celui d'un autre. (Acte 1, scène 9, CHAMPAGNE)
  66. Comment, celui d'un autre ! (Acte 1, scène 9, LISETTE)
  67. Oui, celui d'un autre : en un mot, cette mine-là ne lui appartient point ; elle n'est point à sa place ordinaire, ou bien j'ai vu la pareille à quelqu'un que je connais. (Acte 1, scène 9, CHAMPAGNE)
  68. C'est peut-être une physionomie à la mode, et La Ramée en aura pris une. (Acte 1, scène 9, FRONTIN)
  69. Oui, Monsieur ; on vient de m'apprendre qu'il n'y a rien pour moi, et ma part ne me donne pas une bonne opinion de la vôtre. (Acte 1, scène 10, CHAMPAGNE)
  70. C'est que Lisette ne veut point de moi, et outre cela j'ai vu la physionomie de Monsieur votre fils sur le visage d'un valet. (Acte 1, scène 10, CHAMPAGNE)
  71. Il y a déjà bonne compagnie assemblée chez moi, c'est-à-dire, une partie de ma famille, avec quelques-uns de nos amis, car pour les vôtres, vous n'avez pas voulu leur confier votre mariage. (Acte 1, scène 11, MADAME-ARGANTE)
  72. Vous êtes le maître, Monsieur ; au reste, il n'appartient point à une mère de vanter sa fille ; mais je crois vous faire un présent digne d'un honnête homme comme vous. (Acte 1, scène 11, MADAME-ARGANTE)
  73. Daignez, à la faveur de notre union prochaine, m'accorder un petit moment d'entretien avec Angélique ; c'est une satisfaction que je n'ai pas eu jusqu'ici. (Acte 1, scène 11, MONSIEUR-DAMIS)
  74. Enfin, charmante Angélique, je puis donc sans témoins vous jurer une tendresse éternelle : il est vrai que mon âge ne répond pas au vôtre. (Acte 1, scène 12, MONSIEUR-DAMIS)
  75. C'est une répétition dont je ne suis point curieux ; et ce n'était pas là ce que votre mère m'avait fait entendre. (Acte 1, scène 12, MONSIEUR-DAMIS)
  76. Et il faut y mettre ordre. (Acte 1, scène 12, MONSIEUR-DAMIS)
  77. N'allez pourtant pas dire à ma mère que je vous ai confié que je ne vous aime point, parce qu'elle se mettrait en colère contre moi ; mais faites mieux ; dites-lui seulement que vous ne me trouvez pas assez d'esprit pour vous, que je n'ai pas tant de mérite que vous l'aviez cru, comme c'est la vérité ; enfin, que vous avez encore besoin de vous consulter : ma mère, qui est fort fière, ne manquera pas de se choquer, elle rompra tout, notre mariage ne se fera point, et je vous aurai, je vous jure, une obligation infinie. (Acte 1, scène 12, ANGÉLIQUE)
  78. Mais il n'est pas possible que je m'en doute si cela n'est pas vrai ; autrement ce serait être de mauvaise foi ; et, malgré toute l'envie que j'ai de vous obliger, je ne saurais dire une imposture. (Acte 1, scène 12, MONSIEUR-DAMIS)
  79. Ne m'en demandez pas davantage ; puisque vous ne voulez que vous douter que j'aime, en voilà plus qu'il n'en faut pour votre probité, et je vais vous annoncer là-haut. (Acte 1, scène 12, ANGÉLIQUE)
  80. Vous marchandez ma fidélité ; mais je suis dans mon jour d'esprit, il n'y a rien à faire, je sens combien il faut être discret. (Acte 1, scène 13, FRONTIN)
  81. Elle est à toi, si tu veux me confier ce que tu sais sur le chapitre d'Angélique. (Acte 1, scène 13, MONSIEUR-DAMIS)
  82. Je viens adroitement de lui faire avouer qu'elle a un amant ; et observée comme elle est par sa mère, elle ne peut ni l'avoir vu ni avoir de ses nouvelles que par le moyen des domestiques : tu t'en es peut-être mêlé toi-même, ou tu sais qui s'en mêle, et je voudrais écarter cet homme-là ; quel est-il ? (Acte 1, scène 13, MONSIEUR DAMIS)
  83. Je viens de céder à un trait d'éloquence qu'on aura peut-être employé contre elle ; au reste je ne connais le jeune homme en question que depuis une heure ; il est actuellement dans ma chambre ; Lisette en a fait mon parent, et dans quelques moments, elle doit l'introduire ici même où je suis chargé d'éteindre les bougies, et où elle doit arriver avec Angélique pour y traiter ensemble des moyens de rompre votre mariage. (Acte 1, scène 13, FRONTIN)
  84. Si je vois que l'amour d'Angélique aille à un certain point, il ne s'agit plus de mariage ; cependant je tremble. (Acte 1, scène 14, MONSIEUR-DAMIS)
  85. Tenez, Monsieur, voilà tout votre attirail, jusqu'à un masque : c'est un visage qui ne vous donnera que dix-huit ans, vous ne perdrez rien au change ; ajustez-vous vite ; bon ! (Acte 1, scène 14, FRONTIN)
  86. Parle bas ; avec Eraste que je fais entrer dans la salle. (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  87. Adieu ; dans un moment je reviens avec ma maîtresse. (Acte 1, scène 15, LISETTE)
  88. Vous m'avez dit tantôt que vous m'aimiez ; vos beaux yeux me l'ont confirmé par les regards les plus aimables et les plus tendres ; mais de quoi me servira d'être aimé, si je vous perds ? (Acte 1, scène 16, ÉRASTE)
  89. Au nom de notre amour, Angélique, puisque vous m'avez permis de me flatter du vôtre, gardez-vous à ma tendresse, je vous en conjure par ces charmes que le ciel semble n'avoir destinés que pour moi ; par cette main adorable sur qui je vous jure un amour éternel. (Acte 1, scène 16, ?RASTE)
  90. Ne la retirez pas, Angélique, et dédommagez Eraste du plaisir qu'il n'a point de voir vos beaux yeux, par l'assurance de n'être jamais qu'à lui ; parlez, Angélique. (Acte 1, scène 16, ?RASTE)
  91. Je suis au désespoir, ta maîtresse me fuit. (Acte 1, scène 17, ÉRASTE)
  92. Et d'ailleurs on m'a dit qu'il fallait être plus retenue dans les discours qu'on tient à son amant. (Acte 1, scène 18, ANGÉLIQUE)
  93. Mais je vais comme le coeur me mène, sans y entendre plus de finesse ; j'ai du plaisir à vous voir, et je vous vois, et s'il y a de ma faute à vous avouer si souvent que je vous aime, je la mets sur votre compte, et je ne veux point y avoir part. (Acte 1, scène 18, ANGÉLIQUE)
  94. Si ma mère m'avait donné plus d'expérience ; si j'avais été un peu dans le monde, je vous aimerais peut-être sans vous le dire ; je vous ferais languir pour le savoir ; je retiendrais mon coeur, cela n'irait pas si vite, et vous m'auriez déjà dit que je suis une ingrate ; mais je ne saurais la contrefaire. (Acte 1, scène 18, ANGÉLIQUE)
  95. Mais il s'agit de nos affaires : j'ai le bonheur d'avoir un père raisonnable, à qui je suis aussi cher qu'il me l'est à moi-même, et qui, j'espère, entrera volontiers dans nos vues. (Acte 1, scène 18, ÉRASTE)
  96. Eh bien, jeune extravagante, un couvent, plus austère que moi, me répondra des égarements de votre coeur. (Acte 1, scène 18, MADAME-ARGANTE)
  97. Ce fripon-là, c'est mon fils, à qui, tout bien examiné, je vous conseille de donner votre fille. (Acte 1, scène 19, MONSIEUR-DAMIS)
  98. Votre fils ? (Acte 1, scène 19, MADAME-ARGANTE)
  99. Approchez, Eraste ; tout ce que j'ai entendu vient de m'ouvrir les yeux sur l'imprudence de mes desseins ; conjurez Madame de vous être favorable, il ne tiendra pas à moi qu'Angélique ne soit votre épouse. (Acte 1, scène 19, MONSIEUR-DAMIS)
  100. Votre fille a tort, mais elle est vertueuse, et à votre place je croirais devoir oublier tout, et me rendre. (Acte 1, scène 19, MONSIEUR-DAMIS)
  101. L'autre jour à Nicole il prit v.44 (Acte 1, scène 20, CHANTEURS DU VAUDEVILLE)

LE PRÉJUGE VAINCU (1746)

  1. Premièrement, mon maître te prie de l'attendre ici. (Acte 1, scène 1, LÉPINE)
  2. Il n'y a que six jours que nous sommes ici, mon maître et moi, que six jours que je te connais, et la tête me tourne, et tu demandes quartier ! (Acte 1, scène 1, LÉPINE)
  3. Ce n'est pas qu'on ne soyais agriable, mais mon rang me le défend ; je vous en informe, tout ce qui est comme vous n'est pas mon pareil, à ce que m'a dit ma maîtresse. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  4. La nôtre était la meilleure de tout le village, et que trop bonne ; c'est ce qui nous a ruinés. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  5. En un mot comme en cent, je suis la fille d'un homme qui était, en son vivant, procureur fiscal du lieu et qui mourut l'an passé ; ce qui a fait que notre jeune dame, faute de fille de chambre, m'a pris depuis trois mois cheux elle, en guise de compagnie. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  6. Avec votre permission et la sienne, je remets mon chapeau. (Acte 1, scène 1, LÉPINE)
  7. Diantre ! (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  8. Il m'apparaît que t'as raison, Lépaine, je vois que ma maîtresse m'a trop haussé le coeur, et je me dédis ; je pense que je ne nous devons rian. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  9. J'en serais consentante si vous ne vous en retourniais pas bientôt à Paris, vous autres. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  10. Et si, dès aujourd'hui, on m'élevait à la dignité de concierge du château que nous avons à une lieue d'ici, votre ambition serait-elle satisfaite avec un mari de ce rang-là ? (Acte 1, scène 1, LÉPINE)
  11. Biaucoup, Lépaine ; tians, je sis franche, t'avais besoin de mon coeur, moi, j'avais faute du tian ; et ça m'a prins drès que je t'ai vu, sans faire semblant, et quand il n'y aurait ni châtiau, ni timbales dans ton affaire, je serais encore contente d'être ta femme. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  12. C'est une concierge que j'arrête pour votre château ; je concluais le marché, et je lui donnais des arrhes. (Acte 1, scène 2, LÉPINE)
  13. Lisette, puisqu'à présent je puis me fier à toi, je ne ferai point difficulté de te confier un secret ; c'est que j'aime passionnément ta maîtresse, qui ne le sait pas encore : et j'ai eu mes raisons pour le lui cacher. (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  14. Je vais d'ailleurs être revêtu d'une charge qui donne un rang considérable ; d'un autre côté, je suis étroitement lié d'amitié avec le Marquis, qui me verrait volontiers devenir son gendre ; et malgré tout ce que je dis là, pourtant, je me suis tu. (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  15. J'ai observé qu'elle est plus touchée qu'une autre de cet avantage-là, et la fierté que je lui crois là-dessus m'a retenu jusqu'ici. (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  16. C'est folie que d'en chercher une autre ; il n'y a de ça que cheux nous ; ça se voit ici, et velà tout. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  17. Lisette, ce me fait-elle, je crois que ce garçon de Paris m'en veut ; sa civilité me le montre. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  18. Que nenni, ce me dit-elle ; il m'appriande trop ; je serais pourtant bian aise d' être çartaine, à celle fin de n'en plus douter. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  19. Vraiment oui, ce dit-elle ; mais faut savoir à qui je parle ; j'aime encore mieux être fâchée que douteuse. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  20. T'as raison, Lisette, me répartit-elle ; oui, ma fille, c'est dommage ; cette nativité est fâcheuse ; car le parsonnage est agriable, il fait plaisir à considérer, je n'en vas pas à l'encontre. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  21. Mon intention, Lisette, était d'abord de t'engager à me servir auprès d'Angélique ; mais cela serait inutile, à ce que je vois ; et il me vient une autre idée. (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  22. Comme elle croit que je l'aime, elle soupçonnera que c'est moi ; et tu lui diras qu'à la vérité je n'ai pas dit qui c'était, mais qu'il t'a semblé que je parlais pour un autre, pour quelqu'un d'une condition égale à la mienne. (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  23. D'un autre bourgeois ainsi que vous ? (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  24. Peut-être qu'alle vous excuserait, vous, maugré la bourgeoisie ; mais n'y aura pas de marci pour un pareil à vous ; alle dégrignera vote homme, alle dira que c'est du fretin. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  25. Oui, je m'attends bien à des mépris, mais je ne les éviterais peut-être pas si je me déclarais sans détour, et ils ne me laisseraient plus de ressource, au lieu qu'alors ils ne s'adresseront pas à moi. (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  26. Oui, je comprends, ce ne sera pas vous qui aurez eu les injures, ce sera l'autre ; et pis, quand alle saura que c'est vous... (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  27. Et de dire : C'est une autre histoire, je ne parlais pas de vous. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  28. Et renonce-t-il à moi, dans la peur d'être mal reçu ? (Acte 1, scène 3, ANGÉLIQUE)
  29. C'est seulement qu'il est le commis d'un autre. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  30. Qu'est-ce que c'est que le commis d'un autre ? (Acte 1, scène 3, ANGÉLIQUE)
  31. Et que cet acabit de mari n'est pas capable d'être vote homme : allons. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  32. Attends, laisse-le venir ; dans le fond, il est au-dessous de moi d'être si sérieusement piquée. (Acte 1, scène 3, ANGÉLIQUE)
  33. Et je vous recommande le maître. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  34. Oserais-je, sans être importun, Madame, vous demander un instant d'entretien ? (Acte 1, scène 4, DORANTE)
  35. pouvez-vous l'être avec nous ? (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  36. D'une proposition que Monsieur_le_Marquis m'a permis de vous faire, qu'il vous rend la maîtresse d'accepter ou non, mais dont j'hésite à vous parler, et que je vous conjure de me pardonner, si elle ne vous plaît pas. (Acte 1, scène 4, DORANTE)
  37. Vos intentions sont louables, et votre projet ne vaut rien. (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  38. Parlons d'autre chose. (Acte 1, scène 4, ANG?LIQUE)
  39. Mais, Madame, permettez-moi d'insister, ce récit de Lisette peut n'être pas exact. (Acte 1, scène 4, DORANTE)
  40. Dorante, si c'est de bonne foi que vous avez craint de me fâcher, la manière dont je m'explique doit vous arrêter, ce me semble, et je vous le répète encore, parlons d'autre chose. (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  41. Il ne faut point être si affligé, Dorante. (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  42. Je parle votre langage ; je réponds à vos exagérations par les miennes. (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  43. On dirait que votre souverain bonheur consiste à ne me pas perdre de vue et j'en serais fâchée. (Acte 1, scène 4, ANG?LIQUE)
  44. Vous montrez une tristesse mortelle, parce que je vous empêche de répéter ce que Lisette m'a déjà dit. (Acte 1, scène 4, ANG?LIQUE)
  45. Vous succomberez sous tant de chagrins ; il n'y va pas moins que de votre vie, s'il faut vous en croire. (Acte 1, scène 4, ANG?LIQUE)
  46. Il n'y a rien de moins incroyable que le plaisir infini que j'aurais à vous voir toujours ; rien de plus croyable que l'extrême confusion que j'ai de vous avoir indisposé contre moi ; rien de plus naturel que d'être touché autant que je le suis de ne pouvoir du moins me justifier auprès de vous. (Acte 1, scène 4, DORANTE)
  47. Cela ne vous regarde pas, Dorante, et je vous excepte ; mais que vous me disiez qu'il est honnête homme, il ne lui manquerait plus que de ne pas l'être. (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  48. Quel est-il, votre homme ? (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  49. Je me tais, Madame ; votre opinion est que j'ai tort, et je me condamne. (Acte 1, scène 4, DORANTE)
  50. Croyez-moi, Dorante, vous estimez trop les biens : et le bon usage que vous faites des vôtres vous excuse. (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  51. Mais entre nous, que ferais-je avec un homme de cette espèce-là ? (Acte 1, scène 4, ANG?LIQUE)
  52. Ce sont d'autres façons, d'autres sentiments, d'autres moeurs, presque un autre honneur ; c'est un autre monde. (Acte 1, scène 4, ANG?LIQUE)
  53. Votre mari me rebuterait et je le gênerais. (Acte 1, scène 4, ANG?LIQUE)
  54. Pour vous prouver que je n'y songe plus, j'ai envie de vous prier de rester encore avec nous quelque temps ; vous me verrez peut-être incessamment mariée. (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  55. J'ai abusé trop longtemps de votre patience, et je me retire toujours pénétré de douleur. (Acte 1, scène 4, DORANTE)
  56. Lisette est une fille de famille qui peut trouver mieux, Monsieur, et je ne vois pas que votre Lépine lui convienne. (Acte 1, scène 4, ANGÉLIQUE)
  57. Dès que c'est Dorante qui le propose ce ne peut être qu'un de ses amis, et par conséquent un homme très estimable qui doit d'ailleurs avoir un rang, et que vous auriez pu épouser avec l'approbation de tout le monde. (Acte 1, scène 5, LE-MARQUIS)
  58. Cependant ce sont là de ces choses sur lesquelles il est juste que vous restiez la maîtresse. (Acte 1, scène 5, LE MARQUIS)
  59. Je sais vos bontés pour moi, mon père ; mais je ne croyais pas m'être éloignée de vos intentions. (Acte 1, scène 5, ANGÉLIQUE)
  60. Voici une lettre que je viens de recevoir de lui, et qu'il a écrit la veille de son départ. (Acte 1, scène 5, LE-MARQUIS)
  61. Il me mande qu'il vient vous offrir sa fortune, et nous le verrons peut-être ce soir. (Acte 1, scène 5, LE MARQUIS)
  62. Si vous voulez lire sa lettre, la voilà. (Acte 1, scène 5, LE MARQUIS)
  63. Je pourrais être de trop dans ce moment-ci, Monsieur, et je vous laisse seuls. (Acte 1, scène 5, DORANTE)
  64. Votre autorité de père ! (Acte 1, scène 5, DORANTE)
  65. Je vous crois Dorante, et je ne saurais douter de votre amitié, j'en ai trop de preuves, mais je vous en demande encore une. (Acte 1, scène 6, LE-MARQUIS)
  66. De quoi n'êtes-vous pas le maître avec moi ? (Acte 1, scène 6, DORANTE)
  67. Comment vont nos affaires de votre côté ? (Acte 1, scène 7, LÉPINE)
  68. Voilà notre compte. (Acte 1, scène 7, LÉPINE)
  69. Allez-vous-en, de peur qu'alle ne vous rencontre. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  70. vous l'avez appelé petit monsieur : et un petit monsieur, c'est justement et à point un freluquet ; il n'y a pas pus à pardre ou à gagner sur l'un que sur l'autre. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  71. Tu viens me dire qu'il a disposé de ma main pour un autre ; et c'était pour lui qu'il la demandait. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  72. En vérité, il y a des moments où je suis tentée de lui en faire mes excuses, et je le devrais peut-être. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  73. Quand vous auriez su d'abord que c'était li, c'était vote intention d'être suparbe, vous l'auriez rabroué pas moins. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  74. C'est que ma mémoire se brouille, rapport à cet autre. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  75. Pour ça oui, un gentil caractère, un brave coeur, qui se trouvait là de rencontre. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  76. Cette aventure-ci m'a appris à le connaître et mon père a raison. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  77. Est-ce que vous allez être sa Baronne ? (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  78. Enfin, il arrive ce soir ; il entre peut-être actuellement dans la cour du château. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  79. Madame, prenez donc l'autre. (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  80. Putôt mourir que d'avoir l'affront d'être honnête ! (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  81. J'imagine pourtant un moyen de renouer avec lui sans me compromettre. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  82. Va, je te prie, informer ton maître que j'aurais un mot à lui dire. (Acte 1, scène 9, ANGÉLIQUE)
  83. Oui, Madame, j'ai pleuré, je pleure encore ; et je n'y renonce pas, j'en ai peut-être pour le reste de l'année, qui n'est pas bien avancée. (Acte 1, scène 9, LÉPINE)
  84. Vous le savez bien, Madame, vous qui nous renvoyez tous deux, mon maître et moi, comme de trop minces personnages ; ce qui fait que nous partons. (Acte 1, scène 9, LÉPINE)
  85. Nous n'arriverons jamais à Paris que défunts, quoique à la fleur de notre âge ; car nous méritions de vivre. (Acte 1, scène 9, LÉPINE)
  86. Mais vous nous poignardez ; et c'est la valeur de deux meurtres que vous vous reprocherez quelque jour. (Acte 1, scène 9, L?PINE)
  87. Il faudra bien du moins que Dorante retarde de quelques jours ; car toute réflexion faite, j'allais dire à Lisette que j'approuve qu'elle t'épouse ; et ton maître, qui t'aime, assistera sans doute à ton mariage. (Acte 1, scène 9, ANGÉLIQUE)
  88. Savais-je alors que son maître devait lui faire tant de bien ? (Acte 1, scène 9, ANGÉLIQUE)
  89. Je me reprocherais toute ma vie de vous avoir fait manquer votre fortune. (Acte 1, scène 9, ANGÉLIQUE)
  90. Votre fierté est si ridicule, qu'elle me dégoûte de la mienne. (Acte 1, scène 9, ANGÉLIQUE)
  91. Ce n'est même que sous prétexte de votre mariage que j'envoie chercher Dorante ; et si votre refus continue, je ne vous verrai de ma vie. (Acte 1, scène 9, ANGÉLIQUE)
  92. C'est une autre affaire. (Acte 1, scène 9, ANGÉLIQUE)
  93. Quand on varra la noce de Madame, on varra la nôtre ; la petite avec la grande. (Acte 1, scène 9, LISETTE)
  94. Je vais chercher mon père à qui j'ai à parler ; va, de ton côté, avertir ton maître, que je compte de retrouver ici, où je vais revenir dans quelques moments. (Acte 1, scène 9, ANGÉLIQUE)
  95. Et il va être mon homme, pour à celle fin que vous restiais. (Acte 1, scène 11, LISETTE)
  96. Expliquez-moi donc ce que cela signifie, vous autres. (Acte 1, scène 11, DORANTE)
  97. Et je li ai enjoint qu'alle serait votre femme, et alle ne s'est pas rebéquée. (Acte 1, scène 11, LISETTE)
  98. Suis-moi, Lépaine, velà Monsieur_le_Marquis qui entre. (Acte 1, scène 11, LISETTE)
  99. Votre refus m'afflige, Madame, mais je le respecte, et n'en murmure point. (Acte 1, scène 13, DORANTE)
  100. Je sais jusqu'où va l'amitié que mon père a pour vous ; et si vous vous étiez nommé, les choses se seraient passées différemment ; il n'aurait pas été question de mes répugnances ; ma tendresse pour lui les aurait fait taire, ou me les aurait ôtées, Monsieur ; il n'a tenu qu'à vous de lui épargner la douleur où je l'ai vu de mon refus ; je n'aurais pas eu celle de lui avoir déplu, et je ne l'ai chagriné que par votre faute. (Acte 1, scène 13, ANGÉLIQUE)
  101. Il est vrai que Dorante m'est cher, mais je ne saurais vous savoir mauvais gré d'avoir fait un autre choix. (Acte 1, scène 13, LE-MARQUIS)
  102. Votre parti Madame ! (Acte 1, scène 13, DORANTE)
  103. Laissons cela, Angélique ; il n'est pas question ici de consulter mon goût, vous êtes destinée à un autre : c'est au Baron ; vous l'aimez, et voilà qui est fini. (Acte 1, scène 13, LE-MARQUIS)
  104. Vous avez une soeur, j'ai exigé qu'il la vît : j'ai eu de la peine à l'y résoudre, il a fallu abuser un peu du pouvoir que j'ai sur lui : mais enfin j'ai obtenu que nous irions la voir demain, et peut-être l'arrêtera-t-elle. (Acte 1, scène 13, LE-MARQUIS)
  105. Venez, j'ai dans mon cabinet un portrait d'elle que je veux vous montrer, et qui, de l'aveu de tout le monde, ne la flatte pas. (Acte 1, scène 13, LE-MARQUIS)
  106. J'ai dit que j'avais de l'inclination pour un autre, et là-dessus, vous allez voir ma soeur. (Acte 1, scène 15, ANGÉLIQUE)
  107. Il ne faut pas que vous partiez non plus : du moins je ne le voudrais pas, car mon père m'imputerait votre départ. (Acte 1, scène 15, ANGÉLIQUE)
  108. Madame, épargnez-moi, de grâce, le désespoir d'être témoin de votre mariage avec le Baron. (Acte 1, scène 15, DORANTE)

LE TRIOMPHE DE L'AMOUR (1732)

  1. Non, tout est ouvert ; et d'ailleurs nous venons pour parler au maître de la maison. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  2. D'abord, vous quittez votre cour et la ville, et vous venez ici avec peu de suite, dans une de vos maisons de campagne, où vous voulez que je vous suive. (Acte 1, scène 1, HERMIDAS)
  3. Et comme vous savez que, par amusement, j'ai appris à peindre, à peine y sommes-nous quatre ou cinq jours, que, vous enfermant un matin avec moi, vous me montrez deux portraits, dont vous me demandez des copies en petit et dont l'un est celui d'un homme de quarante-cinq ans, et l'autre celui d'une femme d'environ trente-cinq, tous deux d'assez bonne mine. (Acte 1, scène 1, HERMIDAS)
  4. Tu sais par quelle aventure je règne en ces lieux ; j'occupe une place qu'autrefois Léonidas, frère de mon père, usurpa sur Cléomène son souverain, parce que ce prince, dont il commandait alors les armées, devint, pendant son absence, amoureux de sa maîtresse, et l'enleva. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  5. Oui ; mais tout cela ne dit encore rien de notre déguisement, ni des portraits dont j'ai fait la copie, et voilà ce que je veux savoir. (Acte 1, scène 1, HERMIDAS)
  6. Vous l'aurez donc bientôt en votre pouvoir. (Acte 1, scène 1, HERMIDAS)
  7. Point du tout ; c'est moi qui vais me remettre au sien. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  8. Ce n'est pourtant pas là le parti que j'ai pris ; un sentiment d'équité, et je ne sais quelle inspiration m'en ont fait prendre un autre. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  9. Ce que je commence à imaginer de plus clair, c'est que ces charmes-là pourraient bien avoir mis les nôtres en campagne. (Acte 1, scène 1, HERMIDAS)
  10. Le parti que j'ai pris l'est encore davantage ; je n'ai feint d'être indisposée et de ne voir personne, que pour être libre de venir ici ; je vais, sous le nom du jeune Phocion, qui voyage, me présenter à Hermocrate, comme attiré par l'estime de sa sagesse ; je le prierai de me laisser passer quelque temps avec lui, pour profiter de ses leçons ; je tâcherai d'entretenir Agis, et de disposer son coeur à mes fins. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  11. Oui ; mais, Madame, si, sous votre habit d'homme, Hermocrate allait reconnaître cette dame à qui il a parlé dans la forêt, vous jugez bien qu'il ne vous gardera pas chez lui. (Acte 1, scène 1, HERMIDAS)
  12. Je serai pourtant fâchée qu'il me réduise à la nécessité de m'en servir ; mais le but de mon entreprise est louable, c'est l'amour et la justice qui m'inspirent. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  13. J'ai besoin de deux ou trois entretiens avec Agis, tout ce que je fais est pour les avoir : je n'en attends pas davantage, mais il me les faut ; et si je ne puis les obtenir qu'aux dépens du philosophe, je n'y saurais que faire. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  14. Et cette soeur qui est avec lui, et dont apparemment l'humeur doit être austère, consentira-t-elle au séjour d'un étranger aussi jeune et d'aussi bonne mine que vous ? (Acte 1, scène 1, HERMIDAS)
  15. Il me répugnerait, sans doute, malgré l'action louable qu'il a pour motif ; mais il me vengera d'Hermocrate et de sa soeur qui méritent que je les punisse ; qui, depuis qu'Agis est avec eux, n'ont travaillé qu'à lui inspirer de l'aversion pour moi, qu'à me peindre sous les traits les plus odieux, et le tout sans me connaître, sans savoir le fond de mon âme, ni tout ce que le ciel a pu y verser de vertueux. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  16. C'est eux qui ont soulevé tous les ennemis qu'il m'a fallu combattre, qui m'en soulèvent encore de nouveaux. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  17. Voilà ce que le domestique m'a rapporté d'après l'entretien qu'il surprit. (Acte 1, scène 1, PHOCION)
  18. Il y aura bien de l'ouvrage à tout ceci, Madame, et votre sexe... (Acte 1, scène 2, HERMIDAS)
  19. Et puis votre sexe ! (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  20. Parlez donc, vous autres hommes, vous êtes donc des femmes ? (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  21. Et par-dessus le marché, un honnête homme, qui n'a jamais laissé passer de contrebande ; ainsi vous êtes une marchandise que j'arrête, je vais faire fermer les portes. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  22. Et voilà pourquoi Madame a pris le parti de se déguiser pour paraître ; ainsi tu vois bien qu'il n'y a point de mal à tout cela. (Acte 1, scène 2, HERMIDAS)
  23. Vous avez perdu votre coeur ; faites vos diligences pour en attraper un autre ; si on trouve le mien, je le donne. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  24. Ce n'est pas par ici qu'on entre ; noute maître m'a enchargé à ce que parsonne ne se promène dans le jardrin ; par ainsi, vous n'avez qu'à vous en retorner par où vous êtes venus, pour frapper à la porte du logis. (Acte 1, scène 3, DIMAS)
  25. Doucement, notre ami ! (Acte 1, scène 3, ARLEQUIN)
  26. Contre qui criez-vous ? (Acte 1, scène 4, AGIS)
  27. Contre cette jeunesse qui viant apparemment mugueter nos espaliers. (Acte 1, scène 4, DIMAS)
  28. Il ne mérite pas que vous l'estimiez tant, mais, tel qu'il est, elle vous l'a rendu, Seigneur ; et quoiqu'il n'y ait qu'un instant que nous nous connaissions, je vous assure qu'on ne saurait être aussi prévenu pour quelqu'un que je le suis pour vous. (Acte 1, scène 4, AGIS)
  29. Nous allons donc faire, entre nous, quatre jolis penchants. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  30. Promenons-nous, pour parler du nôtre. (Acte 1, scène 4, HERMIDAS)
  31. Sa réputation m'attirait ici ; je ne voulais, quand je suis venu, que l'engager à me souffrir quelque temps auprès de lui ; mais depuis que je vous connais, ce motif le cède à un autre encore plus pressant ; c'est celui de vous voir le plus longtemps qu'il me sera possible. (Acte 1, scène 4, PHOCION)
  32. Notre maîtresse s'avance ; elle a une mine grave qui ne me plaît point du tout. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  33. Tenez, Madame, velà le damoisiau dont je vous parle, et cet autre étourniau est de son équipage. (Acte 1, scène 5, DIMAS)
  34. Je n'ai à l'entretenir de rien de secret, Madame ; il s'agit d'une grâce que j'ai à obtenir de lui, et je compterai d'avance l'avoir obtenue, si vous voulez bien me l'accorder vous-même. (Acte 1, scène 5, PHOCION)
  35. Je m'appelle Phocion, Madame ; mon nom peut vous être connu ; mon père, que j'ai perdu il y a plusieurs années, l'a mis en quelque réputation. (Acte 1, scène 5, PHOCION)
  36. J'ai visité, dans mes voyages, tous ceux que leur savoir et leur vertu distinguaient des autres hommes. (Acte 1, scène 5, PHOCION)
  37. Il en est même qui m'ont permis de vivre quelque temps avec eux ; et j'ai espéré que l'illustre Hermocrate ne me refuserait pas, pour quelques jours, l'honneur qu'ils ont bien voulu me faire. (Acte 1, scène 5, PHOCION)
  38. Non, mais vous savez mieux qu'un autre que cela ne se peut pas, Agis, et que nous nous sommes fait une loi nécessaire de ne partager notre retraite avec personne. (Acte 1, scène 5, LÉONTINE)
  39. Madame, je n'insisterai plus ; mais oserais-je vous demander un moment d'entretien secret ? (Acte 1, scène 5, PHOCION)
  40. Puisque vous ne pouvez, Madame, vous rendre à la prière que je vous ai faite, il n'est plus question de vous en presser ; mais peut-être m'accorderez-vous une autre grâce, c'est de vouloir bien me donner un conseil qui va décider de tout le repos de ma vie. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  41. J'ai besoin d'une raison moins austère que compatissante ; j'ai besoin d'un caractère de coeur qui tempère sa sévérité d'indulgence, et vous êtes d'un sexe chez qui ce doux mélange se trouve plus sûrement que dans le nôtre ; ainsi, Madame, écoutez-moi, je vous en conjure par tout ce que vous avez de bonté. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  42. Il y a quelques jours que, traversant ces lieux en voyageur, je vis près d'ici une dame qui se promenait, et qui ne me vit point ; il faut que je vous la peigne, vous la reconnaîtrez peut-être, et vous en serez mieux au fait de ce que j'ai à vous dire. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  43. Sa taille, sans être grande, est pourtant majestueuse, je n'ai vu nulle_part un air si noble ; c'est, je crois, la seule physionomie du monde où l'on voie les grâces les plus tendres s'allier, sans y rien perdre, à l'air le plus imposant, le plus modeste, et peut-être le plus austère. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  44. Cette dame s'entretenait avec quelqu'un, elle souriait de temps en temps, et je démêlais dans ses gestes je ne sais quoi de doux, de généreux et d'affable, qui perçait à travers un maintien grave et modeste. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  45. Pénétré des mouvements dont je vous parle, je promis avec transport de l'aimer toute ma vie, et c'était promettre de consacrer mes jours au service de la vertu même. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  46. Figurez-vous, Madame, un coeur tremblant et confondu devant elle, dont elle a sans doute aperçu la tendresse et la douleur, et qui du moins espérait de lui inspirer une pitié généreuse ; tout m'est refusé, Madame ; et dans cet état accablant, c'est à vous à qui j'ai recours, je me jette à vos genoux, et je vous confie mes plaintes. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  47. J'implore vos conseils et votre secours auprès d'elle. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  48. L'avis des dieux est dans votre coeur, croyez-en ce qu'il vous inspire. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  49. C'est peut-être l'ennemi de mon repos que vous voulez que je consulte. (Acte 1, scène 6, LÉONTINE)
  50. Et serez-vous moins tranquille, pour être généreuse ? (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  51. Je vous ai consacré ma vie, j'aspire à l'unir à la vôtre ; ne m'empêchez pas de le tenter, souffrez-moi quelques jours ici seulement, c'est à présent la seule grâce qui soit l'objet de mes souhaits ; et si vous me l'accordez, je suis sûr d'Hermocrate. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  52. Car enfin vous me flattez en vain ; vous êtes jeune, vous êtes aimable, et je ne suis plus ni l'un ni l'autre. (Acte 1, scène 6, LÉONTINE)
  53. Peut-être me les faites-vous regretter ! (Acte 1, scène 6, LÉONTINE)
  54. Avez-vous pu jamais être plus aimable ? (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  55. Oui, j'y consens, toute charmante que vous êtes, votre jeunesse va se passer, et je suis dans la mienne ; mais toutes les âmes sont du même âge. (Acte 1, scène 6, PHOCION)
  56. C'est moi qui ai eu l'honneur de lui parler le premier, et je lui ai toujours fait vos compliments en attendant votre arrivée. (Acte 1, scène 7, ARLEQUIN)
  57. Vous voyez, Hermocrate, le fils de l'illustre Phocion, que son estime pour vous amène ici ; il aime la sagesse, et voyage pour s'instruire ; quelques-uns de vos pareils se sont fait un plaisir de le recevoir quelque temps chez eux ; il attend de vous le même accueil ; il le demande avec un empressement qui mérite qu'on s'y rende ; j'ai promis de vous y engager, je le fais, et je vous laisse ensemble... (Acte 1, scène 7, LÉONTINE)
  58. Je vous rends grâces, Seigneur, de l'honneur que vous me faites : un disciple tel que vous ne me paraît pas avoir besoin d'un maître qui me ressemble ; cependant, pour en mieux juger, j'aurais confidemment quelques questions à vous faire. (Acte 1, scène 7, HERMOCRATE)
  59. Celui dont vous prenez le nom est actuellement à Athènes, je l'apprends par une lettre de Mermécides. (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  60. Ce peut être quelqu'un qui se nomme comme moi. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  61. Cet habit-là n'est pas le vôtre, avouez-le, Madame, je vous ai vue ailleurs. (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  62. Si je rougis, je ne me rends pas justice, Seigneur ; et c'est un mouvement que je désavoue ; le déguisement où je suis n'enveloppe aucun projet dont je doive être confuse. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  63. Moi, qui entrevois ce projet, je n'y vois cependant rien de si convenable à l'innocence des moeurs de votre sexe, rien dont vous puissiez vous applaudir ; l'idée de venir m'enlever Agis, mon élève, d'essayer sur lui de dangereux appas, de jeter dans son coeur un trouble presque toujours funeste, cette idée-là, ce me semble, n'a rien qui doive vous dispenser de rougir, Madame. (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  64. Ce jeune homme qui vient de paraître ici ? (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  65. Non, Seigneur, je ne viens point ici troubler le coeur d'Agis ; tout élevé qu'il est par vos mains, tout fort qu'il est de la sagesse de vos leçons, ce déguisement pour lui n'eût pas été nécessaire ; si je l'aimais, j'en aurais espéré la conquête à moins de frais, il n'aurait fallu que me montrer peut-être, que faire parler mes yeux : son âge et mes faibles appas m'auraient fait raison de son coeur. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  66. Seigneur, épargnez à votre vertu le regret d'avoir offensé la mienne ; n'abusez point contre moi des apparences d'une aventure peut-être encore plus louable qu'innocente, que vous me voyez soutenir avec un courage qui doit étonner vos soupçons, et dont j'ose attendre votre estime, quand vous en saurez les motifs. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  67. Je le suis en effet, et ne reviens point du trouble où ce discours me jette : moi, l'objet des mouvements d'un coeur tel que le vôtre ! (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  68. Suis-je fait pour être aimé ? (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  69. Vous attaquez une âme solitaire et sauvage, à qui l'amour est étranger ; ma rudesse doit rebuter votre jeunesse et vos charmes, et mon coeur en un mot ne pourrait rien pour le vôtre. (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  70. Mais ma gloire et ma vertu, que je viens de compromettre, veulent que je continue. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  71. Vous paraître estimable est le seul avantage où j'aspire, le seul salaire dont mon coeur soit jaloux : qu'est-ce qui vous empêcherait de m'entendre ? (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  72. Je n'ai rien de redoutable que des charmes humiliés par l'aveu que je vous fais, qu'une faiblesse que vous méprisez, et que je vous apporte à combattre. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  73. Je vous dis que je vous aime, parce que j'ai besoin de la confusion de le dire ; parce que cette confusion aidera peut-être à me guérir ; parce que je cherche à rougir de ma faiblesse pour la vaincre : je viens affliger mon orgueil pour le révolter contre vous. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  74. Je ne demande point d'être aimée, il est vrai, mais je désire de l'être ; ôtez-moi ce désir ; c'est contre vous-même que je vous implore. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  75. J'avais entendu parler de vous ; tout le public est plein de votre nom. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  76. Je m'appelle Aspasie ; et ce fut dans ces solitudes où je vivais comme vous, maîtresse de moi-même, et d'une fortune assez grande, avec l'ignorance de l'amour, avec le mépris de tous les efforts qu'on faisait pour m'en inspirer. (Acte 1, scène 8, PHOCION)
  77. Mais le soin de garantir la mienne doit m'être encore plus cher ; tout sauvage que je suis, j'ai des yeux, vous avez des charmes, et vous m'aimez. (Acte 1, scène 8, HERMOCRATE)
  78. J'ai pensé m'égarer dans cet entretien. (Acte 1, scène 9, HERMOCRATE)
  79. Approche, Dimas : tu vois ce jeune étranger qui me quitte ; je te charge d'observer ses actions, de le suivre le plus que tu pourras, et d'examiner s'il cherche à entretenir Agis ; entends-tu ? (Acte 1, scène 9, HERMOCRATE)
  80. Diantre ! (Acte 2, scène 1, DIMAS)
  81. Bon, bon, ne savons-je pas qu'ou avez de la finance de rencontre, je vous ons vu tantôt compter voute somme. (Acte 2, scène 1, DIMAS)
  82. Acoutez, noute ami, il y a bian des affaires, bian du tintamarre dans l'esprit de noute maître. (Acte 2, scène 1, DIMAS)
  83. Peut-être que vous n'en savez rin. (Acte 2, scène 1, DIMAS)
  84. Mais voyez cet opiniâtre ! (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  85. Des femmes qui baillont de l'argent en darrière un jardinier, maugré qu'il les treuve dans son jardrin, il n'y a morgué point de gorge qui tianne, faut punir ça. (Acte 2, scène 1, DIMAS)
  86. Non, Madame, ne vous découragez point ; dans votre projet vous avez besoin d'ouvriers, il n'y a qu'à gagner aussi le jardinier, n'est-il pas vrai, Dimas ? (Acte 2, scène 2, HERMIDAS)
  87. Si tu n'as rien dit, je ne crains rien, vous saurez de Corine à quoi j'en suis avec le philosophe et sa soeur ; et vous, Corine, puisque Dimas est des nôtres, partagez entre Arlequin et lui ce qu'il y aura à faire ; il s'agit à présent d'entretenir les dispositions du frère et de la soeur. (Acte 2, scène 2, PHOCION)
  88. J'aperçois Agis ; vite, retirez-vous, vous autres ; et surtout prenez garde qu'Hermocrate ne nous surprenne ensemble. (Acte 2, scène 2, PHOCION)
  89. Je vous cherchais, mon cher Phocion, et vous me voyez inquiet ; Hermocrate n'est plus si disposé à consentir à ce que vous souhaitez ; je n'ai encore été mécontent de lui qu'aujourd'hui ; il n'allègue rien de raisonnable ; ce n'est point encore moi qui l'ai pressé sur votre chapitre, j'étais seulement présent quand sa soeur lui a parlé pour vous : elle n'a rien oublié pour le déterminer, et je ne sais ce qu'il en sera ; car une affaire qui demandait Hermocrate, et qui l'occupe actuellement, a interrompu leur entretien ; mais, cher Phocion, que ce que je vous dis là ne vous rebute pas ; pressez-le encore, c'est un ami qui vous en conjure ; je lui parlerai moi-même, et nous pourrons le vaincre. (Acte 2, scène 3, AGIS)
  90. Votre coeur partage donc les sentiments du mien ? (Acte 2, scène 3, AGIS)
  91. Le pourrais-je sans en être la victime ? (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  92. Que je suis touché de votre réponse ! (Acte 2, scène 3, AGIS)
  93. Je ne saurais si tôt quitter ces lieux, d'importantes raisons, que vous saurez quelque jour, m'en empêchent ; mais vous, Phocion, qui êtes le maître de votre sort, attendez ici que je puisse décider du mien ; demeurez près de nous pour quelque temps ; vous y serez dans la solitude, il est vrai ; mais nous y serons ensemble, et le monde peut-il rien offrir de plus doux que le commerce de deux coeurs vertueux qui s'aiment ? (Acte 2, scène 3, AGIS)
  94. Je suis content : les dieux m'ont fait naître dans l'infortune ; mais puisque vous restez, ils s'apaisent, et voilà le signal des faveurs qu'ils me réservent. (Acte 2, scène 3, AGIS)
  95. Écoutez aussi, Agis, au milieu du plaisir que j'ai de vous voir si sensible, il me vient une inquiétude ; l'amour peut altérer bientôt de si tendres sentiments ; un ami ne tient point contre une maîtresse. (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  96. Fasse le ciel que votre âme lui soit aussi inaccessible que la mienne ! (Acte 2, scène 3, AGIS)
  97. Ce sexe est l'objet de votre haine, Agis ? (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  98. Cet aveu change tout entre nous, Seigneur : je vous ai promis de demeurer en ces lieux ; mais la bonne foi me le défend, cela n'est plus possible, et je pars : vous auriez quelque jour des reproches à me faire ; je ne veux point vous tromper, et je vous rends jusqu'à l'amitié que vous m'aviez accordée. (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  99. Rassurez-vous, Agis ; vous ne me regretterez point ; vous avez craint de connaître ce que c'est que la douleur de perdre un ami ; je vais l'éprouver bientôt ; mais vous ne la connaîtrez point. (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  100. Moi, cesser d'être votre ami ! (Acte 2, scène 3, AGIS)
  101. Vous êtes toujours le mien, Seigneur, mais je ne suis plus le vôtre ; je ne suis qu'un des objets de cette haine dont vous parliez tout à l'heure. (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  102. Mon nom est Aspasie ; je suis née d'un sang illustre dont il ne reste plus que moi. (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  103. J'appris que, sur mes refus, elle devait me faire enlever sous de faux prétextes ; et je n'ai trouvé d'autre ressource contre cette violence, que de me sauver sous cet habit qui me déguise. (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  104. J'ai entendu parler d'Hermocrate, et de la solitude qu'il habite, et je venais chez lui, sans me faire connaître, tâcher, du moins pour quelque temps, d'y trouver une retraite. (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  105. Je vous y ai rencontré, vous m'avez offert votre amitié, je vous ai vu digne de toute la mienne ; la confiance que je vous marque est une preuve que je vous l'ai donnée, et je la conserverai malgré la haine qui va succéder à la vôtre. (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  106. Votre sexe est dangereux, il est vrai, mais les infortunés sont trop respectables. (Acte 2, scène 3, AGIS)
  107. Non, vous dis-je, arrêtez, Aspasie ; vous êtes dans un état que je plains : je me reprocherais de n'y avoir pas été sensible ; et je presserai moi-même Hermocrate, s'il le faut, de consentir à votre séjour ici, vos malheurs m'y obligent. (Acte 2, scène 3, AGIS)
  108. J'ai toujours entendu dire que le sort le plus triste est d'être uni avec ce qu'on n'aime pas, que la vie alors est un tissu de langueurs ; que la vertu même, en nous secourant, nous accable ; mais peut-être sentez-vous que vous aimerez volontiers celui qu'on vous propose. (Acte 2, scène 3, AGIS)
  109. Prenez-y donc garde ; surtout si quelque secret penchant vous prévenait pour un autre ; car peut-être aimez-vous ailleurs, et ce serait encore pis. (Acte 2, scène 3, AGIS)
  110. Non, vous dis-je ; je vous ressemble ; je n'ai jusqu'ici senti mon coeur que par l'amitié que j'ai eu pour vous, et si vous ne me retiriez pas la vôtre, je ne voudrais jamais d'autre sentiment que celui-là. (Acte 2, scène 3, PHOCION)
  111. Toujours, Madame, d'autant plus qu'il n'y a rien à craindre ; puisqu'il ne s'agit entre nous que d'amitié, qui est le seul penchant que je puisse inspirer, et le seul aussi, sans doute, dont vous soyez capable. (Acte 2, scène 3, AGIS)
  112. Voici, je pense, un domestique qui vous cherche : Hermocrate n'est peut-être plus occupé ; souffrez que je vous quitte pour aller le joindre. (Acte 2, scène 3, AGIS)
  113. Allez, Madame Phocion, votre entretien tout à l'heure était bien gardé, car il avait trois sentinelles. (Acte 2, scène 4, ARLEQUIN)
  114. Oui, Phocion ; Hermocrate, par une opiniâtreté qui me paraît sans fondement, refuse de tenir la parole qu'il m'a donnée : vous m'allez dire que je le presse encore ; mais je viens vous avouer que je n'en ferai rien. (Acte 2, scène 5, LÉONTINE)
  115. C'est à votre vertu même à qui je parle, c'est elle que j'interroge ; qu'elle soit juge entre vous et moi. (Acte 2, scène 5, PHOCION)
  116. Non, Phocion, jamais je ne sentis tant la nécessité de votre départ, et je ne m'en mêle plus. (Acte 2, scène 5, LÉONTINE)
  117. Que deviendrait mon coeur avec l'impétuosité du vôtre ? (Acte 2, scène 5, L?ONTINE)
  118. Il faudrait donc toujours combattre, toujours résister, et ne jamais vaincre. (Acte 2, scène 5, L?ONTINE)
  119. Les dispositions de votre coeur me sont-elles favorables ? (Acte 2, scène 5, PHOCION)
  120. Le seigneur Hermocrate m'a ordonné d'examiner votre conduite, parce qu'il ne vous connaît point. (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  121. Si vous vous en allez sans promettre de parler pour moi, je ne réponds plus de ma raison. (Acte 2, scène 6, PHOCION)
  122. Plus nécessaire que vous ne pensez, Madame ; vous ne savez pas à qui vous avez affaire : ce Monsieur-là n'est pas si friand de la sagesse que des filles sages ; et je vous avertis qu'il veut déniaiser la vôtre. (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  123. Tenez, Madame, tantôt son valet, qui est un autre espiègle, est venu me dire : Eh bien ! (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  124. Y a-t-il moyen d'être amis ensemble ?... (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  125. Que vous êtes heureux d'être ici !... (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  126. Les honnêtes gens que vos maîtres !... (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  127. Que votre maîtresse est aimable !... (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  128. Est-ce que votre maître en est amoureux ?... (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  129. La voix vous manque, ma chère maîtresse ; Votre coeur prend congé de la compagnie, on le pille actuellement, et je vais faire venir le seigneur Hermocrate à votre secours. (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  130. Adieu, Madame ; n'oubliez pas la discrétion de votre petit serviteur, qui vous fait ses compliments, et qui ne dira mot. (Acte 2, scène 6, ARLEQUIN)
  131. Puisque vous avez vos raisons pour ne le pas montrer, je n'insiste plus. (Acte 2, scène 7, LÉONTINE)
  132. Je n'en voulais point ; mais je n'en serai peut-être pas la maîtresse. (Acte 2, scène 7, LÉONTINE)
  133. Ne me promettez point votre coeur ; dites que je l'ai, Léontine. (Acte 2, scène 7, PHOCION)
  134. Il le faudra bien pour me donner le temps de me résoudre à notre union. (Acte 2, scène 7, LÉONTINE)
  135. Cessez cet entretien ; je vois Dimas qui vient. (Acte 2, scène 7, HERMIDAS)
  136. Que non, il a, ma foi, bian d'autres tracas dans la çarvelle. (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  137. Non, non, je me trompe, pour le mortel le pus parfait qui se treuve parmi les mortels de tous les hommes, qui s'appelle Hermocrate. (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  138. Moi, tout ballement, je travarse le taillis par un autre côté, et pis je les entends deviser ; et pis Phocion commence : Ah ! (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  139. Je sis d'avis que vous guarissiez cet enfant-là, noute maître, en tombant itou malade pour elle, et pis la prenre pour minagère ; car en restant garçon ; ça entarre la lignée d'un homme, et ce serait dommage de l'entarrement de la vôtre. (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  140. Mais en parlant par similitude, n'y aurait-il pas moyen, par votre moyen, de me recommander à l'affection de la femme de chambre, à cause que je savons toutes ces fredaines-là, et que je n'en sonnons mot ? (Acte 2, scène 9, DIMAS)
  141. Sois discret, Dimas, je te l'ordonne : il serait fâcheux, pour la personne en question, que cette aventure-ci fût connue ; et de mon côté, je vais y mettre ordre en la renvoyant... (Acte 2, scène 9, HERMOCRATE)
  142. Il parlait tout à l'heure à Corine, peut-être me cherche-t-il. (Acte 2, scène 10, PHOCION)
  143. C'est donc pour moi que votre coeur est en peine, Aspasie ? (Acte 2, scène 11, AGIS)
  144. Oui ; mais tout cela ne nous rend pas plus savants ; nous nous aimions avant que d'être inquiets ; nous aimons-nous de même, ou bien différemment ? (Acte 2, scène 11, PHOCION)
  145. Si nous nous disions ce que nous sentons, peut-être éclaircirions-nous la chose. (Acte 2, scène 11, AGIS)
  146. Me voilà ; vous me pénétrez à merveille. (Acte 2, scène 11, AGIS)
  147. Oui, vous voilà ; mais je vous avertis que votre coeur n'en ira pas mieux ; et que voilà encore des yeux qui ne me pronostiquent rien de bon là-dessus. (Acte 2, scène 11, PHOCION)
  148. Amour comme il n'en est point, peut-être. (Acte 2, scène 11, AGIS)
  149. Mais je vous ai dit ce qui se passe dans mon coeur, ne saurais-je point ce qui se passe dans le vôtre ? (Acte 2, scène 11, AGIS)
  150. D'ailleurs, vous n'êtes déjà que trop tendre, que trop embarrassé de votre tendresse, et si je vous disais mon secret, ce serait encore pis. (Acte 2, scène 11, PHOCION)
  151. Vous avez parlé de mes yeux ; il semble que les vôtres m'apprennent que vous n'êtes pas insensible. (Acte 2, scène 11, AGIS)
  152. Mais ce n'est pas le tout que d'aimer, il faut avoir la liberté de se le dire, et se mettre en état de se le dire toujours. (Acte 2, scène 11, PHOCION)
  153. Mais je sens déjà que les coeurs n'ont point de maître. (Acte 2, scène 11, AGIS)
  154. Je vous laisse, aimable Aspasie, et vais travailler pour votre séjour ici ; Hermocrate ne sera peut-être plus occupé. (Acte 2, scène 11, AGIS)
  155. Différentes affaires m'ont retenu, Aspasie ; mais il ne s'agit plus de penchant ; votre séjour ici est désormais impraticable ; il vous ferait tort ; Dimas sait qui vous êtes. (Acte 2, scène 12, HERMOCRATE)
  156. Il sait le secret de votre coeur ; il vous a entendu ; ne nous fions ni l'un ni l'autre à la discrétion de ses pareils. (Acte 2, scène 12, HERMOCRATE)
  157. Il y va de votre gloire, il faut vous retirer. (Acte 2, scène 12, HERMOCRATE)
  158. Que votre trouble finisse à ce que je vais vous dire. (Acte 2, scène 12, HERMOCRATE)
  159. Un vrai sage croirait en effet sa vertu comptable de votre repos ; mais savez-vous pourquoi je vous renvoie ? (Acte 2, scène 12, HERMOCRATE)
  160. C'est que j'ai peur que votre secret n'éclate, et ne nuise à l'estime qu'on a pour moi ; c'est que je vous sacrifie à l'orgueilleuse crainte de ne pas paraître vertueux, sans me soucier de l'être ; c'est que je ne suis qu'un homme vain, qu'un superbe, à qui la sagesse est moins chère que la méprisable et frauduleuse imitation qu'il en fait. (Acte 2, scène 12, HERMOCRATE)
  161. Voilà ce que c'est que l'objet de votre amour. (Acte 2, scène 12, HERMOCRATE)
  162. Seigneur, n'avez-vous que cette industrie-là contre moi ? (Acte 2, scène 12, PHOCION)
  163. Vous augmentez mes faiblesses en exposant l'opprobre dont vous avez l'impitoyable courage de couvrir les vôtres. (Acte 2, scène 12, PHOCION)
  164. M'avez-vous cru susceptible de tous les ravages que l'amour fait dans le coeur des autres hommes ? (Acte 2, scène 12, HERMOCRATE)
  165. Non, je le répète encore, si les deux pouvaient être faibles, ils le seraient comme Hermocrate ! (Acte 2, scène 12, PHOCION)
  166. Vous me garantissez notre union. (Acte 2, scène 12, PHOCION)
  167. Je révélerai votre secret ; je déshonorerai cet homme que vous admirez ; et son affront rejaillira sur vous-même, si vous ne partez. (Acte 2, scène 12, HERMOCRATE)
  168. Seigneur, je pars : mais je suis sûre de ma vengeance ; puisque vous m'aimez, votre coeur me la garde. (Acte 2, scène 12, PHOCION)
  169. Allez, désespérez le mien ; fuyez un amour qui pouvait faire la douceur de votre vie, et qui va faire le malheur de la mienne. (Acte 2, scène 12, PHOCION)
  170. Je suis venue vous demander du secours contre mon amour ; vous ne m'en avez point donné d'autre que m'avouer que vous m'aimiez ; c'est après cet aveu que vous me renvoyez ; après un aveu qui redouble ma tendresse ! (Acte 2, scène 12, PHOCION)
  171. Non, morbleu ; ma fidélité n'entend point raillerie ; il faut que j'avertisse mon maître. (Acte 2, scène 13, ARLEQUIN)
  172. Je viens de trouver ce petit garçon qui était dans la posture d'un homme qui écrit : il rêvait, secouait la tête, mirait son ouvrage ; et j'ai remarqué qu'il avait une coquille auprès de lui où il y avait du gris, du vert, du jaune, du blanc, et où il trempait sa plume ; et comme j'étais derrière lui, je me suis approché pour voir son original de lettre ; mais voyez le fripon ! (Acte 2, scène 13, ARLEQUIN)
  173. Votre propre visage, à l'exception qu'il est plus court que celui que vous portez ; le nez que vous avez ordinairement tient lui seul plus de place que vous tout entier dans ce minois : Est-ce qu'il est permis de rapetisser la face des gens, de diminuer la largeur de leur physionomie ? (Acte 2, scène 13, ARLEQUIN)
  174. N'oubliez pas de vous faire rendre les deux tiers de votre visage. (Acte 2, scène 13, ARLEQUIN)
  175. Quelle était votre idée ? (Acte 2, scène 14, HERMOCRATE)
  176. Par une raison toute naturelle, Seigneur ; j'étais bien aise d'avoir le portrait d'un homme illustre, et de le montrer aux autres. (Acte 2, scène 14, HERMIDAS)
  177. Non, je ne le reprendrai point que ce ne soit votre coeur qui me l'abandonne. (Acte 2, scène 14, PHOCION)
  178. Votre coeur rougit-il des présents qu'il fait au mien ? (Acte 2, scène 14, PHOCION)
  179. Je vous avoue que j'aurais été très fâché qu'il partît, et que rien ne saurait me faire tant de plaisir que son séjour ici ; on ne saurait le connaître sans l'estimer, et l'amitié suit aisément l'estime. (Acte 2, scène 15, AGIS)
  180. J'ignorais que vous fussiez déjà si charmés l'un de l'autre. (Acte 2, scène 15, HERMOCRATE)
  181. Nos entretiens, en effet, n'ont pas été fréquents. (Acte 2, scène 15, PHOCION)
  182. Peut-être que j'interromps la conversation que vous avez ensemble, et c'est à quoi j'attribue la froideur avec laquelle vous m'écoutez ; ainsi je me retire. (Acte 2, scène 15, AGIS)
  183. Non, Aspasie, je reconnais mon erreur ; votre franchise me rassure ; ne l'appelez pas, je me rends ; il ne faut pas encore que l'on sache que je vous aime : laissez-moi le temps de disposer tout. (Acte 2, scène 16, HERMOCRATE)
  184. J'y consens : voici votre soeur, et je vous laisse ensemble. (Acte 2, scène 16, PHOCION)
  185. Je vous rends grâce de votre complaisance, mon frère ; et en vérité Phocion mérite bien qu'on l'oblige. (Acte 2, scène 17, LÉONTINE)
  186. Un homme, à votre âge, sera partout le bienvenu quand il voudra changer d'état. (Acte 2, scène 17, LÉONTINE)
  187. Oui, mon frère, peu de jeunes gens vont de pair avec vous ; et le don de votre coeur ne sera pas négligé. (Acte 2, scène 17, LÉONTINE)
  188. Et moi, je vous assure qu'on n'attendra pas d'avoir le vôtre pour vous donner le sien. (Acte 2, scène 17, HERMOCRATE)
  189. Peut-être en aurais-je. (Acte 2, scène 17, HERMOCRATE)
  190. Pensez-y ; une autre fois nous en dirons davantage. (Acte 2, scène 17, LÉONTINE)
  191. Je ne sais à qui elle en veut ; peut-être est-ce à quelqu'un aussi jeune pour elle que l'est Aspasie pour moi. (Acte 2, scène 17, HERMOCRATE)
  192. Je n'ai plus qu'un léger entretien à avoir avec Agis ; il le désire autant que moi. (Acte 3, scène 1, PHOCION)
  193. Croirais-tu pourtant que nous n'avons pu y parvenir ni l'un ni l'autre ? (Acte 3, scène 1, PHOCION)
  194. Non, Madame, achevez ; la princesse Léonide, après tout ce qu'elle a fait, doit lui paraître encore plus aimable qu'Aspasie. (Acte 3, scène 1, HERMIDAS)
  195. Votre père hérita du trône, et ne l'a pas ravi. (Acte 3, scène 1, HERMIDAS)
  196. Mais, dis-moi, as-tu fait porter mes lettres au château ? (Acte 3, scène 1, PHOCION)
  197. Mais quel ordre donnez-vous au seigneur Ariston, à qui s'adressent vos lettres ? (Acte 3, scène 1, HERMIDAS)
  198. Je ne dépends que de moi, nous allons être pour jamais unis. (Acte 3, scène 2, LÉONTINE)
  199. Je vais dès cet instant me mettre en état de cela, et dans deux heures je ne serai pas ici ; mais, Phocion, hâtez-vous de me suivre. (Acte 3, scène 2, LÉONTINE)
  200. Je sais que le vôtre est impayable, mais ne vous amusez point. (Acte 3, scène 2, PHOCION)
  201. J'aime à voir votre empressement ; puisse-t-il durer toujours ! (Acte 3, scène 2, LÉONTINE)
  202. Et puissiez-vous y répondre par le vôtre car votre lenteur m'impatiente. (Acte 3, scène 2, PHOCION)
  203. Hermocrate, je vous croyais occupé à vous arranger pour votre départ. (Acte 3, scène 3, PHOCION)
  204. Si vous saviez combien je suis lasse de vous combattre ! (Acte 3, scène 3, PHOCION)
  205. Votre coeur fait bien des façons, Hermocrate ; soyez agité tant que vous voudrez ; mais partez, puisque vous ne voulez pas faire le mariage ici. (Acte 3, scène 3, PHOCION)
  206. Je vous ai abandonné mon coeur, et je vais être à vous, ainsi il n'y a plus rien à vous cacher. (Acte 3, scène 3, HERMOCRATE)
  207. Votre confidence est en de bonnes mains. (Acte 3, scène 3, PHOCION)
  208. Jugez avec combien de soin il faut que je le cache, et de ce qu'il deviendrait entre les mains d'une Princesse qui le fait chercher à son tour, et qui apparemment ne respire que sa mort. (Acte 3, scène 3, HERMOCRATE)
  209. Je ne m'y fierais pas ; elle est née d'un sang qui n'est ni l'un ni l'autre. (Acte 3, scène 3, HERMOCRATE)
  210. Agis aura lieu d'être content. (Acte 3, scène 3, PHOCION)
  211. Il ne sera pas longtemps avec nous ; nos amis fomentent une guerre chez l'ennemi, auquel il se joindra ; les choses s'avancent, et peut-être bientôt les verra-t-on changer de face. (Acte 3, scène 3, HERMOCRATE)
  212. Elle n'est que l'héritière des coupables ; ce serait là se venger d'un crime par un autre, et Agis n'en est point capable : il suffira de la vaincre. (Acte 3, scène 3, HERMOCRATE)
  213. Je suis persuadée qu'Agis attend le moment de pouvoir me parler ; cette haine qu'il a pour moi me fait trembler pourtant. (Acte 3, scène 4, PHOCION)
  214. Je suis votre serviteur, Madame. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  215. comme dit stautre, vous avons-je fait de bonne besogne ? (Acte 3, scène 4, DIMAS)
  216. Ne vous ai-je pas promis de faire votre fortune ? (Acte 3, scène 4, PHOCION)
  217. C'est que, si vous me nuisez, si vous n'êtes pas discrets, je vous ferai expier votre indiscrétion dans un cachot. (Acte 3, scène 4, PHOCION)
  218. Quant à présent, retirez-vous, je vous l'ordonne ; et réparez votre faute par une prompte obéissance. (Acte 3, scène 4, PHOCION)
  219. Non, c'est peut-être le chemin du cachot ; et j'aime encore mieux rien que quatre murailles. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  220. Vous saurez bientôt, à votre tour, de quel prix votre coeur est pour le mien. (Acte 3, scène 5, PHOCION)
  221. Je connais vos charmes ; je connais la douceur des sentiments de votre âme, rien ne peut m'arracher à tant d'attraits, et c'en est assez pour vous adorer toute ma vie. (Acte 3, scène 5, AGIS)
  222. Mais plus il m'est cher, et plus je crains de le perdre ; je vous ai déguisé qui j'étais, et ma naissance vous rebutera peut-être. (Acte 3, scène 5, PHOCION)
  223. vous ne savez pas qui je suis moi-même, ni tout l'effroi que m'inspire pour vous la pensée d'unir mon sort au vôtre. (Acte 3, scène 5, AGIS)
  224. Celle qui règne, Aspasie ; mon ennemie et la vôtre. (Acte 3, scène 5, AGIS)
  225. Quel est donc le sujet de votre embarras, Seigneur ? (Acte 3, scène 7, AGIS)
  226. Ce que vous n'auriez peut-être jamais imaginé ; ce que j'ai honte de vous avouer ; mais ce que, toute réflexion faite, il faut pourtant vous apprendre. (Acte 3, scène 7, HERMOCRATE)
  227. D'être aussi faible qu'un autre. (Acte 3, scène 7, HERMOCRATE)
  228. Est-ce là le sujet de votre embarras ? (Acte 3, scène 7, AGIS)
  229. Et moi je vous en félicite : il vous manquait de connaître ce que c'était que le coeur. (Acte 3, scène 7, AGIS)
  230. La sagesse n'instruit point à être ingrat ; et je l'aurais été. (Acte 3, scène 7, HERMOCRATE)
  231. Ma main, ma fortune, tout est à vous avec mon coeur : donnez-moi le vôtre ou guérissez le mien ; cédez à mes sentiments, ou apprenez-moi à les vaincre ; rendez-moi mon indifférence, ou partagez mon amour ; et l'on me dit tout cela avec des charmes, avec des yeux, avec des tons qui auraient triomphé du plus féroce de tous les hommes. (Acte 3, scène 7, HERMOCRATE)
  232. Hé chez qui allez-vous à votre tour ? (Acte 3, scène 8, LÉONTINE)
  233. Il est assez particulier que nous y ayons tous deux affaire ; vous vous souvenez de ce que vous m'avez dit tantôt : votre voyage ne cache-t-il pas quelque mystère ? (Acte 3, scène 8, LÉONTINE)
  234. Voilà une question qui me ferait douter des motifs du vôtre ; vous vous souvenez aussi des discours que vous m'avez tenus ? (Acte 3, scène 8, HERMOCRATE)
  235. Tant mieux, Hermocrate, et grâce à notre mutuelle confidence, je crois que celui que j'aime et moi, nous nous épargnerons les frais du départ : il est ici, et puisque vous savez tout, ce n'est pas la peine de nous aller marier plus loin. (Acte 3, scène 8, LÉONTINE)
  236. Je n'en connais point d'autre. (Acte 3, scène 8, LÉONTINE)
  237. Votre portrait ! (Acte 3, scène 8, HERMOCRATE)
  238. Ce n'est pas le vôtre, c'est le mien qu'il a fait faire à mon insu. (Acte 3, scène 8, HERMOCRATE)
  239. Tenez, ma soeur, en voilà le double ; le vôtre est en homme, et le mien est en femme ; c'en est toute la différence. (Acte 3, scène 8, HERMOCRATE)
  240. N'avez-vous pas votre portrait à me donner, comme aux autres ? (Acte 3, scène 9, AGIS)
  241. Les autres n'auraient pas eu ce portrait, si je n'avais pas eu dessein de vous donner la personne. (Acte 3, scène 9, PHOCION)
  242. Non, je ne vous quitte plus ; craignez d'être le plus ingrat de tous les hommes, si vous ne m'écoutez pas. (Acte 3, scène 9, PHOCION)
  243. C'est pour vous que j'ai trompé tout le monde, et je n'ai pu faire autrement ; tous mes artifices sont autant de témoignages de ma tendresse, et vous insultez, dans votre erreur, au coeur le plus tendre qui fut jamais. (Acte 3, scène 9, PHOCION)
  244. J'ai tout employé pour abuser des coeurs dont la tendresse était l'unique voie qui me restait pour obtenir la vôtre, et vous étiez l'unique objet de tout ce qu'on m'a vu faire. (Acte 3, scène 9, PHOCION)
  245. Ce n'est pas là tout ; cette Princesse, que vous appelez votre ennemie et la mienne... (Acte 3, scène 9, PHOCION)
  246. S'il est vrai que vous m'aimiez, peut-être un jour vous fera-t-elle pleurer ma mort ; elle n'épargnera pas le fils de Cléomène. (Acte 3, scène 9, AGIS)
  247. Je suis en état de vous rendre l'arbitre de son sort. (Acte 3, scène 9, PHOCION)
  248. Je ne lui demande que de nous laisser disposer du nôtre. (Acte 3, scène 9, AGIS)
  249. Voulez-vous que je les reprenne, et que je vous rende les vôtres ? (Acte 3, scène 10, PHOCION)
  250. Noute maître, je vous avartis qu'il y a tout plain d'hallebardiers au bas de noute jardrin ; et pis des soudards et pis des carrioles dorées. (Acte 3, scène 11, DIMAS)
  251. Vous, Hermocrate, et vous, Léontine, qui d'abord refusiez tous deux de me garder, vous sentez le motif de mes feintes : je voulais rendre le trône à Agis, et je voulais être à lui. (Acte 3, scène 11, PHOCION)
  252. Sous mon nom j'aurais peut-être révolté son coeur, et je me suis déguisée pour le surprendre ; ce qui n'aurait encore abouti à rien, si je ne vous avais pas abusés vous-mêmes. (Acte 3, scène 11, PHOCION)
  253. Au reste, vous n'êtes point à plaindre, Hermocrate ; je laisse votre coeur entre les mains de votre raison. (Acte 3, scène 11, PHOCION)

LA SURPRISE DE L'AMOUR (1723)

  1. Tredame ! (Acte 1, scène 1, JACQUELINE)
  2. C'est donc un oisiau bien rare qu'un homme, pour en être si envieuse ? (Acte 1, scène 1, JACQUELINE)
  3. Hé là, là, je parle en discourant, je savons bian que l'oisiau n'est pas rare, mais quand une fille est grande ; alle a la fantaisie d'en avoir un, et il n'y a pas de mal à ça, Jacqueline, car ça est vrai, et tu n'iras pas là contre. (Acte 1, scène 1, PIERRE)
  4. Acoute, n'ons-je pas d'autre amoureux que toi ? (Acte 1, scène 1, JACQUELINE)
  5. Eh morguenne, voilà le tu autem ; je veux de l'amiquié pour la parsonne de moi tout seul : quand tout le Village vianrait te dire, Jacqueline épouse-moi, je voudrais que tu fis bravement la grimace à tout le village, et que tu lui disi, nennin-da, je veux être la femme de Piarre, et pis c'est tout : pour ce qui est d'en cas de moi, si j'allais être un parfide, je voudrais que ça te fâchit rudement, et que t'en pleurisse tout ton soûl ; et velà margué ce qu'en appelle aimer le monde. (Acte 1, scène 1, PIERRE)
  6. Regarde-moi entre deux yeux, tu ris tout comme si tu disais oui, hé, hé, hé, qu'en dis-tu ? (Acte 1, scène 1, PIERRE)
  7. Tant mieux, je t'aime de cette himeur-là, pourvu qu'alle dure, mais j'ai bian peur que Monsieur_Lélio, mon maître, ne consente à noute mariage, et qu'il ne me boute hors de chez li, quand il saura que je t'aime ; car il nous a dit qu'il ne voulait point voir d'amourette parmi nous. (Acte 1, scène 1, JACQUELINE)
  8. Oh, c'est pis qu'un Turc, à cause d'une dame de Paris qui l'aimait beaucoup, et qui li a tourné casaque pour un autre galant plus mal bâti que li : noute monsieur a fait du tapage ; il li a dit qu'alle devait être honteuse ; alle lui a dit qu'alle ne voulait pas l'être ; et voilà bian de quoi ; Ç'a-t-elle fait, et pis des injures, ous êtes cun indeigne, et voyez donc cet impertinent ; et je me vengerai, et moi, je m'en gausse ; tant y a qu'à la parfin, alle li a farmé la porte sur nez, l'i qui est glorieux a pris ça en mal, et il est venu ici pour vivre en harmite, en philosophe, car velà comme il dit, et depuis ce temps, quand il entend parler d'amour, il semble qu'en l'écorche comme une anguille ; son valet Arlequin fait itou le dégoûté, quand il voit une fille à droite, ce drôle de corps se baille les airs d'aller à gauche, à cause de queuque mijaurée de chambrière qui li a, à ce qu'il dit, vendu du noir. (Acte 1, scène 1, JACQUELINE)
  9. Quiens, véritablement c'est une piquié que ça, il n'y a pas de police, an punit tous les jours de pauvres voleurs, et an laisse aller et venir les parfides, mais velà ton maître, parle li. (Acte 1, scène 1, PIERRE)
  10. Non, il a la face triste, c'est peut-être qu'il rêve aux femmes, je sis d'avis que j'attende que ça soit passé ; va, va, il y a bonne espérance, pisque ta maîtresse est arrivée, et qu'alle a dit qu'alle lui en parlerait. (Acte 1, scène 1, JACQUELINE)
  11. Pourquoi, en vérité je n'en sais rien, c'est peut-être que je suis triste de ce que je ne suis pas gai. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  12. Ah, si tu es malade, c'est une autre affaire. (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  13. Monsieur, avec votre permission, que je passe de l'autre côté. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  14. C'est pour ne pas voir sur cet arbre deux petits oiseaux qui sont amoureux ; cela me tracasse, j'ai juré de ne plus faire l'amour, mais quand je le vois faire, j'ai presque envie de manquer de parole à mon serment, cela me raccommode avec ces pestes de femmes, et puis c'est le diable de me refâcher contre elles. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  15. Oui-da, mon ami : je t'aime, tu as du bon sens, quoique un peu grossier, l'infidélité de ta maîtresse t'a rebuté de l'amour ; la trahison de la mienne m'en a rebuté de même, tu m'as suivi avec courage dans ma retraite, et tu m'es devenu cher par la conformité de ton génie avec le mien, et par la ressemblance de nos aventures. (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  16. Et moi, Monsieur, je vous assure que je vous aime cent fois plus aussi que de coutume, à cause que vous avez la bonté de m'aimer tant : je ne veux plus voir de femmes, non plus que vous ; cela n'a point de conscience, j'ai pensé crever de l'infidélité de Margot, les passe-temps de la campagne, votre conversation et la bonne nourriture m'ont un peu remis, je n'aime plus cette Margot, seulement quelquefois son petit nez me trotte encore dans la tête : mais quand je ne songe point à elle, je n'y gagne rien, car je pense à toutes les femmes en gros, et alors les émotions de coeur, que vous dites viennent me tourmenter ; je cours, je saute, je chante, je danse, je n'ai point d'autre secret pour me chasser cela, mais ce secret-là n'est que de l'onguent miton-mitaine ; je suis dans un grand danger, et puisque vous m'aimez tant, ayez la charité de me dire comment je ferai, pour devenir fort quand je suis faible. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  17. Quand quelqu'un me vante une femme aimable et l'amour qu'il a pour elle, je crois voir un frénétique qui me fait l'éloge d'une vipère, qui me dit qu'elle est charmante, et qu'il a le bonheur d'en être mordu. (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  18. Eh, mon cher enfant, la vipère n'ôte que la vie ; Femmes, vous nous ravissez notre raison, notre liberté, notre repos, vous nous ravissez à nous-mêmes, et vous nous laissez vivre, ne voilà-t-il pas des hommes en bel état après, des pauvres fous, des hommes troublés, ivres de douleur ou de joie, toujours en convulsion, des esclaves, et à qui appartiennent ces esclaves ? (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  19. Pour la définir il faudrait la connaître : nous pouvons aujourd'hui en commencer la définition, mais je soutiens qu'on n'en verra le bout qu'à la fin du monde. (Acte 1, scène 2, L?LIO)
  20. Si les plaisirs qu'il nous donne étaient durables, ce serait un séjour délicieux que la terre: nous autres hommes la plupart, nous sommes jolis en amour : nous nous répandons en petits sentiments doucereux : nous avons la marotte d'être délicats, parce que cela donne un air plus tendre ; nous faisons l'amour règlement, tout comme on fait une charge, nous nous faisons des méthodes de tendresse ; nous allons chez une femme, pourquoi ? (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  21. Pour l'aimer, parce que c'est le devoir de notre emploi ; quelle pitoyable façon de faire ? (Acte 1, scène 2, L?LIO)
  22. Une femme ne veut être ni tendre ni délicate, ni fâchée ni bien aise ; elle est tout cela sans le savoir, et cela est charmant. (Acte 1, scène 2, L?LIO)
  23. Sans l'aiguillon de la jalousie et du plaisir notre coeur à nous autres est un vrai paralytique, nous restons là comme des eaux dormantes, qui attendent qu'on les remue pour se remuer. (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  24. Le coeur d'une femme se donne sa secousse à lui-même, il part sur un mot qu'on dit, sur un mot qu'on ne dit pas, sur une contenance : elle a beau vous avoir dit qu'elle aime, le répète-t-elle vous l'apprenez toujours, vous ne le saviez pas encore : ici par une impatience, par une froideur, par une imprudence, par une distraction, en baissant les yeux, en les relevant, en sortant de sa place, en y restant, enfin c'est de la jalousie, du calme, de l'inquiétude, de la joie, du babil, et du silence de toutes couleurs, et le moyen de ne pas s'enivrer du plaisir que cela donne ; le moyen de se voir adorer sans que la tête vous tourne, pour moi, j'étais tout aussi sot que les autres amants ; je me croyais un petit prodige, mon mérite m'étonnait : ah, qu'il est mortifiant d'en rabattre, c'est aujourd'hui ma bêtise qui m'étonne, l'homme prodigieux a disparu, et je n'ai trouvé qu'une dupe à la place. (Acte 1, scène 2, L?LIO)
  25. Bon, bon, c'est que vous voulez m'attraper peut-être. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  26. Non, ce sont là les instruments de notre supplice, dis-moi, mon pauvre garçon, si tu trouvais sur ton chemin de l'argent d'abord, un peu plus loin de l'or, un peu plus loin des perles, et que cela te conduisît à la caverne d'un monstre, d'un tigre, si tu veux, est-ce que tu ne haïrais pas cet argent, cet or et ces perles ? (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  27. Mon enfant, cet argent que tu trouves d'abord sur ton chemin, c'est la beauté, ce sont les agréments d'une femme qui t'arrêtent ; cet or que tu rencontres encore, ce sont les espérances qu'elle te donne ; enfin ces perles, c'est son coeur qu'elle t'abandonne avec tous ses transports. (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  28. Le tigre enfin paraît après les perles, et ce tigre, c'est un caractère perfide retranché dans l'âme de ta maîtresse, il se montre, il t'arrache son coeur, il déchire le tien, adieu tes plaisirs, il te laisse aussi misérable, que tu croyais être heureux. (Acte 1, scène 2, LÉLIO)
  29. Ah, c'est toi, Maître_Pierre, je t'aurais cru plus raisonnable, eh bien, Jacqueline, c'est donc pour lui que tu as le coeur tendre ? (Acte 1, scène 3, LÉLIO)
  30. Tu es fou, Maître_Pierre, ta Jacqueline au premier jour te plantera là, crois-moi, ne t'attache point à elle, laisse-la là, tu cherches malheur. (Acte 1, scène 3, LÉLIO)
  31. Allez, allez, si quelqu'un de nous deux se plante là, ce sera li qui me plantera, et non pas moi. à tout hasard, notre monsieur, donnez-moi tant seulement une petite parmission de mariage, c'est pour ça que j'avons prins la liberté de vous attaquer. (Acte 1, scène 3, JACQUELINE)
  32. Oui, Monsieur, voilà tout fin dret ce que c'est, et Jacqueline a itou queuque doutance que vous vourez bian de votre grâce, et pour l'amour de son sarvice, et de stilà de son père et de sa mère, qui vous ont tant sarvi quand ils n'étient pas encore défunts, tant y a, Monsieur excusez l'importunance, c'est que je sommes pauvres, et tout franchement, pour vous le couper court... (Acte 1, scène 3, PIERRE)
  33. C'est donc, ne vous en déplaise, que je voulons nous marier, et, comme ce dit l'autre, ce n'est pas le tout qu'un pourpoint, s'il n'y a des manches ; c'est ce qui fait, si vous parmettez que je vous le disions en bref... (Acte 1, scène 3, JACQUELINE)
  34. Soit, je le veux, nous verrons cela une autre fois, et je ferai ce que je pourrai, pourvu que le parti te convienne. (Acte 1, scène 3, LÉLIO)
  35. Tout beau, maître Pierre, dis-moi, as-tu son coeur ? (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  36. Voilà le caractère perfide qui va venir, je t'expliquerai cela plus au long une autre fois, mais tu le sentiras bien, adieu, pauvre homme, je n'ai plus rien à te dire, ton mal est sans remède. (Acte 1, scène 4, ARLEQUIN)
  37. Monsieur, mon cher maître, il y a une mauvaise nouvelle. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  38. Vous avez entendu parler de cette comtesse qui a acheté depuis un an cette belle maison près de la vôtre ? (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  39. Hélas, Monsieur, j'espère en vous et en votre assistance. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  40. Oserait-on vous demander d'où vient cette férocité qui vous prend à vous et à votre maître ? (Acte 1, scène 6, COLOMBINE)
  41. C'est que mon maître a fait voeu de fuir les femmes, parce qu'elles ne valent rien. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  42. Ce n'est pas votre faute, c'est la nature qui vous a bâties comme cela, et moi j'ai fait voeu aussi. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  43. Nous avons souffert comme des misérables à cause de votre bel esprit, de vos jolis charmes, et de votre tendre coeur. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  44. Va, mon ami, va dire à ton maître que je me soucie fort peu des hommes, mais que je souhaiterais lui parler. (Acte 1, scène 6, LA COMTESSE)
  45. Madame, j'aurai tous les égards que mérite votre recommandation, et je vous prie de m'excuser si j'ai fui ; mais je vous avoue que vous êtes d'un sexe avec qui j'ai cru devoir rompre pour toute ma vie : cela vous paraîtra bien bizarre. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  46. Allez, Monsieur, tous les renégats font mauvaise fin : vous viendrez quelque jour crier miséricorde et ramper aux pieds de vos maîtres, et ils vous écraseront comme un serpent. (Acte 1, scène 7, COLOMBINE)
  47. Et sur ce pied-là, peut-on vous demander ce qui vous fâche si fort contre les femmes ? (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  48. Madame, dispensez-moi de vous le dire ; c'est un récit que j'accompagne ordinairement de réflexions où votre sexe ne trouve pas son compte. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  49. Votre maîtresse cessa-t-elle de vous aimer, pour en aimer un autre ? (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  50. Elle en aima un autre ? (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  51. Voilà pourtant les femmes, et ces actions doivent vous mettre en pays de connaissance. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  52. Oui, votre maîtresse est une indigne, et l'on ne saurait trop la mépriser. (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  53. Comment, Madame, ce n'est donc rien à votre compte, que de cesser sans raison, d'avoir de la tendresse pour un homme ? (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  54. C'est beaucoup, au contraire ; cesser d'avoir de l'amour pour un homme, c'est à mon compte connaître sa faute, s'en repentir, en avoir honte, sentir la misère de l'idole qu'on adorait, et rentrer dans le respect qu'une femme se doit à elle-même. (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  55. J'ai bien vu que nous ne nous entendions point ; si votre maîtresse n'avait fait que renoncer à son attachement ridicule, eh ! (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  56. Je suis de votre sentiment, cette femme-là est tout à fait méprisable ; amant pour amant, il valait autant que vous déshonorassiez sa raison qu'un autre. (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  57. C'est assurément mettre les hommes bien bas, que de les juger indignes de la tendresse d'une femme : l'idée est neuve. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  58. Ouida, je crois, que nous trouverons plus de ressource à nous en divertir, qu'à nous fâcher contre elle. (Acte 1, scène 7, COLOMBINE)
  59. Monsieur, vous êtes bien curieux d'être humilié dans vos confrères. (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  60. Vous demandez ce que votre espèce a de comique, qui, pour se mettre à son aise a eu besoin de se réserver un privilège d'indiscrétion, d'impertinence, et de fatuité, qui suffoquerait, si elle n'était babillarde, si sa misérable vanité n'avait pas ses coudées franches, s'il ne lui était pas permis de déshonorer un sexe qu'elle ose mépriser pour les mêmes choses, dont l'indigne qu'elle est, fait sa gloire. (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  61. L'admirable engeance qui a trouvé la raison et la vertu, des fardeaux trop pesants pour elle, et qui nous a chargées du soin de les porter : ne voilà-t-il pas de beaux titres de supériorité sur nous ? (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  62. Fiez-vous à moi, Monsieur, vous ne connaissez pas votre misère, j'oserai vous le dire : vous voilà bien irrité contre les femmes ; je suis peut-être, moi, la moins aimable de toutes. (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  63. Tout hérissé de rancune que vous croyez être, moyennant deux ou trois coups d'oeil flatteurs qu'il m'en coûterait, grâce à la tournure grotesque de l'esprit de l'homme, vous m'allez donner la comédie. (Acte 1, scène 7, LA COMTESSE)
  64. Madame, peu de femmes sont aussi aimables que vous, vous l'êtes tout autant que je suis sûr que vous croyez l'être ; mais s'il n'y a que la comédie dont vous parlez qui puisse vous réjouir, en ma conscience, vous ne rirez de votre vie. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  65. Eh morbleu, pourquoi prêcher la fin du monde, cela coupe la gorge à tout : soyons raisonnables, condamnez les amants déloyaux, les conteurs de sornettes, à être jetés dans la rivière, une pierre au col, à merveille : enfermez les coquettes entre quatre murailles ; fort bien, mais les amants fidèles, dressez-leur de belles et bonnes statues pour encourager le public ; vous riez adieu, pauvres brebis égarées : pour moi, je vais travailler à la conversion d'Arlequin. (Acte 1, scène 7, COLOMBINE)
  66. À votre égard, que le ciel vous assiste, mais il serait curieux de vous voir chanter la palinodie, je vous y attends. (Acte 1, scène 7, COLOMBINE)
  67. Avec notre ami Lélio, cela se peut-il ? (Acte 1, scène 8, LE BARON)
  68. Je n'ai l'honneur de connaître Madame que depuis un instant. (Acte 1, scène 8, LÉLIO)
  69. Voici peut-être le coup de hasard le plus bizarre qui soit arrivé. (Acte 1, scène 8, LE BARON)
  70. Morbleu, je n'en saurais revenir, c'est le fait le plus curieux qu'on puisse imaginer, dès que je serai à Paris, où je vais, je le ferai mettre dans la gazette. (Acte 1, scène 8, LE BARON)
  71. Nos propres expériences, et les relations de nos voyageurs, nous apprennent que partout la femme est amie de l'homme, que la nature l'a pourvue de bonne volonté pour lui : la nature n'a manqué que Madame : le soleil n'éclaire qu'elle chez qui notre espèce n'ait point rencontré grâce, et cette seule exception de la loi générale se rencontre avec un personnage unique, je te le dis en ami ; avec un homme qui nous a donné l'exemple d'un fanatisme tout neuf ; qui seul de tous les hommes n'a pu s'accoutumer aux coquettes qui fourmillent sur la terre, et qui sont aussi anciennes que le monde ; enfin qui s'est condamné à venir ici languir de chagrin de ne plus voir de femmes, en expiation du crime qu'il a fait quand il en a vu. (Acte 1, scène 8, LE BARON)
  72. Oh je ne sache point d'aventure qui aille de pair avec la vôtre. (Acte 1, scène 8, LE BARON)
  73. Hélas peut-être jouez-vous de votre reste aujourd'hui. (Acte 1, scène 8, LE BARON)
  74. Combien voyons-nous de choses qui sont d'abord merveilleuses, et qui finissent par faire rire : je suis un homme à pronostic, voulez-vous que je vous dise, tenez, je crois que votre merveilleux est à fin de terme. (Acte 1, scène 8, LE BARON)
  75. Je ne badine point, Madame, je vous le cautionne garrotté à votre char, il vous aime de ce moment-ci, il a obéi. (Acte 1, scène 8, LE BARON)
  76. Vous montrez là certaine impatience qui pourra venir à bien : faisons-la profiter par un petit tour de cercle. (Acte 1, scène 8, LE BARON)
  77. Je vous demande pardon, mais vous aimerez s'il vous plaît, Madame, Lélio est mon ami, et je ne veux point lui donner de maîtresse insensible. (Acte 1, scène 8, LE BARON)
  78. Cherchez-lui donc une maîtresse ailleurs, car il trouverait fort mal son compte ici. (Acte 1, scène 8, LA COMTESSE)
  79. Madame, je sais le peu que je vaux, on peut se dispenser de me l'apprendre, après tout votre antipathie ne me fait point trembler. (Acte 1, scène 8, LÉLIO)
  80. Monsieur_Lélio est tout je ne sais comment aussi : il a l'air d'un homme qui veut être fier, et qui ne peut pas l'être. (Acte 1, scène 8, COLOMBINE)
  81. Laissez-les là, Colombine, ils sont de méchante humeur ; ils viennent de se faire une déclaration d'amour l'un à l'autre, et le tout en se fâchant. (Acte 1, scène 8, LE BARON)
  82. Ouf, ce gibier-là mène un chasseur trop loin : je me perdrais, tournons d'un autre côté... (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  83. Passez, passez votre chemin, ma mie. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  84. Va-t'en, va-t'en demander ton portrait à mon maître, il te le donnera pour rien : tu verras si tu n'es pas une vipère. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  85. Ton maître est un visionnaire, qui te fait faire pénitence de ses sottises : dans le fond tu me fais pitié, c'est dommage qu'un jeune homme comme toi, assez bien fait, et bon enfant, car tu es sans malice. (Acte 1, scène 9, COLOMBINE)
  86. Cet original qui dispute contre son coeur comme un honnête homme. (Acte 1, scène 9, COLOMBINE)
  87. N'as-tu pas de honte d'être si jolie et si traîtresse ? (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  88. Je trouve qu'il y a un quart_d_heure que nous nous promenons sans rien dire : entre deux femmes cela ne laisse pas d'être fort. (Acte 2, scène 1, COLOMBINE)
  89. Sommes-nous bien dans notre état naturel ? (Acte 2, scène 1, COLOMBINE)
  90. Voyons ce que c'est ; suivant l'espèce de la chose, je ferai l'estime de votre silence. (Acte 2, scène 1, COLOMBINE)
  91. Hum, il y a du Lélio : votre taciturnité n'est pas si belle que je le pensais ; la mienne, à vous dire le vrai, n'est pas plus méritoire. (Acte 2, scène 1, COLOMBINE)
  92. Je n'ai d'autres raisons pour lui parler, que le mariage de ces jeunes gens : il ne m'a point dit ce qu'il veut donner à la fille, je suis bien aise que le neveu de mon fermier trouve quelque avantage, mais, sans nous parler, Lélio peut me faire savoir ses intentions, et je puis le faire informer des miennes. (Acte 2, scène 1, LA COMTESSE)
  93. Le chemin de tout le monde, quand on a affaire aux gens, c'est d'aller leur parler, mais cela n'est pas commode, le plus court est de l'entretenir de loin, vraiment on s'entend bien mieux : lui parlerez-vous avec une sarbacane, ou par procureur ? (Acte 2, scène 1, COLOMBINE)
  94. Je me doute moi, que vous ne vous doutez pas des vôtres, mais cela viendra. (Acte 2, scène 1, COLOMBINE)
  95. Madame, c'est une maladie qui commence : votre coeur en est à son premier accès de fièvre, tenez, le billet n'est plus nécessaire, je vois Lélio qui s'approche. (Acte 2, scène 1, COLOMBINE)
  96. Je me retire, faites votre commission. (Acte 2, scène 1, LA COMTESSE)
  97. Ma maîtresse a jugé à propos de réduire sa conversation dans ce billet. (Acte 2, scène 2, COLOMBINE)
  98. Je ne vois pas la finesse qu'il peut y avoir à me laisser là, quand j'arrive, pour m'entretenir dans des papiers. (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  99. « Je prévois que cela vous gênerait, et moi à qui il n'ennuie pas d'être seule, je serais fâchée de vous contraindre ! » (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  100. Vous avez raison, Madame, je vous remercie de votre attention. (Acte 2, scène 2, L?LIO)
  101. Pour cela oui, notre dessein était de lui dire que nous ne voulions plus d'elle. (Acte 2, scène 2, ARLEQUIN)
  102. J'ai tort, j'oublie les choses d'un moment à l'autre : attendez là un moment. (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  103. C'est-à-dire que vous êtes bien charmé du parti que prend ma maîtresse. (Acte 2, scène 2, COLOMBINE)
  104. J'ai bien affaire, moi, d'être honnête à mes dépens. (Acte 2, scène 3, ARLEQUIN)
  105. Laissez-moi en repos, Mademoiselle_Colombine, promenez-vous d'un côté, et moi d'un autre, sinon je m'enfuirai, car je réponds tout de travers. (Acte 2, scène 3, ARLEQUIN)
  106. Tout en badinant cependant, me voilà dans la fantaisie d'être aimée de ce petit corps-là. (Acte 2, scène 3, COLOMBINE)
  107. Vous en parlez bien à votre aise : elle a la malice de me dire qu'elle me haïra. (Acte 2, scène 4, ARLEQUIN)
  108. J'ai entrepris la guérison de sa folie, il faut que j'en vienne à bout : va, va, c'est partie à remettre. (Acte 2, scène 4, COLOMBINE)
  109. Tenez Colombine, voilà la réponse au billet de votre maîtresse. (Acte 2, scène 4, LÉLIO)
  110. Je la fais indifférente: ai-je quelque intérêt de la faire autrement ? (Acte 2, scène 4, LÉLIO)
  111. Les plus courtes folies sont les meilleures : l'homme est faible, tous les philosophes du temps passé nous l'ont dit, et je m'en fie bien à eux : vous vous croyez leste et gaillard, vous n'êtes point cela ; ce que vous êtes est caché derrière tout cela : si j'avais besoin d'indifférence et qu'on en vendît, je ne ferais pas emplette de la vôtre, j'ai bien peur que ce ne soit une drogue de charlatan, car on dit que l'Amour en est un, et franchement vous m'avez tout l'air d'avoir pris de son Mithridate. (Acte 2, scène 4, COLOMBINE)
  112. Je pars ; mais mon avis est que vous avez la vue trouble ; attendez qu'elle s'éclaircisse, vous verrez mieux votre chemin ; n'allez pas vous jeter dans quelque ornière, vous embourber dans quelque pas : quand vous soupirerez, vous serez bien aise de trouver un écho qui vous réponde : n'en dites rien, ma maîtresse est étourdie du bateau, la bonne dame bataille, et c'est autant de battu ; motus, Monsieur, je suis votre servante. (Acte 2, scène 4, COLOMBINE)
  113. Cette folle, qui me vient dire qu'elle croit que sa maîtresse s'humanise, elle qui me fuit, et qui me fuit, et qui me fuit moi présent ! (Acte 2, scène 5, LÉLIO)
  114. La vérité est que je ne croyais pas être si haïssable. (Acte 2, scène 5, L?LIO)
  115. Cela ne vaut pas la peine d'être si content, à moins qu'on ne soit fâché : tenez-vous ferme, mon cher maître, car si vous tombez, me voilà à bas. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  116. Ce voyage-là, pourrait bien être une culbute à gauche, au lieu d'une culbute à droite. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  117. Point du tout, cette femme croirait peut-être que je serais sensible à son amour, et je veux la laisser là pour lui prouver que non. (Acte 2, scène 5, LÉLIO)
  118. Il faut avouer que les bizarreries de l'esprit d'une femme sont des pièges bien finement dressés contre nous ! (Acte 2, scène 5, LÉLIO)
  119. Dites-moi, Monsieur, j'ai fait un gros serment de n'être plus amoureux ; mais si Colombine m'ensorcelle, je n'ai pas mis cet article dans mon marché, mon serment ne vaudra rien, n'est-ce pas ? (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  120. Ce qui m'arrive avec la Comtesse ne suffirait-il pas pour jeter des étincelles de passion dans le coeur d'un autre ? (Acte 2, scène 5, LÉLIO)
  121. Oh, sans l'inimitié que j'ai vouée à l'amour, j'extravaguerais actuellement, peut-être : je sens bien qu'il ne m'en faudrait pas davantage, je serais piqué, j'aimerais : cela irait tout de suite. (Acte 2, scène 5, L?LIO)
  122. Le hasard me fit connaître une femme qui hait l'amour ; nous lions cependant commerce d'amitié, qui doit durer pendant notre séjour ici : je la conduis chez elle, nous nous quittons en bonne intelligence ; nous avons à nous revoir, je viens la trouver indifféremment, je ne songe non plus à l'amour qu'à m'aller noyer, j'ai vu sans danger les charmes de sa personne. (Acte 2, scène 5, LÉLIO)
  123. Point du tout, cela n'est pas fini, j'ai maintenant affaire à des caprices, à des fantaisies ; équipages d'esprit que toute femme apporte en naissant : Madame_la_Comtesse se met à rêver, et l'idée qu'elle imagine en se jouant serait la ruine de mon repos si j'étais capable d'y être sensible. (Acte 2, scène 5, L?LIO)
  124. Mon cher maître, je crois qu'il faudra que je saute le bâton. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  125. Je serai étonné, déconcerté ; premier degré de folie, car je vois cela tout comme si j'y étais ; après quoi, l'amour-propre s'en mêle, je me croirais méprisé, parce qu'on s'estime un peu, je m'aviserai d'être choqué, me voilà fou complet : deux jours après, c'est de l'amour qui se déclare ; d'où vient-il ? (Acte 2, scène 5, LÉLIO)
  126. D'une petite fantaisie magique qui prend à une femme, et qui plus est, ce n'est pas sa faute à elle : la nature a mis du poison pour nous dans toutes ses idées : son esprit ne peut se retourner qu'à notre dommage, sa vocation est de nous mettre en démence : elle fait sa charge involontairement. (Acte 2, scène 5, L?LIO)
  127. Que je suis heureux, dans cette occasion-ci, d'être à l'abri de tous ces périls : le voilà, ce billet insultant, malhonnête ; mais cette réflexion-là me met de mauvaise humeur ; les mauvais procédés m'ont toujours déplu, et le vôtre est un des plus déplaisants, Madame_la_Comtesse ; je suis bien fâché de ne l'avoir pas rendu à Colombine. (Acte 2, scène 5, L?LIO)
  128. Eh, mon maître, ce n'est pas la peine que vous fassiez ce chemin-là pour moi, je ne mérite pas cela, et il vaut mieux que j'aime que de vous coûter tant de dépense. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  129. De qui diantre me parles-tu donc, butor ? (Acte 2, scène 5, LÉLIO)
  130. Moi, l'aimer : tiens, tu me feras plaisir de savoir adroitement de Colombine les dispositions où elle se trouve ; car je veux savoir à quoi m'en tenir : et si contre toute apparence, il se trouvait dans son coeur une ombre de penchant pour moi ; vite à cheval : je pars. (Acte 2, scène 5, LÉLIO)
  131. Vous : il n'y a qu'un moment, mais c'est que la mémoire vous faille, comme à moi : voulez-vous que je vous dise, il est bien aisé de voir que le coeur vous démange ; vous parlez tout seul, vous faites des discours qui ont dix lieues de long, vous voulez vous en aller en Turquie, vous mettez vos bottes, vous les ôtez, vous partez, vous restez, et puis du noir, et puis du blanc : pardi, quand on ne sait ni ce qu'on dit ni ce qu'on fait, ce n'est pas pour des prunes : et moi, que ferai-je après, quand je vois mon maître qui perd l'esprit ? (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  132. Franchement, Monsieur, la femme est un peu vaurienne, mais elle a du bon : entre nous, je la crois plus ratière que malicieuse : je m'en vais tâcher de rencontrer Colombine, et je ferai votre affaire. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  133. Je ne veux pas l'aimer, mais si j'ai tant de peine à me retenir, adieu panier je me laisserai aller ; si vous m'en croyez vous ferez de même : être amoureux et ne l'être pas, ma foi, je donnerai le choix pour un liard. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  134. Monsieur, si je deviens amoureux, je veux avoir la consolation que vous le soyez aussi, afin qu'on dise toujours : tel valet, tel maître : je ne m'embarrasse pas d'être un ridicule, pourvu que je vous ressemble ; si la comtesse vous aime, je viendrai vitement vous le dire, afin que cela vous achève : par bonheur que vous êtes déjà bien avancé, et cela me fait un grand plaisir. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  135. Je prierai pourtant la Comtesse d'ordonner à Colombine de laisser ce malheureux en repos : mais peut-être elle est bien aise elle-même que l'autre travaille à lui détraquer la cervelle, car Madame_la_Comtesse n'est pas dans le goût de m'obliger. (Acte 2, scène 6, LÉLIO)
  136. Morbleu, je n'entends parler que d'amour, eh, laissez-moi respirer, vous autres ! (Acte 2, scène 6, LÉLIO)
  137. Vous me laissez, faites comme il vous plaira, j'ai la tête remplie de femmes et de tendresses : ces maudites idées-là me suivent partout, elles m'assiègent, Arlequin d'un côté, les folies de la Comtesse de l'autre, et toi aussi. (Acte 2, scène 6, L?LIO)
  138. Oh que les hommes sont traîtres ! (Acte 2, scène 6, JACQUELINE)
  139. De quoi s'avise ce coquin-là d'être infidèle ? (Acte 2, scène 6, LÉLIO)
  140. Oh Monsieur, je ne veux pas rester dans le village, car on est si faible ; si ce garçon-là me recharchait, je ne sis pas rancuneuse, il y aurait du rapatriage, et je prétends être brouillée. (Acte 2, scène 6, JACQUELINE)
  141. Je m'en vas, Piarre est son valet, et ça me fâche itou contre elle. (Acte 2, scène 6, JACQUELINE)
  142. Elle m'a fui tantôt : si je me retire, elle croira que je prends ma revanche, et que j'ai remarqué son procédé ; comme il n'en est rien, il est bon de lui paraître tout aussi indifférent que je le suis. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  143. Hélas Monsieur, je ne vous voyais pas : après cela, quand je vous aurais vu, je ne me ferais pas un grand scrupule d'approcher de l'endroit où vous êtes, et je ne me détournerais pas de mon chemin à cause de vous, je vous dirai cependant que vous outrez les termes de mon billet, il ne signifiait pas, haïssons-nous, soyons-nous odieux : si vos dispositions de haine ou pour toutes les femmes, ou pour moi vous l'ont fait expliquer comme cela, et si vous le pratiquez comme vous l'entendez, ce n'est pas ma faute. (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  144. Quant à moi, Monsieur, qui ne vous hais ni ne vous aime, qui n'ai ni chagrin ni plaisir à vous voir, vous trouverez bon que j'aille mon train, que vous me soyez un objet parfaitement indifférent, et que j'agisse tout comme si vous n'étiez pas là : je cherche mon portrait, j'ai besoin de quelques petits diamants qui en ornent la boîte ; je l'ai prise pour les envoyer démonter à Paris, et Colombine à qui je l'ai donné pour le remettre à un de mes gens qui part exprès, l'a perdu ; voilà ce qui m'occupe, et si je vous avais aperçu là, il ne m'en aurait coûté que de vous prier très froidement et très poliment de vous détourner. Peut-être même, m'aurait-il pris fantaisie de vous prier de chercher avec moi, puisque vous vous trouvez là : car je n'aurais pas deviné que ma présence vous affligeait ; à présent que je le sais, je n'userai point d'une prière incivile : fuyez vite, Monsieur, car je continue. (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  145. Madame, je ne veux point être incivil non plus, et je reste, puisque je puis vous rendre service, je vais chercher avec vous. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  146. Parbleu, Madame, c'est trop souffrir de rebuts en un jour, et billet et discours, tout se ressemble : adieu, donc, Madame, je suis votre serviteur. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  147. Monsieur, je suis votre servante. (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  148. Je ne suis pas d'humeur à mettre toujours la main à la plume: je me moque de sa haine, il faut qu'il me parle. (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  149. C'est que le neveu de votre fermier ne doit plus compter sur Jacqueline : Madame, cela doit vous faire plaisir, car cela finit le peu de commerce forcé que nous avons ensemble. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  150. Vous pourriez cependant me rendre un bon compte de celui-ci, si vous vouliez : il est de votre ouvrage apparemment ; je me mêlais de leur mariage, cela vous fatiguait, vous avez tout arrêté : je vous suis obligée de vos égards. (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  151. Oui, Monsieur, il n'était pas nécessaire de vous y prendre de cette façon-là, cependant je ne trouve point mauvais que le peu d'intérêt que j'avais à vous voir fût à charge : je ne condamne point dans les autres ce qui est en moi, et sans le hasard qui nous rejoint ici, vous ne m'auriez vue de votre vie, si j'avais pu. (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  152. Non, Monsieur, de votre vie ; et pourquoi en douteriez-vous ? (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  153. Oh mettez-vous dans l'esprit que mon opiniâtreté vaut bien la vôtre, et que je n'en démordrai point. (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  154. Eh Madame, vous m'en avez accablé de preuves d'opiniâtreté ; ne m'en donnez plus, voilà qui est fini. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  155. J'espérais que vous me divertiriez en m'aimant : vous avez pris un autre tour, je ne perds point au change, et je vous trouve très divertissant comme vous êtes. (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  156. Quoi qu'il en soit, brisons là-dessus ; la comédie ne me plaît pas longtemps, et je ne veux être ni acteur ni spectateur. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  157. Écoutez, Monsieur, vous m'avouerez qu'un homme à votre place, qui se croit aimé, surtout quand il n'aime pas, se met en prise ? (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  158. Je ne pense point que vous m'aimez, Madame, vous me traitez mal, mais vous y trouvez du goût : n'usez point de prétexte, je vous ai déplu d'abord ; moi spécialement je l'ai remarqué, et si je vous aimais, de tous les hommes qui pourraient vous aimer, je serais peut-être le plus humilié, le plus raillé, et le plus à plaindre. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  159. Vous êtes injuste, je ne suis pas sans discernement : Mais à quoi bon faire cette supposition, que si vous m'aimiez je vous traiterais plus mal qu'un autre ? (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  160. Cela vous doit être indifférent ; vous ne m'aimez pas ? (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  161. Je vous prie, point de menace, Madame : vous m'avez tantôt offert votre amitié, je ne vous demande que cela, je n'ai besoin que de cela : ainsi vous n'avez rien à craindre. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  162. Moins gênée ; ma foi Madame, il ne faut pas que vous la soyez du tout, et tout bien pesé, je crois que nous ferons mieux de suivre les termes de votre billet. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  163. Oh de tout mon coeur : allons, Monsieur, ne nous voyons plus : je fais présent de cent pistoles au neveu de mon fermier ; vous me ferez savoir ce que vous voulez donner à la fille, et je verrai si je souscrirai à ce mariage, dont notre rupture va lever l'obstacle que vous y avez mis : soyons-nous inconnus l'un à l'autre ; j'oublie que je vous ai vu : je ne vous reconnaîtrai pas demain. (Acte 2, scène 7, LA COMTESSE)
  164. Morbleu, Madame, vous êtes une dame raisonnable, à la bonne heure, mais accordez donc cette lettre avec vos premières honnêtetés et avec vos offres d'amitié : cela est inconcevable, aujourd'hui votre ami, demain rien. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  165. Un moment : vous êtes de toutes les dames que j'ai vues celle qui vaut le mieux, je sens même que j'ai du plaisir à vous rendre cette justice-là : Colombine vous en a dit davantage ; c'est une visionnaire, non seulement sur mon chapitre, mais encore sur le vôtre:: Madame, je vous en avertis, ainsi n'en croyez jamais au rapport de vos domestiques. (Acte 2, scène 7, LÉLIO)
  166. Je vous trouve bien hardie d'oser, suivant votre petite cervelle, tirer de folles conjectures de mes sentiments ; et je voudrais bien vous demander sur quoi vous avez compris que j'aime Monsieur, à qui vous l'avez dit? (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  167. C'était pour abréger votre chemin à l'un et à l'autre, car vous y viendrez tous deux. (Acte 2, scène 8, COLOMBINE)
  168. Cela ira là, et si la chose arrive, je n'aurai fait aucun mal : à votre égard, Madame, je vais vous expliquer sur quoi j'ai pensé que vous aimiez. (Acte 2, scène 8, COLOMBINE)
  169. Je suis honteux d'être la cause de cette explication-là, mais vous pouvez être persuadée que ce qu'elle a pu me dire ne m'a fait aucune impression : non, Madame, vous ne m'aimez point, et j'en suis convaincu, et je vous avouerai même dans le moment où je suis, que cette conviction m'est nécessaire : je vous laisse. (Acte 2, scène 8, LÉLIO)
  170. Oh notre amour se fait grand ! (Acte 2, scène 8, COLOMBINE)
  171. Je vous ai dit ce que je pensais de ma maîtresse à l'égard de votre maître : Bonjour. (Acte 3, scène 1, COLOMBINE)
  172. Peut-être je vous répondrai que oui. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  173. Et moi, à compter d'aujourd'hui, je me brouille avec les hommes, dans un an, ou deux, je me raccommoderai peut-être avec ces nigauds-là. (Acte 3, scène 1, COLOMBINE)
  174. Mais laisse-moi faire ; tiens, mon chien d'amour s'en ira, je m'étranglerais plutôt : je m'en vais être ivrogne, je jouerai à la boule toute la journée, je prierai mon maître de m'apprendre le piquet ; je jouerai avec lui ou avec moi, je dormirai plutôt que de rester sans rien faire. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  175. M'aimeras-tu après cette autre impertinence-là ? (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  176. C'est une autre affaire. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  177. Écoute, nous avons intérêt de hâter l'amour de nos maîtres, il faut qu'ils se marient ensemble. (Acte 3, scène 1, COLOMBINE)
  178. N'oublions rien pour les conduire à s'avouer qu'ils s'aiment : quand tu rendras la boîte à la Comtesse, ne manque pas de lui dire pourquoi ton maître en garde le portrait ? (Acte 3, scène 1, COLOMBINE)
  179. Je viens de rencontrer Arlequin, ne vous a-t-il point parlé ? (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  180. N'a-t-il rien à me dire de la part de son maître ? (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  181. Avez-vous dit au cocher de mettre les chevaux au carrosse ? (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  182. Qui diantre savait que vous voulussiez partir pour aller quelque part : mais je m'en vais avertir le cocher. (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  183. Ce n'est pas son amour qui m'importe, je ne m'en soucie guère, mais il m'importe de ne point prendre de fausses idées des gens, et de n'être pas la dupe éternelle de vos étourderies ! (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  184. Monsieur Lélio vous aime, Madame, j'en suis certaine, votre billet l'a piqué, il l'a reçu en colère, il l'a lu de même, il a pâli, il a rougi. (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  185. Oh vous croyez que cela va comme votre tête, avec votre tant mieux : il serait à souhaiter qu'il m'aimât, pour justifier le reproche que je lui en ai fait, je suis désolée d'avoir accusé un homme d'un amour qu'il n'a pas : mais si vous vous êtes trompée, pourquoi Lélio m'a-t-il fait presque entendre qu'il m'aimait ? (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  186. Je donnerais à ces paroles-là, moi, toute une autre interprétation, tant je les trouve équivoques ! (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  187. Oh je vous prie, gardez votre belle interprétation, je n'en suis point curieuse, je vois d'ici qu'elle ne vaut rien. (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  188. Je la crois pourtant aussi naturelle que la vôtre, Madame ? (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  189. Cela posé, examinons ce qu'il vous dit : vous ne m'aimez pas, Madame, j'en suis convaincu, et je vous avouerai que cette conviction m'est absolument nécessaire ; c'est-à-dire pour rester où vous êtes, j'ai besoin d'être certain que vous ne m'aimez pas, sans quoi je décamperais, c'est une pensée désobligeante, entortillée dans un tour honnête, cela me paraît assez net. (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  190. Cette fille-là n'a jamais eu d'esprit que contre moi ; mais, Colombine, l'air affectueux et tendre qu'il a joint à cela ?... (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  191. Par quel esprit de contradiction veux-tu penser autrement ? (Acte 3, scène 2, LA COMTESSE)
  192. Il vous aimait peut-être, et je lui avais dit que vous pourriez l'aimer ; mais vous vous êtes fâchée, et j'ai détruit mon ouvrage : j'ai dit tantôt à Arlequin que vous ne songiez nullement à lui : que j'avais voulu flatter son maître pour me divertir, et qu'enfin Monsieur_Lélio était l'homme du monde que vous aimeriez le moins. (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  193. Je vous l'avoue, une seule chose me chagrine : c'est de m'apercevoir que vous manquez de confiance pour moi, qui ne veux savoir vos secrets que pour vous servir ; de grâce, ma chère maîtresse, ne me donnez plus ce chagrin-là, récompensez mon zèle pour vous, ouvrez-moi votre coeur, vous n'en serez point fâchée. (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  194. Je crois que oui : mais d'où vient vous faire un si grand monstre de cela, eh bien, vous aimez, voilà qui est bien rare ! (Acte 3, scène 2, COLOMBINE)
  195. Madame, mon maître m'a dit que vous avez perdu une boîte de portrait ; je sais un homme qui l'a trouvée ; de quelle couleur est-elle ? (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  196. Montre, nigaud ! (Acte 3, scène 3, COLOMBINE)
  197. La voilà, Madame, un autre que vous ne la verrait pas, mais vous êtes une femme de bien. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  198. Chut, il n'est pas perdu, c'est mon maître qui le garde. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  199. C'est pour vous mirer quand il ne vous voit plus : il dit que ce portrait ressemble à une cousine qui est morte, et qu'il aimait beaucoup : il m'a défendu d'en rien dire, et de vous faire accroire qu'il est perdu ; mais il faut bien vous donner de la marchandise pour votre argent. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  200. Madame, la cousine dont il parle, peut être morte, mais la cousine qu'il ne dit pas se porte bien, et votre cousin n'est pas votre parent. (Acte 3, scène 3, COLOMBINE)
  201. De ce drôle de cousin : mon maître croit bonnement qu'il garde le portrait à cause de la cousine ; et il ne sait pas que c'est à cause de vous, cela est risible, il fait des quiproquos d'apothicaire. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  202. Oui, je l'ai laissé là-bas qui se fâche contre le visage de Madame ; il le querelle tant qu'il peut de ce qu'il aime. (Acte 3, scène 3, ARLEQUIN)
  203. Colombine, il faut absolument qu'il me rende mon portrait, cela est de conséquence pour moi : je vais lui demander, je ne souffrirai pas mon portrait entre les mains d'un homme. (Acte 3, scène 3, LA COMTESSE)
  204. Oh, je te réponds qu'il va grand train ; mais voici ton maître, laisse-moi faire. (Acte 3, scène 4, COLOMBINE)
  205. Si elle ne vous a pas dit adieu, c'est qu'entre amis on en agit sans façon. (Acte 3, scène 4, COLOMBINE)
  206. Oh doucement, je veux du vrai dans mes amis, des manières franches et stables, et je n'en trouve point là ; dorénavant je ferai mieux de n'être ami de personne, car je vois bien qu'il n'y a que du faux partout. (Acte 3, scène 4, LÉLIO)
  207. Et moi, je ne suis point aujourd'hui dans le goût d'être honnête, je suis las de la bagatelle. (Acte 3, scène 4, LÉLIO)
  208. Tirez votre réponse à la courte paille. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  209. Mais en vérité c'est une tyrannie que cette alternative-là ; si je vais dire que je l'aime, cela dérangera peut-être Madame_la_Comtesse ? (Acte 3, scène 4, LÉLIO)
  210. Peut-être aussi partira-t-elle ? (Acte 3, scène 4, COLOMBINE)
  211. Adieu, je vous entends, je lui rendrai compte de votre indifférence, n'est-ce pas ? (Acte 3, scène 4, COLOMBINE)
  212. Arlequin, je te le recommande, instruis-le plus amplement, je vais chercher l'autre. (Acte 3, scène 4, COLOMBINE)
  213. C'est maintenant qu'il faut dire : va comme je te pousse : vive l'amour, mon cher maître, et faites chorus, car il n'y a pas deux chemins : il faut passer par là, ou par la fenêtre. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  214. Cachons-lui ma faiblesse ; peut-être ne la sait-elle pas encore. (Acte 3, scène 5, LÉLIO)
  215. Je vous suis obligée de finir cela, Monsieur, mais j'avais quelque autre chose à vous dire ; bagatelle pour vous, et assez importante pour moi. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  216. Madame, il est vrai qu'Arlequin a trouvé une boîte de portrait que vous cherchiez ; je vous l'ai fait remettre sur-le-champ ; s'il vous a dit autre chose, c'est un étourdi, et je voudrais bien lui demander où est le portrait dont il parle ? (Acte 3, scène 6, LÉLIO)
  217. Il est dans votre poche. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  218. Si fait, Monsieur, vous vous souvenez bien que vous lui avez parlé tantôt, je vous l'ai vu mettre après dans la poche du côté gauche. (Acte 3, scène 6, ARLEQUIN)
  219. Cherchez, Monsieur, peut-être avez-vous oublié que vous l'avez tenu ? (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  220. Je vous prie Madame de n'être point fâchée de ce que j'avais votre portrait, j'étais dans l'ignorance. (Acte 3, scène 6, LÉLIO)
  221. Moi, Madame : vous êtes la maîtresse. (Acte 3, scène 6, LÉLIO)
  222. Et vous le maître, Monsieur. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  223. Vous ne répondez rien ; vous avez raison : mes extravagances ont combattu trop longtemps contre vous, et j'ai mérité votre haine. (Acte 3, scène 6, LÉLIO)
  224. Ne me demandez rien à présent : reprenez le portrait de votre parente, et laissez-moi respirer. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  225. Ne vous mettez en peine de rien, mes enfants, j'aurai soin de votre noce. (Acte 3, scène 6, LÉLIO)
  226. Me dit : J'enrage contre toi. v.12 (Acte 3, scène 7, LE CHANTEUR)
  227. Colas me disait l'autre jour : v.13 (Acte 3, scène 7, LA CHANTEUSE)
  228. D'être aux champs pour l'amour de vous. v.20 (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)
  229. Par la ventrebille ! Je gage v.23 (Acte 3, scène 7, ARLEQUIN)

L'ILE DES ESCLAVES (1725)

  1. Nous deviendrons maigres, étiques, et puis morts de faim ; voilà mon sentiment et notre histoire. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  2. Dis-moi ; quand notre vaisseau s'est brisé contre le rocher, quelques-uns des nôtres ont eu le temps de se jeter dans la chaloupe ; il est vrai que les vagues l'ont enveloppée, je ne sais ce qu'elle est devenue ; mais peut-être auront-ils eu le bonheur d'aborder en quelque endroit de l'île, et je suis d'avis que nous les cherchions. (Acte 1, scène 1, IPHICRATE)
  3. Ce sont des esclaves de la Grèce révoltés contre leurs maîtres, et qui depuis cent ans sont venus s'établir dans une île, et je crois que c'est ici : tiens, voici sans doute quelques-unes de leurs cases ; et leur coutume, mon cher Arlequin, est de tuer tous les maîtres qu'ils rencontrent, ou de les jeter dans l'esclavage. (Acte 1, scène 1, IPHICRATE)
  4. Chaque pays a sa coutume : ils tuent les maîtres, à la bonne heure, je l'ai entendu dire aussi ; mais on dit qu'ils ne font rien aux esclaves comme moi. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  5. Mais je suis en danger de perdre la liberté, et peut-être la vie ; Arlequin, cela ne te suffit-il pas pour me plaindre. (Acte 1, scène 1, IPHICRATE)
  6. Allons, hâtons-nous, faisons seulement une demi-lieue sur la côte pour chercher notre chaloupe, que nous trouverons peut-être avec une partie de nos gens ; et en ce cas-là, nous nous rembarquerons avec eux. (Acte 1, scène 1, IPHICRATE)
  7. Oui ; mais les marques de votre amitié tombent toujours sur mes épaules, et cela est mal placé. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  8. Méconnais-tu ton maître, et n'es-tu plus mon esclave ? (Acte 1, scène 1, IPHICRATE)
  9. Quand tu auras souffert, tu seras plus raisonnable ; tu sauras mieux ce qu'il est de faire souffrir aux autres. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  10. Adieu, mon ami, je vais trouver mes camarades et tes maîtres. (Acte 1, scène 1, ARLEQUIN)
  11. Peut-on être plus malheureux et plus outragé que je le suis ? (Acte 1, scène 1, IPHICRATE)
  12. Votre esclave ? (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  13. Oh, diantre, il s'appelle par un nom, lui ; c'est le seigneur Iphicrate. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  14. Changez de nom à présent ; soyez le seigneur Iphicrate à votre tour ; et vous, Iphicrate, appelez-vous Arlequin, ou bien Hé. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  15. Souvenez-vous en prenant son nom, mon cher ami, qu'on vous le donne bien moins pour réjouir votre vanité, que pour le corriger de son orgueil. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  16. Arlequin, votre aventure vous afflige, et vous êtes outré contre Iphicrate et contre nous. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  17. Il a bien été le vôtre. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  18. Il n'a qu'à être bien obéissant, j'aurai mille bontés pour lui. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  19. Non, ma belle enfant ; j'ai bien connu votre condition à votre habit, et j'allais vous parler de ce qui vous regarde, quand je l'ai vu l'épée à la main : laissez-moi achever ce que j'avais à dire. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  20. Quand nos pères, irrités de la cruauté de leurs maîtres, quittèrent la Grèce et vinrent s'établir ici, dans le ressentiment des outrages qu'ils avaient reçus de leurs patrons, la première loi qu'ils y firent fut d'ôter la vie à tous les maîtres que le hasard ou le naufrage conduirait dans leur île, et conséquemment de rendre la liberté à tous les esclaves : la vengeance avait dicté cette loi ; vingt ans après, la raison l'abolit, et en dicta une plus douce. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  21. Nous ne nous vengeons plus de vous, nous vous corrigeons ; ce n'est plus votre vie que nous poursuivons, c'est la barbarie de vos coeurs que nous voulons détruire ; nous vous jetons dans l'esclavage pour vous rendre sensibles aux maux qu'on y éprouve ; nous vous humilions, afin que, nous trouvant superbes, vous vous reprochiez de l'avoir été. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  22. Votre esclavage, ou plutôt votre cours d'humanité, dure trois ans, au bout desquels on vous renvoie, si vos maîtres sont contents de vos progrès : et si vous ne devenez pas meilleurs, nous vous retenons par charité pour les nouveaux malheureux que vous iriez faire encore ailleurs, et par bonté pour vous, nous vous marions avec une de nos citoyennes. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  23. Remerciez le sort qui vous conduit ici ; il vous remet en nos mains, durs, injustes et superbes ; vous voilà en mauvais état, nous entreprenons de vous guérir ; vous êtes moins nos esclaves que nos malades, et nous ne prenons que trois ans pour vous rendre sains ; c'est-à-dire, humains, raisonnables et généreux pour toute votre vie. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  24. Au reste, ne cherchez point à vous sauver de ces lieux, vous le tenteriez sans succès, et vous feriez votre fortune plus mauvaise : commencez votre nouveau régime de vie par la patience. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  25. Quant à vous, mes enfants, qui devenez libres et citoyens, Iphicrate habitera cette case avec le nouvel Arlequin, et cette belle fille demeurera dans l'autre ; vous aurez soin de changer d'habit ensemble, c'est l'ordre. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  26. Je vous apprends, au reste, que vous avez huit jours à vous réjouir du changement de votre état ; après quoi l'on vous donnera, comme à tout le monde, une occupation convenable. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  27. Et vous autres, restez. (Acte 1, scène 2, TRIVELIN)
  28. Ah ça, ma compatriote ; car je regarde désormais notre île comme votre patrie ; dites-moi aussi votre nom. (Acte 1, scène 3, TRIVELIN)
  29. Dans votre pays, Euphrosine, on a bientôt dit des injures à ceux à qui l'on en peut dire impunément. (Acte 1, scène 3, TRIVELIN)
  30. Autrefois il n'y avait rien de si commode ; on n'avait affaire qu'à de pauvres gens : fallait-il tant de cérémonies ? (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  31. Et vous, Cléanthis, ne vous abandonnez point à votre douleur. (Acte 1, scène 3, TRIVELIN)
  32. Mais comme vous êtes d'un sexe naturellement assez faible, et que par là vous avez dû céder plus facilement qu'un homme aux exemples de hauteur, de mépris et de dureté qu'on vous a donnés chez vous contre leurs pareils ; tout ce que je puis faire pour vous, c'est de prier Euphrosine de peser avec bonté les torts que vous avez avec elle, afin de les peser avec justice. (Acte 1, scène 3, TRIVELIN)
  33. Mais, notre bon ami, au bout du compte, vous parlez de son sexe ; elle a le défaut d'être faible, je lui en offre autant ; je n'ai pas la vertu d'être forte. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  34. S'il faut que j'excuse toutes ses mauvaises manières à mon égard, il faudra donc qu'elle excuse aussi la rancune que j'en ai contre elle ; car je suis femme autant qu'elle, moi : voyons, qui est-ce qui décidera. (Acte 1, scène 3, CL?ANTHIS)
  35. Ne suis-je pas la maîtresse, une fois ? (Acte 1, scène 3, CL?ANTHIS)
  36. J'espère, Euphrosine, que vous perdrez votre ressentiment, et je vous y exhorte en ami. (Acte 1, scène 3, TRIVELIN)
  37. Eh voilà ma chère maîtresse ; cela lui ressemble comme son visage. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  38. Madame se tait, Madame parle ; elle regarde, elle est triste, elle est gaie : silence, discours, regards, tristesse et joie, c'est tout un, il n'y a que la couleur de différente ; c'est vanité muette, contente ou fâchée ; c'est coquetterie babillarde, jalouse ou curieuse ; c'est Madame, toujours vaine ou coquette l'un après l'autre, ou tous les deux à la fois : voilà ce que c'est, voilà par où je débute, rien que cela. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  39. Cependant il vient compagnie, on entre : que va-t-on penser du visage de Madame ? (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  40. Très mal, Madame ; j'ai perdu le sommeil ; il y a huit jours que je n'ai fermé l'oeil ; je n'ose pas me montrer, je fais peur. (Acte 1, scène 3, CL?ANTHIS)
  41. J'entendais tout cela, moi, car nous autres esclaves, nous sommes doués contre nos maîtres d'une pénétration !... (Acte 1, scène 3, CL?ANTHIS)
  42. J'étais dans la chambre ; vous vous entreteniez bas ; mais j'ai l'oreille fine : vous vouliez lui plaire sans faire semblant de rien ; vous parliez d'une femme qu'il voyait souvent. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  43. Cette femme-là est aimable, disiez-vous ; elle a les yeux petits, mais très doux ; et là-dessus vous ouvriez les vôtres, vous vous donniez des tons, des gestes de tête, de petites contorsions, des vivacités. (Acte 1, scène 3, CL?ANTHIS)
  44. Continuez, folâtre, continuez, dites-vous, en ôtant vos gants sous prétexte de m'en demander d'autres. (Acte 1, scène 3, CL?ANTHIS)
  45. Recommandez-lui d'être docile, au moins. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  46. Adieu, notre bon ami ; je vous ai diverti, j'en suis bien aise. (Acte 1, scène 3, CL?ANTHIS)
  47. Une autre fois je vous dirai comme quoi Madame s'abstient souvent de mettre de beaux habits, pour en mettre un négligé qui lui marque tendrement la taille. (Acte 1, scène 3, CL?ANTHIS)
  48. C'est encore une finesse que cet habit-là ; on dirait qu'une femme qui le met ne se soucie pas de paraître, mais à d'autre ; on s'y ramasse dans un corset appétissant, on y montre sa bonne façon naturelle ; on y dit aux gens : Regardez mes grâces, elles sont à moi, celles-là ; et d'un autre côté on veut leur dire aussi : Voyez comme je m'habille, quelle simplicité, il n'y a point de coquetterie dans mon fait. (Acte 1, scène 3, CL?ANTHIS)
  49. Je sors, et tantôt nous reprendrons le discours, qui sera fort divertissant ; car vous verrez aussi comme quoi Madame entre dans une loge au spectacle, avec quelle emphase, avec quel air imposant, quoique d'un air distrait et sans y penser ; car c'est la belle éducation qui donne cet orgueil-là. (Acte 1, scène 3, CLÉANTHIS)
  50. Bonjour, notre bon ami, je vais à notre auberge. (Acte 1, scène 3, CL?ANTHIS)
  51. Si vous en convenez, cela contribuera à rendre votre condition meilleure : je ne vous en dis pas davantage. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  52. On espérera que, vous étant reconnue, vous abjurerez un jour toutes ces folies qui font qu'on n'aime que soi, et qui ont distrait votre bon coeur d'une infinité d'attentions plus louables. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  53. Si au contraire vous ne convenez pas de ce qu'elle a dit, on vous regardera comme incorrigible, et cela reculera votre délivrance. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  54. Par-ci, par-là, n'est point votre compte : avouez-vous tous les faits ? (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  55. J'ai autre chose à faire. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  56. Eh oui, Madame, et le tout pour votre bien. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  57. Je ne vous demande pas votre âge. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  58. Ne vous impatientez point, montrez un peu de docilité, et le moment espéré arrivera. (Acte 1, scène 4, TRIVELIN)
  59. J'en ai bu bravement ma pinte, car je suis si altéré depuis que je suis maître, que tantôt j'aurai encore soif pour pinte. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  60. Que le ciel conserve la vigne, le vigneron, la vendange et les caves de notre admirable République ! (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  61. C'est-à-dire que vous jouirez modestement de votre bonne fortune, et que vous ne lui ferez point de peine ? (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  62. Peut-être que je serai un petit brin insolent, à cause que je suis le maître : voilà tout. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  63. À cause que je suis le maître : vous avez raison. (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  64. Oui, car quand on est le maître, on y va tout rondement, sans façon ; et si peu de façon mène quelquefois un honnête homme à des impertinences. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  65. Il ne s'agit que d'une bagatelle ; j'en ai demandé autant à la jeune fille que vous avez vue, sur le chapitre de sa maîtresse. (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  66. Étourdi par nature, étourdi par singerie, parce que les femmes les aiment comme cela, un dissipe-tout ; vilain quand il faut être libéral, libéral quand il faut être vilain ; bon emprunteur, mauvais payeur ; honteux d'être sage, glorieux d'être fou ; un petit brin moqueur des bonnes gens ; un petit brin hâbleur ; avec tout plein de maîtresses il ne connaît pas : voilà mon homme. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  67. Mais parlons d'autres choses, ma belle Damoiselle : qu'est-ce que nous ferons à cette heure que nous sommes gaillards ? (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  68. Soupirez pour moi, poursuivez mon coeur, prenez-le si vous pouvez, je ne vous en empêche pas ; c'est à vous à faire vos diligences, me voilà, je vous attends : mais traitons l'amour à la grande manière ; puisque nous sommes devenus maîtres, allons-y poliment, et comme le grand monde. (Acte 1, scène 6, CLÉANTHIS)
  69. Je suis d'avis d'une chose ; que nous disions qu'on nous apporte des sièges pour prendre l'air assis, et pour écouter les discours galants que vous m'allez tenir : il faut bien jouir de notre état, en goûter le plaisir. (Acte 1, scène 6, CLÉANTHIS)
  70. Votre volonté vaut une ordonnance. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  71. Tenez, tenez, promenons-nous plutôt de cette manière-là, et tout en conversant vous ferez adroitement tomber l'entretien sur le penchant que mes yeux vous ont inspiré pour moi. (Acte 1, scène 6, CLÉANTHIS)
  72. Sans difficulté : pouvons-nous être sans eux, c'est notre suite ; qu'ils s'éloignent seulement. (Acte 1, scène 6, CLÉANTHIS)
  73. Le moyen de n'être pas tendre, quand on se trouve tête à tête avec vos grâces ? (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  74. Qu'avez-vous donc, vous défigurez notre conversation ? (Acte 1, scène 6, CLÉANTHIS)
  75. Je savais bien que mes grâces entreraient pour quelque chose ici. (Acte 1, scène 6, CLÉANTHIS)
  76. Ne peut-on en être quitte à moins ? (Acte 1, scène 6, CLÉANTHIS)
  77. J'entrevois votre pensée. (Acte 1, scène 6, CLÉANTHIS)
  78. Voilà ce que c'est, tombez amoureuse d'Arlequin, et moi de votre suivante ; nous sommes assez forts pour soutenir cela. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  79. Je n'étais ces jours passés qu'une esclave ; mais enfin me voilà dame et maîtresse d'aussi bon jeu qu'une autre ; je la suis par hasard ; n'est-ce pas le hasard qui fait tout ? (Acte 1, scène 6, CLÉANTHIS)
  80. Je vous prendrais bien, moi, si je n'aimais pas votre suivante un petit brin plus que vous. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  81. Vous allez être content ; je vais appeler Cléanthis, je n'ai qu'un mot à lui dire : éloignez-vous un instant et revenez. (Acte 1, scène 6, CLÉANTHIS)
  82. Mais vous avez l'esprit raisonnable, je vous destine à lui, il fera votre fortune ici, et vous aurez la bonté d'estimer son amour, et vous y serez sensible, entendez-vous ; vous vous conformerez à mes intentions, je l'espère, imaginez-vous même que je le veux. (Acte 1, scène 7, CLÉANTHIS)
  83. Reine, je suis bien tendre, mais vous ne voyez rien ; si vous aviez la charité d'être tendre aussi, oh ! (Acte 1, scène 8, ARLEQUIN)
  84. Cléanthis m'a dit que tu voulais t'entretenir avec moi ; que me veux-tu ? (Acte 1, scène 9, IPHICRATE)
  85. Autre personnage qui va me demander encore ma compassion. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  86. À qui diantre en as-tu ? (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  87. On m'avait promis que mon esclavage finirait bientôt, mais on me trompe, et c'en est fait, je succombe ; je me meurs, Arlequin, et tu perdras bientôt ce malheureux maître qui ne te croyait pas capable des indignités qu'il a souffertes de toi. (Acte 1, scène 9, IPHICRATE)
  88. De ton audace et de tes mépris envers ton maître : rien ne m'a été si sensible, je l'avoue. (Acte 1, scène 9, IPHICRATE)
  89. Tu disais bien que tu m'aimais, toi, quand tu me faisais battre ; est-ce que les étrivières sont plus honnêtes que les moqueries ? (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  90. Va, tu n'es qu'un ingrat ; au lieu de me secourir ici, de partager mon affliction, de montrer à tes camarades l'exemple d'un attachement qui les eût touchés, qui les eût engagés peut-être à renoncer à leur coutume ou à m'en affranchir, et qui m'eût pénétré moi-même de la plus vive reconnaissance. (Acte 1, scène 9, IPHICRATE)
  91. Tu as raison, mon ami, tu me remontres bien mon devoir ici pour toi, mais tu n'as jamais su le tien pour moi, quand nous étions dans Athènes. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  92. Je parlerai en ta faveur à mes camarades, je les prierai de te renvoyer, et s'ils ne le veulent pas, je te garderai comme mon ami ; car je ne te ressemble pas, moi, je n'aurais point le courage d'être heureux à tes dépens. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  93. Fasse le ciel, après ce que je viens d'entendre, que j'aie la joie de te montrer un jour les sentiments que tu me donnes pour toi ! (Acte 1, scène 9, IPHICRATE)
  94. Va, mon cher enfant, oublie que tu fus mon esclave, et je me ressouviendrai toujours que je ne méritais pas d'être ton maître. (Acte 1, scène 9, IPHICRATE)
  95. Ne dites donc point comme cela, mon cher patron , si j'avais été votre pareil, je n'aurais peut-être pas mieux valu que vous : c'est à moi à vous demander pardon du mauvais service que je vous ai toujours rendu. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  96. Rendez-moi mon habit, et reprenez le vôtre ; je ne suis pas digne de le porter. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  97. Qu'est-ce que cela signifie, Seigneur Iphicrate ; pourquoi avez-vous repris votre habit ? (Acte 1, scène 10, CLÉANTHIS)
  98. Mais enfin, notre projet ? (Acte 1, scène 10, CLÉANTHIS)
  99. Mais enfin, je veux être un homme de bien ; n'est-ce pas là un beau projet ? (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  100. Je me repens de mes sottises, lui des siennes ; repentez-vous des vôtres, Madame Euphrosine se repentira aussi ; et vive l'honneur après ! cela fera quatre beaux repentirs, qui nous feront pleurer tant que nous voudrons. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  101. Fi, que cela est vilain, de n'avoir eu pour tout mérite que de l'or, de l'argent et des dignités : c'était bien la peine de faire tant les glorieux : où en seriez-vous aujourd'hui, si nous n'avions pas d'autre mérite que cela pour vous ? (Acte 1, scène 10, CLÉANTHIS)
  102. Il s'agit de vous pardonner ; et pour avoir cette bonté-là, que faut-il être, s'il vous plaît ? (Acte 1, scène 10, CL?ANTHIS)
  103. Et que faut-il être donc ? (Acte 1, scène 10, CL?ANTHIS)
  104. Il faut avoir le coeur bon, de la vertu et de la raison ; voilà ce qu'il faut, voilà ce qui est estimable, ce qui distingue, ce qui fait qu'un homme est plus qu'un autre. (Acte 1, scène 10, CL?ANTHIS)
  105. Approchez, Madame Euphrosine, elle vous pardonne, voici qu'elle pleure, la rancune s'en va, et votre affaire est faite. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  106. Mettez-vous à genoux pour être encore meilleure qu'elle. (Acte 1, scène 10, ARLEQUIN)
  107. Vous avez été leurs maîtres, et vous en avez mal agi ; ils sont devenus les vôtres, et ils vous pardonnent ; faites vos réflexions là-dessus. (Acte 1, scène 11, TRIVELIN)
  108. Que la joie à présent, et que les plaisirs succèdent aux chagrins que vous avez sentis, et célèbrent le jour de votre vie le plus profitable. (Acte 1, scène 11, TRIVELIN)

LA MÈRE CONFIDENTE (1735)

  1. Elle arrivera bientôt, elle est avec sa mère, je lui ai dit que j'allais toujours devant, et je ne me suis hâtée que pour avoir avec vous un moment d'entretien, sans qu'elle le sache. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  2. Vous êtes tous deux aimables, l'amour s'est mis de la partie, cela est naturel ; voilà sept ou huit entrevues que nous avons avec vous, à l'insu de tout le monde ; la mère, à qui vous êtes inconnu, pourrait à la fin en apprendre quelque chose, toute l'intrigue retomberait sur moi : terminons ; Angélique est riche, vous êtes tous deux d'une égale condition, à ce que vous dites ; engagez vos parents à la demander pour vous en mariage ; il n'y a pas même de temps à perdre. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  3. Ma famille vaut la sienne, sans contredit, mais je n'ai pas de bien, Lisette. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  4. Tant pis ; je ne suis point contente de cela, qui est-ce qui le devinerait à votre air ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  5. Quand on n'a rien, faut-il être de si bonne mine ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  6. Cela ne se fait pas, vous dis-je, que diantre voulez-vous qu'on fasse de vous ? (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  7. Vraiment Angélique vous épouserait volontiers, mais nous avons une mère qui ne sera pas tentée de votre légitime, et votre amour ne nous donnerait que du chagrin. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  8. Ce n'est pas le bien d'Angélique qui me fait envie : si je ne l'avais pas rencontrée ici, j'allais, à mon retour à Paris, épouser une veuve très riche et peut-être plus riche qu'elle, tout le monde le sait, mais il n'y a plus moyen : j'aime Angélique ; et si jamais tes soins m'unissaient à elle, je me charge de ton établissement. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  9. Un oncle riche, voilà qui est excellent ; et il est vieux, sans doute, car ces Messieurs-là ont coutume de l'être. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  10. Il n'a que trente-cinq ans. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  11. Trente-cinq ans ! (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  12. Cet homme-là n'est bon qu'à être le neveu d'un autre. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  13. Trente-cinq ans et de la santé, avec un degré de parenté comme celui-là ! (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  14. Monsieur, vous m'impatientez avec votre situation ; en vérité, vous êtes insupportable, tout est désolant avec vous, de quelque côté qu'on se tourne. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  15. Non, vous avez un malheur qui me pique et que je veux vaincre ; mais retirez-vous, voici Angélique qui arrive, je ne lui ai pas dit que vous viendriez ici, quoiqu'elle s'attende bien de vous y voir ; vous reparaîtrez dans un instant et ferez comme si vous arriviez, donnez-moi le temps de l'instruire de tout, j'ai à lui rendre compte de votre personne, elle m'a chargée de savoir un peu de vos nouvelles, laissez-moi faire. (Acte 1, scène 1, LISETTE)
  16. Dorante est un homme charmant, un homme aimé, estimé de tout le monde, en un mot, le plus honnête homme qu'on puisse connaître. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  17. Oui, Madame, il n'est pas votre fait. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  18. Ni l'un ni l'autre. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  19. Le mien, c'est une autre affaire ; sans vanité, je penserais un peu plus noblement que cela, ce serait une fort belle action que d'épouser Dorante. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  20. Allons, Madame, il faut que vous épousiez cet homme-là, le ciel vous destine l'un à l'autre, cela est visible. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  21. Rappelez-vous votre aventure : nous nous promenons toutes deux dans les allées de ce bois. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  22. Il y a mille autres endroits pour se promener ; point du tout, cet homme, qui nous est inconnu, ne vient qu'à celui-ci, parce qu'il faut qu'il nous rencontre. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  23. Il vous salue, nous le saluons, le lendemain, même promenade, mêmes allées, même rencontre, même inclination des deux côtés, et plus de livres de part et d'autre ; cela est admirable ! (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  24. Il n'y a plus que ma mère qui m'inquiète, cette mère qui m'idolâtre, qui ne m'a jamais fait sentir que son amour, qui ne veut jamais que ce que je veux. (Acte 1, scène 2, ANGÉLIQUE)
  25. Est-ce que vous tremblez déjà ? (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  26. Que je suis fâchée d'être si riche ! (Acte 1, scène 2, ANGÉLIQUE)
  27. Une autre fois, quand vous lui direz de venir, du moins ne m'avertissez pas, voilà tout ce que je vous demande. (Acte 1, scène 2, ANGÉLIQUE)
  28. Non, Dorante, si j'étais fâchée de vous voir, je fuirais les lieux où je vous trouve, et où je pourrais soupçonner de vous rencontrer. (Acte 1, scène 3, ANGÉLIQUE)
  29. Pour cela, Monsieur, ne vous plaignez pas ; il faut rendre justice à Madame : il n'y a rien de si obligeant que les discours qu'elle vient de me tenir sur votre compte. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  30. Il n'y a point à rougir d'une pareille façon de penser, elle fait l'éloge de votre coeur. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  31. Doucement, ne parlez pas si haut, il me semble que je vois le neveu de notre fermier qui nous observe ; ce grand benêt-là, que fait-il ici ? (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  32. Non, Monsieur, arrêtez, il me vient une idée : il faut tâcher de le mettre dans nos intérêts, il ne me hait pas. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  33. C'est le hasard qui nous a fait rencontrer Monsieur, et voilà la première fois que nous le voyons. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  34. On ne saurait se dispenser de saluer une dame quand on la rencontre, je pense. (Acte 1, scène 4, DORANTE)
  35. Venons au fait, serais-tu d'humeur d'entrer dans nos intérêts ? (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  36. Peut-être qu'oui, peut-être que non, ce sera suivant les magnières du monde ; il gnia que ça qui règle, car j'aime les magnières, moi. (Acte 1, scène 4, LUBIN)
  37. Je vous baille donc la parfarence ; redites voute chance, alle sera pu bonne ce coup-ci que l'autre, d'abord c'est une rencontre, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 4, LUBIN)
  38. Ça se pratique, il n'y a pas de malhonnêteté à rencontrer les parsonnes. (Acte 1, scène 4, LUBIN)
  39. La rencontre, la salutation, la demande, et la réponse, tout ça est payé ! (Acte 1, scène 4, LUBIN)
  40. parsonne de si agriable à rencontrer que vous. (Acte 1, scène 4, LUBIN)
  41. Puisque nous voici seuls un moment, parlons encore de votre amour, Monsieur. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  42. Angélique est une héritière, et je sais les intentions de la mère, quelque tendresse qu'elle ait pour sa fille, qui vous aime, ce ne sera pas à vous à qui elle la donnera, c'est de quoi vous devez être bien convaincu ; or, cela supposé, que vous passe-t-il dans l'esprit là-dessus ? (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  43. Il n'y a qu'un petit inconvénient à craindre, c'est qu'on ne marie votre maîtresse pendant que vous rêverez à la conserver. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  44. Et moi je ferai semblant d'être sans malice. (Acte 1, scène 6, LUBIN)
  45. Non, noute maîtresse ; ce n'est que moi qui me parle et qui me repart, à celle fin de me tenir compagnie, ça amuse. (Acte 1, scène 7, LUBIN)
  46. Oui, ça est fort lucratif ; mais c'est qu'ou venez un peu tard, noute maîtresse, car je sis retenu pour vous espionner vous-même. (Acte 1, scène 7, LUBIN)
  47. C'est ma meine à moi, ce sera la vôtre itou ; il n'y a pas de garçon pu gracieux à contempler, et qui fait l'amour avec des paroles si douces ! (Acte 1, scène 7, LUBIN)
  48. Et pis là-dessus ils se lamentont sur le plus, sur le moins, sur la pauvreté de l'un, sur la richesse de l'autre, ça fait des regrets bian touchants. (Acte 1, scène 7, LUBIN)
  49. Ils se sont vus en se rencontrant ; mais ils ne se rencontrent pus, ils se treuvent. (Acte 1, scène 7, LUBIN)
  50. oui, c'est leur capitaine, alle a le gouvarnement des rencontres, c'est un trésor pour des amoureux que cette fille-là. (Acte 1, scène 7, LUBIN)
  51. Lui, ma mère, Ergaste, cet homme si sombre si sérieux, il n'est pas fait pour être un mari, ce me semble. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  52. Ma mère, je ne crains point de violence de votre part, ce n'est pas là ce qui m'inquiète. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  53. Je n'ai point d'ordre à vous donner, ma fille ; je suis votre amie, et vous êtes la mienne, et si vous me traitez autrement, je n'ai plus rien à vous dire. (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  54. Viens donc que je t'embrasse : te voici dans un âge raisonnable, mais où tu auras besoin de mes conseils et de mon expérience ; te rappelles-tu l'entretien que nous eûmes l'autre jour ; et cette douceur que nous nous figurions toutes deux à vivre ensemble dans la plus intime confiance, sans avoir de secrets l'une pour l'autre ; t'en souviens-tu ? (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  55. Vous, la confidente de votre fille ? (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  56. Votre fille ; et qui te parle d'elle ? (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  57. Ce n'est point ta mère qui veut être ta confidente, c'est ton amie, encore une fois. (Acte 1, scène 8, MADAME ARGANTE)
  58. D'accord, mais mon amie redira tout à ma mère, l'un est inséparable de l'autre. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  59. mais cela se doit, il y aurait même de la mauvaise foi à faire autrement. (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  60. Si tu veux, ne m'appelle pas ta mère, donne-moi un autre nom. (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  61. Il est assez permis de s'y tromper, mais c'est du moins pour la plus digne de l'être, pour la plus tendre et la plus chérie de sa fille qu'il y ait au monde. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  62. Conte-moi donc cette histoire-là, je la trouve plus plaisante que sérieuse, ce ne peut être qu'une aventure de campagne, une rencontre ? (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  63. Moi, je n'en lis jamais, et puis notre aventure est toute des plus simples. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  64. Non vraiment, ne reprenez rien, je vous prie, ceci doit être un secret pour vous en cette qualité-là, et je compte que vous ne savez rien, au moins, vous me l'avez promis. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  65. Vous me faites trembler. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  66. Ma fille, vois ce que tu as fait, te serais-tu crue capable de tromper ta mère, de voir à son insu un jeune étourdi, de courir les risques de son indiscrétion et de sa vanité, de t'exposer à tout ce qu'il voudra dire, et de te livrer à l'indécence de tant d'entrevues secrètes, ménagées par une misérable suivante sans coeur, qui ne s'embarrasse guère des conséquences, pourvu qu'elle y trouve son intérêt, comme elle l'y trouve sans doute ? (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  67. Ce n'est pas un domestique payé pour te trahir, non plus qu'un amant qui met tout son bonheur à te séduire ; tu ne consultes que tes ennemis ; ton coeur même est de leur parti, tu n'as pour tout secours que ta vertu qui ne doit pas être contente, et qu'une véritable amie comme moi, dont tu te défies : que ne risques-tu pas ? (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  68. En qualité de simple confidente, je te laisse libre ; je te conseille pourtant de me suivre, car le jeune homme est peut-être ici. (Acte 1, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  69. Permettez-moi de rêver un instant, et ne vous embarrassez point ; s'il y est, et qu'il ose paraître, je le congédierai, je vous assure. (Acte 1, scène 8, ANGÉLIQUE)
  70. Je vous dis qu'il faut qu'alle demeure, à celle fin que vous la lisiais, ça m'est enjoint, et à vous aussi ; il y a dedans un entretien pour tantôt, à l'heure qui vous fera plaisir, et je sis enchargé d'apporter l'heure à Lisette, et non pas la lettre. (Acte 1, scène 9, LUBIN)
  71. T'a-t-elle dit l'heure qu'Angélique a prise pour notre rendez-vous ? (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  72. J'entends qu'il y a des scrupules qui me tourmentont sur vos rendez-vous que je protège, j'ons queuquefois la tentation de vous torner casaque sur tout ceci, et d'aller nous accuser tretous. (Acte 2, scène 1, LUBIN)
  73. Moi itou, et tellement honnête, qu'il n'y aura pas moyen d'être un fripon, si on ne me soutient le coeur, par rapport à ce que j'ons toujours maille à partie avec ma conscience ; il y a toujours queuque chose qui cloche dans mon courage ; à chaque pas que je fais, j'ai le défaut de m'arrêter, à moins qu'on ne me pousse, et c'est à vous à pousser. (Acte 2, scène 1, LUBIN)
  74. Peut-être biantôt, peut-être bian tard, peut-être point du tout. (Acte 2, scène 1, LUBIN)
  75. Comment a-t-elle reçu ma lettre ? (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  76. Tu parles donc contre nous ? (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  77. Contre vous, Monsieur ? (Acte 2, scène 1, LUBIN)
  78. Pas le mot, ni pour ni contre, je fais ma main, et velà tout, faut pas mêmement que vous sachiez ça. (Acte 2, scène 1, LUBIN)
  79. Achève, que t'a dit Angélique quand tu lui as porté ma lettre ? (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  80. Ma lettre l'a fâchée ? (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  81. Angélique a rebuté ma lettre ! (Acte 2, scène 2, DORANTE)
  82. Non, Lisette, ma vue ne ferait que l'irriter peut-être ; il faut respecter ses dégoûts pour moi, je ne les soutiendrais pas, et je me retire. (Acte 2, scène 2, DORANTE)
  83. J'allais me retirer, Madame, Lisette vous le dira : je n'avais garde de me montrer ; le mépris que vous avez fait de ma lettre m'apprend combien je vous suis odieux. (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  84. j'en suis quitte à moins ; pour indifférent, passe, et très indifférent ; quant à votre lettre, je l'ai reçue comme elle le méritait, et je ne croyais pas qu'on eût droit d'écrire aux gens qu'on a vus par hasard ; j'ai trouvé cela fort singulier, surtout avec une personne de mon sexe : m'écrire, à moi, Monsieur, d'où vous est venue cette idée, je n'ai pas donné lieu à votre hardiesse, ce me semble, de quoi s'agit-il entre vous et moi ? (Acte 2, scène 3, ANGÉLIQUE)
  85. Peut-on, sans être trop curieuse, vous demander à qui vous en avez ? (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  86. Je ne réponds rien pour ma défense, je n'en ai pas la force ; si ma lettre vous a déplu, je vous en demande pardon, n'en présumez rien contre mon respect, celui que j'ai pour vous m'est plus cher que la vie, et je vous le prouverai en me condamnant à ne vous plus revoir, puisque je vous déplais. (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  87. Voyons, puisque c'est mon tour pour être grondée ; je ne saurais me vanter de rien, moi, je ne vous ai écrit ni rencontré, quel est mon crime ? (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  88. Dites-moi, il n'a pas tenu à vous que je n'eusse des dispositions favorables pour Monsieur, c'est par vos soins qu'il a eu avec moi toutes les entrevues où vous m'avez amenée sans me le dire, car c'est sans me le dire, en avez-vous senti les conséquences ? (Acte 2, scène 3, ANGÉLIQUE)
  89. Si, de votre côté, vous êtes de ces filles intéressées qui ne se soucient pas de faire tort à leurs maîtresses pourvu qu'elles y trouvent leur avantage, que ne risquerais-je pas ? (Acte 2, scène 3, ANGÉLIQUE)
  90. Je répondrai, moi, je n'ai pas perdu la parole : si Monsieur est un homme d'honneur à qui vous faites injure, si je suis une fille généreuse, qui ne gagne à tout cela que le joli compliment dont vous m'honorez, où en est avec moi votre reconnaissance, hem ? (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  91. Dans vos transports, vous m'avez promis d'être extrêmement reconnaissant, si jamais vous aviez le bonheur d'être à Madame, il faut convenir de cela. (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  92. J'entre dans votre douleur, Monsieur, mais faites comme moi, je n'avais que de bonnes intentions : j'aime ma maîtresse, tout injuste qu'elle est, je voulais unir son sort à celui d'un homme qui lui aurait rendu la vie heureuse et tranquille, mes motifs lui sont suspects, et j'y renonce ; imitez-moi, privez-vous de votre côté du plaisir de voir Angélique, sacrifiez votre amour à ses inquiétudes, vous êtes capable de cet effort-là. (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  93. Adieu, Madame ; je vous quitte, puisque vous le voulez ; dans l'état où vous me jetez, la vie m'est à charge, je pars pénétré d'une affliction mortelle, et je n'y résisterai point, jamais on n'eut tant d'amour, tant de respect que j'en ai pour vous, jamais on n'osa espérer moins de retour ; ce n'est pas votre indifférence qui m'accable, elle me rend justice, j'en aurais soupiré toute ma vie sans m'en plaindre, et ce n'était point à moi, ce n'est peut-être à personne à prétendre à votre coeur ; mais je pouvais espérer votre estime, je me croyais à l'abri du mépris, et ni ma passion ni mon caractère n'ont mérité les outrages que vous leur faites. (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  94. Il y a du brit dans le ménage, je m'en retorne donc, je vas me mettre pus près par rapport à ce que je m'ennuie d'être si loin, j'aime à voir le monde, vous me sarvirez de récriation, n'est-ce pas ? (Acte 2, scène 4, LUBIN)
  95. Oui, vous avez raison, j'en suis fâchée, mais laissez-moi, car je suis outrée contre vous. (Acte 2, scène 5, ANGÉLIQUE)
  96. Il ne peut être qu'à l'écart dans ce bois il n'a pu aller loin, accablé comme il l'était. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  97. Elle en a douté pour en être plus sûre, cela est-il si désobligeant ? (Acte 2, scène 6, ANGÉLIQUE)
  98. J'aurais le bonheur de n'être point haï ? (Acte 2, scène 6, DORANTE)
  99. Où est cette lettre que j'ai refusé de recevoir ? (Acte 2, scène 6, ANGÉLIQUE)
  100. Savez-vous bien que ma mère me propose un époux que je verrai peut-être dans un quart_d_heure ? (Acte 2, scène 6, ANGÉLIQUE)
  101. Je ne vous disais pas tout ce qui m'agitait, il m'était bien permis d'être fâcheuse, comme vous voyez. (Acte 2, scène 6, ANG?LIQUE)
  102. Mais si vous avouiez votre amour à cette mère qui vous aime tant, serait-elle inexorable ? (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  103. Vous consentirez donc d'être à un autre ? (Acte 2, scène 6, DORANTE)
  104. Vous me faites trembler. (Acte 2, scène 6, ANGÉLIQUE)
  105. J'entrevois ce qu'il veut dire. (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  106. Belle Angélique, si vous avez tout l'amour que j'ai, vous auriez bientôt pris votre parti, ne me demandez point ce que je pense, je me trouble, je ne sais où je suis. (Acte 2, scène 6, DORANTE)
  107. Tâche donc de lui remettre l'esprit ; que veut-il dire ? (Acte 2, scène 6, ANGÉLIQUE)
  108. Monsieur, parlez, quelle est votre idée ? (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  109. J'obéis ; votre mère sera inflexible, et dans le cas où nous sommes... (Acte 2, scène 6, DORANTE)
  110. Votre coeur en est un, achevez, je le veux. (Acte 2, scène 6, ANGÉLIQUE)
  111. À notre place, on se fait son sort à soi-même. (Acte 2, scène 6, DORANTE)
  112. Pardonnez quelque chose au trouble où il est : le moyen est dur, et il est fâcheux qu'il n'y en ait point d'autre. (Acte 2, scène 6, LISETTE)
  113. Je ne vous reconnais pas à cela, Dorante, je me passerai mieux de bonheur que de vertus, me proposer d'être insensée, d'être méprisable ? (Acte 2, scène 6, ANGÉLIQUE)
  114. Et si vous m'aimez un peu, n'êtes-vous pas effrayée vous-même de l'idée de n'être jamais à moi ? (Acte 2, scène 6, DORANTE)
  115. Non, Dorante, laissons là votre dame, je parlerai à ma mère ; elle est bonne, je la toucherai peut-être, je la toucherai, je l'espère. (Acte 2, scène 6, ANGÉLIQUE)
  116. C'est peut-être celui à qui ma mère me destine, fuyez, Dorante, nous nous reverrons tantôt, ne vous inquiétez point. (Acte 2, scène 7, ANGÉLIQUE)
  117. Je suis votre serviteur, Madame ; je devance Madame votre mère, qui est embarrassée, elle m'a dit que vous vous promeniez. (Acte 2, scène 8, ERGASTE)
  118. Je vais d'abord à ce château voisin, pour y porter une lettre qu'on m'a prié de rendre en main propre, et je reviens ensuite. (Acte 2, scène 8, ERGASTE)
  119. Ne vous pressez point, quand on a des commissions, il faut y mettre tout le temps nécessaire, n'avez-vous que celle-là ? (Acte 2, scène 8, LISETTE)
  120. Monsieur y soupera peut-être ? (Acte 2, scène 8, ANGÉLIQUE)
  121. Il a dit que ma mère allait venir, et je m'éloigne : je ne saurais lui parler dans le désordre d'esprit où je suis ; j'ai pourtant dessein de l'attendrir sur le chapitre de Dorante. (Acte 2, scène 9, ANGÉLIQUE)
  122. Vous, contre cette mère qui dit qu'elle vous aime tant ? (Acte 2, scène 9, LISETTE)
  123. Ils y étaient tous deux tout à l'heure, Madame, mais Monsieur Ergaste est allé à cette maison d'ici près, remettre une lettre à quelqu'un, et Mademoiselle est là-bas, je pense. (Acte 2, scène 10, LISETTE)
  124. J'y vais, Madame, mais vous me paraissez triste, j'ai eu peur que vous ne fussiez fâchée contre moi. (Acte 2, scène 10, LISETTE)
  125. Contre vous ? (Acte 2, scène 10, MADAME-ARGANTE)
  126. Je n'en doute pas ; allez, je connais votre fidélité, Lisette, je ne m'y trompe pas, et je compte bien vous en récompenser comme il faut ; dites à ma fille que je l'attends. (Acte 2, scène 10, MADAME-ARGANTE)
  127. Je sais une accusation, je sais une innocence, et pis un autre grand stratagème, attendez, comment appelont-ils cela ? (Acte 2, scène 11, LUBIN)
  128. Parlons d'autre chose, n'as-tu rien à dire à ta confidente ? (Acte 2, scène 12, MADAME-ARGANTE)
  129. Va, tu n'as pas besoin de me rassurer, ma fille, tu me ferais injure, si tu croyais que j'en doute ; non, ma chère Angélique, tu ne verras plus Dorante, tu l'as renvoyé, j'en suis sûre, ce n'est pas avec un caractère comme le tien qu'on est exposé à la douleur d'être trop crédule ; n'ajoute donc rien à ce que tu m'as dit : tu ne le verras plus, tu m'en assures, et cela suffit ; parlons de la raison, du courage et de la vertu que tu viens de montrer. (Acte 2, scène 12, MADAME-ARGANTE)
  130. Grâce au ciel, te voilà donc encore plus respectable, plus digne d'être aimée, plus digne que jamais de faire mes délices ; que tu me rends glorieuse, Angélique ! (Acte 2, scène 12, MADAME-ARGANTE)
  131. Non, ma mère, je ne triomphe point, votre joie et vos tendresses me confondent, je ne les mérite point. (Acte 2, scène 12, ANGÉLIQUE)
  132. J'en ai tremblé, il est vrai ; j'ai pourtant eu la faiblesse de lui pardonner, pourvu qu'il ne m'en parle plus. (Acte 2, scène 12, ANGÉLIQUE)
  133. Voilà encore ce qui m'afflige dans l'aveu que je vous fais, c'est que vous allez le mépriser vous-même, il est perdu : vous n'étiez déjà que trop prévenue contre lui, et cependant il n'est point si méprisable ; permettez que je le justifie : je suis peut-être prévenue moi-même ; mais vous m'aimez, daignez m'entendre, portez vos bontés jusque-là. (Acte 2, scène 12, ANGÉLIQUE)
  134. Il a tort de m'avoir proposé ce que je vous ai dit ; mais il faut regarder que c'est le tort d'un homme au désespoir, que j'ai vu fondre en larmes quand j'ai paru irritée, d'un homme à qui la crainte de me perdre a tourné la tête ; il n'a point de bien, il ne s'en est point caché, il me l'a dit, il ne lui restait donc point d'autre ressource que celle dont je vous parle, ressource que je condamne comme vous, mais qu'il ne m'a proposée que dans la seule vue d'être à moi, c'est tout ce qu'il y a compris ; car il m'adore, on n'en peut douter. (Acte 2, scène 12, ANG?LIQUE)
  135. Il y en aura tant d'autres qui t'aimeront encore plus que lui. (Acte 2, scène 12, MADAME-ARGANTE)
  136. Il l'ignorait quand il m'a vue, et c'est ce qui devrait l'empêcher de m'aimer, il sait bien que quand une fille est riche, on ne la donne qu'à un homme qui a d'autres richesses, toutes inutiles qu'elles sont ; c'est, du moins, l'usage, le mérite n'est compté pour rien. (Acte 2, scène 12, ANGÉLIQUE)
  137. Tout le bonheur de ma vie ; ayez la bonté de lui dire aussi que ce n'est point la quantité de biens qui rend heureuse, que j'en ai plus qu'il n'en faudrait avec Dorante, que je languirais avec un autre : rapportez-lui ce que je vous dis là, et que je me soumets à ce qu'elle en décidera. (Acte 2, scène 12, ANGÉLIQUE)
  138. Je me repens d'avoir tout dit ; mon amour m'est cher, je viens de m'ôter la liberté d'y céder, et peu s'en faut que je ne la regrette ; je suis même fâchée d'être éclairée ; je ne voyais rien de tout ce qui m'effraye, et me voilà plus triste que je ne l'étais. (Acte 2, scène 12, ANGÉLIQUE)
  139. Je ne sais, mais ce que vous inspire votre tendresse m'est d'un bon augure. (Acte 2, scène 12, ANGÉLIQUE)
  140. Il n'y a encore rien de décidé ; car voute fille a dit : Comment, ventregué ! (Acte 3, scène 1, LUBIN)
  141. Je saurai y mettre ordre. (Acte 3, scène 1, MADAME-ARGANTE)
  142. Je li ons donné l'ordre de la part de noute damoiselle, il ne peut pas manquer d'être obéissant, et la chaise de poste est au bout de l'allée. (Acte 3, scène 1, LUBIN)
  143. Avec une dame entre deux âges, qu'il a mêmement descendue dans l'hôtellerie du village. (Acte 3, scène 1, LUBIN)
  144. Je ne veux pas le mettre entièrement au fait. (Acte 3, scène 1, MADAME-ARGANTE)
  145. Je vous entends, rien que queuqu'un, sans nommer parsonne, je ferai voute affaire, noute maîtresse : enfilez le taillis stanpendant que je reste pour la manigance. (Acte 3, scène 1, LUBIN)
  146. À l'autre, qu'est-ce qu'il viant rôder ici, stila ? (Acte 3, scène 2, LUBIN)
  147. Peut-être. (Acte 3, scène 2, ERGASTE)
  148. Sans doute, mais j'ai compris d'abord qu'il était amoureux d'Angélique, et je ne me suis approché de toi que pour en être mieux instruit. (Acte 3, scène 2, ERGASTE)
  149. Bon, vous êtes homme de parole, mais dites-moi, avez-vous souvenance de connaître un certain Monsieur Ergaste, qui a l'air d'être gelé, et qu'on dirait qu'il ne va ni ne grouille, quand il marche ? (Acte 3, scène 3, LUBIN)
  150. Il y était tout présentement ; mais je li avons finement persuadé d'aller être ailleurs. (Acte 3, scène 3, LUBIN)
  151. Vous m'avez tout l'air d'y être en bonne fortune ; je viens de vous y voir parler à un domestique qui vous apporte quelque réponse, ou qui vous y ménage quelque entrevue. (Acte 3, scène 4, ERGASTE)
  152. Cet engagement-là ne vous réussira pas, Dorante, vous y perdez votre temps, car Angélique est extrêmement riche, on ne la donnera pas à un homme sans bien. (Acte 3, scène 4, ERGASTE)
  153. Aussi la quitterais-je, s'il n'y avait que son bien qui m'arrêtât, mais je l'aime et j'ai le bonheur d'en être aimé. (Acte 3, scène 4, DORANTE)
  154. C'est beaucoup, mais il vous reste encore un autre inconvénient : c'est qu'on dit que sa mère a pour elle actuellement un riche parti en vue. (Acte 3, scène 4, ERGASTE)
  155. Du caractère dont je le connais, je ne crois pas qu'il voulût vous ôter la vôtre, ni que vous fussiez d'humeur à attaquer la sienne ; et si vous lui disiez poliment vos raisons, je suis persuadé qu'il y aurait égard ; voulez-vous le voir ? (Acte 3, scène 4, ERGASTE)
  156. C'est risquer beaucoup, peut-être avez-vous meilleure opinion de lui qu'il ne le mérite. (Acte 3, scène 4, DORANTE)
  157. Je suis confus de ce qui m'est échappé, et vous avez raison, votre vie est bien en sûreté. (Acte 3, scène 4, DORANTE)
  158. La vôtre ne court pas plus de hasard, comme vous voyez. (Acte 3, scène 4, ERGASTE)
  159. Point du tout, allez votre chemin, ma façon d'aimer est plus tranquille que la vôtre, j'en suis plus le maître, et je me sens touché de ce que vous me dites. (Acte 3, scène 4, ERGASTE)
  160. Voilà notre secret découvert, cet homme-là, pour se venger, va tout dire à votre mère. (Acte 3, scène 6, DORANTE)
  161. À vous montrer à une dame de mes parentes. (Acte 3, scène 6, ANGÉLIQUE)
  162. Et vous lui avez confié notre amour ? (Acte 3, scène 6, DORANTE)
  163. Tout ce que j'ai mal fait, c'est que je ne lui ai pas paru effrayée de votre proposition autant qu'il le fallait ; voilà ce qui m'inquiète. (Acte 3, scène 6, ANGÉLIQUE)
  164. Venez, Angélique, au nom de notre amour ; venez, ne nous quittons plus, sauvez-moi ce que j'aime, conservez-vous un homme qui vous adore. (Acte 3, scène 6, DORANTE)
  165. Prenez garde, reboutez le propos à une autre fois, voici queuqu'un. (Acte 3, scène 7, LUBIN)
  166. Votre mère ! (Acte 3, scène 7, DORANTE)
  167. Te secourir, et contre qui, ma chère fille ? (Acte 3, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  168. Contre moi, contre Dorante et contre vous, qui nous séparerez peut-être. (Acte 3, scène 8, ANGÉLIQUE)
  169. Sa franchise me pénètre. (Acte 3, scène 8, MADAME-ARGANTE)
  170. Que je ne vous sois point suspecte, Madame ; je suis du secret, et vous allez tirer ma maîtresse d'une dépendance bien dure et bien gênante, sa mère aurait infailliblement forcé son inclination. (Acte 3, scène 9, LISETTE)
  171. Pour vous, Madame, ne vous faites pas un monstre de votre fuite. (Acte 3, scène 9, LISETTE)
  172. Je vous croyais avec Madame votre mère. (Acte 3, scène 10, DORANTE)
  173. J'avoue, Madame, que votre présence m'a d'abord un peu troublé. (Acte 3, scène 11, DORANTE)
  174. Prenez garde, Monsieur ; votre désespoir de la perdre pourrait être suspect d'intérêt ; et quand vous dites que non, faut-il vous en croire sur votre parole ? (Acte 3, scène 11, MADAME-ARGANTE)
  175. L'amour seul vous fait agir, soit ; mais vous êtes, m'a-t-on dit, un honnête homme, et un honnête homme aime autrement qu'un autre ; le plus violent amour ne lui conseille jamais rien qui puisse tourner à la honte de sa maîtresse, vous voyez, reconnaissez-vous ce que je dis là, vous qui voulez engager Angélique à une démarche aussi déshonorante ? (Acte 3, scène 11, MADAME-ARGANTE)
  176. Pouvez-vous être content de votre coeur ; et supposons qu'elle vous aime, le méritez-vous ? (Acte 3, scène 11, MADAME-ARGANTE)
  177. Un amour infini, un respect qui m'est peut-être encore plus cher et plus précieux que cet amour même, voilà tout ce que je sens pour Angélique ; je suis d'ailleurs incapable de manquer d'honneur, mais il y a des réflexions austères qu'on n'est point en état de faire quand on aime, un enlèvement n'est pas un crime, c'est une irrégularité que le mariage efface ; nous nous serions donné notre foi mutuelle, et Angélique, en me suivant, n'aurait fui qu'avec son époux. (Acte 3, scène 11, DORANTE)
  178. Son époux, Monsieur, suffit-il d'en prendre le nom pour l'être ? (Acte 3, scène 11, MADAME-ARGANTE)
  179. Madame, je me livre à vous, à vos conseils, conduisez-moi, ordonnez, que faut-il que je devienne, vous êtes la maîtresse, je fais moins cas de la vie que des lumières que vous venez de me donner ; et vous, Dorante, tout ce que je puis à présent pour vous, c'est de vous pardonner une proposition qui doit vous paraître affreuse. (Acte 3, scène 11, ANGÉLIQUE)
  180. N'en doutez pas, chère Angélique ; oui, je me rends, je la désavoue ; ce n'est pas la crainte de voir diminuer mon estime pour vous qui me frappe, je suis sûr que cela n'est pas possible ; c'est l'horreur de penser que les autres ne vous estimeraient plus, qui m'effraye ; oui, je le comprends, le danger est sûr, Madame vient de m'éclairer à mon tour : je vous perdrais, et qu'est-ce que c'est que mon amour et ses intérêts, auprès d'un malheur aussi terrible ? (Acte 3, scène 11, DORANTE)
  181. Jugez combien je dois l'aimer, cette mère, rien ne nous a gênés dans nos entrevues ; eh bien ! (Acte 3, scène 11, ANGÉLIQUE)
  182. Dorante, apprenez qu'elle les savait toutes, que je l'ai instruite de votre amour, du mien, de vos desseins, de mes irrésolutions. (Acte 3, scène 11, ANG?LIQUE)
  183. Oui, je l'avais instruite, ses bontés, ses tendresses m'y avaient obligée, elle a été ma confidente, mon amie, elle n'a jamais gardé que le droit de me conseiller, elle ne s'est reposée de ma conduite que sur ma tendresse pour elle, et m'a laissée la maîtresse de tout, il n'a tenu qu'à moi de vous suivre, d'être une ingrate envers elle, de l'affliger impunément, parce qu'elle avait promis que je serais libre. (Acte 3, scène 11, ANGÉLIQUE)
  184. Tout amant que je suis, vous me mettez dans ses intérêts même, je me range de son parti, et me regarderais comme le plus indigne des hommes, si j'avais pu détruire une aussi belle, aussi vertueuse union que la vôtre. (Acte 3, scène 11, DORANTE)
  185. Mon mariage avec Angélique était comme arrêté, mais j'ai fait quelques réflexions, je craindrais qu'elle ne m'épousât par pure obéissance, et je vous remets votre parole. (Acte 3, scène 12, ERGASTE)
  186. Il n'est pas riche, mais il vient de me montrer un caractère qui me charme, et qui fera le bonheur d'Angélique ; Dorante, je ne veux que le temps de savoir qui vous êtes. (Acte 3, scène 12, MADAME-ARGANTE)
  187. Votre neveu ! (Acte 3, scène 12, MADAME-ARGANTE)

LA COMMÈRE (1741)

  1. Et si je me réjouis tant de notre mariage, ce n'est pas à cause du bien que vous avez et de celui que je n'ai pas, au moins. (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  2. De belles et bonnes rentes sont bonnes, je ne dis pas que non, et on aime toujours à avoir de quoi ; mais tout cela n'est rien en comparaison de votre personne. (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  3. Ce me fait quelquefois douter de votre tendresse, c'est l'inégalité de nos âges. (Acte 1, scène 1, MADEMOISELLE HABERT)
  4. Mais votre âge, où le mettez-vous donc ? (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  5. Ce n'est pas sur votre visage ; est-ce qu'il est votre cadet ? (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  6. Je ne dis pas que je sois bien âgée ; je serais encore assez bonne pour un autre. (Acte 1, scène 1, MADEMOISELLE HABERT)
  7. Eh bien, c'est moi qui suis l'autre. (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  8. Au surplus, chacun a son tour pour venir au monde ; l'un arrive le matin et l'autre le soir, et puis on se rencontre sans se demander depuis quand on y est. (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  9. Je vois que vous avez levé un habit qui me fait brave comme un marquis ; je vois que je m'appelais Jacob quand nous nous sommes connus, et que depuis quinze jours vous avez eu l'invention de m'appeler votre cousin, Monsieur_de_la_Vallée. (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  10. Je me suis séparée d'une soeur avec qui je vivais depuis plus de vingt-cinq ans dans l'union la plus parfaite, et je brave les reproches de toute ma famille, qui ne me pardonnera jamais notre mariage quand elle le saura. (Acte 1, scène 1, MADEMOISELLE HABERT)
  11. Je ne savais pas la civilité du monde, par exemple, et à cette heure, par votre moyen, je suis poli, j'ai des manières. (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  12. Ce n'est pas votre bien qui me détermine. (Acte 1, scène 1, MADEMOISELLE HABERT)
  13. Finalement, je vous dois mon nom, ma braverie, ma parenté, mon beau langage, ma politesse, ma bonne mine ; et puis vous m'allez prendre pour votre homme comme si j'étais un bourgeois de Paris. (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  14. Vous me donnez votre coeur qui en vaut quatre comme le mien. (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  15. Elle a peut-être envie que je lui en conte et n'ose pas lui dire que je suis retenu. (Acte 1, scène 1, LA VALLEE)
  16. C'est le vôtre qui est gaillard. (Acte 1, scène 2, LA VALLEE)
  17. Où est-ce qu'est votre petite main que je l'en remercie ? (Acte 1, scène 2, LA VALLEE)
  18. Il a à vous entretenir de mariage, et votre volonté sera la mienne. (Acte 1, scène 2, AGATHE)
  19. Je ne croyais pas que vous songiez à Agathe ; je me serais imaginé autre chose. (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  20. Et c'est un entretien d'amour et de mariage ? (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  21. Pardi, mon enfant, j'entends ce que votre mérite m'a toujours fait comprendre. (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  22. Vous avez tant dit que mon humeur et mes manières vous revenaient, vous êtes toujours si folâtre autour de moi que cela s'entend de reste. (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  23. Qu'aurais-je pour ne l'être pas ! (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  24. Je n'ai que trente-cinq ans, mon fils. (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  25. Ne vous pressez pas ; je m'en accommode comme ils sont ; ils ne me font pas plus de peur aujourd'hui qu'ils ne m'en feront demain ; et après tout, un mari de vingt ans avec une veuve de trente-cinq vont bien ensemble, fort bien ; ce n'est pas là l'embarras, surtout avec un mari aussi bien fait que vous et d'un caractère aussi doux. (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  26. Arrêtez-vous donc, Madame_Alain ; ne prenez pas la peine de me louer, il y aura trop à rabattre, en vérité, vous me confondez. (Acte 1, scène 3, LA VALLEE)
  27. À votre âge, on est bien vivant ; vous avez l'air de l'être plus qu'un autre, et je ne le suis pas mal aussi, moi qui vous parle. (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  28. Ainsi nous voilà déjà deux en danger d'être bientôt trois, peut-être quatre, peut-être cinq, que sait-on jusqu'où peut aller une famille ? (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  29. Qu'est-ce que c'est que vous avez de votre côté ? (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  30. Est-ce que cette demoiselle_Habert, votre cousine qui vous aime tant, ne pourrait pas vous avancer quelque chose ? (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  31. Dites-vous pas que votre cousine vous épouse ? (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  32. Je vous l'apprends, et c'est de quoi elle a à vous entretenir. (Acte 1, scène 3, LA VALLEE)
  33. Qu'il est beau d'être si rare ! (Acte 1, scène 3, LA VALLEE)
  34. Je ferais bien d'autres vacarmes si je voulais. (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  35. J'ai bien autre chose à cacher que votre amour. (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  36. Je n'aurais donc qu'à lui dire que son mari m'en conte, sans qu'il y gagne ; à telles enseignes que je reçus l'autre jour à mon adresse une belle et bonne étoffe bien empaquetée qui arriva de la part de personne, et que je ne sus qui venait de lui qu'après qu'elle a été coupée, ce qui m'a obligée de la garder. (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  37. Et ce n'était pas ma faute ; mais je n'en ai jamais dit le mot à personne, et ce n'est pas même pour vous l'apprendre que je le dis, c'est seulement pour vous montrer qu'on sait se taire. (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  38. Mais parlez donc, Monsieur_de_la_Vallée, vous qui m'aimez tant, vous aimez là une fille bien ancienne, entre nous. (Acte 1, scène 3, MADAME ALAIN)
  39. Je suis votre servante, Mademoiselle. (Acte 1, scène 4, MADAME ALAIN)
  40. S'il n'a que vingt_ans, ce n'est pas votre faute, vous le prenez comme il est ; dans dix il en aura trente et vous dix de plus, mais qu'importe ! (Acte 1, scène 4, MADAME ALAIN)
  41. On a de l'amour ; on se contente ; on se marie à l'âge qu'on a ; si je pouvais vous ôter les trois-quarts du vôtre, vous seriez bientôt du sien. (Acte 1, scène 4, MADAME ALAIN)
  42. Mort de ma vie, en valez-vous moins pour être un peu mûre ? (Acte 1, scène 4, MADAME ALAIN)
  43. Attendez ; je vais y mettre bon ordre. (Acte 1, scène 4, MADAME ALAIN)
  44. C'est qu'on peut entrer ici à tout moment, et moyennant la précaution que je prends, il ne viendra personne. (Acte 1, scène 4, MADAME ALAIN)
  45. N'entrez point non plus sans que je vous appelle, entendez-vous ? (Acte 1, scène 5, MADAME ALAIN)
  46. Je m'embarrasse bien du secret des autres ; ne dirait-on pas que je suis curieuse ? (Acte 1, scène 5, JAVOTTE)
  47. Quel est votre dessein ? (Acte 1, scène 6, MADEMOISELLE HABERT)
  48. Ce que j'en fais n'est que pour être libre et non pas pour une confidence. (Acte 1, scène 7, MADAME ALAIN)
  49. Hier au soir, le marchand qui est mon voisin me fit serrer dans ma salle basse je ne sais combien de marchandises_de_contrebande qui seraient confisquées si on le savait : voyez si on me croit sûre. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  50. Par quel motif cachez-vous votre mariage ? (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  51. J'avais déjà trouvé un air de famille entre vous deux. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  52. Qu'appréhendez-vous de votre soeur ? (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  53. Les caquets des uns, les remontrances des autres. (Acte 1, scène 8, LA VALLEE)
  54. Des oppositions, il y en aurait ; on parlerait peut-être d'interdire. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  55. Je vous excuse, moi ; je compatis à l'état de votre coeur et vous ne m'entendez pas. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  56. Je vous reconnais pour telle, mais pour preuve que vous ne l'êtes pas, ils apporteront vos amours, qu'ils traiteront de ridicules ; votre dessein d'épouser qu'ils traiteront d'enfance ; ils apporteront une quarantaine d'années qui, malheureusement, en paraissent cinquante ; ils allégueront son âge à lui et mille mauvaises raisons que vous êtes en danger d'essuyer comme bonnes. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  57. Sur le registre où il est écrit, mon petit bonhomme. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  58. Car vous m'impatientez, vous autres. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  59. Il faut que le vôtre se trompe et que Monsieur_de_la_Vallée ait tout. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  60. Traitez votre femme en bon mari, comme elle s'y attend ; ne vous écartez point d'elle, et ne la négligez pas sous prétexte qu'elle est sur son déclin. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  61. Je ne l'ai pas informée de l'endroit où j'allais demeurer ; vous voyez même que je ne sors guère de peur de la rencontrer ou de trouver quelques gens de connaissance qui me suivent. (Acte 1, scène 8, MADEMOISELLE HABERT)
  62. Chère dame, que vous allez m'être obligeante ! (Acte 1, scène 8, LA VALLEE)
  63. Je vous dirai une autre fois ce que c'est ; faites m'en souvenir. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  64. Et puis notre témoin sera Monsieur_Remy, ce marchand attenant ici et que vous voyez quelquefois chez moi. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  65. Votre galant qui a envoyé l'étoffe ? (Acte 1, scène 8, LA VALLEE)
  66. L'homme à la robe, il est éperdu de moi ; et à qui appartient aussi cette contrebande que j'ai dans mon armoire. (Acte 1, scène 8, MADAME ALAIN)
  67. Dites-lui que j'aurais passé chez lui si je ne m'étais pas proposé d'aller chez Monsieur_Thibaut et un autre notaire que je vais chercher pour un acte qui presse. (Acte 1, scène 9, MADAME ALAIN)
  68. C'est notre ami, il ne demandera pas mieux. (Acte 1, scène 9, AGATHE)
  69. Vous êtes la maîtresse, ma mère. (Acte 1, scène 9, AGATHE)
  70. J'espère que vous me continuerez l'honneur de votre amitié, et plus à présent que jamais. (Acte 1, scène 9, AGATHE)
  71. Je n'ai nulle envie de vous l'ôter et je vous remercie du redoublement de la vôtre. (Acte 1, scène 9, MADEMOISELLE HABERT)
  72. Vous allez donc enfin être à moi, mon cher La Vallée. (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE HABERT)
  73. Mignonne, votre propos m'afflige l'âme. (Acte 1, scène 11, LA VALLEE)
  74. Je ne lui ai pas dit que c'était pour être témoin. (Acte 1, scène 12, AGATHE)
  75. Si je vous avais dit qu'elle est sortie, vous ne seriez peut-être pas venu si tôt. (Acte 1, scène 13, AGATHE)
  76. C'est que vous ne cessez pas d'être aimable. (Acte 1, scène 14, MONSIEUR REMY)
  77. D'un mariage, où je vous prie d'être témoin. (Acte 1, scène 14, MADAME ALAIN)
  78. Si c'est pour le vôtre, je n'en ferai rien. (Acte 1, scène 14, MONSIEUR REMY)
  79. En fait de secret confié, il ne faut se rien permettre. (Acte 1, scène 14, MADAME ALAIN)
  80. Je suis votre servante, Monsieur_Thibaut. (Acte 1, scène 15, MADAME ALAIN)
  81. Qu'y a-t-il pour votre service ? (Acte 1, scène 15, MONSIEUR-THIBAUT)
  82. Je vais le faire venir, et prendre de ces marchandises dans votre armoire ; je les porterai chez moi où l'on doit les venir prendre ce soir. (Acte 1, scène 17, MONSIEUR REMY)
  83. Il va monter un homme qui, je crois, veut m'entretenir de vous. (Acte 1, scène 17, MADAME ALAIN)
  84. Retirez-vous, Mademoiselle, et vous, Monsieur, de la porte du cabinet, vous jetterez un coup d'oeil sur l'homme qui va entrer. (Acte 1, scène 17, MADAME ALAIN)
  85. Il faut que ce soit à une autre porte. (Acte 1, scène 18, LA VALLEE)
  86. Oui, il y a une demoiselle qui se marie, et qui n'est peut-être que la vingtième du quartier qui en fait autant. (Acte 1, scène 18, MADAME ALAIN)
  87. Reste à savoir si Monsieur connaît la nôtre. (Acte 1, scène 18, MADAME ALAIN)
  88. Si c'est celle que je cherche, je suis de ses amis et j'ai quelque chose à lui remettre. (Acte 1, scène 18, LE-NEVEU)
  89. La nôtre n'attend rien. (Acte 1, scène 18, LA VALLEE)
  90. Donnez-moi du moins quelque idée de la vôtre. (Acte 1, scène 18, LE-NEVEU)
  91. Est-ce que la vôtre ne l'est pas ? (Acte 1, scène 18, LE-NEVEU)
  92. Je gage aussi que votre demoiselle a père et mère. (Acte 1, scène 18, MADAME ALAIN)
  93. La vôtre n'a donc plus ses parents ? (Acte 1, scène 18, LE-NEVEU)
  94. Votre coeur rêve. (Acte 1, scène 18, MADAME ALAIN)
  95. la nôtre est brune et n'a qu'un neveu. (Acte 1, scène 18, MADAME ALAIN)
  96. Avec qui la vôtre se marie-t-elle ? (Acte 1, scène 18, MADAME ALAIN)
  97. Avec un veuf de trente ans, homme assez riche, mais qui ne convient point à la famille. (Acte 1, scène 18, LE-NEVEU)
  98. Et voilà le futur de la nôtre. (Acte 1, scène 18, MADAME ALAIN)
  99. Paraissez, notre amie ! (Acte 1, scène 18, MADAME ALAIN)
  100. Votre tante ! (Acte 1, scène 20, MADAME ALAIN)
  101. Ne rougissez-vous pas de votre fourberie ? (Acte 1, scène 20, MADAME ALAIN)
  102. Votre franchise naturelle et louable, aidée d'un peu d'industrie de ma part, a causé cet événement. (Acte 1, scène 20, LE-NEVEU)
  103. Petit paysan, autrement dit ; c'est même chose. (Acte 1, scène 20, LE-NEVEU)
  104. Je vous réponds qu'on arrange cette famille-là bien malhonnêtement, Madame_Alain, et que sans la crainte du bruit et le respect de votre maison et du cabinet où il y a du monde... (Acte 1, scène 20, LA VALLEE)
  105. Pouvez-vous nier que vous êtes arrivé à Paris avec un voiturier, frère de votre mère ? (Acte 1, scène 20, LE-NEVEU)
  106. Il ne saurait nier que ces demoiselles avaient besoin d'un copiste pour mettre au net nombre de papiers et que ce fut un de ses parents, qui est un scribe, qui le présenta à elles. (Acte 1, scène 20, LE-NEVEU)
  107. Diantre ; il mange à table à cette heure. (Acte 1, scène 20, MADAME ALAIN)
  108. Chantez mes louanges à votre aise. (Acte 1, scène 20, LA VALLEE)
  109. Ainsi, je dois être aussi délicate qu'une autre sur ces matières. (Acte 1, scène 20, MADAME ALAIN)
  110. Les gens comme nous doivent se soutenir ; j'entre dans vos raisons. (Acte 1, scène 20, MADAME ALAIN)
  111. Vous êtes notre ressource et nous nous reposons sur vos soins, Madame. (Acte 1, scène 20, LE-NEVEU)
  112. Ce n'est pas vous que je blâme, Jacob ; mais il n'y a pas moyen d'être, pour un petit berger. (Acte 1, scène 21, MADAME ALAIN)
  113. Demandez à votre copiste. (Acte 1, scène 22, MADAME ALAIN)
  114. Si vous êtes Mademoiselle_Habert, je connais votre neveu. (Acte 1, scène 22, L-AUTRE-NOTAIRE)
  115. C'est un jeune homme estimable, et qui, de votre aveu même, est sur le point d'épouser la fille d'un de mes amis. (Acte 1, scène 22, L AUTRE NOTAIRE)
  116. J'y consens ; je ne suis point votre ennemie. (Acte 1, scène 22, MADAME ALAIN)
  117. Est-il possible que vous vous déterminiez à me chagriner sur les rapports d'un homme qui vous doit être suspect, qui a tant d'intérêt à les faire faux, qui est mon neveu enfin, et de tous les neveux le plus avide ? (Acte 1, scène 23, MADEMOISELLE HABERT)
  118. Je sais bien que tous les neveux et les cousins qui héritent ne valent rien, mais on croit le vôtre. (Acte 1, scène 23, MADAME ALAIN)
  119. Jacob est joli garçon, un bon garçon, je suis de votre avis ; ce n'est pas que je le méprise, on est ce qu'on est, mais il y a une règle dans la vie ; on a rangé les conditions, voyez-vous ; je ne dis pas qu'on ait bien fait, c'est peut-être une folie, mais il y a longtemps qu'elle dure, tout le monde la suit, nous venons trop tard pour la contredire. (Acte 1, scène 23, MADAME ALAIN)
  120. Le maître d'un carrosse et le cocher sont deux. (Acte 1, scène 23, LA VALLEE)
  121. C'est ainsi que votre neveu l'entend ! (Acte 1, scène 23, MADAME ALAIN)
  122. Votre mari était fils de gens de rien ; vous avez perdu votre honneur en l'épousant. (Acte 1, scène 23, LA VALLEE)
  123. Ils se seraient peut-être battus. (Acte 1, scène 23, MADEMOISELLE HABERT)
  124. Je laisse là les autres articles, qui ne doivent être aussi que des impostures. (Acte 1, scène 23, MADAME ALAIN)
  125. Allez vous tranquilliser dans votre chambre, et que Monsieur_de_la_Vallée ne s'écarte pas. (Acte 1, scène 23, MADAME ALAIN)
  126. Je veux que votre soeur vous trouve mariée, et je vais pourvoir à tout ce qu'il vous faut. (Acte 1, scène 23, MADAME ALAIN)
  127. Il y a de bons coeurs, mais le vôtre est charmant. (Acte 1, scène 23, LA VALLEE)
  128. Vous prenez bien votre temps ! (Acte 1, scène 24, MADAME ALAIN)
  129. Que vous est-il arrivé avec votre air triste ? (Acte 1, scène 24, MADAME ALAIN)
  130. Venez-vous m'annoncer quelque désastre ? (Acte 1, scène 24, MADAME ALAIN)
  131. C'est un malheur pour cette fille-là d'épouser un petit fripon qui ne l'aime point et qui, encore aujourd'hui, faisait l'amour à une autre pour l'épouser. (Acte 1, scène 25, AGATHE)
  132. À vous, peut-être ? (Acte 1, scène 25, MONSIEUR-THIBAUT)
  133. C'est bien à un petit rustre comme lui qu'il appartient d'aimer des filles de ma sorte. (Acte 1, scène 25, AGATHE)
  134. Pardon, Monsieur_Thibaut ; j'écris à Monsieur_Lefort, votre confrère. (Acte 1, scène 26, MADAME ALAIN)
  135. Apprenez aussi, soit dit entre nous, que La Vallée songeait si peu à vous que c'est moi qu'il aime, qu'il m'épouserait si j'étais femme à vous donner un beau-père. (Acte 1, scène 26, MADAME ALAIN)
  136. C'est qu'avant-hier, elle me pria de lui serrer une somme de quatre mille livres qu'elle a épargnée à_son_insu et qu'il n'épargnerait pas, lui, car il dissipe tout. (Acte 1, scène 27, MADAME ALAIN)
  137. Vraiment, il se pique d'être galant. (Acte 1, scène 27, MADAME ALAIN)
  138. Avez-vous encore les quatre mille livres ? (Acte 1, scène 27, MONSIEUR-THIBAUT)
  139. Vous me devez mille écus que je vous prêtai il y a six mois ; depuis quinze jours ils sont échus ; je vous en ai accordé six autres, mais comme j'en ai besoin, je vous avertis que, sans vous incommoder, sans débourser un sol, vous êtes en état de me payer à présent. (Acte 1, scène 28, MONSIEUR-THIBAUT)
  140. Madame_Alain vient de me dire que votre femme lui a confié avant-hier quatre mille livres qu'elle lui garde. (Acte 1, scène 28, MONSIEUR-THIBAUT)
  141. Et je vous paierai, Monsieur, je vous paierai, mais priez Madame_Alain de vous garder mieux le secret qu'elle n'a fait à ma femme, et qu'elle ne dise pas à d'autres qu'à moi que vous faites accroire à Monsieur_Constant, dont vous allez épouser la fille, que votre charge est à vous, pendant que vous vous disposez à la payer des deniers de la dot. (Acte 1, scène 28, MONSIEUR REMY)
  142. Si vous vous en allez, emportez donc les marchandises_de_contrebande que Madame_Alain vous a caché dans l'armoire de sa salle. (Acte 1, scène 28, LA VALLEE)
  143. Ignorez ma contrebande ; et j'ignorerai l'affaire de votre charge. (Acte 1, scène 28, MONSIEUR REMY)
  144. Ma mère, Monsieur_Lefort envoie dire qu'on ne s'impatiente pas ; il achève une lettre qu'on doit mettre à la poste. (Acte 1, scène 29, AGATHE)
  145. Vraiment laissez-la, ma mère ; elle vient signer au contrat, elle est parente de Monsieur_de_la_Vallée et va l'être de Mademoiselle. (Acte 1, scène 29, AGATHE)
  146. Oui, Jacques Giroux, votre tante à la mode de Bretagne. (Acte 1, scène 29, JAVOTTE)
  147. C'est ce qu'on a su dans la maison par le neveu de ma nièce Mademoiselle_Habert, qui, en s'en allant, a dit votre pays, votre nom, ce qui a fait que je vous ai reconnu tout d'un coup, et je l'avais bien dit que vous feriez un jour quelque bonne trouvaille, car il n'était pas plus grand que ça quand je quittai le pays, mais vous saurez, Messieurs et Mesdames, que c'était le plus beau petit marmot du canton. (Acte 1, scène 29, JAVOTTE)
  148. Qu'est-ce que c'est que votre nièce ? (Acte 1, scène 29, MADEMOISELLE HABERT)
  149. Ma nièce, puisque mon neveu va être votre homme. (Acte 1, scène 29, JAVOTTE)
  150. C'est pourquoi je viens pour mettre ma marque au contrat, faute de savoir signer. (Acte 1, scène 29, JAVOTTE)
  151. Ma foi, gardez votre marque, ma tante. (Acte 1, scène 29, LA VALLEE)
  152. Attendez que notre pays m'en récrive. (Acte 1, scène 29, LA VALLEE)
  153. Voyez le glorieux qui recule déjà de m'avouer pour sienne parce qu'il va être riche et un monsieur ! (Acte 1, scène 29, JAVOTTE)
  154. N'a-t-il pas offert d'épouser notre dame, si elle voulait de sa figure ? (Acte 1, scène 29, JAVOTTE)
  155. À l'autre. (Acte 1, scène 29, MADAME ALAIN)
  156. Parlez de la vôtre, mon ami Giroux, et non pas de la mienne. (Acte 1, scène 29, MADAME ALAIN)
  157. Pardi, Monsieur_Thibaut, vous êtes une franche commère avec vos quatre mille livres que vous êtes venu nous dégoiser là si mal à propos. (Acte 1, scène 29, MADAME ALAIN)
  158. Quand j'aurai vidé votre armoire, je vous achèverai aussi mes compliments. (Acte 1, scène 29, MONSIEUR REMY)

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L'HEUREUX STRATAGÈME (1733)

  1. Maître Blaise, que me veux-tu ? (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  2. Comme ce dit l'autre, ou en êtes bian capable. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  3. Voyons ; je serai charmé de t'être utile. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  4. Point du tout, Monsieur, c'est vous qui charmez les autres. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  5. Tu avais, ce me semble, quelque chose à me dire ; entre en matière sans compliment. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  6. C'est que je venons par rapport à noute fille, pour l'amour de ce qu'alle va être la femme d'Arlequin voute valet. (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  7. Je t'entends, Maître Blaise ; mais j'aime mieux te les donner, que de les demander pour toi à la Comtesse, qui ne ferait pas aujourd'hui grand cas de ma prière. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  8. Un brave homme comme vous, qui a une mine de prince, qui a le coeur de m'offrir de l'argent, se voir délaissé de la propre parsonne de sa maîtresse !... (Acte 1, scène 1, BLAISE)
  9. Ce que je te dis n'est que trop vrai, Maître Blaise. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  10. Beaucoup de chagrin pour vous, et à cause de cela, quantité de chagrin pour moi ; car un bon domestique va comme son maître. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  11. Je n'ai rien à dire ; c'est que je devine que vous serez affligé, et je vous pronostique votre douleur. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  12. À quoi sart d'être oisiau de mauvais augure ? (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  13. Qu'une bouteille de vin qu'on avait oubliée, et que j'achevais d'y boire, quand j'ai entendu la Comtesse qui allait y entrer avec le Chevalier. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  14. Comme elle aurait pu trouver mauvais que je buvais en fraude, je me suis sauvé dans l'office avec ma bouteille : d'abord, j'ai commencé par la vider pour la mettre en sûreté. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  15. Je parle de cette bouteille parce qu'elle y était ; je ne voulais pas l'y mettre. (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  16. Tu ne peux donc pas être sûr que ce fût la Comtesse ? (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  17. Ils ne pouviont pas se dispenser d'être ensemble. (Acte 1, scène 2, BLAISE)
  18. Quand un homme est si joyeux, c'est tant mieux pour lui, mais c'est toujours tant pis pour un autre (montrant son maître), et voilà justement l'autre ! (Acte 1, scène 2, ARLEQUIN)
  19. As-tu dit à la Marquise que j'avais besoin d'un entretien avec elle ? (Acte 1, scène 2, DORANTE)
  20. Monsieur, je ne sais pas comment vous l'entendez, mais votre tranquillité m'étonne ; et si vous n'y prenez garde, ma maîtresse vous échappera. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  21. Sans doute : le Chevalier ne la quitte point ; il l'amuse, il la cajole, il lui parle tout bas ; elle sourit : à la fin le coeur peut s'y mettre, s'il n'y est déjà ; et cela m'inquiète, Monsieur ; car je vous estime ; d'ailleurs, voilà un garçon qui doit m'épouser, et si vous ne devenez pas le maître de la maison, cela nous dérange. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  22. Je veux savoir ce qu'elle a dans l'esprit ; je vous redirai notre conversation ; vous reviendrez après. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  23. Mais il dit qu'il n'a pas lieu d'être content, et je crois qu'il dit assez juste : qu'en pensez-vous, Madame ? (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  24. Être fâchée quand il ne venait pas. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  25. Tout cela est vrai ; nous y voilà : je le distinguais, vous dis-je, et je le distingue encore ; mais rien ne m'engage avec lui ; et comme il te parle quelquefois, et que tu crois qu'il m'aime, je venais te dire qu'il faut que tu le disposes adroitement à se tranquilliser sur mon chapitre. (Acte 1, scène 4, LA-COMTESE)
  26. Avec autant de raison que vous en avez, comment pouvez-vous être infidèle ? (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  27. Ce coeur qui manque à sa parole, quand il en donne mille, il fait sa charge ; quand il en trahit mille, il la fait encore : il va comme ses mouvements le mènent, et ne saurait aller autrement. (Acte 1, scène 4, LA-COMTESE)
  28. Faut-il que j'aie cent ans pour tous les autres, que j'enterre tout ce que je vaux ? (Acte 1, scène 4, LA-COMTESE)
  29. Sans doute ; avec ces Messieurs-là, voilà comment il faudrait vivre ; si vous les en croyez, il n'y a plus pour vous qu'un seul homme, qui compose tout votre univers ; tous les autres sont rayés, c'est autant de mort pour vous, quoique votre amour-propre n'y trouve point son compte, et qu'il les regrette quelquefois : mais qu'il pâtisse ; la sotte fidélité lui a fait sa part, elle lui laisse un captif pour sa gloire ; qu'il s'en amuse comme il pourra, et qu'il prenne patience. (Acte 1, scène 4, LA-COMTESE)
  30. Un instant à la lettre, au moins ; car j'ai peur qu'il ne me vienne compagnie. (Acte 1, scène 5, LA-COMTESE)
  31. Je sais votre amour par coeur. (Acte 1, scène 5, LA-COMTESE)
  32. À vous dire vrai, votre prélude n'est pas amusant. (Acte 1, scène 5, LA-COMTESE)
  33. Votre coeur a manqué sa vocation, Dorante. (Acte 1, scène 5, LA-COMTESE)
  34. Tenez, Monsieur, vos tristesses sont si contagieuses qu'elles ont gagné jusqu'à votre valet : on l'entend qui soupire. (Acte 1, scène 5, LA-COMTESE)
  35. Je suis touché du malheur de mon maître. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  36. Ce n'est pas un crime de vous paraître aimable. (Acte 1, scène 5, LA-COMTESE)
  37. Les sentiments de votre coeur ne font pas la loi du mien ; prenez-y garde : vous traitez cela comme une dette, et ce n'en est pas une. (Acte 1, scène 5, LA COMTESE)
  38. Soupirez, Monsieur, vous êtes le maître, je n'ai pas droit de vous en empêcher ; mais n'exigez pas que je soupire. (Acte 1, scène 5, LA COMTESE)
  39. Accoutumez-vous à penser que vos soupirs ne m'obligent point à les accompagner des miens, pas même à m'en amuser : je les trouvais autrefois plus supportables ; mais je vous annonce que le ton qu'ils prennent aujourd'hui m'ennuie ; réglez-vous là-dessus. (Acte 1, scène 5, LA COMTESE)
  40. Je n'aurai pas le temps : Madame attend compagnie, Monsieur, elle aura peut-être besoin de moi. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  41. La fidélité n'est bonne à rien ; c'est mal fait que d'en avoir ; de beaux yeux ne servent de rien, un seul homme en profite, tous les autres sont morts ; il ne faut tromper personne : avec cela on est enterrée, l'amour-propre n'a point sa part ; c'est comme si on avait cent ans. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  42. Ce n'est pas qu'on ne vous estime ; mais l'ennui s'y met : il vaudrait autant être vieille, et cela vous fait tort. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  43. Pourrais-je vous demander un moment d'entretien ? (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  44. Dites à votre valet de se tenir à l'écart, afin de nous avertir si quelqu'un vient. (Acte 1, scène 7, LA MARQUISE)
  45. Votre Chevalier ne vaut pas mieux que notre Comtesse et notre Lisette, et nous sommes trois coeurs hors de condition. (Acte 1, scène 7, ARLEQUIN)
  46. Lui laisserons-nous le temps d'être aimé de la Comtesse ? (Acte 1, scène 8, DORANTE)
  47. Voilà tout ce que j'en ai : mais il y a là-bas un coquin qui demande à parler à Madame ; voulez-vous qu'il entre, ou que je le batte ? (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  48. Un maraud qui m'a soufflé ma maîtresse, et qui s'appelle Frontin. (Acte 1, scène 9, ARLEQUIN)
  49. C'est un garçon adroit et fin, tout valet qu'il est, et dont j'ai fait mon espion auprès de son maître et de la Comtesse : voyons ce qu'il nous dira ; car il est bon d'être extrêmement sûr qu'ils s'aiment. (Acte 1, scène 10, LA MARQUISE)
  50. Viens, maître fripon ; entre. (Acte 1, scène 11, ARLEQUIN)
  51. Dès que je vous eus promis, Madame, d'observer ce qui se passerait entre mon maître et la Comtesse, je me mis en embuscade... (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  52. Hier, la Comtesse et mon maître s'en allaient au jardin. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  53. Je les suis de loin ; ils entrèrent dans le bois, j'y entre aussi ; ils tournent dans une allée, moi dans le taillis ; ils se parlent, je n'entends que des voix confuses ; je me coule, je me glisse, et de bosquet en bosquet, j'arrive à les entendre et même à les voir à travers le feuillage... (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  54. s'écriait le Chevalier, qui d'une main tenait un portrait et de l'autre la main de la Comtesse. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  55. Autant qu'il sé peut, disait mon maître, autant qu'il sé peut, à millé charmés près qué j'adore en vous, qué lé peintre né peut qué remarquer, qui font lé désespoir dé son art, et qui né rélèvent qué du pinceau dé la nature. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  56. Vous m'en occuperiez mille dé coeurs, si jé les avais ; mon amour ne sait où sé mettre, tant il surabonde dans mes paroles, dans mes sentiments, dans ma pensée ; il sé répand partout, mon âme en régorge. (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  57. Oui. C'est que ces deux soupirs-là sont plaisants, et je les contrefais ; contrefaites aussi, Marquise. (Acte 1, scène 12, DORANTE)
  58. Nous ne pouvons plus douter de leur secrète intelligence ; mais si vous jouez toujours votre personnage aussi mal, nous ne tenons rien. (Acte 1, scène 13, LA MARQUISE)
  59. Monsieur, voilà votre fripon qui arrive. (Acte 1, scène 14, ARLEQUIN)
  60. Un de nos deux larrons, le maître du mien. (Acte 1, scène 14, ARLEQUIN)
  61. Nous n'avons pas eu le temps de digérer notre idée ; mais en attendant, souvenez-vous que vous m'aimez, qu'il faut qu'on le croie, que voici votre rival, et qu'il s'agit de lui paraître indifférent. (Acte 1, scène 15, LA MARQUISE)
  62. Jé té rencontre à propos ; jé voulais té parler, Dorante. (Acte 1, scène 16, LE CHEVALIER)
  63. Démain, peut-être, notre célibat expire. (Acte 1, scène 16, LE CHEVALIER)
  64. Monsieur, vous n'y songez pas ; il faut revoir la Marquise, entretenir son amour, sans quoi vous êtes un homme mort, enterré, anéanti dans sa mémoire. (Acte 1, scène 17, FRONTIN)
  65. Jé meurs dans une mémoire, jé ressuscite dans une autre ; n'ai-je pas la mémoire dé la Comtesse où jé révis ? (Acte 1, scène 17, LE CHEVALIER)
  66. Non ; lé caprice qui lé tue, lé voilà ; c'est moi qui l'expédie, j'en ai bien expédié d'autres, Frontin : né t'inquiète pas ; la Comtesse m'a reçu dans son coeur, il faudra qu'ellé m'y garde. (Acte 1, scène 17, LE CHEVALIER)
  67. Il né finira qu'avec elle ; espère mieux dé la fortune dé ton maître ; connais-moi bien, tu n'auras plus dé défiance. (Acte 1, scène 17, LE CHEVALIER)
  68. Mais voici Lisette ; vous devriez me procurer la faveur de sa maîtresse auprès d'elle. (Acte 1, scène 17, FRONTIN)
  69. J'y cours, Lisette : mais remets cé faquin dans son bon sens, jé té prie ; tu mé l'as privé dé cervelle ; il m'entretient qu'il t'aime. (Acte 1, scène 18, LE CHEVALIER)
  70. Je vais dire à ma maîtresse que vous venez, Monsieur. (Acte 1, scène 18, LISETTE)
  71. Vous avez raison, votre aventure a bonne mine : la Comtesse vous aime ; vous êtes Gascon, moi Manceau, voilà de grands titres de fortune. (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  72. Si j'avais le choix des cautions, je vous dispenserais d'être la mienne. (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  73. Dis-moi : préfères-tu mon service à celui d'un autre ? (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  74. Si tu me préfères à un autre, il s'agit de prendre ton parti sur le chapitre de Lisette. (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  75. Mais, Monsieur, ce chapitre-là ne vous regarde pas : c'est de l'amour que j'ai pour elle, et vous n'avez que faire d'amour, vous n'en voulez point. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  76. C'est que les choses ont changé ; c'est que la Comtesse pourrait me soupçonner d'être curieux de ses démarches, et de me servir de toi auprès de Lisette pour les savoir : ainsi, laisse-la en repos ; je te récompenserai du sacrifice que tu me feras. (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  77. Je ne saurais le dire ; je ne les connais ni l'un ni l'autre. (Acte 2, scène 1, ARLEQUIN)
  78. À propos, garde le secret sur la défense que je te fais de voir Lisette : comme c'était de mon consentement que tu l'épousais, ce serait avoir un procédé trop choquant pour la Comtesse, que de paraître m'y opposer ; je te permets seulement de dire que tu aimes mieux Marton, que la Marquise te destine. (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  79. Avez-vous instruit votre valet, Dorante ? (Acte 2, scène 2, LA MARQUISE)
  80. Cela pourra n'être pas inutile ; ce petit article-là touchera la Comtesse, si elle l'apprend. (Acte 2, scène 2, LA MARQUISE)
  81. Et votre Chevalier, comment en agit-il ? (Acte 2, scène 2, DORANTE)
  82. Parlerai-je à ta maîtresse ? (Acte 2, scène 2, LA MARQUISE)
  83. Je viens vous trouver moi-même, Marquise : comme vous me demandez un entretien particulier, il s'agit apparemment de quelque chose de conséquence. (Acte 2, scène 3, LA-COMTESE)
  84. Je vous entends : vous ne me croyez pas trop sincère ; mais votre éloge m'exhorte à l'être, n'est-ce pas ? (Acte 2, scène 3, LA-COMTESE)
  85. Pour commencer à l'être, je vous dirai que je n'en sais rien. (Acte 2, scène 3, LA-COMTESE)
  86. Nous y voilà ; et peut-être l'avez-vous pensé vous-même ? (Acte 2, scène 3, LA-COMTESE)
  87. Sur ce pied-là, vous n'avez donc qu'à rendre grâce au ciel ; vos souhaits ne sauraient être plus exaucés qu'ils le sont. (Acte 2, scène 3, LA-COMTESE)
  88. Vous me rassurez ; ce n'est pas qu'il n'ait tort ; vous êtes si aimable qu'il ne devait plus avoir des yeux pour personne : mais peut-être vous était-il moins attaché qu'on ne l'a cru. (Acte 2, scène 3, LA-COMTESE)
  89. Non, il me l'était beaucoup ; mais je l'excuse : quand je serais aimable, vous l'êtes encore plus que moi, et vous savez l'être plus qu'une autre. (Acte 2, scène 3, LA MARQUISE)
  90. Plus qu'une autre ! (Acte 2, scène 3, LA-COMTESE)
  91. À votre avis, un compliment qui finit par m'appeler coquette ne viendrait pas d'elle ? (Acte 2, scène 3, LA-COMTESE)
  92. Je réussirai quand je voudrai, Comtesse ; vous le verrez, cela n'est pas difficile ; et le Chevalier ne vous serait peut-être pas resté, sans le peu de cas que j'ai fait de son coeur. (Acte 2, scène 3, LA MARQUISE)
  93. Tenez donc d'avoir votre revanche. (Acte 2, scène 3, LA-COMTESE)
  94. C'est, je pense, qu'elle avait la curiosité de savoir comment j'étais dans votre coeur. (Acte 2, scène 5, DORANTE)
  95. Je m'attends que vous avez eu la discrétion de ne le lui avoir pas dit, peut-être ? (Acte 2, scène 5, LA-COMTESE)
  96. Je n'ai pas le défaut d'être vain. (Acte 2, scène 5, DORANTE)
  97. Non, mais on a quelquefois celui d'être vrai. Et que voulait-elle faire de ce qu'elle vous demandait ? (Acte 2, scène 5, LA-COMTESE)
  98. Je vois bien que je ne réussirais pas à vous persuader le contraire, Madame ; parlons d'autre chose. (Acte 2, scène 5, DORANTE)
  99. À propos de curiosité, y a-t-il longtemps que vous n'avez reçu de lettres de Paris ? (Acte 2, scène 5, DORANTE)
  100. Votre embarras me fait pitié. (Acte 2, scène 5, LA-COMTESE)
  101. Oui, je vois la Marquise et Dorante dans une affliction qui me chagrine ; nous parlions tantôt de mariage, il faut absolument différer le nôtre. (Acte 2, scène 6, LA-COMTESE)
  102. Différer lé nôtre ! (Acte 2, scène 6, LE CHEVALIER)
  103. Faisons-nous justice ; notre commerce a un peu l'air d'une infidélité, au moins. (Acte 2, scène 6, LA-COMTESE)
  104. Ce sont vos amis comme les miens : accoutumons-les du moins à se douter de notre mariage. (Acte 2, scène 6, LA COMTESE)
  105. Exprimez-vous comme un autre. (Acte 2, scène 6, LA-COMTESE)
  106. Frontin aura peut-être déjà parlé ; jé né l'ai pas vu dépuis. (Acte 2, scène 6, LE CHEVALIER)
  107. votre gain est peu sûr : Frontin n'a pas l'air d'avoir bien observé. (Acte 2, scène 7, LA-COMTESE)
  108. Ce n'est pas votre faute : chacun aime autant qu'il peut, et personne n'aime autant que lui. Voilà pourquoi je le plains. (Acte 2, scène 7, LA-COMTESE)
  109. Voyons ; n'est-il pas vrai que tu es aux gages de la Marquise, et peut-être à ceux de Dorante, pour nous observer tous deux ? (Acte 2, scène 7, LA COMTESE)
  110. Paie-t-on des espions pour être instruit de choses dont on ne se soucie point ? (Acte 2, scène 7, LA COMTESE)
  111. Votre valet n'est qu'un sot, ses observations sont pitoyables, il n'a vu que la superficie des choses : cela ne se peut pas. (Acte 2, scène 7, LA-COMTESE)
  112. La passion sé montre, j'en conviens. (Acte 2, scène 7, LE CHEVALIER)
  113. Par ma foi, j'y suis : c'est qu'ils ont envie de vous mettre en peine. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  114. Je ne m'étonne pas si Dorante, en regardant sa montre, ne la regardait pas fixement, et faisait une demi-grimace. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  115. Item, c'est qu'en ouvrant sa tabatière, il n'a pris son tabac qu'avec deux doigts tremblants. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  116. Pardon, Comtesse, si j'interromps un entretien sans doute intéressant ; mais je ne fais que passer. (Acte 2, scène 8, LA MARQUISE)
  117. Il m'est revenu que vous retardiez votre mariage avec le Chevalier, par ménagement pour moi. Je vous suis obligée de l'attention, mais je n'en ai pas besoin. (Acte 2, scène 8, LA MARQUISE)
  118. Ce qu'il me dit là me fait venir une idée : les petites finesses de la Marquise méritent d'être punies. (Acte 2, scène 9, LA-COMTESE)
  119. Il doit l'être, si elle dit vrai, et je le souhaite : mais voici un moyen infaillible de savoir ce qui en est. (Acte 2, scène 9, LA COMTESE)
  120. Il ne sera pas difficile de les trouver, car ils entrent. (Acte 2, scène 9, FRONTIN)
  121. Approchez, Lisette ; et vous aussi, maître Blaise. (Acte 2, scène 10, LA-COMTESE)
  122. Votre fille devait épouser Arlequin ; mais si vous la mariez, et que vous soyez bien aise d'en disposer à mon gré, vous la donnerez à Frontin ; entendez-vous, maître Blaise ? (Acte 2, scène 10, LA COMTESE)
  123. bian une autre histoire qui trotte par le monde, et qui nous chagraine. (Acte 2, scène 10, BLAISE)
  124. C'est, ne vous déplaise, Madame, qu'Arlequin est un mal-appris ; mais que les pus mal-appris de tout ça, c'est Monsieur Dorante et Madame la Marquise, qui ont eu la finesse de manigancer la volonté d'Arlequin, à celle fin qu'il ne voulît pus d'elle ; maugré qu'alle en veuille bian, comme je me doute qu'il en voudrait peut-être bian itou, si an le laissait vouloir ce qu'il veut, et qu'an n'y boutît pas empêchement. (Acte 2, scène 10, BLAISE)
  125. Oui, Madame ; par le mouyen d'une fille qu'ils appelont Marton, que Madame la Marquise a eu l'avisement d'inventer par malice, pour la promettre à Arlequin. (Acte 2, scène 10, BLAISE)
  126. En disant, comme ça, que faut qu'ils s'épousient à Paris, a mijaurée et li, dans l'intention de porter dommage à noute enfant, qui va choir en confusion de cette malice, qui n'est rien qu'un micmac pour affronter noute bonne renommée et la vôtre, Madame, se gobarger de nous trois ; et c'est touchant ça que je venons vous demander justice. (Acte 2, scène 10, BLAISE)
  127. Dorante n'y a d'autre part que sa complaisance : mais peut-être me reste-t-il encore plus de crédit sur lui qu'elle ne se l'imagine. (Acte 2, scène 10, LA-COMTESE)
  128. Et moi, je trouve que ce coeur de femme a raison, et ne mérite pas votre réflexion satirique ; c'est un homme qui l'aimait, et qui lui dit qu'il ne l'aime plus ; cela n'est pas agréable, elle en est touchée : je reconnais notre coeur au sien ; ce serait le vôtre, ce serait le mien en pareil cas. (Acte 2, scène 10, LA-COMTESE)
  129. Allez, vous autres, retirez-vous, et laissez-moi faire. (Acte 2, scène 10, LA COMTESE)
  130. Venez, Dorante, et avant toute autre chose, parlons un peu de la Marquise. (Acte 2, scène 11, LA-COMTESE)
  131. Dites-moi donc de tout votre coeur de quoi elle s'avise aujourd'hui ? (Acte 2, scène 11, LA-COMTESE)
  132. Vous êtes un opiniâtre louangeur ! (Acte 2, scène 11, LA-COMTESE)
  133. Qué sur cé point la paix sé fasse entre les puissances, et qué les subalternes sé débattent. (Acte 2, scène 11, LE CHEVALIER)
  134. Laissez-nous, Monsieur le Chevalier, vous direz votre sentiment quand on vous le demandera. (Acte 2, scène 11, LA-COMTESE)
  135. Attendez, Madame, appelons quelqu'un ; mon valet est peut-être là... (Acte 2, scène 11, DORANTE)
  136. Quel est votre dessein ? (Acte 2, scène 11, LA-COMTESE)
  137. La Marquise n'est pas loin, il n'y a qu'à la prier de votre part de venir ici, vous lui en parlerez. (Acte 2, scène 11, DORANTE)
  138. Monsieur, vous hésitez entre elle et moi ! (Acte 2, scène 11, LA-COMTESE)
  139. Cette joie-là, vous l'aurez peut-être ce soir, Monsieur. (Acte 2, scène 11, LA-COMTESE)
  140. Comtesse, votre jardiner m'apprend que vous êtes fâchée contre moi : je viens vous demander pardon de la faute que j'ai faite sans le savoir ; et c'est pour la réparer que je vous amène ce garçon-cI. Arlequin, quand je vous ai promis Marton, j'ignorais que Madame pourrait s'en choquer, et je vous annonce que vous ne devez plus y compter. (Acte 2, scène 12, LA MARQUISE)
  141. Je vous donne quittance ; mais on dit que Blaise est venu vous demander justice contre moi, Madame : je ne refuse pas de la faire bonne et prompte ; il n'y a qu'à appeler le notaire ; et s'il n'y est pas, qu'on prenne son clerc, je m'en contenterai. (Acte 2, scène 12, ARLEQUIN)
  142. Renvoyez votre valet, Monsieur ; et vous, Madame, je vous invite à lui tenir parole : je me charge même des frais de leur noce ; n'en parlons plus. (Acte 2, scène 12, LA-COMTESE)
  143. Si vous n'étiez pas ici, moi et mon maître, nous aurions bravement tous deux épousé notre Comtesse et notre Lisette, et nous n'aurions pas votre Marquise et sa Marton sur les bras. (Acte 2, scène 12, ARLEQUIN)
  144. Marquise, je vous apprends une chose, c'est que la Comtesse et le Chevalier se marient peut-être ce soir. (Acte 2, scène 12, DORANTE)
  145. Laissons-leur ces moments-ci, et allons, de notre côté, songer à ce qui nous regarde. (Acte 2, scène 12, DORANTE)
  146. Cette femme est plus femme qu'une autre. (Acte 2, scène 13, LE CHEVALIER)
  147. Quelle est votre méthode à vous, Monsieur ? (Acte 3, scène 1, LISETTE)
  148. Je l'avais aussi, ce petit soupçon-là, mais je l'ai changé contre une grande certitude. (Acte 3, scène 1, FRONTIN)
  149. Votre pénétration n'a point perdu au change. (Acte 3, scène 1, LISETTE)
  150. Dis-moi lé vrai : tu né mé récommandes pas à ta maîtresse ? (Acte 3, scène 1, LE CHEVALIER)
  151. Tant que je peux : mais pas autrement qu'en lui parlant contre vous ; car je voudrais qu'elle ne vous aimât pas ; je vous l'avoue, je ne trompe personne. (Acte 3, scène 1, LISETTE)
  152. Non, Monsieur ; je vous volerais votre argent. (Acte 3, scène 1, LISETTE)
  153. Prends, té dis-je, et mé dis seulement cé qué ta maîtresse projette. (Acte 3, scène 1, LE CHEVALIER)
  154. Nous réviendrons tantôt la recommander à sa maîtresse. (Acte 3, scène 1, LE CHEVALIER)
  155. M'amie, j'ai beau faire signe à mon maître ; il se moque de cela, il ne veut pas venir savoir ce que je lui demande. (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  156. Marquise malencontreuse ! (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  157. Ma fille, la bonté que j'ai eue de te rendre mon coeur ne nous profitera ni à l'un ni à l'autre. (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  158. Il me sera inutile d'avoir oublié tes impertinences ; le diable a entrepris de me faire épouser Marton ; il n'en démordra pas ; il me la garde. (Acte 3, scène 2, ARLEQUIN)
  159. Retourne à ton maître, et dis-lui que je l'attends ici. (Acte 3, scène 2, LISETTE)
  160. Tiens, voilà ton maître et la Marquise qui s'approchent : tire-le à quartier, lui, pendant que je m'éloigne. (Acte 3, scène 2, LISETTE)
  161. Nous touchons au terme, et nous manquons notre coup, si vous allez si vite. (Acte 3, scène 4, LA MARQUISE)
  162. Ne vous y trompez point, les mouvements qu'on se donne sont encore équivoques ; il n'est pas sûr que ce soit de l'amour ; j'ai peur qu'on ne soit plus jalouse de moi que de votre coeur ; qu'on ne médite de triompher de vous et de moi, pour se moquer de nous deux. Toutes nos mesures sont prises ; allons jusqu'au contrat, comme nous l'avons résolu ; ce moment seul décidera si on vous aime. (Acte 3, scène 4, LA MARQUISE)
  163. L'amour a ses expressions, l'orgueil a les siennes ; l'amour soupire de ce qu'il perd, l'orgueil méprise ce qu'on lui refuse : attendons le soupir ou le mépris ; tenez bon jusqu'à cette épreuve, pour l'intérêt de votre amour même. (Acte 3, scène 4, LA MARQUISE)
  164. Votre épreuve me fait trembler ! (Acte 3, scène 4, DORANTE)
  165. Je soutiens moi-même un personnage qui n'est pas fort agréable, et qui le sera encore moins sur ces fins-ci, car il faudra que je supplée au peu de courage que vous me montrez ; mais que ne fait-on pas pour se venger ? (Acte 3, scène 4, LA MARQUISE)
  166. Tu vois bien que je quitte Madame la Marquise, et notre conversation pourrait être suspecte dans la conjoncture où je me trouve. (Acte 3, scène 5, DORANTE)
  167. C'est que tes exclamations sur les hommes sont si mal placées, que j'en rougis pour ta maîtresse. (Acte 3, scène 5, DORANTE)
  168. Monsieur, l'amour l'a voulu, et il est le maître ; car je ne le voulais pas, moi. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  169. Quant à moi, Lisette, dites à Madame_la_Comtesse que je la conjure de vouloir bien remettre notre entretien ; que j'ai, pour le différer, des raisons que je lui dirai ; que je lui en demande mille pardons ; mais qu'elle m'approuvera elle-même. (Acte 3, scène 5, DORANTE)
  170. Et voici moi qui vous en supplie à deux genoux. Allez, Monsieur, cette bonne dame est amendée ; je suis persuadé qu'elle vous dira d'excellentes choses pour le renouvellement de votre amour. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  171. En un mot, Lisette, je ne saurais, tu le vois bien ; c'est une entrevue qui inquiéterait la Marquise ; et Madame_la_Comtesse est trop raisonnable pour ne pas entrer dans ce que je dis là : d'ailleurs, je suis sûr qu'elle n'a rien de fort pressé à me dire. (Acte 3, scène 5, DORANTE)
  172. Que Madame_la_Comtesse m'ait abandonné, qu'elle ait cessé de m'aimer, comme vous me l'avez dit vous-même, passe : je n'étais pas digne d'elle ; mais qu'elle cherche de gaieté de coeur à m'engager dans une démarche qui me brouillerait peut-être avec la Marquise, ah ! (Acte 3, scène 5, DORANTE)
  173. Non, Monsieur, mon cher maître, tournez à droite, ne prenez pas à gauche. (Acte 3, scène 5, ARLEQUIN)
  174. Allons, il faut l'avouer, ma maîtresse le mérite bien. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  175. Non ; il vous prie de l'excuser, parce qu'il dit que cet entretien fâcherait la Marquise, qu'il va épouser. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  176. Oui, Madame, et il est persuadé que vous entrerez dans cette bonne raison qu'il apporte. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  177. Votre coeur et votre raison se trompent. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  178. Du moins peut-elle plaire : ajoutez à cela votre infidélité, c'en est assez pour guérir Dorante. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  179. Mon enfant, je me trompais ; je parlais d'infidélité sans la connaître. (Acte 3, scène 6, LA-COMTESE)
  180. Je n'en sais rien ; mais je l'aime, et tu m'accables, tu me pénètres de douleur ! (Acte 3, scène 6, LA-COMTESE)
  181. Misérable vanité d'être aimée ! (Acte 3, scène 6, LA-COMTESE)
  182. Essayez, faites quelques démarches, puisqu'il a droit d'être fâché, et que vous êtes dans votre tort. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  183. Toi qui dis qu'il a droit d'être fâché, voyons, Lisette, est-ce que j'ai cru le perdre ? (Acte 3, scène 6, LA-COMTESE)
  184. Travaillons à le ramener, et ne crions point inutilement contre lui. Commencez par rompre avec le Chevalier ; voilà déjà deux fois qu'il se présente pour vous voir, et que je le renvoie. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  185. Ils disont itou qu'il fera le contrat pour quatre ; ceti-là de voute ancien amoureux avec la Marquise ; ceti-là de vous et du Chevalier, voute nouviau galant. (Acte 3, scène 7, BLAISE)
  186. Ma foi, Madame, ce que j'entends là m'indigne à mon tour ; et à votre place, je me soucierais si peu de lui, que je le laisserais faire. (Acte 3, scène 7, LISETTE)
  187. Je suis d'avis de lui écrire un mot, Lisette, et que ton père aille lui rendre ma lettre à l'insu de la Marquise. (Acte 3, scène 7, LA-COMTESE)
  188. À propos de lettre, je ne songeais pas que j'en ai une sur moi que je lui écrivais tantôt, et que tout ceci me faisait oublier. (Acte 3, scène 7, LA-COMTESE)
  189. N'y aura pas d'aparcevance : stapendant qu'il lira voute lettre je la renforcerons de queuque remontration. (Acte 3, scène 7, BLAISE)
  190. Vous devez vous être aperçu de mes sentiments. (Acte 3, scène 8, LA-COMTESE)
  191. Aussi le comble de votre bonheur peut-il ce soir arriver de la part de la Marquise. (Acte 3, scène 8, LA-COMTESE)
  192. Je n'ai point d'autre parti à vous offrir que de retourner à elle, et je me charge de vous réconcilier. (Acte 3, scène 8, LA-COMTESE)
  193. J'attends réponse d'une lettre ; vous saurez le reste quand je l'aurai reçue : différez votre départ jusque-là. (Acte 3, scène 8, LA-COMTESE)
  194. Madame, mon maître et Madame la Marquise envoient savoir s'ils ne vous importuneront pas : ils viennent vous prononcer votre arrêt et le mien ; car je n'épouserai point Lisette, puisque mon maître ne veut pas de vous. (Acte 3, scène 9, ARLEQUIN)
  195. Il faut qu'il n'ait pas reçu ma lettre, Lisette. (Acte 3, scène 9, LA-COMTESE)
  196. Ils vont entrer, car ils sont à la porte. (Acte 3, scène 9, ARLEQUIN)
  197. Ce que je vais leur dire va vous mettre au fait, Chevalier ; ce ne sera point ma faute, si vous n'êtes pas content. (Acte 3, scène 9, LA-COMTESE)
  198. Allons, jé suis dupe ; c'est être au fait. (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  199. Quand il vous plaira, Madame ; c'est à vous à qui je le demande ; son bonheur est entre vos mains ; vous en êtes l'arbitre. (Acte 3, scène 10, LA-COMTESE)
  200. Si je le suis, vous l'épouserez dès aujourd'hui, et vous nous permettrez de joindre notre mariage au vôtre. (Acte 3, scène 10, LA MARQUISE)
  201. Le vôtre ! (Acte 3, scène 10, LA-COMTESE)
  202. Oui, Comtesse, Madame me fait l'honneur de me donner sa main ; et comme nous sommes chez vous, nous venons vous prier de permettre qu'on nous y unisse. (Acte 3, scène 10, DORANTE)
  203. Non, Monsieur, non : l'honneur serait très grand, très flatteur ; mais j'ai lieu de penser que le ciel vous réserve un autre sort. (Acte 3, scène 10, LA-COMTESE)
  204. Nous avons changé votre économie : jé tombé dans lé lot dé Madame la Marquise, et Madame la Comtessé tombé dans lé tien. (Acte 3, scène 10, LE CHEVALIER)
  205. Il vous en a coûté des sentiments pour moi ; vous m'aimez, et j'en suis fâchée : mais votre amour servait à mes desseins. (Acte 3, scène 10, LA-COMTESE)
  206. Quant à vous, Dorante, vous m'avez assez mal payée d'une épreuve aussi tendre : la délicatesse de sentiments qui m'a persuadée de la faire, n'a pas lieu d'être trop satisfaite ; mais peut-être le parti que vous avez pris vient-il plus de ressentiment que de médiocrité d'amour : j'ai poussé les choses un peu loin ; vous avez pu y être trompé ; je ne veux point vous juger à la rigueur ; je ferme les yeux sur votre conduite, et je vous pardonne. (Acte 3, scène 10, LA COMTESE)
  207. Voici lé compte juste ; vous avez contrefait dé l'amour, dites-vous, Madame ; jé n'en valais pas davantage ; mais votre estime a surpassé mon prix. Né rétranchez rien du fatal honneur qué vous m'avez fait : jé vous aimais, vous mé lé rendiez cordialement. (Acte 3, scène 10, LE CHEVALIER)
  208. Prends un regard dé ces beaux yeux pour té servir d'antidote ; demeure avec cet objet qué l'amour venge dans mon coeur : jé lé dis à régret, jé disputerais Madame dé tout mon sang, s'il m'appartenait d'entrer en dispute ; possède-la, Dorante, bénis lé ciel du bonheur qu'il t'accorde. (Acte 3, scène 10, LE CHEVALIER)
  209. Tâchez tous deux de nous oublier encore : vous savez comment cela fait, et cela vous doit être plus aisé cette fois-ci que l'autre. (Acte 3, scène 10, LA MARQUISE)
  210. Votre contrat avec la Marquise ? (Acte 3, scène 10, LA-COMTESE)
  211. Nous espérons même que le vôtre accompagnera celui-ci. Et vous, Chevalier, ne signerez-vous pas ? (Acte 3, scène 10, LA MARQUISE)
  212. C'est elle à qui je devrai votre coeur, si vous me le rendez, Comtesse ; elle a tout conduit. (Acte 3, scène 10, DORANTE)
  213. Je vous ai l'obligation d'être heureuse et raisonnable. (Acte 3, scène 10, LA-COMTESE)
  214. Quant à vous, Chevalier, je vous conseille de porter votre main ailleurs ; il n'y a pas d'apparence que personne vous en défasse ici. (Acte 3, scène 10, LA MARQUISE)

LE PETIT MAÎTRE CORRIGÉ (1739)

  1. Eh vraiment, je le sais bien, on n'attend plus que votre oncle pour terminer ce mariage ; d'ailleurs, Rosimond, votre futur, n'est arrivé que d'hier, et il faut vous donner patience. (Acte 1, scène 1, MARTON)
  2. On l'est ordinairement à votre place ; le mariage est une nouveauté curieuse, et la curiosité n'aime pas à attendre. (Acte 1, scène 1, MARTON)
  3. Est-ce que Rosimond n'est pas de votre goût ? (Acte 1, scène 1, MARTON)
  4. Et, à vue de pays, tout son défaut, c'est d'être ridicule. (Acte 1, scène 1, MARTON)
  5. Madame, vous en parlez bien à votre aise. (Acte 1, scène 1, MARTON)
  6. Est-ce que la raison même n'exige pas un autre procédé que le sien ? (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  7. Eh oui, la raison : mais c'est que parmi les jeunes gens du bel air, il n'y a rien de si bourgeois que d'être raisonnable. (Acte 1, scène 1, MARTON)
  8. Peut-être, aussi, ne suis-je pas de son goût. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  9. Je voudrais être bien sûre de ce que tu me dis là. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  10. Je m'y connais : cet homme-là vous aime, vous dis-je, et il n'a garde de s'en vanter, parce que vous n'allez être que sa femme ; mais je soutiens qu'il étouffe ce qu'il sent, et que son air de petit-maître n'est qu'une gasconnade avec vous. (Acte 1, scène 1, MARTON)
  11. Et c'est à quoi je voudrais tâcher ; car, s'il m'aime, il faudra bien qu'il me le dise bien franchement, et qu'il se défasse d'une extravagance dont je pourrais être la victime quand nous serons mariés, sans quoi je ne l'épouserai point ; commençons par nous assurer qu'il n'aime point ailleurs, et que je lui plais ; car s'il m'aime, j'aurai beau jeu contre lui, et je le tiens pour à moitié corrigé ; la peur de me perdre fera le reste. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  12. Je t'ouvre mon coeur, il me sera cher s'il devient raisonnable ; je n'ai pas trop le temps de réussir, mais il en arrivera ce qui pourra ; essayons, j'ai besoin de toi, tu es adroite, interroge son valet, qui me paraît assez familier avec son maître. (Acte 1, scène 1, HORTENSE)
  13. C'est à quoi je songeais : mais il y a une petite difficulté à cette commission-là ; c'est que le maître a gâté le valet, et Frontin est le singe de Rosimond ; ce faquin croit apparemment m'épouser aussi, et se donne, à cause de cela, les airs d'en agir cavalièrement, et de soupirer tout bas ; car de son côté il m'aime. (Acte 1, scène 1, MARTON)
  14. Mon maître m'envoie savoir comment vous vous portez, Madame, et s'il peut ce matin avoir l'honneur de vous voir bientôt ? (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  15. Ma belle enfant, expliquez-moi la réponse de votre maîtresse, elle est d'un goût nouveau. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  16. Mais à propos de fantaisie, savez-vous bien que votre minois en est une, et des plus piquantes ? (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  17. Oh, il est très commun, aussi bien que la réponse de ma maîtresse. (Acte 1, scène 3, MARTON)
  18. Elle est d'une ingénuité charmante ; écoutez, nos maîtres vont se marier ; vous allez venir à Paris, je suis d'avis de vous épouser aussi ; qu'en dites-vous ? (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  19. Je crains le nombre de vos maîtresses, car je vais gager que vous en avez autant que votre maître qui doit en avoir beaucoup ; nous avons entendu dire que c'était un homme fort couru, et vous aussi sans doute ? (Acte 1, scène 3, MARTON)
  20. Et votre maître et vous, continuerez-vous d'avoir des maîtresses quand vous serez nos maris ? (Acte 1, scène 3, MARTON)
  21. Tenez, il est bon de vous mettre là-dessus au fait. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  22. Je trouve sur mon chemin une personne aimable ; je suis poli, elle me goûte ; je lui dis des douceurs, elle m'en rend ; je folâtre, elle le veut bien, pratique de politesse, commodité de savoir-vivre, pure amourette que tout cela dans le mari ; la fidélité conjugale n'y est point offensée ; celle de province n'est pas de même, elle est sotte, revêche et tout d'une pièce, n'est-il pas vrai ? (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  23. Oui, mais ma maîtresse fixera peut-être votre maître, car il me semble qu'il l'aimera assez volontiers, si je ne me trompe. (Acte 1, scène 3, MARTON)
  24. Quoi, là-bas, votre maître et vous, vous n'avez encore donné votre coeur à personne ? (Acte 1, scène 3, MARTON)
  25. À qui que ce soit ; on nous aime beaucoup, mais nous n'aimons point : c'est notre usage. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  26. J'ai peur que ma maîtresse ne prenne cette coutume-là de travers. (Acte 1, scène 3, MARTON)
  27. Que non, les agréments l'y accoutumeront ; les amourettes en passant sont amusantes ; mon maître passera, votre maîtresse de même, je passerai, vous passerez, nous passerons tous. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  28. J'entre si bien dans ce que vous dites, que mon coeur a déjà passé avec vous. (Acte 1, scène 3, MARTON)
  29. Je voulais vous demander ses sentiments, dites-les-moi, vous les savez sans doute, et vous me les apprendrez plus librement qu'elle ; sa politesse me les cacherait, peut-être, s'ils n'étaient pas favorables. (Acte 1, scène 4, LA-MARQUISE)
  30. C'est à peu près de quoi nous nous entretenions, Frontin et moi, Madame ; nous disions que Monsieur votre fils est très aimable, et ma maîtresse le voit tel qu'il est ; mais je demandais s'il l'aimerait. (Acte 1, scène 4, MARTON)
  31. Non, Madame, il n'y a qu'un moment que je sais ce que je vous dis là, c'est une instruction que vient de me donner Frontin sur le coeur de son maître, et sur l'agréable économie des mariages de Paris. (Acte 1, scène 4, MARTON)
  32. Vous êtes un sot, taisez-vous ; vous pensez bien, Marton, que mon fils n'a nulle_part à de pareilles extravagances ; il a de l'esprit, il a des moeurs, il aimera Hortense, et connaîtra ce qu'elle vaut ; pour toi, je te recommanderai à ton maître, et lui dirai qu'il te corrige. (Acte 1, scène 4, LA-MARQUISE)
  33. À propos, ce bon homme qu'on attend de sa terre pour finir notre mariage, cet oncle arrive-t-il bientôt ? (Acte 1, scène 6, ROSIMOND)
  34. Mais je ne songe pas que ma maîtresse m'attend. (Acte 1, scène 6, MARTON)
  35. À propos de ta maîtresse, tu ne m'en parles pas ; j'avais dit à Frontin de demander si on pouvait la voir. (Acte 1, scène 6, ROSIMOND)
  36. Mais elle a des expressions : ta maîtresse a-t-elle autant d'esprit que toi, Marton ? (Acte 1, scène 6, ROSIMOND)
  37. Un moment, Marton, j'avais quelque chose à te dire et je m'en ressouviendrai ; Frontin, m'est-il venu des lettres ? (Acte 1, scène 6, ROSIMOND)
  38. À propos de lettres, oui, Monsieur, en voilà une qui est arrivée de quatre lieues d'ici par un exprès. (Acte 1, scène 6, FRONTIN)
  39. C'est apparemment là une lettre de commerce. (Acte 1, scène 6, MARTON)
  40. Que dites-vous là, vous autres ? (Acte 1, scène 6, ROSIMOND)
  41. Adieu, Monsieur, je crois que ma maîtresse m'appelle. (Acte 1, scène 6, MARTON)
  42. Tout ce que je puis pour votre service, c'est de régaler Hortense de l'honneur que vous lui faites de vous ressouvenir d'elle. (Acte 1, scène 6, MARTON)
  43. Oui, Monsieur ; Marton, dans la conversation, m'a par hasard fait quelques questions sur votre chapitre. (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  44. Elle m'a demandé si vous aviez des maîtresses. (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  45. Et moi qui ai voulu faire votre cour... (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  46. Consolez-vous, je vous ai peint à votre goût, c'est-à-dire, en laid. (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  47. Oui, en petit aimable ; j'ai mis une troupe de folles qui courent après vos bonnes grâces ; je vous en ai donné une demi-douzaine qui partageaient votre coeur. (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  48. C'est un article qu'il fallait épargner à la petite personne qu'on me destine ; la demi-douzaine de maîtresses est même un peu trop ; on pouvait en supprimer quelques-unes ; il y a des occasions où il ne faut pas dire la vérité. (Acte 1, scène 7, ROSIMOND)
  49. Si je n'avais dit que la vérité, il aurait peut-être fallu les supprimer toutes. (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  50. Peut-être qu'elle ne vous aime pas. (Acte 1, scène 7, FRONTIN)
  51. Oh peut-être ? (Acte 1, scène 7, ROSIMOND)
  52. Il est vrai, entre nous, que je lui trouve quelques grâces naïves ; elle a des traits ; elle ne déplaît pas. (Acte 1, scène 7, ROSIMOND)
  53. Il me semble avoir vu ton maître ici ? (Acte 1, scène 8, HORTENSE)
  54. C'est sans doute à cause de votre réponse de tantôt ; vous ne saviez pas quand vous pourriez le voir. (Acte 1, scène 8, MARTON)
  55. Il ne vous en dira peut-être rien, à cause de sa dignité de joli homme. (Acte 1, scène 8, FRONTIN)
  56. Frontin aime son maître, et cela est louable. (Acte 1, scène 8, HORTENSE)
  57. C'est de moi qu'il tient tout le bon sens qu'il vous montre. (Acte 1, scène 8, MARTON)
  58. Je le renvoie chercher, et cette démarche-là le flattera peut-être ; mais elle ne le flattera pas longtemps. (Acte 1, scène 9, HORTENSE)
  59. Je sens que je m'y intéresse trop ; que le coeur s'en mêle, et y prend trop de part : je ne le corrigerai peut-être pas, et j'ai peur d'en être fâchée. (Acte 1, scène 9, HORTENSE)
  60. J'ai mis le valet à la raison, je l'ai réduit : vous réduirez le maître. (Acte 1, scène 9, MARTON)
  61. Continuez ; ce n'est pas avec des yeux comme les vôtres qu'on manque son coup ; vous le verrez. (Acte 1, scène 9, MARTON)
  62. Nulle ; il n'y a encore été amoureux que de la réputation d'être aimable. (Acte 1, scène 9, MARTON)
  63. Serait-il vrai que son maître eût de la disposition à m'aimer ? (Acte 1, scène 9, HORTENSE)
  64. Mais prétendez-vous qu'il soit tout d'un coup comme un autre ? (Acte 1, scène 9, MARTON)
  65. Voilà toujours votre père à sa place ; il a peut-être à vous parler, et je vous laisse. (Acte 1, scène 9, MARTON)
  66. Ma fille, je désespère de voir ici mon frère, je n'en reçois point de nouvelles, et s'il n'en vient point aujourd'hui ou demain au plus tard, je suis d'avis de terminer votre mariage. (Acte 1, scène 10, CHRISANTE)
  67. Tantôt vous ne saviez pas si vous le pouviez, m'a-t-on dit ; et peut-être est-ce encore de même ? (Acte 1, scène 12, ROSIMOND)
  68. Quel secret ceux qui vous voyent ont-ils, pour n'être que vos amis, avec ces yeux-là ? (Acte 1, scène 12, ROSIMOND)
  69. Si parmi ces amis il en est qui soient autre chose, du moins sont-ils discrets, et je ne les connais pas. (Acte 1, scène 12, HORTENSE)
  70. Attendez, la dentelle est passable ; de cet après-midi le hasard en décidera ; de notre mariage, je ne puis rien en dire, et c'est de quoi j'ai à vous entretenir, si vous voulez bien me laisser parler. (Acte 1, scène 12, HORTENSE)
  71. Il devrait être fait ; les parents ne finissent point ! (Acte 1, scène 12, ROSIMOND)
  72. Ces choses-là surtout, quand elles sont aimables, veulent être expédiées, on y pense après. (Acte 1, scène 12, ROSIMOND)
  73. C'est une autre affaire ; la difficulté ne me regarderait point : il est vrai que j'espérais, Madame, j'espérais, je vous l'avoue. (Acte 1, scène 12, ROSIMOND)
  74. Quant au retardement de notre mariage, dont je ne vois pas les raisons, je ne m'en mêlerai point, je n'aurais garde, on me mène, et je suivrai. (Acte 1, scène 12, ROSIMOND)
  75. Allons, Dorante, rendez vos premiers hommages à votre vainqueur. (Acte 1, scène 13, ROSIMOND)
  76. Et vous, Madame, voilà le vôtre. (Acte 1, scène 14, DORIMÈNE)
  77. C'est une lettre que je viens de trouver, lettre d'amour écrite à Rosimond, mais d'un amour qui me paraît sans conséquence. (Acte 1, scène 15, MARTON)
  78. Monsieur l'impertinent, vous avez beau faire, vous deviendrez charmant sur ma parole, je l'ai entrepris. (Acte 1, scène 15, MARTON)
  79. Avançons encore quelques pas, Monsieur, pour être plus à l'écart, j'aurais un mot à vous dire ; vous êtes l'ami de mon fils, et autant que j'en puis juger, il ne saurait avoir fait un meilleur choix. (Acte 2, scène 1, LA-MARQUISE)
  80. Il n'est pas aussi raisonnable que vous me paraissez l'être, et je voudrais bien que vous m'aidassiez à le rendre plus sensé dans les circonstances où il se trouve ; vous savez qu'il doit épouser Hortense ; nous n'attendons que l'instant pour terminer ce mariage ; d'où vient, Monsieur, le peu d'attention qu'il a pour elle ? (Acte 2, scène 1, LA-MARQUISE)
  81. Sans doute, et je ne vous désapprouve pas ; mais ce n'est pas à Dorimène à qui il faut que mon fils fasse aujourd'hui la sienne ; et personne ici ne doit montrer plus d'empressement que lui pour Hortense. (Acte 2, scène 1, LA-MARQUISE)
  82. Sa conduite est ridicule, elle peut choquer Hortense, et je vous conjure, Monsieur, de l'avertir qu'il en change ; les avis d'un ami comme vous lui feront peut-être plus d'impression que les miens ; vous êtes venu avec Dorimène, je la connais fort peu ; vous êtes de ses amis, et je souhaiterais qu'elle ne souffrît pas que mon fils fût toujours auprès d'elle ; en vérité, la bienséance en souffre un peu ; elle est alliée de la maison où nous sommes, mais elle est venue ici sans qu'on l'y appelât ; y reste-t-elle ? (Acte 2, scène 1, LA-MARQUISE)
  83. Je n'ai pas beaucoup de pouvoir sur elle ; mais je verrai, Madame, et tâcherai de répondre à l'honneur de votre confiance. (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  84. Je vous le demande en grâce, Monsieur, et je vous recommande les intérêts de mon fils et de votre ami. (Acte 2, scène 1, LA-MARQUISE)
  85. Il y a deux heures que je n'ai pas le sens commun, Dorante, pas le sens commun ; deux heures que je m'entretiens avec une Marquise qui se tient d'un droit, qui a des gravités, qui prend des mines d'une dignité ; avec une petite Baronne si folichonne, si remuante, si méthodiquement étourdie ; avec une Comtesse si franche, qui m'estime tant, qui m'estime tant, qui est de si bonne amitié ; avec une autre qui est si mignonne, qui a de si jolis tours de tête, qui accompagne ce qu'elle dit avec des mains si pleines de grâces ; une autre qui glapit si spirituellement, qui traîne si bien les mots, qui dit si souvent, mais Madame, cependant Madame, il me paraît pourtant ; et puis un bel esprit si diffus, si éloquent, une jalouse si difficile en mérite, si peu touchée du mien, si intriguée de ce qu'on m'en trouvait. (Acte 2, scène 2, DORIMÈNE)
  86. Je pense qu'il écrit à Paris, et je sors d'un entretien avec sa mère. (Acte 2, scène 2, DORANTE)
  87. Un moment, Madame, je suis chargé d'une petite commission pour vous ; c'est que je vous avertis que la Marquise ne trouve pas bon que vous entreteniez le Marquis. (Acte 2, scène 2, DORANTE)
  88. C'est toi, Dorante ; dis-moi, par hasard, n'aurais-tu point trouvé une lettre à terre ? (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  89. Peut-être personne ne l'aura-t-il encore ramassé : et d'ailleurs, cela te chagrine-t-il tant ? (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  90. Ce qui en doit arriver doit être fort indifférent à un homme comme toi. (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  91. Elle a une terre à quelques lieues de la leur, elle y est venue, et à peine arrivée, m'a écrit, par un exprès, qu'elle venait ici, et que je la verrais une heure après sa lettre, qui est celle que j'ai perdue. (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  92. Ce mariage-ci lui déplaît, elle ne veut pas que je l'achève, et de vingt galanteries qu'elle a eues en sa vie, il faut que la nôtre soit la seule qu'elle honore de cette opiniâtreté d'amour : il n'y a que moi à qui cela arrive. (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  93. Je te croyais plus dégagé que cela ; j'osais quelquefois entretenir Hortense : mais je vois bien qu'il faut que je parte, et je n'y manquerai pas. (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  94. Il me semble que la Marquise ne me voit pas volontiers ici, et qu'elle n'aime pas à me trouver en conversation avec Hortense ; et je te demande pardon de ce que je vais te dire, mais il m'a passé dans l'esprit que tu avais pu l'indisposer contre moi, et te servir de sa méchante humeur pour m'insinuer de m'en aller. (Acte 2, scène 3, DORANTE)
  95. Mais, oui-da, je suis peut-être jaloux. (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  96. Ne devrais-je pas, si je l'en crois, être aux genoux d'Hortense, et lui débiter mes langueurs ? (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  97. J'ai tort de n'aller pas, une houlette à la main, l'entretenir de ma passion pastorale : elle vient de me quereller tout à l'heure, me reprocher mon indifférence ; elle m'a dit des injures, Monsieur, des injures : m'a traité de fat, d'impertinent, rien que cela, et puis je m'entends avec elle ! (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  98. Il y a à craindre, à cause que je l'épouse, que mon coeur ne s'enflamme et ne prenne la chose à la lettre ! (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  99. Ce visage-là pourrait devenir quelque chose s'il appartenait à une femme du monde, et notre provinciale n'en fait rien ; mais cela est bon pour une femme, on la prend comme elle vient. (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  100. Là-dessus, toutes les permissions du monde au suppliant, si elles pouvaient lui être bonnes à quelque chose. (Acte 2, scène 3, ROSIMOND)
  101. Où est votre maîtresse, Marton ? (Acte 2, scène 1, DORANTE)
  102. D'une lettre que j'ai trouvée, Monsieur, et qui est apparemment celle que vous avez tantôt reçue de Frontin. (Acte 2, scène 5, MARTON)
  103. Et ce sont eux qui vous ont dit que la lettre m'appartenait ? (Acte 2, scène 5, ROSIMOND)
  104. Est-ce que cette lettre est de quelque conséquence ? (Acte 2, scène 5, MARTON)
  105. De tout mon coeur, je vous le promets, quoique ce soit une précaution assez inutile, comme je vous dis, car ma maîtresse ne vous en parlera seulement pas. (Acte 2, scène 5, MARTON)
  106. Tant mieux, tant mieux, je ne m'attendais pas à tant de modération ; serait-ce que notre mariage lui déplaît ? (Acte 2, scène 5, ROSIMOND)
  107. Je ne me serais pas avisé de soupçonner son éloignement pour moi, il faut être fait à se douter de pareille chose ! (Acte 2, scène 5, ROSIMOND)
  108. Il est vrai qu'on est presque sûr d'être aimé quand on vous ressemble, aussi ma maîtresse vous aurait-elle épousé d'abord assez volontiers : mais je ne sais, il y a eu du malheur, vos façons l'ont choquée. (Acte 2, scène 5, MARTON)
  109. Je suis persuadée qu'elles sont toutes des meilleures : mais, tenez, malgré cela je vous avoue moi-même que je ne pourrais pas m'empêcher d'en rire si je ne me retenais pas, tant elles nous paraissent plaisantes à nous autres provinciales ; c'est que nous sommes des ignorantes. (Acte 2, scène 5, MARTON)
  110. Doucement, confiez-moi ce que votre maîtresse y trouve à redire. (Acte 2, scène 5, ROSIMOND)
  111. Vous savez bien que vous avez peur de faire l'amoureux de ma maîtresse, parce qu'apparemment cela ne serait pas de bonne grâce dans un joli homme comme vous ; mais comme Hortense est aimable et qu'il s'agit de l'épouser, nous trouvons cette peur-là si burlesque ! (Acte 2, scène 5, MARTON)
  112. Vous avez raison, Monsieur, je suis votre servante. (Acte 2, scène 5, MARTON)
  113. Dès que Dorante et Dorimène sont arrivés ici, vous avez dit qu'il fallait que Dorante aimât ma maîtresse, pendant que vous feriez l'amour à Dorimène, et cela à la veille d'épouser Hortense ; Monsieur, nous en avons pensé mourir de rire, ma maîtresse et moi ! (Acte 2, scène 5, MARTON)
  114. Monsieur, n'en prenez pas la peine ; ce ne serait pas en contrefaisant le benêt que vous feriez revenir les bonnes dispositions où ma maîtresse était pour vous ; ce que je vous dis sous le secret, au moins ; mais vous ne réussiriez, ni comme benêt ni comme comique. (Acte 2, scène 5, MARTON)
  115. Est-ce votre future qui vous occupe ? (Acte 2, scène 6, DORIMÈNE)
  116. Oui, je m'occupais des reproches qu'on me faisait de mon indifférence pour elle, et je vais tâcher d'y mettre ordre ; elle est là-bas avec Dorante, y venez-vous ? (Acte 2, scène 6, ROSIMOND)
  117. Arrêtez, arrêtez ; il s'agit de mettre ordre à quelque chose de plus important. (Acte 2, scène 6, DORIMÈNE)
  118. C'est l'amour que vous avez pour moi, c'est le vôtre, c'est le mien qui en décideront, s'il vous plaît. (Acte 2, scène 6, DORIMÈNE)
  119. Vous ne mettrez pas des volontés de parents en parallèle avec des raisons de cette force-là, sans doute, et je veux demain que tout cela finisse. (Acte 2, scène 6, DORIM?NE)
  120. Le terme est court, on aurait de la peine à faire ce que vous dites là ; je désespère d'en venir à bout, moi, et vous en parlez bien à votre aise. (Acte 2, scène 6, ROSIMOND)
  121. Nous sommes à Paris, je vous perds deux jours de vue ; et dans cet intervalle, j'apprends que vous êtes parti avec votre mère pour aller vous marier, pendant que vous m'aimez, pendant qu'on vous aime, et qu'on vient tout récemment, comme vous le savez, de congédier là-bas le Chevalier, pour n'avoir de liaison de coeur qu'avec vous ? (Acte 2, scène 6, DORIMÈNE)
  122. Non, Monsieur, vous ne vous marierez point : n'y songez pas, car il n'en sera rien, cela est décidé ; votre mariage me déplaît. (Acte 2, scène 6, DORIM?NE)
  123. Je le passerais à un autre ; mais avec vous ! (Acte 2, scène 6, DORIM?NE)
  124. Eh bien, gardez votre faiblesse : j'y suppléerai, je parlerai à votre prétendue. (Acte 2, scène 6, DORIMÈNE)
  125. Je vous épouserai, Monsieur, j'ai du bien, de la naissance, qu'on nous marie ; c'est peut-être le vrai moyen de me guérir d'un amour que vous ne méritez pas que je conserve. (Acte 2, scène 6, DORIMÈNE)
  126. Monsieur, Madame est de trop ; la moitié de ce que j'ai à vous dire est contre elle. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  127. L'amour, Monsieur, l'amour, à votre belle Hortense ! (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  128. Votre belle : voilà une épithète bien placée ! (Acte 2, scène 7, DORIMÈNE)
  129. Je défie qu'on la place mieux ; si vous entendiez là-bas comme il se démène, comme les déclarations vont dru, comme il entasse les soupirs, j'en ai déjà compté plus de trente de la dernière conséquence, sans parler des génuflexions, des exclamations : Madame, par-ci, Madame, par-là ! (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  130. Oui, cette main-ci voudra peut-être bien me dédommager du tort qu'on me fait sur l'autre. (Acte 2, scène 7, ROSIMOND)
  131. Renvoyez cet homme-là, Monsieur ; j'admire votre sang-froid. (Acte 2, scène 7, DORIMÈNE)
  132. Non, Monsieur, elle m'a corrigé, j'étais petit-maître aussi bien qu'un autre ; je ne voulais pas aimer Marton que je dois épouser, parce que je croyais qu'il était malhonnête d'aimer sa future ; mais cela n'est pas vrai, Monsieur, fiez-vous à ce que je dis, je n'étais qu'un sot, je l'ai bien compris. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  133. Faites comme moi, j'aime à présent de tout mon coeur, et je le dis tant qu'on veut : suivez mon exemple ; Hortense vous plaît, je l'ai remarqué, ce n'est que pour être joli homme, que vous la laissez là, et vous ne serez point joli, Monsieur. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  134. Je n'ai pas tout dit, la lettre est retrouvée, Hortense et Monsieur_le_Comte l'ont lue d'un bout à l'autre, mettez-y ordre ; ce maudit papier est encore de Madame. (Acte 2, scène 7, FRONTIN)
  135. Ne vous embarrassez pas, voici Hortense et Dorante qui s'avancent, et qui paraissent s'entretenir avec assez de vivacité. (Acte 2, scène 7, ROSIMOND)
  136. Je vous crois sincère, Dorante ; mais quels que soient vos sentiments, je n'ai rien à y répondre jusqu'ici ; on me destine à un autre. (Acte 2, scène 8, HORTENSE)
  137. Il sera donc votre époux, Madame ? (Acte 2, scène 8, DORANTE)
  138. Quel est donc votre dessein ? (Acte 2, scène 8, ROSIMOND)
  139. Taisez-vous, Marquis ; votre politesse ici consiste à garder le silence ; imaginez-vous que vous n'y êtes point. (Acte 2, scène 8, DORIMÈNE)
  140. Votre coeur et le mien sont engagés, vous m'aimez. (Acte 2, scène 8, DORIMÈNE)
  141. Voudriez-vous l'épouser, Hortense, prévenu d'une autre passion ? (Acte 2, scène 8, DORIMÈNE)
  142. Il faut qu'un mari vous aime, votre coeur ne s'en passerait pas ; ce sont vos usages, ils sont fort bons ; n'en sortez point, et travaillons de concert à rompre votre mariage. (Acte 2, scène 8, DORIM?NE)
  143. Monsieur, je vous avertis que voilà votre mère avec Monsieur_le_Comte, qui vous cherchent, et qui viennent vous parler. (Acte 2, scène 9, FRONTIN)
  144. C'est une manière de petit-maître en femme qui tire sur le coquet, sur le cavalier même, n'y faisant pas grande façon pour dire ses sentiments, et qui s'avise d'en avoir pour moi, que je ne saurais brusquer comme vous voyez ; mais vous croyez bien qu'on sait faire la différence des personnes ; on distingue, Madame, on distingue. (Acte 2, scène 9, ROSIMOND)
  145. Reste, il va peut-être question de ce billet perdu, et il faut que tu le prennes sur ton compte. (Acte 2, scène 10, ROSIMOND)
  146. Mon fils, Monsieur_le_Comte a besoin d'un éclaircissement, sur certaine lettre sans adresse, qu'on a trouvée et qu'on croit s'adresser à vous ? (Acte 2, scène 11, LA-MARQUISE)
  147. Tout ce que je puis dire à cela, Madame, c'est que je n'ai point perdu de lettre. (Acte 2, scène 11, ROSIMOND)
  148. C'est peut-être la tienne. (Acte 2, scène 11, ROSIMOND)
  149. Mais, oui, je me rappelle du Marquis dans cette lettre ; elle est, dites-vous, signée la Comtesse ? (Acte 2, scène 11, FRONTIN)
  150. Je ne savais pas que Frontin fût un Marquis déguisé, ni qu'il fût en commerce de lettres avec des Comtesses. (Acte 2, scène 11, LE-COMTE)
  151. Tenez Monsieur, je connais un garçon qui avait l'honneur d'être à vous pendant votre séjour à Paris, et qu'on appelait familièrement Monsieur_le_Comte. (Acte 2, scène 11, FRONTIN)
  152. Cela ne se pratique pas autrement ; voilà l'usage parmi nous autres subalternes de qualité, pour établir quelque subordination entre la livrée bourgeoise et nous ; c'est ce qui nous distingue. (Acte 2, scène 11, FRONTIN)
  153. Je le veux bien ; tout ce qui m'inquiète, c'est que ma fille a vu cette lettre, elle ne m'en a pourtant pas paru moins tranquille : mais elle est réservée, et j'aurais peur qu'elle ne crût pas l'histoire des promotions de Frontin si aisément. (Acte 2, scène 11, LE-COMTE)
  154. Monsieur, chaque nation a ses coutumes ; voilà les coutumes de la nôtre. (Acte 2, scène 11, FRONTIN)
  155. Il y pourrait, pourtant, rester une petite difficulté ; c'est que dans cette lettre on y parle d'une provinciale, et d'un mariage avec elle qu'on veut empêcher en venant ici, cela ressemblerait assez à notre projet. (Acte 2, scène 11, LE-COMTE)
  156. Vous allez être au fait. (Acte 2, scène 11, FRONTIN)
  157. Je vous ai dit que nous prenions vos titres. (Acte 2, scène 11, FRONTIN)
  158. Oui, vous prenez le nom de vos maîtres. (Acte 2, scène 11, LE-COMTE)
  159. Oui, Monsieur, mais quand nos maîtres passent par le mariage, nous autres, nous quittons le célibat ; le maître épouse la maîtresse, et nous la suivante, c'est encore la règle ; et par cette règle que j'observerai, vous voyez bien que Marton me revient. (Acte 2, scène 11, FRONTIN)
  160. N'en parlons plus, ce n'est pas même votre amour pour Dorimène qui m'inquiéterait ; je sais ce que c'est que ces amours-là : entre vous autre gens du bel air, souffrez que je vous dise que vous ne vous aimez guère, et Dorimène notre alliée est un peu sur ce ton-là. (Acte 2, scène 11, LE-COMTE)
  161. Ma fille, je sens les motifs de votre refus ; c'est ce billet qu'on a perdu qui vous alarme ; mais Rosimond dit qu'il ne sait ce que c'est. (Acte 2, scène 12, LE-COMTE)
  162. Rosimond est trop honnête homme pour le nier sérieusement, mon père ; les vues qu'on avait pour nous ont peut-être pu l'engager d'abord à le nier ; mais j'ai si bonne opinion de lui, que je suis persuadée qu'il ne le désavouera plus. (Acte 2, scène 12, HORTENSE)
  163. Je n'ose vous dire que j'en ai reconnu l'écriture ; j'ai reçu de vos lettres, Madame. (Acte 2, scène 12, LE-COMTE)
  164. Plus que tu ne crois, peut-être. (Acte 2, scène 13, ROSIMOND)
  165. Ce qui m'en fâche, c'est que me voilà pourtant obligé d'épouser cette folle de comtesse ; il n'y a point d'autre parti à prendre ; car, à propos de quoi Hortense me refuserait-elle, si ce n'est à cause de Dorimène ? (Acte 2, scène 13, ROSIMOND)
  166. Je lui avais donné de l'amour, vous diriez-vous, et ce n'est pas là un présent si rare ; mais il n'avait point de raison, je pouvais lui en donner, il n'y avait peut-être que moi qui en fût capable ; et j'ai laissé partir cet honnête homme sans lui rendre ce service-là qui nous aurait tant accommodé tous deux. (Acte 3, scène 1, MARTON)
  167. Ne l'épargnez point : désespérez-le pour le vaincre ; Frontin là-bas attend votre réponse pour la porter à son maître. (Acte 3, scène 1, MARTON)
  168. Sais-tu ce que me veut ton maître ? (Acte 3, scène 1, HORTENSE)
  169. Non, Madame, il n'y a encore rien de réglé là-dessus ; et en attendant, c'est par force qu'il demande à vous voir ; il ne saurait faire autrement : Il n'y a pas moyen qu'il s'en passe ; il faut qu'il vienne. (Acte 3, scène 1, FRONTIN)
  170. Tu l'as dit : c'est son coeur qui a besoin du vôtre, Madame ; qui voudrait l'avoir à bon marché ; qui vient savoir à quel prix vous le mettez, le marchander du mieux qu'il pourra, et finir par en donner tout ce que vous voudrez, tout ménager qu'il est ; c'est ma pensée. (Acte 3, scène 1, FRONTIN)
  171. Où est donc votre maîtresse ? (Acte 3, scène 3, ROSIMOND)
  172. Après tout ce qui s'est passé, il ne sied pas beaucoup, dit-elle, que vous ayez un entretien ensemble, elle souhaiterait se l'épargner ; d'ailleurs, je m'imagine qu'elle ne veut pas inquiéter Dorante qui ne la quitte guère, et vous n'avez qu'à me dire de quoi il s'agit. (Acte 3, scène 3, MARTON)
  173. Peut-être bien. (Acte 3, scène 3, MARTON)
  174. Je retourne à ma terre ; de là à Paris où je vous attends pour notre mariage ; car il est devenu nécessaire depuis l'éclat qu'on a fait ; vous ne pouvez me venger du dédain de votre mère que par là ; il faut absolument que je vous épouse. (Acte 3, scène 4, DORIMÈNE)
  175. C'est que je veux ménager un raccommodement entre vous et ma mère. (Acte 3, scène 4, ROSIMOND)
  176. C'est qu'on croirait peut-être que je regrette Hortense, et je veux qu'on sache qu'elle ne me refuse que parce que j'aime ailleurs. (Acte 3, scène 4, ROSIMOND)
  177. Eh bien, il n'en sera que mieux que je sois présente, la preuve de votre amour en sera encore plus forte, quoique, à vrai dire, elle soit inutile ; ne sait-on pas que vous m'aimez ? (Acte 3, scène 4, DORIMÈNE)
  178. Attendez donc ; ne pouvez-vous m'épouser qu'avec l'agrément de votre mère ? (Acte 3, scène 4, DORIMÈNE)
  179. Madame, n'hésitez point à entretenir Monsieur_le_Marquis, il m'a assuré qu'il ne serait point question d'amour entre vous, et que ce qu'il a à vous dire ne concerne uniquement que Dorimène ; il m'en a donné sa parole. (Acte 3, scène 5, MARTON)
  180. Autre précaution. (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  181. Notre entretien vous est si à charge que j'hésite de le continuer. (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  182. Ne devez-vous pas être charmé, Monsieur, qu'on vous débarrasse d'un mariage où vous ne vous engagiez que par complaisance ? (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  183. Qu'on eût été content sans devoir l'être ? (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  184. Y a-t-il matière de rupture entre nous ? (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  185. Vous me permettrez de vous retenir ! (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  186. Vous laisserez là Dorante, et il n'y a point ici, s'il vous plaît, d'autre raccommodement à faire que le mien avec vous ; il n'y en a point de plus pressé. (Acte 3, scène 5, ROSIMOND)
  187. Tenez, Madame, vous croyez peut-être que Monsieur_le_Marquis ne vous aime point, parce qu'il ne vous le dit pas bien bourgeoisement, et en termes précis ; mais faut-il réduire un homme comme lui à cette extrémité-là ? (Acte 3, scène 5, MARTON)
  188. A votre place, pourtant, Monsieur, je m'y résoudrais. (Acte 3, scène 5, MARTON)
  189. C'est que votre petit jargon de galanterie me choque, me révolte, il soulève la raison : C'est pourtant dommage. (Acte 3, scène 5, HORTENSE)
  190. Je ne suis point de trop, Madame, je sais le sujet de votre entretien, il me l'a dit. (Acte 3, scène 7, DORIMÈNE)
  191. Point du tout, nous avons pensé nous quereller là-dessus à cause de la répugnance que j'y avais : il n'a pas même voulu que je fusse présente à votre entretien. (Acte 3, scène 7, DORIMÈNE)
  192. Je viens de rencontrer la Marquise qui m'a saluée d'un air si glacé, si dédaigneux, que voilà qui est fait, abandonnons ce projet ; il y a des moyens de se passer d'une cérémonie si désagréable : elle me rebuterait de notre mariage. (Acte 3, scène 7, DORIM?NE)
  193. Suivez-nous aussi, ma fille ; et vous, Marquis, attendez ici, on vous dira quand il sera temps de paraître. (Acte 3, scène 7, LE-COMTE)
  194. Et cet entretien que vous avez eu avec elle, il a donc mal fini ? (Acte 3, scène 8, FRONTIN)
  195. Voyez comme je parle naturellement à cette heure, en comparaison d'autrefois que je prenais des tons si sots : Bonjour, la belle enfant, qu'est-ce ? (Acte 3, scène 8, FRONTIN)
  196. Monsieur, ma maîtresse que j'ai rencontrée en passant, comme elle vous quittait, m'a chargé de vous prier d'une chose qu'elle a oublié de vous dire tantôt, et dont elle n'aurait peut-être pas le temps de vous avertir assez tôt : C'est que Monsieur_le_Comte pourra vous parler de Dorante, vous faire quelques questions sur son caractère ; et elle souhaiterait que vous en dissiez du bien ; non pas qu'elle l'aime encore, mais comme il s'y prend d'une manière à lui plaire, il sera bon, à tout hasard, que Monsieur_le_Comte soit prévenu en sa faveur. (Acte 3, scène 9, MARTON)
  197. C'en est trop ; ce trait me pousse à bout : Allez, Marton, dites à votre maîtresse que son procédé est injurieux, et que Dorante, pour qui elle veut que je parle, me répondra de l'affront qu'on me fait aujourd'hui. (Acte 3, scène 9, ROSIMOND)
  198. Par quel intérêt refusez-vous d'obliger ma maîtresse, qui vous sert actuellement vous-même, et qui, en revanche, vous demande en grâce de servir votre propre ami ? (Acte 3, scène 9, MARTON)
  199. Pourquoi se fâche-t-il contre Hortense ? (Acte 3, scène 9, MARTON)
  200. Est-ce que ma maîtresse se doute seulement que vous l'aimez ? (Acte 3, scène 9, MARTON)
  201. Jamais le mot d'amour est-il sorti de votre bouche pour elle ? (Acte 3, scène 9, MARTON)
  202. Il semblait que vous auriez eu peur de compromettre votre importance ; ce n'était pas la peine que votre coeur se développât sérieusement pour ma maîtresse, ni qu'il se mît en frais de sentiment pour elle. (Acte 3, scène 9, MARTON)
  203. Trop heureuse de vous épouser, vous lui faisiez la grâce d'y consentir : je ne vous parle si franchement, que pour vous mettre au fait de vos torts ; il faut que vous les sentiez : c'est de vos façons dont vous devez rougir, et non pas d'un amour qui ne vous fait qu'honneur. (Acte 3, scène 9, MARTON)
  204. Avec tout ce qui peut rendre un homme aimable, vous n'avez rien oublié pour vous empêcher de l'être. (Acte 3, scène 9, MARTON)
  205. Oui, elle m'a dit que vous l'aviez scandalisée ; car elle est notre amie. (Acte 3, scène 9, FRONTIN)
  206. C'est un malentendu qui nous sépare ; et puis, concluons quelque chose, un mariage arrêté, convenable, dont je faisais cas : voilà de votre style ; et avec qui ? (Acte 3, scène 9, MARTON)
  207. Je ne dis pas cela, Monsieur_le_Marquis, votre état me touche, et peut-être touchera-t-il ma maîtresse. (Acte 3, scène 9, MARTON)
  208. Continuerez-vous d'être aussi aimable que vous l'êtes actuellement ? (Acte 3, scène 9, MARTON)
  209. N'y a-t-il plus de petit-maître ? (Acte 3, scène 9, MARTON)
  210. Non, je me fais justice ; je ne suis pas même digne de votre haine, et vous ne me devez que du mépris ; mais mon coeur vous a manqué de respect ; il vous a refusé l'aveu de tout l'amour dont vous l'aviez pénétré, et je veux, pour l'en punir, vous déclarer les motifs ridicules du mystère qu'il vous en a fait. (Acte 3, scène 10, ROSIMOND)
  211. Triomphez donc d'un malheureux qui vous adorait, qui a pourtant négligé de vous le dire, et qui a porté la présomption, jusqu'à croire que vous l'aimeriez sans cela : voilà ce que j'étais devenu par de faux airs ; refusez-m'en le pardon que je vous en demande ; prenez en réparation de mes folies l'humiliation que j'ai voulu subir en vous les apprenant ; si ce n'est pas assez, riez-en vous-même, et soyez sûre d'en être toujours vengée par la douleur éternelle que j'en emporte. (Acte 3, scène 10, ROSIMOND)
  212. Votre père consent à mon bonheur, si vous y consentez vous-même, Madame. (Acte 3, scène 11, DORANTE)
  213. Elle est présente ; et je dis que je vous adore ; et je le dis sans être infidèle : approuvez que je n'en dise pas davantage. (Acte 3, scène 11, ROSIMOND)
  214. Adieu, belle Hortense ; ma présence doit vous être à charge. (Acte 3, scène 11, ROSIMOND)
  215. Puisse Dorante, à qui vous accordez votre coeur, sentir toute l'étendue du bonheur que je perds. (Acte 3, scène 11, ROSIMOND)
  216. Ne me sachez pas mauvais gré de ce qui s'est passé ; je vous ai refusé ma main, j'ai montré de l'éloignement pour vous ; rien de tout cela n'était sincère : c'était mon coeur qui éprouvait le vôtre. (Acte 3, scène 11, HORTENSE)
  217. Vous devez tout à mon penchant ; je voulais pouvoir m'y livrer, je voulais que ma raison fût contente, et vous comblez mes souhaits ; jugez à présent du cas que j'ai fait de votre coeur par tout ce que j'ai tenté pour en obtenir la tendresse entière. (Acte 3, scène 11, HORTENSE)
  218. Nous les destinions l'un à l'autre, Monsieur ; vous m'aviez demandé ma fille : mais vous voyez bien qu'il n'est plus question d'y songer. (Acte 3, scène 12, LE-COMTE)
  219. Je ne me plains point, Madame ; mais votre procédé est cruel. (Acte 3, scène 12, DORANTE)
  220. Vous n'avez rien à me reprocher, Dorante ; vous vouliez profiter des fautes de votre ami, et ce dénouement-ci vous rend justice. (Acte 3, scène 12, HORTENSE)

LA MÉPRISE (1739)

  1. Nous n'avons vu la maîtresse et la suivante qu'une fois ; encore, ce fut par un coup du hasard que nous les rencontrâmes hier dans cette promenade-ci ; elles ne furent avec nous qu'un instant ; nous ne les connaissons point ; de ton propre aveu, la suivante ne te répondit rien quand tu lui parlas : quelle apparence y a-t-il qu'elle ait fait la moindre attention à ce que tu lui dis ? (Acte 1, scène 1, ERGASTE)
  2. Mon maître en tient pour votre maîtresse, lui dis-je tout bas en me rapprochant d'elle ; son coeur est pris, c'est autant de perdu ; celui de votre maîtresse me paraît bien aventuré, j'en crois la moitié de partie, et l'autre en l'air. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  3. Du mien, vous n'en avez pas fait à deux fois, vous me l'avez expédié d'un coup d'oeil ; en un mot, ma charmante, je t'adore : nous reviendrons demain ici, mon maître et moi, à pareille heure, ne manque point d'y mener ta maîtresse, afin qu'on donne la dernière main à cet amour-ci, qui n'a peut-être pas toutes ses façons ; moi, je m'y rendrai une heure avant mon maître, et tu entends bien que c'est t'inviter d'en faire autant ; car il sera bon de nous parler sur tout ceci, n'est-ce pas ? (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  4. Nos coeurs ne seront pas fâchés de se connaître un peu plus à fond, qu'en penses-tu, ma poule ? (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  5. Enfin je l'attends ; mais vous, Monsieur, pensez-vous que la maîtresse veuille revenir ? (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  6. Tu sais bien que notre conversation fut courte ; je lui rendis le gant qu'elle avait laissé tomber ; elle me remercia d'une manière très obligeante de la vitesse avec laquelle j'avais couru pour le ramasser, et se démasqua en me remerciant. (Acte 1, scène 1, ERGASTE)
  7. Je croyais, lui dis-je, partir demain, et voici la première fois que je me promène ici ; mais le plaisir d'y rencontrer ce qu'il y a de plus beau dans le monde m'y ramènera plus d'une fois. (Acte 1, scène 1, ERGASTE)
  8. Le plaisir d'y rencontrer ! (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  9. Oui, mais ce rendez-vous indiqué l'aurait peut-être empêché d'y revenir par raison de fierté ; au lieu qu'en ne parlant que du plaisir de la revoir, c'était simplement supposer qu'elle vient ici tous les jours, et lui dire que j'en profiterais, sans rien m'attribuer de la démarche qu'elle ferait en y venant. (Acte 1, scène 1, ERGASTE)
  10. Promenez-vous d'un autre côté, je vais m'instruire de tout, et j'irai vous rejoindre. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  11. Et vous, aussi ravissante qu'hypocrite ; mettons bas les façons, vivons à notre aise. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  12. Tiens, je t'aime je te l'ai déjà dit, et je le répète ; tu m'aimes, tu ne me l'as pas dit, mais je n'en doute pas ; donne-toi donc le plaisir de me le dire, tu me le répéteras après, et nous serons tous deux aussi avancés l'un que l'autre. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  13. Entre nous, ai-je tort d'en être sûr ? (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  14. Parlons de nos maîtres. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  15. Premièrement, qui êtes-vous, vous autres ? (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  16. En voilà deux ici, ta maîtresse a les deux autres. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  17. Que fait ton maître ? (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  18. Mais voyons, mes enfants, qui êtes-vous à votre tour ? (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  19. Ils ont eu pour héritières deux filles qui vivent ensemble dans un accord qui va jusqu'à s'habiller l'une comme l'autre, ayant toutes deux presque le même son de voix, toutes deux blondes et charmantes, et qui se trouvent si bien de leur état, qu'elles ont fait serment de ne point se marier et de rester filles. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  20. Ne point se marier fait un article, rester filles en fait un autre. (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  21. Quoi qu'il en soit, nous protestons contre l'un ou l'autre de ces deux serments-là ; celle que nous aimons n'a qu'à choisir, et voir celui qu'elle veut rompre ; comment s'appelle-t-elle ? (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  22. Que dit-elle de mon maître ? (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  23. Si ton maître s'y prend bien, je ne crois pas qu'il se soutienne, le goût du mariage l'emportera. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  24. Dis-moi, mon maître l'attend ici, va-t-elle venir ? (Acte 1, scène 2, FRONTIN)
  25. Si ma maîtresse devient sa femme, je me charge de t'en fournir une. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  26. Est-ce que sa maîtresse lui a parlé de moi ? (Acte 1, scène 3, ERGASTE)
  27. On ne tarit point, tous les échos du pays nous connaissent, on languit, on soupire, on demande quand nous finirons, peut-être qu'à la fin du jour on nous sommera d'épouser : c'est ce que j'en puis juger sur les discours de Lisette, et la chose vaut la peine qu'on y pense. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  28. Clarice, fille de qualité, d'un côté, Lisette, fille de condition, de l'autre, cela est bon : la race des Frontins et des Ergastes ne rougira point de leur devoir son entrée dans le monde, et de leur donner la préférence. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  29. Je vous félicite, au reste, vous avez dans votre victoire un accident glorieux que je n'ai pas dans la mienne : on avait juré de garder le célibat, vous triomphez du serment. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  30. Oui, Monsieur, la vérité toute pure est que je suis adoré, parce qu'avec moi cela va un peu vite, et que vous êtes à la veille de l'être ; et je vous le prouve, car voilà votre future idolâtre qui vous cherche. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  31. Monsieur, je ne m'attendais pas à cet abord-là, et quoique vous m'ayez vue hier ici, comme en effet j'y étais, et démasquée, cette façon de se voir n'établit entre nous aucune connaissance, surtout avec les personnes de mon sexe ; ainsi, vous voulez bien que l'entretien finisse. (Acte 1, scène 4, HORTENSE)
  32. Madame, arrêtez, de grâce, et ne me laissez point en proie à la douleur de croire que je vous ai offensée, la joie de vous retrouver ici m'a égaré, j'en conviens, je dois vous paraître coupable d'une hardiesse que je n'ai pourtant point ; car je n'ai su ce que je faisais, et je tremble devant vous à présent que je vous parle. (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  33. Je vous l'apporte, elle est à vous ; mon sort est entre vos mains, je ne saurais plus vivre si vous me rebutez. (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  34. J'explique ce que je sens, Madame ; je me donnai hier à vous ; je vous consacrai mon coeur, je conçus le dessein d'obtenir grâce du vôtre, et je mourrai s'il me la refuse. (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  35. Me sera-t-il permis de chercher à vous être présenté, Madame ? (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  36. Quant aux mesures que vous pouvez prendre pour vous mettre en état de me voir avec un peu plus de décence qu'ici, ce sont vos affaires. (Acte 1, scène 4, HORTENSE)
  37. Je ne m'opposerai point à vos desseins ; car vous trouverez bon que je les ignore, et il faut que cela soit ainsi : un homme comme vous a des amis, sans doute, et n'aura pas besoin d'être aidé pour se produire. (Acte 1, scène 4, HORTENSE)
  38. Je le laissai hier donner quelques ordres après dîner, et je vins me promener dans les allées de ce petit bois, où j'aperçus du monde, je vous y vis, vous vous y démasquâtes un instant, et dans cet instant vous devîntes l'arbitre de mon sort. (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  39. Moi, Monsieur, je ne vous défends rien, je n'ai pas ce droit-là, on est le maître de ses sentiments ; et si le comte de Belfort, dont vous parlez, allait vous mener chez moi, je le suppose parce que cela peut arriver, je serais même obligée de vous y bien recevoir. (Acte 1, scène 4, HORTENSE)
  40. A la bonne heure ; personne n'y a réussi ; vous le tentez, nous verrons ce qu'il en sera ; mais je vous saurai bien mauvais gré, si vous y réussissez mieux qu'un autre. (Acte 1, scène 4, HORTENSE)
  41. Je souhaite que vous ne vous trompiez pas ; cependant je crois qu'il sera bon, avec vous, de prendre garde à soi de plus près qu'avec un autre. (Acte 1, scène 4, HORTENSE)
  42. Il n'est point tard ; continuez-vous votre promenade, Madame ? (Acte 1, scène 4, ERGASTE)
  43. Si vous me trouvez seule et éloignée des autres, dès que nous nous sommes parlé et que, grâce à votre précipitation, la faute en est faite, je crois que vous pourrez m'aborder sans conséquence. (Acte 1, scène 4, HORTENSE)
  44. Madame, je viens vous demander votre avis sur une commission qu'on m'a donnée. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  45. Cela ne se peut pas, il faut bien que vous soyez en quelque endroit, il n'y a qu'à dire où vous voulez être. (Acte 1, scène 5, ARLEQUIN)
  46. Et poursuivez-vous votre promenade ? (Acte 1, scène 6, HORTENSE)
  47. Vous ne m'avez encore parlé de lui que trois ou quatre fois. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  48. Autre idée ! (Acte 1, scène 7, CLARICE)
  49. Oui-da, peut-être que je me trompe. (Acte 1, scène 7, LISETTE)
  50. Ton maître est-il là ? (Acte 1, scène 8, LISETTE)
  51. Oui ; il demande s'il peut reparaître, puisqu'elle est seule. (Acte 1, scène 8, FRONTIN)
  52. Vous m'avouerez, Monsieur, que vous ne mettez guère d'intervalle entre me connaître, m'aimer et me le dire ; et qu'un pareil entretien aurait pu être précédé de certaines formalités de bienséance qui sont ordinairement nécessaires. (Acte 1, scène 9, CLARICE)
  53. Votre question m'embarrasse ; dispensez-moi d'y répondre. (Acte 1, scène 9, CLARICE)
  54. Est-ce que votre réponse me serait contraire ? (Acte 1, scène 9, ERGASTE)
  55. Quelqu'un approche : laissez-moi seule continuer ma promenade, nous pourrons nous y rencontrer encore. (Acte 1, scène 9, CLARICE)
  56. Votre maîtresse a bien des grâces ; mais le plus beau de ses traits, vous ne le voyez point, il n'est point sur son visage, il est dans sa cassette. (Acte 1, scène 11, FRONTIN)
  57. Ma maîtresse. (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  58. Elle-même en original ; je lui ai aussi entendu marmotter entre ses dents que vous étiez un grand fourbe ; mais, comme elle ne m'a point commandé de vous le rapporter, je n'en parle qu'en passant. (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  59. Oui ; mais rien qu'entre les dents ; un fourbe tout bas. (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  60. Oui-da, Monsieur ; esprit de femme et caprice : voilà tout ce que c'est ; qui dit l'un, suppose l'autre ; les avez-vous jamais vus séparés ? (Acte 1, scène 12, FRONTIN)
  61. Ne me prends-tu point pour un autre ? (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  62. C'est vous qu'on n'estime pas ; vous voyez bien que le paquet est à votre adresse. (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  63. Il y a encore un petit reliquat, je ne vous ai donné que la moitié de votre affaire : j'ai ordre de vous dire... (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  64. Montre donc ! (Acte 1, scène 12, ERGASTE)
  65. Non pas, s'il vous plaît ; je ne dois pas vous les montrer : cela m'est défendu, parce qu'on s'est repenti d'y avoir écrit, à cause de la bienséance et de votre peu de mérite ; et on m'a crié de loin de les supprimer, et de vous expliquer le tout dans la conversation ; mais laissez-moi voir ce que j'oublie... (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  66. Je n'ai jamais été le pupitre de personne. (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  67. Grand merci ; quand je parle de chanson, c'est que j'en vais chanter une ; faites à votre aise, mon cavalier ; je n'ai jamais vu de fourbe si honnête homme que vous. (Acte 1, scène 12, ARLEQUIN)
  68. Je n'en sais point d'autres. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  69. Allons, divertis-moi : ton maître t'a chargé de cela, fais-moi rire. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  70. Est-ce que tu prends ma voix pour un orchestre ? (Acte 1, scène 13, FRONTIN)
  71. Montre-moi le sujet du discours. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  72. Cela est malsain ; parlons de ta maîtresse. (Acte 1, scène 13, FRONTIN)
  73. Oui, c'est ma maîtresse. (Acte 1, scène 13, ARLEQUIN)
  74. Tiens, mon ami, cours porter cette lettre à la dame qui t'envoie. (Acte 1, scène 14, ERGASTE)
  75. J'aimerais mieux être le postillon du diable, qui vous emporte tous deux, vous et ce coquin, qui est la copie d'un fripon ! (Acte 1, scène 14, ARLEQUIN)
  76. Va, va, je t'apprendrai à connaître les villes. (Acte 1, scène 14, ARLEQUIN)
  77. Je n'ai vu que ta maîtresse, je ne me suis entretenu qu'avec elle ; sa soeur m'est totalement inconnue, et je n'entends rien à ce qu'on me dit là. (Acte 1, scène 16, ERGASTE)
  78. Non, te dis-je, non, encore une fois, non : je n'ai vu de femme que ta maîtresse, et quiconque lui a rapporté autre chose a fait une imposture, et si elle croit avoir vu le contraire, elle s'est trompée. (Acte 1, scène 16, ERGASTE)
  79. D'où vient qu'on m'accuse de m'être entretenu avec elle ? (Acte 1, scène 16, ERGASTE)
  80. Frontin est allé porter un billet à ta maîtresse, où je lui jure que je ne sais ce que c'est. (Acte 1, scène 16, ERGASTE)
  81. Ma maîtresse a un mot à vous dire sur le comte de Belfort ; elle n'osait revenir à cause de cette soeur dont je vous parle, et qu'elle a aperçue se promener dans ces cantons-ci ; or, vous m'assurez ne l'avoir point vue. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  82. Quoi qu'il en soit, ma maîtresse va revenir, attendez-la. (Acte 1, scène 16, LISETTE)
  83. Tirez sur ma figure l'horoscope de notre fortune. (Acte 1, scène 18, FRONTIN)
  84. Et bien m'en a pris d'être d'une étoffe d'un peu plus de résistance que lui, car je ne reviendrais pas en meilleur ordre. (Acte 1, scène 18, FRONTIN)
  85. Je ne dis rien des ignominies qui ont accompagné notre disgrâce, et dont j'ai risqué de vous rapporter un certificat sur ma joue. (Acte 1, scène 18, FRONTIN)
  86. Que j'attendisse sa maîtresse ici, qu'elle allait y venir pour me parler, et qu'elle ne songeait à rien. (Acte 1, scène 18, ERGASTE)
  87. Ce que vous me dites là ne vaut pas le diable, ne vous fiez point à ce calme-là, vous en serez la dupe, Monsieur ; nous revenons houspillés, votre billet et moi : allez-vous-en, sauvez le corps de réserve. (Acte 1, scène 18, FRONTIN)
  88. J'ai trouvé l'inhumaine à trente ou quarante pas d'ici ; je vole à elle, et je l'aborde en courrier suppliant : C'est de la part du marquis Ergaste, lui dis-je d'un ton de voix qui demandait la paix. (Acte 1, scène 18, FRONTIN)
  89. Madame, que votre beauté ait pour agréable de m'entendre ; je parle pour un homme à demi mort, et peut-être actuellement défunt, qu'un petit nègre est venu de votre part assassiner dans des tablettes : et voici les mourantes lignes que vous adresse dans ce papier son douloureux amour. (Acte 1, scène 18, FRONTIN)
  90. Je pleurais moi-même en lui tenant ces propos lugubres, on eût dit que vous étiez enterré, et que c'était votre testament que j'apportais. (Acte 1, scène 18, FRONTIN)
  91. Quand j'ai vu cette action barbare, et le papier couché sur la poussière, je l'ai ramassé ; ensuite, redoublant de zèle, j'ai pensé que mon esprit devait suppléer au vôtre, et vous n'avez rien perdu au change. (Acte 1, scène 18, FRONTIN)
  92. Monsieur, je la vois ; la voilà qui arrive, et je me sauve ; c'est peut-être le soufflet qui a manqué tantôt, qu'elle vient essayer de faire réussir. (Acte 1, scène 18, FRONTIN)
  93. Vous devez, dites-vous, accompagner ce soir, au logis, le comte de Belfort : silence, s'il vous plaît, sur nos entretiens dans ce lieu-ci ; vous sentez bien qu'il faut que ma soeur et lui les ignorent. (Acte 1, scène 19, CLARICE)
  94. Quel étrange procédé que le vôtre, Madame ! (Acte 1, scène 19, ERGASTE)
  95. C'est que vous lui parlez de votre soeur : il ne saurait entendre prononcer ce mot-là sans en être furieux ; je n'en ai pas tiré plus de raison tantôt. (Acte 1, scène 19, LISETTE)
  96. N'approchez pas, Monsieur, plaidez de loin ; Madame a la main légère, elle me doit un soufflet, vous dis-je, et elle vous le paierait peut-être. (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  97. Et ces agréables tablettes où nos soupirs sont traités de farce, et qui sont chargées d'un congé à notre adresse. (Acte 1, scène 19, FRONTIN)
  98. Ergaste, je ne vous crois pas un insensé ; mais tout ce que vous me dites là ne peut être que l'effet d'un rêve ou de quelque erreur dont je ne sais pas la cause. (Acte 1, scène 19, CLARICE)
  99. N'aurais-tu pas porté mon billet à une autre ? (Acte 1, scène 20, ERGASTE)
  100. Vous venez de m'envoyer un billet, Monsieur, qui me fait craindre que vous ne tentiez de me parler, ou qu'il ne m'arrive encore quelque nouveau message de votre part, et je viens vous prier moi-même qu'il ne soit plus question de rien ; que vous ne vous ressouveniez pas de m'avoir vue, et surtout que vous le cachiez à ma soeur, comme je vous promets de le lui cacher à mon tour ; c'est tout ce que j'avais à vous dire, et je passe. (Acte 1, scène 21, HORTENSE)
  101. Le petit traître ! (Acte 1, scène 22, LISETTE)
  102. Le soufflet et les tablettes sont sans doute sur votre compte, Madame. (Acte 1, scène 22, FRONTIN)
  103. Va, va, puisque je t'aime, je ne me vante pas d'être trop sage. (Acte 1, scène 22, FRONTIN)

LA FAUSSE SUIVANTE OU LE FOURBE PUNI (1729)

  1. Je ne suis pas heureux, mais je ne me soucie pas de l'être. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  2. Diantre ! (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  3. Le mépris que je crois avoir pour les biens n'est peut-être qu'un beau verbiage ; et, à te parler confidemment, je ne conseillerais encore à personne de laisser les siens à la discrétion de ma philosophie. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  4. Fallait-il être fourbe ? (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  5. Comment se mettre à l'abri de ces fléaux-là ? (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  6. Tantôt maître, tantôt valet ; toujours prudent, toujours industrieux, ami des fripons par intérêt, ami des honnêtes gens par goût ; traité poliment sous une figure, menacé d'étrivières sous une autre ; changeant à propos de métier, d'habit, de caractère, de moeurs ; risquant beaucoup, réussissant peu ; libertin dans le fond, réglé dans la forme ; démasqué par les uns, soupçonné par les autres, à la fin équivoque à tout le monde, j'ai tâté de tout ; je dois partout ; mes créanciers sont de deux espèces : les uns ne savent pas que je leur dois ; les autres le savent et le sauront longtemps. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  7. Oui, c'étaient trois ou quatre habits que j'avais trouvés convenables à ma taille chez les fripiers, et qui m'avaient servi à figurer en honnête homme. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  8. Là, je n'entendis parler que de sciences, et je remarquai que mon maître était épris de passion pour certains quidams, qu'il appelait des anciens, et qu'il avait une souveraine antipathie pour d'autres, qu'il appelait des modernes ; je me fis expliquer tout cela. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  9. Nous avons encore de lui le fort belles satires ; et mon maître l'aimait beaucoup, lui et tous les honnêtes gens de son temps, comme Virgile, Néron, Plutarque, Ulysse et Diogène. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  10. Oui, vraiment, tu es un moderne, et des plus modernes ; il n'y a que l'enfant qui vient de naître qui l'est plus que toi, car il ne fait que d'arriver. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  11. Et pourquoi ton maître nous haïssait-il ? (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  12. Parce qu'il voulait qu'on eût quatre mille ans sur la tête pour valoir quelque chose. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  13. Non que je négligeasse le vin nouveau ; je n'en demandais point d'autre à sa femme, qui vraiment estimait bien autrement les modernes que les anciens, et, par complaisance pour son goût, j'en emplissais aussi quelques bouteilles, sans lui en faire ma cour. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  14. La femme me chicana sur le vin vieux ; j'eus beau m'excuser, les gens de partis n'entendent point raison ; il fallut les quitter, pour avoir voulu me partager entre les anciens et les modernes. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  15. Je dois aller coucher ce soir à Paris, où l'on m'envoie, et je cherchais quelqu'un qui tînt ma place auprès de mon maître pendant mon absence ; veux-tu que je te présente ? (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  16. Et qu'est-ce que c'est que ton maître ? (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  17. Pourquoi donc l'appelles-tu ton maître ? (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  18. Ah, foin de moi, je ne sais ce que je dis, je rêve à autre chose. (Acte 1, scène 1, FRONTIN)
  19. Vous m'impatientez avec votre Demoiselle ; ne sauriez-vous m'appeler Monsieur ? (Acte 1, scène 2, LE CHEVALIER)
  20. Vous n'avez peut-être pas eu l'imprudence de lui dire qui j'étais ? (Acte 1, scène 2, LE CHEVALIER)
  21. Voici votre commission, écoutez-moi : vous direz à ma soeur qu'elle ne soit point en peine de moi ; qu'à la dernière partie de bal où mes amies m'amenèrent dans le déguisement où me voilà, le hasard me fit connaître le gentilhomme que je n'avais jamais vu, qu'on disait être encore en province, et qui est ce Lélio avec qui, par lettres, le mari de ma soeur a presque arrêté mon mariage ; que, surprise de le trouver à Paris sans que nous le sussions, et le voyant avec une dame, je résolus sur-le-champ de profiter de mon déguisement pour me mettre au fait de l'état de son coeur et de son caractère ; qu'enfin nous liâmes amitié ensemble aussi promptement que des cavaliers peuvent le faire, et qu'il m'engagea à le suivre le lendemain à une partie de campagne chez la dame avec qui il était, et qu'un de ses parents accompagnait ; que nous y sommes actuellement, que j'ai déjà découvert des choses qui méritent que je les suive avant que de me déterminer à épouser Lélio ; que je n'aurai jamais d'intérêt plus sérieux. (Acte 1, scène 2, LE CHEVALIER)
  22. Je regarde le moment où j'ai connu Lélio, comme une faveur du ciel dont je veux profiter, puisque je suis ma maîtresse, et que je ne dépends plus de personne. (Acte 1, scène 3, LE CHEVALIER)
  23. Il me tarde d'en être chamarré sur toutes les coutures. (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  24. C'est un nom que j'ai reçu de père en fils très correctement, et dans la dernière fidélité ; et de tous les Trivelins qui furent jamais, votre serviteur en ce moment s'estime le plus heureux de tous. (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  25. Un maître ne demande à son valet que l'attention dans ce à quoi il l'emploie. (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  26. C'est la joie que j'ai d'être à vous qui l'emporte sur la petite mortification que je viens d'essuyer. (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  27. Ce que vous dites là ne peut pas être sérieux. (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  28. Vraiment oui, je soutiens mon caractère : ne vous ai-je pas dit que j'étais opiniâtre ? (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  29. Vous rêvez, mon cavalier, vous délibérez ; votre ton baisse, vous devenez traitable, et nous nous accommoderons, je le vois bien. (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  30. Ne gesticulez point de cette manière-là ; ce geste-là n'est point de votre compétence ; laissez là cette arme qui vous est étrangère : votre oeil est plus redoutable que ce fer inutile qui vous pend au côté. (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  31. Je le crois bien ; si c'était pour cela, vous ne déguiseriez pas votre sexe ; ce serait perdre vos commodités. (Acte 1, scène 5, TRIVELIN)
  32. Je t'avoue que j'avais envie de te cacher la vérité, parce que mon déguisement regarde une dame de condition, ma maîtresse, qui a des vues sur un Monsieur Lélio, que tu verras, et qu'elle voudrait détacher d'une inclination qu'il a pour une, comtesse à qui appartient ce château. (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  33. Ma charge, sous cet habit-ci, est d'attaquer le coeur de la Comtesse ; je puis passer, comme tu vois, pour un assez joli cavalier, et j'ai déjà vu les yeux de la Comtesse s'arrêter plus d'une fois sur moi ; si elle vient à m'aimer, je la ferai rompre avec Lélio ; il reviendra à Paris, on lui proposera ma maîtresse qui y est ; elle est aimable, il la connaît, et les noces seront bientôt faites. (Acte 1, scène 5, LE CHEVALIER)
  34. Allons boire, pour faire aller notre amitié plus vite. (Acte 1, scène 6, ARLEQUIN)
  35. Allons, la recette est bonne ; j'aime assez votre manière de hâter le coeur. (Acte 1, scène 6, TRIVELIN)
  36. Puis-je vous être utile à quelque chose ? (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  37. Par exemple, un amant qui dupe sa maîtresse pour se débarrasser d'elle en est-il moins honnête homme à ton gré ? (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  38. Je croyais pour le moins que tu voulais mettre le feu à une ville. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  39. Petit traître, vous êtes bien heureux d'avoir de si brillantes indignités sur votre compte. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  40. Où diantre t'es-tu donc fourré ? (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  41. Après cela, qu'est-ce que ces femmes-là gagnent à être si sages ? (Acte 1, scène 7, L?LIO)
  42. L'amour que j'avais pour elle pouvait-il honnêtement tenir bon contre un calcul si raisonnable ? (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  43. Que diantre veux-tu que je réponde à une règle d'arithmétique ? (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  44. Il s'agit d'être infidèle, d'aller la trouver, de lui porter ton calcul, de lui dire : Madame, comptez vous-même, voyez si je me trompe. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  45. Peut-être qu'elle pleurera, qu'elle maudira l'arithmétique, qu'elle te traitera d'indigne, de perfide : cela pourrait arrêter un poltron ; mais un brave homme comme toi, au-dessus des bagatelles de l'honneur, ce bruit-là l'amuse ; il écoute, s'excuse négligemment, et se retire en faisant une révérence très profonde, en cavalier poli, qui sait avec quel respect il doit recevoir, en pareil cas, les titres de fourbe et d'ingrat. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  46. De ces titres-là, j'en suis fourni, et je sais faire la révérence. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  47. Tu as raison, c'est une autre affaire. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  48. Je ne sache point de révérence qui puisse acquitter ce billet-là ; le titre de débiteur est bien sérieux, vois-tu ! (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  49. Celui d'infidèle n'expose qu'à des reproches, l'autre à des assignations ; cela est différent, et je n'ai point de recette pour ton mal. (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  50. Madame_la_Comtesse croit qu'elle va m'épouser ; elle n'attend plus que l'arrivée de son frère ; et, outre la somme de dix mille écus dont elle a mon billet, nous avons encore fait, antérieurement à cela, un dédit entre elle et moi de la même somme. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  51. Si c'est moi qui romps avec elle, je lui devrai le billet et le dédit, et je voudrais bien ne payer ni l'un ni l'autre ; m'entends-tu ? (Acte 1, scène 7, L?LIO)
  52. Tu entres on ne peut pas mieux dans mes idées. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  53. Diantre ! (Acte 1, scène 7, LE CHEVALIER)
  54. Elle sera la maîtresse. (Acte 1, scène 7, LÉLIO)
  55. Je vous laisse avec le Chevalier, il veut nous quitter ; son séjour ici l'embarrasse ; je crois qu'il vous craint ; cela est de bon sens, et je ne m'en inquiète point : je vous connais ; mais il est mon ami ; notre amitié doit durer plus d'un jour, et il faut bien qu'il se fasse au danger de vous voir ; je vous prie de le rendre plus raisonnable. (Acte 1, scène 9, LÉLIO)
  56. Si vous nous disiez les véritables raisons qui pressent votre retour à Paris, on ne vous retiendrait peut-être pas. (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  57. Que vous vous défiez de votre coeur auprès de moi ? (Acte 1, scène 10, LA COMTESSE)
  58. Que si ; je ne vous dis rien là dont tous les jours votre miroir ne vous accuse d'être capable ; il doit vous avoir dit que vous aviez des yeux qui violeraient l'hospitalité avec moi, si vous m'ameniez ici. (Acte 1, scène 10, LE CHEVALIER)
  59. Comtesse, vous m'obligeriez beaucoup de me donner votre façon de voir ; car, avec la mienne, il n'y a pas moyen de vous rendre justice. (Acte 1, scène 10, LE CHEVALIER)
  60. Nous ne pouvons avoir notre divertissement que tantôt, Madame ; mais en revanche, voici une noce de village, dont tous les acteurs viennent pour vous divertir. (Acte 1, scène 11, LÉLIO)
  61. Zeste, vous vient entre les bras. v.7 (Acte 1, scène 11, LE CHANTEUR)
  62. Que sa mère en courroux contre elle v.44 (Acte 1, scène 11, MATHURINE)
  63. Me voici comme de moitié dans une intrigue assez douce et d'un assez bon rapport, car il m'en revient déjà de l'argent et une maîtresse ; ce beau commencement-là promet encore une plus belle fin. (Acte 2, scène 1, TRIVELIN)
  64. Je lui ai déjà témoigné que je souhaiterais avoir l'honneur de lui parler ; mais le voilà qui s'entretient avec la Comtesse ; attendons qu'il ait fait avec elle. (Acte 2, scène 1, TRIVELIN)
  65. Voulez- vous que je respecte votre antipathie pour effectivement ? (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  66. Tenez, sentir est encore une expression qui ne vaut pas mieux ; sentir est trop ; c'est connaître qu'il faudrait dire. (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  67. Je suis d'avis de ne dire plus mot, et d'attendre que vous m'ayez donné la liste des termes sans reproches que je dois employer, je crois que c'est le plus court ; il n'y a que ce moyen-là qui puisse me mettre en état de m'entretenir avec vous. (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  68. Supportez donc mon ignorance ; je ne savais pas la différence qu'il y avait entre connaître et sentir. (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  69. Écoutez ; le vôtre ne m'amuse point ; il est froid, il me glace ; et, si vous voulez même, il me rebute. (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  70. Lélio, pour prix des leçons que vous venez de me donner, je vous avertis, moi, qu'il y a des moments où vous feriez bien de ne pas vous montrer ; entendez-vous ? (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  71. Le beau détail où vous entrez là ! (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  72. Le dédit même qui est entre nous... (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  73. J'aimerais mieux mourir ; ne m'assure-t-il pas votre main ? (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  74. J'espère avoir l'un et l'autre. (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  75. Peut-on s'empêcher d'être jaloux ? (Acte 2, scène 2, LÉLIO)
  76. Autrefois vous me reprochiez que je ne l'étais pas assez ; vous me trouviez trop tranquille ; me voici inquiet, et je vous déplais. (Acte 2, scène 2, L?LIO)
  77. Le compliment que vous me faites est digne de l'entretien dont vous me régalez depuis une heure ; et après cela vous me demanderez en quoi vous me déplaisez ! (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  78. Je vous passerais de la jalousie ; je ne parle pas de la vôtre, elle n'est pas supportable ; c'est une jalousie terrible, odieuse, qui vient du fond du tempérament, du vice de votre esprit. (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  79. Ce n'est pas là la jalousie que je vous demandais ; je voulais une inquiétude douce, qui a sa source dans un coeur timide et bien touché, et qui n'est qu'une louable méfiance de soi-même ; avec cette jalousie-là, Monsieur, on ne dit point d'invectives aux personnes que l'on aime ; on ne les trouve ni ridicules, ni fourbes, ni fantasques ; on craint seulement de n'être pas toujours aimé, parce qu'on ne croit pas être digne de l'être. (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  80. Mais cela vous passe ; ces sentiments-là ne sont pas du ressort d'une âme comme la vôtre. (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  81. Soit ; j'en estime tant d'autres ! (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  82. Je ne regarde pas cela comme un grand mérite d'être estimable ; on n'est que ce qu'on doit être. (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  83. Toute la subtilité possible n'empêchera pas un compliment d'être ridicule, quand il l'est, vous me le prouvez par le vôtre ; c'est un avis que je vous insinue tout doucement, pour vous donner un petit essai de ce que vous appelez manière insinuante. (Acte 2, scène 2, LA COMTESSE)
  84. Moi-même, et je le dis avec un souvenir modeste, moi-même autrefois, j'ai été du nombre de ces honnêtes gens ; mais vous savez, Monsieur, à combien d'accidents nous sommes sujets dans la vie. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  85. Le sort m'a joué ; il en a joué bien d'autres ; l'histoire est remplie du récit de ses mauvais tours : princes, héros, il a tout malmené, et je me console de mes malheurs avec de tels confrères. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  86. L'une avec l'autre, et qui pourtant ont la rage de se trouver presque toujours ensemble ; voilà ce qui me passe. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  87. Elles nous mènent à un combat qui se passe entre elles ; la fierté se défend d'abord à merveille, mais son ennemie est bien pressante ; bientôt la fierté plie, recule, fuit, et laisse le champ de bataille à la pauvreté, qui ne rougit de rien, et qui sollicite en ce moment votre libéralité (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  88. Je consens à ce que tu demandes, à une condition à mon tour : c'est que le secret que tu m'apprendras vaudra la peine d'être payé ; et je serai de bonne foi là-dessus. (Acte 2, scène 3, LÉLIO)
  89. Mais n'importe ; votre équité me rendra ce que votre économie me retranche, et je commence : Vous croyez le Chevalier votre intime et fidèle ami, n'est-ce pas ? (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  90. Oui, Monsieur ; vous n'avez ni ami ni maîtresse. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  91. La Comtesse ne vous aime plus, le Chevalier vous a escamoté son coeur : il l'aime, il en est aimé, c'est un fait ; je le sais, je l'ai vu, je vous en avertis ; faites-en votre profit et le mien. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  92. Tenez, je n'ai qu'à regarder une femme entre deux yeux, je vous dirai ce qu'elle sent et ce qu'elle sentira, le tout à une virgule près. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  93. Par exemple, tantôt, pendant que vous vous amusiez dans le jardin à cueillir des fleurs pour la Comtesse, je raccommodais près d'elle une palissade, et je voyais le Chevalier, sautillant, rire et folâtrer avec elle. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  94. Tout autre que moi n'aurait rien remarqué dans ce sourire-là ; c'était un chiffre. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  95. Un coup d'éventail par là-dessus, coup galant qui signifie : Ne lâchez point ; l'éventail est saisi ; nouvelles pirateries sur la main qu'on tient ; l'autre vient à son secours ; autant de pris encore par l'ennemi : Mais je ne vous comprends point ; finissez donc. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  96. Vous en parlez bien à votre aise, Madame. (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  97. Alors la Comtesse de s'embarrasser, le Chevalier de la regarder tendrement ; elle de rougir ; lui de s'animer ; elle de se fâcher sans colère ; lui de se jeter à ses genoux sans repentance ; elle de pousser honteusement un demi-soupir ; lui de riposter effrontément par un tout entier ; et puis vient du silence ; et puis des regards qui sont bien tendres ; et puis d'autres qui n'osent pas l'être ; et puis... (Acte 2, scène 3, TRIVELIN)
  98. Adieu ; tu dois être content ; te voilà payé. (Acte 2, scène 3, LÉLIO)
  99. Adieu, Monsieur, je suis votre serviteur ; que le ciel veuille vous combler des faveurs que je mérite ! (Acte 2, scène 4, TRIVELIN)
  100. Je n'y comprends rien : je lui dis que sa maîtresse le plante là ; il me demande si elle y prend goût. (Acte 2, scène 4, TRIVELIN)
  101. Est-ce que notre faux Chevalier m'en ferait accroire ? (Acte 2, scène 4, TRIVELIN)
  102. Voir s'il y a des lettres pour mon maître. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  103. Diantre ! (Acte 2, scène 5, TRIVELIN)
  104. T'entretenir de louis d'or. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  105. Oui-da, on fait son affaire avec du vin, quoique lentement ; mais en y joignant une pincée d'inclination pour le beau sexe, on réussit bien autrement. (Acte 2, scène 5, TRIVELIN)
  106. Mais de grâce, instruis-moi d'une chose à ton tour : ton maître et Monsieur le Chevalier s'aiment-ils beaucoup ? (Acte 2, scène 5, TRIVELIN)
  107. Oui, j'ai touché le coeur d'une aimable personne, et l'amitié de nos maîtres prolongera notre séjour ici. (Acte 2, scène 5, TRIVELIN)
  108. Me disait-elle ; puis-je compter sur votre coeur ? (Acte 2, scène 5, TRIVELIN)
  109. Mon ami, je tombe à tes pieds pour te supplier, en toute humilité, de me montrer seulement la face royale de cette incomparable fille, qui donne un coeur et des louis d'or du Pérou avec ; peut-être me fera-t-elle aussi présent de quelque échantillon ; je ne veux que la voir, l'admirer, et puis mourir content. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  110. Cela ne se peut pas, mon enfant ; il ne faut pas régler tes espérances sur mes aventures ; vois-tu bien, entre le baudet et le cheval d'Espagne, il y a quelque différence. (Acte 2, scène 5, TRIVELIN)
  111. Montre-moi donc cette fille... (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  112. Une bouteille par jour, cela fait trente bouteilles par mois ; pour me consoler dans ma douleur, donne-moi en argent la fondation du premier mois. (Acte 2, scène 5, ARLEQUIN)
  113. Voilà mon maître, je ne saurais ; mais va m'attendre. (Acte 2, scène 5, TRIVELIN)
  114. Il n'est pas digne d'être associé à notre intrigue. (Acte 2, scène 6, TRIVELIN)
  115. Notre affaire va-t-elle bien ? (Acte 2, scène 6, TRIVELIN)
  116. Retranchez ces petits agréments-là de votre discours ; ce sont des fleurs de rhétorique qui m'entêtent ; je voulais avoir de l'argent, cela est vrai. (Acte 2, scène 6, TRIVELIN)
  117. Votre argent est-il insociable ? (Acte 2, scène 6, TRIVELIN)
  118. Prends-y garde ; si tu retombes encore dans la moindre impertinence, j'ai une maîtresse qui aura soin de toi, je t'en assure. (Acte 2, scène 6, LE CHEVALIER)
  119. Convertissons donc cela en autre chose. (Acte 2, scène 6, TRIVELIN)
  120. Tu la devineras ; tu n'y es plus ; le mot n'est pas une montre ; la montre en approche pourtant, à cause du métal. (Acte 2, scène 6, TRIVELIN)
  121. Dans le temps que le Chevalier donne de l'argent à Trivelin, d'une main il prend l'argent, et de l'autre il embrasse le Chevalier. (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  122. Vite un échantillon pour me remettre ; ah ! (Acte 2, scène 7, ARLEQUIN)
  123. Allez votre chemin, et ne vous embarrassez de rien. (Acte 2, scène 7, TRIVELIN)
  124. Ahi, notre conversation débute mal, Madame. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  125. Non, vous dis-je ; et si vous voulez rester, en vérité vous êtes le maître. (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  126. Il n'y a rien de plus désagréable que votre obstination à me croire polie ; car il faudra, malgré moi, que je la sois. (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  127. Peut-on mettre une femme entre le oui et le non ? (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  128. Voilà une commission qui m'en donne une autre, c'est celle de rester, et je m'en tiens à la dernière. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  129. Donnez-moi votre coeur pour compagnon de voyage, et je m'embarque. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  130. Nous n'irons peut-être pas loin ensemble. (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  131. Vous m'avez fait peur ; j'ai cru votre soupçon plus grave ; mais pour volage, s'il n'y a que cela qui vous retienne, partons ; quand vous me connaîtrez mieux, vous ne me reprocherez pas ce défaut-là. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  132. Non ; mais si vous vous réglez avec moi sur ce qui est naturel, je ne tiens rien ; je ne saurais obtenir votre coeur que gratis. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  133. Fiez-vous à moi ; je suis généreuse, je vous ferai peut-être grâce. (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  134. Rayez le peut-être ; ce que vous dites en sera plus doux. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  135. Laissons-le ; il ne peut être là que par bienséance. (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  136. Il y a si peu de temps que vous me connaissez, que je ne laisse pas que d'en être surprise. (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  137. Oui, Comtesse, je vous aime ; et de tous les hommes qui peuvent aimer, il n'y en a pas un dont l'amour soit si pur, si raisonnable, je vous en fais serment sur cette belle main, qui veut bien se livrer à mes caresses ; regardez-moi, Madame ; tournez vos beaux yeux sur moi, ne me volez point le doux embarras que j'y fais naître. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  138. C'est un nigaud d'en avoir peur ; il devrait en être sûr. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  139. Je vous ai dit : Peut-être. (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  140. Ne savais-je pas bien que le maudit peut-être me jouerait un mauvais tour ? (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  141. Oui ; mais de votre coeur, qu'en ferez-vous après ? (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  142. Attendez ; je veux vous connaître mieux. (Acte 2, scène 8, LA COMTESSE)
  143. Je suis vif, et je vous adore, me voilà tout entier ; mais trouvons un expédient qui vous mette à votre aise : si je vous déplais, dites-moi de partir, et je pars, il n'en sera plus parlé ; si je puis espérer quelque chose, ne me dites rien, je vous dispense de me répondre ; votre silence fera ma joie, et il ne vous en coûtera pas une syllabe. (Acte 2, scène 8, LE CHEVALIER)
  144. Ne suis-je pas entre les mains d'un ami bien scrupuleux ? (Acte 2, scène 9, LÉLIO)
  145. Quand je suis devenu votre ami, ai-je fait voeu de rompre avec la beauté, les grâces et tout ce qu'il y a de plus aimable dans le monde ? (Acte 2, scène 9, LE CHEVALIER)
  146. Votre amitié est belle et bonne, mais je m'en passerai mieux que d'amour pour Madame. (Acte 2, scène 9, LE CHEVALIER)
  147. En êtes-vous étonné, si Madame n'a pas la complaisance de s'enfermer pour vous ; vos étonnements ont tout l'air d'être fréquents, et il faudra bien que vous vous y accoutumiez. (Acte 2, scène 9, LE CHEVALIER)
  148. Je n'ai rien à vous répondre ; Madame aura soin de me venger de vos louables entreprises. (Acte 2, scène 9, LÉLIO)
  149. Peut-être quarante ou cinquante ; je ne les ai pas comptés. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  150. Quel rapport y a-t-il entre le coeur de Trivelin et le Chevalier ? (Acte 3, scène 1, LÉLIO)
  151. Tant y a qu'il est ravissant, et qu'il fera aussi rafle de votre coeur, quand vous le connaîtrez. (Acte 3, scène 1, ARLEQUIN)
  152. En quoi le trouves-tu donc plus charmant qu'un autre ? (Acte 3, scène 1, LÉLIO)
  153. Ce qu'il me dit là me fait naître une pensée que toutes mes réflexions fortifient ; le Chevalier a de certains traits, un certain minois... (Acte 3, scène 1, LÉLIO)
  154. Voici ma mauvaise paye ; la physionomie de cet homme-là m'est devenue fâcheuse ; promenons-nous d'un autre côté. (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  155. Ne pourriez-vous pas remettre cela ? (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  156. Je n'ai jamais vu de bienfait dans ce goût-là ; voulez-vous rayer ce petit trait-là de votre vie ? (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  157. Je vous disais bien que je n'étais pas en état de paraître en compagnie. (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  158. Le vôtre sera donc court ; car le mien sera bref. (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  159. Je crois que tu jures entre tes dents ? (Acte 3, scène 2, LÉLIO)
  160. Non, c'est une nouvelle connaissance ; la vôtre et la mienne sont de la même date. (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  161. Il se dit cadet d'un aîné gentilhomme ; mais les titres, de cet aîné, je ne les ai point vus ; si je les vois jamais, je vous en promets copie. (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  162. Doucement, Monsieur ; diantre ! (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  163. De sexes, je n'en connais que deux : l'un qui se dit raisonnable, l'autre qui nous prouve que cela n'est pas vrai ; duquel des deux le Chevalier est-il ? (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  164. Donnez-moi un sujet ; quelque petit qu'il soit, je m'en contente, et j'entre en matière. (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  165. Savez-vous bien que vous me feriez peur, sans votre physionomie d'honnête homme ? (Acte 3, scène 2, TRIVELIN)
  166. Mon ami, la Comtesse écrit actuellement des lettres pour Paris ; elle descendra bientôt, et veut se promener avec moi, m'a-t-elle dit. (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  167. Sur cela, je viens t'avertir de ne nous pas interrompre quand nous serons ensemble, et d'aller bouder d'un autre côté, comme il appartient à un jaloux. (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  168. Dans cette conversation-ci, je vais mettre la dernière main à notre grand oeuvre, et achever de la résoudre. (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  169. Il y a des dédits mal conçus et qui ne servent de rien ; montre-moi le tien, je m'y connais, en cas qu'il y manquât quelque chose, on pourrait prendre des mesures. (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  170. Je n'ai point le dédit sur moi ; mais parlons d'autre chose. (Acte 3, scène 3, LÉLIO)
  171. Songes-tu encore à me faire épouser quelque autre femme avec la Comtesse ? (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  172. Diantre ! (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  173. Si ta résolution tient, tu me feras ton légataire, peut-être ? (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  174. Va te mettre au lit et te faire saigner, tu es malade. (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  175. Je vous dis que vous manquez de coeur, et qu'une quenouille siérait mieux à votre côté qu'une épée. (Acte 3, scène 3, LÉLIO)
  176. Mais ma tête s'échauffe ; vérifions un peu votre état. (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  177. Regardez-moi entre deux yeux ; je crains encore que ce ne soit un accès de fièvre, voyons. (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  178. S'il me voit résolue, il sera peut-être poltron. (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  179. Je vous arracherais, morbleu, d'entre les mains des médecins, voyez-vous ! (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  180. Ne nous amusons point, vous dis-je, vous devriez être expédié. (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  181. Parce qu'étant seul il m'avait entendu dire quelque chose de notre projet, qu'il pouvait rapporter à la Comtesse ; voilà pourquoi, Monsieur. (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  182. Tu es beau, et encore plus brave ; embrassons-nous et reprenons notre intrigue. (Acte 3, scène 3, LÉLIO)
  183. Quoi qu'il en soit, je ne suis curieux de tuer personne ; je vous passe votre méprise ; mais elle vaut bien une excuse. (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  184. Je l'oublie, et suis ravi que notre réconciliation m'épargne une affaire épineuse, et sans doute un homicide. (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  185. Notre duel était positif ; et si j'en fais jamais un, il n'aura rien à démêler avec les ordonnances. (Acte 3, scène 3, LE CHEVALIER)
  186. Non, mamour ; mais donnez-moi votre coeur. (Acte 3, scène 4, ARLEQUIN)
  187. J'aime surtout cet ermitage et cette laideur immanquable dont vous gratifierez votre épouse quinze jours après votre mariage ; il n'y a rien de tel. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  188. Votre mémoire est fidèle ; mais passons. (Acte 3, scène 5, LÉLIO)
  189. Tirer votre portrait, afin de le porter à certaine dame qui l'attend pour savoir ce qu'elle fera de l'original. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  190. Je m'explique : la brebis, c'est ma maîtresse ; les douze mille livres de rente, c'est son bien, qui produit ce calcul si raisonnable de tantôt ; et le loup qui eût dévoré tout cela, c'est vous, Monsieur. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  191. Non ; vous manquez votre proie ; voilà tout ; il est vrai qu'elle était assez bonne ; mais aussi pourquoi êtes-vous loup ? (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  192. On a su que vous étiez à Paris incognito ; on s'est défié de votre conduite. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  193. Là-dessus on vous suit, on sait que vous êtes au bal ; j'ai de l'esprit et de la malice, on m'y envoie ; on m'équipe comme vous me voyez, pour me mettre à portée de vous connaître ; j'arrive, je fais ma charge, je deviens votre ami, je vous connais, je trouve que vous ne valez rien ; j'en rendrai compte ; il n'y a pas un mot à redire. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  194. Et votre très humble servante. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  195. Pourquoi votre malice m'a-t-elle encore ôté le coeur de la Comtesse ? (Acte 3, scène 5, LÉLIO)
  196. Pour cet effet, vous réclamiez mon industrie ; et quand j'aurais conduit l'affaire près de sa fin, avant de terminer je comptais de vous rançonner un peu, et d'avoir ma part au pillage ; ou bien de tirer finement le dédit d'entre vos mains, sous prétexte de le voir, pour vous le revendre une centaine de pistoles payées comptant, ou en billets payables au porteur, sans quoi j'aurais menacé de vous perdre auprès des douze mille livres de rente, et de réduire votre calcul à zéro. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  197. Oh mon projet était fort bien entendu ; moi payée, crac, je décampais avec mon petit gain, et le portrait qui m'aurait encore valu quelque petit revenant-bon auprès de ma maîtresse ; tout cela joint à mes petites économies, tant sur mon voyage que sur mes gages, je devenais, avec mes agréments, un petit parti d'assez bonne défaite sauf le loup. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  198. Je vous ouvre aussi mon coeur ; je ne crains pas de scandaliser le vôtre, et nous ne nous soucierons pas de nous estimer ; ce n'est pas la peine entre gens de notre caractère ; pour conclusion, faites ma fortune, et je dirai que vous êtes un honnête homme ; mais convenons de prix pour l'honneur que je vous fournirai ; il vous en faut beaucoup. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  199. Je veux deux mille écus, je n'en rabattrai pas un sou ; moyennant quoi, je vous laisse ma maîtresse, et j'achève avec la Comtesse. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  200. Si nous nous accommodons, dès ce soir j'écris une lettre à Paris, que vous dicterez vous-même ; vous vous y ferez tout aussi beau qu'il vous plaira, je vous mettrai à même. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  201. Quand le mariage sera fait, devenez ce que vous pourrez, je serai nantie, et vous aussi ; les autres prendront patience. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  202. Pour cette nippe-là, je vous la troquerai contre cinquante pistoles, si vous voulez. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  203. Contre cent, ma chère fille. (Acte 3, scène 5, LÉLIO)
  204. Mettez-moi le dédit en main ; je vous le rendrai tantôt pour votre billet. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  205. Quand j'aurai été quelque temps avec elle, revenez en colère la presser de décider hautement entre vous et moi ; et allez-vous-en, de peur qu'elle ne nous voie ensemble. (Acte 3, scène 5, LE CHEVALIER)
  206. Non, vous dis-je ; je suis sûr de mon fait ; car vous m'aimez votre coeur est à moi. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  207. Il nous dit cela avec une aisance admirable ; on ne peut pas être plus persuadé qu'il est. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  208. Il me pénètre, il me trouble, je ne suis pas le maître. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  209. Tenez, Madame, il me semble que je le vois à vos genoux, que vous l'écoutez avec un plaisir, qu'il vous jure de vous adorer toujours, que vous le payez du même serment, que sa bouche cherche la vôtre, et que la vôtre se laisse trouver ; car voilà ce qui arrive ; enfin je vous vois soupirer ; je vois vos yeux s'arrêter sur lui, tantôt vifs, tantôt languissants, toujours pénétrés d'amour, et d'un amour qui croît toujours. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  210. Plus sûr, plus digne de l'être toujours ? (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  211. C'en est fait, Comtesse ; votre douleur me rend mon repos et ma joie. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  212. Reprenons notre humeur gaie ; allons, oublions tout ce qui s'est passé. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  213. Moins que rien ; tout vient de votre bonté. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  214. C'est que vous êtes plus aimable qu'un autre, apparemment. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  215. Pour tout ce qui n'est pas comme vous, je le serais peut être assez ; mais je ne suis rien pour ce qui vous ressemble. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  216. Non, je ne pourrai jamais payer votre amour ; en vérité, je n'en suis pas digne. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  217. Comment donc faut-il être fait pour le mériter ? (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  218. Souhaité qu'il prît son parti de lui-même, à cause du dédit ; ce serait dix mille écus que je vous sauverais, Chevalier ; car enfin, c'est votre bien que je ménage. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  219. Il me suffit que vous y consentiez ; votre amour est à toute épreuve, et je dispense votre politesse d'aller plus loin ; c'en serait trop ; c'est à moi à avoir soin de vous, quand vous vous oubliez pour moi. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  220. M'aimer, cela n'est pas assez, Comtesse ; distinguez-moi un peu de Lélio ; à qui vous l'avez dit peut-être aussi. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  221. Vous devriez être honteux d'exiger cela, au moins. (Acte 3, scène 6, LA COMTESSE)
  222. Allons, mon cher amour, régalez ma tendresse de ce petit trait-là ; vous ne risquez rien avec moi ; laissez sortir ce mot-là de votre belle bouche ; voulez-vous que je lui donne un baiser pour l'encourager ? (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  223. Lélio viendra certainement vous presser d'opter entre lui et moi ; ne manquez pas de lui dire que vous consentez à l'épouser. (Acte 3, scène 6, LE CHEVALIER)
  224. Permettez, Madame, que j'interrompe pour un moment votre entretien avec Monsieur. (Acte 3, scène 7, LÉLIO)
  225. Vous riez, Monsieur le Chevalier ; mais vous prenez mal votre temps, et je prendrai le mien pour vous répondre. (Acte 3, scène 7, LÉLIO)
  226. Vous êtes vif, Lélio ; mais la cause de votre vivacité est pardonnable, et je vous veux plus de bien que vous ne pensez. (Acte 3, scène 7, LA COMTESSE)
  227. Chevalier, nous avons jusqu'ici plaisanté ensemble, il est temps que cela finisse ; vous m'avez parlé de votre amour, je serais fâchée qu'il fut sérieux ; je dois ma main à Lélio, et je suis prête, à recevoir la sienne. (Acte 3, scène 7, LA COMTESSE)
  228. Voilà une lettre qu'on vient d'apporter de la poste, Madame. (Acte 3, scène 7, UN-VALET)
  229. Que diantre signifie cela ? (Acte 3, scène 8, LÉLIO)
  230. Payer le dédit ; donnez-moi votre main ou de l'argent. (Acte 3, scène 8, LE CHEVALIER)
  231. Qu'est devenu votre désespoir ? (Acte 3, scène 9, LA COMTESSE)
  232. N'était-ce qu'une passion de théâtre ? (Acte 3, scène 9, LA COMTESSE)
  233. Mais il n'est pas juste qu'un misérable dédit vous brouille ensemble ; tenez, ne vous gênez plus ni l'un ni l'autre ; le voilà rompu. (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  234. Consolez-vous : vous perdez d'aimables espérances, je ne vous les avais données que pour votre bien. (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  235. Regardez le chagrin qui vous arrive comme une petite punition de votre inconstance ; vous avez quitté Lélio moins par raison que par légèreté, et cela mérite un peu de correction. (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  236. À votre égard, seigneur Lélio, voici votre bague. (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  237. Au milieu des transports dont il remplit notre âme, v.6 (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  238. Amants, si votre caractère, v.20 (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)
  239. Quand nous ferons votre peinture, v.29 (Acte 3, scène 9, LE CHEVALIER)

LES SERMENTS INDISCRETS (1732)

  1. Damis serait un étrange homme, si cette lettre-ci ne rompt pas le projet qu'on fait de nous marier. (Acte 1, scène 1, LUCILE)
  2. Te voilà, Lisette, approche ; je viens d'apprendre que Damis est arrivé hier de Paris, qu'il est actuellement chez son père ; et voici une lettre qu'il faut que tu lui rendes, en vertu de laquelle j'espère que je ne l'épouserai point. (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  3. Non, Madame, je ne ferai point votre message ; Damis est l'époux qu'on vous destine ; vous y avez consenti ; tout le monde est d'accord : entre une épouse et vous, il n'y a plus qu'une syllabe de différence, et je ne rendrai point votre lettre ; vous avez promis de vous marier. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  4. Ne faudrait-il pas être folle, pour épouser un homme dont le caractère m'est tout à fait inconnu ? (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  5. Je ne veux point être mariée sitôt et ne le serai peut-être jamais. (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  6. Sans difficulté ; les vôtres vous condamnent à vivre en compagnie, par exemple. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  7. Examinez-vous : vous ne savez pas les difficultés de l'état austère que vous embrassez ; il faut avoir le coeur bien frugal pour le soutenir ; c'est une espèce de solitaire qu'une fille, et votre physionomie n'annonce point de vocation pour cette vie-là. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  8. Il ne faut que deux ou trois mois de commerce avec un mari pour expédier votre délicatesse ; allez, déchirez votre lettre. (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  9. Est-ce que tu crois que je me pique d'être plus indifférente qu'une autre ? (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  10. Une âme tendre est douce, elle a des sentiments, elle en demande ; elle a besoin d'être aimée, parce qu'elle aime ; et une âme de cette espèce-là entre les mains d'un mari n'a jamais son nécessaire. (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  11. Je les connais un peu, ces messieurs-là ; je remarque que les hommes ne sont bons qu'en qualité d'amants, c'est la plus jolie chose du monde que leur coeur, quand l'espérance les tient en haleine ; soumis, respectueux et galants, pour le peu que vous soyez aimable avec eux, votre amour-propre est enchanté ; il est servi délicieusement ; on le rassasie de plaisirs, folie, fierté, dédain, caprices, impertinences, tout nous réussit, tout est raison, tout est loi ; on règne, on tyrannise, et nos idolâtres sont toujours à nos genoux. (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  12. Dès qu'ils sont heureux, les ingrats ne méritent plus de l'être. (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  13. Non pas, s'il vous plaît ; ce serait un meurtre ; il ne vieillira qu'avec le temps, et n'enlaidira qu'à force de durer ; je veux qu'il n'appartienne qu'à moi, que personne n'ait que voir à ce que j'en ferai, qu'il ne relève que de moi seule. (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  14. Si j'étais mariée, ce ne serait plus mon visage ; il serait à mon mari, qui le laisserait là, à qui il ne plairait pas, et qui lui défendrait de plaire à d'autres ; j'aimerais autant n'en point avoir. (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  15. Non, non, Lisette, je n'ai point envie d'être coquette ; mais il y a des moments où le coeur vous en dit, et où l'on est bien aise d'avoir les yeux libres, ainsi, plus de discussion ; va porter ma lettre à Damis, et se range qui voudra sous le joug du mariage ! (Acte 1, scène 2, LUCILE)
  16. Mais de cette lettre que je vais porter, en espérez-vous beaucoup ? (Acte 1, scène 2, LISETTE)
  17. Vous avez eu le temps d'en faire quatre : allons, finissez. (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  18. Voyons, que me veut ton maître ? (Acte 1, scène 3, LUCILE)
  19. Il vous demande, Madame, un moment d'entretien avant que de paraître ici tantôt avec son père ; et j'ose vous assurer que cet entretien est nécessaire. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  20. Dites-nous, Monsieur le personnage, vous qui jugez cet entretien si important, vous en savez donc le sujet ? (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  21. Mon maître ne me cache rien de ce qu'il pense. (Acte 1, scène 3, FRONTIN)
  22. Va, ton maître n'a qu'à venir. (Acte 1, scène 3, LUCILE)
  23. Que ne m'avez-vous dit de lui donner votre lettre ? (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  24. Elle vous eût dispensée de voir son maître. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  25. Dis-lui qu'en y faisant réflexion, j'ai cru que dans cette occasion-ci je ne devais point me montrer, et que je le prie de s'ouvrir à toi sur ce qu'il a à me dire, et s'il refuse de parler, en marquant quelque empressement pour me voir, finis la conversation, en lui donnant ma lettre. (Acte 1, scène 4, LUCILE)
  26. C'est sans doute ma maîtresse que vous cherchez, Monsieur ? (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  27. Vous avez l'air de vous y connaître trop bien pour que j'en appelle. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  28. Fort bien : votre histoire commence comme la nôtre. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  29. A souhaité le mariage qu'on veut faire entre votre maîtresse et moi. (Acte 1, scène 5, DAMIS)
  30. Cela se peut bien ; mais elle est dans sa lettre la plus aimable personne du monde. (Acte 1, scène 5, DAMIS)
  31. Mon père, ensuite, me presse de venir, me dit que je ne saurais, sur la fin de ses jours, lui donner de plus grande consolation qu'en épousant Lucile ; qu'il est ami intime de son père, que d'ailleurs elle est riche, et que je lui aurai une obligation éternelle du parti qu'il me procure ; et qu'enfin, dans trois ou quatre jours, ils vont, son ami, sa famille et lui, m'attendre à leurs maisons de campagne qui sont voisines, et où je ne manquerai pas de me rendre, à mon retour de Paris. (Acte 1, scène 5, DAMIS)
  32. Je parle très sérieusement ; et comme on dit que Lucile est d'un esprit raisonnable, et que je lui dois être fort indifférent, j'avais dessein de lui ouvrir mon coeur, afin de me tirer de cette aventure-ci. (Acte 1, scène 5, DAMIS)
  33. Je crois en avoir d'aussi sensés ; c'est qu'en vérité je ne suis pas d'un âge à me lier d'un engagement aussi sérieux ; c'est qu'il me fait peur, que je sens qu'il bornerait ma fortune, et que j'aime à vivre sans gêne, avec une liberté dont je sais tout le prix et qui m'est plus nécessaire qu'à un autre, de l'humeur dont je suis. (Acte 1, scène 5, DAMIS)
  34. Je demande pardon à votre sexe de ce que je dis là : il peut y avoir des exceptions ; mais elles sont rares, et je n'ai point de bonheur. (Acte 1, scène 5, DAMIS)
  35. Que vous êtes aimable d'avoir si mauvaise opinion de notre esprit ! (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  36. Je vous avertis que ma maîtresse est aimable. (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  37. Et moi je vous avertis que je ne m'en soucie guère : je suis à l'épreuve ; je ne crois pas votre maîtresse plus redoutable que tout ce que j'ai vu, sans lui faire tort, et je suis sûr que ses yeux seront d'aussi bonne composition que ceux des autres. (Acte 1, scène 5, DAMIS)
  38. Si je n'avais pas peur d'être ridicule, je vous recommanderais, pour vous piquer, de ne m'en pas manquer vous-même. (Acte 1, scène 5, DAMIS)
  39. Tenez, votre départ sera de toutes vos grâces celle qui nous touchera le plus ; êtes-vous content ? (Acte 1, scène 5, LISETTE)
  40. Et moi du mien, Monsieur, je vous le promets, car je puis hardiment me montrer après ce que vous venez de dire ; allons, Monsieur, le plus fort est fait, nous n'avons à nous craindre ni l'un ni l'autre : vous ne vous souciez point de moi, je ne me soucie point de vous ; car je m'explique sur le même ton, et nous voilà fort à notre aise ; ainsi convenons de nos faits ; mettez-moi l'esprit en repos ; comment nous y prendrons-nous ? (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  41. J'ai une soeur qui peut plaire ; affectez plus de goût pour elle que pour moi ; peut-être cela vous sera-t-il aisé. (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  42. Votre apparition me déconcerte, je l'avoue ; je me suis expliqué d'une manière si libre, en parlant de personnes aimables, et surtout de vous, Madame ! (Acte 1, scène 6, DAMIS)
  43. Tant mieux ; c'est m'avoir fait votre cour que cela. (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  44. Le goût d'un homme seul ne décide rien là-dessus ; et de quelque façon qu'il se tourne, on n'en vaut ni plus ni moins ; les agréments n'y perdent ni n'y gagnent ; cela ne signifie rien ; ainsi, Monsieur, point d'excuse ; au reste, pourtant, si vous en voulez faire, si votre politesse a quelque remords qui la gêne, qu'à cela ne tienne, vous êtes bien le maître. (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  45. Votre prétendue future vaut mieux que tout ce que vous avez vu jusqu'ici ; il n'y a pas de comparaison, je l'emporte ; n'est-il pas vrai que cela va là ? (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  46. Ce serait en m'aimant qu'on m'embarrasserait : mais grâce au ciel, il n'en est rien ; heureusement mes yeux se trouvent pacifiques ; ils applaudissent à votre indifférence ; ils se la promettaient, c'est une obligation que je vous ai, et la seule de votre part qui pouvait m'épargner une ingratitude ; vous m'entendez ; vous avez eu quelque peur des dispositions que je pouvais avoir ; mais soyez tranquille. (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  47. Madame, oubliez un discours que je n'ai tenu tantôt qu'en plaisantant ; je suis de tous les hommes celui à qui il est le moins permis d'être vain, et vous de toutes les dames celle avec qui il serait le plus impossible de l'être ; vous êtes d'une figure qui ne permet ce sentiment-là à personne ; et si je l'avais, je serais trop méprisable. (Acte 1, scène 6, DAMIS)
  48. Ce n'est pas là votre chemin ; prenez garde que le diable ne vous écarte ; tenez, vous ne voulez point vous épouser : abrégeons, et tout à l'heure entre mes mains cimentez vos résolutions d'une nouvelle promesse de ne vous appartenir jamais ; allons, Madame, commencez pour le bon exemple, et pour l'honneur de votre sexe. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  49. Elle a raison, Monsieur ; c'est votre parole qui règle tout ; partez. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  50. MONSIEUR vous dit qu'il est trop poli pour être naturel. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  51. Terminons donc, s'il n'y a que cela qui vous arrête, Monsieur ; voici mes sentiments : je ne veux point être mariée, et je n'en eus jamais moins d'envie que dans cette occasion-ci ; ce discours est net et sous-entend tout ce que la bienséance veut que je vous épargne. (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  52. Vous passez pour un homme d'honneur, Monsieur ; on fait l'éloge de votre caractère, et c'est aux soins que vous vous donnerez pour me tirer de cette affaire-ci, c'est aux services que vous me rendrez là-dessus que je reconnaîtrai la vérité de tout ce qu'on m'a dit de vous. (Acte 1, scène 6, LUCILE)
  53. Je ne suis point de caractère à persécuter les dispositions où je vous vois ; elles excluent notre mariage ; et quand ma vie en dépendrait, quand mon coeur vous regretterait, ce qui ne serait pas difficile à croire, je vous sacrifierais et mon coeur et ma vie, et vous les sacrifierais sans vous le dire ; c'est à quoi je m'engage, non par des serments qui ne signifieraient rien, et que je fais pourtant comme vous si vous les exigez, vous, mais parce que votre coeur, parce que la raison, mon honneur et ma probité dont vous l'exigez, le veulent ; et comme il faudra nous voir, et que je ne saurais partir ni vous quitter sur-le-champ, si, pendant le temps que nous nous verrons, il m'allait par hasard échapper quelque discours qui pût vous alarmer, je vous conjure d'avance de n'y rien voir contre ma parole, et de ne l'attribuer qu'à l'impossibilité qu'il y aurait de n'être pas galant avec ce qui vous ressemble. (Acte 1, scène 6, DAMIS)
  54. Adieu, Madame ; il me tarde de vous montrer que je suis du moins digne de quelque estime. (Acte 1, scène 6, DAMIS)
  55. C'est comme qui dirait... entre le froid et le chaud. (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  56. Je crois avoir à mon tour la clef d'un autre secret : je pense que Lucile ne traite froidement Damis que parce qu'il n'a pas d'empressement pour elle. (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  57. Notre vanité, qui a des yeux de lynx, a fureté partout ; et puis Monsieur viendra dire qu'il a de l'amour, à nous qui devinons qu'on nous aimera avant qu'on nous aime, qui avons des nouvelles du coeur d'un amant avant qu'il en ait lui-même ! (Acte 2, scène 1, LISETTE)
  58. Ma foi, Monsieur, comme vous voudrez : on m'a quelquefois dit que ma conversation en valait bien une autre, et j'y mettrai tout ce que j'ai de meilleur. (Acte 2, scène 2, FRONTIN)
  59. Point d'écart, Frontin, parlons un peu de votre maître. (Acte 2, scène 2, ORGON)
  60. Je vois des cruautés dans vos enfants qu'on ne devinerait pas à la douceur de votre visage. (Acte 2, scène 2, FRONTIN)
  61. De mon maître, et des peines secrètes qu'il souffre de la part de Mademoiselle votre fille. (Acte 2, scène 2, FRONTIN)
  62. Qu'a-t-on fait à ton maître, dis ? (Acte 2, scène 2, LISETTE)
  63. Tais-toi, en voilà assez ; tout ce que j'entends me fait juger qu'il n'y a, peut-être, que du malentendu dans cette affaire-ci. (Acte 2, scène 2, ORGON)
  64. Tu me parais être le mieux du monde avec ta maîtresse. (Acte 2, scène 3, FRONTIN)
  65. Les rangs ne sont pas mieux observés entre mon maître et moi ; supposons à présent que ta maîtresse se marie. (Acte 2, scène 3, FRONTIN)
  66. Si mon maître prenait femme, c'est un ménage qui tombe en quenouille ; nous avons donc intérêt qu'ils gardent tous deux le célibat. (Acte 2, scène 3, FRONTIN)
  67. Aussi ai-je défendu à ma maîtresse d'en sortir, et heureusement son obéissance ne lui coûte rien. (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  68. Or, il s'agit de conserver nos postes ; les pères de nos jeunes gens sont attaqués de vieillesse, maladie incurable et qui menace de faire bientôt des orphelins ; ces orphelins-là nous reviennent, ils tombent dans notre lot ; ils sont d'âge à entrer dans leurs droits, et leurs droits nous mettront dans les nôtres. (Acte 2, scène 3, FRONTIN)
  69. Nous réglerons fort bien chacun notre ménage. (Acte 2, scène 3, FRONTIN)
  70. Oui-da ; c'est un embarras qu'on prend volontiers, quand on aime le bien d'un maître. (Acte 2, scène 3, LISETTE)
  71. Si nous nous aimions tous deux, nous n'écarterions plus l'amour que nos orphelins pourraient prendre l'un pour l'autre ; ils se marieraient, et adieu nos droits. (Acte 2, scène 3, FRONTIN)
  72. Tiens, disons-nous quelques injures pour mettre un peu de rancune entre l'amour et nous : je te trouve laide, par exemple. (Acte 2, scène 3, FRONTIN)
  73. Non, Madame, je ne saurais ; votre commission n'est pas faisable ; je ne rapporte jamais rien que de gracieux à mon maître ; et d'ailleurs il n'est pas possible que le plus galant homme de la terre ait pu vous ennuyer. (Acte 2, scène 4, FRONTIN)
  74. Je n'attaque personne, Madame ; mais qu'un homme quitte ma maîtresse et fasse un autre choix, il n'y a pas à le marchander : c'est un homme sans goût ; ce sont de ces choses décidées, depuis qu'il y a des hommes. (Acte 2, scène 4, LISETTE)
  75. Je ne m'arrêtais pas ici pour lier conversation avec vous : mais en quoi, s'il vous plaît, serait-il si digne d'être moqué ? (Acte 2, scène 4, PHÉNICE)
  76. Ma réponse est sur le visage de ma maîtresse. (Acte 2, scène 4, LISETTE)
  77. Adieu, je me retire : voilà ta maîtresse qui accourt ; confirme-la dans ses dégoûts. (Acte 2, scène 5, FRONTIN)
  78. D'un autre côté, mon père ne me parle point. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  79. J'ai travaillé à vous en donner un ; et j'ai si bien fait, que votre soeur est actuellement éprise de lui ; ce qui nous produira quelque chose. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  80. Je ne vois pas trop à quoi ce moyen hétéroclite peut m'être bon. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  81. N'est-on pas convenu que Damis ferait la cour à votre soeur ? (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  82. Supprimez l'éloge de votre adresse ; point de réponse qui aille à côté de ce qu'on vous demande : vous parlez de Damis, ne le quittez point ; finissons ce sujet-là. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  83. J'achève ; Frontin était avec moi ; votre soeur l'a vu, elle est venue lui parler. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  84. Frontin, lui a-t-elle dit, votre maître ne s'adresse qu'à moi, quoique destiné à ma soeur ; on croit que j'y contribue, cela me déplaît, et je vous charge de l'en instruire. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  85. Damis est joli, de négliger ma maîtresse, ai-je dit en riant. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  86. a repris votre soeur. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  87. Il est vrai que ma soeur est aimable, mais d'autres le sont aussi. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  88. Je ne connais point ces autres-là, Madame. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  89. Là-dessus elle est partie avec des appas révoltés, qui se promettent bien de l'emporter sur les vôtres ; qu'en dites-vous ? (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  90. Que je vous ai mille obligations, que mon affront est complet, que ma soeur triomphe, que j'entends d'ici les airs qu'elle se donne, qu'elle va me croire attaquée de la plus basse jalousie du monde, et qu'on ne saurait être plus humiliée que je le suis. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  91. N'avez-vous pas dit vous-même à Damis de paraître s'attacher à elle ? (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  92. Vous confondez grossièrement les idées, et dans un petit génie comme le vôtre, cela est à sa place. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  93. Damis, en feignant d'aimer ma soeur, me donnait une raison toute naturelle de dire : Je n'épouse point un homme qui paraît en aimer une autre. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  94. Mais refuser d'épouser un homme, ce n'est pas être jalouse de celle qu'il aime, entendez-vous ? (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  95. Cela change d'espèce ; et c'est cette distinction-là qui vous passe ; c'est ce qui fait que je suis trahie, que je suis la victime de votre petit esprit, que ma soeur est devenue sotte, et que je ne sais plus où j'en suis. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  96. Voilà tout le produit de votre zèle, voilà comme on gâte tout quand on n'a point de tête. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  97. Vous ferez ce qu'il vous plaira ; mais j'ai cru que le plus sûr était d'engager votre soeur à aimer Damis, et peut-être Damis à l'aimer, afin que vous eussiez raison d'être fâchée et de le refuser. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  98. Vous ne sentez pas votre impertinence, dans quelque sens que vous la preniez ? (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  99. Vous a-t-on demandé cette perfidie-là contre elle ? (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  100. Vous me pénétrez d'une vraie douleur pour elle. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  101. Damis lui-même sera peut-être forcé de l'épouser malgré lui. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  102. Mais voyons, répondez-moi ; c'est votre conscience que j'interroge. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  103. Vous êtes bien hardie de mettre l'exception à la place de la règle générale. (Acte 2, scène 5, LUCILE)
  104. il est inutile de tant crier ; je ne m'en mêlerai plus ; accommodez-vous, ce n'est pas moi qu'on menace de marier et vous n'avez qu'à dire vos raisons à ceux qui viennent ; défendez-vous à votre fantaisie. (Acte 2, scène 5, LISETTE)
  105. Peut-être aviez-vous envie de le voir. (Acte 2, scène 7, LUCILE)
  106. MONSIEUR Ergaste, les gens de notre âge effarouchent les éclaircissements ; promenons-nous de notre côté ; pour vous, mes enfants, qui ne vous haïssez pas, je vous donne deux jours pour terminer vos débats ; après quoi je vous marie ; et ce sera dès demain, si on me raisonne. (Acte 2, scène 7, ORGON)
  107. Mais prenez donc garde ; si nous en manquons l'un et l'autre, comme il y a toute apparence, je vous prie de me dire où cela nous conduira. (Acte 2, scène 8, LUCILE)
  108. Car votre tranquillité m'enchante ; d'où vous vient-elle ? (Acte 2, scène 8, LUCILE)
  109. Vous fiez-vous à ce que votre père et le mien voient que leur projet ne vous plaît pas ? (Acte 2, scène 8, LUCILE)
  110. Non, Madame, ils ne sauraient le voir ; cela n'est pas possible ; il y a de certaines figures, de certaines physionomies qu'on ne saurait soupçonner d'être indifférentes. (Acte 2, scène 8, DAMIS)
  111. Cependant, Monsieur, comme il s'agit ici d'affaires sérieuses, voudriez-vous bien supprimer votre qui est-ce qui croira, qui n'est pas de mon goût, et qui a tout l'air d'une plaisanterie que je ne mérite pas. (Acte 2, scène 8, LUCILE)
  112. Car, que signifient, je vous prie, ces physionomies qu'on ne saurait soupçonner d'être indifférentes ? (Acte 2, scène 8, LUCILE)
  113. Vous vous trompez, Monsieur, il en faut tout rabattre ; j'ai mille preuves du contraire, et je ne suis point de ce sentiment-là. (Acte 2, scène 8, LUCILE)
  114. Tenez, j'en suis aussi peu que vous, qui vous divertissez à faire semblant d'en être ; et vous voyez ce que deviennent ces sortes de compliments quand on les presse. (Acte 2, scène 8, LUCILE)
  115. Ne dirait-on pas que vous y entendez finesse, avec votre sérieux ? (Acte 2, scène 8, LUCILE)
  116. C'est une autre affaire. (Acte 2, scène 8, DAMIS)
  117. Du reste, je suis parfaitement le maître, et je vous aimerai, s'il me plaît ; ainsi, peut-être que je vous aime, peut-être que je me sacrifie, et ce sont mes affaires. (Acte 2, scène 8, DAMIS)
  118. Je vous aimerai, s'il me plaît ; peut-être que je vous aime ? (Acte 2, scène 8, LUCILE)
  119. Mais dans le fond, si vous m'aimiez avec cet air dégagé que vous avez, vous seriez assurément le plus grand comédien du monde, et ce caractère-là n'est pas des plus honnêtes à porter, entre vous et moi. (Acte 2, scène 8, LUCILE)
  120. Voyez si mon père et le vôtre ne sont plus dans le jardin, et quittons-nous, s'ils ne nous observent plus. (Acte 2, scène 8, LUCILE)
  121. Madame, il vient d'arriver compagnie, qui est dans la salle avec Monsieur Orgon, et il m'envoie vous dire qu'on va se mettre au jeu. (Acte 2, scène 9, LISETTE)
  122. Mais mon père sait bien que je ne joue jamais qu'à contrecoeur ; dites-lui que je le prie de m'en dispenser. (Acte 2, scène 9, LUCILE)
  123. Allez, dites à mon père que je vais dans mon cabinet, et que je ne me montrerai qu'après que les parties seront commencées. (Acte 2, scène 9, LUCILE)
  124. Que diantre veulent-ils dire, de ne venir ni l'un ni l'autre ? (Acte 2, scène 9, LISETTE)
  125. En ce moment, par exemple, je rêve à notre aventure, elle est si singulière, qu'elle devrait être unique. (Acte 2, scène 10, DAMIS)
  126. Il n'y a pas plus de six mois qu'un de mes amis et une personne qu'on voulait qu'il épousât, se sont trouvés tous deux dans le même cas que vous et moi : même résolution de ne point se marier, avant que de se connaître, même convention entre eux, mêmes promesses que moi de la défaire de lui. (Acte 2, scène 10, DAMIS)
  127. Non, Madame, il les tint : mais notre coeur se moque de nos résolutions. (Acte 2, scène 10, DAMIS)
  128. Non, je ne suis qu'historien exact ; au reste, Madame, je vous raconte ceci dans la bonne foi, pour nous entretenir et sans aucun dessein. (Acte 2, scène 10, DAMIS)
  129. Qu'arriva-t-il entre la dame et votre ami ? (Acte 2, scène 10, LUCILE)
  130. Je le sais ; mais votre ami était un impertinent, de proposer à une femme de parler la première ! (Acte 2, scène 10, LUCILE)
  131. Il faudrait être affamée d'un coeur pour l'acheter à ce prix-là. (Acte 2, scène 10, LUCILE)
  132. Je continuerai de feindre de la servir, Madame ; c'est tout ce que je puis vous promettre. (Acte 2, scène 10, DAMIS)
  133. Non, Monsieur ; mais on s'imagine que vous m'aimez ; vos façons l'ont persuadé à tout le monde ; et je ne le nierai pas, je ne paraîtrai point m'y déplaire, et je vous réduirai, peut-être ou à la nécessité de m'épouser en dépit de votre goût, ou à fuir en homme imprudent (j'adoucis le terme), en homme inexcusable, qui n'aura pas rougi de violer tous les égards, et de se moquer, tour à tour, de deux filles de condition, dont la moindre peut fixer le plus honnête homme : de sorte que vous risquez ou le sacrifice de votre coeur, ou la perte de votre réputation ; deux objets qui valent bien qu'on y pense. (Acte 3, scène 1, PHÉNICE)
  134. Je ne saurais pourtant y en mettre davantage. (Acte 3, scène 1, DAMIS)
  135. Damis voulait épouser votre soeur ; c'était là notre arrangement. (Acte 3, scène 2, ORGON)
  136. Nous sommes obligés de le changer ; le coeur de Lucile en dispose autrement : elle ne l'avoue pas, mais ce n'est que par pur complaisance pour moi, et j'ai quitté ce projet-là. (Acte 3, scène 2, ORGON)
  137. Je vous dispense de ces considérations-là pour moi ; et pour trancher net, vous ne l'épouserez point : vos dégoûts pour lui n'ont été que trop marqués, et je le destine à votre soeur à qui son coeur se donne, et qui ne lui refuse pas le sien, quoiqu'elle aille de son côté me dire le contraire à cause de vous. (Acte 3, scène 2, ORGON)
  138. Nous y voilà ; je savais votre réponse avant que vous me la fissiez ; je vous connais toutes deux : l'une, de peur de me fâcher, épouserait ce qu'elle n'aime pas ; l'autre, par retenue pour sa soeur, refuserait d'épouser ce qu'elle aime. (Acte 3, scène 2, ORGON)
  139. Vous voyez un homme consterné ; mon cher ami, je ne vois nulle apparence au mariage en question, à moins que de violenter des coeurs qui ne semblent pas faits l'un pour l'autre : je ne saurais cependant pardonner à mon fils d'avoir cédé si vite à l'indifférence de Lucile ; j'ai même été jusqu'à le soupçonner d'aimer ailleurs, et voici son valet à qui j'en parlais ; mais, soit que je me trompe, ou que ce coquin n'en veuille rien dire, tout ce qu'il me répond, c'est que mon fils ne plaît pas à Lucile, et j'en suis au désespoir. (Acte 3, scène 3, ERGASTE)
  140. Entre vous et moi, mon fils a paru tout d'un coup pencher de ce côté-là. (Acte 3, scène 3, ERGASTE)
  141. Voilà ce qu'on appelle une véritable union de coeurs, un vrai mariage d'inclination, et jamais on n'en devrait faire d'autres. (Acte 3, scène 3, ERGASTE)
  142. Dis-lui qu'il remercie Monsieur Orgon de la bonté qu'il a de n'être pas fâché dans cette occasion-ci ; car si Damis n'épouse pas Lucile, je gagerais bien que c'est à lui à qui il faut s'en prendre : dis-lui que je lui pardonne, en faveur de ce nouveau mariage, le chagrin qu'il a risqué de me donner ; mais que s'il me trompait encore, si après les empressements qu'il a marqués pour Phénice il hésitait à l'épouser, s'il faisait encore cette injure à Monsieur Orgon, je ne veux le voir de ma vie, et que je le déshérite ; je ne lui parlerai pas même que je ne sois content de lui. (Acte 3, scène 4, ERGASTE)
  143. Je te cherchais, Frontin, et j'attendais que Monsieur Ergaste t'eût quitté pour te parler, et savoir ce qu'il te disait : il semble que les affaires vont mal ; ma maîtresse ne me voit pas de bon oeil ; sais-tu de quoi il s'agit ?... (Acte 3, scène 5, LISETTE)
  144. La peur d'être déshérité me coupe la parole. (Acte 3, scène 5, FRONTIN)
  145. D'être déshérité, te dis-je, ou d'épouser Phénice. (Acte 3, scène 5, FRONTIN)
  146. Voilà donc pourquoi Lucile m'a si bien reçue tout à l'heure : elle a su que j'ai dit à son père qu'elle n'aimait point Damis, que Damis se déclarait pour sa soeur ; on veut à présent qu'il l'épouse ; je n'ai point prévu ce coup-là, et je me compte disgraciée ; j'ai vu Lucile trop inquiète : apparemment que ton maître ne lui est point indifférent ; et je perds tout, si elle me congédie. (Acte 3, scène 5, LISETTE)
  147. Maudite soit l'ambition de gouverner chacun notre ménage ! (Acte 3, scène 5, LISETTE)
  148. Voilà notre tort ; c'est de n'avoir pas prévu l'infaillible effet de nos mérites. (Acte 3, scène 5, FRONTIN)
  149. Mais, m'amie, notre mal est-il sans remède ? (Acte 3, scène 5, FRONTIN)
  150. N'importe, voici ton maître ; changeons adroitement de batterie, et tâchons de le gagner. (Acte 3, scène 5, LISETTE)
  151. Ma commission ne porte point qu'on vous oblige ; on n'attaque point votre liberté, voyez-vous ; vous êtes le maître d'opter entre Phénice ou votre ruine, et l'on s'en rapporte à votre choix. (Acte 3, scène 6, FRONTIN)
  152. D'où vient cela, sinon de l'honneur que j'ai d'être à vous ? (Acte 3, scène 6, FRONTIN)
  153. Tu n'as peut-être pas tant de tort. (Acte 3, scène 6, LISETTE)
  154. Je vous l'avoue, Lisette, tout ce que vous me dites là, si vous êtes sincère, pourrait m'être d'un bon augure ; et si j'osais soupçonner la moindre des dispositions dans son coeur... (Acte 3, scène 6, DAMIS)
  155. Iriez-vous lui donner le vôtre ? (Acte 3, scène 6, FRONTIN)
  156. Soit : mais souvenez-vous qu'elle a exigé que je ne l'épousasse point ; qu'elle me l'a demandé par tout l'honneur dont je suis capable ; que c'est elle, peut-être, qui, pour se débarrasser tout à fait de moi, contribue aujourd'hui au nouveau mariage qu'on veut que je fasse ; en un mot, je ne sais qu'en penser moi-même. (Acte 3, scène 6, DAMIS)
  157. Je puis me tromper, peut-être vous trompez-vous aussi ; et sans quelques preuves un peu moins équivoques de ses sentiments, je ne saurais me déterminer à violer les paroles que je lui ai données ; non pas que je les estime plus qu'elles valent ; elles ne seraient rien pour un homme qui plairait : mais elles doivent lier tout homme qu'on hait, et dont on les a exigées comme une sûreté contre lui. (Acte 3, scène 6, DAMIS)
  158. J'ai à vous parler pour un moment, Damis ; notre entretien sera court ; je n'ai qu'une question à vous faire ; vous, qu'un mot à me répondre ; et puis je vous fuis, je vous laisse. (Acte 3, scène 7, LUCILE)
  159. Mais vous n'y pensez pas ; revenez donc, Monsieur ; est-ce que la guerre est déclarée entre vous deux ? (Acte 3, scène 7, LISETTE)
  160. Et vous, Monsieur, qui aimez ma maîtresse ; car vous l'aimez, je gage. (Acte 3, scène 7, LISETTE)
  161. Oui, je voudrais de tout mon coeur ôter à Monsieur qui se tait, et dont le silence m'agite le sang, je voudrais lui ôter le scrupule du ridicule engagement qu'il a pris avec vous, que je me repens de vous avoir laissé prendre, et dont vous souffrez autant l'un que l'autre. (Acte 3, scène 7, LISETTE)
  162. Voilà à quoi je mettrais ma gloire, et non pas à me tenir douloureusement sur mon quant-à-moi, comme vous faites, et à me dire : Voyons ce qu'il dit, voyons ce qu'il ne dit pas ; qu'il parle, qu'il commence ; c'est à lui, ce n'est pas à moi ; mon sexe, ma fierté, les bienséances, et mille autres façons inutiles avec Monsieur qui tremble, et qui a la bonté d'avoir peur que son amour ne vous alarme et ne vous fâche. (Acte 3, scène 7, LISETTE)
  163. Mort de ma vie, Monsieur, fâchez hardiment ; faites-nous cet honneur-là ; courage, attaquez-nous ; cette cérémonie-là fera votre fortune, et vous vous entendrez : car jusqu'ici on ne voit goutte à vos discours à tous deux ; il y a du oui, du non, du pour, du contre ; on fuit, on revient, on se rappelle, on n'y comprend rien. (Acte 3, scène 7, LISETTE)
  164. D'où lui viennent surtout de pareilles idées sur votre compte ? (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  165. Vous m'excuserez, je me mets à votre place ; il n'est point agréable de s'entendre dire de certaines choses en face. (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  166. J'aurai pourtant un plaisir ; c'est que vous ne saurez point si je suis digne de haine à cet égard-là ; je dirai toujours : peut-être. (Acte 3, scène 8, DAMIS)
  167. Je vais vous dire où elle est, moi ; vous la trouverez dans la règle des égards qu'on doit aux dames ; vous y verrez qu'il n'est pas bien de vous divertir avec un peut-être, qui ne fera pas fortune chez moi, qui ne m'intriguera pas ; car je sais à quoi m'en tenir : c'est en badinant que vous le dites ; mais c'est un badinage qui ne vous sied pas ; ce n'est pas là le langage des hommes ; on n'a pas mis leur modestie sur ce pied-là. (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  168. Parlons d'autre chose ; je ne suis pas venue ici sans motif ; écoutez-moi : vous savez, sans doute, qu'on veut vous donner ma soeur ? (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  169. Car s'il n'en est rien, ou ne l'épousez pas, ou trouvez bon que j'avertisse mon père qui s'y trompe, et qui serait au désespoir de s'y être trompé. (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  170. Je sais le moyen de vous en faire prendre un autre. (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  171. Allez votre chemin, Monsieur ; poursuivez ; je ne vous retiens pas. (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  172. Courez vous punir vous-même, vous ne manquerez pas votre coup ; car je vous déclare que je vous y aiderai, moi. (Acte 3, scène 8, LUCILE)
  173. J'ai le coeur incapable de vous nuire ; mais laissez-moi me tirer de l'état où je suis ; contentez-vous de m'avoir déjà procuré ce qui m'arrive ; on ne m'offrirait pas aujourd'hui votre soeur, si, pour vous obliger, je n'avais pas paru m'attacher à elle, ou si vous n'aviez pas dit que je l'aimais. (Acte 3, scène 8, DAMIS)
  174. Souvenez-vous que j'ai servi vos dégoûts pour moi avec un honneur, une fidélité surprenante, avec une fidélité que je ne vous devais point, que tout autre, à ma place, n'aurait jamais eu, et ce procédé si louable, si généreux, mérite bien que vous laissiez en repos un homme qui peut avoir porté la vertu jusqu'à se sacrifier pour vous ; je ne veux pas dire que je vous aime ; non, Lucile, rassurez-vous ; mais enfin vous ne savez pas ce qui en est, vous en pourriez douter ; vous êtes assez aimable pour cela, soit dit sans vous louer ; je puis vous épouser, vous ne le voulez pas, et je vous quitte. (Acte 3, scène 8, DAMIS)
  175. En vérité, Madame, tant d'ardeur à me faire du mal récompense mal un service que tout le monde, hors vous, aurait soupçonné d'être difficile à rendre. (Acte 3, scène 8, DAMIS)
  176. Voilà une aventure qui a tout l'air de nous souffler notre patrimoine. (Acte 3, scène 10, FRONTIN)
  177. Monsieur, une fille qui se marie n'y regarde pas de si près ; elle est trop curieuse pour être délicate. (Acte 4, scène 1, FRONTIN)
  178. Et d'ailleurs il est si aisé de s'accommoder de votre figure... (Acte 4, scène 1, FRONTIN)
  179. Quel contretemps ! (Acte 4, scène 1, DAMIS)
  180. Je crois que voici mon père ; je me sauve ; il ne te parlera peut-être pas ; en tout cas reviens me chercher ici près. (Acte 4, scène 1, DAMIS)
  181. Monsieur, qui est-ce qui peut l'être dans la vie ? (Acte 4, scène 2, FRONTIN)
  182. Tu m'as dit que ton maître m'attendait ici, et je ne le vois pas. (Acte 4, scène 3, PHÉNICE)
  183. Dans mon petit état de subalterne, je regarde, j'examine, et, chemin faisant, je vois par-ci, par-là, des gens que je n'aime point, d'autres qui me reviennent et à qui je me donnerais pour rien : ce ne laisserait pas que d'être un présent. (Acte 4, scène 3, FRONTIN)
  184. Si vous saviez combien je m'intéresse à votre sort, à qui je vois prendre un si mauvais train... (Acte 4, scène 3, FRONTIN)
  185. C'est encore une autre histoire que cette affaire-là. (Acte 4, scène 3, FRONTIN)
  186. En voilà bien assez : je suis au fait, et de peur d'être ingrate, je te confie à mon tour que ta discrétion mériterait le châtiment du bâton. (Acte 4, scène 3, PHÉNICE)
  187. Sur ce pied-là, gardez-moi le secret ; je vois mon maître, et je vais lui dire d'approcher. (Acte 4, scène 3, FRONTIN)
  188. Ignorez-vous que notre mariage est conclu ? (Acte 4, scène 4, DAMIS)
  189. Je ne croyais pas que les choses dussent aller si loi, et je vous demande pardon d'en être cause. (Acte 4, scène 4, DAMIS)
  190. Vous vous moquez, je n'ai point de rancune à garder contre un homme qui va devenir mon époux. (Acte 4, scène 4, PHÉNICE)
  191. Si vous dites vrai, votre bonheur est sûr ; je vous promets que je n'y mettrai point d'obstacle. (Acte 4, scène 4, PHÉNICE)
  192. Ma foi, il ne me siérait pas d'y en mettre non plus, et je ne serais pas excusable, surtout après les empressements que j'ai marqués pour vous, Madame. (Acte 4, scène 4, DAMIS)
  193. Notre mariage ira donc tout de suite ? (Acte 4, scène 4, PHÉNICE)
  194. Encore une fois, faites-y vos réflexions ; vous comptez peut-être que je vous tirerai d'affaire, et vous vous trompez : n'attendez rien de mon coeur, il vous prendra au mot, je ne suis que trop disposé à vous le donner. (Acte 4, scène 4, DAMIS)
  195. Ne rougissez point, ma fille ; vos sentiments sont avoués de votre père, et vous pouvez souffrir à vos genoux un homme que vous allez épouser. (Acte 4, scène 5, ORGON)
  196. Mon fils, je n'avais résolu de vous parler qu'à l'instant de votre mariage avec Madame ; vos procédés m'avaient déplu ; mais je vous pardonne, et je suis content ; les sentiments où je vous vois me réconcilient avec vous. (Acte 4, scène 5, ERGASTE)
  197. Je dis, Madame... que je viens d'être surpris à vos genoux. (Acte 4, scène 6, DAMIS)
  198. J'ai d'abord été étourdie, je vous l'avoue ; mais je me suis remise en vous voyant fâché : votre chagrin m'a rassurée contre la comédie que vous avez jouée tout à l'heure. (Acte 4, scène 6, PHÉNICE)
  199. Votre amour tient bon ? (Acte 4, scène 6, PHÉNICE)
  200. Tant mieux pour vous si vous m'aimez, au reste ; car mon parti est pris, et je ne vous refuserais pas, quand vous en aimeriez une autre, quand je ne vous aimerais pas moi-même. (Acte 4, scène 6, PHÉNICE)
  201. C'est que si vous ne m'aimiez point, notre mariage ne se ferait point, parce que vous n'iriez point jusque-là ; c'est qu'en y consentant, moi, c'est une preuve d'obéissance que je donnerais à mon père à fort bon marché, et que par là je le gagnerais pour un mariage plus à mon gré, qui pourrait se présenter bientôt : vous voyez bien que j'aurais mon petit intérêt à vous laisser démêler cette intrigue ; ce qui vous serait aisé en retournant à ma soeur qui ne vous hait pas, et que je croyais que vous ne haïssiez pas non plus ; sans quoi, point de quartier. (Acte 4, scène 6, PHÉNICE)
  202. C'est qu'il ne faut point aimer, Mademoiselle ; c'est que cela ne convient point non plus ; c'est qu'il y va de tout le repos de votre vie ; c'est que je vous persécuterai jusqu'à ce que vous ayez quitté cet amour-là ; c'est que je ne veux point que vous le gardiez, et vous ne le garderez point : c'est moi qui vous le dis, qui vous en empêcherai bien. (Acte 4, scène 7, LUCILE)
  203. je suis votre soeur, et il n'en sera rien. (Acte 4, scène 7, LUCILE)
  204. Est-ce là de l'honneur, à votre avis ? (Acte 4, scène 7, LUCILE)
  205. Voilà une petite narration de bon goût que vous me faites là ; je ne vous conseille pas de la faire à d'autres qu'à moi. (Acte 4, scène 7, LUCILE)
  206. Ai-je tort de trembler pour vous ? (Acte 4, scène 8, LUCILE)
  207. Pour dire la vérité, il n'aime ici que ma maîtresse. (Acte 4, scène 8, LISETTE)
  208. Je serais peut-être dupe si j'étais reconnaissante. (Acte 4, scène 8, PHÉNICE)
  209. Au reste, je ne vous indique rien de ce qui peut appuyer cette fausse confidence : vous êtes fille d'esprit, vous pénétrez les mouvements des autres ; vous lisez dans les coeurs ; l'art de les persuader ne vous manquera pas, et je vous prie de m'épargner une instruction plus ample. (Acte 4, scène 9, LUCILE)
  210. Enfin, Madame, il n'est plus question de notre mariage ; vous voilà libre, et puisqu'il le faut, j'épouserai Phénice. (Acte 4, scène 10, DAMIS)
  211. Notre mariage vous déplaît-il ? (Acte 4, scène 10, DAMIS)
  212. J'ai trouvé que vous ne me conveniez point, et je vous avoue que, si l'on m'en croyait, vous ne conviendriez pas mieux à Phénice, et peut-être même pourrais-je en dire ma pensée. (Acte 4, scène 10, LUCILE)
  213. Le plus court serait que ton maître allât se jeter aux pieds de ma maîtresse, je suis persuadée que cela terminerait tout. (Acte 5, scène 1, LISETTE)
  214. Il n'y a pas moyen ; il dit qu'il a suffisamment éprouvé le coeur de Lucile, et qu'il est si mal disposé pour lui, que peut-être publierait-elle l'aveu de son amour pour le perdre. (Acte 5, scène 1, FRONTIN)
  215. Le danger où il est d'épouser Phénice, l'impossibilité où il se trouve de la refuser avec honneur, l'idée qu'il a des sentiments de Lucile, tout cela lui tourne la tête et la tournerait à un autre : il ne voit pas les choses comme nous, il faut le plaindre ; malheureusement c'est un garçon qui a de l'esprit ; cela fait qu'il subtilise, que son cerveau travaille ; et dans de certains embarras, sais-tu bien qu'il n'appartient qu'aux gens d'esprit de n'avoir pas le sens commun ? (Acte 5, scène 1, FRONTIN)
  216. Quoi qu'il en soit, qu'il se garde bien de s'en aller avant que de savoir à quoi s'en tenir ; car j'espère que la difficulté que nous avons fait naître, et la conduite que nous faisons tenir à Lucile, le tireront d'affaire ; je n'ai pas eu de peine à persuader à ma maîtresse que ce mariage-ci lui faisait une véritable injure, qu'elle avait droit de s'en plaindre, et Monsieur Orgon m'a paru aussi très embarrassé de ce que j'ai été lui dire de sa part ; mais toi, de ton côté, qu'as-tu dit au père de Damis ? (Acte 5, scène 1, LISETTE)
  217. Lui as-tu fait sentir le désagrément qu'il y avait pour son fils de n'entrer dans une maison que pour y brouiller les deux soeurs ? (Acte 5, scène 1, LISETTE)
  218. Je me suis surpassé, ma fille ; tu sais le talent que j'ai pour la parole et l'art avec lequel je mens quand il faut : je lui ai peint Lucile si ennemie de mon maître, remplissant la maison de tant de murmures, menaçant sa soeur d'une rupture si terrible si elle l'épouse ! (Acte 5, scène 1, FRONTIN)
  219. Voilà, ce me semble, tout ce qu'on peut faire en pareil cas pour ton maître, et j'ai bonne opinion de cela ; mais retire-toi ; voici Lucile qui me cherche apparemment ; je lui ai toujours dit qu'elle aimait Damis sans qu'elle l'ait avoué, et je vais changer de ton afin de la forcer à en changer elle-même. (Acte 5, scène 1, LISETTE)
  220. Pouvez-vous être de ce sang-froid-là, dans les circonstances où je me trouve ? (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  221. Je suis peut-être plus fâchée que vous. (Acte 5, scène 2, LISETTE)
  222. Écoutez, vous auriez raison de l'être : je vous dois l'injure que j'essuie, et j'ai fait une triste épreuve de l'imprudence de vos conseils. (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  223. Si je n'en ai pas d'autre garant que vos connaissances, je n'ai qu'à m'y fier, me voilà bien instruite. (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  224. Chacun a sa façon de penser et de sentir, et apparemment que j'en ai une ; mais je ne dirai pas ce que c'est, je ne connais que la vôtre. (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  225. Et voilà ce que c'est : on croit se déterminer, on croit agir, on croit suivre ses sentiments, ses lumières, et point du tout ; il se trouve qu'on n'a qu'un esprit d'emprunt, et qu'on ne vit que de la folie de ceux qui s'emparent de votre confiance. (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  226. La condition la plus naturelle d'une fille est d'être mariée. (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  227. J'entrevois qu'il m'aurait plu. (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  228. Mais malheureusement vous êtes au monde ; et la destination de votre vie est d'être le fléau de la mienne. (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  229. Le moyen de s'en être empêchée avec vous ? (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  230. Oui, et je suis charmée de l'aimer pour vous mettre dans votre tort, et vous faire taire. (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  231. Je n'en sais rien, Lisette ; car quand j'y songe, notre amour ne fait pas toujours l'éloge de la personne aimée ; il fait bien plus souvent la critique de la personne qui aime : je ne le sens que trop. (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  232. Notre vanité et notre coquetterie, voilà les plus grandes sources de nos passions, voilà d'où les hommes tirent le plus souvent tout ce qu'ils valent. (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  233. Qui nous ôterait les faiblesses de notre coeur ne leur laisserait guère de qualités estimables. (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  234. Ce cabinet où j'étais cachée pendant que Damis te parlait, qu'on le retranche de mon aventure, peut-être que je n'aurais pas d'amour ; car pourquoi est-ce que j'aime ? (Acte 5, scène 2, LUCILE)
  235. Madame, Damis n'a que faire de cette aventure-là pour être aimable : laissez-moi vous conduire. (Acte 5, scène 2, LISETTE)
  236. Je sors, car voilà votre père ; mais vous aurez beau dire, si Damis se voyait forcé d'épouser Phénice, ne vous attendez pas que je reste muette. (Acte 5, scène 2, LISETTE)
  237. Ma fille, que signifie donc ce que Lisette m'est venu dire de votre part ? (Acte 5, scène 3, ORGON)
  238. Vous ne voulez pas voir le mariage de votre soeur ? (Acte 5, scène 3, ORGON)
  239. Non, il est certain que je n'ai point de part aux bontés de votre coeur ; ma soeur en emporte toutes les tendresses. (Acte 5, scène 3, LUCILE)
  240. Si tu avais voulu de Damis, il ne serait pas à elle, ainsi te voilà hors d'intérêt ; et dans le fond, ton coeur t'a bien conduit : Damis et toi, vous n'étiez pas nés l'un pour l'autre. (Acte 5, scène 3, ORGON)
  241. Il a plu sans peine à ta soeur ; nous voulions nous allier, Monsieur Ergaste et moi, et nous profitons de leur penchant mutuel : c'est te débarrasser d'un homme que tu n'aimes point, et tu dois en être charmée. (Acte 5, scène 3, ORGON)
  242. Enfin, je n'ai rien à dire, et vous êtes le maître ; mais je devais l'épouser. (Acte 5, scène 3, LUCILE)
  243. Approchez, Phénice ; votre soeur vient de me dire les motifs de son dégoût pour votre mariage. (Acte 5, scène 4, ORGON)
  244. Qu'est-ce que c'est donc que cet air de dispute que vous prenez entre vous deux ? (Acte 5, scène 4, ORGON)
  245. Que puis-je faire de plus que de renoncer à Damis, si votre coeur le souhaite ? (Acte 5, scène 4, PHÉNICE)
  246. Je crois, Monsieur, que vous êtes bien persuadé du désir extrême que j'avais de voir terminer notre mariage ; mais vous savez l'obstacle qu'y a apporté Madame ; et plutôt que de jeter le trouble dans une famille... (Acte 5, scène 5, DAMIS)
  247. Approchez, vous dis-je, venez ici, et laissez-vous conduire ; allons, Monsieur, rendez hommage à votre vainqueur, et jetez-vous à ses genoux tout à l'heure... à ses genoux, vous dis-je : et vous, ma soeur, tenez-vous un peu fière ; ne lui tendez pas la main en signe de paix, mais ne la retirez pas non plus ; laissez-la aller, afin qu'il la prenne ; voilà mon projet rempli : adieu ; le reste vous regarde. (Acte 5, scène 6, PHÉNICE)
  248. Je ne m'attendais pas à ce discours-là ; car vous me promîtes alors de rompre notre mariage. (Acte 5, scène 7, LUCILE)
  249. Lucile, si mon coeur pouvait fléchir le vôtre ! (Acte 5, scène 7, DAMIS)
  250. Vous verrez que notre histoire sera d'un ridicule qui me désole. (Acte 5, scène 7, LUCILE)
  251. Je ne serai jamais à Phénice, je ne puis être qu'à vous seule, et si je vous perds, toute ma ressource est de fuir, de ne me montrer de ma vie, et de mourir de douleur. (Acte 5, scène 7, DAMIS)
  252. Notre aventure fera rire, mais notre amour m'en console. (Acte 5, scène 7, LUCILE)
  253. Allons, mon fils, hâtez-vous de combler ma joie, et venez signer votre bonheur. (Acte 5, scène 8, ERGASTE)
  254. Ne me demandez point d'autre réponse, mon père. (Acte 5, scène 8, LUCILE)
  255. Ne me demande point d'autre réponse. (Acte 5, scène 8, LISETTE)

LA COLONIE (1750)

  1. Ah çà, Madame Sorbin, ou plutôt ma compagne, car vous l'êtes, puisque les femmes de votre état viennent de vous revêtir du même pouvoir dont les femmes nobles m'ont revêtue moi-même ; donnons-nous la main, unissons-nous et n'ayons qu'un même esprit toutes les deux. (Acte 1, scène 1, ARTHÉNICE)
  2. Nous voici chargées du plus grand intérêt que notre sexe ait jamais eu, et cela dans la conjoncture du monde la plus favorable pour discuter notre droit vis-à-vis les hommes. (Acte 1, scène 1, ARTHÉNICE)
  3. Depuis qu'il a fallu nous sauver avec eux dans cette île où nous sommes fixées, le Gouvernement de notre patrie a cessé. (Acte 1, scène 1, ARTHÉNICE)
  4. Fort bien, vous sentez-vous en effet un courage qui réponde à la dignité de votre emploi ? (Acte 1, scène 1, ARTHÉNICE)
  5. Tenez, je me soucie aujourd'hui de la vie comme d'un fétu ; en un mot comme en cent, je me sacrifie, je l'entreprends. (Acte 1, scène 1, MADAME SORBIN)
  6. Au surplus, vous qui m'exhortez, il y a ici un certain Monsieur Timagène qui court après votre coeur ; court-il encore ? (Acte 1, scène 1, MADAME SORBIN)
  7. Qu'est-ce que c'est que Timagène, Madame Sorbin, je ne le connais plus depuis notre projet, tenez ferme et ne songez qu'à m'imiter. (Acte 1, scène 1, ARTHÉNICE)
  8. Ah çà, vous savez bien que les hommes vont dans un moment s'assembler sous des tentes, afin d'y choisir entre eux deux hommes qui nous feront des lois ; on a battu le tambour pour convoquer l'assemblée. (Acte 1, scène 1, MADAME SORBIN)
  9. Il n'y a qu'à faire battre le tambour aussi pour enjoindre à nos femmes d'avoir à mépriser les règlements de ces Messieurs, et dresser tout de suite une belle et bonne ordonnance de séparation d'avec les hommes qui ne se doutent encore de rien. (Acte 1, scène 1, MADAME SORBIN)
  10. C'était mon idée, sinon qu'au lieu du tambour, je voulais faire afficher notre ordonnance à son de trompe. (Acte 1, scène 1, ARTHÉNICE)
  11. Voici Timagène et votre mari qui passent sans nous voir. (Acte 1, scène 1, ARTHÉNICE)
  12. Holà, notre homme. (Acte 1, scène 1, MADAME SORBIN)
  13. Eh là là, tout bellement, je veux vous voir, Monsieur Sorbin, bonjour ; n'avez-vous rien à me communiquer, par hasard ou autrement ? (Acte 1, scène 2, MADAME SORBIN)
  14. Au Conseil où l'on nous appelle, et où la noblesse et tous les notables d'une part, et le peuple de l'autre, nous menacent cet honnête homme et moi, de nous nommer pour travailler aux lois, et j'avoue que mon incapacité me fait déjà trembler. (Acte 1, scène 2, TIMAGÈNE)
  15. Ah bien tant mieux, faites, amusez-vous, jouez une farce ; mais gardez-nous votre drôlerie pour une autre fois, cela est trop bouffon pour le temps qui court. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR SORBIN)
  16. Notre drôlerie, Monsieur Sorbin ? (Acte 1, scène 2, MADAME SORBIN)
  17. Un peu d'attention ; nous avons été obligés, grands et petits, nobles, bourgeois et gens du peuple, de quitter notre patrie pour éviter la mort ou pour fuir l'esclavage de l'ennemi qui nous a vaincus. (Acte 1, scène 2, ARTHÉNICE)
  18. Le dessein est formé d'y rester, et comme nous y sommes tous arrivés pêle-mêle, que la fortune y est égale entre tous, que personne n'a droit d'y commander, et que tout y est en confusion, il faut des maîtres, il en faut un ou plusieurs, il faut des lois. (Acte 1, scène 2, ARTHÉNICE)
  19. Eh pardi, nous entendons, nous, ce ne peut pas être d'autres. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR SORBIN)
  20. Ces maîtres, ou bien ce maître, de qui le tiendra-t-on ? (Acte 1, scène 2, ARTHÉNICE)
  21. Car le gros jugement de votre Adjoint ne va pas jusqu'à savoir ce que je veux dire. (Acte 1, scène 2, ARTHÉNICE)
  22. Vous m'affligez, Madame, si vous me laissez partir sans m'instruire de ce qui vous indispose contre moi. (Acte 1, scène 2, TIMAGÈNE)
  23. Partez, Monsieur, vous le saurez au retour de votre Conseil. (Acte 1, scène 2, ARTHÉNICE)
  24. C'est l'ancienne coutume d'être impertinent de père en fils, qui leur bouche l'esprit. (Acte 1, scène 3, MADAME SORBIN)
  25. Je viens à vous, vénérable et future belle-mère, vous m'avez promis la charmante Lina, et je suis bien impatient d'être son époux ; je l'aime tant, que je ne saurais plus supporter l'amour sans le mariage. (Acte 1, scène 4, PERSINET)
  26. Et le mariage, tel qu'il a été jusqu'ici, n'est plus aussi qu'une pure servitude que nous abolissons, ma belle enfant, car il faut bien la mettre un peu au fait pour la consoler. (Acte 1, scène 5, ARTHÉNICE)
  27. Je n'en aurai pas la peine ; Persinet et moi, nous voudrons toujours la même chose ; nous en sommes convenus entre nous. (Acte 1, scène 5, LINA)
  28. Prends-y garde avec ton Persinet ; si tu n'as pas des sentiments plus relevés, je te retranche du noble corps des femmes, reste avec ma camarade et moi pour apprendre à considérer ton importance ; et surtout qu'on supprime ces larmes qui font confusion à ta mère, et qui rabaissent notre mérite. (Acte 1, scène 5, MADAME SORBIN)
  29. Vénérables compagnes, le sexe qui vous a nommées ses chefs, et qui vous a choisies pour le défendre, vient de juger à propos dans une nouvelle délibération, de vous conférer des marques de votre dignité, et nous vous les apportons de sa part. (Acte 1, scène 6, UNE DES DEPUTÉES)
  30. Nous sommes chargées, en même temps de vous jurer pour lui une entière obéissance, quand vous lui aurez juré entre nos mains une fidélité inviolable ; deux articles essentiels auxquels on n'a pas songé d'abord. (Acte 1, scène 6, UNE DES DEPUT?ES)
  31. Illustres députées, nous aurions volontiers supprimé le faste dont on nous pare. (Acte 1, scène 6, ARTHÉNICE)
  32. Il nous aurait suffi d'être ornées de nos vertus ; c'est à ces marques qu'on doit nous reconnaître. (Acte 1, scène 6, ARTH?NICE)
  33. Voici mes paroles : vous irez de niveau avec les hommes ; ils seront vos camarades, et non pas vos maîtres ; Madame vaudra partout Monsieur, ou je mourrai à la peine. (Acte 1, scène 6, MADAME SORBIN)
  34. On verra la fin du monde, la race des hommes s'éteindra avant que nous cession d'obéir à vos ordres ; voici déjà une de nos compagnes qui accourt pour vous reconnaître. (Acte 1, scène 6, UNE-DES-DEPUTEES)
  35. Embrassons-nous, mes amies ; notre serment mutuel vient de nous imposer de grands devoirs, et pour vous exciter à remplir les vôtres, je suis d'avis de vous retracer en ce moment une vive image de l'abaissement où nous avons langui jusqu'à ce jour ; nous ne ferons en cela que nous conformer à l'usage de tous les chefs de parti. (Acte 1, scène 7, ARTHÉNICE)
  36. Votre service est fait, qu'on s'en aille. (Acte 1, scène 8, MADAME SORBIN)
  37. L'oppression dans laquelle nous vivons sous nos tyrans, pour être si ancienne, n'en est pas devenue plus raisonnable ; n'attendons pas que les hommes se corrigent d'eux-mêmes ; l'insuffisance de leurs lois a beau les punir de les avoir faites à leur tête et sans nous, rien ne les ramène à la justice qu'ils nous doivent, ils ont oublié qu'ils nous la refusent. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  38. On nous crie dès le berceau, vous n'êtes capables de rien, ne vous mêlez de rien, vous n'êtes bonnes à rien qu'à être sages ; on l'a dit à nos mères qui l'ont cru, qui nous le répètent ; on a les oreilles rebattues de ces mauvais propos ; nous sommes douces, la paresse s'en mêle, on nous mène comme des moutons. (Acte 1, scène 9, UNE DES FEMMES)
  39. Que voulez-vous donc être pour être mieux ? (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  40. C'est notre chef qui parle. (Acte 1, scène 9, UNE AUTRE FEMME)
  41. Venons à l'esprit, et voyez combien le nôtre a paru redoutable à nos tyrans, jugez-en par les précautions qu'ils ont prises pour l'étouffer, pour nous empêcher d'en faire usage ; c'est à filer, c'est à la quenouille, c'est à l'économie de leur maison, c'est au misérable tracas d'un ménage, enfin c'est à faire des noeuds, que ces Messieurs nous condamnent. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  42. Ou bien, c'est à savoir prononcer sur des ajustements, c'est à les réjouir dans leurs soupers, c'est à leur inspirer d'agréables passions, c'est à régner dans la bagatelle, c'est à n'être nous-mêmes que la première de toutes les bagatelles ; voilà toutes les fonctions qu'ils nous laissent ici-bas ; à nous qui les avons polis, qui leur avons donné des moeurs, qui avons corrigé la férocité de leur âme ; à nous, sans qui la terre ne serait qu'un séjour de sauvages, qui ne mériteraient pas le nom d'hommes. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  43. Il est vrai qu'on nous traite de charmantes, que nous sommes des astres, qu'on nous distribue des teints de lis et de roses, qu'on nous chante dans les vers, où le soleil insulté pâlit de honte à notre aspect, et comme vous voyez, cela est considérable ; et puis les transports, les extases, les désespoirs dont on nous régale, quand il nous plaît. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  44. Que par simplicité nous nous entêtons du vil honneur de leur plaire, et que nous nous amusons bonnement à être coquettes, car nous le sommes, il en faut convenir. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  45. Est-ce notre faute ? (Acte 1, scène 9, UNE FEMME)
  46. Sans doute ; mais ce qu'il y a d'admirable, c'est que la supériorité de notre âme est si invincible, si opiniâtre, qu'elle résiste à tout ce que je dis là, c'est qu'elle éclate et perce encore à travers cet avilissement où nous tombons ; nous sommes coquettes d'accord, mais notre coquetterie même est un prodige. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  47. Quand je songe à tout le génie, toute la sagacité, toute l'intelligence que chacune de nous y met en se jouant, et que nous ne pouvons mettre que là, cela est immense, il y entre plus de profondeur d'esprit qu'il n'en faudrait pour gouverner deux mondes comme le nôtre, et tant d'esprit est en pure perte. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  48. Allons, point de quartier ; je fais voeu d'être laide, et notre première ordonnance sera que nous tâchions de l'être toutes. (Acte 1, scène 9, MADAME SORBIN)
  49. D'être laides ? (Acte 1, scène 9, UNE DES FEMMES)
  50. Eh mais qui est-ce qui pourrait en être ? (Acte 1, scène 9, UNE AUTRE FEMME)
  51. Ta, ta, ta, ta, je t'en réponds, embellissons-nous pour retomber ; de vingt galants qui se meurent à nos genoux, il n'y en a quelquefois pas un qu'on ne réchappe, d'ordinaire on les sauve tous ; ces mourants-là nous gagnent trop, je connais bien notre humeur, et notre ordonnance tiendra ; on se rendra laide, au surplus ce ne sera pas si grand dommage, Mesdames, et vous n'y perdrez pas plus que moi. (Acte 1, scène 9, MADAME SORBIN)
  52. Doucement, cela vous plaît à dire, vous ne jouez pas gros jeu ; vous, votre affaire est bien avancée. (Acte 1, scène 9, UNE FEMME)
  53. On ne vous prendra jamais pour un astre. (Acte 1, scène 9, UNE AUTRE)
  54. Tredame, ni vous non plus pour une étoile. (Acte 1, scène 9, LINA)
  55. Dites donc, vous autres pimbêches, est-ce que vous croyez être jolies ? (Acte 1, scène 9, MADAME SORBIN)
  56. Et pour contenter ces femmes-ci, notre édit n'exceptera qu'elles, il leur sera permis de s'embellir, si elles le peuvent. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  57. Retirez-vous, vous dis-je, ou je vous ferai mettre aux arrêts. (Acte 1, scène 9, ARTHÉNICE)
  58. C'est votre faute, Mesdames, je ne voulais ni de cette artisane, ni de cette princesse, je n'en voulais pas, mais l'on ne m'a pas écoutée. (Acte 1, scène 9, UNE DES FEMMES)
  59. Eh bien, Lina, ma chère Lina, contez-moi mon désastre, d'où vient que Madame Sorbin me chasse ? (Acte 1, scène 11, PERSINET)
  60. J'en suis encore tout tremblant, je n'en puis plus, je me meurs. (Acte 1, scène 11, PERSINET)
  61. Le bon remède, je sens qu'il me rend la vie ; répétez, m'amour, encore un tour de prunelle pour me remettre tout à fait. (Acte 1, scène 11, PERSINET)
  62. Révoltées contre moi ? (Acte 1, scène 11, PERSINET)
  63. Il ne sait pas qu'il va tout à l'heure nous être enjoint de rompre avec les hommes. (Acte 1, scène 11, LINA)
  64. Qu'il sera enjoint d'être laides et mal faites avec eux, de peur qu'ils n'aient du plaisir à nous voir, et le tout par le moyen d'un placard au son de la trompe. (Acte 1, scène 11, LINA)
  65. Et moi je défie toutes les trompes et tous les placards du monde de vous empêcher d'être jolie. (Acte 1, scène 11, PERSINET)
  66. De sorte que je n'aurai plus ni mules, ni corset, que ma coiffure ira de travers et que je serai peut-être habillée d'un sac ; voyez à quoi je ressemblerai. (Acte 1, scène 11, LINA)
  67. Messieurs, permettez l'importunité, je viens à vous, Monsieur Sorbin, les affaires d'État me coupent la gorge, je suis abîmé, vous croyez que vous aurez un gendre, et c'est ce qui vous trompe, Madame Sorbin m'a cassé tout net jusqu'à la paix ; on vous casse aussi, on ne veut plus des personnes de notre étoffe, toute face d'homme est bannie, on va nous retrancher à son de trompe, et je vous demande votre protection contre un tumulte. (Acte 1, scène 12, PERSINET)
  68. C'est une émeute, une ligue, un tintamarre, un charivari sur le gouvernement du royaume ; vous saurez que les femmes se sont mises tout en un tas pour être laides, elles vont quitter les pantoufles, on parle même de changer de robes, de se vêtir d'un sac, et de porter les cornettes de côté pour nous déplaire ; j'ai vu préparer un grand colloque, j'ai moi-même approché les bancs pour la commodité de la conversation, je voulais m'y asseoir, on m'a chassé comme un gredin, le monde va périr, et le tout à cause de vos lois, que ces braves Dames veulent faire en communauté avec vous, et dont je vous conseille de leur céder la moitié de la façon, comme cela est juste. (Acte 1, scène 12, PERSINET)
  69. Ma femme est têtue, et je gage qu'elle a tout ameuté ; mais attendez-moi là, je vais voir ce que c'est, et je mettrai bon ordre à cette folie-là quand j'aurai pris mon ton de maître, je vous fermerai le bec à cela ; ne vous écartez pas, Messieurs. (Acte 1, scène 12, MONSIEUR SORBIN)
  70. Messieurs, daignez répondre à notre question ; vous allez faire des règlements pour la République, n'y travaillerons-nous pas de concert ? (Acte 1, scène 13, ARTHÉNICE)
  71. C'est-à-dire, à vous marier quand vous serez filles, à obéir à vos maris quand vous serez femmes, et à veiller sur votre maison, on ne saurait vous ôter cela, c'est votre lot. (Acte 1, scène 13, UN AUTRE HOMME)
  72. Est-ce là votre dernier mot ? (Acte 1, scène 13, MADAME SORBIN)
  73. Elle vous apprendra que nous voulons nous mêler de tout, être associées à tout, exercer avec vous tous les emplois, ceux de finance, de judicature et d'épée. (Acte 1, scène 13, ARTHÉNICE)
  74. De même qu'au Palais à tenir l'audience, à être Présidente, Conseillère, Intendante, Capitaine ou Avocate. (Acte 1, scène 13, MADAME SORBIN)
  75. Qu'a-t-il de plus important qu'une autre coiffure ? (Acte 1, scène 13, ARTHÉNICE)
  76. D'ailleurs, il n'est pas de notre bail, non plus que votre Code, jusqu'ici c'est votre justice et non pas la nôtre ; justice qui va comme il plaît à nos beaux yeux, quand ils veulent s'en donner la peine, et si nous avons part à l'institution des lois, nous verrons ce que nous ferons de cette justice-là, aussi bien que du bonnet carré, qui pourrait bien devenir octogone si on nous fâche ; la veuve ni l'orphelin n'y perdront rien. (Acte 1, scène 13, ARTH?NICE)
  77. La belle pointe d'esprit, mais finalement, il n'y a rien à rabattre, sinon lisez notre édit, votre congé est au bas de la page. (Acte 1, scène 13, MADAME SORBIN)
  78. C'est que notre esprit manque à la terre dans l'institution de ses lois, c'est que vous ne faites rien de la moitié de l'esprit humain que nous avons, et que vous n'employez jamais que la vôtre, qui est la plus faible. (Acte 1, scène 13, ARTHÉNICE)
  79. C'est que le mariage qui se fait entre les hommes et nous, devrait aussi se faire entre leurs pensées et les nôtres ; c'était l'intention des Dieux, elle n'est pas remplie, et voilà la source de l'imperfection des lois ; l'Univers en est la victime, et nous le servons en vous résistant. (Acte 1, scène 13, ARTHÉNICE)
  80. J'ai dit, il serait inutile de me répondre, prenez votre parti, nous vous donnons encore une heure, après quoi la séparation est sans retour, si vous ne vous rendez pas ; suivez-moi, Madame Sorbin, sortons. (Acte 1, scène 13, ARTH?NICE)
  81. Notre part d'esprit salue la vôtre. (Acte 1, scène 13, MADAME SORBIN)
  82. À l'autre avec son jargon d'homme ; c'est justement parce que je suis sensée que cela se passe ainsi. (Acte 1, scène 14, MADAME SORBIN)
  83. Vous voyez bien que cette entreprise ne saurait se soutenir. (Acte 1, scène 14, HERMOCRATE)
  84. Le courage nous manquera peut-être ; oh ! (Acte 1, scène 14, MADAME SORBIN)
  85. De fruits, d'herbes, de racines, de coquillages, de rien ; s'il le faut, nous pêcherons, nous chasserons, nous deviendrons sauvages, et notre vie finira avec honneur et gloire, et non pas dans l'humilité ridicule où l'on veut tenir des personnes de notre excellence. (Acte 1, scène 14, MADAME SORBIN)
  86. Ne suis-je pas votre mari, votre maître, et le chef de la famille ? (Acte 1, scène 14, MONSIEUR SORBIN)
  87. Est-ce que vous croyez me faire trembler avec le catalogue de vos qualités que je sais mieux que vous ? (Acte 1, scène 14, MADAME SORBIN)
  88. Vous êtes l'élu des hommes, et moi l'élue des femmes ; vous êtes mon mari, je suis votre femme ; vous êtes le maître, et moi la maîtresse ; à l'égard du chef de famille, allons bellement, il y a deux chefs ici, vous êtes l'un, et moi l'autre, partant quitte à quitte. (Acte 1, scène 14, MADAME SORBIN)
  89. Cependant le respect est un sot ; finissons, Monsieur Sorbin, qui êtes élu, mari, maître et chef de famille ; tout cela est bel et bon ; mais écoutez-moi pour la dernière fois, cela vaut mieux ; nous disons que le monde est une ferme, les Dieux là-haut en sont les Seigneurs, et vous autres hommes, depuis que la vie dure, en avez toujours été les fermiers tout seuls, et cela n'est pas juste, rendez-nous notre part de la ferme ; gouvernez, gouvernons ; obéissez, obéissons ; partageons le profit et la perte ; soyons maîtres et valets en commun ; faites ceci, ma femme ; faites ceci, mon homme ; voilà comme il faut dire, voilà le moule où il faut jeter les lois, nous le voulons, nous le prétendons, nous y sommes butées ; ne le voulez-vous pas ? (Acte 1, scène 14, MADAME SORBIN)
  90. Je vous annonce, et vous signifie en ce cas, que votre femme, qui vous aime, que vous devez aimer, qui est votre compagne, votre bonne amie et non pas votre petite servante, à moins que vous ne soyez son petit serviteur, je vous signifie que vous ne l'avez plus, qu'elle vous quitte, qu'elle rompt ménage et vous remet la clef du logis ; j'ai parlé pour moi ; ma fille, que je vois là-bas et que je vais appeler, va parler pour elle. (Acte 1, scène 14, MADAME SORBIN)
  91. Allons, Lina, approchez, j'ai fait mon office, faites le vôtre, dites votre avis sur les affaires du temps. (Acte 1, scène 14, MADAME SORBIN)
  92. La pauvre enfant tremble de ce que vous lui faites faire. (Acte 1, scène 15, TIMAGÈNE)
  93. Ma chère mère, mon avis, c'est, comme vous l'avez dit, que nous soyons dames et maîtresses par égale portion avec ces Messieurs ; que nous travaillions comme eux à la fabrique des lois, et puis qu'on tire, comme on dit, à la courte paille pour savoir qui de nous sera Roi ou Reine ; sinon, que chacun s'en aille de son côté, nous à droite, eux à gauche, du mieux qu'on pourra. (Acte 1, scène 15, LINA)
  94. C'est que c'est le plus difficile à retenir ; votre avis est encore que l'amour n'est plus qu'un sot. (Acte 1, scène 15, LINA)
  95. Ce n'est pas mon avis qu'on vous demande, c'est le vôtre. (Acte 1, scène 15, MADAME SORBIN)
  96. Que le Ciel nous assiste ; en bonne foi, est-ce là un régime_de_vie, notre femme ? (Acte 1, scène 15, MONSIEUR SORBIN)
  97. J'aime ces extravagantes-là plus que je ne pensais, il faudrait battre, et ce n'est pas ma manière de coutume. (Acte 1, scène 16, MONSIEUR SORBIN)
  98. J'excuse votre attendrissement. (Acte 1, scène 16, TIMAGÈNE)
  99. Tredame ! (Acte 1, scène 17, MADAME SORBIN)
  100. Quant à moi, qui ne vous accuse de rien, je m'en tiens à vous dire de la part de ces Messieurs, que vous aurez part à tous les emplois, et que j'ai ordre d'en dresser l'acte en votre présence ; mais, voyez avant que je commence, si vous avez encore quelque chose de particulier à demander. (Acte 1, scène 17, HERMOCRATE)
  101. Eh allons donc, camarade, vous avez trop d'esprit pour être mijaurée. (Acte 1, scène 17, MADAME SORBIN)
  102. Dites le vôtre, Madame l'élue, la noble. (Acte 1, scène 17, MADAME SORBIN)
  103. Il est un peu plus sensé que le vôtre, la Sorbin, il regarde l'amour et le mariage ; toute infidélité déshonore une femme, je veux que l'homme soit traité de même. (Acte 1, scène 17, ARTHÉNICE)
  104. Je ne serais pas de votre sentiment là-dessus, Madame Sorbin, je trouve la chose équitable, tout homme que je suis. (Acte 1, scène 17, HERMOCRATE)
  105. Je ne veux pas moi ; l'homme n'est pas de notre force, je compatis à sa faiblesse, le monde lui a mis la bride sur le cou en fait de fidélité et je la lui laisse, il ne saurait aller autrement : pour ce qui est de nous autres femmes, de confusion nous n'en avons pas même assez, j'en ordonne encore une dose ; plus il y en aura, plus nous serons honorables, plus on connaîtra la grandeur de notre vertu. (Acte 1, scène 17, MADAME SORBIN)
  106. Voyez-vous, nous autres petites femmes, nous ne changeons ni d'amant ni de mari, au lieu que des Dames, il n'en est pas de même, elles se moquent de l'ordre et font comme les hommes ; mais mon règlement les rangera. (Acte 1, scène 17, MADAME SORBIN)
  107. Madame, on vient d'apercevoir une foule innombrable de Sauvages qui descendent dans la plaine pour nous attaquer ; nous avons déjà assemblé les hommes ; hâtez-vous de votre côté d'assembler les femmes, et commandez-nous aujourd'hui avec Madame Sorbin, pour entrer en exercice des emplois militaires ; voilà des armes que nous vous apportons. (Acte 1, scène 18, TIMAGÈNE)
  108. Sa sotte gloire me raccommode avec vous autres, viens, mon mari, je te pardonne, va te battre, je vais à notre ménage. (Acte 1, scène 18, MADAME SORBIN)
  109. Ne vous inquiétez point, Mesdames, allez vous mettre à l'abri de la guerre, on aura soin de vos droits dans les usages qu'on va établir. (Acte 1, scène 18, TIMAGÈNE)

LE DÉNOUEMENT IMPRÉVU (1727)

  1. Je suis au désespoir, mon pauvre maître Pierre : je ne sais que devenir. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  2. En-dit que stila qui veut épouser Mademoiselle Argante a un valet ; si le maître épouse notre demoiselle ; il l'emmènera à son châtiau ; Lisette suivra : la velà emballée pour le voyage, et c'est autant de pardu pour moi que ce ballot-là ; ce guiable de valet en fera son proufit. (Acte 1, scène 1, MAITRE-PIERRE)
  3. Je vois tout ça fixiblement clair : stanpendant, je me tians l'esprit farme, je bataille contre le chagrin ; je me dis que tout ça n'est rian, que ça n'arrivera pas ; mais, morgué ! (Acte 1, scène 1, MAITRE PIERRE)
  4. Tenez ; tout en parlant de chouse et d'autre, velà-t-il pas qu'il me prend envie de pleurer ! (Acte 1, scène 1, MAITRE PIERRE)
  5. Mon enfant, rien n'est plus sûr que notre malheur : l'époux qu'on destine à Mademoiselle Argante doit arriver aujourd'hui, et c'en est fait ; Monsieur Argante, pour marier sa fille, ne voudra pas seulement attendre qu'il soit de retour à Paris. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  6. Mais pourquoi est-ce que Monsieur Argante, noute maître ; ne veut pas vous bailler sa fille ? (Acte 1, scène 1, MAITRE-PIERRE)
  7. Un autre les gagne ; tant pis pour ceti-ci, tant mieux pour ceti-là ; tant pis et tant mieux font aller le monde : à cause de ça faut-il refuser sa fille aux gens ? (Acte 1, scène 1, MAITRE PIERRE)
  8. Ce n'est point cela ; il faut être d'un sang noble. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  9. Et pis il jure ; et pis je li rends ; ça li établit une bonne opinion de mon çarviau, qui l'empêche d'aller à l'encontre de mes volontés : et il a raison de m'obéir ; car en vérité, je sis fort judicieux de mon naturel, sans que ça paraisse : ainsi je varrons ce qu'il en sera. (Acte 1, scène 1, MAITRE-PIERRE)
  10. Si tu me rends service là dedans, maître Pierre, et que Mademoiselle Argante n'épouse pas l'homme en question, je te promets d'honneur cinquante pistoles en te mariant avec Lisette. (Acte 1, scène 1, DORANTE)
  11. Mais vous dépendez de moi, vous autres, et je vous défends de le voir et de lui parler. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR-ARGANTE)
  12. J'ons une langue, et je m'en sars ; tant que je l'aurai, je m'en sarvirai ; vous me chicanez avec la voute, peut-être que je vous lantarne avec la mienne. (Acte 1, scène 2, MAITRE-PIERRE)
  13. C'est-à-dire, maître Pierre, que vous n'êtes pas content de ce que j'ai congédié Dorante ? (Acte 1, scène 2, MONSIEUR-ARGANTE)
  14. Acoutez, peut-être que la raison le voudrait ; mais voute avis est bian pus raisonnable que le sian. (Acte 1, scène 2, MAITRE-PIERRE)
  15. Le velà bian avancé d'être honnête homme ! (Acte 1, scène 2, MAITRE-PIERRE)
  16. Ça n'est pas parmis à un maître de maison. (Acte 1, scène 2, MAITRE-PIERRE)
  17. Voute farme, et tous les animaux qui en dépendont, me baillont moins de peine à gouvarner que vous tout seul ; par ainsi, prenez un autre farmier : je varrons un peu ce qu'il en sera, quand vous ne serez pus à ma charge. (Acte 1, scène 2, MAITRE-PIERRE)
  18. Me quitter tout d'un coup dans l'embarras où je suis, et le jour même que je marie ma fille ; vous prenez bien votre temps, après toutes les bontés que j'ai eues pour vous ! (Acte 1, scène 2, MONSIEUR-ARGANTE)
  19. C'est que mes bonnes qualités sont entarrées avec vous ; c'est qu'ou voulez marier voute fille à voute tête, en lieu de la marier à la mienne ; et drès qu'ou ne voulez pas me complaire en ça, drès que ma raison ne vous sart de rian, et qu'ou prétendez être le maître par-dessus moi qui sis prudent, drès qu'ou allez toujours voute chemin maugré que je vous retienne par la bride, je pards mon temps cheux vous. (Acte 1, scène 2, MAITRE-PIERRE)
  20. Ma mie, ce li disait-il, voute père veut donc vous bailler un autre homme que moi ? (Acte 1, scène 2, MAITRE-PIERRE)
  21. Et toi encore plus impertinent de me rapporter de pareils discours ; mais mon gendre va venir, et nous verrons qui sera le maître. (Acte 1, scène 2, MONSIEUR-ARGANTE)
  22. Il faut qu'ou deveniais folle ; ça est conclu entre nous ; il n'y a pus à dire non : faut parachever. (Acte 1, scène 3, MAITRE-PIERRE)
  23. Allons, avancez-nous, en attendant, queuque petit échantillon d'extravagance ont voir comment ça fait : en dit que les vapeurs sont bonnes pour ça, montrez-m'en une. (Acte 1, scène 3, MAITRE PIERRE)
  24. Va, ne t'embarrasse pas ; nous autres femmes, pour faire les folles avons-nous besoin d'étudier notre rôle ? (Acte 1, scène 3, LISETTE)
  25. Lisette, sarmonne-la un peu là-dessus, et songe toujours à noute amiquié : ça ne fait que croître et embellir cheux moi, quand je te regarde. (Acte 1, scène 3, MAITRE-PIERRE)
  26. Adieu ; noute maître est sourti, je pense. (Acte 1, scène 3, MAITRE-PIERRE)
  27. Qu'est-ce que c'est que la société entre nous autres honnêtes gens, s'il vous plaît ? (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  28. Mettez-vous pour quelques instants de la coterie des fous revêches, et nous dirons nous autres : la tête lui a tourné. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  29. Il vaut mieux que vous épousiez ce jeune rustre que nous attendons. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  30. Vous aurez parfois des galants houbereaux qui viendront vous rendre hommage, qui boiront du vin pur à votre santé ; mais avec des contorsions !... (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  31. Prenez votre parti, sinon je recommence, et je vous nomme tous les animaux de votre ferme, jusqu'à votre mari. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  32. Mais oui, je l'aime ; car je ne connais que lui depuis quatre ans. (Acte 1, scène 4, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  33. Peut-être bien ; mais on ne met rien dans son coeur, on y prend ce qu'on y trouve. (Acte 1, scène 4, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  34. Chemin faisant je rencontre de certains visages qui me remuent, et celui de Pierrot ne me remue point ; n'êtes-vous pas comme moi. (Acte 1, scène 4, LISETTE)
  35. Je suis au désespoir, Madame ; votre fermier m'a fait un récit qui m'a fait trembler. (Acte 1, scène 6, DORANTE)
  36. Il dit que vous refusez de me conserver votre main, et que vous ne voulez pas en venir à la seule ressource qui nous reste. (Acte 1, scène 6, DORANTE)
  37. Il faut extravaguer tretous au moins. (Acte 1, scène 6, MAITRE-PIERRE)
  38. Oui, cela va sans dire : retirons-nous ; je crois que votre père est revenu, vous pouvez l'attendre : mais il n'est pas à propos qu'il nous voie, nous autres. (Acte 1, scène 6, LISETTE)
  39. Laissez là votre clavecin ; mon gendre arrive, et vous ne devez pas le recevoir dans un ajustement aussi négligé. (Acte 1, scène 7, MONSIEUR-ARGANTE)
  40. J'attends que vous ayez achevé votre chanson. (Acte 1, scène 7, MONSIEUR-ARGANTE)
  41. Continuez, allez votre train, mon père ; continuez, n'écoutez pas mes dégoûts, tenez ferme, point de quartier, courage ; dites : je veux ; grondez ; menacez, punissez ne m'abandonnez pas dans l'état où je suis : je vous charge de tout ce qui m'arrivera. (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  42. Ma foi, je l'ai cru bon, parce que c'est votre mot favori. (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  43. Je ne le dirai plus ; mais revenons ; contez-moi un peu ce que c'est que votre gendre : n'est-ce pas cet homme des champs ? (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  44. Est-il question d'un autre ? (Acte 1, scène 7, MONSIEUR-ARGANTE)
  45. Je vous montrerai que je suis votre père. (Acte 1, scène 7, MONSIEUR-ARGANTE)
  46. Vous me direz peut-être que je n'ai que vingt ans, et que vous en avez soixante. (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  47. Soit, vous êtes plus vieux que moi ; je ne chicane point là-dessus ; j'aurai votre âge un jour ; car nous vieillissons tous dans notre famille. (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE ARGANTE)
  48. Je vous ai donné des maîtres de clavecin, vous avez un gosier de rossignol, vous dansez comme à l'Opéra, vous avez du goût, de la délicatesse ; moi du souci et de l'avarice ; vous lisez des romans, des historiettes et des contes de fées ; moi des édits, des registres et des mémoires. (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  49. Ne suis-je pas le maître ?.... (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE ARGANTE)
  50. À cette épithète de friponne, vous prenez votre sérieux ; vous vous armez de fermeté, et vous me dites : Vous êtes le maître, distinguo : pour les choses raisonnables, oui ; pour celles qui ne le sont pas, non. (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE ARGANTE)
  51. Si j'épousais votre magot, que deviendrait-elle ? (Acte 1, scène 7, MADEMOISELLE ARGANTE)
  52. Je pénètre vos desseins à présent, fille ingrate ; et vous vous imaginez que je serai la dupe de vos artifices ? (Acte 1, scène 7, MONSIEUR-ARGANTE)
  53. Mais si tantôt j'ai lieu de me plaindre de votre conduite, vous vous en repentirez toute votre vie. (Acte 1, scène 7, MONSIEUR ARGANTE)
  54. Qu'il entre. (Acte 1, scène 8, MONSIEUR-ARGANTE)
  55. Monsieur, je viens de dix lieues d'ici, vous dire que je suis votre serviteur. (Acte 1, scène 8, CRISPIN)
  56. Vous d'un côté, et Mademoiselle votre fille d'un autre, vous méritez fort bien vos dix lieues ; ce n'est que chacun cinq. (Acte 1, scène 8, CRISPIN)
  57. Ventrebleu ! (Acte 1, scène 8, CRISPIN)
  58. Sa part est meilleure que la vôtre, car nous venons pour l'épouser. (Acte 1, scène 8, CRISPIN)
  59. Le seigneur Eraste, mon maître, l'épousera pour femme, et moi pour maîtresse. (Acte 1, scène 8, CRISPIN)
  60. J'ai l'honneur d'être son associé. (Acte 1, scène 8, CRISPIN)
  61. La surdité lève tout scrupule ; et cela étant, je vous dirai sans façon que Monsieur Eraste va venir ; mais qu'il vous prie de ne point dire à sa future que c'est lui, parce qu'il se fait un petit ragoût de la voir sous le nom seulement d'un ami dudit Monsieur Eraste ; ainsi ce n'est point lui qui va venir, et c'est pourtant lui ; mais lui sous la figure d'un autre que lui : ce que je dis là n'est-il pas obscur ? (Acte 1, scène 8, CRISPIN)
  62. Monsieur, tout le monde me dit que Mademoiselle Argante est charmante et tout le monde apparemment ne se trompe pas ; ainsi quand je demande à la voir sous cet habit-ci, ce n'est pas pour vérifier si ce que l'on m'a dit est vrai ; mais peut-être, en m'épousant, ne fait-elle que vous obéir ; cela m'inquiète ; et je ne viens sous un autre nom l'assurer de mes respects, que pour tâcher d'entrevoir ce qu'elle pense de notre mariage. (Acte 1, scène 9, ERASTE)
  63. Avec votre parmission, Monsieur l'ami de Monsieur le futur, en attendant que noute Demoiselle se requinque, agriez ma convarsation pour vous aider à passer un petit bout de temps. (Acte 1, scène 10, MAITRE-PIERRE)
  64. Tant mieux pour vous, tant pis pour les autres ; et moi je sis le farmier d'ici, et ce n'est tant pis pour parsonne. (Acte 1, scène 10, MAITRE-PIERRE)
  65. C'est-à-dire qu'elle feindra d'être folle ? (Acte 1, scène 10, ERASTE)
  66. Vous savez qu'on vous a destinés l'un à l'autre : mais il ne veut jouir du bonheur qu'on lui assure, qu'autant que votre coeur y souscrira : c'est un respect que le sien vous doit, et que vous méritez plus que personne : daignez donc, Madame, me confier ce que vous pensez là-dessus ; afin qu'il se conforme à vos volontés. (Acte 1, scène 11, ERASTE)
  67. Je me trompais, c'est dans quatre ans que je voulais dire. (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  68. Ma commission est faite, Madame ; je sais vos sentiments, dispensez-vous du désordre d'esprit que vous affectez ; un coeur comme le vôtre doit être libre, et mon ami sera au désespoir de l'extrémité où la crainte d'être à lui vous a réduite. (Acte 1, scène 11, ERASTE)
  69. Que d'amour il aura pour vous, Madame, s'il ose se flatter d'être bien reçu ! (Acte 1, scène 11, ERASTE)
  70. J'en ai peut-être trop dit : mais vous serez mon époux. (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  71. A quoi songiez-vous de ne pas vous montrer ? (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  72. Vous vous gardiez, dit-on, pour un autre que moi. (Acte 1, scène 11, ERASTE)
  73. Vous demeurez à la campagne, et je ne l'aimais pas avant que je vous eusse connu ; il y a quatre ans que je connais Dorante ; l'habitude de le voir me l'avait rendu plus supportable que les autres hommes ; il me convenait, il aspirait à m'épouser, et dans tout ce que j'ai fait, je me gardais moins à lui, que je ne me sauvais du malheur imaginaire d'être à vous : voilà tout, êtes-vous content ? (Acte 1, scène 11, MADEMOISELLE-ARGANTE)
  74. Ne songeons donc plus qu'à nous réjouir ; et que, pour marquer notre joie, nos musiciens viennent ici commencer la fête. (Acte 1, scène 12, MONSIEUR-ARGANTE)
  75. C'est marché fait : chantez et dansez à votre aise, à cette heure, je n'y mets pus d'empêchement. (Acte 1, scène 12, MAITRE-PIERRE)

LA DISPUTE (1747)

  1. Je n'y comprends rien ; qu'est-ce que c'est que cette maison où vous me faites entrer, et qui forme un édifice si singulier ? (Acte 1, scène 1, HERMIANE)
  2. Vous souteniez contre toute ma cour que ce n'était pas votre sexe, mais le nôtre, qui avait le premier donné l'exemple de l'inconstance et de l'infidélité en amour. (Acte 1, scène 1, LE PRINCE)
  3. Sans doute, Hermiane, je n'y trouve pas plus d'apparence que vous, ce n'est pas moi qu'il faut combattre là-dessus, je suis de votre sentiment contre tout le monde, vous le savez. (Acte 1, scène 1, LE PRINCE)
  4. Je n'estime point le coeur des hommes, et je vous l'abandonne ; je le crois sans comparaison plus sujet à l'inconstance et à l'infidélité que celui des femmes ; je n'en excepte que le mien, à qui même je ne ferais pas cet honneur-là si j'en aimais une autre que vous. (Acte 1, scène 1, LE PRINCE)
  5. Oui, c'est la nature elle-même que nous allons interroger, il n'y a qu'elle qui puisse décider la question sans réplique, et sûrement elle prononcera en votre faveur. (Acte 1, scène 1, LE PRINCE)
  6. Nous allons y être ; oui, les hommes et les femmes de ce temps-là, le monde et ses premières amours vont reparaître à nos yeux tels qu'ils étaient, ou du moins tels qu'ils ont dû être ; ce ne seront peut-être pas les mêmes aventures, mais ce seront les mêmes caractères ; vous allez voir le même état de coeur, des âmes tout aussi neuves que les premières, encore plus neuves s'il est possible. (Acte 1, scène 1, LE PRINCE)
  7. Mon père, naturellement assez philosophe, et qui n'était pas de votre sentiment, résolut de savoir à quoi s'en tenir, par une épreuve qui ne laissât rien à désirer. (Acte 1, scène 2, LE PRINCE)
  8. Quatre enfants au berceau, deux de votre sexe et deux du nôtre, furent portés dans la forêt où il avait fait bâtir cette maison exprès pour eux, où chacun d'eux fut ! (Acte 1, scène 2, LE PRINCE)
  9. Ils ne connaissent encore que Mesrou et sa soeur qui les ont élevés, et qui ont toujours eu soin d'eux, et qui furent choisis de la couleur dont ils sont, afin que leurs élèves en fussent plus étonnés quand ils verraient d'autres hommes. (Acte 1, scène 2, LE PRINCE)
  10. On va donc pour la première fois leur laisser la liberté de sortir de leur enceinte, et de se connaître ; on leur a appris la langue que nous parlons ; on peut regarder le commerce qu'ils vont avoir ensemble comme le premier âge du monde ; les premières amours vont recommencer, nous verrons ce qui en arrivera. (Acte 1, scène 2, LE PRINCE)
  11. Mais hâtons-nous de nous retirer, j'entends le signal qui nous en avertit, nos jeunes gens vont paraître ; voici une galerie qui règne tout le long de l'édifice, et d'où nous pourrons les voir et les écouter, de quelque côté qu'ils sortent de chez eux. (Acte 1, scène 2, LE PRINCE)
  12. Promenez-vous à votre aise, je vous laisse pour rentrer dans votre habitation, où j'ai quelque chose à faire. (Acte 1, scène 3, CARISE)
  13. Elle obéit ; venez donc tout à fait, afin d'être à moi de plus près. (Acte 1, scène 4, EGLÉ)
  14. Je meurs de joie d'être auprès de vous, je me donne à vous, je ne sais pas ce que je sens, je ne saurais le dire. (Acte 1, scène 4, AZOR)
  15. J'ai beau être auprès de vous, je ne vous vois pas encore assez. (Acte 1, scène 4, AZOR)
  16. Les vôtres si vifs ! (Acte 1, scène 4, EGLÉ)
  17. Oui, mais je vous assure qu'il vous sied fort bien de ne l'être pas tant que moi, je ne voudrais pas que vous fussiez autrement, c'est une autre perfection, je ne nie pas la mienne, gardez-moi la vôtre. (Acte 1, scène 4, EGLÉ)
  18. Ni mes mains se passer de votre bouche ; mais j'entends du bruit, ce sont des personnes de mon monde : de peur de les effrayer, cachez-vous derrière les arbres, je vais vous rappeler. (Acte 1, scène 4, EGLÉ)
  19. C'est qu'il y a une grande nouvelle ; vous croyez que nous ne sommes que trois, je vous avertis que nous sommes quatre ; j'ai fait l'acquisition d'un objet qui me tenait la main tout à l'heure. (Acte 1, scène 5, EGLÉ)
  20. Que n'avez-vous a appelé à votre secours ? (Acte 1, scène 5, CARISE)
  21. Du secours contre quoi ? (Acte 1, scène 5, EGLÉ)
  22. Contre le plaisir qu'il me faisait ? (Acte 1, scène 5, EGL?)
  23. Je sais qui c'est, je crois même l'avoir entrevu qui se retirait ; cet objet s'appelle un homme, c'est Azor, nous le connaissons. (Acte 1, scène 5, MESROU)
  24. Je ne m'étonne point qu'il vous aime et que vous l'aimiez, vous êtes faits l'un pour l'autre. (Acte 1, scène 5, CARISE)
  25. Ils me l'ont dit, vous êtes fait exprès pour moi, moi faite exprès pour vous, ils me l'apprennent : voilà pourquoi nous nous aimons tant, je suis votre Eglé, vous mon Azor. (Acte 1, scène 6, EGLÉ)
  26. L'un est l'homme, et l'autre la femme. (Acte 1, scène 6, MESROU)
  27. Mes enfants, je vous l'ai déjà dit, votre destination naturelle est d'être charmés l'un de l'autre. (Acte 1, scène 6, CARISE)
  28. Oui, je comprends, c'est d'être toujours ensemble. (Acte 1, scène 6, EGLÉ)
  29. Vraiment, je le crois bien, cela peut vous être bon à vous autres qui êtes tous deux si noirs, et qui avez dû vous enfuir de peur la première fois que vous vous êtes vus. (Acte 1, scène 6, EGLÉ)
  30. Tout ce que vous avez pu faire, c'est de vous supporter l'un et l'autre. (Acte 1, scène 6, AZOR)
  31. Et vous seriez bientôt rebutés de vous voir si vous ne vous quittiez jamais, car vous n'avez rien de beau à vous montrer ; moi qui vous aime, par exemple, quand je ne vous vois pas, je me passe de vous, je n'ai pas besoin de votre présence, pourquoi ? (Acte 1, scène 6, EGLÉ)
  32. Parlez de notre plaisir, vous ne savez pas ce que c'est, nous ne le comprenons pas, nous qui le sentons, il est infini. (Acte 1, scène 6, EGLÉ)
  33. Cesserons-nous d'être charmants ? (Acte 1, scène 6, EGLÉ)
  34. Peut-être alors que, rassasiés de vous voir, vous seriez tentés de vous quitter tous deux pour nous aimer. (Acte 1, scène 6, CARISE)
  35. Ce sera votre affaire, la nôtre est arrêtée. (Acte 1, scène 6, EGLÉ)
  36. Ils n'y comprendront jamais rien, il faut être nous pour savoir ce qui en est. (Acte 1, scène 6, AZOR)
  37. Mais il n'y a qu'un moyen de la conserver, c'est de nous en croire ; et si vous avez la sagesse de vous y déterminer, tenez, Eglé, donnez ceci à Azor, ce sera de quoi l'aider à supporter votre absence. (Acte 1, scène 6, CARISE)
  38. Choisissez de son portrait ou du vôtre. (Acte 1, scène 6, MESROU)
  39. Le voilà d'une autre manière. (Acte 1, scène 6, CARISE)
  40. Point du tout, cher homme, c'est plus moi que jamais, c'est réellement votre Eglé, la véritable, tenez, approchez. (Acte 1, scène 7, EGLÉ)
  41. Oui, c'est vous, attendez donc, c'est nous deux, c'est moitié l'un et moitié l'autre ; j'aimerais mieux que ce fût vous toute seule, car je m'empêche de vous voir tout entière. (Acte 1, scène 7, AZOR)
  42. Ils ne veulent que notre bien, j'allais vous parler d'eux, et de ce conseil qu'ils nous ont donné. (Acte 1, scène 7, AZOR)
  43. Prenez garde à vous-même, ne vous lassez pas de m'adorer, en vérité, toute belle que je suis, votre peur m'effraie aussi. (Acte 1, scène 7, EGLÉ)
  44. Ce n'est pas à vous de trembler... (Acte 1, scène 7, AZOR)
  45. Allons, allons, tout bien examiné, mon parti est pris : donnons-nous du chagrin, séparons-nous pour deux heures, j'aime encore mieux votre coeur et son adoration que votre présence, qui m'est pourtant bien douce. (Acte 1, scène 7, EGLÉ)
  46. Encore une autre personne ! (Acte 1, scène 9, EGLÉ)
  47. C'est moi qui charme les autres. (Acte 1, scène 9, EGLÉ)
  48. Vous me considérez, je me montre, et vous ne sentez rien ? (Acte 1, scène 9, ADINE)
  49. Je suis pourtant l'admiration de trois autres personnes qui habitent dans le monde. (Acte 1, scène 9, ADINE)
  50. Mais de croire que vous pouvez entrer en dispute avec moi, c'est se moquer, il n'y a qu'à voir. (Acte 1, scène 9, ADINE)
  51. Il n'y a que votre visage qui m'en empêche. (Acte 1, scène 9, EGLÉ)
  52. Tenez, en voilà un meilleur, venez apprendre à vous connaître et à vous taire. (Acte 1, scène 9, ADINE)
  53. Jetez les yeux sur celui-ci pour y savoir votre médiocrité, et la modestie qui vous est convenable avec moi. (Acte 1, scène 9, EGLÉ)
  54. Passez votre chemin : dès que vous refusez de prendre du plaisir à me considérer, vous ne m'êtes bonne à rien, je ne vous parle plus. (Acte 1, scène 9, ADINE)
  55. Que faites-vous donc là toutes deux éloignées l'une de l'autre, et sans vous parler ? (Acte 1, scène 10, CARISE)
  56. Et qui prétend être aussi belle que moi ! (Acte 1, scène 10, EGLÉ)
  57. Doucement, ne vous emportez point ; profitez plutôt du hasard qui vous a fait faire connaissance ensemble, unissons-nous tous, devenez compagnes, et joignez l'agrément de vous voir à la douceur d'être toutes deux adorées, Eglé par l'aimable Azor qu'elle chérit, Adine par l'aimable Mesrin qu'elle aime ; allons, raccommodez-vous. (Acte 1, scène 10, CARISE)
  58. Malheur à elle, si je le rencontre ! (Acte 1, scène 10, EGLÉ)
  59. Sortons d'ici, voilà l'heure de votre leçon de musique, je ne pourrai pas vous la donner si vous tardez. (Acte 1, scène 11, CARISE)
  60. Non, remettez votre joie, je ne suis pas revenue, je m'en retourne, ce n'est que par hasard que je suis ici. (Acte 1, scène 12, ADINE)
  61. Il fallait donc y être avec moi par hasard. (Acte 1, scène 12, MESRIN)
  62. Abrégez, car j'ai autre chose à faire. (Acte 1, scène 12, CARISE)
  63. Elle-même ; en vous quittant, j'ai trouvé une nouvelle personne qui est d'un autre monde, et qui, au lieu d'être étonnée de moi, d'être transportée comme vous l'êtes et comme elle devrait l'être, voulait au contraire que je fusse charmée d'elle, et sur le refus que j'en ai fait, m'a accusée d'être laide. (Acte 1, scène 12, ADINE)
  64. Elle doit être horrible ? (Acte 1, scène 12, MESRIN)
  65. Des yeux qui ne font pas plaisir, qui regardent, voilà tout ; une bouche ni grande ni petite, une bouche qui lui sert à parler ; une figure toute droite, toute droite et qui serait pourtant à peu près comme la nôtre, si elle était bien faite ; qui a des mains qui vont et qui viennent, des doigts longs et maigres, je pense ; avec une voix rude et aigre ; oh ! (Acte 1, scène 12, ADINE)
  66. Vous la reconnaîtrez bien. (Acte 1, scène 12, ADINE)
  67. Il me semble que je la vois, laissez-moi faire : il faut la renvoyer dans un autre monde, après que je l'aurai bien mortifiée. (Acte 1, scène 12, MESRIN)
  68. Votre mine me convient, mettez votre main dans la mienne, il faut nous aimer. (Acte 1, scène 13, MESRIN)
  69. Voilà ce que c'est, je vous trouve de même, un bon camarade, moi un autre bon camarade, je me moque du visage. (Acte 1, scène 13, AZOR)
  70. Je les prends aussi ; prenons-les ensemble pour notre divertissement, afin de nous tenir gaillards ; allons, ce sera pour tantôt : nous rirons, nous sauterons, n'est-il pas vrai ? (Acte 1, scène 13, MESRIN)
  71. Moi de même, et nous serons deux, peut-être quatre, car je le dirai à ma blanche qui a un visage : il faut voir ! (Acte 1, scène 13, AZOR)
  72. Je le crois, camarade, car vous n'êtes rien du tout, ni moi non plus, auprès d'une autre mine que je connais, que nous mettrons avec nous, qui me transporte, et qui a des mains si douces, si blanches, qu'elle me laisse tant baiser ! (Acte 1, scène 13, MESRIN)
  73. Tant mieux, je viens de quitter les miennes, et il faut que je vous quitte aussi pour une petite affaire ; restez ici jusqu'à ce que je revienne avec mon Adine, et sautons encore pour nous réjouir de l'heureuse rencontre. (Acte 1, scène 13, MESRIN)
  74. En avez-vous plus que dans le vôtre ? (Acte 1, scène 14, EGLÉ)
  75. C'est ce que nous disions, car il est tout à fait bon et joyeux ; je l'aime, non pas comme j'aime ma ravissante Eglé que j'adore, au lieu qu'à lui je n'y prends seulement pas garde, il n'y a que sa compagnie que je cherche pour parler de vous, de votre bouche, de vos yeux, de vos mains, après qui je languissais. (Acte 1, scène 14, AZOR)
  76. Je vais donc prendre l'autre. (Acte 1, scène 14, MESRIN)
  77. Doucement, ce n'est pas ici votre blanche, c'est la mienne, ces deux mains sont à moi, vous n'y avez rien. (Acte 1, scène 14, AZOR)
  78. Il n'y a pas de mal ; mais, à propos, allez vous-en, Azor, vous savez bien que l'absence est nécessaire, il n'y a pas assez longtemps que la nôtre dure. (Acte 1, scène 14, EGLÉ)
  79. Je crois que vous vous fâchez contre moi. (Acte 1, scène 14, AZOR)
  80. Ce n'est peut-être pas la vérité. (Acte 1, scène 14, AZOR)
  81. N'a-t-elle pas dit qu'elle voulait être seule ? (Acte 1, scène 14, AZOR)
  82. Il me semble que je suis fâchée contre moi, que je suis fâchée contre Azor, je ne sais à qui j'en ai. (Acte 1, scène 15, EGLÉ)
  83. Pourquoi fâchée contre vous ? (Acte 1, scène 15, CARISE)
  84. Vous n'avez qu'a me répondre toujours de même, je serai bientôt fâchée contre vous aussi. (Acte 1, scène 15, EGLÉ)
  85. Nous convenons de nous séparer : il part, il revient sur-le-champ, il voudrait toujours être là ; à la fin, ce que vous lui avez perdit lui arrivera. (Acte 1, scène 15, EGLÉ)
  86. Eglé, ce ne peut pas être son trop d'empressement à vous voir qui lui nuit auprès de vous, il n'y a pas assez longtemps que vous le connaissez. (Acte 1, scène 15, CARISE)
  87. Pas mal de temps ; nous avons déjà eu trois conversations ensemble, et apparemment que la longueur des entretiens est contraire. (Acte 1, scène 15, EGLÉ)
  88. Je ne suis donc pas ma maîtresse ? (Acte 1, scène 15, EGLÉ)
  89. Il n'a qu'a me plaire davantage, car à l'égard d'être aimée, je suis bien aise de l'être, je le déclare, et au lieu d'un camarade, en eût-il cent, je voudrais qu'ils m'aimassent tous, c'est mon plaisir ; il veut que ma beauté soit pour lui tout seul, et moi je prétends qu'elle soit pour tout le monde. (Acte 1, scène 15, EGLÉ)
  90. Tenez, votre dégoût pour Azor ne vient pas de tout ce que vous dites là, mais de ce que vous aimez mieux à présent son camarade que lui. (Acte 1, scène 15, CARISE)
  91. Dites-moi, ne rougissez-vous pas un peu de votre inconstance ? (Acte 1, scène 15, CARISE)
  92. Vous vous méprenez encore là-dessus, ce n'est pas qu'il vaille mieux, c'est qu'il a l'avantage d'être nouveau venu. (Acte 1, scène 15, CARISE)
  93. Mais cet avantage-là est considérable, n'est-ce rien que d'être nouveau venu ? (Acte 1, scène 15, EGLÉ)
  94. N'est-ce rien que d'être un autre ? (Acte 1, scène 15, EGL?)
  95. Je ne suis contente de rien, d'un côté, le changement me fait peine, de l'autre, il me fait plaisir ; je ne puis pas plus empêcher l'un que l'autre ; ils sont tous deux de conséquence ; auquel des deux suis-je le plus obligée ? (Acte 1, scène 15, EGLÉ)
  96. Consultez votre bon coeur, vous sentirez qu'il condamne votre inconstance. (Acte 1, scène 15, CARISE)
  97. C'est de fuir le camarade d'Azor ; allons, venez ; vous n'aurez pas la peine de combattre. (Acte 1, scène 15, CARISE)
  98. Il s'échappe de moi, il veut être inconstant, empêchez-le d'approcher. (Acte 1, scène 16, MESROU)
  99. C'est que je vous le défends ; Mesrou et moi, nous devons avoir quelque autorité sur vous, nous sommes vos maîtres. (Acte 1, scène 16, CARISE)
  100. Mes maîtres ! (Acte 1, scène 16, MESRIN)
  101. Qu'est-ce que c'est qu'un maître ? (Acte 1, scène 16, MESRIN)
  102. Azor et elle vont être au désespoir. (Acte 1, scène 16, CARISE)
  103. Non, je serai bien aise qu'Azor me regrette, moi ; ma beauté le mérite ; il n'y a pas de mal aussi qu'Adine soupire un peu, pour lui apprendre à se méconnaître. (Acte 1, scène 16, EGLÉ)
  104. Le camarade m'embarrasse, il va être bien étonné. (Acte 1, scène 17, MESRIN)
  105. Bonjour, la belle Eglé, quand vous voudrez vous voir, adressez-vous à moi, j'ai votre portrait, on me l'a cédé. (Acte 1, scène 19, ADINE)
  106. Tenez, je vous rends le vôtre, qui ne vaut pas la peine que je le garde. (Acte 1, scène 19, EGLÉ)
  107. Il y a autant de femmes que d'hommes ; voilà les unes, et voici les autres ; voyez, Meslis, si parmi les femmes vous n'en verriez pas quelqu'une qui vous plairait encore plus que Dina, on vous la donnerait. (Acte 1, scène 20, CARISE)
  108. Choisissez-en une autre. (Acte 1, scène 20, CARISE)
  109. On ne vous séparera pas ; allez, Carise, qu'on les mette à part et qu'on place les autres suivant mes ordres. (Acte 1, scène 20, LE PRINCE)
  110. Les deux sexes n'ont rien à se reprocher, Madame : vices et vertus, tout est égal entre eux. (Acte 1, scène 20, LE PRINCE)
  111. Je vous prie, mettez-y quelque différence : votre sexe est d'une perfidie horrible, il change à propos de rien, sans chercher même de prétexte. (Acte 1, scène 20, HERMIANE)
  112. Je l'avoue, le procédé du vôtre est du moins plus hypocrite, et par là plus décent, il fait plus de façon avec sa conscience que le nôtre. (Acte 1, scène 20, LE PRINCE)

ARLEQUIN POLI PAR L'AMOUR (1723)

  1. Vous soupirez, Madame, et malheureusement pour vous, vous risquez de soupirer longtemps si votre raison n'y met ordre ; me permettrez-vous de vous dire ici mon petit sentiment ? (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  2. Eh bien, l'un me fait oublier l'autre : cela est encore fort naturel. (Acte 1, scène 1, LA FÉE)
  3. C'est la pure nature ; mais il reste une petite observation à faire : c'est que vous enlevez le jeune homme endormi, quand peu de jours après vous allez épouser le même Merlin qui en a votre parole. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  4. Cela devient sérieux ; et entre nous, c'est prendre la nature un peu trop à la lettre ; cependant passe encore ; le pis qu'il en pouvait arriver, c'était d'être infidèle ; cela serait très vilain dans un homme, mais dans une femme, cela est plus supportable : quand une femme est fidèle, on l'admire ; mais il y a des femmes modestes qui n'ont pas la vanité de vouloir être admirées ; vous êtes de celles-là, moins de gloire, et plus de plaisir, à la bonne heure. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  5. C'est bien dit, poursuivons : vous portez le jeune homme endormi dans votre palais, et vous voilà à guetter le moment de son réveil ; vous êtes en habit de conquête, et dans un attirail digne du mépris généreux que vous avez pour la gloire, vous vous attendiez de la part du beau garçon à la surprise la plus amoureuse ; il s'éveille, et vous salue du regard le plus imbécile que jamais nigaud ait porté : vous vous approchez, il bâille deux ou trois fois de toutes ses forces, s'allonge, se retourne et se rendort : voilà l'histoire curieuse d'un réveil qui promettait une scène si intéressante. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  6. Vous sortez en soupirant de dépit, et peut-être chassée par un ronflement de basse-taille, aussi nourri qu'il en soit ; une heure se passe, il se réveille encore, et ne voyant personne auprès de lui, il crie : eh ! (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  7. À ce cri galant, vous rentrez ; l'Amour se frottait les yeux : que voulez-vous, beau jeune homme, lui dites-vous ? (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  8. Depuis quinze jours qu'il est ici, sa conversation a toujours été de la même force ; cependant vous l'aimez, et qui pis est, vous laissez penser à Merlin qu'il va vous épouser, et votre dessein, m'avez-vous dit, est, s'il est possible, d'épouser le jeune homme ; franchement, si vous les prenez tous deux, suivant toutes les règles, le second mari doit gâter le premier. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  9. Il est déjà le plus beau brun du monde, mais sa bouche, ses yeux, tous ses traits seront adorables, quand un peu d'amour les aura retouchés, mes soins réussiront peut-être à lui en inspirer. (Acte 1, scène 1, LA FÉE)
  10. Non ; car en l'épousant même je ne pourrais me déterminer à perdre de vue l'autre, et si jamais il venait à m'aimer, toute mariée que je serais, je veux bien te l'avouer, je ne me fierais pas à moi. (Acte 1, scène 1, LA FÉE)
  11. Mais je vois notre bel imbécile qui vient avec son maître à danser. (Acte 1, scène 1, TRIVELIN)
  12. Voulez-vous bien prendre votre leçon, mon cher enfant ? (Acte 1, scène 2, LA FÉE)
  13. Voulez-vous prendre votre leçon, pour l'amour de moi ? (Acte 1, scène 2, LA FÉE)
  14. Baisez la vôtre à présent. (Acte 1, scène 2, LA FÉE)
  15. La voilà, en revanche, recevez votre leçon. (Acte 1, scène 2, LA F?E)
  16. Ah ! Que je plains votre ignorance. v.8 (Acte 1, scène 3, CHANTEUSE)
  17. Emmenez-le, il se distraira peut-être, en mangeant, du chagrin qui le prend ; je sors d'ici pour quelques moments ; quand il aura fait collation, laissez-le se promener où il voudra. (Acte 1, scène 3, LA FÉE)
  18. Que voulez-vous que je fasse, vous m'entretenez d'une chose qui m'ennuie, vous me parlez toujours d'amour. (Acte 1, scène 4, SILVIA)
  19. Pour moi, je suis bien malheureuse : depuis que vous dites que vous soupirez pour moi, j'ai fait ce que j'ai pu pour soupirer aussi, car j'aimerais autant qu'une autre à être bien aise ; s'il y avait quelque secret pour cela, tenez, je vous rendrais heureux tout d'un coup, car je suis naturellement bonne. (Acte 1, scène 4, SILVIA)
  20. pour de secret, je n'en sais point d'autre que celui de vous aimer moi-même. (Acte 1, scène 4, LE BERGER)
  21. N'importe, allez, allez, cela viendra peut-être, mais ne me gênez point. (Acte 1, scène 4, SILVIA)
  22. Je me retirerai donc, puisque c'est vous plaire, mais pour me consoler, donnez-moi votre main, que je la baise. (Acte 1, scène 4, LE BERGER)
  23. Oui ; mais puisque c'est une faute, je ne veux point la faire qu'elle ne me donne du plaisir comme aux autres. (Acte 1, scène 4, SILVIA)
  24. C'est que cette Fée est plus belle que moi, et j'ai peur que notre amitié ne tienne pas. (Acte 1, scène 5, SILVIA)
  25. Notre jeune homme, a-t-il goûté ? (Acte 1, scène 6, LA FÉE)
  26. Oui, goûté comme quatre : il excelle en fait d'appétit. (Acte 1, scène 6, TRIVELIN)
  27. Je suis ravie de ne m'y être point rencontrée ; car c'est une grande peine que de feindre de l'amour pour qui l'on n'en sent plus. (Acte 1, scène 6, LA FÉE)
  28. En vérité, Madame, c'est bien dommage que ce petit innocent l'ait chassé de votre coeur ! (Acte 1, scène 6, TRIVELIN)
  29. me disait-il tantôt, en regardant votre portrait. (Acte 1, scène 6, TRIVELIN)
  30. Jusqu'ici je n'ai point encore d'autre parti à prendre que de le tromper. (Acte 1, scène 6, LA FÉE)
  31. J'ai bien d'autres choses en tête, qu'à m'amuser à consulter ma conscience sur une bagatelle.. (Acte 1, scène 6, LA FÉE)
  32. Si cela était, Trivelin, toutes ces postures-là seraient peut-être de bon augure. (Acte 1, scène 7, LA FÉE)
  33. Je suis votre très humble serviteur. (Acte 1, scène 7, ARLEQUIN)
  34. Quel coup pour moi, que le petit ingrat vient de me paraître aimable ! (Acte 1, scène 8, LA FÉE)
  35. Une autre lui entendra dire ce je vous aime que j'ai tant désiré, et je sens qu'il méritera d'être adoré ; je suis au désespoir. (Acte 1, scène 8, LA F?E)
  36. Garde-t'en bien, ma cousine, sois bien sévère, cela entretient l'amour d'un amant. (Acte 1, scène 9, LA-COUSINE)
  37. Quoi, il n'y a point de moyen plus aisé que cela pour l'entretenir ? (Acte 1, scène 9, SILVIA)
  38. J'aimerais autant ne point aimer que d'être obligée d'être sévère ; cependant elle dit que cela entretient l'amour, voilà qui est étrange ; on devrait bien changer une manière si incommode ; ceux qui l'on inventée n'aimaient pas tant que moi. (Acte 1, scène 10, SILVIA)
  39. Vous m'aviez promis votre amitié. (Acte 1, scène 11, ARLEQUIN)
  40. Cela n'empêchera pas que, dans le fond, je ne vous aime de tout mon coeur ; mais vous ne devez pas le savoir, parce que cela vous ôterait votre amitié, on me l'a dit. (Acte 1, scène 11, SILVIA)
  41. Tous ceux qui vous ont dit cela ont fait un mensonge : ce sont des causeurs qui n'entendent rien à notre affaire. (Acte 1, scène 11, ARLEQUIN)
  42. Le coeur me bat quand je baise votre main et que vous dites que vous m'aimez, et c'est marque que ces choses-là sont bonnes à mon amitié. (Acte 1, scène 11, ARLEQUIN)
  43. Je le veux bien ; mais avant ce marché-là, laissez-moi baiser votre main à mon aise, cela ne sera pas du jeu. (Acte 1, scène 11, ARLEQUIN)
  44. Mais, mon amie, peut-être que le marché nous fâchera tous deux. (Acte 1, scène 11, ARLEQUIN)
  45. quand cela nous fâchera tout de bon, ne sommes-nous pas les maîtres ? (Acte 1, scène 11, SILVIA)
  46. Ce n'est que pour rire au moins, autrement... (Acte 1, scène 11, ARLEQUIN)
  47. Donnez-moi votre main, ma mignonne. (Acte 1, scène 11, ARLEQUIN)
  48. La méchante femme, je tremble encore de peur. (Acte 1, scène 13, SILVIA)
  49. Peut-être qu'elle va tuer mon amant, elle ne lui pardonnera jamais de m'aimer, mais je sais bien comment je ferai ; je m'en vais assembler tous les bergers du hameau, et les mener chez elle : allons. (Acte 1, scène 13, SILVIA)
  50. Je n'ai pu paraître aimable à tes yeux, je n'ai pu t'inspirer le moindre sentiment, malgré tous les soins et toute la tendresse que tu m'as vue ; et ton changement est l'ouvrage d'une misérable bergère ! (Acte 1, scène 14, LA FÉE)
  51. Je ne te conseille pas d'affecter une stupidité que tu n'as plus, et si tu ne te montres tel que tu es, tu vas me voir poignarder l'indigne objet de ton choix. (Acte 1, scène 14, LA FÉE)
  52. Tu trembles pour elle. (Acte 1, scène 14, LA FÉE)
  53. Ne soyez donc point en colère contre nous. (Acte 1, scène 14, ARLEQUIN)
  54. Mon cher Arlequin, regarde-moi, repens-toi de m'avoir désespérée, j'oublierai de quelle part t'est venu ton esprit ; mais puisque tu en as, qu'il te serve à connaître les avantages que je t'offre. (Acte 1, scène 14, LA FÉE)
  55. Tenez, dans le fond, je vois bien que j'ai tort ; vous êtes belle et brave cent fois plus que l'autre, mais j'enrage. (Acte 1, scène 14, ARLEQUIN)
  56. Mon serment me lie, mais je n'en sais pas moins le moyen d'épouvanter la bergère sans être présente, et il me reste une ressource ; je donnerai mon anneau à Trivelin qui les écoutera invisible, et qui me rapportera ce qu'ils auront dit. (Acte 1, scène 15, LA FÉE)
  57. Quand j'aurai quitté cette fille, vous avertirez Arlequin de lui venir parler, et vous le suivrez sans qu'il le sache pour venir écouter leur entretien, avec la précaution de retourner la bague, pour n'être point vu d'eux ; après quoi, vous me redirez leur discours : entendez-vous ? (Acte 1, scène 16, LA FÉE)
  58. Il dit que je suis belle, dame, je ne puis pas m'empêcher de l'être. (Acte 1, scène 17, SILVIA)
  59. Arlequin va paraître ici : je vous ordonne de lui dire que vous n'avez voulu que vous divertir avec lui, que vous ne l'aimez point, et qu'on va vous marier avec un berger du village ; je ne paraîtrai point dans votre conversation, mais je serai à vos côtés sans que vous me voyiez, et si vous n'observez mes ordres avec la dernière rigueur, s'il vous échappe le moindre mot qui lui fasse deviner que je vous aie forcée à lui parler comme je le veux, tout est prêt pour votre supplice. (Acte 1, scène 17, LA FÉE)
  60. Quand vous lui aurez parlé, je vous ferai reconduire chez vous, si j'ai lieu d'être contente : il va venir, attendez ici. (Acte 1, scène 17, LA FÉE)
  61. Allez-vous être la femme d'un vilain berger ? (Acte 1, scène 18, ARLEQUIN)
  62. Non, mes enfants, ce n'est pas la Fée ; mais elle m'a donné son anneau, afin que je vous écoutasse sans être vu. (Acte 1, scène 18, TRIVELIN)
  63. Ce serait bien dommage d'abandonner de si tendres amants à sa fureur : aussi bien ne mérite-t-elle pas qu'on la serve, puisqu'elle est infidèle au plus généreux magicien du monde, à qui je suis dévoué : soyez en repos, je vais vous donner un moyen d'assurer votre bonheur. (Acte 1, scène 18, TRIVELIN)
  64. Il faut qu'Arlequin paraisse mécontent de vous, Silvia ; et que de votre côté vous feigniez de le quitter en le raillant. (Acte 1, scène 18, TRIVELIN)
  65. Je vais chercher la Fée qui m'attend, à qui je dirai que vous vous êtes parfaitement acquittée de ce qu'elle vous avait ordonné : elle sera témoin de votre retraite. (Acte 1, scène 18, TRIVELIN)
  66. Pour vous, Arlequin, quand Silvia sera sortie, vous resterez avec la Fée, et alors en l'assurant que vous ne songez plus à Silvia infidèle, vous jurerez de vous attacher à elle, et tâcherez par quelque tour d'adresse, et comme en badinant, de lui prendre sa baguette ; je vous avertis que dès qu'elle sera dans vos mains, la Fée n'aura plus aucun pouvoir sur vous deux ; et qu'en la touchant elle-même d'un coup de la baguette, vous en serez absolument le maître. (Acte 1, scène 18, TRIVELIN)
  67. Quand j'aurai la baguette, je vous donnerai votre plein chapeau de liards. (Acte 1, scène 18, ARLEQUIN)
  68. Je crois, Madame, que vous aurez lieu d'être contente. (Acte 1, scène 20, TRIVELIN)
  69. Adieu, adieu, je m'en vais épouser mon amant : une autre fois ne croyez pas tout ce qu'on vous dit, petit garçon. (Acte 1, scène 20, SILVIA)
  70. Mais vous n'avez peut-être plus envie de moi, à cause que j'ai été si bête ? (Acte 1, scène 21, ARLEQUIN)
  71. Mon cher Arlequin, je te fais mon maître, mon mari ; oui, je t'épouse ; je te donne mon coeur, mes richesses, ma puissance. (Acte 1, scène 21, LA FÉE)
  72. Et je m'en vais mettre ce bâton à mon côté. (Acte 1, scène 21, ARLEQUIN)
  73. Vous êtes notre maîtresse, que voulez-vous de nous ? (Acte 1, scène 22, ESPRIT)
  74. Tout doux, je suis le maître ; allons, qu'on nous regarde tout à l'heure agréablement. (Acte 1, scène 22, ARLEQUIN)

Dans les 1895 textes du corpus, il y a 35 textes (soit une présence dans 1,85 % des textes) dans lesquels il y a 5521 occurences de la forme recherchée, soit une moyenne de 157,74 occurences par texte.

Titres Acte 1 Acte 2 Acte 3 Acte 4 Acte 5 Prologue Total
1 F?LICIE760000076
2 LA DOUBLE INCONSTANCE8910790000286
3 LE PÈRE PRUDENT ET ÉQUITABLE11700000117
4 LES ACTEURS DE BONNE FOI800000080
5 ANNIBAL37567452430262
6 LE TRIOMPHE DE PLUTUS900000090
7 LE TRIOMPHE DE PLUTUS6000006
8 LA SECONDE SUPRISE DE L'AMOUR746835000177
9 L'H?RITIER DE VILLAGE820000082
10 L'?LE DE LA RAISON ou LES PETITS HOMMMES8507346023227
11 LA JOIE IMPR?VUE15500000155
12 L'?PREUVE10300000103
13 L'ÉPREUVE2000002
14 LES SINC?RES15000000150
15 LE JEU DE L'AMOUR ET DU HASARD646470000198
16 LA PROVINCIALE13200000132
17 LE PRINCE TRAVESTI11112953000293
18 LES FAUSSES CONFIDENCES788275000235
19 LE LEGS15600000156
20 LA R?UNION DES AMOURS730000073
21 LA FEMME FID?LE700000070
22 L'?COLE DES M?RES10000000100
23 L'ÉCOLE DES MÈRES1000001
24 LE PR?JUGE VAINCU10800000108
25 LE TRIOMPHE DE L'AMOUR7911262000253
26 LA SURPRISE DE L'AMOUR878355000225
27 L'ILE DES ESCLAVES10800000108
28 LA M?RE CONFIDENTE706948000187
29 LA COMM?RE15800000158
30 L'HEUREUX STRATAG?ME727468000214
31 LE PETIT MA?TRE CORRIG?788755000220
32 LA M?PRISE10300000103
33 LA FAUSSE SUIVANTE OU LE FOURBE PUNI608688000234
34 LA FAUSSE SUIVANTE OU LE FOURBE PUNI2030005
35 LES SERMENTS INDISCRETS54784436430255
36 LA COLONIE10900000109
37 LE D?NOUEMENT IMPR?VU750000075
38 LA DISPUTE11200000112
39 ARLEQUIN POLI PAR L'AMOUR730000073
40 ARLEQUIN POLI PAR L'AMOUR1000001
41 LA SURPRISE DE L'AMOUR0040004
42 L'ÎLE DE LA RAISON ou LES PETITS HOMMMES0006006
  Total3280109589714086235521

 

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