Occurences de l'expression

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dans CÉLINDE de BARO, Balthazar (1629)

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CHOEUR DE MUSIQUE Hâte-toi de paraître il est de détruire ! Acte 1, sc. 1, v. 3
CHOEUR DE MUSIQUE Enferme pour jamais cet Astre qui préside Acte 1, sc. 1, v. 9
PARTHÉNICE Tu mourras traître. Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 1
FLORIDAN Parthénice, quel mauvais démon a mis dans votre âme un si funeste dessein contre moi ? Acte 1, sc. 1, FLORIDAN, phrase 2
PARTHÉNICE Barbare demande-le à ta conscience, en elle seule tu trouveras le crime, les supplices et les bourreaux, non non, comme tu ne peux ignorer ton offense, tu ne devais pas douter de mon ressentiment, et cette âme que tu as idolâtrée durant deux années, n'a pas appris à commettre des lâchetés jusqu'au point de souffrir cette infidélité dont tu vas noircir les meilleures actions de ta vie. Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 1
PARTHÉNICE Ne crois pas toutefois que ces plaintes que je donne à la rigueur de ton changement, naissent en moi du dessein de m'opposer au contentement de Célinde, ni du regret de perdre un captif qui a fait des efforts pour sortir de sa prison ; fais si tu veux que cette Aurore qui semble rougir de mon déguisement, ou plutôt de ton inconstance, compte sur la bouche de Céphale, les baisers que tu as cueillis sur les leurres de celle qui te possède maintenant, oblige la renommée à reprendre pour l'amour d'elle le premier usage de ses ailes et de sa voix, afin qu'elle apprenne à tout le monde, qu'il n'est point d'homme plus heureux que Floridan, ni de beauté plus aimée que Célinde, tout cela ne sera pas une matière à nourrir le feu de ma fureur ; mais veux-tu connaître ce qui rend ma douleur incapable de remède, hélas ! Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 2
PARTHÉNICE Nullement, je ne suis pas injuste jusqu'à te vouloir défendre de te justifier, mais demeure d'accord que tu ne peux rien alléguer qui autorise ta perfidie, et que s'il y a quelques Dieux qui la protègent, le Ciel et l'Enfer ne doivent être qu'une même chose, puisque l'un et l'autre sont la demeure des criminels. Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 1
FLORIDAN Il y a vraiment une Divinité Madame, qui me commande de faire ce que je fais, et celle-là même qui soumet les enfants à l'obéissance des pères, est celle qui porte à Célinde les voeux que Parthénice reçut autrefois de moi. Acte 1, sc. 1, FLORIDAN, phrase 1
FLORIDAN Mais puisque votre silence me donne le temps de vous représenter quel est maintenant l'état de mon âme et de ma vie, je vais vous en faire le discours avecque serment que si je puis être convaincu d'un seul mensonge je ne refuserai jamais quelque peine que vous me puisiez imposer. Acte 1, sc. 1, FLORIDAN, phrase 2
10 FLORIDAN Vous savez, Madame, sous quelles lois je respire aujourd'hui, et que depuis la mort de celui à qui je dois toute la gloire de ma naissance, une mère a pris tant d'autorité sur moi qu'il ne m'est pas seulement permis de murmurer contre les ordonnances qu'elle me veut prescrire. Acte 1, sc. 1, FLORIDAN, phrase 3
11 FLORIDAN Il y a déjà quelques jours que son intention m'est connue, et si dès lors qu'elle éclata je ne fis ce que je pus pour en divertir l'effet, je veux que la Terre honteuse de me soutenir m'étouffe dans l'horreur de ses abîmes ; mais que pourrais-je contre les inclinations d'une personne à qui la Nature a donné sur mes volontés une puissance si absolue ? Acte 1, sc. 1, FLORIDAN, phrase 5
12 PARTHÉNICE Cruel, si l'oubli n'eût alors régné dans ton âme, tu eusses fait combattre ton amour contre ton devoir, et puisque tu ne pouvais éviter d'obéir au commandement qui te forçait de devenir la moitié d'une femme, tu eusses parlé de Parthénice à celle qui peut-être ne te proposa Célinde qu'à faute de se souvenir de moi. Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 1
13 FLORIDAN Hélas, sur ce point mon amour fit des efforts incroyables, mais je combattis toujours inutilement, car en fin il me fut impossible de vaincre son obstination ; et lorsque je la pressai de me dire quel sujet lui faisait plutôt rechercher l'alliance de Célinde que la vôtre, voici à peu près le discours qu'elle me tint. Acte 1, sc. 1, FLORIDAN, phrase 1
14 FLORIDAN Floridan, me dit-elle, j'aime Parthénice et l'estime l'une des plus vertueuses filles qui furent jamais, d'autant mieux qu'étant restée Orpheline en l'âge de six ou sept ans, ses actions toutefois ont donné depuis de si grandes preuves de sagesse et de vertu, que la médisance même n'a jamais osé s'y attacher : mais en cela Célinde ne lui cède pas, et bien qu'entre leur âge, leur extraction et leur beauté il se trouve un rapport admirable, je veux que tu saches qu'entre leurs biens, il n'y a nulle sorte de proportion. Acte 1, sc. 1, FLORIDAN, phrase 2
15 FLORIDAN Or mon fils, ajouta-t-elle, tu n'ignores pas ce que peut aujourd'hui ce métal, cet Or que les hommes ont été cherché jusques dans les entrailles de la terre ; tu sais qu'en ce Siècle perverti on ne fait état que de ceux qui se vantent d'un nombre de trésors amassés, et que le plus honnête homme du monde paraîtrait sot sous le visage de la pauvreté : l'Or ouvre des portes qui résisteraient à la foudre des canons, et enfin il a le pouvoir, tant notre imagination en est blessée, de faire quelquefois asseoir des bêtes dans le trône même des Dieux : c'est pour cela que je te conseille de suivre la maladie du temps, et de prendre plutôt Célinde riche, que Parthénice, avecque peu de biens. Acte 1, sc. 1, FLORIDAN, phrase 3
16 FLORIDAN Voilà Madame, quels furent les propos que j'eus de ma mère sur votre sujet, auxquels je répliquai tout ce que ma passion me suggéra ; mais ayant considéré que mon opiniâtreté me condamnait d'un crime capable d'attirer sur moi sa colère, et celle des Dieux, je me résolus enfin de suivre ses sentiments : de sorte que ses mains m'ayant servi d'Autel, je jurai de mourir plutôt que de lui désobéir jamais. Acte 1, sc. 1, FLORIDAN, phrase 4
17 PARTHÉNICE Donc perfide, il faudra que je voie sous la puissance d'une autre celui qui eut autrefois refusé des empires pour avoir la gloire de me servir ? Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 1
18 PARTHÉNICE Ah Floridan, pour Dieu rentre en toi-même, parle à ton souvenir de mes actions passées, et demande-lui s'il en a remarqué une seule qui soit digne de ton infidélité. Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 3
19 PARTHÉNICE Quoi, ces caresses que tu soulais nommer le doux entretien de ta vie, et que désormais je nommerai la triste cause de ma mort, seront-elles absolument bannies de ta mémoire, aussi bien que tes promesses et tes serments ? Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 4
20 PARTHÉNICE Parle Floridan, avec quel oeil souffriras-tu que je soumette à la vue de tout l'Univers, les lettres, et les faveurs où ton sang a marqué de si belles, mais de si mensongères paroles ? Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 6
21 FLORIDAN Madame, je ne doute pas que votre amour ne condamne mon obéissance, mais il n'arrivera jamais qu'à faute d'obéir, ma mère ait droit d'accuser mon amour ; je dis cette vérité avecque regret, car sans être le plus ingrat de tous les hommes, je ne saurais nier que je ne doive beaucoup aux honnêtes libertés dont votre amitié m'a permis de jouir : mais belle Parthénice, si vous croyez que je vous sois extrêmement obligé pour avoir nourri de quelques faveurs le repos de ma vie, jugez ce que je ne dois point à celle sans qui je n'eusse jamais vu ni Parthénice ni le jour. Acte 1, sc. 1, FLORIDAN, phrase 1
22 PARTHÉNICE Mais perfide, mais trompeur, si tu veux d'un seul coup arrêter mon bras et ma résolution, ou quitte le funeste dessein qui te fait consentir à ce changement, ou toi-même exécute ce que ta trahison me va forcer d'entreprendre, plonge dans mon sein ce fer qui n'est pas plus dur ni plus insensible que toi, aussi bien ma seule mort te peut dispenser de tes promesses ; que si autrefois une seule goutte de mon sang a pu te rappeler du trépas à la vie, qui t'oblige à le mépriser maintenant que prodigue de ce bien je ne m'en veux pas réserver une seule goutte ? Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 2
23 PARTHÉNICE Barbare, tu détournes tes regards, et peut-être de peur que la pitié trouve quelque entrée dans ton âme, tu invoques contre moi le secours de ta Célinde. Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 3
24 PARTHÉNICE Quoi traître tu recules ? Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 5
25 FLORIDAN Belle Parthénice, vous vous travaillez en vain, je ne consentirai jamais au funeste dessein que vous faites contre vous-même. Acte 1, sc. 1, FLORIDAN, phrase 1
26 FLORIDAN Mais puisqu'il m'est permis d'user envers vous du droit des vainqueurs, je vais appendre cette épée sur un Autel consacré à l'Amour : que si l'on entreprend de vous faire quelque outrage, servez-vous de ce que la nature a donné si avantageusement à votre sexe, qui n'a besoin pour assujettir les hommes, d'employer d'autres armes que celles de ses yeux. Acte 1, sc. 1, FLORIDAN, phrase 2
27 PARTHÉNICE Comme il n'a plus d'yeux pour voir mes ennuis, il n'a plus d'oreilles pour ouïr mes plaintes : et ce parjure a voulu ajouter à la qualité d'insensible, celle de ne pouvoir être vu. Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 4
28 PARTHÉNICE Ô traître et perfide amant ! Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 5
29 PARTHÉNICE Meurs, puisque c'est le seul moyen qui te reste pour assouvir la cruauté de ton destin, et la barbarie de Floridan : peut-être les Dieux permettront que ce que tu ne peux obtenir durant ta vie, te sera accordé après ta mort. Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 7
30 PARTHÉNICE Et toi que la colère me fit choisir pour instrument de ma vengeance, et dont mon ignorance sans doute empêcha que je ne me servisse bien à propos ; dis-moi, je te prie, quel particulier respect t'a fait épargner celui qui n'épargne pas contre ma vie un seul des traits de sa rigueur ? Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 1
31 PARTHÉNICE Je sais ce que c'est, tu as manqué d'amorce aussi bien que mes yeux ; ou si tu en as eu elle n'a pu avoir son effet, pour avoir été détrempée dans l'humidité de mes larmes. Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 7
32 PARTHÉNICE C'est trop retarder un légitime dessein, allons mourir Parthénice ; toutefois l'inconstance de Floridan qui s'appuie sur la tyrannie de sa mère, n'aura peut-être pas la fin qu'il s'est proposée. Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 10
33 PARTHÉNICE Qui sait si Célinde n'a point porté ses voeux autre part ? Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 11
34 AMINTOR Vous avez raison, Madame, comme on ne saurait trop tard exécuter un mauvais dessein ; aussi ne saurait-on jamais trop tôt faire une bonne action : par là vous pouvez juger, que tant s'en faut que je doive me plaindre du sujet qui vous a donné le soin de me visiter ce matin, qu'au contraire j'en demeure votre obligé, comme du plus grand bien que vous me pouviez procurer. Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 1
35 AMINTOR Page, des sièges ; Madame, mettez-vous à votre aise : désormais notre âge nous prescrit cette nécessité : et je pense que pour nous montrer que nous devrions quelquefois nous lasser de vivre, nos jambes sont les premières qui se lassent de nous soutenir. Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 2
36 DORICE Mais ce point de méditation a quelque chose de commun avec le dessein qui m'amène, d'autant mieux que même par les lois, les pères étant censés être une même personne avecque leurs enfants, il semble que nous ne mourons point quand nous laissons après nous quelqu'un, dans l'être duquel nous allons comme confondant et perpétuant le nôtre. Acte 1, sc. 2, DORICE, phrase 2
37 DORICE Vous agréerez donc, sage Amintor, que j'achève de vous proposer ce dont je ne vous ai fait qu'une légère ouverture ; et que je vous découvre une pensée qui occupe mon esprit depuis quelque temps, dont le succès pourrait être également avantageux à nos deux familles. Acte 1, sc. 2, DORICE, phrase 3
38 DORICE J'admire en vous cette vertu, presque aussi rare en notre siècle, que le Phénix dont l'antiquité nous a conté tant de merveilles : donc pour ne trahir pas votre désir, ni mon humeur, un mot vous ouvrira mon âme, et vous apprendra que le principal sujet de ma visite, est de vous offrir mon fils Floridan pour gendre, et de le donner à Célinde pour époux. Acte 1, sc. 2, DORICE, phrase 1
39 DORICE De vous dire maintenant les considérations qui m'ont portée à cette recherche, je l'estime en quelque façon hors de propos, puisque cela ne se peut sans que j'y mêle un récit de vos louanges, dont je craindrais que le discours (quoique véritable et mérité) vous mît quelque rougeur au front, et en l'esprit quelque petit soupçon de flatterie : toutefois il me sera bien permis de dire, que l'illustre nom que vous portez, et que vos Ancêtres ont rendu fameux depuis plusieurs siècles ; que la noblesse de votre sang, dont l'origine se tire d'aussi loin que la naissance de cette Monarchie : que vos vertus particulières, dont l'éclat se va rendre le plus bel exemple qu'on puisse laisser à la postérité ; et qu'enfin les perfections qui se remarquent au corps et en l'âme de Célinde font une partie des charmes qui m'ont vaincue en faveur de Floridan. Acte 1, sc. 2, DORICE, phrase 2
40 AMINTOR Vous l'avez bien dit que vous me feriez rougir de vos flatteries : mais, sage Dorice, laissons à part ce qui me regarde, et demeurons d'accord que tout ce que vous avez dit de moi se rencontre en vous et en Floridan, avec bien plus d'avantage. Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 1
41 AMINTOR Je n'ai donc qu'un mot à répondre, pour vous remercier de l'honneur que vous me faites : et pour satisfaire en même temps au désir que vous m'avez témoigné ; c'est que je consens que Célinde, indigne pourtant de ce bien, tombe sous la puissance de Floridan, et laisse entre ses bras ce fruit qui ne peut qu'une fois être cueilli. Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 2
42 DORICE Ô consentement qui m'oblige ; ô promesse en faveur de laquelle je vous embrasse mille fois : votre parole que je tiens plus inviolable qu'un voeu qui serait fait à quelque Divinité, approche si fort mes espérances de leur effet, qu'à peine que je ne les prenne pour une chose même : toutefois certain scrupule mêle encore quelque amertume parmi les douceurs de ce bien, qui est que Célinde, peut-être engagée ailleurs d'affection, ne rendra pas ses désirs conformes aux nôtres. Acte 1, sc. 2, DORICE, phrase 1
43 AMINTOR Célinde, bien que restée sans mère depuis longtemps, a trouvé dans mes soins une nourriture si glorieuse, que je ne la saurais croire coupable du crime dont vous la soupçonnez : d'autant mieux que n'ayant eu qu'elle à gouverner, et elle n'ayant eu à partager mon affection avecque nul autre enfant, il serait difficile que je n'eusse imprimé dans son âme les caractères dont on marque l'honneur et la vertu. Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 2
44 AMINTOR Outre que si cette peste (telle puis-je nommer cette inclination, qui dérobe de l'esprit d'une fille le respect qu'elle doit à ses parents) si cette peste, dis-je, l'avait infectée de son venin mortel, je jure que j'userais du pouvoir que la nature me donne, et qu'employant la force, où les autres moyens me défaudraient, je saurais bien appliquer un remède à la folie. Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 3
45 DORICE Je ne vous ai pas proposé cette doute afin de vous irriter contre Célinde, de qui l'innocence, peut-être, condamne déjà le discours que je vous en ai fait : mais le souvenir de ce que j'ai été, et une expérience particulière m'enseignent qu'il ne faut jamais user de violence sur les inclinations d'une fille bien née. Acte 1, sc. 2, DORICE, phrase 1
46 AMINTOR Comme il ne faut jamais douter du jour quand le Soleil est levé, la raison de cela c'est que comme il est impossible que la nuit et le Soleil puissent compatir ensemble, aussi ne voit-on jamais qu'une fille bien née soit capable d'autres inclinations que de celles que lui doivent prescrire ceux de qui elle dépend. Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 1
47 AMINTOR Croyez-moi, Dorice, si les pères avaient relâché de leur sévérité sur ce point-là, on verrait d'extrêmes désordres dans les familles ; d'autant mieux que le premier frisé, le premier poudré, qui donnerait dans la vue d'une fille, en ferait presque aussitôt sa femme que sa Maîtresse. Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 2
48 AMINTOR Il se rencontre rarement qu'un jeune esprit soit capable de discerner le bien d'avecque le mal, et si on le laisse dans la liberté de son choix, il semble que par quelque fatalité qu'il ne peut éviter, son aveuglement le fasse tomber dans quelque dangereux précipice. Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 3
49 AMINTOR Elle croira que tel tient de la gloire de sa maison une grande suite de valets, qui ne les conserve peut-être que pour avoir plus d'assistance et de force à se garantir de la poursuite des sergents. Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 5
50 DORICE Je ne voudrais pas qu'on laissât courir une fille à un évident péril, comme je ne voudrais pas qu'on lui défendît un bien apparent : en cela je consulterais sa volonté comme un Oracle nécessaire, après quoi je ferais intervenir mon jugement ; et le laissant neutre entre elle et moi, je lui en ferais prononcer l'arrêt selon la raison, non pas selon sa passion ni la mienne. Acte 1, sc. 2, DORICE, phrase 1
51 DORICE Car enfin, sage vieillard, d'où pensez-vous que soient produits tant de bossus, tant de contrefaits, et en un mot tant de Monstres ? Acte 1, sc. 2, DORICE, phrase 2
52 DORICE Purement de l'inimitié qui se forme, ou qui se trouve contractée entre ceux qu'Amour seulement devrait assembler : il semble que la Nature ait horreur de leurs embrassements forcés, et pour moi, je sais bien que si j'étais en votre place, je demeurerais plutôt éternellement chargée d'une fille, que de la marier à quelqu'un pour qui elle n'aurait pas une particulière affection. Acte 1, sc. 2, DORICE, phrase 3
53 AMINTOR Votre sentiment n'a pas toutes les mères de son parti : la plupart savent bien qu'il ne faut pas avoir de semblables tendresses pour des esprits à qui tout doit être bon, pourvu qu'il nous soit agréable. Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 1
54 AMINTOR Outre que, si je ne me trompe, nous formons cette dispute inutilement, puisque Célinde, libre de tout intérêt, aura sans doute pour Floridan l'inclination qu'une honnête fille est capable de ressentir ; et quand cela ne serait pas, c'est à faire à une première nuit. Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 2
55 DORICE Vous ne sauriez, je reçois trop de plaisir en votre compagnie. Acte 1, sc. 2, DORICE, phrase 1
56 AMINTOR Ses parents étaient des plus riches et des plus illustres de toute la contrée, de sorte qu'héritant de leurs vertus et de leurs biens, elle fut estimée, sans difficulté, le plus avantageux parti du Royaume. Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 2
57 AMINTOR Dès lors les plus apparents jetèrent les yeux sur elle, mais sur tous un très accompli Seigneur nommé Cléandre, en devint si éperdument amoureux, que perdant l'espérance de l'obtenir, pour n'avoir pas assez des biens de fortune, ce qu'il ne pouvait attendre autrement. Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 3
58 AMINTOR Il assemble donc quelques-uns de ses amis, et un jour que Parthénopé était allée avec une de ses tantes visiter une maison qu'elle avait aux champs, il l'enlève ; et l'ayant conduite dans un château qu'il avait assez près de là, il l'épouse par force, et par force jouit de toutes les faveurs qui sous les noms de femme et de mari ne peuvent légitimement être refusées. Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 4
59 AMINTOR Aussitôt donc qu'elle pût échapper elle revint dans Naples, et s'étant jetée aux pieds du Vice-roi, elle lui rendit cette action si noire, qu'il ne pût refuser de promettre d'en punir l'Auteur ; de sorte qu'ayant sur l'heure même mis à prix la tête de Cléandre, il envoya des gens en campagne pour le saisir où ils le rencontreraient. Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 6
60 AMINTOR En ce temps-là Parthénopé était arrivée dans son neuvième mois, de sorte que par une rencontre presque miraculeuse, elle mit un fils au monde le jour même que le père en devait sortir ; et à peine cette petite créature eut vu la clarté, que son intérêt faisant un effort sur l'esprit de la mère, elle commença de craindre qu'il y eût de l'infamie pour lui, si on venait à lui reprocher d'être sorti d'un père que l'ignominie aurait accompagné en la mort. Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 9
61 AMINTOR C'est assez que vous sachiez que Parthénopé, touchée sans doute du ressentiment dont je vous parlais tantôt, et ne pouvant sortir du lit, elle envoya aux pieds du Vice-roi le petit enfant qui par ses cris semblant déplorer le trépas de son père, impétra la grâce qui n'avait été interdite à Cléandre, qu'à faute que Parthénopé se pût résoudre à lui pardonner : de sorte que ce dernier point ayant été obtenu, Cléandre reçut avec la vie, une preuve de la bonne volonté de sa Maîtresse, avec laquelle il finit heureusement ses jours. Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 12
62 CÉLINDE Votre parti, comme le plus juste sans doute, sera toujours le plus fort : et pour moi je sais bien qu'il ne sera jamais de considération assez puissante pour me faire faillir contre l'obéissance que je vous dois. Acte 1, sc. 3, CÉLINDE, phrase 1
63 CÉLINDE Celle-là même n'en doit pas être exceptée, au contraire il me semble que plus nous trouvons de difficulté en un commandement, et plus nous avons de gloire d'y obéir. Acte 1, sc. 3, CÉLINDE, phrase 1
64 AMINTOR Je n'en attendais pas moins de ton bon naturel ; mais bien loin de te commander de mourir, je te veux mettre dans un genre de vie bien plus doux que tu ne l'as goûté jusqu'ici. Acte 1, sc. 3, AMINTOR, phrase 1
65 AMINTOR Ce discours nous entretiendra tantôt plus amplement, cependant je veux dire encore un mot à Dorice. Acte 1, sc. 3, AMINTOR, phrase 1
66 DORICE Je vous en laisse le soin, et en attendant que j'aie l'honneur d'apprendre de vos nouvelles, j'entretiendrai Floridan de ce qu'il doit faire sur ce sujet, adieu. Acte 1, sc. 3, DORICE, phrase 1
67 LE PAGE Monseigneur vous demande, et m'a commandé de vous dire, que si vous différez de le voir il s'offensera de votre retardement. Acte 1, sc. 3, LE PAGE, phrase 1
68 LE PAGE Il vient d'entrer dans son cabinet. Acte 1, sc. 3, LE PAGE, phrase 1
69 CÉLINDE Que ne m'est-il aussi bien permis d'entrer dans le tombeau ? Acte 1, sc. 3, CÉLINDE, phrase 2
70 LUCIDOR Sans lui, qui nous sert de Soleil, nos jours ont un faux nom, et doivent plutôt être appelés des nuits et des ténèbres éternelles : ses ennemis sont les tyrans et les monstres, et nul homme qui fasse état de la société humaine, ne condamnera cette passion qui en est l'unique entretien, et la mère nourrice. Acte 2, sc. 1, LUCIDOR, phrase 2
71 LUCIDOR Non non, crois plutôt que le feu dont il brûle nos coeurs, vient d'un flambeau qui ne donne sa lumière que pour régler les plus belles actions de notre vie ; et que de même que l'homme est Roi des animaux, pour ce qu'il est capable de raison, celui doit être Roi des hommes qui est plus capable d'amour. Acte 2, sc. 1, LUCIDOR, phrase 4
72 PHILINDRE Quand j'ai commencé de soutenir contre vous combien cette passion est dangereuse, j'en ai moins considéré la cause que les effets ; mais sans nous amuser plus longtemps en cette dispute inutile, dites-moi seulement quel nom vous pouvez donner à ses éternelles inquiétudes qui accompagnent l'esprit d'un homme véritablement amoureux : si le manger est une chose nécessaire à la conservation de l'Être ; si le dormir est un repos accordé par la Nature pour le soulagement de tout ce qu'elle a créé, appellerez-vous un bien ce qui détruit le goût, et empêche le sommeil ? Acte 2, sc. 1, PHILINDRE, phrase 1
73 PHILINDRE Outre cela, d'où me direz-vous que soient produits tant de transports, tant de désirs déréglés, tant de mouvements incertains, tant de discours qui meurent presque aussitôt dans la bouche, qu'ils sont formés dans le penser ; et enfin, cet effroyable Monstre de Jalousie, si ce n'est de l'amour ? Acte 2, sc. 1, PHILINDRE, phrase
74 PHILINDRE Jalousie, d'autant plus à craindre, qu'elle change de visage à toutes choses ; et que faisant passer jusqu'à nos corps l'aveuglement de notre âme, elle nous fait bien souvent condamner comme un crime les plus innocentes actions. Acte 2, sc. 1, PHILINDRE, phrase 2
75 LUCIDOR Tu sauras donc que je la divise en trois sortes, l'une qui regarde le profit, l'autre le plaisir, et l'autre la vertu. Acte 2, sc. 1, LUCIDOR, phrase 2
76 LUCIDOR Ceux qui aiment pour le profit, ne peuvent rien promettre de la durée de leur amour qu'autant que l'espérance du gain sera suffisante de l'entretenir, et ceux-là sont capables des transports et des inquiétudes dont tu parles, d'autant que leur intérêt n'étant attaché qu'à une chose facile à périr, une éternelle crainte accompagne leur passion. Acte 2, sc. 1, LUCIDOR, phrase 3
77 LUCIDOR Les autres qui n'ont que le plaisir pour objet de leur flamme trouvent la fin de leur amour dans la fin de la volupté ; et s'imaginant que les faveurs dont ils se sont assouvis, peuvent être communiquées à quelque autre aussi facilement qu'elles ont été obtenues, ils entrent dans les fureurs de la Jalousie, et ne laissent pas même à la personne aimée la liberté des regards. Acte 2, sc. 1, LUCIDOR, phrase 4
78 LUCIDOR Mais ceux qui aiment purement pour la vertu, ne se lassent jamais d'aimer ; l'objet de leur passion est beaucoup au-dessus de toutes les autres causes : et comme il est louable et légitime parfaitement, aussi ne produit-il jamais de mauvais effets en nos âmes. Acte 2, sc. 1, LUCIDOR, phrase 5
79 LUCIDOR En effet tu reconnais aussi bien que moi les bonnes qualités qu'elle possède, tu sais qu'elle est belle jusqu'au point de ne pouvoir être vue d'un homme sans me faire incontinent un rival ; et cependant, oublieuse en ma faveur de l'excès de ses mérites, comme je prends plaisir de la voir triompher de mes désirs, elle est bien aise que je me vante d'être Roi de ses pensées. Acte 2, sc. 1, LUCIDOR, phrase 7
80 LUCIDOR Tout beau, Philindre, n'en lis pas davantage, il me semble que je le vois paraître ce bel Astre de mon jour. Acte 2, sc. 1, LUCIDOR, phrase 1
81 CÉLINDE Ce n'est ni l'un ni l'autre, puisque je crois Lucidor innocent et vaincu. Acte 2, sc. 2, CÉLINDE, phrase 1
82 LUCIDOR Madame, si jamais la pitié trouva place dans votre coeur, si le nom de Lucidor est encore doux à votre mémoire, belle Célinde, de grâce éclaircissez mes doutes, et ne me laissez pas à la merci de mes soupçons. Acte 2, sc. 2, LUCIDOR, phrase 3
83 CÉLINDE Cet Oracle que tu viens consulter est le même qui depuis une heure a prononcé contre toi un arrêt plus rude que mille morts ; et cette pâleur que tu remarques en moi, est bien un témoignage de ma douleur, mais elle est aussi une preuve de ma défaite : car pour ne retenir pas davantage ton esprit en suspens, je te dirai que je viens de rendre un combat, où au lieu de sang j'ai versé une infinité de larmes : j'avais pour partie et pour ennemi celui qui est mon tout, et que la Nature m'ordonne de chérir par-dessus tout le reste des hommes. Acte 2, sc. 2, CÉLINDE, phrase 1
84 CÉLINDE La matière de notre querelle était Lucidor et Floridan, mon âme tenait ton parti, mais celui qui dispose de mon corps ayant usé de son pouvoir en faveur de l'autre, ma faiblesse a cédé à cet effort, et mon obéissance a reçu pour mari, celui qu'Amour ne m'eût pas même laissé recevoir pour esclave. Acte 2, sc. 2, CÉLINDE, phrase 2
85 LUCIDOR Ce voleur vient donc, au préjudice de votre foi, employer la tyrannie d'un père, où son mérite ne lui laissa jamais l'espérance de parvenir ? Acte 2, sc. 2, LUCIDOR, phrase 2
86 LUCIDOR Injuste vraiment, mais non pas inévitable, si mon malheur et votre légèreté n'eussent contribué à ce fâcheux accident. Acte 2, sc. 2, LUCIDOR, phrase 1
87 LUCIDOR Cependant, Madame, permettez à ma juste douleur de vous accuser en ce changement du crime le plus punissable qui ait été commis depuis qu'Amour règne dessus les coeurs : souffrez que je reproche à votre foi violée tant de serments dont vous protestiez que l'effet serait infaillible comme celui de la fatalité : vous m'avez quitté, Célinde, et un injurieux oubli a pu glacer cette âme que mon exemple devait faire éternellement brûler. Acte 2, sc. 2, LUCIDOR, phrase
88 LUCIDOR Puisque vous ne trouvez point de remède à ma disgrâce, il n'est pas juste que j'en applique à mon désespoir, au contraire il faut qu'il partage avecque vous la gloire d'avoir triomphé de moi, et que pour accroître ma fureur, j'obéisse à tous les mouvements que la colère et la jalousie ont accoutumé de produire. Acte 2, sc. 2, LUCIDOR, phrase 1
89 LUCIDOR et je le ferai servir de symbole à notre funeste séparation. Acte 2, sc. 2, LUCIDOR, phrase 1
90 LUCIDOR Il reste, afin que je ne meure pas sans quelque contentement, que j'aime arracher le coeur de mon rival, et en retirer votre image dont il ne fut jamais digne de garder l'impression, un même coup punira sa témérité, et contentera ma vengeance : après cela je donnerai mon sein au même fer qui aura fait ses plaies, afin qu'il vous sacrifie les dernières heures de celui qui pour toute la récompense de ses services, se voit aujourd'hui contraint de vous dire un éternel adieu. Acte 2, sc. 2, LUCIDOR, phrase 2
91 CÉLINDE Je te commande en premier lieu de n'entreprendre rien contre Florian, puisque tu sais bien qu'ayant ignoré ta passion, il a pu m'aimer sans te faire une injure : en second lieu, que tu ne cherches jamais l'occasion de te prévaloir de mon amour au préjudice de mon honneur ; et enfin de ne me demander jamais d'autre preuves de mon affection que ma parole. Acte 2, sc. 2, CÉLINDE, phrase 2
92 CÉLINDE Je te la donne de nouveau, non plus avecque réserve, mais sans nulle sorte d'exception ; c'est un effet de ma pitié, et si l'on me condamne de quoi pour suivre l'Amour je quitte l'obéissance que je dois à mon père, qu'on sache que m'y sens forcée par une puissance que je ne connais point, et que la loi d'un Dieu doit être plus forte que celle d'un homme. Acte 2, sc. 2, CÉLINDE, phrase 3
93 LUCIDOR qui deviez être les marques de ma douleur, revenez me parler encore de mes contentements, pardonnez à ma fureur l'injure que je vous ai faite. Acte 2, sc. 2, LUCIDOR, phrase 1
94 LUCIDOR Que ne pouvez-vous être réunis comme nous le sommes Célinde et moi, chers papiers, Madame. Acte 2, sc. 2, LUCIDOR, phrase 3
95 CÉLINDE Cependant pour ne déciller point les yeux de mon père (trompé jusqu'ici assez finement sous le prétexte d'une conversation indifférente) je suis d'avis que tu me permettes de repaître d'espérance l'esprit de Floridan. Acte 2, sc. 2, CÉLINDE, phrase 4
96 CÉLINDE Mais pour ne te laisser pas sans quelques preuves de la continuation de mon amour, je veux que tu prennes pour toi toutes les bonnes paroles que je lui donnerai, et que tu t'imagines, qu'au lieu de Floridan c'est Lucidor que j'entretiens ; ainsi sous cet artifice nous pourrons nourrir un feu dont les autres n'auront que la fumée. Acte 2, sc. 2, CÉLINDE, phrase 5
97 LUCIDOR Cette invention me contente, et l'assurance que vous me donnez de votre fidélité, est à mon âme un sujet de ravissement ; mais, Madame, qu'une seule fois. Acte 2, sc. 2, LUCIDOR, phrase 1
98 CÉLINDE Ne passe pas plus outre ni en la demande ni en l'effet, pour ne me donner pas la peine, et peut-être le déplaisir de te refuser ; si tu commences à faillir, ton outrecuidance me dispensera de mes promesses. Acte 2, sc. 2, CÉLINDE, phrase 1
99 CÉLINDE Hâte-toi, et va-t'en pour un peu, aussi bien je vois paraître Parthénice qui vient, peut-être, pour me visiter. Acte 2, sc. 2, CÉLINDE, phrase 1
100 PARTHÉNICE Afin que vous ne m'accusiez pas d'être paresseuse à m'acquitter de mon devoir, je viens des premières me réjouir avecque vous d'une nouvelle qui vous touche, et que j'ai apprise seulement depuis aujourd'hui. Acte 2, sc. 3, PARTHÉNICE, phrase 1
101 PARTHÉNICE Cette feinte ne vous sied pas mal, et je ne la condamnerais pas pour tout autre que pour moi ; mais étant ce que je suis, et ne voyant ici personne qui nous puisse être suspecte, je ne puis que je ne blâme votre amitié, de quoi elle me cache l'acquisition d'un serviteur qui doit bientôt prendre la qualité de maître. Acte 2, sc. 3, PARTHÉNICE, phrase 1
102 PARTHÉNICE Il faut bien qu'il ait reconnu votre esprit capable de quelque bonne volonté pour lui, puisqu'il s'est engagé dans cette recherche, car on lui donne la gloire d'avoir assez de jugement pour ne vouloir pas épouser une ennemie. Acte 2, sc. 3, PARTHÉNICE, phrase 1
103 CÉLINDE Qu'on lui donne, si vous voulez, les meilleures qualités du monde, je vous jure pourtant qu'il n'a pu reconnaître en moi nulle marque d'amitié, s'il ne l'a fondée sur l'estime que j'ai faite de lui, commune à tous ceux qui font profession de l'honneur. Acte 2, sc. 3, CÉLINDE, phrase 1
104 CÉLINDE Si Floridan pouvait lire dans mon coeur, qu'il y verrait bien d'autres passions décrites, il reconnaîtrait que cette estime que j'avais pour lui au temps qu'il ne me regardait qu'indifféremment, s'est changée en une haine si forte, depuis qu'il montre avoir de l'amour pour moi, que je ne pense pas qu'à son alliance je ne préférasse celle d'un Monstre ou d'un Barbare : ce n'est pas qu'il ne vaille beaucoup, mais un secret destin veut que cela même, d'où une autre tirerait de la gloire, me soit une matière de mécontentement. Acte 2, sc. 3, CÉLINDE, phrase 2
105 PARTHÉNICE Quoi que c'en soit, ayant beaucoup de mérite et beaucoup de créance auprès d'Amintor, il faudra qu'à la fin il triomphe de votre résistance. Acte 2, sc. 3, PARTHÉNICE, phrase 1
106 CÉLINDE Je ne sais ce que le Ciel en a ordonné, mais j'ai résolu d'y mettre tant d'obstacles, que peut-être ce dessein trouvera sa ruine à l'heure qu'on en attendra l'accomplissement. Acte 2, sc. 3, CÉLINDE, phrase 1
107 PARTHÉNICE J'aurais un extrême tort, belle et chère Célinde, si je refusais de satisfaire à votre désir, d'autant mieux qu'il se rapporte parfaitement au sujet qui m'a fait venir ici. Acte 2, sc. 3, PARTHÉNICE, phrase 1
108 PARTHÉNICE Je vous dirai donc, que c'est de Floridan même que j'ai su tout ce qui regarde l'intérêt qu'il a pour vous ; non pas qu'une particulière vanité, comme vous le soupçonnez, l'ait porté à m'en entretenir, mais c'est qu'il lui a été impossible de cacher à ma vigilance un intérêt qui le rend criminel, et moi misérable. Acte 2, sc. 3, PARTHÉNICE, phrase 2
109 PARTHÉNICE Mais, Célinde, puisqu'un malade ne peut mieux guérir qu'en découvrant son mal au Médecin qui en a les remèdes infaillibles, je vois bien qu'il faut que je vous déclare le mien, et que je vous en parle comme à celle qui a cela de commun avec les Dieux, qu'elle est aujourd'hui l'Arbitre souverain de ma mort ou de ma vie. Acte 2, sc. 3, PARTHÉNICE, phrase 4
110 PARTHÉNICE Sachez donc, ma compagne, qu'il y peut avoir deux ans que ce même Floridan, qui soupire maintenant pour vous, commença de brûler pour moi d'une flamme qu'autre chose que sa légèreté ne pouvait jamais éteindre. Acte 2, sc. 3, PARTHÉNICE, phrase 5
111 PARTHÉNICE Si son inconstance a touché mon esprit, j'en laisse Juges ceux qui ont été trahis comme moi ; tant y a que ce matin l'ayant surpris en son délit, et mes transports m'ayant fait en vain attenter contre sa vie, je suis restée sans remède, si votre pitié ne m'en laisse désormais espérer. Acte 2, sc. 3, PARTHÉNICE, phrase 11
112 PARTHÉNICE Je vous conjure donc, chère Célinde, par notre amitié contractée depuis le berceau, et qui s'est accrue comme nos années, de punir par un mépris éternel la trahison de ce perfide, et de ne consentir jamais que son crime trouve un refuge auprès de vous. Acte 2, sc. 3, PARTHÉNICE, phrase
113 PARTHÉNICE J'ai honte de vous proposer d'être sage à mes dépens, mais puisque pour vous persuader je n'ai rien de plus puissant que mon exemple, pour l'amour de moi, Célinde, gardez-vous de tomber dans le précipice où je me vois prête de périr. Acte 2, sc. 3, PARTHÉNICE, phrase 12
114 CÉLINDE Chère Parthénice, je suis bien aise de quoi en ce commun accident qui nous pouvait être également funeste, ma passion rencontre un moyen de me satisfaire, et de vous obliger ; je vous jure donc tout ce qui peut rendre un serment puis inviolable, que Floridan ne m'épousera jamais, et que si la tyrannie de mon père va jusqu'à me vouloir forcer d'observer la parole que je lui en ai donnée, je chercherai dans mon désespoir de quoi vous venger, et moi aussi. Acte 2, sc. 3, CÉLINDE, phrase 1
115 CÉLINDE Cet office dont vous témoignez tant de ressentiment, n'est pas considérable au prix de la volonté que j'ai de vous servir ; mais il me reste encore une chose à vous dire, et dont il est nécessaire que vous ayez l'esprit éclairci : c'est qu'ayant enfin promis à mon père, d'obéir à l'arrêt par lequel il me veut soumettre à la puissance de Floridan, il est à propos que je feigne pour quelque temps de lui vouloir un peu de bien, afin que sous le désir de laisser jeter des racines à cette affection, naissante en apparence, il me puisse donner le loisir de songer aux moyens qui peuvent arrêter le cours de sa présomption. Acte 2, sc. 3, CÉLINDE, phrase 1
116 CÉLINDE Ne vous étonnez donc pas si quelque fois un bruit commun vous dit que je l'aime, ou si vous êtes vous-même témoin des actions que je prépare pour le tromper, cet artifice est absolument nécessaire à notre repos ; mais il semble que je l'aperçois avecque Lucidor il faut qu'ils se soient rencontrés bien près d'ici. Acte 2, sc. 3, CÉLINDE, phrase 2
117 FLORIDAN Si vous nous voyez en quelque sorte surpris et timides à cet abord, outre que cela pourrait procéder du respect que les mortels doivent rendre aux Déités, encore devez-vous l'attribuer à la crainte que nous avons eue de vous importuner, en mettant un obstacle à la liberté que peut-être vous vouliez avoir pour vous entretenir. Acte 2, sc. 4, FLORIDAN, phrase 1
118 LUCIDOR Je m'en étonne pourtant, puisque Célinde et Parthénice ayant toutes les excellentes qualités qui peuvent rendre un corps et un esprit recommandables, il serait difficile qu'elles eussent donné à leur entretien un objet qui ne fût aimable, et plein de mérite comme elles. Acte 2, sc. 4, LUCIDOR, phrase 1
119 CÉLINDE Et moi je ne pense mériter l'estime de Lucidor, que par l'avantage que j'ai d'être maintenant en la compagnie de Parthénice. Acte 2, sc. 4, CÉLINDE, phrase 1
120 FLORIDAN Laissons ce discours, Madame, qui fait autant de honte à la vérité, que vous en causez à toutes celles dont la beauté voudrait entrer en comparaison avecque la vôtre, ce qu'est la Lune aux Étoiles, un Monarque à ses sujets. Acte 2, sc. 4, FLORIDAN, phrase 1
121 FLORIDAN Un Aquilon au Zéphyr, une rose aux autres fleurs. Acte 2, sc. 4, FLORIDAN, phrase 1
122 FLORIDAN Enfin ce qu'est l'Aurore à ces petits feux qui brillent durant la nuit, on peut dire que Célinde l'est aux Dames de cette Cour, ce qu'elles ont d'éclat ne sert qu'à relever les traits de son visage ; dont le charme pénètre les coeurs avec la même facilité, qu'on voit le Soleil faire jour à ses rayons dans un bocage que l'Hiver a dépouillé, et à qui le Printemps n'a pas encor rendu toutes ses feuilles. Acte 2, sc. 4, FLORIDAN, phrase 1
123 LUCIDOR Puisque le larcin est un crime, à votre compte voilà deux coupables ensemble. Acte 2, sc. 4, LUCIDOR, phrase 1
124 LUCIDOR Veuille le Ciel que je n'en punisse jamais autant dire de l'autre. Acte 2, sc. 4, LUCIDOR, phrase 1
125 FLORIDAN Si vous donnez vos yeux à Parthénice, donnez votre coeur à Floridan, ou pour le moins permettez qu'il s'approche de mes flammes, peut-être quelque étincelle le pourra toucher. Acte 2, sc. 4, FLORIDAN, phrase 2
126 LUCIDOR Ou je me trompe, ou je lis sur votre visage les marques d'un secret déplaisir. Acte 2, sc. 4, LUCIDOR, phrase 1
127 PARTHÉNICE Le sujet n'en peut être guère secret, puisqu'il se communique si légèrement à tant de personnes. Acte 2, sc. 4, PARTHÉNICE, phrase 1
128 FLORIDAN Puisse le Ciel punir ma témérité des plus grands supplices qui furent jamais inventés à la ruine des criminels, si j'aspire à d'autres faveurs que celle que l'honneur me prescrit ; les lois de mon amour se conforment à celles de mon devoir, et quand j'oublierai le respect que je dois à Célinde, je prie les Dieux qu'ils ôtent de ma mémoire le souvenir même de mon nom. Acte 2, sc. 4, FLORIDAN, phrase 1
129 PARTHÉNICE Et pourtant sans être barbare on ne les saurait condamner. Acte 2, sc. 4, PARTHÉNICE, phrase 1
130 FLORIDAN Mais, Madame, s'il est vrai ce que Dorice m'a conté de votre résignation aux volontés d'Amintor, il me semble que j'ai quelque droit à ne prétendre pas d'être tout à fait compris dans la loi commune. Acte 2, sc. 4, FLORIDAN, phrase 1
131 FLORIDAN Je veux dire, Madame, que ces preuves d'une médiocre inclination, sont une récompense due à tous ceux dont l'âme desquels votre beauté fera quelques blessures ; mais pour moi de qui la passion a paru dans une recherche, qui ayant été reçue, me promet un triomphe éternel, pardonnez-moi si je dis que la seule parole est une faveur petite, et qu'elle est peut-être moins une marque de votre flamme que de votre froideur. Acte 2, sc. 4, FLORIDAN, phrase 1
132 CÉLINDE Pour encore le temps ne me permet pas de vivre autrement avecque vous, ainsi je reçois la loi de celui qui la fait à tout le monde. Acte 2, sc. 4, CÉLINDE, phrase 1
133 LUCIDOR Ne vous affligez plus, belle Parthénice, mais espérez en cette éternelle vicissitude qui règne sur tous nos mouvements ; et souvenez-vous que de même que tel, dont l'exemple n'est pas loin, se flatte de la possession d'un bien dont il peut mettre la conquête dans le nombre des choses impossibles, de même aussi, tel bien souvent croit être misérable, qui dans une heure se voit porté du centre des disgrâces au sommet des plus hautes félicités. Acte 2, sc. 4, LUCIDOR, phrase 1
134 LUCIDOR Notre destin ne se rapporte pas mal. Acte 2, sc. 4, LUCIDOR, phrase 1
135 AMINTOR Je n'en doute pas, mais je veux en être moi-même témoin, et les écouter, si je puis sans être aperçu. Acte 2, sc. 5, AMINTOR, phrase 1
136 FLORIDAN Si mes souhaits étaient exaucés, les jours qui me retardent la possession de Célinde, ne mesureraient leur durée qu'à celle des moments ; et si la peine que je souffre ne doit être limitée que de l'espace d'un mois, ce mois se verrait terminé dans le seul espace d'une journée. Acte 2, sc. 5, FLORIDAN, phrase 1
137 CÉLINDE Il s'agit ici de récompenser Floridan par une faveur qui réponde à son mérite, j'appelle donc Lucidor pour me convaincre de perfidie, si je manque jamais au voeu que je fais de l'aimer et d'être sienne éternellement. Acte 2, sc. 5, CÉLINDE, phrase 1
138 FLORIDAN Entreprendre de vous faire des remerciements dignes d'une grâce si particulière, ce ne serait pas moins tenter que l'impossible ; mais il me semble que je vois approcher Amintor, trouvez bon, Madame, que je m'acquitte de ce que je lui dois. Acte 2, sc. 5, FLORIDAN, phrase 1
139 AMINTOR On m'avait déjà bien averti de votre venue, mais j'ai été bien aise de vous donner le temps de reconnaître la place que votre mérite vous doit faire emporter. Acte 2, sc. 5, AMINTOR, phrase 1
140 AMINTOR Ah quand mon sang bouillonnais jadis échauffé des jeunes ardeurs de votre âge, j'eusse été bien marri qu'un seul jour se fût écoulé, sans me voir employé dans quelque nouveau passe-temps ; tantôt dans les Joutes et les Tournois, tantôt dans les bals et les assemblées ; quelquefois en des festins, d'autrefois en des Comédies. Acte 2, sc. 5, AMINTOR, phrase 2
141 AMINTOR Que cet agréable divertissement nous occupe donc une partie de l'après-dînée ; voici la plupart des Acteurs assemblés, les autres ne seront pas difficiles à trouver, qu'en dites-vous ? Acte 2, sc. 5, AMINTOR, phrase 1
142 FLORIDAN J'oserais répondre pour tous, que nos volontés ne seront jamais contraires aux vôtres. Acte 2, sc. 5, FLORIDAN, phrase 1
143 AMINTOR Sus donc, Célinde, allez de bonne heure mettre ordre à tout ce qu'il faut, allez-vous faire donner les clefs de ma garde-robe, de tout temps assez bien pourvue d'une grande diversité d'habits ; fouillez tout, renversez tout, je vous le permets, à condition qu'on ne parle que de jouer et de se réjouir ; cependant je prendrai le soin d'en avertir Dorice, et d'y convier nos plus intimes amis. Acte 2, sc. 5, AMINTOR, phrase 1
144 AMINTOR Maintenant je confesse que tes grâces sont au-dessus de notre mérite, comme ta clémence est au-dessus de nos forfaits : ma joie qui a cela de commun avec la douleur, qu'à peine se peut-elle exprimer que par des larmes, m'oblige à vouer sur tes Autels une éternelle suite de victimes. Acte 2, sc. 5, AMINTOR, phrase 4
145 AMINTOR Mais achevons notre dessein commencé. Acte 2, sc. 5, AMINTOR, phrase 5
146 LE PAGE Elle est sur le point de se mettre à table, mais elle m'a commandé de vous dire que vous serez le bienvenu. Acte 2, sc. 5, LE PAGE, phrase 1
147 AMINTOR Allons, je ne l'entretiendrai pas longtemps, car je n'ai que cette nouvelle à lui dire. Acte 2, sc. 5, AMINTOR, phrase 1
148 AMINTOR Je les ai laissés qu'ils étaient presque achevés d'habiller, je pense qu'ils commenceront bientôt ; cependant prenons les sièges les plus commodes pour les voir avecque attention : entre amis les plus petites cérémonies sont un grand crime, mettez-vous où vous croirez être le mieux. Acte 3, sc. 1, AMINTOR, phrase 1
149 AMINTOR Autrefois elles ont été le divertissement des grands Monarques, et les Républiques mêmes en ont usé pour donner quelque horreur du vice et de l'amour pour la vertu ; que si j'en avais le temps, je ferais connaître qu'il n'est rien de plus honnête, de plus plaisant, ni de plus utile, mais je crois qu'ils vont sortir. Acte 3, sc. 1, AMINTOR, phrase 1
150  AKIOR Ce tronc fera connaître à la postérité Acte V1, sc. S1, v. 69
151  AKIOR Que ta fureur s'arma contre la vérité, Acte V1, sc. S1, v. 70
152  CHARMY Leur âme redoutant l'éclat de notre fer, Acte V1, sc. 2, v. 81
153  GOTHOMEL Peut-être que sachant d'où vient son infortune, Acte V1, sc. 2, v. 87
154  AKIOR Le Dieu que vous servez sollicite votre âme Acte V1, sc. 2, v. 91
155  AKIOR Là sans être ennuyés de discours superflus Acte V1, sc. 2, v. 101
156  AKIOR Que je suis redevable à votre piété ! Acte V1, sc. 2, v. 106
157  GOTHOMEL Hâtons notre retour on nous pourrait surprendre Acte V1, sc. 2, v. 107
158  HOLOFERNE Qu'ils courent l'univers de l'un à l'autre bout, Acte V1, sc. 3, v. 113
159  HOLOFERNE J'implore votre bras voici le dernier trait Acte V1, sc. 3, v. 121
160  MOAB Pour dompter leur orgueil et les soumettre à nous, Acte V1, sc. 3, v. 126
161  HOLOFERNE Votre conseil me plaît, je promets de le suivre Acte V1, sc. 3, v. 139
162  HOLOFERNE Puisque si notre soin les empêche de vivre Acte V1, sc. 3, v. 140
163  HOLOFERNE À ne boire d'autre eau que celle de vos larmes. Acte V1, sc. 3, v. 160
164 CHOEUR À voir la hardiesse de Lucidor, je meure si on ne jurerait qu'il n'a jamais fait autre profession que celle-là. Acte V1, sc. 3, CHOEUR, phrase 1
165  JUDITH Réserve tes conseils pour un autre sujet Acte V2, sc. 1, v. 161
166  ABRA Mais si quelque raison règne encor dans votre âme, Acte V2, sc. 1, v. 171
167  ABRA Mesurez votre envie au pouvoir d'une femme, Acte V2, sc. 1, v. 172
168  JUDITH Feraient d'autres Soleils et d'autres Éléments : Acte V2, sc. 1, v. 178
169  JUDITH Et ce traître ennemi qui se croit invincible, Acte V2, sc. 1, v. 192
170  JUDITH Pour fléchir notre Dieu, qui possible irrité Acte V2, sc. 1, v. 201
171  JUDITH Sans elles permettrait notre captivité ; Acte V2, sc. 1, v. 202
172  OSIAS Nous rendre à son exemple Idolâtres s'il peut. Acte V2, sc. 1, v. 206
173  OSIAS Que ton coeur est touché de notre repentir, Acte V2, sc. 1, v. 210
174  MOAB Vient soumettre ses traits à ceux de ton mérite, Acte V2, sc. 3, v. 224
175  JUDITH Car le Dieu d'Israël contre lui courroucé Acte V2, sc. 3, v. 233
176  JUDITH Je viens pour te montrer comme il le faut punir. Acte V2, sc. 3, v. 238
177  HOLOFERNE Ceux de ton entretien, ou ceux de ton visage, Acte V2, sc. 3, v. 244
178  HOLOFERNE Et l'Amour prend chez moi le titre de fureur. Acte V3, sc. 1, v. 262
179  HOLOFERNE Unir votre faiblesse à la force d'un Dieu ? Acte V3, sc. 1, v. 266
180  HOLOFERNE Beaux yeux Astres d'Amour, objet de ma victoire Acte V3, sc. 1, v. 267
181  JUDITH Le dessein qui me fait contre lui conspirer. Acte V3, sc. 3, v. 298
182  ABRA Détruire votre vie et mon contentement. Acte V3, sc. 3, v. 302
183  ABRA Sauvera votre honneur de ce triste naufrage ? Acte V3, sc. 3, v. 308
184  ABRA Contre l'impatience et la témérité. Acte V3, sc. 3, v. 314
185  ABRA Que vous montrer le soin que j'ai de votre bien. Acte V3, sc. 3, v. 318
186  JUDITH Je ne saurais jamais en être détournée ; Acte V3, sc. 3, v. 320
187  JUDITH Prête à notre Climat la couleur que je veux, Acte V3, sc. 3, v. 322
188  JUDITH Allons, je veux unir contre cet inhumain Acte V3, sc. 3, v. 325
189  HOLOFERNE Et vous Astres brillants petits feux cachez-vous, Acte V3, sc. 4, v. 333
190  L'EUNUQUE Si le Maître est pour vous, donnez-moi la servante. Acte V3, sc. 5, v. 348
191  ABRA Ton visage en prononce un arrêt contre toi. Acte V3, sc. 5, v. 350
192  JUDITH Ami ton soin mérite une autre récompense Acte V3, sc. 5, v. 351
193  JUDITH Écoute comme il ronfle : Ô Ciel ! Mon entreprise Acte V3, sc. 5, v. 359
194  JUDITH Ne rencontre plus rien qui ne la favorise. Acte V3, sc. 5, v. 360
195 AMINTOR Les paroles de Célinde m'étonnent bien davantage, car ce qu'elle vient de dire ne doit pas être dans ses vers. Acte V3, sc. 5, AMINTOR, phrase 1
196 CÉLINDE Parents, que désormais je nomme barbares, étonnez-vous de votre tyrannie, non pas de mon action : votre violence et mon désespoir sont les meurtriers de Floridan ; et vous éprouvez aujourd'hui combien était injuste la loi par laquelle vous me vouliez contraindre à trahir les flammes de Lucidor : il est mon mari depuis longtemps, et nul homme sans mourir ne pouvait m'empêcher d'être sa femme. Acte V3, sc. 5, CÉLINDE, phrase 1
197 LUCIDOR Épargnez ce miracle vivant, et tournez votre colère et vos chaînes sur moi qui ai seul commis cet homicide. Acte V3, sc. 5, LUCIDOR, phrase 2
198 AMINTOR Dorice, si ma prévoyance a jamais soupçonné ce funeste accident, je veux périr à vos pieds, le succès fera toute ma justification, car je ne consens pas seulement qu'on agisse contre Célinde, mais je veux en être moi-même le Bourreau. Acte V3, sc. 5, AMINTOR, phrase 1
199 PARTHÉNICE Allons, mon âme, allons apprendre ce que le Ciel a destiné de nous en la personne de Floridan ; allons consulter sa plaie, afin que si le coup est mortel, il nous puisse être à tous deux également funeste. Acte 4, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 1
200 PARTHÉNICE Qui d'un seul coup as pu commettre deux homicides, quelle main croirai-je qui t'a guidée celle de Célinde, ou d'Alecton ? Acte 4, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 6
201 PARTHÉNICE Il faut bien que l'une des Furies, ou peut-être toutes trois aient ensemble projeté ce dessein abominable ; autrement il serait impossible qu'une fille qui ne peut sans horreur ouïr parler du sang et du fer pour satisfaire à quelque passion particulière eût eu le courage d'employer et le fer et le sang. Acte 4, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 8
202 PARTHÉNICE Ah Célinde, que vous allumez un grand combat dans mon âme entre l'Amour et l'Amitié, et que ces deux puissances, bien que comprises sous une même passion, excitent en moi des mouvements contraires ; l'une me fait désirer votre ruine, comme vous avez détruit mes plaisirs, et l'autre condamnant ce désir, rejette la principale cause de cet étrange accident sur moi misérable, qui vous ai conjurée de ne vouloir jamais épouser Floridan. Acte 4, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 11
203 PARTHÉNICE Oui, Célinde, j'en ai importuné votre affection ; mais qui eût cru que pour me guérir d'une douleur, vous eussiez voulu vous servir d'un remède pire mille fois que le mal ? Acte 4, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 12
204 PARTHÉNICE Je croyais qu'un honnête refus terminerait tout d'un coup l'amour et l'ambition de mon perfide, et cependant au lieu de la voix, vous avez appelé votre bras à cet office, et avez cherché dans la violence ce que peut-être la douceur ne vous eût pas refusé. Acte 4, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 13
205 PARTHÉNICE Quoi que c'en soit, vous avez tué Floridan, et de quelque oeil que je regarde votre action, il faut toujours que je me considère comme celle à la passion de qui vous avez voulu sacrifier cette victime. Acte 4, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 14
206 PARTHÉNICE C'est à mes prières que je dois imputer la cause de sa mort, elles ont sollicité votre courage, elles ont donné la première nourriture au feu de votre fureur, et si quelqu'un doit être châtié pour ce forfait, on ne s'en doit prendre qu'à Parthénice : et pourtant Célinde et Lucidor languissent à cette heure sous des mêmes fers, et quelque opinion que j'aie d'être coupable, je ne vois personne qui se présente pour me punir. Acte 4, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 15
207 PARTHÉNICE Si cela est, préparez-vous mes mains à déchirer ce sein et ce visage, disposez-vous à vous plonger dans les ondes de mes cheveux, pour m'en montrer la racine, imitant le pêcheur, qui pour laisser plus de liberté à la ligne, arrache des bords d'une rivière jusqu'à la tige des roseaux. Acte 4, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 17
208 PARTHÉNICE Courage, Parthénice, ta fureur n'a point ici de témoins : toutefois me voici déjà proche de son logis, différons pour un peu l'exécution de ce dessein, je saurai toujours bien prendre le temps de me mettre au même état où sa blessure l'aura réduit. Acte 4, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 19
209 FLEURIMON Je confesse, Madame, que vos larmes ne pouvaient être versées pour une plus juste occasion. Acte 4, sc. 2, FLEURIMON, phrase 1
210 FLEURIMON Célinde a trahi votre espérance, et je croirais être aussi coupable qu'elle, si je cherchais des excuses à son attentat : mais vous m'avouerez qu'elles ne doivent pas être éternelles, puisque même l'expérience vous enseigne que les Parques ne peuvent être touchées de nos pleurs, et qu'elles ne renouent jamais le fil qu'elles ont une fois tranché par l'arrêt de nos Destinées. Acte 4, sc. 2, FLEURIMON, phrase
211 FLORIDAN Vous savez combien ils ont de haine pour les perfides, et si j'ai mérité ce titre envers Parthénice (puisque je vous en ai quelquefois ouvert mon âme) je n'en veux point d'autre Juge que vous. Acte 4, sc. 2, FLORIDAN, phrase 2
212 FLORIDAN Jamais ils ne laissent nos offenses impunies, tôt ou tard le coupable se peut assurer que la colère du Ciel le trouvera sous quelque Asile qu'il se cache ; et quand il couvrirais ses forfaits du silence et des ténèbres, ils ne sont pas moins connus que s'ils avaient été commis à la vue de tout l'Univers : pour les uns ils ont introduit l'usage du tonnerre et des foudres, pour d'autres la peste et les poisons, et pour moi les feux et le fer ; les feux que j'ai rencontrés dans les yeux de Célinde, et le fer dans la fureur de son bras. Acte 4, sc. 2, FLORIDAN, phrase 3
213 DORICE Je t'en réciterai tantôt les particularités, c'est assez pour cette heure que tu saches qu'il confesse avoir trempé en cette trahison, et qu'en suite de cela, comme complice de Célinde, de même qu'elle il a été constitué prisonnier. Acte 4, sc. 2, DORICE, phrase 1
214 DORICE Oui sous d'autres fers que les tiens, et Lucidor qu'elle avoue pour mari, se dit principal auteur de cet accident tragique. Acte 4, sc. 2, DORICE, phrase 1
215 FLORIDAN Je ne saurais croire qu'un si lâche dessein ait occupé la pensée d'un Gentilhomme : quoi que c'en soit, cela m'apprend que je ne dois rien espérer de Célinde, et que pour être sage je n'y devais rien désirer ; ma conscience m'en a parlé souvent, mais, Madame, vous avez autrement disposé de mes volontés. Acte 4, sc. 2, FLORIDAN, phrase 1
216 PARTHÉNICE Après avoir été témoin de la blessure de Floridan, il m'a semblé juste d'en venir apprendre le succès ; outre qu'un devoir particulier m'obligeait à vous témoigner la part que je prends en votre déplaisir. Acte 4, sc. 2, PARTHÉNICE, phrase 1
217 DORICE C'est plutôt une marque de votre bonté, et j'ai bien du regret de quoi vous n'aurez point ici d'entretien qui vous plaise : Floridan est fort mal, toutefois s'il est vrai qu'une grande beauté puisse faire des miracles, après qu'il vous aura vue j'espérerai quelque chose ce sa guérison. Acte 4, sc. 2, DORICE, phrase 1
218 DORICE Cependant trouver bon que je l'abandonne à votre soin, jusqu'à ce que j'aie tiré encore une ordonnance de cet expert chirurgien. Acte 4, sc. 2, DORICE, phrase 2
219 PARTHÉNICE Ne dites pas cela, Floridan, comme vous n'avez vécu que pour elle, elle seule est cause de votre mort. Acte 4, sc. 2, PARTHÉNICE, phrase 1
220 FLORIDAN Mon esprit n'a pas été aveugle comme mon obéissance ; et sachez que de quelques flatteries que je l'aie entretenue, la vérité m'a toujours dit, que si vous lui deviez céder en quelque chose, c'était en la bonne fortune seulement. Acte 4, sc. 2, FLORIDAN, phrase 2
221 FLORIDAN Cette colère où vous étiez ce matin, s'est-elle dissipée avecque les brouillards, et votre fureur ne peut-elle éclater que dans la résistance ? Acte 4, sc. 2, FLORIDAN, phrase 5
222 PARTHÉNICE Ah Floridan ne me pressez pas de commettre cette injustice, vous vivrez au-delà des siècles, si vous ne mourez que par mon consentement. Acte 4, sc. 2, PARTHÉNICE, phrase 1
223 LUCIDOR Noirs Cachots, tristes et sombres demeures, séjour de la crainte et de l'horreur, sépulcre des vivants, lieu plein d'effroi, où les Dieux font habiter les pires remords qu'ils veulent inspirer dans les consciences : obscures prisons, qui ne différez de l'Enfer qu'en ce qu'il est la demeure des coupables, et qu'aujourd'hui vous retenez un innocent, avouez désormais que ma condition n'a rien qui puisse être envié des plus misérables. Acte 4, sc. 3, LUCIDOR, phrase 1
224 LUCIDOR Non non, puisque je les souffre pour Célinde, je les bénis, ces malheurs, et les chéris comme les agréables marques qui lui doivent faire connaître l'extrémité de ma passion. Acte 4, sc. 3, LUCIDOR, phrase 3
225 CÉLINDE Cessez, mes pensée, de m'affliger par la mémoire d'un accident qui ne peut recevoir de remède, ou s'il faut que vous me fassiez souvenir de la mort de Floridan, que ce ne soit qu'afin de me faire songer aux moyens qui pourront mieux rendre connue l'innocence de Lucidor : mais il me semble que j'ai entrouï une voix qui se rapporte parfaitement à la sienne : Dieux qu'un grand bien se mêlerait à mes disgrâces, si dans ma captivité j'étais au moins assez heureuse pour trouver la liberté de l'entretenir : si c'est lui je n'ai qu'à prêter l'oreille un peu attentivement, j'en serai bientôt hors de doute. Acte 4, sc. 3, CÉLINDE, phrase 1
226 CÉLINDE Ah que tu me donnes un faux nom, puisque les Dieux sont impassibles, et que je souffre des maux capables de faire naître la pitié dans l'âme des plus barbares. Acte 4, sc. 3, CÉLINDE, phrase 1
227 CÉLINDE Sache, Lucidor, que je suis dans un Cachot, où je ne crois pas qu'on ait jamais vu luire d'autre feu que celui de mon amour : ici mon imagination blessée ne présente à mon jugement que des Bourreaux et des supplices, mais tout cela ne fait pas la plus grande partie de ma douleur, c'est la crainte que j'ai que ton innocence succombe sous le faix de mon crime, à cause qu'un excès d'affection t'a fait avouer d'y avoir part ; mais toi, mon coeur conte-moi des nouvelles de ta prison. Acte 4, sc. 3, CÉLINDE, phrase 2
228 LUCIDOR Puisque je ne saurais être captif sous d'autres fers que les vôtres ; vous n'avez qu'à consulter ce que vous êtes pour savoir comme est faite ma prison : aussi ne doutez pas que si on vous fait quelque outrage je ne périsse nécessairement, comme ceux qui pour être enfermés dans une Tour, ne sauraient éviter d'être ensevelis sous ses ruines. Acte 4, sc. 3, LUCIDOR, phrase 1
229 CÉLINDE Tu sais que le sujet de mes vers m'obligeait à feindre seulement, mais quand j'ai eu le poignard près de lui, et que je l'ai considéré come un voleur, qui, un moment après, te devait ravir le prix de tes services, l'Amour, ou plutôt le désespoir, a donné des forces à ma résolution : et bien que ma main, peu accoutumée à de semblables actions, tremblât d'horreur, je n'ai pas laissé d'achever mon entreprise, aimant bien mieux mourir, que tomber entre les mains de ce téméraire. Acte 4, sc. 3, CÉLINDE, phrase 3
230 CÉLINDE Or que j'aie eu raison d'en faire le dessein, tu en as déjà su quelque chose, mais pour t'en apprendre le dernier secret, je n'ai qu'à te dire, que cependant que je m'habillais pour représenter, sur ce Théâtre, une action qui ne devait être tragique qu'en apparence, mon père est venu m'assurer qu'il voulait que le soir même mon mariage se consommât avecque Floridan. Acte 4, sc. 3, CÉLINDE, phrase 4
231 CÉLINDE Ainsi ne pouvant me proposer d'expédient possible pour échapper de ce péril, ni par la fuite, ni par un prétexte de maladie ni autrement, j'ai recouru à cette dernière violence, m'assurant bien qu'elle seule était capable d'arrêter un dessein si ruineux pour nous. Acte 4, sc. 3, CÉLINDE, phrase 6
232 CÉLINDE Voilà, cher Lucidor, le sujet de ce transport si soudain qui a causé mon offense, de laquelle on ne doit accuser que moi, ni punir d'autre complice que la tyrannie d'Amintor. Acte 4, sc. 3, CÉLINDE, phrase 7
233 LUCIDOR J'espère de la bonté du Ciel, que cette raison sera trouvée assez puissante pour vous délivrer de la peine que nos lois imposent aux homicides ; quoi que c'en soit il faut regarder d'un même oeil les prospérités et les infortunes, et nous ne devons pas souffrir que les accidents changent en notre visage le moindre trait seulement. Acte 4, sc. 3, LUCIDOR, phrase 1
234 LUCIDOR Je crois que ce cachot n'est en rien différent du vôtre, j'y trouve la même impossibilité, et sans le secours d'un ami je ne pense pas que nous puissions jamais obtenir cet avantage. Acte 4, sc. 3, LUCIDOR, phrase 1
235 PHILINDRE J'allais à la porte de la prison, demander si l'on me voudrait accorder le bien de vous visiter, car mon affection est prête à ne rien épargner pour votre salut ; et s'il faut hasarder la vie de quelqu'un pour mettre la vôtre en sûreté, je vous conjure de n'employer personne que Philindre. Acte 4, sc. 4, PHILINDRE, phrase 1
236 LUCIDOR J'aime trop ta conservation pour te faire rien entreprendre où ta vie coure quelque péril ; et puis, il serait inutile de se travailler pour me tirer d'un lieu où je me suis enfermé volontairement. Acte 4, sc. 4, LUCIDOR, phrase 1
237 LUCIDOR Sa fidélité et son affection reconnues en mille accidents, m'obligent à le mettre au rang de ce Pilade, dont l'antiquité a voulu faire durer la mémoire aussi longtemps que l'Univers ; mais qu'il a été diligent, le voici déjà de retour. Acte 4, sc. 4, LUCIDOR, phrase 1
238 LUCIDOR Cher ami, c'est que nous désirons Célinde et moi de soulager l'ennui de notre prison par le plaisir que nous attendons de notre vue. Acte 4, sc. 4, LUCIDOR, phrase 2
239 LUCIDOR Ah je vous vois, Madame, mais que vous êtes peu courageuse, il me semble que vous tremblez. Acte 4, sc. 4, LUCIDOR, phrase 2
240 LUCIDOR Je confesse, Madame, que j'ai eu tort de faire un si mauvais jugement de vous ; mais confessez aussi que j'ai raison d'admirer votre puissance, qui produit même dans cette glace des feux pour me consumer. Acte 4, sc. 4, LUCIDOR, phrase 1
241 LUCIDOR Jamais votre beauté ne me sembla plus capable de vaincre : et c'est pour cela que je m'étonne de voir captive, celle qui peut forcer tout le monde à venir vivre dans ses fers. Acte 4, sc. 4, LUCIDOR, phrase 2
242 CÉLINDE En effet, cher Lucidor, ce que tu vois dans ce miroir c'est toi-même ; car si l'Amant se change en la personne aimée, et si l'âme vit mieux où elle aime qu'où elle anime, il faut de nécessité que ce que tu vois dans cette glace soit Lucidor, et ce que j'y vois soit Célinde : ne t'étonne pas de me voir si savante, tu m'as autrefois appris cette Philosophie d'Amour ; et qui sait si par un privilège de ce Dieu, ce miroir n'a point la même vertu de représenter les âmes, qu'avaient autrefois cette fontaine, qui du temps des Druides fut enchantée dans le Forez ? Acte 4, sc. 4, CÉLINDE, phrase 1
243 LUCIDOR Oui, mais c'est toujours avecque l'image de notre commune prison, toutefois ce bien ne durera guères, je vois que Philindre a été surpris. Acte 4, sc. 4, LUCIDOR, phrase 1
244 PHILINDRE Vous me surprenez dans l'effet d'une impatience naturelle à notre nation ; c'est que je viens d'acheter ce miroir, et ne pouvant me donner le temps d'être chez moi pour juger de la bonté de sa glace, sachant qu'ici je n'étais aperçu de personne, je m'amusais à le considérer. Acte 4, sc. 5, PHILINDRE, phrase 1
245 FLEURIMON Cela me fait souvenir d'une remarque que j'ai faite quelquefois en l'homme, et où je n'ai pas trouvé un petit sujet d'étonnement, c'est qu'il se voit si souvent, et a toutefois tant de peine à se connaître : de là procèdent presque tous les maux dont nous sommes affligés ; et sans que j'en déduise une quantité d'exemples, la mort récente de Floridan en est une remarquable preuve. Acte 4, sc. 5, FLEURIMON, phrase 1
246 FLEURIMON Durant ce temps-là les autres accidents sont survenus, dont je vous ferai le conte si vous voulez venir chez Amintor, à qui je vais faire le rapport de l'état où j'ai trouvé Floridan. Acte 4, sc. 5, FLEURIMON, phrase 3
247 FLEURIMON Il faut que vous sachiez, Philindre ; mais je vois tourner à ce coin de rue Amintor tout éploré, il vient à notre rencontre, attendons qu'il soit ici, cela m'épargnera la peine de le dire deux fois. Acte 4, sc. 5, FLEURIMON, phrase 1
248 AMINTOR Qui voudra voir un portrait au vif de la plus sensible douleur qui puisse travailler une âme, en vienne à considérer les traits sur mon visage, à qui ce jour malheureux a plus changé le teint, que n'avait pu faire le cours de soixante-quatre années. Acte 4, sc. 6, AMINTOR, phrase 1
249 AMINTOR Amintor infortuné, eusses-tu cru que de la désobéissance de ta fille, eût dû naître, comme d'une source de malheurs, tout l'ennui dont ta vieillesse se voit maintenant accablée ? Acte 4, sc. 6, AMINTOR, phrase 2
250 AMINTOR Si ma crainte est vraie, et que Floridan soit mort, qui me garantira de la honte que me prépare la Justice d'un Juge que nulle faveur ne corrompit jamais, je tremble à la seule appréhension de son supplice, mes cheveux se hérissent, et mes pas chancelants sont les irréprochables témoins de la faiblesse où je succombe ; ah Célinde ! Acte 4, sc. 6, AMINTOR, phrase 4
251 FLEURIMON Et ce qui mêle la pitié dans l'horreur de cet accident, c'est que son trépas a été suivi d'un autre. Acte 4, sc. 6, FLEURIMON, phrase 1
252 FLEURIMON Après cela lui prenant la main toute froide et glacée, et la portant tantôt à sa bouche, tantôt à ses yeux, chère main, a-t-elle dit, quelque insensible que tu sois, reçois les discrètes non pas les dernières marques de mon amour, bientôt mon ressentiment t'en donnera d'autres ; et en attendant, souffre que je me revanche en quelque sorte après ta mort des devoirs qui me furent rendus durant ta vie. Acte 4, sc. 6, FLEURIMON, phrase 3
253 FLEURIMON Puis s'élançant sur le lit où Floridan gisait étendu de son long, et adressant sa parole à Dorice, Madame, a-t-elle ajouté, votre tyrannie m'a autrefois ravi la possession de Floridan, mais aujourd'hui mon courage me la redonne : n'enviez, je vous supplie, ni son bonheur ni le mien, mais si la pitié trouve quelque place en votre âme, agréez que ceux que vous verrez morts sur un même lit, soient enfermés dans un même tombeau. Acte 4, sc. 6, FLEURIMON, phrase 4
254 AMINTOR Ô désastre ! Acte 4, sc. 6, AMINTOR, phrase 1
255 AMINTOR Ô vieillard, sur qui la colère du Ciel éclate visiblement ; chers amis de grâce soutenez-moi, aidez à ce faible corps qui succombe sous le faix de tant d'infortunes, et permettez que votre assistance m'accompagne sur mon lit, où j'espère d'importuner les Dieux jusqu'à ce qu'ils aient permis que ma mort prévienne le dernier Acte de cette Tragédie. Acte 4, sc. 6, AMINTOR, phrase 3
256 ALCANDRE N'en doutez pas, Dorice, la Justice est peinte les bras ouverts, et les yeux fermés, pour montrer qu'elle reçoit tout le monde à la plainte, et qu'elle punit sans nulle acception. Acte 5, sc. 1, ALCANDRE, phrase 1
257 ALCANDRE Ah si jamais j'eus quelque sujet de porter envie à la condition de ceux qui vivaient durant l'innocence du premier âge, c'est depuis que la voix d'un peuple m'a élu souverain Magistrat pour présider en ce trône où la Justice tient son empire, et pour y prononcer les Décrets des Dieux en faveur des innocents, ou à la ruine des coupables ; car alors nulles actions ne pouvant porter le nom de crime, la nécessité de les punir n'avait pas introduit l'usage des Juges, et la malice des hommes n'avait point fait établir de lois pour réfréner les vices, puisque ces Monstres n'avaient pas encore vu le jour. Acte 5, sc. 1, ALCANDRE, phrase 3
258 DORICE Sage et généreux Alcandre, si je m'en plains jusqu'à désirer qu'une exemplaire punition expie son forfait, je fais ce que doit une mère, de qui l'affliction est prête à n'être bornée que des termes du désespoir, et mon intérêt se mêle avecque celui de toute la Nature, qui pour s'empêcher de périr, n'a point de meilleur remède que de faire punir les mauvaises actions. Acte 5, sc. 1, DORICE, phrase 3
259 DORICE Je ne pense pas que celle de Célinde n'éclate assez dans la violence de ma douleur, outre qu'elle n'a pas besoin de témoins, puisqu'elle a été commise publiquement, et que tantôt sa confession a prévenu mes doutes, comme si elle eût dû tirer quelque sujet de gloire de l'excès de sa lâcheté. Acte 5, sc. 1, DORICE, phrase 4
260 DORICE De croire aussi qu'elle put autoriser de quelques excuses l'énormité de sa trahison, c'est une chose que je ne crois pas possible, vu qu'en matière d'homicides et d'assassinats, nos lois sont si justes qu'elles condamnent même les premiers mouvements : et quand bien une si violente fureur pourrait être pardonnée, je remontre qu'en l'action de Célinde cette excuse ne se rencontre pas, puisque Lucidor, avouant d'avoir conseillé cette perfidie, il fait connaître qu'il y a eu de l'espace entre le dessein et l'exécution. Acte 5, sc. 1, DORICE, phrase 5
261 DORICE Pardonnez-moi, grand Alcandre, si le ressouvenir de ce cruel accident impose silence à ma bouche, et ne me permet pas d'exagérer davantage une action qui me fait encore frémir d'horreur ; je sens qu'une nouvelle fureur se rend maîtresse de toutes les puissances de mon âme, et n'était qu'un légitime respect me retient, j'obéirais au Démon qui sollicite ma vengeance, et irais de ce pas exercer sur Célinde toutes les rigueurs que la rage peut inspirer : mais puisque je dois être vengée, il faut que ce soit d'une autre main, trouvez bon qu'au moins je demande à cette inhumaine, quelle cause a pu produire un si damnable effet. Acte 5, sc. 1, DORICE, phrase 6
262 DORICE Parlez donc, Célinde, parlez barbare, et dites-nous de quelle faute Floridan aurait pu se rendre coupable pour mériter les traits de votre courroux ? Acte 5, sc. 1, DORICE, phrase 7
263 DORICE Quelle autre que vous a mis jamais une parfaite amitié dans le nombre des crimes ? Acte 5, sc. 1, DORICE, phrase 8
264 DORICE Et quels Dieux ont jamais lancé des foudres contre ceux qui ont adoré leurs Autels ? Acte 5, sc. 1, DORICE, phrase 9
265 DORICE Cette mémoire me tue, Grand Alcandre, que votre justice égale ma douleur et l'offense de Célinde ; que ces deux victimes satisfassent les Mânes de mon fils : et parce que leur condition est assez considérable, pour faire un parti capable de les sauver des bras même de la mort, je demande que votre présence dissipe cette crainte, et que votre autorité s'oppose à la faction de leurs confédérés. Acte 5, sc. 1, DORICE, phrase 11
266 CÉLINDE Ce n'est pas que je ne confesse d'avoir failli, et que je ne sois prête à souffrir les supplices qui sont préparés à mon crime, mais quand je pense aux maux qui m'étaient inévitables, et que je fais entre eux une comparaison, je ne puis que je ne préfère un prompte mort, à une douleur qui m'eût fait mourir toutes les heures. Acte 5, sc. 1, CÉLINDE, phrase 2
267 CÉLINDE Qu'on me sacrifie donc à l'ombre de Floridan, et que pour assouvir la passion de Dorice, on invente un genre des peines qui excède la rigueur de tous les Tyrans, mon consentement s'accorde à ce dessein ; mais s'il luit encore çà bas quelque rayon de justice, qu'on délivre un innocent, qu'on permette que libre des fers qui lui serrent les mains, il se puisse vanter de n'être désormais retenu que de mes chaînes. Acte 5, sc. 1, CÉLINDE, phrase 3
268 LUCIDOR Généreux Alcandre, pardonnez au désespoir d'une fille, qui faute de savoir aimer la vie, s'expose trop librement à la mort : et puisqu'il faut qu'un criminel soit immolé aux Mânes de Floridan, voici le seul sur qui doivent éclater les traits de votre justice. Acte 5, sc. 1, LUCIDOR, phrase 1
269 LUCIDOR Il est raisonnable qu'un homme meure pour un homme, non pas Célinde, qui ne peut être un objet de vengeance à celui qui l'eût durant sa vie pour l'objet de son amour. Acte 5, sc. 1, LUCIDOR, phrase 2
270 CÉLINDE Grand Alcandre, comme mon offense ne vous peut être cachée j'espère que votre prudence verra clairement l'innocence de Lucidor, et que votre probité de tout temps incorruptible, trompera la haine de Dorice, qui n'ayant plus de fils, serait bien aise d'avoir toutes les mères pour compagnes de son infortune. Acte 5, sc. 1, CÉLINDE, phrase 3
271 LUCIDOR Oui si l'ombre de Floridan pouvait être consultée, elle dirait bientôt qui de Célinde et de moi, doit être puni comme coupable, ou conservé comme innocent, elle vous apprendrait, grand Alcandre, que puisqu'il était fatal à Floridan de mourir pour elle, il n'importait que ce fût d'un coup de sa main ou de ses yeux ; mais que ma seule jalousie ayant tramée cette trahison, on s'en doit prendre à moi comme à la première cause : en effet on n'a pas accoutumé de rompre le fer qu'un assassin a trempé dans le sang de son frère, on s'attaque au meurtrier ; ainsi on doit épargner Célinde, puisque contrainte de céder à la force de mes persuasions, elle n'a servi en cet homicide, que d'instrument à ma cruauté. Acte 5, sc. 1, LUCIDOR, phrase 1
272 LUCIDOR Ah Célinde, que le vôtre offense mon amour bien plus cruellement. Acte 5, sc. 1, LUCIDOR, phrase 1
273 CÉLINDE Quelle apparence y a-t-il que son courage, d'où autrefois a dépendu le gain des batailles, eût pu se relâcher jusqu'au point de conseiller le crime dont je suis convaincue ? Acte 5, sc. 1, CÉLINDE, phrase 3
274 CÉLINDE Manquait-il peut-être d'autres moyens pour se venger ? Acte 5, sc. 1, CÉLINDE, phrase 4
275 CÉLINDE Et les lois de l'honneur, qu'il a toujours si exactement observées, ne lui en offraient-elles point d'autres voies que le parjure et l'assassinat ? Acte 5, sc. 1, CÉLINDE, phrase 5
276 CÉLINDE Non non, tant s'en faut qu'il ait contribué quelque chose à mon offense ; que même il n'en a pas su le dessein : ma fureur a été si prompte qu'elle a prévenu ses soupçons, et je dirais qu'elle m'a prévenue moi-même, si je n'avais fait une résolution inviolable de n'alléguer pas une seule excuse en ma faveur : et quant à ce qu'il dit qu'il est raisonnable qu'un homme meure pour un homme, souvenez-vous qu'autre victime que moi ne peut contenter les Mânes de Floridan, comme autrefois Achille ne put être apaisé que par le sacrifice de Polyxène. Acte 5, sc. 1, CÉLINDE, phrase 6
277 ALCANDRE Si l'objet de vos débats est de retarder votre peine, ou de gagner quelque chose sur moi, vous les pouvez finir de bonne heure, car où la Justice règne, la compassion doit mourir. Acte 5, sc. 1, ALCANDRE, phrase 1
278 LUCIDOR Équitable Juge, je sais bien que la charge que vous exercez veut que votre âme soit insensible au trait des passions, aussi je ne demande pas que votre coeur reçoive pour Célinde quelque sentiment de pitié ; mais comme elle est ingénieuse à chercher les occasions de mourir, permettez-moi de vous déduire les raisons qui vous doivent faire consentir à la laisser vivre. Acte 5, sc. 1, LUCIDOR, phrase 1
279 LUCIDOR J'ai invoqué les Démons, j'ai corrompu l'influence des Astres, enfin je n'y ai épargné ni la subtilité des poisons, ni la force des caractères : ainsi Célinde n'a failli que par nécessité, et il me semble qu'il ne serait pas juste de la punir d'une action que ma seule méchanceté avait rendue inévitable. Acte 5, sc. 1, LUCIDOR, phrase 4
280 LUCIDOR C'est donc à moi seulement que votre Justice doit faire sentir la pesanteur de ses foudres, la plus innocente de mes actions a mérité le trépas ; Grand Alcandre, accordez-moi la liberté de Célinde au prix de mille supplices, mon amour les demande, et si votre pitié me les refuse, elle offensera la plus grande de toutes les Divinités. Acte 5, sc. 1, LUCIDOR, phrase 5
281 ALCANDRE Par le pouvoir absolu que notre charge nous donne, et pour laisser à nos Neveux un exemple qui leur puisse inspirer l'horreur qu'ils doivent avoir pour les crimes, Nous ordonnons que Célinde, atteinte et convaincue d'assassinat en la personne de Floridan, devant toutes choses satisfera selon nos coutumes les Mânes du mort : et pour ce, sera conduite devant le Tombeau où repose son corps, pour y demander pardon de son injurieux attentat. Acte 5, sc. 1, ALCANDRE, phrase 2
282 FLEURIMON Il faut avouer que l'affliction d'Amintor est au-dessus de toutes celles qui peuvent être imaginées. Acte 5, sc. 2, FLEURIMON, phrase 1
283 PHILINDRE En effet je rencontre au sujet de son déplaisir, toutes les raisons qui le peuvent rendre extrême. Acte 5, sc. 2, PHILINDRE, phrase 1
284 FLEURIMON Avez-vous pris garde à ses mouvements, quand on lui est venu rapporter que Célinde allait être conduite devant le Juge ? Acte 5, sc. 2, FLEURIMON, phrase 1
285 CÉLINDE Floridan, la justice d'Alcandre oblige ma bouche à faire à ton Ombre cette réparation publique, mais cependant mon coeur accuse le Ciel, de quoi il semble que sa rigueur ne te fit pas naître que pour la ruine de mes contentements. Acte 5, sc. 3, CÉLINDE, phrase 2
286 CÉLINDE Donc, chère Ombre, bannissons désormais de notre mémoire le souvenir de nos crimes, afin que nulle fâcheuse pensée ne trouble dans les champs d'Élize les plaisirs que nos âmes doivent goûter. Acte 5, sc. 3, CÉLINDE, phrase 4
287 CÉLINDE Mais, cher ami, peut-être que je n'ai plus qu'un moment à vivre, ne trouve pas mauvais que je franchisse toute honte, et que je l'emploie à te dire un dernier Adieu : pardonne aux liens qui m'étreignent, si je ne te fais pas une chaîne de mes bras, et puisque le consentement de nos volontés a fait un mariage de nos âmes, permets, si je meurs, que ce soit avec cette consolation, que jamais tu ne souffriras qu'une autre triomphe d'un corps qui devait être à moi. Acte 5, sc. 3, CÉLINDE, phrase 6
288 CÉLINDE Cher Lucidor, le plus fidèle de tous les hommes, aime le souvenir de Célinde, et sois assuré, que s'il reste parmi les morts quelque mémoire du passé, je n'aurai dans l'esprit autre entretien que celui de l'amour que tu m'as témoignée. Acte 5, sc. 3, CÉLINDE, phrase 7
289 LUCIDOR Madame, j'espère de la justice d'Alcandre, que je vous préviendrai en ce funeste passage, ou si ce bonheur m'est interdit, je suis assuré que pour peu que vous m'attendiez, nous passerons dans une même barque le fleuve d'Achéron ; la même fatalité qui nous unit durant la vie, nous assemblera après le trépas, et notre mort sera pareille, bien qu'elle nous attaque sous un visage différent. Acte 5, sc. 3, LUCIDOR, phrase 1
290 FLORIDAN Oui je suis content, et si quelqu'un doit être puni pour avoir attenté sur ma vie, j'amène les coupables, car voici les yeux de Parthénice qui me font mourir d'amour. Acte 5, sc. 3, FLORIDAN, phrase 1
291 DORICE Pour cela j'ai fait publier partout que Floridan n'était plus au monde, et Parthénice même entre les bras de qui, suivant mon conseil, il a feint de rendre le dernier soupir, a bien eu de la peine à se guérir de cette tromperie. Acte 5, sc. 3, DORICE, phrase 2
292 DORICE Ainsi ne me restant plus rien à désirer qu'une véritable condamnation, qui portant Célinde sur le point de sa perte, assouvit ma vengeance dissimulée, j'ai eu recours à votre justice, qui a trouvé mes désirs légitimes, et m'a accordé ce que je demandais. Acte 5, sc. 3, DORICE, phrase 4
293 DORICE Maintenant que ma feinte est allée jusqu'où je la voulais porter pour mon contentement, je me jette à vos pieds, grand Alcandre, pour obtenir un pardon de quoi j'ai abusé de votre charge, et manqué en quelque sorte au respect que je dois à votre qualité : la crainte d'être parjure m'a donné la hardiesse de l'entreprendre, outre que j'ai cru que le plaisir dont cet accident devait être suivi contribuerait à me faire avoir la grâce que je vous demande. Acte 5, sc. 3, DORICE, phrase 5
294 DORICE Non, car je l'ai conduite si secrètement, que nul autre ne l'a su que Parthénice, ce Chirurgien, Floridan et moi. Acte 5, sc. 3, DORICE, phrase 1
295 DORICE J'ai cru qu'il était raisonnable que Célinde eût sa part de la peur qu'elle m'avait causée ; ma plus grande offense est celle qui vous regarde, et que votre bonté vous doit faire oublier, puisqu'étant ici-bas l'image de la Divinité, mon intention ne vous peut être inconnue. Acte 5, sc. 3, DORICE, phrase 1
296 ALCANDRE Vos raisons ont déjà gagné sur moi : mais je pense qu'Amintor ne mettra pas longtemps à venir, faites cacher ces quatre Amants jusqu'à ce que je leur ordonne de paraître. Acte 5, sc. 3, ALCANDRE, phrase 1
297 ALCANDRE Cependant contre les privilèges de la Nature, tu as usé de force contre ton propre sang, et as voulu que les flammes de Floridan compatissent avecque les glaces de Célinde. Acte 5, sc. 4, ALCANDRE, phrase 3
298 AMINTOR Je n'ai garde de murmurer contre cette ordonnance puisque n'ayant plus de passion que pour mourir, je reçois comme un grand bien, toutes les occasions qui peuvent avancer la fin de ma vie. Acte 5, sc. 4, AMINTOR, phrase 1
299 AMINTOR Et quant à ce qui regarde l'intérêt de Lucidor, je veux être tenu pour le plus méchant de tous les hommes, si j'en ai jamais rien su qu'après que le mal a été hors de toute espérance de remède. Acte 5, sc. 4, AMINTOR, phrase 3
300 AMINTOR Hélas la naissance de Lucidor, et ses vertus particulières n'avaient que trop de charmes pour m'y faire consentir, mais le Ciel en a disposé autrement, et a voulu que mes derniers jours s'écoulassent dans le ressentiment de ses outrages. Acte 5, sc. 4, AMINTOR, phrase 1
301 LUCIDOR Nullement, Parthénice et Floridan vivent encore, et si vous ne voulez être la cause de ma mort, je conjure votre piété de recevoir la prière qu'Alcandre vous a faite en ma faveur, et de croire, généreux Amintor, que je n'aspire à la gloire d'être votre gendre, que pour avoir plus d'occasions de vous servir. Acte 5, sc. 4, LUCIDOR, phrase 1
302 AMINTOR J'accepte votre alliance et la veux chérir comme la plus grande grâce que je pouvais recevoir du Ciel. Acte 5, sc. 4, AMINTOR, phrase 1
303 ALCANDRE Tantôt on vous entretiendra de tout ce que Dorice a fait pour cette heure donnez quelque trêve à ces caresses, et puisque les Dieux par une voie si peu commune vous ont conduits au souverain degré de vos contentements, allons faire fumer leurs Autels d'un nombre infini de Victimes. Acte 5, sc. 4, ALCANDRE, phrase 1
304 ALCANDRE Allons en faveur de ces deux Mariages, opposer aux feux de la nuit ceux de votre amour et de votre joie, et faire graver sur l'Airain les merveilles de cette Histoire, afin qu'elle étonne également, et qu'elle ravisse les yeux et les oreilles de la Postérité. Acte 5, sc. 4, ALCANDRE, phrase 2

 

Nombre d'occurences de l'expression : tre
par acte et par personnage

CÉLINDE (1629)
BARO, Balthazar
 Acte 1 Acte 2 Acte 3 Acte V1 Acte V2 Acte V3 Acte 4 Acte 5 Total
CHOEUR DE MUSIQUE200000002
PARTHÉNICE0000000045
FLORIDAN121100005129
AMINTOR20820025441
DORICE110000041328
CÉLINDE0000000041
LE PAGE210000003
LUCIDOR024000112946
PHILINDRE030000216
CHOEUR000100001
AKIOR000500005
CHARMY000100001
GOTHOMEL000200002
HOLOFERNE0005140010
MOAB000110002
JUDITH0000770014
ABRA000025007
OSIAS000020002
L'EUNUQUE000001001
PRÉVOT000000000
FLEURIMON0000008210
ALCANDRE000000088
 Total697821513215749304

Graphique

 Locuteurs10 15 20 25 30 35 40 45 50 
 CHOEUR DE MUSIQUE2 
 PARTHÉNICE191313 
 FLORIDAN121151 
 AMINTOR2082254 
 DORICE11413 
 CÉLINDE3181811 
 LE PAGE21 
 LUCIDOR241129 
 PHILINDRE321 
 CHOEUR1 
 AKIOR5 
 CHARMY1 
 GOTHOMEL2 
 HOLOFERNE514 
 MOAB11 
 JUDITH77 
 ABRA25 
 OSIAS2 
 L'EUNUQUE1 
 PRÉVOT 
 FLEURIMON82 
 ALCANDRE8 

Légende

 Acte 1  Acte 2  Acte 3  Acte V1  Acte V2  Acte V3  Acte 4  Acte 5 

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