Occurences de l'expression

moi

dans CÉLINDE de BARO, Balthazar (1629)

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CHOEUR DE MUSIQUE Sur la moitié du temps, Acte 1, sc. 1, v. 10
PARTHÉNICE Tes soupçons sont éclaircis, Floridan est coupable, et que dois-tu craindre, puisque rien ne saurait empêcher que tu ne trouves au moins de la gloire à mourir de la main de ce perfide ? Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 2
FLORIDAN Parthénice, quel mauvais démon a mis dans votre âme un si funeste dessein contre moi ? Acte 1, sc. 1, FLORIDAN, phrase 2
PARTHÉNICE Ne crois pas toutefois que ces plaintes que je donne à la rigueur de ton changement, naissent en moi du dessein de m'opposer au contentement de Célinde, ni du regret de perdre un captif qui a fait des efforts pour sortir de sa prison ; fais si tu veux que cette Aurore qui semble rougir de mon déguisement, ou plutôt de ton inconstance, compte sur la bouche de Céphale, les baisers que tu as cueillis sur les leurres de celle qui te possède maintenant, oblige la renommée à reprendre pour l'amour d'elle le premier usage de ses ailes et de sa voix, afin qu'elle apprenne à tout le monde, qu'il n'est point d'homme plus heureux que Floridan, ni de beauté plus aimée que Célinde, tout cela ne sera pas une matière à nourrir le feu de ma fureur ; mais veux-tu connaître ce qui rend ma douleur incapable de remède, hélas ! Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 2
PARTHÉNICE À peine que ce souvenir ne me tue, c'est que tes artifices ont trop souvent abusé de ma crédulité, et que mon âge innocent a permis à tes mains et à ta bouche des faveurs dont la mémoire seule me fait rougir. Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 3
FLORIDAN Il y a vraiment une Divinité Madame, qui me commande de faire ce que je fais, et celle-là même qui soumet les enfants à l'obéissance des pères, est celle qui porte à Célinde les voeux que Parthénice reçut autrefois de moi. Acte 1, sc. 1, FLORIDAN, phrase 1
FLORIDAN Vous savez, Madame, sous quelles lois je respire aujourd'hui, et que depuis la mort de celui à qui je dois toute la gloire de ma naissance, une mère a pris tant d'autorité sur moi qu'il ne m'est pas seulement permis de murmurer contre les ordonnances qu'elle me veut prescrire. Acte 1, sc. 1, FLORIDAN, phrase 3
PARTHÉNICE Cruel, si l'oubli n'eût alors régné dans ton âme, tu eusses fait combattre ton amour contre ton devoir, et puisque tu ne pouvais éviter d'obéir au commandement qui te forçait de devenir la moitié d'une femme, tu eusses parlé de Parthénice à celle qui peut-être ne te proposa Célinde qu'à faute de se souvenir de moi. Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 1
FLORIDAN Voilà Madame, quels furent les propos que j'eus de ma mère sur votre sujet, auxquels je répliquai tout ce que ma passion me suggéra ; mais ayant considéré que mon opiniâtreté me condamnait d'un crime capable d'attirer sur moi sa colère, et celle des Dieux, je me résolus enfin de suivre ses sentiments : de sorte que ses mains m'ayant servi d'Autel, je jurai de mourir plutôt que de lui désobéir jamais. Acte 1, sc. 1, FLORIDAN, phrase 4
10 PARTHÉNICE Quoi, ces caresses que tu soulais nommer le doux entretien de ta vie, et que désormais je nommerai la triste cause de ma mort, seront-elles absolument bannies de ta mémoire, aussi bien que tes promesses et tes serments ? Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 4
11 PARTHÉNICE L'inconstance a-t-elle des charmes plus puissants que ceux de mes regards, et les Dieux que tu as si souvent appelés pour témoins ; auront-ils si peu de justice que de laisser impunie une trahison qui les offense, et qui me perd ? Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 5
12 PARTHÉNICE Et bien ; puisque le souvenir des larmes dont tes yeux ont mouillé tant de fois mon sein, ni celles que je verse maintenant ne sont capables d'amollir la dureté de ton coeur, change hardiment, et triomphe en même temps de mon amour et de ma vie : tu éprouveras jusqu'à quel point de fureur se peut convertir une patience outragée ; tu sauras que sous le corps d'une fille, je porte un esprit capable de me faire imiter les plus grandes actions que le désespoir ait inspirées à ceux que l'Amour et la fortune n'ont pas mieux traités que moi. Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 1
13 PARTHÉNICE Barbare, tu détournes tes regards, et peut-être de peur que la pitié trouve quelque entrée dans ton âme, tu invoques contre moi le secours de ta Célinde. Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 3
14 PARTHÉNICE Et bien, puisque tu manques de courage comme d'amour, et qu'au lieu que je soulais voir en toi toutes choses en leur perfection, je n'y remarque aujourd'hui que des défauts, rends-moi, rends-moi cette épée ; permets que je donne à ta tromperie la dépouille de ce corps qui n'a plus d'âme, depuis qu'il ne possède plus Floridan. Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 4
15 PARTHÉNICE Mais Floridan s'est dérobé de moi : ce cruel, après son amour m'a ravi encore sa présence. Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 1
16 PARTHÉNICE Et toi que la colère me fit choisir pour instrument de ma vengeance, et dont mon ignorance sans doute empêcha que je ne me servisse bien à propos ; dis-moi, je te prie, quel particulier respect t'a fait épargner celui qui n'épargne pas contre ma vie un seul des traits de sa rigueur ? Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 1
17 PARTHÉNICE Allons plutôt nous éclaircir de cette doute, et chercher à ma disgrâce un remède moins violent, j'aurai toujours assez de temps pour recourir aux extrêmes, et quelques accidents que la fortune me prépare, elle ne saurait m'interdire de mourir quand il me plaira : aussi bien on entend déjà force bruit par les rues, les paysans vont au travail, tous les marchands ouvrent leurs boutiques ; et il semble que le Soleil se hâte pour me venir accuser sous cet habit, d'un changement presque aussi punissable, que celui de Floridan. Acte 1, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 12
18 AMINTOR Vous l'avez bien dit que vous me feriez rougir de vos flatteries : mais, sage Dorice, laissons à part ce qui me regarde, et demeurons d'accord que tout ce que vous avez dit de moi se rencontre en vous et en Floridan, avec bien plus d'avantage. Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 1
19 AMINTOR Je n'ai donc qu'un mot à répondre, pour vous remercier de l'honneur que vous me faites : et pour satisfaire en même temps au désir que vous m'avez témoigné ; c'est que je consens que Célinde, indigne pourtant de ce bien, tombe sous la puissance de Floridan, et laisse entre ses bras ce fruit qui ne peut qu'une fois être cueilli. Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 2
20 AMINTOR Vaine crainte sans doute, et pardonnez-moi si je la nomme ridicule. Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 1
21 AMINTOR Croyez-moi, Dorice, si les pères avaient relâché de leur sévérité sur ce point-là, on verrait d'extrêmes désordres dans les familles ; d'autant mieux que le premier frisé, le premier poudré, qui donnerait dans la vue d'une fille, en ferait presque aussitôt sa femme que sa Maîtresse. Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 2
22 AMINTOR Sage Dorice, vous savez mieux que moi de quel humeur est cet animal que la Nature a fait homme, et que l'Art a fait Courtisan : que si ce que vous dites avait lieu, je ne pense pas qu'il y eût une fille si retirée dont il ne triomphât, et qui ne servît d'objet à son ambition, et à sa vanité. Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 6
23 DORICE Je ne voudrais pas qu'on laissât courir une fille à un évident péril, comme je ne voudrais pas qu'on lui défendît un bien apparent : en cela je consulterais sa volonté comme un Oracle nécessaire, après quoi je ferais intervenir mon jugement ; et le laissant neutre entre elle et moi, je lui en ferais prononcer l'arrêt selon la raison, non pas selon sa passion ni la mienne. Acte 1, sc. 2, DORICE, phrase 1
24 DORICE Purement de l'inimitié qui se forme, ou qui se trouve contractée entre ceux qu'Amour seulement devrait assembler : il semble que la Nature ait horreur de leurs embrassements forcés, et pour moi, je sais bien que si j'étais en votre place, je demeurerais plutôt éternellement chargée d'une fille, que de la marier à quelqu'un pour qui elle n'aurait pas une particulière affection. Acte 1, sc. 2, DORICE, phrase 3
25 AMINTOR Nullement, à la fin les plus farouches s'apprivoisent, et les moins sensibles trouvent, même chez un mari mal fait, une matière d'amour. Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 1
26 AMINTOR Cette poursuite dura environ quelques mois, après lesquels Parthénopé se trouva grosse, et Cléandre fut pris ; car ce Chevalier se lassant de vivre éloigné de ce qu'il aimait si fort, mit si peu de soin à se garantir, qu'il tomba bientôt dans les pièges que ses ennemis lui avaient dressés. Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 7
27 AMINTOR En ce temps-là Parthénopé était arrivée dans son neuvième mois, de sorte que par une rencontre presque miraculeuse, elle mit un fils au monde le jour même que le père en devait sortir ; et à peine cette petite créature eut vu la clarté, que son intérêt faisant un effort sur l'esprit de la mère, elle commença de craindre qu'il y eût de l'infamie pour lui, si on venait à lui reprocher d'être sorti d'un père que l'ignominie aurait accompagné en la mort. Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 9
28 DORICE Quoi que c'en soit, si Cléandre n'eut point de mal, je pense qu'il eut au moins une extrême peur. Acte 1, sc. 2, DORICE, phrase 1
29 AMINTOR On l'aurait à moins, mais la voici. Acte 1, sc. 2, AMINTOR, phrase 1
30 AMINTOR Nous étions Dorice et moi sur une dispute bien plaisante, et dont tu nous peux donner la dernière décision. Acte 1, sc. 3, AMINTOR, phrase 2
31 AMINTOR Elle par je ne sais quel destin ennemie de son sexe, me soutient, qu'à peine trouverait-on aujourd'hui une fille bien résignée à la volonté de ses parents ; et moi au contraire je soutiens, qu'à peine en trouverait-on une qui voulût sortir des termes de son devoir, que t'en semble ? Acte 1, sc. 3, AMINTOR, phrase 3
32 CÉLINDE Votre parti, comme le plus juste sans doute, sera toujours le plus fort : et pour moi je sais bien qu'il ne sera jamais de considération assez puissante pour me faire faillir contre l'obéissance que je vous dois. Acte 1, sc. 3, CÉLINDE, phrase 1
33 AMINTOR Je n'en attendais pas moins de ton bon naturel ; mais bien loin de te commander de mourir, je te veux mettre dans un genre de vie bien plus doux que tu ne l'as goûté jusqu'ici. Acte 1, sc. 3, AMINTOR, phrase 1
34 LUCIDOR Viens çà, cher Philindre, agréable témoin, et fidèle confident de tous les secrets de ma vie, crois-tu que ce Dieu qui débrouilla le Chaos, puisse aimer dans nos esprits le désordre ni la confusion ? Acte 2, sc. 1, LUCIDOR, phrase 3
35 PHILINDRE Quand j'ai commencé de soutenir contre vous combien cette passion est dangereuse, j'en ai moins considéré la cause que les effets ; mais sans nous amuser plus longtemps en cette dispute inutile, dites-moi seulement quel nom vous pouvez donner à ses éternelles inquiétudes qui accompagnent l'esprit d'un homme véritablement amoureux : si le manger est une chose nécessaire à la conservation de l'Être ; si le dormir est un repos accordé par la Nature pour le soulagement de tout ce qu'elle a créé, appellerez-vous un bien ce qui détruit le goût, et empêche le sommeil ? Acte 2, sc. 1, PHILINDRE, phrase 1
36 LUCIDOR En ce rang je mets la volonté que j'ai pour Célinde, de laquelle quand tu voudrais faire un crime, tu m'avoueras que la beauté du sujet le rend pour le moins pardonnable. Acte 2, sc. 1, LUCIDOR, phrase 6
37 LUCIDOR En effet tu reconnais aussi bien que moi les bonnes qualités qu'elle possède, tu sais qu'elle est belle jusqu'au point de ne pouvoir être vue d'un homme sans me faire incontinent un rival ; et cependant, oublieuse en ma faveur de l'excès de ses mérites, comme je prends plaisir de la voir triompher de mes désirs, elle est bien aise que je me vante d'être Roi de ses pensées. Acte 2, sc. 1, LUCIDOR, phrase 7
38 LUCIDOR Confesse que si je ne sais pas bien écrire, je sais au moins parfaitement aimer, mais poursuis : Acte 2, sc. 1, LUCIDOR, phrase 1
39 LUCIDOR Madame, si jamais la pitié trouva place dans votre coeur, si le nom de Lucidor est encore doux à votre mémoire, belle Célinde, de grâce éclaircissez mes doutes, et ne me laissez pas à la merci de mes soupçons. Acte 2, sc. 2, LUCIDOR, phrase 3
40 CÉLINDE Cet Oracle que tu viens consulter est le même qui depuis une heure a prononcé contre toi un arrêt plus rude que mille morts ; et cette pâleur que tu remarques en moi, est bien un témoignage de ma douleur, mais elle est aussi une preuve de ma défaite : car pour ne retenir pas davantage ton esprit en suspens, je te dirai que je viens de rendre un combat, où au lieu de sang j'ai versé une infinité de larmes : j'avais pour partie et pour ennemi celui qui est mon tout, et que la Nature m'ordonne de chérir par-dessus tout le reste des hommes. Acte 2, sc. 2, CÉLINDE, phrase 1
41 LUCIDOR Comment, Madame, Floridan usurpe sur moi la gloire de vous posséder ? Acte 2, sc. 2, LUCIDOR, phrase 1
42 CÉLINDE Amintor a tiré cette parole de moi, j'ai disputé inutilement la liberté de disposer de mes inclinations, une violence injuste, mais inévitable, l'a gagné par-dessus la force de mes raisons. Acte 2, sc. 2, CÉLINDE, phrase 1
43 CÉLINDE Condamne leur tyrannie, appelle-les barbares, mais laisse-moi le nom d'innocente comme j'en ai la qualité ; et souviens-toi que si je pouvais guérir ta peine sans blesser ma réputation, je le ferais au péril même de ma vie : mais enfin pour ce malheur je ne connais point de remède, et ce qui rend ma condition plus déplorable, c'est qu'en l'état où je suis-je n'ose pas seulement le rechercher. Acte 2, sc. 2, CÉLINDE, phrase 6
44 LUCIDOR Puisque vous ne trouvez point de remède à ma disgrâce, il n'est pas juste que j'en applique à mon désespoir, au contraire il faut qu'il partage avecque vous la gloire d'avoir triomphé de moi, et que pour accroître ma fureur, j'obéisse à tous les mouvements que la colère et la jalousie ont accoutumé de produire. Acte 2, sc. 2, LUCIDOR, phrase 1
45 LUCIDOR Donc pour ne porter pas les effets de ma rage plus loin que leur cause, et pour commencer d'assouvir la haine que le Ciel a pour moi, voici un papier où j'avais peint mes triomphes d'une encre désormais aussi noire que ma fortune ; mais puisque l'espérance dont je m'étais flatté ne subsiste plus, et que ce dernier accident me met dans l'âme un Vautour qui la déchire, il aura le même sort, Acte 2, sc. 2, LUCIDOR, phrase 2
46 CÉLINDE Reviens et m'attends, il n'est pas juste que ceux qui ne furent qu'une même chose en la vie soient séparés en la mort, donne-moi un peu d'audience, et ne te contente pas d'écouter seulement ce que je te veux dire, mais résous-toi de l'observer inviolablement. Acte 2, sc. 2, CÉLINDE, phrase 1
47 LUCIDOR Que ne pouvez-vous être réunis comme nous le sommes Célinde et moi, chers papiers, Madame. Acte 2, sc. 2, LUCIDOR, phrase 3
48 LUCIDOR Au moins que je rende à cette belle main l'hommage accoutumé de ma servitude. Acte 2, sc. 2, LUCIDOR, phrase 1
49 PARTHÉNICE Cette feinte ne vous sied pas mal, et je ne la condamnerais pas pour tout autre que pour moi ; mais étant ce que je suis, et ne voyant ici personne qui nous puisse être suspecte, je ne puis que je ne blâme votre amitié, de quoi elle me cache l'acquisition d'un serviteur qui doit bientôt prendre la qualité de maître. Acte 2, sc. 3, PARTHÉNICE, phrase 1
50 CÉLINDE Pour Dieu, ma compagne, racontez-moi de qui vous avez appris ce que vous dites. Acte 2, sc. 3, CÉLINDE, phrase 2
51 CÉLINDE Qu'on lui donne, si vous voulez, les meilleures qualités du monde, je vous jure pourtant qu'il n'a pu reconnaître en moi nulle marque d'amitié, s'il ne l'a fondée sur l'estime que j'ai faite de lui, commune à tous ceux qui font profession de l'honneur. Acte 2, sc. 3, CÉLINDE, phrase 1
52 CÉLINDE Si Floridan pouvait lire dans mon coeur, qu'il y verrait bien d'autres passions décrites, il reconnaîtrait que cette estime que j'avais pour lui au temps qu'il ne me regardait qu'indifféremment, s'est changée en une haine si forte, depuis qu'il montre avoir de l'amour pour moi, que je ne pense pas qu'à son alliance je ne préférasse celle d'un Monstre ou d'un Barbare : ce n'est pas qu'il ne vaille beaucoup, mais un secret destin veut que cela même, d'où une autre tirerait de la gloire, me soit une matière de mécontentement. Acte 2, sc. 3, CÉLINDE, phrase 2
53 PARTHÉNICE Je vous dirai donc, que c'est de Floridan même que j'ai su tout ce qui regarde l'intérêt qu'il a pour vous ; non pas qu'une particulière vanité, comme vous le soupçonnez, l'ait porté à m'en entretenir, mais c'est qu'il lui a été impossible de cacher à ma vigilance un intérêt qui le rend criminel, et moi misérable. Acte 2, sc. 3, PARTHÉNICE, phrase 2
54 PARTHÉNICE Sachez donc, ma compagne, qu'il y peut avoir deux ans que ce même Floridan, qui soupire maintenant pour vous, commença de brûler pour moi d'une flamme qu'autre chose que sa légèreté ne pouvait jamais éteindre. Acte 2, sc. 3, PARTHÉNICE, phrase 5
55 PARTHÉNICE Je résistai bien quelque temps aux artifices par lesquels je croyais qu'il voulût surprendre ma liberté, mais enfin, m'étant persuadée qu'il m'aimait véritablement, je ne pus m'empêcher de lui témoigner que je l'aimais aussi. Acte 2, sc. 3, PARTHÉNICE, phrase 6
56 PARTHÉNICE Dès lors ses intérêts furent les miens, et dans l'extrême ressentiment qu'il avait pour moi, mes joies et mes douleurs paraissaient toujours peintes sur son visage. Acte 2, sc. 3, PARTHÉNICE, phrase 7
57 PARTHÉNICE Si son inconstance a touché mon esprit, j'en laisse Juges ceux qui ont été trahis comme moi ; tant y a que ce matin l'ayant surpris en son délit, et mes transports m'ayant fait en vain attenter contre sa vie, je suis restée sans remède, si votre pitié ne m'en laisse désormais espérer. Acte 2, sc. 3, PARTHÉNICE, phrase 11
58 PARTHÉNICE J'ai honte de vous proposer d'être sage à mes dépens, mais puisque pour vous persuader je n'ai rien de plus puissant que mon exemple, pour l'amour de moi, Célinde, gardez-vous de tomber dans le précipice où je me vois prête de périr. Acte 2, sc. 3, PARTHÉNICE, phrase 12
59 CÉLINDE Chère Parthénice, je suis bien aise de quoi en ce commun accident qui nous pouvait être également funeste, ma passion rencontre un moyen de me satisfaire, et de vous obliger ; je vous jure donc tout ce qui peut rendre un serment puis inviolable, que Floridan ne m'épousera jamais, et que si la tyrannie de mon père va jusqu'à me vouloir forcer d'observer la parole que je lui en ai donnée, je chercherai dans mon désespoir de quoi vous venger, et moi aussi. Acte 2, sc. 3, CÉLINDE, phrase 1
60 PARTHÉNICE Cette promesse fait revivre mes espérances déjà mortes sous les atteintes d'une insupportable jalousie, et je n'ai pas moins d'obligation à ma parole que vous me donnez, qu'en aurait un criminel à celui qui lui ferait lire sa grâce au lieu de l'arrêt de sa mort. Acte 2, sc. 3, PARTHÉNICE, phrase 1
61 CÉLINDE Cet office dont vous témoignez tant de ressentiment, n'est pas considérable au prix de la volonté que j'ai de vous servir ; mais il me reste encore une chose à vous dire, et dont il est nécessaire que vous ayez l'esprit éclairci : c'est qu'ayant enfin promis à mon père, d'obéir à l'arrêt par lequel il me veut soumettre à la puissance de Floridan, il est à propos que je feigne pour quelque temps de lui vouloir un peu de bien, afin que sous le désir de laisser jeter des racines à cette affection, naissante en apparence, il me puisse donner le loisir de songer aux moyens qui peuvent arrêter le cours de sa présomption. Acte 2, sc. 3, CÉLINDE, phrase 1
62 CÉLINDE Ne vous étonnez donc pas si quelque fois un bruit commun vous dit que je l'aime, ou si vous êtes vous-même témoin des actions que je prépare pour le tromper, cet artifice est absolument nécessaire à notre repos ; mais il semble que je l'aperçois avecque Lucidor il faut qu'ils se soient rencontrés bien près d'ici. Acte 2, sc. 3, CÉLINDE, phrase 2
63 CÉLINDE Et moi je ne pense mériter l'estime de Lucidor, que par l'avantage que j'ai d'être maintenant en la compagnie de Parthénice. Acte 2, sc. 4, CÉLINDE, phrase 1
64 FLORIDAN Si vous donnez vos yeux à Parthénice, donnez votre coeur à Floridan, ou pour le moins permettez qu'il s'approche de mes flammes, peut-être quelque étincelle le pourra toucher. Acte 2, sc. 4, FLORIDAN, phrase 2
65 CÉLINDE Ce serait en vain que vous et moi prendrions tant de soin, il est à Lu... allumé depuis longtemps. Acte 2, sc. 4, CÉLINDE, phrase 1
66 CÉLINDE Mais je me plaindrai, si Floridan ne se contente des témoignages de bonne volonté que ma discrétion lui accorde, arrêtez-vous. Acte 2, sc. 4, CÉLINDE, phrase 1
67 FLORIDAN Puisse le Ciel punir ma témérité des plus grands supplices qui furent jamais inventés à la ruine des criminels, si j'aspire à d'autres faveurs que celle que l'honneur me prescrit ; les lois de mon amour se conforment à celles de mon devoir, et quand j'oublierai le respect que je dois à Célinde, je prie les Dieux qu'ils ôtent de ma mémoire le souvenir même de mon nom. Acte 2, sc. 4, FLORIDAN, phrase 1
68 FLORIDAN Je veux dire, Madame, que ces preuves d'une médiocre inclination, sont une récompense due à tous ceux dont l'âme desquels votre beauté fera quelques blessures ; mais pour moi de qui la passion a paru dans une recherche, qui ayant été reçue, me promet un triomphe éternel, pardonnez-moi si je dis que la seule parole est une faveur petite, et qu'elle est peut-être moins une marque de votre flamme que de votre froideur. Acte 2, sc. 4, FLORIDAN, phrase 1
69 AMINTOR Je n'en doute pas, mais je veux en être moi-même témoin, et les écouter, si je puis sans être aperçu. Acte 2, sc. 5, AMINTOR, phrase 1
70 FLORIDAN Si mes souhaits étaient exaucés, les jours qui me retardent la possession de Célinde, ne mesureraient leur durée qu'à celle des moments ; et si la peine que je souffre ne doit être limitée que de l'espace d'un mois, ce mois se verrait terminé dans le seul espace d'une journée. Acte 2, sc. 5, FLORIDAN, phrase 1
71 CÉLINDE Et moi j'atteste les Dieux que j'honore Floridan jusqu'à un point, que l'accomplissement de ses désirs n'était retardé que par les obstacles de Célinde, une même heure nous verrait dans la jouissance de nos communs contentements. Acte 2, sc. 5, CÉLINDE, phrase 1
72 CÉLINDE Et plût au Ciel que sans offenser mon devoir, je pusse lui en donner des preuves aussi fortes que je sais que ma passion est véritable, je pense que mes caresses préviendraient ses désirs : mais puisqu'en l'état où je suis il faut qu'il se contente de ma parole, je veux pour la rendre plus inviolable, que Lucidor en soit irréprochable témoin. Acte 2, sc. 5, CÉLINDE, phrase 1
73 FLORIDAN Entreprendre de vous faire des remerciements dignes d'une grâce si particulière, ce ne serait pas moins tenter que l'impossible ; mais il me semble que je vois approcher Amintor, trouvez bon, Madame, que je m'acquitte de ce que je lui dois. Acte 2, sc. 5, FLORIDAN, phrase 1
74 AMINTOR Mais à propos de Comédie, il me semble que vous en aviez préparé une il y a quelque temps, avec dessein de la représenter chez moi, à quoi a-t-il tenu. Acte 2, sc. 5, AMINTOR, phrase 3
75 FLORIDAN Je n'en saurais dire la raison, pour moi je sais encore tous mes vers. Acte 2, sc. 5, FLORIDAN, phrase 1
76 PARTHÉNICE S'il ne tient qu'à moi la partie ne sera pas rompue. Acte 2, sc. 5, PARTHÉNICE, phrase 1
77 LUCIDOR Et moi je suis tout prêt à faire ce qu'on m'ordonnera. Acte 2, sc. 5, LUCIDOR, phrase 1
78 AMINTOR Il faut, si je suis cru, qu'aujourd'hui même ce mariage se consomme, et je ne serai point plutôt de retour chez moi, que j'en prononcerai l'arrêt à Célinde. Acte 2, sc. 5, AMINTOR, phrase 7
79  AKIOR D'éteindre dans le sang l'éclat de ta mémoire, Acte V1, sc. S1, v. 68
80  AKIOR Accomplira les voeux de son peuple et de moi. Acte V1, sc. S1, v. 78
81  AKIOR Chers amis servez-moi de support Acte V1, sc. 2, v. 89
82  AKIOR Rendez-moi la franchise ou donnez-moi la mort ; Acte V1, sc. 2, v. 90
83  HOLOFERNE Dont la moindre ait pouvoir de conduire au tombeau Acte V1, sc. 3, v. 145
84  JUDITH C'est un Dieu qui peut tout, ses moindres mouvements Acte V2, sc. 1, v. 177
85  JUDITH Reposez-vous sur moi du succès de vos armes, Acte V2, sc. 1, v. 199
86  HOLOFERNE Apporte-moi ce plan, afin que j'y regarde Acte V2, sc. 2, v. 215
87  JUDITH Mes yeux te les diront, ils en sont les témoins : Acte V2, sc. 3, v. 230
88  JUDITH De ne point molester cette fille ni moi. Acte V2, sc. 3, v. 242
89  HOLOFERNE Et l'Amour prend chez moi le titre de fureur. Acte V3, sc. 1, v. 262
90  HOLOFERNE Si Judith peut pour moi brûler également. Acte V3, sc. 1, v. 270
91  JUDITH Ta méfiante humeur envers moi fait un crime Acte V3, sc. 3, v. 291
92  ABRA C'est à vous d'en juger, pour moi je ne puis rien Acte V3, sc. 3, v. 317
93  L'EUNUQUE Si le Maître est pour vous, donnez-moi la servante. Acte V3, sc. 5, v. 348
94  ABRA Jamais tu n'obtiendras cette faveur de moi Acte V3, sc. 5, v. 349
95  JUDITH Abhorre les témoins, et la perte du temps. Acte V3, sc. 5, v. 354
96  JUDITH Toi ma fille attends-moi sur le seuil de la porte, Acte V3, sc. 5, v. 355
97 CÉLINDE Apprends, Floridan, ce que peuvent sur moi l'Amour et la Tyrannie. Acte V3, sc. 5, CÉLINDE, phrase 1
98 LUCIDOR Épargnez ce miracle vivant, et tournez votre colère et vos chaînes sur moi qui ai seul commis cet homicide. Acte V3, sc. 5, LUCIDOR, phrase 2
99 AMINTOR Dorice, si ma prévoyance a jamais soupçonné ce funeste accident, je veux périr à vos pieds, le succès fera toute ma justification, car je ne consens pas seulement qu'on agisse contre Célinde, mais je veux en être moi-même le Bourreau. Acte V3, sc. 5, AMINTOR, phrase 1
100 PARTHÉNICE Sa faute envers moi ne peut souffrir d'excuse légitime, mais celle de Célinde envers lui me semble hors de toute comparaison ; car si l'ingratitude faisait la plus grande partie du crime de Floridan, Célinde, pour le surpasser a voulu joindre ensemble l'ingratitude et l'assassinat. Acte 4, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 3
101 PARTHÉNICE C'est en vain que je me flatte de quelques restes d'espérance, je l'ai vu pâmé dans son sang, où mille Amours se fussent noyés si leur destin ne leur eût ôté le pouvoir de mourir : je l'ai vu sans voix et sans mouvement, mais d'un oeil à moitié fermé solliciter ma vengeance, ou conjurer mon affection de le suivre en ce dernier moment. Acte 4, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 10
102 PARTHÉNICE Ah Célinde, que vous allumez un grand combat dans mon âme entre l'Amour et l'Amitié, et que ces deux puissances, bien que comprises sous une même passion, excitent en moi des mouvements contraires ; l'une me fait désirer votre ruine, comme vous avez détruit mes plaisirs, et l'autre condamnant ce désir, rejette la principale cause de cet étrange accident sur moi misérable, qui vous ai conjurée de ne vouloir jamais épouser Floridan. Acte 4, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 11
103 PARTHÉNICE Courage, Parthénice, ta fureur n'a point ici de témoins : toutefois me voici déjà proche de son logis, différons pour un peu l'exécution de ce dessein, je saurai toujours bien prendre le temps de me mettre au même état où sa blessure l'aura réduit. Acte 4, sc. 1, PARTHÉNICE, phrase 19
104 DORICE Je ne doute pas qu'en l'état où est Floridan, mes larmes ne soient le moindre remède que je puisse apporter à son mal, mais si c'est une lâcheté de ne les pouvoir retenir, qu'on l'impute à la violence de mon ressentiment, qui veut que je meure ou que je me venge. Acte 4, sc. 2, DORICE, phrase 1
105 FLORIDAN Jamais ils ne laissent nos offenses impunies, tôt ou tard le coupable se peut assurer que la colère du Ciel le trouvera sous quelque Asile qu'il se cache ; et quand il couvrirais ses forfaits du silence et des ténèbres, ils ne sont pas moins connus que s'ils avaient été commis à la vue de tout l'Univers : pour les uns ils ont introduit l'usage du tonnerre et des foudres, pour d'autres la peste et les poisons, et pour moi les feux et le fer ; les feux que j'ai rencontrés dans les yeux de Célinde, et le fer dans la fureur de son bras. Acte 4, sc. 2, FLORIDAN, phrase 3
106 PARTHÉNICE Après avoir été témoin de la blessure de Floridan, il m'a semblé juste d'en venir apprendre le succès ; outre qu'un devoir particulier m'obligeait à vous témoigner la part que je prends en votre déplaisir. Acte 4, sc. 2, PARTHÉNICE, phrase 1
107 FLORIDAN Vous me trouvez bien proche de ce moment, par lequel les Dieux semblent vouloir unir la mort à la vie : mais croyez-moi, belle Parthénice, l'outrage que j'ai reçu de Célinde en est moins cause que celui que je vous ai fait. Acte 4, sc. 2, FLORIDAN, phrase 2
108 FLORIDAN Si mon offense était médiocre, je pourrais oser ce que vous dites, mais il est de mon péché, comme de certains crimes qui ne pouvant jamais avoir de grâce, limitent en quelque sorte la puissance de nos Rois : j'ai trop failli, Madame ; toutefois, si mon repentir, qui est pas moindre que ma faute, est une satisfaction assez grande pour expier ma trahison, recevez-le, chère Parthénice, et accordez-lui, devant que j'expire, le pardon qui me peut faire mourir content. Acte 4, sc. 2, FLORIDAN, phrase 1
109 PARTHÉNICE Oui Floridan, je te pardonne, je te pardonne cher ami, mais que tu es ingrat, cependant que je propose d'oublier ton crime, tu te mets en état de ne penser jamais en moi : Floridan ? Acte 4, sc. 2, PARTHÉNICE, phrase 1
110 PARTHÉNICE Faut-il que j'aille moi-même solliciter une mère pour le soin de son fils. Acte 4, sc. 2, PARTHÉNICE, phrase 5
111 LUCIDOR Et toutefois quelque funeste que soit la pensée qui me parle des malheurs où je me vois plongé, je vous prends à témoins si elle a su dérober à mon âme un faible soupir seulement. Acte 4, sc. 3, LUCIDOR, phrase 2
112 CÉLINDE Cessez, mes pensée, de m'affliger par la mémoire d'un accident qui ne peut recevoir de remède, ou s'il faut que vous me fassiez souvenir de la mort de Floridan, que ce ne soit qu'afin de me faire songer aux moyens qui pourront mieux rendre connue l'innocence de Lucidor : mais il me semble que j'ai entrouï une voix qui se rapporte parfaitement à la sienne : Dieux qu'un grand bien se mêlerait à mes disgrâces, si dans ma captivité j'étais au moins assez heureuse pour trouver la liberté de l'entretenir : si c'est lui je n'ai qu'à prêter l'oreille un peu attentivement, j'en serai bientôt hors de doute. Acte 4, sc. 3, CÉLINDE, phrase 1
113 CÉLINDE Sache, Lucidor, que je suis dans un Cachot, où je ne crois pas qu'on ait jamais vu luire d'autre feu que celui de mon amour : ici mon imagination blessée ne présente à mon jugement que des Bourreaux et des supplices, mais tout cela ne fait pas la plus grande partie de ma douleur, c'est la crainte que j'ai que ton innocence succombe sous le faix de mon crime, à cause qu'un excès d'affection t'a fait avouer d'y avoir part ; mais toi, mon coeur conte-moi des nouvelles de ta prison. Acte 4, sc. 3, CÉLINDE, phrase 2
114 LUCIDOR Pourquoi ne remettiez-vous cette charge à mon courage, qui l'eût exécutée avec moins de péril, et bien plus glorieusement ? Acte 4, sc. 3, LUCIDOR, phrase 3
115 CÉLINDE Voilà, cher Lucidor, le sujet de ce transport si soudain qui a causé mon offense, de laquelle on ne doit accuser que moi, ni punir d'autre complice que la tyrannie d'Amintor. Acte 4, sc. 3, CÉLINDE, phrase 7
116 LUCIDOR J'espère de la bonté du Ciel, que cette raison sera trouvée assez puissante pour vous délivrer de la peine que nos lois imposent aux homicides ; quoi que c'en soit il faut regarder d'un même oeil les prospérités et les infortunes, et nous ne devons pas souffrir que les accidents changent en notre visage le moindre trait seulement. Acte 4, sc. 3, LUCIDOR, phrase 1
117 CÉLINDE Pour cela, cher ami, je serais bien aise de voir le tien : tous mes sens sont jaloux du privilège de mon ouïe, mais surtout il me semble que mes yeux sollicitent mon imagination, d'inventer un moyen de te voir : il y a longtemps que je fais des efforts pour cela, mais ces barreaux qui se hérissent de pointes, semblent n'avoir de la dureté que pour résister mieux à la violence de mes désirs ; et toi, cher Lucidor, es-tu dans la même contrainte que moi ? Acte 4, sc. 3, CÉLINDE, phrase 1
118 CÉLINDE Je te prie cher Lucidor, soulage mon humeur impatiente, et dis-moi si j'obtiendrai par lui le bien que mes désirs te demandent. Acte 4, sc. 4, CÉLINDE, phrase 2
119 CÉLINDE Certes on peut dire de Philindre, qu'il n'est pas de ces amis de qui l'intérêt ne suit que le vent de la bonne fortune, et qui se perdent au moindre tonnerre qu'excitent les orages d'une adversité. Acte 4, sc. 4, CÉLINDE, phrase 1
120 LUCIDOR Sa fidélité et son affection reconnues en mille accidents, m'obligent à le mettre au rang de ce Pilade, dont l'antiquité a voulu faire durer la mémoire aussi longtemps que l'Univers ; mais qu'il a été diligent, le voici déjà de retour. Acte 4, sc. 4, LUCIDOR, phrase 1
121 LUCIDOR Cher ami, c'est que nous désirons Célinde et moi de soulager l'ennui de notre prison par le plaisir que nous attendons de notre vue. Acte 4, sc. 4, LUCIDOR, phrase 2
122 LUCIDOR Or je me suis imaginé qu'un miroir, posé au milieu de nous dans une égale distance, ferait que Célinde au lieu de s'y voir y verrait Lucidor, et moi par conséquent Célinde : je te supplie d'essayer si je ne me serai point trompé ; au pis-aller si quelqu'un survenait, tu pourrais trouver une excuse qui leur empêcherait de croire que tu nous rendisses cet office d'amitié. Acte 4, sc. 4, LUCIDOR, phrase 3
123 LUCIDOR Pourquoi ne peuvent mes désirs obtenir au moins cet avantage, que je pusse baiser une fois ce qui me blesse, afin que je trouvasse quelque remède au lieu même d'où j'ai reçu tant de mal : Belle Célinde, je m'imagine que mon sort a quelque chose de semblable à celui qui pour avoir vu son visage dans l'eau, devint amoureux d'une image, qui lui fit perdre la vie faute d'en pouvoir jamais jouir. Acte 4, sc. 4, LUCIDOR, phrase 4
124 PHILINDRE Vous me surprenez dans l'effet d'une impatience naturelle à notre nation ; c'est que je viens d'acheter ce miroir, et ne pouvant me donner le temps d'être chez moi pour juger de la bonté de sa glace, sachant qu'ici je n'étais aperçu de personne, je m'amusais à le considérer. Acte 4, sc. 5, PHILINDRE, phrase 1
125 AMINTOR Si ma crainte est vraie, et que Floridan soit mort, qui me garantira de la honte que me prépare la Justice d'un Juge que nulle faveur ne corrompit jamais, je tremble à la seule appréhension de son supplice, mes cheveux se hérissent, et mes pas chancelants sont les irréprochables témoins de la faiblesse où je succombe ; ah Célinde ! Acte 4, sc. 6, AMINTOR, phrase 4
126 AMINTOR Ô vieillard, sur qui la colère du Ciel éclate visiblement ; chers amis de grâce soutenez-moi, aidez à ce faible corps qui succombe sous le faix de tant d'infortunes, et permettez que votre assistance m'accompagne sur mon lit, où j'espère d'importuner les Dieux jusqu'à ce qu'ils aient permis que ma mort prévienne le dernier Acte de cette Tragédie. Acte 4, sc. 6, AMINTOR, phrase 3
127 DORICE Je ne pense pas que celle de Célinde n'éclate assez dans la violence de ma douleur, outre qu'elle n'a pas besoin de témoins, puisqu'elle a été commise publiquement, et que tantôt sa confession a prévenu mes doutes, comme si elle eût dû tirer quelque sujet de gloire de l'excès de sa lâcheté. Acte 5, sc. 1, DORICE, phrase 4
128 DORICE Pardonnez-moi, grand Alcandre, si le ressouvenir de ce cruel accident impose silence à ma bouche, et ne me permet pas d'exagérer davantage une action qui me fait encore frémir d'horreur ; je sens qu'une nouvelle fureur se rend maîtresse de toutes les puissances de mon âme, et n'était qu'un légitime respect me retient, j'obéirais au Démon qui sollicite ma vengeance, et irais de ce pas exercer sur Célinde toutes les rigueurs que la rage peut inspirer : mais puisque je dois être vengée, il faut que ce soit d'une autre main, trouvez bon qu'au moins je demande à cette inhumaine, quelle cause a pu produire un si damnable effet. Acte 5, sc. 1, DORICE, phrase 6
129 DORICE Cette mémoire me tue, Grand Alcandre, que votre justice égale ma douleur et l'offense de Célinde ; que ces deux victimes satisfassent les Mânes de mon fils : et parce que leur condition est assez considérable, pour faire un parti capable de les sauver des bras même de la mort, je demande que votre présence dissipe cette crainte, et que votre autorité s'oppose à la faction de leurs confédérés. Acte 5, sc. 1, DORICE, phrase 11
130 CÉLINDE Non non, c'est moi seule qui dois mourir ; quelle raison que pour se venger d'une seule mort, il fallut perdre deux vies ? Acte 5, sc. 1, CÉLINDE, phrase 1
131 LUCIDOR Oui si l'ombre de Floridan pouvait être consultée, elle dirait bientôt qui de Célinde et de moi, doit être puni comme coupable, ou conservé comme innocent, elle vous apprendrait, grand Alcandre, que puisqu'il était fatal à Floridan de mourir pour elle, il n'importait que ce fût d'un coup de sa main ou de ses yeux ; mais que ma seule jalousie ayant tramée cette trahison, on s'en doit prendre à moi comme à la première cause : en effet on n'a pas accoutumé de rompre le fer qu'un assassin a trempé dans le sang de son frère, on s'attaque au meurtrier ; ainsi on doit épargner Célinde, puisque contrainte de céder à la force de mes persuasions, elle n'a servi en cet homicide, que d'instrument à ma cruauté. Acte 5, sc. 1, LUCIDOR, phrase 1
132 CÉLINDE Vous, à qui le Ciel a donné d'infaillibles secrets pour distinguer la vérité du mensonge, Sage Alcandre, ne voyez-vous pas que ce Chevalier tombe lui-même dans le désespoir qu'il a condamné en moi ? Acte 5, sc. 1, CÉLINDE, phrase 2
133 CÉLINDE Non non, tant s'en faut qu'il ait contribué quelque chose à mon offense ; que même il n'en a pas su le dessein : ma fureur a été si prompte qu'elle a prévenu ses soupçons, et je dirais qu'elle m'a prévenue moi-même, si je n'avais fait une résolution inviolable de n'alléguer pas une seule excuse en ma faveur : et quant à ce qu'il dit qu'il est raisonnable qu'un homme meure pour un homme, souvenez-vous qu'autre victime que moi ne peut contenter les Mânes de Floridan, comme autrefois Achille ne put être apaisé que par le sacrifice de Polyxène. Acte 5, sc. 1, CÉLINDE, phrase 6
134 ALCANDRE Si l'objet de vos débats est de retarder votre peine, ou de gagner quelque chose sur moi, vous les pouvez finir de bonne heure, car où la Justice règne, la compassion doit mourir. Acte 5, sc. 1, ALCANDRE, phrase 1
135 LUCIDOR Équitable Juge, je sais bien que la charge que vous exercez veut que votre âme soit insensible au trait des passions, aussi je ne demande pas que votre coeur reçoive pour Célinde quelque sentiment de pitié ; mais comme elle est ingénieuse à chercher les occasions de mourir, permettez-moi de vous déduire les raisons qui vous doivent faire consentir à la laisser vivre. Acte 5, sc. 1, LUCIDOR, phrase 1
136 LUCIDOR Premièrement, on ne lui peut faire un outrage sans offenser les Dieux, qui verraient en ce moment détruire le plus parfait de leurs ouvrages et puis, à le dire sainement, la seule affection qu'elle me porte a fait toute son offense ; de sorte que n'ayant tué Floridan que pour l'amour de moi, il faut nécessairement inférer que je suis la principale cause de cet homicide. Acte 5, sc. 1, LUCIDOR, phrase 2
137 LUCIDOR C'est donc à moi seulement que votre Justice doit faire sentir la pesanteur de ses foudres, la plus innocente de mes actions a mérité le trépas ; Grand Alcandre, accordez-moi la liberté de Célinde au prix de mille supplices, mon amour les demande, et si votre pitié me les refuse, elle offensera la plus grande de toutes les Divinités. Acte 5, sc. 1, LUCIDOR, phrase 5
138 CÉLINDE Non non, généreux Alcandre, je n'ai pas tué Floridan pour l'amour de lui, comme il dit, mais pour l'amour de moi seulement, qui n'ai trouvé que ce moyen pour m'affranchir de sa possession, et de la tyrannie de mon père. Acte 5, sc. 1, CÉLINDE, phrase 5
139 LUCIDOR Après avoir été l'Auteur d'un forfait, ne serai-je que le témoin du supplice ? Acte 5, sc. 1, LUCIDOR, phrase 2
140 CÉLINDE Ta faute envers moi n'est pas moindre que l'injure que je t'ai faite, ainsi puisque nous sommes également coupables, je désire que nous soyons également pardonnés. Acte 5, sc. 3, CÉLINDE, phrase 3
141 CÉLINDE Donc, chère Ombre, bannissons désormais de notre mémoire le souvenir de nos crimes, afin que nulle fâcheuse pensée ne trouble dans les champs d'Élize les plaisirs que nos âmes doivent goûter. Acte 5, sc. 3, CÉLINDE, phrase 4
142 CÉLINDE Mais, cher ami, peut-être que je n'ai plus qu'un moment à vivre, ne trouve pas mauvais que je franchisse toute honte, et que je l'emploie à te dire un dernier Adieu : pardonne aux liens qui m'étreignent, si je ne te fais pas une chaîne de mes bras, et puisque le consentement de nos volontés a fait un mariage de nos âmes, permets, si je meurs, que ce soit avec cette consolation, que jamais tu ne souffriras qu'une autre triomphe d'un corps qui devait être à moi. Acte 5, sc. 3, CÉLINDE, phrase 6
143 CÉLINDE Cher Lucidor, le plus fidèle de tous les hommes, aime le souvenir de Célinde, et sois assuré, que s'il reste parmi les morts quelque mémoire du passé, je n'aurai dans l'esprit autre entretien que celui de l'amour que tu m'as témoignée. Acte 5, sc. 3, CÉLINDE, phrase 7
144 FLORIDAN Eux seuls se peuvent vanter d'avoir fait en moi des blessures incurables, et j'ai déjà oublié les coups de Célinde, puisqu'à peine une journée m'en peut retarder la guérison. Acte 5, sc. 3, FLORIDAN, phrase 2
145 DORICE Sachez qu'au même temps que Célinde a eu blessé Floridan, je l'ai cru mort, et ait fait un voeu solennel de ne laisser pas cette trahison impunie ; depuis ayant su par son chirurgien que voici présent, que sa blessure était légère, et que sa pâmoison n'était provenue que de la perte du sang qu'il avait versé, j'ai fait dessein de ne rendre la peine de Célinde, que conforme à mon mal, et de ne la punir que par l'appréhension. Acte 5, sc. 3, DORICE, phrase 1
146 ALCANDRE Mais dites-moi, Dorice, Amintor sait-il la tromperie que vous avez faite à Célinde ? Acte 5, sc. 3, ALCANDRE, phrase 2
147 DORICE Non, car je l'ai conduite si secrètement, que nul autre ne l'a su que Parthénice, ce Chirurgien, Floridan et moi. Acte 5, sc. 3, DORICE, phrase 1
148 ALCANDRE Vos raisons ont déjà gagné sur moi : mais je pense qu'Amintor ne mettra pas longtemps à venir, faites cacher ces quatre Amants jusqu'à ce que je leur ordonne de paraître. Acte 5, sc. 3, ALCANDRE, phrase 1
149 ALCANDRE Ah le voici qui ne s'attend à rien moins qu'au contentement, que le Ciel lui prépare. Acte 5, sc. 3, ALCANDRE, phrase 2
150 AMINTOR Mais pour ne laisser après moi aucune tache qui puisse noircir ma renommée j'atteste les Dieux que ce que vous nommez une tyrannie, n'a été qu'un désir violent de procurer à Célinde un avantage qu'elle ne méritait pas. Acte 5, sc. 4, AMINTOR, phrase 2

 

Nombre d'occurences de l'expression : moi
par acte et par personnage

CÉLINDE (1629)
BARO, Balthazar
 Acte 1 Acte 2 Acte 3 Acte V1 Acte V2 Acte V3 Acte 4 Acte 5 Total
CHOEUR DE MUSIQUE100000001
PARTHÉNICE0000000028
FLORIDAN4600003114
AMINTOR12300012119
DORICE300000159
CÉLINDE0000000031
LE PAGE000000000
LUCIDOR01100017524
PHILINDRE010000102
CHOEUR000000000
AKIOR000400004
CHARMY000000000
GOTHOMEL000000000
HOLOFERNE000112004
MOAB000000000
JUDITH000043007
ABRA000002002
OSIAS000000000
L'EUNUQUE000001001
PRÉVOT000000000
FLEURIMON000000000
ALCANDRE000000044
 Total3345055112724150

Graphique

 Locuteurs12 16 20 24 28 32 36 40 
 CHOEUR DE MUSIQUE1 
 PARTHÉNICE1297 
 FLORIDAN4631 
 AMINTOR123121 
 DORICE315 
 CÉLINDE115168 
 LE PAGE 
 LUCIDOR11175 
 PHILINDRE11 
 CHOEUR 
 AKIOR4 
 CHARMY 
 GOTHOMEL 
 HOLOFERNE112 
 MOAB 
 JUDITH43 
 ABRA2 
 OSIAS 
 L'EUNUQUE1 
 PRÉVOT 
 FLEURIMON 
 ALCANDRE4 

Légende

 Acte 1  Acte 2  Acte 3  Acte V1  Acte V2  Acte V3  Acte 4  Acte 5 

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