n° |
Personnage |
Vers ou phrase |
Localisation |
1 | SGANARELLE |
Non, je te dis que je n'en veux rien faire : et que c'est à moi de parler et d'être le maître. |
Acte 1, sc. 1, SGANARELLE, phrase 1 |
2 | MARTINE |
Et je te dis, moi, que je veux que tu vives à ma fantaisie : et que je ne me suis point mariée avec toi, pour souffrir tes fredaines. |
Acte 1, sc. 1, MARTINE, phrase 1 |
3 | SGANARELLE |
Ô la grande fatigue que d'avoir une femme : et qu'Aristote a bien raison, quand il dit qu'une femme est pire qu'un Démon ! |
Acte 1, sc. 1, SGANARELLE, phrase 1 |
4 | SGANARELLE |
Oui, habile homme, trouve-moi un faiseur de fagots, qui sache, comme moi, raisonner des choses, qui ait servi six ans, un fameux médecin, et qui ait su, dans son jeune âge, son rudiment par coeur. |
Acte 1, sc. 1, SGANARELLE, phrase 1 |
5 | MARTINE |
Que maudit soit l'heure et le jour, où je m'avisai d'aller dire oui. |
Acte 1, sc. 1, MARTINE, phrase 1 |
6 | SGANARELLE |
Que maudit soit le bec-cornu de notaire, qui me fit signer ma ruine. |
Acte 1, sc. 1, SGANARELLE, phrase 1 |
7 | MARTINE |
C'est bien à toi, vraiment, à te plaindre de cette affaire : devrais-tu être un seul moment sans rendre grâce au Ciel de m'avoir pour ta femme, et méritais-tu d'épouser une personne comme moi ? |
Acte 1, sc. 1, MARTINE, phrase 1 |
8 | SGANARELLE |
Il est vrai que tu me fis trop d'honneur : et que j'eus lieu de me louer la première nuit de nos noces. |
Acte 1, sc. 1, SGANARELLE, phrase 1 |
9 | SGANARELLE |
Morbleu, ne me fais point parler là-dessus, je dirais de certaines choses... |
Acte 1, sc. 1, SGANARELLE, phrase 3 |
10 | MARTINE |
Que dirais-tu ? |
Acte 1, sc. 1, MARTINE, phrase 2 |
11 | SGANARELLE |
Baste, laissons là ce chapitre, il suffit que nous savons ce que nous savons : et que tu fus bien heureuse de me trouver. |
Acte 1, sc. 1, SGANARELLE, phrase 1 |
12 | MARTINE |
Qu'appelles-tu bien heureuse, de te trouver un homme qui me réduit à l'hôpital, un débauché, un traître, qui me mange tout ce que j'ai ? |
Acte 1, sc. 1, MARTINE, phrase 1 |
13 | MARTINE |
Qui m'a ôté jusqu'au lit que j'avais. |
Acte 1, sc. 1, MARTINE, phrase 1 |
14 | MARTINE |
Enfin, qui ne laisse aucun meuble dans toute la maison. |
Acte 1, sc. 1, MARTINE, phrase 1 |
15 | SGANARELLE |
On en déménage plus aisément. |
Acte 1, sc. 1, SGANARELLE, phrase 1 |
16 | MARTINE |
Et qui du matin jusqu'au soir, ne fait que jouer, et que boire. |
Acte 1, sc. 1, MARTINE, phrase 1 |
17 | SGANARELLE |
Tout ce qu'il te plaira. |
Acte 1, sc. 1, SGANARELLE, phrase 1 |
18 | MARTINE |
J'ai quatre pauvres petits enfants sur les bras. |
Acte 1, sc. 1, MARTINE, phrase 1 |
19 | MARTINE |
Qui me demandent à toute heure, du pain. |
Acte 1, sc. 1, MARTINE, phrase 1 |
20 | SGANARELLE |
Donne-leur le fouet[.] Quand j'ai bien bu, et bien mangé, je veux que tout le monde soit saoul dans ma maison. |
Acte 1, sc. 1, SGANARELLE, phrase 1 |
21 | MARTINE |
Et tu prétends ivrogne, que les choses aillent toujours de même ? |
Acte 1, sc. 1, MARTINE, phrase 1 |
22 | SGANARELLE |
Ma femme, vous savez que je n'ai pas l'âme endurante : et que j'ai le bras assez bon. |
Acte 1, sc. 1, SGANARELLE, phrase 1 |
23 | SGANARELLE |
Ma petite femme, ma mie, votre peau vous démange, à votre ordinaire. |
Acte 1, sc. 1, SGANARELLE, phrase 1 |
24 | MARTINE |
Je te montrerai bien que je ne te crains nullement. |
Acte 1, sc. 1, MARTINE, phrase 1 |
25 | SGANARELLE |
Doux objet de mes voeux, je vous frotterai les oreilles. |
Acte 1, sc. 1, SGANARELLE, phrase 1 |
26 | SGANARELLE |
Je vous battrai. |
Acte 1, sc. 1, SGANARELLE, phrase 1 |
27 | SGANARELLE |
Je vous rosserai. |
Acte 1, sc. 1, SGANARELLE, phrase 1 |
28 | SGANARELLE |
Je vous étrillerai. |
Acte 1, sc. 1, SGANARELLE, phrase 1 |
29 | SGANARELLE |
Voilà le vrai moyen de vous apaiser. |
Acte 1, sc. 1, SGANARELLE, phrase 1 |
30 | MONSIEUR ROBERT |
Quelle infamie peste, soit le coquin, de battre ainsi sa femme. |
Acte 1, sc. 2, MONSIEUR ROBERT, phrase 2 |
31 | MONSIEUR ROBERT |
J'ai tort. |
Acte 1, sc. 2, MONSIEUR ROBERT, phrase 1 |
32 | MARTINE |
Est-ce là votre affaire ? |
Acte 1, sc. 2, MARTINE, phrase 1 |
33 | MONSIEUR ROBERT |
Vous avez raison. |
Acte 1, sc. 2, MONSIEUR ROBERT, phrase 1 |
34 | MARTINE |
Mêlez-vous de vos affaires. |
Acte 1, sc. 2, MARTINE, phrase 1 |
35 | MONSIEUR ROBERT |
Il est vrai. |
Acte 1, sc. 2, MONSIEUR ROBERT, phrase 1 |
36 | MARTINE |
Et vous êtes un sot, de venir vous fourrer où vous n'avez que faire. |
Acte 1, sc. 2, MARTINE, phrase 1 |
37 | MONSIEUR ROBERT |
Compère, je vous demande pardon de tout mon coeur, faites, rossez, battez, comme il faut, votre femme, je vous aiderai si vous le voulez ? |
Acte 1, sc. 2, MONSIEUR ROBERT, phrase 1 |
38 | SGANARELLE |
Je n'ai que faire de votre aide. |
Acte 1, sc. 2, SGANARELLE, phrase 1 |
39 | SGANARELLE |
Et vous êtes un impertinent, de vous ingérer des affaires d'autrui : apprenez que Cicéron dit, qu'entre l'arbre et le doigt il ne faut point mettre l'écorce. |
Acte 1, sc. 2, SGANARELLE, phrase 1 |
40 | SGANARELLE |
Ô çà, faisons la paix nous deux. |
Acte 1, sc. 2, SGANARELLE, phrase 1 |
41 | MARTINE |
Après m'avoir ainsi battue ! |
Acte 1, sc. 2, MARTINE, phrase 2 |
42 | MARTINE |
Je n'en ferai rien. |
Acte 1, sc. 2, MARTINE, phrase 1 |
43 | MARTINE |
Laisse-moi là. |
Acte 1, sc. 2, MARTINE, phrase 1 |
44 | MARTINE |
Tu m'as trop maltraitée. |
Acte 1, sc. 2, MARTINE, phrase 1 |
45 | SGANARELLE |
Eh bien va, je te demande pardon, mets là, ta main. |
Acte 1, sc. 2, SGANARELLE, phrase 1 |
46 | MARTINE |
mais tu le payeras. |
Acte 1, sc. 2, MARTINE, phrase 1 |
47 | SGANARELLE |
Ce sont petites choses qui sont, de temps, en temps, nécessaires dans l'amitié : et cinq ou six coups de bâton, entre gens qui s'aiment, ne font que ragaillardir l'affection. |
Acte 1, sc. 2, SGANARELLE, phrase 2 |
48 | SGANARELLE |
Va, je m'en vais au bois : et je te promets, aujourd'hui, plus d'un cent de fagots. |
Acte 1, sc. 2, SGANARELLE, phrase 2 |
49 | MARTINE |
Je sais bien qu'une femme a toujours dans les mains, de quoi se venger d'un mari : mais c'est une punition trop délicate pour mon pendard. |
Acte 1, sc. 3, MARTINE, phrase 2 |
50 | MARTINE |
Je veux une vengeance qui se fasse un peu mieux sentir : et ce n'est pas contentement pour l'injure que j'ai reçue. |
Acte 1, sc. 3, MARTINE, phrase 3 |
51 | LUCAS |
J'avons pris là, tous deux, une gueble de commission : et je ne sais pas moi, ce que je pensons attraper. |
Acte 1, sc. 4, LUCAS, phrase 2 |
52 | VALÈRE |
Il faut bien obéir à notre maître : et puis, nous avons intérêt, l'un et l'autre, à la santé de sa fille notre maîtresse, et, sans doute, son mariage différé par sa maladie, nous vaudrait quelque récompense. |
Acte 1, sc. 4, VALÈRE, phrase 2 |
53 | VALÈRE |
Horace qui est libéral, a bonne part aux prétentions qu'on peut avoir sur sa personne : et quoiqu'elle ait fait voir de l'amitié pour un certain Léandre, tu sais bien que son père n'a jamais, voulu consentir à le recevoir pour son gendre. |
Acte 1, sc. 4, VALÈRE, phrase 3 |
54 | LUCAS |
Mais quelle fantaisie s'est-il boutée là dans la tête, puisque les médecins y avont tous pardu leur latin ? |
Acte 1, sc. 4, LUCAS, phrase 1 |
55 | MARTINE |
Oui, il faut que je m'en venge à quelque prix que ce soit : ces coups de bâton me reviennent au coeur, je ne les saurais digérer, et... |
Acte 1, sc. 4, MARTINE, phrase 1 |
56 | MARTINE |
Messieurs, je vous demande pardon, je ne vous voyais pas : et cherchais dans ma tête quelque chose qui m'embarrasse. |
Acte 1, sc. 4, MARTINE, phrase 2 |
57 | MARTINE |
Serait-ce quelque chose où je vous puisse aider ? |
Acte 1, sc. 4, MARTINE, phrase 1 |
58 | VALÈRE |
Cela se pourrait faire, et nous tâchons de rencontrer quelque habile homme, quelque médecin particulier, qui pût donner quelque soulagement à la fille notre maître, attaquée d'une maladie qui lui a ôté, tout d'un coup, l'usage de la langue. |
Acte 1, sc. 4, VALÈRE, phrase 1 |
59 | VALÈRE |
Plusieurs médecins ont déjà épuisé toute leur science après elle : mais on trouve, parfois, des gens avec des secrets admirables, de certains remèdes particuliers, qui font le plus souvent, ce que les autres n'ont su faire, et c'est là, ce que nous cherchons. |
Acte 1, sc. 4, VALÈRE, phrase 2 |
60 | MARTINE |
Vous ne pouviez jamais, vous mieux adresser, pour rencontrer ce que vous cherchez : et nous avons ici, un homme le plus merveilleux homme du monde, pour les maladies désespérées. |
Acte 1, sc. 4, MARTINE, phrase 1 |
61 | MARTINE |
Vous le trouverez, maintenant, vers ce petit lieu que voilà, qui s'amuse à couper du bois. |
Acte 1, sc. 4, MARTINE, phrase 1 |
62 | MARTINE |
Non, c'est un homme extraordinaire, qui se plaît à cela, fantasque, bizarre, quinteux, et que vous ne prendriez jamais, pour ce qu'il est. |
Acte 1, sc. 4, MARTINE, phrase 1 |
63 | VALÈRE |
C'est une chose admirable, que tous les grands hommes ont toujours du caprice, quelque petit grain de folie, mêlé à leur science. |
Acte 1, sc. 4, VALÈRE, phrase 1 |
64 | MARTINE |
La folie de celui-ci, est plus grande qu'on ne peut croire, car elle va parfois jusqu'à vouloir être battu pour demeurer d'accord de sa capacité : et je vous donne avis que vous n'en viendrez point à bout, qu'il n'avouera jamais, qu'il est médecin, s'il se le met en fantaisie, que vous ne preniez chacun un bâton, et ne le réduisiez, à force de coups, à vous confesser à la fin, ce qu'il vous cachera d'abord. |
Acte 1, sc. 4, MARTINE, phrase 1 |
65 | MARTINE |
C'est ainsi que nous en usons quand nous avons besoin de lui. |
Acte 1, sc. 4, MARTINE, phrase 2 |
66 | MARTINE |
Il est vrai : mais, après cela, vous verrez qu'il fait des merveilles. |
Acte 1, sc. 4, MARTINE, phrase 1 |
67 | MARTINE |
Il s'appelle Sganarelle : mais il est aisé à connaître. |
Acte 1, sc. 4, MARTINE, phrase 1 |
68 | MARTINE |
C'est un homme qui a une large barbe noire, et qui porte une fraise, avec un habit jaune et vert. |
Acte 1, sc. 4, MARTINE, phrase 2 |
69 | VALÈRE |
Mais est-il bien vrai qu'il soit si habile, que vous le dites ? |
Acte 1, sc. 4, VALÈRE, phrase 1 |
70 | MARTINE |
C'est un homme qui fait des miracles. |
Acte 1, sc. 4, MARTINE, phrase 2 |
71 | MARTINE |
On la tenait morte, il y avait déjà six heures : et l'on se disposait à l'ensevelir, lorsqu'on y fit venir de force l'homme dont nous parlons. |
Acte 1, sc. 4, MARTINE, phrase 4 |
72 | MARTINE |
Il lui mit, l'ayant vue, une petite goutte de je ne sais quoi dans la bouche : et dans le même instant, elle se leva de son lit, et se mit, aussitôt, à se promener dans sa chambre, comme si de rien n'eût été. |
Acte 1, sc. 4, MARTINE, phrase 5 |
73 | VALÈRE |
Il fallait que ce fût quelque goutte d'or potable. |
Acte 1, sc. 4, VALÈRE, phrase 1 |
74 | MARTINE |
Cela pourrait bien être. |
Acte 1, sc. 4, MARTINE, phrase 1 |
75 | MARTINE |
Il n'y a pas trois semaines, encore, qu'un jeune enfant de douze ans tomba du haut du clocher, en bas, et se brisa, sur le pavé, la tête, les bras et les jambes. |
Acte 1, sc. 4, MARTINE, phrase 2 |
76 | MARTINE |
On n'y eut pas plutôt, amené notre homme, qu'il le frotta par tout le corps, d'un certain onguent qu'il sait faire ; et l'enfant aussitôt se leva sur ses pieds, et courut jouer à la fossette. |
Acte 1, sc. 4, MARTINE, phrase 3 |
77 | VALÈRE |
Il faut que cet homme-là, ait la médecine universelle. |
Acte 1, sc. 4, VALÈRE, phrase 1 |
78 | VALÈRE |
Nous vous remercions du plaisir que vous nous faites. |
Acte 1, sc. 4, VALÈRE, phrase 1 |
79 | MARTINE |
Mais souvenez-vous bien au moins, de l'avertissement que je vous ai donné. |
Acte 1, sc. 4, MARTINE, phrase 1 |
80 | LUCAS |
Morguenne, laissez-nous faire, s'il ne tient qu'à battre, la vache est à nous. |
Acte 1, sc. 4, LUCAS, phrase 2 |
81 | VALÈRE |
Nous sommes bien heureux d'avoir fait cette rencontre : et j'en conçois, pour moi, la meilleure espérance du monde. |
Acte 1, sc. 4, VALÈRE, phrase 1 |
82 | SGANARELLE |
Ma foi, c'est assez travaillé pour un coup : prenons un peu d'haleine. |
Acte 1, sc. 5, SGANARELLE, phrase 2 |
83 | LUCAS |
Je pense, que vous dites vrai : et que j'avons bouté le nez dessus. |
Acte 1, sc. 5, LUCAS, phrase 1 |
84 |
SGANARELLE |
...Mon sort.. ferait... bien des... jaloux, |
Acte 1, sc. 5, v. 9 |
85 | SGANARELLE |
Ma petite friponne, que je t'aime, mon petit bouchon. |
Acte 1, sc. 5, SGANARELLE, phrase 2 |
86 | SGANARELLE |
Quel dessein auraient-ils ? |
Acte 1, sc. 5, SGANARELLE, phrase 2 |
87 | VALÈRE |
Nous ne voulons que lui faire toutes les civilités que nous pourrons. |
Acte 1, sc. 5, VALÈRE, phrase 1 |
88 | VALÈRE |
On nous a adressés à vous, pour ce que nous cherchons : et nous venons implorer votre aide, dont nous avons besoin. |
Acte 1, sc. 5, VALÈRE, phrase 2 |
89 | VALÈRE |
Monsieur, c'est trop de grâce que vous nous faites : mais, Monsieur, couvrez-vous, s'il vous plaît, le soleil pourrait vous incommoder. |
Acte 1, sc. 5, VALÈRE, phrase 1 |
90 | SGANARELLE |
Il est vrai, Messieurs, que je suis le premier homme du monde, pour faire des fagots. |
Acte 1, sc. 5, SGANARELLE, phrase 1 |
91 | SGANARELLE |
Je n'y épargne aucune chose, et les fais d'une façon, qu'il n'y a rien à dire. |
Acte 1, sc. 5, SGANARELLE, phrase 1 |
92 | SGANARELLE |
Mais, aussi, je les vends cent dix sols, le cent. |
Acte 1, sc. 5, SGANARELLE, phrase 1 |
93 | SGANARELLE |
Je vous promets, que je ne saurais les donner à moins. |
Acte 1, sc. 5, SGANARELLE, phrase 1 |
94 | SGANARELLE |
Mais pour ceux que je fais... |
Acte 1, sc. 5, SGANARELLE, phrase 2 |
95 | VALÈRE |
Monsieur, laissons là, ce discours. |
Acte 1, sc. 5, VALÈRE, phrase 2 |
96 | SGANARELLE |
Je vous jure que vous ne les auriez pas, s'il s'en fallait un double. |
Acte 1, sc. 5, SGANARELLE, phrase 1 |
97 | SGANARELLE |
Je vous parle sincèrement, et ne suis pas homme à surfaire. |
Acte 1, sc. 5, SGANARELLE, phrase 2 |
98 | VALÈRE |
S'abaisse à parler de la sorte ? |
Acte 1, sc. 5, VALÈRE, phrase 2 |
99 | SGANARELLE |
Médecin, vous-même : je ne le suis point, et ne l'ai jamais été. |
Acte 1, sc. 5, SGANARELLE, phrase 1 |
100 | VALÈRE |
À de certaines choses dont nous serions marris. |
Acte 1, sc. 5, VALÈRE, phrase 1 |
101 | SGANARELLE |
Parbleu, venez-en à tout ce qu'il vous plaira, je ne suis point médecin : et ne sais ce que vous me voulez dire. |
Acte 1, sc. 5, SGANARELLE, phrase 1 |
102 | VALÈRE |
À quoi bon nier ce qu'on sait ? |
Acte 1, sc. 5, VALÈRE, phrase 1 |
103 | LUCAS |
Pourquoi toutes ces fraimes-là ? |
Acte 1, sc. 5, LUCAS, phrase 1 |
104 | SGANARELLE |
Messieurs, je suis tout ce qu'il vous plaira. |
Acte 1, sc. 5, SGANARELLE, phrase 4 |
105 | LUCAS |
À quoi bon, nous bailler la peine de vous battre ? |
Acte 1, sc. 5, LUCAS, phrase 1 |
106 | VALÈRE |
Je vous assure que j'en ai tous les regrets du monde. |
Acte 1, sc. 5, VALÈRE, phrase 1 |
107 | LUCAS |
Il n'est pas vrai qu'ous sayez médecin ? |
Acte 1, sc. 5, LUCAS, phrase 1 |
108 | SGANARELLE |
Eh bien, Messieurs, oui, puisque vous le voulez, je suis médecin, je suis médecin, apothicaire encore, si vous le trouvez bon. |
Acte 1, sc. 5, SGANARELLE, phrase 3 |
109 | SGANARELLE |
J'aime mieux consentir à tout que de me faire assommer. |
Acte 1, sc. 5, SGANARELLE, phrase 4 |
110 | VALÈRE |
Voilà qui va bien, Monsieur, je suis ravi de vous voir raisonnable. |
Acte 1, sc. 5, VALÈRE, phrase 2 |
111 | SGANARELLE |
Ouais, serait-ce bien moi qui me tromperais, et serais-je devenu médecin, sans m'en être aperçu ? |
Acte 1, sc. 5, SGANARELLE, phrase 1 |
112 | VALÈRE |
Monsieur, vous ne vous repentirez pas de nous montrer ce que vous êtes : et vous verrez assurément que vous en serez satisfait. |
Acte 1, sc. 5, VALÈRE, phrase 1 |
113 | SGANARELLE |
Mais, Messieurs, dites-moi, ne vous trompez-vous point vous-mêmes ? |
Acte 1, sc. 5, SGANARELLE, phrase 1 |
114 | SGANARELLE |
Diable emporte, si je le savais. |
Acte 1, sc. 5, SGANARELLE, phrase |
115 | LUCAS |
Un médecin, qui a guari, je ne sais combien de maladies. |
Acte 1, sc. 5, LUCAS, phrase 1 |
116 | VALÈRE |
Une femme était tenue pour morte, il y avait six heures ; elle était prête à ensevelir, lorsque avec une goutte de quelque chose, vous la fîtes revenir et marcher d'abord, par la chambre. |
Acte 1, sc. 5, VALÈRE, phrase 1 |
117 | LUCAS |
Un petit enfant de douze ans se laissit choir du haut d'un clocher, de quoi il eut la tête, les jambes et les bras cassés : et vous, avec je ne sais quel onguent, vous fîtes qu'aussitôt, il se relevit sur ses pieds, et s'en fut jouer à la fossette. |
Acte 1, sc. 5, LUCAS, phrase 1 |
118 | VALÈRE |
Enfin, Monsieur, vous aurez contentement avec nous : et vous gagnerez ce que vous voudrez, en vous laissant conduire où nous prétendons vous mener. |
Acte 1, sc. 5, VALÈRE, phrase 1 |
119 | SGANARELLE |
Je gagnerai ce que je voudrai ? |
Acte 1, sc. 5, SGANARELLE, phrase 1 |
120 | SGANARELLE |
Je l'avais oublié, mais je m'en ressouviens. |
Acte 1, sc. 5, SGANARELLE, phrase 3 |
121 | SGANARELLE |
Ma foi, je ne l'ai pas trouvée. |
Acte 1, sc. 5, SGANARELLE, phrase 1 |
122 | VALÈRE |
Il aime à rire. |
Acte 1, sc. 5, VALÈRE, phrase 1 |
123 | VALÈRE |
Oui, Monsieur, je crois que vous serez satisfait : et nous vous avons amené le plus grand médecin du monde. |
Acte 2, sc. 1, VALÈRE, phrase 1 |
124 | LUCAS |
Oh morguenne, il faut tirer l'échelle après ceti-là : et tous les autres, ne sont pas daignes de li déchausser ses souillés. |
Acte 2, sc. 1, LUCAS, phrase 1 |
125 | VALÈRE |
C'est un homme qui a fait des cures merveilleuses. |
Acte 2, sc. 1, VALÈRE, phrase 1 |
126 | VALÈRE |
Il est un peu capricieux, comme je vous ai dit : et parfois, il a des moments où son esprit s'échappe, et ne paraît pas ce qu'il est. |
Acte 2, sc. 1, VALÈRE, phrase 1 |
127 | LUCAS |
Oui, il aime à bouffonner, et l'an dirait parfois, ne v'sen déplaise, qu'il a quelque petit coup de hache à la tête. |
Acte 2, sc. 1, LUCAS, phrase 1 |
128 | VALÈRE |
Mais, dans le fond, il est toute Science : et bien souvent, il dit des choses tout à fait relevées. |
Acte 2, sc. 1, VALÈRE, phrase 1 |
129 | LUCAS |
Quand il s'y boute, il parle tout fin drait, comme s'il lisait dans un livre. |
Acte 2, sc. 1, LUCAS, phrase 1 |
130 | GÉRONTE |
Je meurs d'envie de le voir, faites-le-moi vite venir. |
Acte 2, sc. 1, GÉRONTE, phrase 1 |
131 | VALÈRE |
Je le vais quérir. |
Acte 2, sc. 1, VALÈRE, phrase 1 |
132 | JACQUELINE |
Par ma fi, Monsieu, ceti-ci fera justement ce qu'ant fait les autres. |
Acte 2, sc. 1, JACQUELINE, phrase 1 |
133 | JACQUELINE |
Je pense que ce sera queussi queumi : et la meilleure médeçaine, que l'an pourrait bailler à votre fille, ce serait, selon moi, un biau et bon mari, pour qui elle eût de l'amiqué. |
Acte 2, sc. 1, JACQUELINE, phrase 3 |
134 | GÉRONTE |
Ouais, Nourrice, ma mie, vous vous mêlez de bien des choses. |
Acte 2, sc. 1, GÉRONTE, phrase 1 |
135 | LUCAS |
Taisez-vous, notre ménagère Jaquelaine : ce n'est pas à vous à bouter là votre nez. |
Acte 2, sc. 1, LUCAS, phrase 1 |
136 | JACQUELINE |
Je vous dis et vous douze, que tous ces médecins n'y feront rian que de l'iau claire ; que votre fille a besoin d'autre chose que de ribarbe et de sené, et qu'un mari est une emplâtre qui garit tous les maux des filles. |
Acte 2, sc. 1, JACQUELINE, phrase 1 |
137 | GÉRONTE |
Est-elle en état maintenant qu'on s'en voulût charger, avec l'infirmité qu'elle a ? |
Acte 2, sc. 1, GÉRONTE, phrase 1 |
138 | GÉRONTE |
Et lorsque j'ai été dans le dessein de la marier, ne s'est-elle pas opposée à mes volontés ? |
Acte 2, sc. 1, GÉRONTE, phrase 2 |
139 | JACQUELINE |
Je le crois bian : vous li vouilliez bailler cun homme qu'alle n'aime point. |
Acte 2, sc. 1, JACQUELINE, phrase 1 |
140 | JACQUELINE |
Que ne preniais-vous ce Monsieu Liandre, qui li touchoit au coeur. |
Acte 2, sc. 1, JACQUELINE, phrase 2 |
141 | JACQUELINE |
Alle aurait été fort obéissante : et je m'en vas gager qu'il la prendrait, li, comme alle est, si vous la li vouillais donner. |
Acte 2, sc. 1, JACQUELINE, phrase 3 |
142 | JACQUELINE |
Enfin, j'ai, toujours, ouï dire, qu'en mariage, comme ailleurs, contentement passe richesse. |
Acte 2, sc. 1, JACQUELINE, phrase 1 |
143 | JACQUELINE |
Et le compère Biarre, a marié sa fille Simonette, au gros Thomas, pour un quarquié de vaigne qu'il avait davantage que le jeune Robin, où alle avait bouté son amiquié : et velà que la pauvre creiature en est devenue jaune comme un coing, et n'a point profité tout depuis ce temps-là. |
Acte 2, sc. 1, JACQUELINE, phrase 3 |
144 | JACQUELINE |
C'est un bel exemple pour vous, Monsieu ; on n'a que son plaisir en ce monde : et j'aimerais mieux, bailler à ma fille, un bon mari qui li fût agriable, que toutes les rentes de la Biausse. |
Acte 2, sc. 1, JACQUELINE, phrase 4 |
145 | GÉRONTE |
Taisez-vous, je vous prie, vous prenez trop de soin, et vous échauffez votre lait. |
Acte 2, sc. 1, GÉRONTE, phrase 3 |
146 | LUCAS |
Tais-toi, t'es cune impartinante. |
Acte 2, sc. 1, LUCAS, phrase 2 |
147 | LUCAS |
Monsieu n'a que faire de tes discours, et il sait ce qu'il a à faire. |
Acte 2, sc. 1, LUCAS, phrase 3 |
148 | LUCAS |
Mêle-toi de donner à téter à ton enfant, sans tant faire la raisonneuse. |
Acte 2, sc. 1, LUCAS, phrase 4 |
149 | GÉRONTE |
Oui, mais ces gestes ne sont pas nécessaires. |
Acte 2, sc. 1, GÉRONTE, phrase 1 |
150 | GÉRONTE |
Puisque Hippocrate le dit, il le faut faire. |
Acte 2, sc. 2, GÉRONTE, phrase 1 |
151 | GÉRONTE |
Non, vraiment. |
Acte 2, sc. 2, GÉRONTE, phrase 1 |
152 | SGANARELLE |
Vous êtes médecin, maintenant, je n'ai jamais eu d'autres licences. |
Acte 2, sc. 2, SGANARELLE, phrase 1 |
153 | VALÈRE |
Je vous ai bien dit que c'était un médecin goguenard. |
Acte 2, sc. 2, VALÈRE, phrase 1 |
154 | GÉRONTE |
Oui, mais je l'envoirais promener avec ses goguenarderies. |
Acte 2, sc. 2, GÉRONTE, phrase 1 |
155 | GÉRONTE |
Cette raillerie ne me plaît pas. |
Acte 2, sc. 2, GÉRONTE, phrase 1 |
156 | SGANARELLE |
Monsieur, je vous demande pardon de la liberté que j'ai prise. |
Acte 2, sc. 2, SGANARELLE, phrase 1 |
157 | SGANARELLE |
Que j'ai eu l'honneur de vous donner. |
Acte 2, sc. 2, SGANARELLE, phrase 1 |
158 | GÉRONTE |
Monsieur, j'ai une fille qui est tombée dans une étrange maladie. |
Acte 2, sc. 2, GÉRONTE, phrase 2 |
159 | SGANARELLE |
Je suis ravi, Monsieur, que votre fille ait besoin de moi : et je souhaiterais de tout mon coeur que vous en eussiez besoin, aussi, vous et toute votre famille, pour vous témoigner l'envie que j'ai de vous servir. |
Acte 2, sc. 2, SGANARELLE, phrase 1 |
160 | GÉRONTE |
C'est trop d'honneur que vous me faites. |
Acte 2, sc. 2, GÉRONTE, phrase 1 |
161 | GÉRONTE |
Je m'en vais voir un peu ce qu'elle fait. |
Acte 2, sc. 2, GÉRONTE, phrase 1 |
162 | GÉRONTE |
C'est la nourrice d'un petit enfant que j'ai. |
Acte 2, sc. 2, GÉRONTE, phrase 1 |
163 | SGANARELLE |
Charmante Nourrice, ma médecine est la très humble esclave de votre nourricerie ; et je voudrais bien être le petit poupon fortuné qui tetat le lait de vos bonnes grâces. |
Acte 2, sc. 2, SGANARELLE, phrase 4 |
164 | LUCAS |
Avec votre parmission, Monsieu le Médecin, laissez là ma femme, je vous prie. |
Acte 2, sc. 2, LUCAS, phrase 1 |
165 | SGANARELLE |
Ah vraiment, je ne savais pas cela : et je m'en réjouis pour l'amour de l'un et de l'autre. |
Acte 2, sc. 2, SGANARELLE, phrase 1 |
166 | SGANARELLE |
Je la félicite d'avoir un mari comme vous : et je vous félicite vous, d'avoir une femme si belle, si sage, et si bien faite, comme elle est. |
Acte 2, sc. 2, SGANARELLE, phrase 2 |
167 | LUCAS |
Avec moi, tant qu'il vous plaira : mais avec ma femme, trêve de sarimonie. |
Acte 2, sc. 2, LUCAS, phrase 1 |
168 | SGANARELLE |
Mais, comme je m'intéresse à toute votre famille, il faut que j'essaye un peu le lait de votre nourrice : et que je visite son sein. |
Acte 2, sc. 3, SGANARELLE, phrase 1 |
169 | LUCAS |
Nanin, nanin, je n'avons que faire de ça. |
Acte 2, sc. 3, LUCAS, phrase 1 |
170 | SGANARELLE |
Je te donnerai la fièvre. |
Acte 2, sc. 3, SGANARELLE, phrase 1 |
171 | JACQUELINE |
Ôte-toi de là, aussi, est-ce que je ne sis pas assez grande pour me défendre moi-même, s'il me fait quelque chose, qui ne soit pas à faire ? |
Acte 2, sc. 3, JACQUELINE, phrase 1 |
172 | SGANARELLE |
Fi, le vilain, qui est jaloux de sa femme. |
Acte 2, sc. 3, SGANARELLE, phrase 1 |
173 | GÉRONTE |
Oui, je n'ai qu'elle de fille : et j'aurais tous les regrets du monde, si elle venait à mourir. |
Acte 2, sc. 4, GÉRONTE, phrase 1 |
174 | SGANARELLE |
Voilà une malade qui n'est pas tant dégoûtante : et je tiens qu'un homme bien sain s'en accommoderait assez. |
Acte 2, sc. 4, SGANARELLE, phrase 1 |
175 | GÉRONTE |
Vous l'avez fait rire, Monsieur. |
Acte 2, sc. 4, GÉRONTE, phrase 1 |
176 | SGANARELLE |
Tant mieux, lorsque le médecin fait rire le malade, c'est le meilleur signe du monde. |
Acte 2, sc. 4, SGANARELLE, phrase 1 |
177 | GÉRONTE |
Elle est devenue muette, sans que jusques ici, on en ait pu savoir la cause : et c'est un accident qui a fait reculer son mariage. |
Acte 2, sc. 4, GÉRONTE, phrase 2 |
178 | SGANARELLE |
Plût à Dieu que la mienne eût cette maladie, je me garderais bien de la vouloir guérir. |
Acte 2, sc. 4, SGANARELLE, phrase 2 |
179 | SGANARELLE |
C'est fort bien fait. |
Acte 2, sc. 4, SGANARELLE, phrase 1 |
180 | GÉRONTE |
Je ne me connais pas à ces choses. |
Acte 2, sc. 4, GÉRONTE, phrase 1 |
181 | SGANARELLE |
Nous autres grands médecins, nous connaissons d'abord, les choses. |
Acte 2, sc. 4, SGANARELLE, phrase 1 |
182 | SGANARELLE |
Un ignorant aurait été embarrassé, et vous eût été dire, c'est ceci, c'est cela : mais moi, je touche au but du premier coup, et je vous apprends que votre fille est muette. |
Acte 2, sc. 4, SGANARELLE, phrase 2 |
183 | GÉRONTE |
Oui, mais je voudrais bien que vous me pussiez dire d'où cela vient ? |
Acte 2, sc. 4, GÉRONTE, phrase 1 |
184 | SGANARELLE |
Il n'est rien plus aisé. |
Acte 2, sc. 4, SGANARELLE, phrase 1 |
185 | GÉRONTE |
Fort bien : mais la cause, s'il vous plaît, qui fait qu'elle a perdu la parole. |
Acte 2, sc. 4, GÉRONTE, phrase 1 |
186 | GÉRONTE |
Mais, encore, vos sentiments sur cet empêchement de l'action de sa langue. |
Acte 2, sc. 4, GÉRONTE, phrase 1 |
187 | SGANARELLE |
C'était un grand homme ! |
Acte 2, sc. 4, SGANARELLE, phrase 2 |
188 | SGANARELLE |
Grand homme tout à fait : un homme qui était plus grand que moi, de tout cela. |
Acte 2, sc. 4, SGANARELLE, phrase 1 |
189 | SGANARELLE |
Pour revenir donc à notre raisonnement. |
Acte 2, sc. 4, SGANARELLE, phrase 2 |
190 | SGANARELLE |
Je tiens que cet empêchement de l'action de sa langue, est causé par de certaines humeurs, qu'entre nous autres, savants, nous appelons humeurs peccantes, peccantes, c'est-à-dire... humeurs peccantes : d'autant que les vapeurs formées par les exhalaisons des influences qui s'élèvent dans la région des maladies, venant... pour ainsi dire... à... |
Acte 2, sc. 4, SGANARELLE, phrase 3 |
191 | GÉRONTE |
Que n'ai-je étudié ? |
Acte 2, sc. 4, GÉRONTE, phrase 2 |
192 | SGANARELLE |
Comprenez bien ce raisonnement je vous prie : et parce que lesdites vapeurs ont une certaine malignité... |
Acte 2, sc. 4, SGANARELLE, phrase 2 |
193 | SGANARELLE |
Ont une certaine malignité, qui est causée... |
Acte 2, sc. 4, SGANARELLE, phrase 1 |
194 | SGANARELLE |
Voilà justement ce qui fait que votre fille est muette. |
Acte 2, sc. 4, SGANARELLE, phrase 3 |
195 | LUCAS |
Que n'ai-je la langue aussi bian pendue ! |
Acte 2, sc. 4, LUCAS, phrase 1 |
196 | GÉRONTE |
On ne peut pas mieux raisonner, sans doute. |
Acte 2, sc. 4, GÉRONTE, phrase 1 |
197 | SGANARELLE |
Oui, cela était, autrefois, ainsi ; mais nous avons changé tout cela, et nous faisons maintenant la médecine d'une méthode toute nouvelle. |
Acte 2, sc. 4, SGANARELLE, phrase 1 |
198 | GÉRONTE |
C'est ce que je ne savais pas : et je vous demande pardon de mon ignorance. |
Acte 2, sc. 4, GÉRONTE, phrase 1 |
199 | GÉRONTE |
Assurément : mais, Monsieur, que croyez-vous qu'il faille faire à cette maladie ? |
Acte 2, sc. 4, GÉRONTE, phrase 1 |
200 | SGANARELLE |
Ce que je crois qu'il faille faire ? |
Acte 2, sc. 4, SGANARELLE, phrase 1 |
201 | SGANARELLE |
Mon avis est qu'on la remette sur son lit : et qu'on lui fasse prendre pour remède, quantité de pain trempé dans du vin. |
Acte 2, sc. 4, SGANARELLE, phrase 1 |
202 | SGANARELLE |
Parce qu'il y a dans le vin et le pain, mêlés ensemble, une vertu sympathique, qui fait parler. |
Acte 2, sc. 4, SGANARELLE, phrase 1 |
203 | GÉRONTE |
Cela est vrai, ah ! |
Acte 2, sc. 4, GÉRONTE, phrase 1 |
204 | GÉRONTE |
Vite, quantité de pain et de vin ! |
Acte 2, sc. 4, GÉRONTE, phrase 4 |
205 | SGANARELLE |
Je reviendrai voir, sur le soir, en quel état elle sera. |
Acte 2, sc. 4, SGANARELLE, phrase 1 |
206 | SGANARELLE |
Cette grande santé est à craindre : et il ne sera mauvais de vous faire quelque petite saignée amiable, de vous donner quelque petit clystère dulcifiant. |
Acte 2, sc. 4, SGANARELLE, phrase 2 |
207 | GÉRONTE |
Mais, Monsieur, voilà une mode que je ne comprends point. |
Acte 2, sc. 4, GÉRONTE, phrase 1 |
208 | GÉRONTE |
Pourquoi s'aller faire saigner quand on n'a point de maladie ? |
Acte 2, sc. 4, GÉRONTE, phrase 2 |
209 | SGANARELLE |
Il n'importe, la mode en est salutaire : et comme on boit pour la soif à venir, il faut se faire aussi saigner pour la maladie à venir. |
Acte 2, sc. 4, SGANARELLE, phrase 1 |
210 | JACQUELINE |
Ma fi, je me moque de ça : et je ne veux point faire de mon corps une boutique d'apothicaire. |
Acte 2, sc. 4, JACQUELINE, phrase 1 |
211 | SGANARELLE |
Vous êtes rétive aux remèdes : mais nous saurons vous soumettre à la raison. |
Acte 2, sc. 4, SGANARELLE, phrase 1 |
212 | SGANARELLE |
Que voulez-vous faire ? |
Acte 2, sc. 4, SGANARELLE, phrase 1 |
213 | SGANARELLE |
Je n'en prendrai pas, Monsieur. |
Acte 2, sc. 4, SGANARELLE, phrase 1 |
214 | GÉRONTE |
Voilà qui est fait. |
Acte 2, sc. 4, GÉRONTE, phrase 1 |
215 | SGANARELLE |
Je n'en ferai rien. |
Acte 2, sc. 4, SGANARELLE, phrase 1 |
216 | SGANARELLE |
Ce n'est pas l'argent qui me fait agir. |
Acte 2, sc. 4, SGANARELLE, phrase 1 |
217 | SGANARELLE |
Je ne suis pas un médecin mercenaire. |
Acte 2, sc. 4, SGANARELLE, phrase 1 |
218 | GÉRONTE |
Je le sais bien. |
Acte 2, sc. 4, GÉRONTE, phrase 1 |
219 | GÉRONTE |
Je n'ai pas cette pensée. |
Acte 2, sc. 4, GÉRONTE, phrase 1 |
220 | SGANARELLE |
Voilà un pouls qui est fort mauvais. |
Acte 2, sc. 5, SGANARELLE, phrase 1 |
221 | LÉANDRE |
Non, pour vous dire la chose en deux mots, je m'appelle Léandre, qui suis amoureux de Lucinde, que vous venez de visiter : et comme, par la mauvaise humeur, de son père, toute sorte d'accès m'est fermé auprès d'elle, je me hasarde à vous prier de vouloir servir mon amour : et de me donner lieu d'exécuter un stratagème que j'ai trouvé, pour lui pouvoir dire deux mots, d'où dépendent, absolument, mon bonheur et ma vie. |
Acte 2, sc. 5, LÉANDRE, phrase 1 |
222 | LÉANDRE |
Monsieur, ne faites point de bruit. |
Acte 2, sc. 5, LÉANDRE, phrase 1 |
223 | SGANARELLE |
J'en veux faire moi, vous êtes un impertinent. |
Acte 2, sc. 5, SGANARELLE, phrase 1 |
224 | SGANARELLE |
Je vous apprendrai que je ne suis point homme à cela : et que c'est une insolence extrême... |
Acte 2, sc. 5, SGANARELLE, phrase 1 |
225 | SGANARELLE |
Je ne parle pas pour vous : car vous êtes honnête homme, et je serais ravi de vous rendre service. |
Acte 2, sc. 5, SGANARELLE, phrase 2 |
226 | SGANARELLE |
Mais il y a de certains impertinents au monde, qui viennent prendre les gens pour ce qu'ils ne sont pas : et je vous avoue que cela me met en colère. |
Acte 2, sc. 5, SGANARELLE, phrase 3 |
227 | LÉANDRE |
Les médecins ont raisonné là-dessus, comme il faut ; et ils n'ont pas manqué de dire, que cela procédait, qui, du cerveau, qui des entrailles, qui, de la rate, qui du foie. |
Acte 2, sc. 5, LÉANDRE, phrase 2 |
228 | LÉANDRE |
Mais il est certain que l'amour en est la véritable cause : et que Lucinde n'a trouvé cette maladie, que pour se délivrer d'un mariage, dont elle était importunée. |
Acte 2, sc. 5, LÉANDRE, phrase 3 |
229 | LÉANDRE |
Mais, de crainte qu'on ne nous voie ensemble, retirons-nous d'ici : et je vous dirai en marchant, ce que je souhaite de vous. |
Acte 2, sc. 5, LÉANDRE, phrase 3 |
230 | SGANARELLE |
Allons, Monsieur, vous m'avez donné pour votre amour, une tendresse qui n'est pas concevable : et j'y perdrai toute ma médecine, ou la malade crèvera, ou bien elle sera à vous. |
Acte 2, sc. 5, SGANARELLE, phrase 1 |
231 | LÉANDRE |
Il me semble que je ne suis pas mal ainsi, pour un apothicaire : et comme le père ne m'a guère vu, ce changement d'habit, et de perruque, est assez capable, je crois, de me déguiser à ses yeux. |
Acte 3, sc. 1, LÉANDRE, phrase 1 |
232 | LÉANDRE |
Tout ce que je souhaiterais, serait de savoir cinq ou six grands mots de médecine, pour parer mon discours, et me donner l'air d'habile homme. |
Acte 3, sc. 1, LÉANDRE, phrase 1 |
233 | SGANARELLE |
Allez, allez, tout cela n'est pas nécessaire. Il suffit de l'habit : et je n'en sais pas plus que vous. |
Acte 3, sc. 1, SGANARELLE, phrase 1 |
234 | SGANARELLE |
Non, vous dis-je, ils m'ont fait médecin malgré mes dents. |
Acte 3, sc. 1, SGANARELLE, phrase 1 |
235 | SGANARELLE |
Je ne m'étais jamais mêlé d'être si savant que cela : et toutes mes études n'ont été que jusqu'en sixième. |
Acte 3, sc. 1, SGANARELLE, phrase 2 |
236 | SGANARELLE |
Je ne sais point sur quoi cette imagination leur est venue : mais quand j'ai vu qu'à toute force ils voulaient que je fusse médecin, je me suis résolu de l'être, aux dépens de qui il appartiendra. |
Acte 3, sc. 1, SGANARELLE, phrase 3 |
237 | SGANARELLE |
La méchante besogne ne retombe jamais sur notre dos ; et nous taillons, comme il nous plaît, sur l'étoffe où nous travaillons. |
Acte 3, sc. 1, SGANARELLE, phrase 7 |
238 | SGANARELLE |
Un cordonnier en faisant des souliers, ne saurait gâter un morceau de cuir qu'i,l n'en paye les pots cassés ; mais ici, l'on peut gâter un homme, sans qu'il en coûte rien. |
Acte 3, sc. 1, SGANARELLE, phrase 7 |
239 | SGANARELLE |
Enfin le bon de cette profession, est qu'il y a parmi les morts, une honnêteté, une discrétion la plus grande du monde : et jamais on n'en voit se plaindre du médecin qui l'a tué. |
Acte 3, sc. 1, SGANARELLE, phrase 9 |
240 | LÉANDRE |
Il est vrai que les morts sont fort honnêtes gens, sur cette matière. |
Acte 3, sc. 1, LÉANDRE, phrase 1 |
241 | THIBAUT |
Je voudrions, Monsieu, que vous nous baillissiez quelque petite drôlerie pour la garir. |
Acte 3, sc. 2, THIBAUT, phrase 1 |
242 | THIBAUT |
Oui, c'est-à-dire qu'alle est enflée partout, et l'an dit que c'est quantité de sériosités qu'alle a dans le corps, et que son foie, son ventre, ou sa rate, comme vous voudrais l'appeler, au glieu de faire du sang, ne fait plus que de l'iau. |
Acte 3, sc. 2, THIBAUT, phrase 1 |
243 | THIBAUT |
J'avons dans notre village, un apothicaire, révérence parler, qui li a donné je ne sais combien d'histoires : et il m'en coûte plus d'eune douzaine de bons écus, en lavements, ne v's'en déplaise, en apostumes, qu'on li a fait prendre, en infections de jacinthe, et en portions cordales. |
Acte 3, sc. 2, THIBAUT, phrase 4 |
244 | THIBAUT |
Mais tout ça, comme dit l'autre, n'a été que de l'onguent miton mitaine. |
Acte 3, sc. 2, THIBAUT, phrase 5 |
245 | THIBAUT |
Il velait li bailler d'eune certaine drogue que l'on appelle du vin amétile ; mais j'ai-s-eu peur, franchement, que ça l'envoyît à patres, et l'an dit que ces gros médecins tuont je ne sais combien de monde, avec cette invention-là. |
Acte 3, sc. 2, THIBAUT, phrase 6 |
246 | SGANARELLE |
Venons au fait, mon ami, venons au fait. |
Acte 3, sc. 2, SGANARELLE, phrase 1 |
247 | THIBAUT |
Le fait est, Monsieur, que je venons vous prier de nous dire ce qu'il faut que je fassions. |
Acte 3, sc. 2, THIBAUT, phrase 1 |
248 | PERRIN |
Monsieu, ma mère est malade, et velà deux écus que je vous apportons, pour nous bailler queuque remède. |
Acte 3, sc. 2, PERRIN, phrase 1 |
249 | SGANARELLE |
Voilà un garçon qui parle clairement, qui s'explique comme il faut. |
Acte 3, sc. 2, SGANARELLE, phrase 3 |
250 | SGANARELLE |
J'ai compris d'abord vos paroles. |
Acte 3, sc. 2, SGANARELLE, phrase 1 |
251 | SGANARELLE |
Vous avez un père qui ne sait ce qu'il dit. |
Acte 3, sc. 2, SGANARELLE, phrase 2 |
252 | SGANARELLE |
Maintenant, vous me demandez un remède ? |
Acte 3, sc. 2, SGANARELLE, phrase 3 |
253 | PERRIN |
Monsieu, je vous sommes bien obligés : et j'allons li faire prendre ça tout à l'heure. |
Acte 3, sc. 2, PERRIN, phrase 1 |
254 | SGANARELLE |
Si elle meurt, ne manquez pas de la faire enterrer du mieux que vous pourrez. |
Acte 3, sc. 2, SGANARELLE, phrase 2 |
255 | SGANARELLE |
J'aurais toutes les joies du monde, de vous guérir. |
Acte 3, sc. 3, SGANARELLE, phrase 2 |
256 | JACQUELINE |
Je sis votte sarvante, j'aime bian mieux qu'an ne me guérisse pas. |
Acte 3, sc. 3, JACQUELINE, phrase 1 |
257 | SGANARELLE |
Que je vous plains, belle Nourrice, d'avoir un mari jaloux et fâcheux, comme celui que vous avez ! |
Acte 3, sc. 3, SGANARELLE, phrase 1 |
258 | JACQUELINE |
Vous n'avez rien vu encore : et ce n'est qu'un petit échantillon de sa mauvaise humeur. |
Acte 3, sc. 3, JACQUELINE, phrase 2 |
259 | SGANARELLE |
Est-il possible, et qu'un homme ait l'âme assez basse, pour maltraiter une personne comme vous ? |
Acte 3, sc. 3, SGANARELLE, phrase 1 |
260 | SGANARELLE |
Ah que j'en sais, belle Nourrice, et qui ne sont pas loin d'ici, qui se tiendraient heureux de baiser, seulement, les petits bouts de vos petons. |
Acte 3, sc. 3, SGANARELLE, phrase 3 |
261 | SGANARELLE |
Pourquoi faut-il qu'une personne si bien faite, soit tombée en de telles mains : et qu'un franc animal, un brutal, un stupide, un sot... |
Acte 3, sc. 3, SGANARELLE, phrase 5 |
262 | SGANARELLE |
Pardonnez-moi, Nourrice, si je parle ainsi de votre mari. |
Acte 3, sc. 3, SGANARELLE, phrase 6 |
263 | JACQUELINE |
Eh, Monsieu, je sai bien qu'il mérite tous ces noms-là. |
Acte 3, sc. 3, JACQUELINE, phrase 1 |
264 | SGANARELLE |
Oui, sans doute, Nourrice, il les mérite : et il mériterait encore, que vous lui missiez quelque chose sur la tête, pour le punir des soupçons
qu'il a. |
Acte 3, sc. 3, SGANARELLE, phrase 1 |
265 | JACQUELINE |
Il est bien vrai que si je n'avais, devant les yeux, que son intérêt, il pourrait m'obliger à queuque étrange chose. |
Acte 3, sc. 3, JACQUELINE, phrase 1 |
266 | SGANARELLE |
C'est un homme, je vous le dis, qui mérite bien cela : et si j'étais assez heureux, belle Nourrice, pour être choisi pour... |
Acte 3, sc. 3, SGANARELLE, phrase 3 |
267 | LUCAS |
Et oui, de par tous les diantres, je l'ai vu, et ma femme aussi. |
Acte 3, sc. 4, LUCAS, phrase 1 |
268 | LUCAS |
Je ne sais : mais je voudrais qu'il fût à tous les guebles. |
Acte 3, sc. 4, LUCAS, phrase 1 |
269 | GÉRONTE |
Va-t'en voir un peu, ce que fait ma fille. |
Acte 3, sc. 4, GÉRONTE, phrase 1 |
270 | GÉRONTE |
Monsieur, je demandais où vous étiez ? |
Acte 3, sc. 5, GÉRONTE, phrase 2 |
271 | SGANARELLE |
Je m'étais amusé dans votre cour, à expulser le superflu de la boisson. |
Acte 3, sc. 5, SGANARELLE, phrase 1 |
272 | GÉRONTE |
Oui, mais en opérant, je crains qu'il ne l'étouffe. |
Acte 3, sc. 5, GÉRONTE, phrase 1 |
273 | SGANARELLE |
Ne vous mettez pas en peine : j'ai des remèdes qui se moquent de tout, et je l'attends à l'agonie. |
Acte 3, sc. 5, SGANARELLE, phrase 1 |
274 | SGANARELLE |
Allez-vous-en, Monsieur l'Apothicaire, tâter un peu son pouls, afin que je raisonne tantôt, avec vous, de sa maladie. |
Acte 3, sc. 6, SGANARELLE, phrase 2 |
275 | GÉRONTE |
Que je vous suis obligé, Monsieur, de cette guérison merveilleuse : et que puis-je faire pour vous, après un tel service ? |
Acte 3, sc. 6, GÉRONTE, phrase 4 |
276 | LUCINDE |
Oui, mon père, j'ai recouvré la parole : mais je l'ai recouvrée pour vous dire, que je n'aurai jamais d'autre époux que Léandre, et que c'est inutilement que vous voulez me donner Horace. |
Acte 3, sc. 6, LUCINDE, phrase 1 |
277 | GÉRONTE |
Mais... |
Acte 3, sc. 6, GÉRONTE, phrase 1 |
278 | LUCINDE |
Rien n'est capable d'ébranler la résolution que j'ai prise. |
Acte 3, sc. 6, LUCINDE, phrase 1 |
279 | LUCINDE |
Vous m'opposerez en vain de belles raisons. |
Acte 3, sc. 6, LUCINDE, phrase 1 |
280 | GÉRONTE |
Mais... |
Acte 3, sc. 6, GÉRONTE, phrase 1 |
281 | GÉRONTE |
J'ai... |
Acte 3, sc. 6, GÉRONTE, phrase 1 |
282 | LUCINDE |
Vous avez beau faire tous vos efforts. |
Acte 3, sc. 6, LUCINDE, phrase 1 |
283 | LUCINDE |
Mon coeur ne saurait se soumettre à cette tyrannie. |
Acte 3, sc. 6, LUCINDE, phrase 1 |
284 | LUCINDE |
Et je me jetterai plutôt dans un convent, que d'épouser un homme que je n'aime point. |
Acte 3, sc. 6, LUCINDE, phrase 1 |
285 | GÉRONTE |
Mais... |
Acte 3, sc. 6, GÉRONTE, phrase 1 |
286 | LUCINDE |
Point d'affaire. |
Acte 3, sc. 6, LUCINDE, phrase 3 |
287 | LUCINDE |
Je n'en ferai rien. |
Acte 3, sc. 6, LUCINDE, phrase 5 |
288 | GÉRONTE |
Quelle impétuosité de paroles, il n'y a pas moyen d'y résister, Monsieur, je vous prie de la faire redevenir muette. |
Acte 3, sc. 6, GÉRONTE, phrase 2 |
289 | SGANARELLE |
Tout ce que je puis faire pour votre service est de vous rendre sourd, si vous voulez. |
Acte 3, sc. 6, SGANARELLE, phrase 2 |
290 | LUCINDE |
Toutes vos raisons ne gagneront rien sur mon âme. |
Acte 3, sc. 6, LUCINDE, phrase 2 |
291 | LUCINDE |
J'épouserai plutôt la mort. |
Acte 3, sc. 6, LUCINDE, phrase 1 |
292 | SGANARELLE |
Mon_Dieu, arrêtez-vous, laissez-moi médicamenter cette affaire. |
Acte 3, sc. 6, SGANARELLE, phrase 1 |
293 | SGANARELLE |
C'est une maladie qui la tient, et je sais le remède qu'il y faut apporter. |
Acte 3, sc. 6, SGANARELLE, phrase 3 |
294 | GÉRONTE |
Serait-il possible, Monsieur, que vous pussiez, aussi, guérir cette maladie d'esprit ? |
Acte 3, sc. 6, GÉRONTE, phrase 1 |
295 | SGANARELLE |
Oui, laissez-moi faire, j'ai des remèdes pour tout : et notre apothicaire nous servira pour cette cure. |
Acte 3, sc. 6, SGANARELLE, phrase 1 |
296 | SGANARELLE |
Vous voyez que l'ardeur qu'elle a pour ce Léandre est tout à fait contraire aux volontés du père, qu'il n'y a point de temps à perdre, que les humeurs sont fort aigries, et qu'il est nécessaire de trouver promptement un remède à ce mal, qui pourrait empirer par le retardement. |
Acte 3, sc. 6, SGANARELLE, phrase 2 |
297 | SGANARELLE |
Peut-être fera-t-elle quelque difficulté à prendre ce remède : mais, comme vous êtes habile homme dans votre métier, c'est à vous de l'y résoudre, et de lui faire avaler la chose du mieux que vous pourrez. |
Acte 3, sc. 6, SGANARELLE, phrase 4 |
298 | SGANARELLE |
Allez-vous en lui faire faire un petit tour de jardin, afin de préparer les humeurs, tandis que j'entretiendrai ici son père : mais surtout, ne perdez point de temps. |
Acte 3, sc. 6, SGANARELLE, phrase 5 |
299 | GÉRONTE |
Il me semble que je ne les ai jamais, ouï nommer. |
Acte 3, sc. 7, GÉRONTE, phrase 2 |
300 | GÉRONTE |
Avez-vous jamais, vu une insolence pareille à la sienne ? |
Acte 3, sc. 7, GÉRONTE, phrase 1 |
301 | SGANARELLE |
La chaleur du sang, fait cela dans les jeunes esprits. |
Acte 3, sc. 7, SGANARELLE, phrase 1 |
302 | GÉRONTE |
Pour moi, dès que j'ai eu découvert la violence de cet amour, j'ai su tenir toujours ma fille renfermée. |
Acte 3, sc. 7, GÉRONTE, phrase 1 |
303 | SGANARELLE |
Vous avez fait sagement. |
Acte 3, sc. 7, SGANARELLE, phrase 1 |
304 | GÉRONTE |
Et j'ai bien empêché qu'ils n'aient eu communication ensemble. |
Acte 3, sc. 7, GÉRONTE, phrase 1 |
305 | GÉRONTE |
Il serait arrivé quelque folie, si j'avais souffert qu'ils se fussent vus. |
Acte 3, sc. 7, GÉRONTE, phrase 1 |
306 | GÉRONTE |
Et je crois qu'elle aurait été fille à s'en aller avec lui. |
Acte 3, sc. 7, GÉRONTE, phrase 1 |
307 | SGANARELLE |
C'est prudemment, raisonné. |
Acte 3, sc. 7, SGANARELLE, phrase 1 |
308 | GÉRONTE |
On m'avertit qu'il fait tous ses efforts pour lui parler. |
Acte 3, sc. 7, GÉRONTE, phrase 1 |
309 | GÉRONTE |
Mais il perdra son temps. |
Acte 3, sc. 7, GÉRONTE, phrase 1 |
310 | GÉRONTE |
Et j'empêcherai bien qu'il ne la voie. |
Acte 3, sc. 7, GÉRONTE, phrase 1 |
311 | SGANARELLE |
Il n'a pas affaire à un sot, et vous savez des rubriques qu'il ne sait pas plus fin que vous n'est pas bête. |
Acte 3, sc. 7, SGANARELLE, phrase 1 |
312 | LUCAS |
Ah paisanguenne, Monsieu, vaici bian du tintamarre, votre fille s'en est enfuie avec son Liandre, c'était lui qui était l'apothicaire, et velà Monsieu le Médecin, qui a fait cette belle opération-là. |
Acte 3, sc. 8, LUCAS, phrase 1 |
313 | GÉRONTE |
Allons, un, commissaire, et qu'on empêche qu'il ne sorte. |
Acte 3, sc. 8, GÉRONTE, phrase 3 |
314 | GÉRONTE |
Ah traître, je vous ferai punir par la justice. |
Acte 3, sc. 8, GÉRONTE, phrase 5 |
315 | MARTINE |
Mon_Dieu, que j'ai eu de peine à trouver ce logis : dites-moi un peu des nouvelles du médecin que je vous ai donné. |
Acte 3, sc. 9, MARTINE, phrase 2 |
316 | MARTINE |
Quoi, mon mari pendu, hélas et qu'a-t-il fait pour cela. |
Acte 3, sc. 9, MARTINE, phrase 1 |
317 | LUCAS |
Il a fait enlever la fille de notre maître. |
Acte 3, sc. 9, LUCAS, phrase 1 |
318 | MARTINE |
Mon cher mari, est-il bien vrai qu'on te va pendre ? |
Acte 3, sc. 9, MARTINE, phrase 2 |
319 | MARTINE |
Faut-il que tu te laisses mourir en présence de tant de gens ? |
Acte 3, sc. 9, MARTINE, phrase 1 |
320 | MARTINE |
Encore, si tu avais achevé de couper notre bois, je prendrais quelque consolation. |
Acte 3, sc. 9, MARTINE, phrase 1 |
321 | MARTINE |
Non, je veux demeurer pour t'encourager à la mort : et je ne te quitterai point, que je ne t'aie vu pendu. |
Acte 3, sc. 9, MARTINE, phrase |
322 | GÉRONTE |
Le Commissaire viendra bientôt, et l'on s'en va vous mettre en lieu, où l'on me répondra de vous. |
Acte 3, sc. 10, GÉRONTE, phrase 1 |
323 | GÉRONTE |
Mais que vois-je. |
Acte 3, sc. 10, GÉRONTE, phrase 2 |
324 | LÉANDRE |
Monsieur, je viens faire paraître Léandre à vos yeux, et remettre Lucinde en votre pouvoir, nous avons eu dessein de prendre la fuite nous deux, et de nous aller marier ensemble : mais cette entreprise a fait place à un procédé plus honnête : je ne prétends point vous voler votre fille, et ce n'est que de votre main que je veux la recevoir : ce que je vous dirai, Monsieur, c'est que je viens tout à l'heure de recevoir des lettres par où j'apprends que mon oncle est mort, et que je suis héritier de tous ses biens. |
Acte 3, sc. 11, LÉANDRE, phrase 1 |
325 | GÉRONTE |
Monsieur, votre vertu m'est tout à fait considérable, et je vous donne ma fille, avec la plus grande joie du monde. |
Acte 3, sc. 11, GÉRONTE, phrase 1 |
326 | MARTINE |
Puisque tu ne seras point pendu, rends-moi grâce d'être médecin : car c'est moi qui t'ai procuré cet honneur. |
Acte 3, sc. 11, MARTINE, phrase 1 |
327 | SGANARELLE |
Oui, c'est toi qui m'as procuré je ne sais combien de coups de bâton. |
Acte 3, sc. 11, SGANARELLE, phrase 1 |
328 | SGANARELLE |
Soit, je te pardonne ces coups de bâton, en faveur de la dignité où tu m'as élevé : mais prépare-toi désormais à vivre dans un grand respect avec un homme de ma conséquence, et songe que la colère d'un médecin est plus à craindre qu'on ne peut croire. |
Acte 3, sc. 11, SGANARELLE, phrase 1 |