Occurences de l'expression

Se

dans LE DIVORCE de REGNARD, Jean-Francois (1688)

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 Personnage  Vers ou phrase Localisation
ARLEQUIN Cela est de la dernière impertinence, de se trouver mal quand il faut gagner de l'argent. Prologue, sc. 1, ARLEQUIN, phrase 3
ARLEQUIN Que voulez-vous que je fasse de tout ce monde-là ? Prologue, sc. 1, ARLEQUIN, phrase 4
ARLEQUIN Nous ne pouvons pas jouer la comédie aujourd'hui ; voilà notre portier qui vient de se trouver mal, et Pantalon, qui devait faire un rôle de Patrocle, est indisposé. Prologue, sc. 1, ARLEQUIN, phrase 2
MERCURE Terminez vos regrets, que votre douleur cesse ; Prologue, sc. 2, v. 1
MERCURE Dans votre sort Jupiter s'intéresse, Prologue, sc. 2, v. 2
ARLEQUIN Tout doucement, Monsieur Jupiter ; ne choquons point le parterre, s'il vous plaît ; nous en avons besoin : cela ne se gouverne pas comme votre tête. Prologue, sc. 3, ARLEQUIN, phrase 2
ARLEQUIN Monsieur Jupiter, si vous vouliez me laisser votre monture, je la ferais mettre à la daube : aussi bien les dieux de l'opéra, qui sont bien montés quand ils viennent, s'en retournent toujours à pied. Prologue, sc. 3, ARLEQUIN, phrase 1
MEZZETIN Je le sais bien ; j'étais la chambre de madme votre soeur quand son mari, monsieur Sotinet, mon maître et votre beau-frère, la surprit comme elle vous écrivait la dernière lettre que vous avec reçue d'elle, où elle vous mande de venir au plus tôt à Paris, afiun de prendre des mesures avec vous pour se mettre à couvert du chagrin que son vieux mari lui fait tous les jours. Acte 1, sc. 1, MEZZETIN, phrase 1
AURELIO T'assicurio, Mezzetino, ch'il matrimonio di mia sorella con Sotinetto non è stato mai mio gusto ; e se ne fossi stato creduto, egli non si sarreba mai conchiuso. Acte 1, sc. 1, AURELIO, phrase 1
10 MEZZETIN Mais quand on ne peut pas changer sa condition, et qu'elle est mauvaise, il faut tâcher de l'adoucir autant qu'il est possible. Acte 1, sc. 1, MEZZETIN, phrase 2
11 AURELIO Ma per addolcir la stato de mia sorella, io non veda altro mezzo, ch'une bonissima separazione. Acte 1, sc. 1, AURELIO, phrase 2
12 MEZZETIN D'accord ; et c'est à quoi il faudrait songer, si vous aviez de ce qui se touche. Acte 1, sc. 1, MEZZETIN, phrase 1
13 MEZZETIN Mais malheureusement mais vous êtes gueux comme un rat, et il y a longtemps que votre noblesse serait tombée par terre, si la roture ne l'avait soutenue. Acte 1, sc. 1, MEZZETIN, phrase 2
14 MEZZETIN Mais laissez-moi faire : si votre soeur consent à la séparation, je m'engage, moi, de faire toruver tout l'argent qu'il faudra pour l'obtenir ; et si , je veux que ce soit mon maître qui le fournisse. Acte 1, sc. 1, MEZZETIN, phrase 3
15 MEZZETIN J'ai une dent contre lui, pour certains coups de bâton qu'il me donna une fois, à cause qu'il me surprit à la cave avec la servante du logis. Acte 1, sc. 1, MEZZETIN, phrase 2
16 AURELIO E che cosa facevi in cantina con la serva ? Acte 1, sc. 1, AURELIO, phrase 1
17 AURELIO Orsù, vado a trovar mia sorella ; farò il possibile per resolverla a separarsi da suo marito. Acte 1, sc. 1, AURELIO, phrase 1
18 MEZZETIN Serviteur, monsieur. Acte 1, sc. 1, MEZZETIN, phrase 1
19 MEZZETIN Que je pense de jolis tours pour délivrer ma maîtresse des mains de son vieux mari ! Acte 1, sc. 1, MEZZETIN, phrase 3
20 MEZZETIN Si mon cher ami Arlequin était encore au monde, c'est là justement l'homme qu'il ma faudrait ; mais le pauvre garçon s'est avisé de se faire pendre, et ... Acte 1, sc. 1, MEZZETIN, phrase 5
21 ARLEQUIN Il me semble... Acte 1, sc. 2, ARLEQUIN, phrase 1
22 MEZZETIN Tu arrives fort à propos pour rendre service à Monsieur Aurélio, dans une affaire de conséquence. Acte 1, sc. 2, MEZZETIN, phrase 3
23 ARLEQUIN Celui qui a tant de noblesse, et qui n'a jamais le sou ? Acte 1, sc. 2, ARLEQUIN, phrase 2
24 MEZZETIN Lui-même : il est aussi gueux à présent comme il était du temps que tu le servais. Acte 1, sc. 2, MEZZETIN, phrase 1
25 ARLEQUIN Tant pis ; car je ne suis pas aussi sot que je l'ai été, moi ; et je ne m'emploierai jamais pour qui que ce soit, qu'auparavant je ne sois assuré de la récompense. Acte 1, sc. 2, ARLEQUIN, phrase 1
26 MEZZETIN Va, va, le seigneur Aurélio est honnête homme. Acte 1, sc. 2, MEZZETIN, phrase 1
27 MEZZETIN Sers-le bien, et ne te mets point en peine ; tes gages te seront bien payés ; et si l'affaire que j'ai en tête réussit, je te réponds d'une bonne récompense. Acte 1, sc. 2, MEZZETIN, phrase 2
28 MEZZETIN Mais tire-moi d'un doute : il a couru un bruit que tu avais été pendu, et je te croyais déjà bien sec. Acte 1, sc. 2, MEZZETIN, phrase 3
29 ARLEQUIN Tu sais bien que j'ai toujours aimé les grandes choses : dès le temps même que nous avions l'honneur de servir ensemble le roi sur ses galères... Acte 1, sc. 2, ARLEQUIN, phrase 2
30 ARLEQUIN Je n'eus pas plus tôt quitté la rame, que je me jetai malheureusement dans les médailles. Acte 1, sc. 2, ARLEQUIN, phrase 1
31 ARLEQUIN Non, dans les médailles ; c'est-à-dire que quand je n'avais rien à faire, pour me désennuyer, je m'amusais à mettre le portrait du roi sur des pièces de cuivre, que je couvrais d'argent, et que je donnais à mes amis pour du pain, du vin, de la viande, et autres choses nécessaires : mais comme il y a toujours des envieux dans le monde (voyez, je vous prie, comme on empoisonne les plus belles actions de la vie !), on fut dire à la justice que je me mêlais de faire de la fausse-monnaie. Acte 1, sc. 2, ARLEQUIN, phrase 1
32 ARLEQUIN Ces messieurs montèrent donc dans ma chambre, et, le plus honnêtement du monde, me prièrent, de la part de la justice, de lui aller parler tout-à-l'heure ; qu'il y avait un carrosse à la porte, qui m'attendait. Acte 1, sc. 2, ARLEQUIN, phrase 1
33 ARLEQUIN Et moi, j'eus beau dire que j'avais affaire, que je ne pouvais pas sortir, que j'irais une autre fois, il me fut impossible de résister aux honnêtetés et aux empressements de ces messieurs-là. Acte 1, sc. 2, ARLEQUIN, phrase 1
34 MEZZETIN Aux honnêtetés des pousse-culs. Acte 1, sc. 2, MEZZETIN, phrase
35 ARLEQUIN L'un m'avait pris par un bras, aussi m'avait fait l'autre, en me disant le plus obligeamment du monde : "Oh ! Puisque nous avons été assez heureux que de vous trouver, vous ne nous échapperez pas, et nous aurons le plaisir de vous emmener avec nous" ; et à force de civilités, ils m'entraînèrent dans leur carrosse, et me conduisirent à la justice. Acte 1, sc. 2, ARLEQUIN, phrase 2
36 ARLEQUIN D'abord que je fus arrivé, on me présenta à cinq ou six visages vénérables, qui étaient assis sur des fleurs-de-lis. Acte 1, sc. 2, ARLEQUIN, phrase 3
37 MEZZETIN Et ces messieurs ne vous prièrent-ils point de vous asseoir ? Acte 1, sc. 2, MEZZETIN, phrase 2
38 ARLEQUIN À quoi je répondis fort modestement : oui, monsieur, pour vous rendre mes très humbles services. Acte 1, sc. 2, ARLEQUIN, phrase 3
39 ARLEQUIN Vous êtes un honnête homme, ajouta-t-il ; tout-à-l'heure nous allons parler à vous ; asseyez-vous toujours en attendant. Acte 1, sc. 2, ARLEQUIN, phrase 4
40 MEZZETIN Et où t'asseoir ? Acte 1, sc. 2, MEZZETIN, phrase 1
41 ARLEQUIN Sur une petite chaise de bois qu'on avait mise à côté de moi. Acte 1, sc. 2, ARLEQUIN, phrase 2
42 ARLEQUIN Je leur répliquai qu'oui, que je leur demandais excuse si je ne faisais pas aussi bien que je l'aurais souhaité ; mais que j'avais grande envie de travailler, et qu'avec le temps, j'espérais devenir plus habile. Acte 1, sc. 2, ARLEQUIN, phrase 4
43 ARLEQUIN Je remarquai que mon discours les avait réjouis ; mais cela n'empêcha pas qu'ils ne me condamnassent sur l'heure à être pendu et étranglé à la Croix Du Trahoir. Acte 1, sc. 2, ARLEQUIN, phrase 2
44 ARLEQUIN Quand j'entendis qu'on m'allait pendre, je commençai à crier : mais, messieurs, vous n'y pensez pas. Acte 1, sc. 2, ARLEQUIN, phrase 1
45 ARLEQUIN Aussi y eurent-ils beaucoup d'égard ; et, pour faire les choses dans l'ordre, ils me firent expédier une dispense d'âge. Acte 1, sc. 2, ARLEQUIN, phrase 1
46 ARLEQUIN Je dis que non, et que cela pourrait par la suite me donner la gravelle ; je priai seulement les archers de me laisser boire à la fontaine. Acte 1, sc. 2, ARLEQUIN, phrase 6
47 ARLEQUIN On se range en haie ; je m'approche de la fontaine ; je donne un coup d'oeil autour de moi, et zest, je m'élance la tête en avant dans le robinet de la fontaine. Acte 1, sc. 2, ARLEQUIN, phrase 7
48 ARLEQUIN Du robinet de la fontaine, je descendis dans la Seine ; de là, je fus à la nage jusqu'au Havre-de-Grace ; au Havre-de-Grace, je m'embarquai pour les Indes, d'où me voilà présentement de retour ; et voici mon histoire achevée. Acte 1, sc. 2, ARLEQUIN, phrase 9
49 ARLEQUIN Je le fais exprès pour épargner les semelles. Acte 1, sc. 2, ARLEQUIN, phrase 1
50 MEZZETIN Mon maître m'a ordonné tantôt de lui amener un barbier : il ne faut pas manquer cette occasion pour lui voler sa bourse ; elle servira à mettre nos affaires en train. Acte 1, sc. 3, MEZZETIN, phrase 2
51 SOTINET Animal, c'est tout le contraire : je te dis de ne laisser entrer personne pour voir ma femme, et de fermer la porte au nez de tous ceux qui se présenteront. Acte 1, sc. 4, SOTINET, phrase 1
52 PIERROT Ne savez-vous pas bien qu'un vieux mari est comme ces arbres qui ne portent point de bons fruits, et qui ne servent que d'ombre ? Acte 1, sc. 4, PIERROT, phrase 4
53 ARLEQUIN On m'a dit, monsieur, que vous aviez besoin d'un homme de ma profession ; je viens vous offrir mes services. Acte 1, sc. 5, ARLEQUIN, phrase 1
54 ARLEQUIN Ne vous mettez pas en peine, monsieur ; dans deux petites heures votre affaire sera faite. Acte 1, sc. 5, ARLEQUIN, phrase 1
55 ARLEQUIN Que cela ne vous étonne pas : j'ai bien été trois mois entiers après une barbe, et tandis que je rasais d'un côté, le poil revenait de l'autre : mais présentement je suis plus habile ; vous allez voir. Acte 1, sc. 5, ARLEQUIN, phrase 2
56 ARLEQUIN Ma foi, je vous demande pardon : l'empressement de vous raser m'a fait prendre mon manteau pour votre linge à barbe. Acte 1, sc. 5, ARLEQUIN, phrase 2
57 ARLEQUIN Venez, maître Jacques, repassez-moi ce rasoir pour faire la barbe à monsieur. Acte 1, sc. 5, ARLEQUIN, phrase 2
58 MEZZETIN La bourse est de ce côté-ci ; ne la manque pas. Acte 1, sc. 5, MEZZETIN, phrase 1
59 ARLEQUIN Tenez-vous donc, si vous voulez ; croyez-vous que je n'aie que vous à raser ? Acte 1, sc. 5, ARLEQUIN, phrase 2
60 SOTINET Au secours ! Acte 1, sc. 5, SOTINET, phrase 3
61 SOTINET Il faut filer doux ; ce coquin-là le ferait comme il le dit : il a une mauvaise physionomie. Acte 1, sc. 5, SOTINET, phrase 1
62 ARLEQUIN Limousin, monsieur, pour vous rendre service. Acte 1, sc. 5, ARLEQUIN, phrase 1
63 ARLEQUIN J'étais auparavant tailleur de pierres ; et comme on disait que j'avais beaucoup de légèreté dans la main, je crus que je serais plus propre à ce métier-ci. Acte 1, sc. 5, ARLEQUIN, phrase 2
64 SOTINET Il me semble que vous avez la main gauche bien plus légère que la droite. Acte 1, sc. 5, SOTINET, phrase 1
65 ARLEQUIN Ce sont de petits talents qu'on reçoit de la nature, et dont un honnête homme ne doit pas se glorifier. Acte 1, sc. 5, ARLEQUIN, phrase 3
66 SOTINET Mais vous avez quelque chose ? Acte 1, sc. 5, SOTINET, phrase 2
67 ISABELLE Mais il faut qu'on ait perdu l'esprit, de faire un tintamarre semblable dans mon antichambre ! Acte 1, sc. 6, ISABELLE, phrase 4
68 COLOMBINE Et de quoi vous embarrassez-vous de votre teint ? Acte 1, sc. 6, COLOMBINE, phrase 3
69 COLOMBINE Que ne me laissez-vous faire ? Acte 1, sc. 6, COLOMBINE, phrase 5
70 ISABELLE Tu me mets au désespoir. Acte 1, sc. 6, ISABELLE, phrase 3
71 ISABELLE Crois-tu que je puisse me résoudre à donner tous les jours un habit neuf à mes appas ? Acte 1, sc. 6, ISABELLE, phrase 4
72 ISABELLE J'ai une conscience si délicate, que je me reprocherais les conquêtes qui ne se seraient pas faites de bonne guerre, et je crois que je mourrais de honte d'avoir dix années de plus que mon visage. Acte 1, sc. 6, ISABELLE, phrase 5
73 COLOMBINE Bon, bon, mademoiselle, vous avez là un plaisant scrupule ; la beauté que l'on achète n'est-elle pas à soi ? Acte 1, sc. 6, COLOMBINE, phrase 1
74 COLOMBINE Qu'importe que vos joues portent les couleurs d'un marchand ou les vôtres, pourvu que cela vous fasse honneur ? Acte 1, sc. 6, COLOMBINE, phrase 2
75 ISABELLE Les femmes ne sont-elles pas assez déguisées sans se masquer encore ? Acte 1, sc. 6, ISABELLE, phrase 2
76 COLOMBINE Par ma foi, voilà une belle délicatesse de sentiments. Acte 1, sc. 6, COLOMBINE, phrase 2
77 COLOMBINE Il n'y a plus que le rouge qui se met à la toilette qui marque la pudeur des femmes d'aujourd'hui ; elles ne rougiraient jamais sans cela. Acte 1, sc. 6, COLOMBINE, phrase 3
78 COLOMBINE Et que serait-ce donc, madame, s'il vous fallait peler avec de certaines eaux, comme la dernière maîtresse que je servais, qui changeait tous les six mois de peau. Acte 1, sc. 6, COLOMBINE, phrase 4
79 COLOMBINE Si je l'ai vu ? C'étoit moi qui faisois l'opération ; elle me faisait prendre la peau de son front, que je tirais de toute ma force ; elle criait comme un beau diable, et moi je riais comme une folle ; il me semblait habiller un levraut : mais ce qui est de meilleur, c'est qu'elle portait toujours sur elle, dans une boîte, la peau de son dernier visage calcinée, et disait qu'il n'y avait rien de si bon pour les élevures et les bourgeons. Acte 1, sc. 6, COLOMBINE, phrase 1
80 UN LAQUAIS Mademoiselle, voilà un homme qui demande à vous parler. Acte 1, sc. 6, UN LAQUAIS, phrase 1
81 ISABELLE Qu'on le fasse entrer. Acte 1, sc. 6, ISABELLE, phrase 1
82 TROTENVILLE Je crois, mademoiselle, que vous n'avez pas l'honneur de me connaître ; mais quand vous saurez que je m'appelle Monsieur De La Gavotte, sieur de Trotenville, vous devinerez aisément que je suis maître à danser. Acte 1, sc. 7, TROTENVILLE, phrase 1
83 ISABELLE Votre nom, monsieur, est assez connu dans Paris ; et j'espère devenir une bonne écolière, ayant pour maître le plus habile homme du métier. Acte 1, sc. 7, ISABELLE, phrase 1
84 TROTENVILLE Vous mettez ma modestie hors de cadence ; et quand on n'a, comme moi, qu'un mérite léger et cabriolant, pour peu qu'on l'élève par des louanges un peu fortes, il court risque, en tombant, de se casser le cou. Acte 1, sc. 7, TROTENVILLE, phrase 3
85 ISABELLE Il est vrai que voilà une pensée qui est tout-à-fait bien mise en oeuvre ; c'est un brillant. Acte 1, sc. 7, ISABELLE, phrase 1
86 TROTENVILLE Pour de l'esprit, mademoiselle, les gens de notre profession en regorgent. Acte 1, sc. 7, TROTENVILLE, phrase 1
87 TROTENVILLE Je sors présentement de chez la femme d'un élu, où je me suis fait admirer par mon esprit ; j'ai deviné une énigme du Mercure galant. Acte 1, sc. 7, TROTENVILLE, phrase 5
88 TROTENVILLE Vous savez, madame, que c'est là présentement la pierre de touche du bel-esprit. Acte 1, sc. 7, TROTENVILLE, phrase 6
89 COLOMBINE Pour vous, monsieur, vous n'avez pas besoin que l'on imprime le vôtre, pour faire connoître votre mérite au public ; on sait assez que vous êtes l'honneur de l'escarpin. Acte 1, sc. 7, COLOMBINE, phrase 4
90 TROTENVILLE J'avais autrefois un carrosse à un cheval ; mais mes amis m'ont conseillé de changer de voiture, afin de ne pas causer une erreur dans le public, qui prend souvent, dans cet équipage-là, un maître à danser pour un lévrier d'Hippocrate. Acte 1, sc. 7, TROTENVILLE, phrase 1
91 COLOMBINE Vous devriez bien avoir un carrosse à deux chevaux : depuis que l'on ne joue plus, il y a tant de chevaliers qui en ont à vendre. Acte 1, sc. 7, COLOMBINE, phrase 1
92 TROTENVILLE Est-ce que vous ne savez pas " qu'un tendre engagement va plus loin qu'on ne pense ? " Acte 1, sc. 7, TROTENVILLE, phrase 2
93 TROTENVILLE C'est une fureur, mademoiselle, et toutes les coquettes s'en plaignent hautement, et disent que l'opéra leur enlève les meilleures pratiques, et qu'elles sont ruinées de fond en comble. Acte 1, sc. 7, TROTENVILLE, phrase 11
94 TROTENVILLE Là, là, donnez-vous patience ; on leur fera peut-être tout rendre : mais cependant elles usent en toute rigueur de leurs privilèges ; et un amant qui n'exprime son amour qu'avec des fontanges et des bas de soie, se morfond dix ans derrière leur porte. Acte 1, sc. 7, TROTENVILLE, phrase 2
95 COLOMBINE Ho bien, monsieur, nous la verrons une autre fois ; mais présentement je vous prie de danser un menuet avec moi. Acte 1, sc. 7, COLOMBINE, phrase 1
96 TROTENVILLE Tel que vous le voyez, il n'y a point d'homme au monde qui gourmande une chanterelle comme lui ; il ferait danser, s'il l'avait entrepris, tous les invalides et leur hôtel. Acte 1, sc. 7, TROTENVILLE, phrase 2
97 TROTENVILLE Que dites-vous de ma danse ? Acte 1, sc. 7, TROTENVILLE, phrase 2
98 TROTENVILLE Ne voulez-vous point que j'aie l'honneur de danser avec vous ? Acte 1, sc. 7, TROTENVILLE, phrase 1
99 ISABELLE Pour aujourd'hui, monsieur, il n'y a pas moyen ; je suis d'une fatigue, cela ne se conçoit pas. Acte 1, sc. 7, ISABELLE, phrase 1
100 TROTENVILLE C'est bon pour les maîtres à danser fantassins. Acte 1, sc. 7, TROTENVILLE, phrase 2
101 TROTENVILLE On me donne une marque chaque visite ; et je veux vous montrer quel a été le travail de cette semaine. Acte 1, sc. 7, TROTENVILLE, phrase 3
102 TROTENVILLE Qu'on m'apporte ma valise. Acte 1, sc. 7, TROTENVILLE, phrase 5
103 TROTENVILLE C'est le travail d'une semaine ; et si, ce que je vous montre-là, c'est de l'argent comptant. Acte 1, sc. 7, TROTENVILLE, phrase 2
104 TROTENVILLE Il est vrai ; mais dans ce temps-là les maîtres à danser n'étaient pas obligés d'être dorés dessus et dessous, comme à présent ; et une paire de galoches était la voiture qui les menait par toute la ville. Acte 1, sc. 7, TROTENVILLE, phrase 1
105 TROTENVILLE Mais présentement on ne nous regarde pas, si nous n'avons le cheval et le laquais. Acte 1, sc. 7, TROTENVILLE, phrase 2
106 COLOMBINE Mademoiselle, voilà votre maître à chanter, Monsieur Amilaré-Bécarre. Acte 1, sc. 7, COLOMBINE, phrase 2
107 TROTENVILLE Très volontiers, madame ; cela me fera bien du plaisir : car tel que vous me voyez, je suis à deux mains, et je chante aussi bien que je danse. Acte 1, sc. 7, TROTENVILLE, phrase 1
108 TROTENVILLE Ne dirait-on pas que ce serait là un siamois échappé d'un écran ? Acte 1, sc. 8, TROTENVILLE, phrase 3
109 ISABELLE Je suis ravi, messieurs, que vous vous trouviez ensemble. Acte 1, sc. 8, ISABELLE, phrase 1
110 TROTENVILLE Voilà une voix d'un assez beau métal ; cela n'est pas mal. Acte 1, sc. 8, TROTENVILLE, phrase 2
111 COLOMBINE Il faut se jeter par les fenêtres, quand on a entendu chanter ainsi. Acte 1, sc. 8, COLOMBINE, phrase 2
112 TROTENVILLE Voyez-vous, mademoiselle, je ne suis point de ces gens qui louent à plein tuyau. Acte 1, sc. 8, TROTENVILLE, phrase 3
113 TROTENVILLE Un homme comme moi, qui a été toute sa vie nourri de dièses et de bémols, est diablement délicat en musique. Acte 1, sc. 8, TROTENVILLE, phrase 4
114 AMILARE Ce sont des dièses, pour montrer que c'est un a mi la ré bécarre. Acte 1, sc. 8, AMILARE, phrase 1
115 AMILARE Je ne compose jamais que sur ce ton, et c'est pour cela que j'en porte le nom. Acte 1, sc. 8, AMILARE, phrase 2
116 TROTENVILLE Vous composez donc toujours sur ce ton-là ? Acte 1, sc. 8, TROTENVILLE, phrase 2
117 TROTENVILLE Croyez-vous, mon ami, que la musique m'embarrasse ? Acte 1, sc. 8, TROTENVILLE, phrase 2
118 TROTENVILLE Est-ce que je ne vois pas bien qu'il faut marquer là une dissonance, et que l'octave s'entrechoquant avec l'unisson, vient à former un dièse bémol. Acte 1, sc. 8, TROTENVILLE, phrase 3
119 TROTENVILLE Je vous apprendrai à insulter ainsi la croche française. Acte 1, sc. 8, TROTENVILLE, phrase 3
120 ARLEQUIN J'ai fait le barbier ; j'ai volé la bourse ; il y avait cent louis d'or dedans ; vous m'en avez promis dix : je prétends les avoir, ou je ne me mêle plus de rien. Acte 2, sc. 1, ARLEQUIN, phrase 3
121 MEZZETIN Je te les ai promis, et tu les auras ; et de plus, je te promets de te faire épouser Colombine ; mais il faut faire encore une petite fourberie. Acte 2, sc. 1, MEZZETIN, phrase 2
122 ARLEQUIN Pour épouser Colombine, j'en ferais cinquante, des fourberies. Acte 2, sc. 1, ARLEQUIN, phrase 1
123 MEZZETIN Tiens-toi un peu en repos, et laisse-moi rêver au moyen de t'introduire chez Monsieur Sotinet, pour rendre cette lettre à Isabelle. Acte 2, sc. 1, MEZZETIN, phrase 2
124 MEZZETIN Laissez-moi en repos. Acte 2, sc. 1, MEZZETIN, phrase
125 MEZZETIN Laisse-moi songer en repos. Acte 2, sc. 1, MEZZETIN, phrase
126 MEZZETIN Si vous ôtez vos mains de là, vous n'épouserez point Colombine. Acte 2, sc. 1, MEZZETIN, phrase 1
127 ARLEQUIN Et y dansera-t-on, à la noce ? Acte 2, sc. 1, ARLEQUIN, phrase 1
128 MEZZETIN On y dansera ; oui, bourreau. Acte 2, sc. 1, MEZZETIN, phrase 1
129 ARLEQUIN On dansera à ma noce, et je danserai avec Colombine ! Acte 2, sc. 1, ARLEQUIN, phrase 1
130 MEZZETIN Nous verrons un peu à présent si vous vous tiendrez en repos. Acte 2, sc. 1, MEZZETIN, phrase 1
131 MEZZETIN Tiens, voilà le pot-de-chambre ; puisses-tu pisser la parole ! Acte 2, sc. 1, MEZZETIN, phrase 1
132 ARLEQUIN Ma chère Colombine, que je t'embrasse, mon petit coeur, m'amour. Acte 2, sc. 1, ARLEQUIN, phrase 2
133 MEZZETIN Si tu remues à présent, ou que tu parles, nous allons voir beau jeu. Acte 2, sc. 1, MEZZETIN, phrase 1
134 SOTINET Et pourquoi faut-il que j'aie tous les jours la tête rompue de vos folles dépenses, qui me mènent à l'hôpital ? Acte 2, sc. 2, SOTINET, phrase 4
135 ISABELLE J'aime assez vos airs de reproches ! Acte 2, sc. 2, ISABELLE, phrase 3
136 ISABELLE Sachez, s'il vous plaît, monsieur, qu'un homme comme vous, qui a épousé une fille de qualité comme moi, est trop heureux quand elle veut bien s'abaisser à porter son nom. Mon mérite n'est-il pas bien soutenu d'avoir pour piédestal le nom de Monsieur Sotinet ! Acte 2, sc. 2, ISABELLE, phrase 6
137 ISABELLE Je sens un soulèvement de coeur, quand j'entends seulement prononcer le nom de Monsieur Sotinet. Acte 2, sc. 2, ISABELLE, phrase 10
138 COLOMBINE Je connais un homme qui s'appelle Monsieur Josset, et sa femme se fait appeler la Marquise de Bas-Aloi. Acte 2, sc. 2, COLOMBINE, phrase 3
139 SOTINET Taisez-vous, impertinente ; on ne vous parle pas. Acte 2, sc. 2, SOTINET, phrase 1
140 SOTINET Vous n'êtes pas plus sage que votre maîtresse. Acte 2, sc. 2, SOTINET, phrase 3
141 ISABELLE Pourquoi voulez-vous qu'elle se taise, quand elle a raison ? Acte 2, sc. 2, ISABELLE, phrase 1
142 ISABELLE Ne sait-on pas assez dans le monde l'honneur que je vous ai fait, quand je vous ai épousé ? Acte 2, sc. 2, ISABELLE, phrase 2
143 COLOMBINE Madame parle comme un oracle ; toutes les paroles qu'elle dit sont des sentences que toutes les femmes devraient apprendre par coeur. Acte 2, sc. 2, COLOMBINE, phrase 1
144 SOTINET On n'entend parler d'autre chose que de votre jeu et de vos dépenses. Acte 2, sc. 2, SOTINET, phrase 2
145 SOTINET Mais j'empêcherai bien que cela ne dure, et je veux que tu sortes tout présentement de chez moi. Acte 2, sc. 2, SOTINET, phrase 4
146 SOTINET Je ne pourrai pas mettre dehors une coquine de servante quand il me plaira ? Acte 2, sc. 2, SOTINET, phrase 1
147 SOTINET Je ne veux pas que tu m'aimes, moi ; je veux que tu me haïsses. Acte 2, sc. 2, SOTINET, phrase 1
148 COLOMBINE Il m'est impossible ; je sens pour vous une tendresse... Acte 2, sc. 2, COLOMBINE, phrase 1
149 ISABELLE Je vous prie, monsieur, de vous en aller dans votre appartement, et de me laisser en repos dans le mien. Acte 2, sc. 2, ISABELLE, phrase 4
150 COLOMBINE Hé ! Monsieur, retirez-vous ; voilà madame qui trépasse, et je la garantis morte, si vous ne décampez tout-à-l'heure. Acte 2, sc. 2, COLOMBINE, phrase 1
151 ISABELLE À te dire vrai, Colombine, je suis bien lasse de la vie que je mène. Acte 2, sc. 3, ISABELLE, phrase 1
152 COLOMBINE Est-ce là ce qui vous embarrasse ? Acte 2, sc. 3, COLOMBINE, phrase 3
153 COLOMBINE On se démarie aussi facilement qu'on se marie ; et je savais toujours bien, moi, que tôt ou tard il en fallait venir là ; il n'y avait pas de raison autrement. Acte 2, sc. 3, COLOMBINE, phrase 5
154 COLOMBINE Vous en aurez menti, messieurs les maris ; et quand il n'y auroit que moi, j'y brûlerai mes livres, ou cela sera autrement. Acte 2, sc. 3, COLOMBINE, phrase 8
155 ISABELLE Je voudrais, Colombine, que tu fusses mariée ; tu verrais si c'est une chose si aisée que d'aimer un mari. Acte 2, sc. 3, ISABELLE, phrase 3
156 ISABELLE Je dois aller passer l'après-dînée chez la marquise : viens achever de m'habiller dans mon cabinet. Acte 2, sc. 3, ISABELLE, phrase 3
157 LE CHEVALIER Un dévoiement, madame, causé à ma bourse par les fréquentes crudités d'une fortune indigeste, m'a obligé d'avoir recours au remède astringent d'un petit billet payable au porteur, que j'apportais à monsieur votre époux ; mais n'y étant pas, j'ai cru qu'un homme de ma qualité pouvait entrer de volée chez les dames, et que vous ne seriez pas fâchée de connaître le chevalier De Fondsec. Acte 2, sc. 4, LE CHEVALIER, phrase 1
158 ISABELLE Je suis ravie, monsieur, de l'honneur que je reçois ; mais je voudrais que ce ne fût pas une suite de votre malheur, et devoir à ma bonne fortune, et non pas à votre mauvaise, la visite que je reçois : mais il faut espérer que vous serez plus heureux. Acte 2, sc. 4, ISABELLE, phrase 1
159 ISABELLE Monsieur le chevalier voudra bien passer toute l'après-dînée avec nous ? Acte 2, sc. 4, ISABELLE, phrase 1
160 LE CHEVALIER À cinq heures et un quart, chez la comtesse qui m'a envoyé cette épée d'or. Acte 2, sc. 4, LE CHEVALIER, phrase 4
161 LE CHEVALIER Vouloir que je rende une visite pour une épée qui ne pèse que soixante louis ! Acte 2, sc. 4, LE CHEVALIER, phrase 4
162 LE CHEVALIER Ma foi, cette visite-là se peut remettre. Acte 2, sc. 4, LE CHEVALIER, phrase 8
163 LE LAQUAIS Ils font un bruit de diable ; ils disent qu'il y a trois jours qu'ils n'ont mangé. Acte 2, sc. 5, LE LAQUAIS, phrase 1
164 LE CHEVALIER Madame, voyez là-bas s'il y a quelque chose de reste, et qu'on leur donne seulement pour les empêcher de crier. Acte 2, sc. 5, LE CHEVALIER, phrase 1
165 COLOMBINE Il faut dire la vérité ; monsieur le chevalier est d'un bon naturel : il ôterait volontiers le morceau de sa bouche pour le donner à ses gens. Acte 2, sc. 6, COLOMBINE, phrase 1
166 LE CHEVALIER C'est une commission que de me servir. Acte 2, sc. 6, LE CHEVALIER, phrase 2
167 LE CHEVALIER Je le crois, vraiment ; au bout de trois ans je leur donne congé pour récompense. Acte 2, sc. 6, LE CHEVALIER, phrase 1
168 COLOMBINE Je ne sais, madame, ce que vous voulez faire ; mais je vous avertis que monsieur a enfermé une roue du carrosse dans son cabinet, pour vous empêcher de sortir. Acte 2, sc. 8, COLOMBINE, phrase 1
169 ISABELLE Nous irons dans le carrosse de monsieur le chevalier. Acte 2, sc. 8, ISABELLE, phrase 2
170 LE CHEVALIER Cela ne se peut pas, madame ; mon cocher s'en sert : c'est que je lui donne mon carrosse un jour la semaine pour ses gages ; c'est aujourd'hui son jour, et il l'a loué à des dames qui sont allées au bois de Boulogne. Acte 2, sc. 8, LE CHEVALIER, phrase 1
171 COLOMBINE Si madame veut aller à l'opéra, je trouverai bien un carrosse. Acte 2, sc. 8, COLOMBINE, phrase 2
172 ISABELLE Peut-on revenir à la demi-Hollande, quand on s'est si longtemps servi de batiste ? Acte 2, sc. 8, ISABELLE, phrase 3
173 ISABELLE J'y allai dès deux heures à la première représentation ; j'eus tout le temps de m'ennuyer avant que l'on commençât ; mais ce fut bien pis, quand on eut une fois commencé. Acte 2, sc. 8, ISABELLE, phrase 4
174 LE CHEVALIER Ces gens-là ne jouent que de vilaines choses. Acte 2, sc. 9, LE CHEVALIER, phrase 2
175 COLOMBINE Vous ne serez plus Madame Sotinet, ou j'y perdrai mon latin. Je viens de consulter un avocat de mes amis sur votre affaire. Acte 3, sc. 2, COLOMBINE, phrase 4
176 COLOMBINE Il dit que cela ira son grand chemin, et qu'il y aurait là de quoi faire casser aujourd'hui vingt mariages. Acte 3, sc. 2, COLOMBINE, phrase 6
177 ISABELLE On va me tympaniser par la ville, et je vais donner la comédie à tout Paris. Acte 3, sc. 2, ISABELLE, phrase 2
178 COLOMBINE On va vous tympaniser ! Acte 3, sc. 2, COLOMBINE, phrase 3
179 COLOMBINE Mort non pas de ma vie, madame, c'est vous éterniser, que de faire un coup d'éclat comme celui-là ! Acte 3, sc. 2, COLOMBINE, phrase 5
180 COLOMBINE Dites-moi, je vous prie, auroit-on tant d'empressement à lire l'histoire galante de certaines femmes, si une séparation ne les avait rendues célèbres ? Acte 3, sc. 2, COLOMBINE, phrase 6
181 COLOMBINE Et l'on n'aurait jamais connu tout l'esprit d'Artémise, sans ses lettres, qui ont été produites à l'audience. Acte 3, sc. 2, COLOMBINE, phrase 8
182 ISABELLE Il fallait donc, Colombine, que j'apprisse de longue main à mépriser, comme ces femmes dont tu me parles, les chimères et les fantômes de réputation et d'honneur qui font peur aux esprits simples comme le mien. Acte 3, sc. 2, ISABELLE, phrase 1
183 ISABELLE Je conviens, avec toi, qu'il y a beaucoup d'honnêtes femmes qui sont lasses de leur métier et de leur mari ; mais, du moins, elles n'en instruisent pas la ville par la bouche d'un avocat, et ne se font point déclarer fieffées coquettes par arrêt de la cour. Acte 3, sc. 2, ISABELLE, phrase 2
184 COLOMBINE Il y a déjà près de deux ans que vous êtes femme de Monsieur Sotinet ; et quand ce serait le meilleur mari du monde, il serait gâté depuis le temps. Acte 3, sc. 2, COLOMBINE, phrase 4
185 COLOMBINE Madame, ne vous mettez point en peine, vous n'irez point aux juridictions ordinaires : le dieu d'Hymen est arrivé depuis quelque temps en cette ville, pour démarier toutes les personnes qui sont lasses du mariage. Acte 3, sc. 2, COLOMBINE, phrase 2
186 COLOMBINE Laissez-moi faire ; j'ai une peste de tête... Acte 3, sc. 2, COLOMBINE, phrase 5
187 COLOMBINE Il n'en faut pas davantage pour gagner le procès le plus désespéré. Acte 3, sc. 3, COLOMBINE, phrase 2
188 COLOMBINE Allons, viens ; suis-moi : je te dirai ce qu'il faut que tu fasses. Acte 3, sc. 3, COLOMBINE, phrase 3
189 MEZZETIN Colombine m'a dit que tu avais servi chez un avocat. Acte 3, sc. 4, MEZZETIN, phrase 2
190 MEZZETIN Voici la dernière fourberie que tu feras : il faut que tu plaides la cause de Mademoiselle Isabelle devant le dieu de l'Hyménée. Acte 3, sc. 4, MEZZETIN, phrase 2
191 MEZZETIN Dès qu'il y est, il entre à la buvette, où il mange des saucisses, des rognons, des langues, et boit du meilleur. Acte 3, sc. 4, MEZZETIN, phrase 2
192 ARLEQUIN Un avocat mange des saucisses ? Acte 3, sc. 4, ARLEQUIN, phrase 1
193 ARLEQUIN Si cela est, je serai avocat, et bon avocat ; car je mangerai plus de saucisses qu'un autre : je les aime à la folie. Acte 3, sc. 4, ARLEQUIN, phrase 3
194 MEZZETIN D'abord, tu commenceras ton plaidoyer en disant : messieurs, je parle pour Mademoiselle Isabelle, contre son mari, qui est un débauché, un puant, un fou, et autres choses semblables. Acte 3, sc. 4, MEZZETIN, phrase 1
195 ARLEQUIN Laisse-moi faire, pourvu que les saucisses marchent... Acte 3, sc. 4, ARLEQUIN, phrase 1
196 MEZZETIN Je conclus à ce que nous allions manger les saucisses, avant qu'elles refroidissent. Acte 3, sc. 4, MEZZETIN, phrase 2
197 BRAILLARDET Pour Messire Mathurin-Blaise Sotinet, sous-fermier, contre la dame Sotinet, sa femme, demanderesse en séparation. Acte 3, sc. 6, BRAILLARDET, phrase 1
198 BRAILLARDET Je ne suis pas surpris, messieurs, de voir à ce nouveau tribunal une femme qui veut secouer le joug d'un mari ; mais je m'étonne de n'y pas voir avec elle la moitié des femmes de Paris. Acte 3, sc. 6, BRAILLARDET, phrase 2
199 BRAILLARDET En effet, messieurs, une jeune femme qui épouse un vieillard, dans l'espérance de l'enterrer six mois après, n'est-elle pas en droit de lui demander raison de son retardement ; et n'est-elle pas bien fondée à faire rompre son mariage, puisque son mari n'a pas satisfait à l'article le plus essentiel du contrat, par lequel il s'est obligé tacitement à ne pas passer l'année ? Acte 3, sc. 6, BRAILLARDET, phrase 1
200 BRAILLARDET Celui pour qui je parle, après avoir longtemps contemplé du port les naufrages de tant de malheureux époux, s'embarqua enfin sur la mer orageuse du mariage ; et quand il fit ce solécisme en conduite, qu'il souffrit cette léthargie de bon sens, cette éclipse de raison, s'il se fût mis une corde au cou, ou qu'il se fût jeté dans la rivière, il n'auroit jamais tant gagné en un jour. Acte 3, sc. 6, BRAILLARDET, phrase 2
201 BRAILLARDET Il fit ce qu'ont accoutumé de faire les gens sur le retour, quand ils épousent de jeunes filles, c'est-à-dire qu'il confessa avoir reçu vingt mille écus, quoiqu'elle ne lui eût jamais apporté en mariage qu'un fonds de galanterie outrée, et une fureur effrénée pour le jeu : voilà la dot de la Dame. Acte 3, sc. 6, BRAILLARDET, phrase 1
202 BRAILLARDET Oui, oui, messieurs ; quand je dis que voilà la dot de la Dame Sotinet, je n'avance rien que de véritable ; mais ne croyez pas que, parcequ'elle n'a rien eu en mariage, elle en dépense moins en se mariant. Acte 3, sc. 6, BRAILLARDET, phrase 1
203 BRAILLARDET Les jeunes filles qui se vendent à des vieillards achètent en même temps le droit de les envoyer à l'hôpital promptement, par leurs dépenses extravagantes : c'est ce qu'a presque fait la Dame Sotinet ; car enfin le pauvre homme ne fut pas plus tôt marié, qu'il vit bien comme presque tous les autres qui s'enrôlent dans cette milice qu'il avait fait une sottise ; que le mariage est une affaire à laquelle il faut songer toute sa vie ; qu'un bon singe et la meilleure femme sont souvent deux méchants animaux ; et que ce grand philosophe avait bien raison de s'écrier, en voyant trois ou quatre femmes pendues à un arbre : que les hommes seraient heureux, si tous les arbres portaient de semblables fruits ! Acte 3, sc. 6, BRAILLARDET, phrase 2
204 CORNICHON Ce fruit-là serait diablement âcre, et il ne serait bon, tout au plus, qu'en compote. Acte 3, sc. 6, CORNICHON, phrase 1
205 CORNICHON Est-ce que l'on se marie pour coucher avec sa femme ? Acte 3, sc. 6, CORNICHON, phrase 1
206 BRAILLARDET Il vit fondre chez lui, dès le lendemain, tous les fainéants de la ville, chevaliers sans ordre, beaux esprits sans aveu ; cent petits poètes crottés, vrais chardons du Parnasse ; de ces fades blondins, minces colifichets de ruelles ; en un mot, il vit faire de sa maison une académie de jeux défendus, et fut obligé de payer une grosse amende, à quoi il fut condamné. Acte 3, sc. 6, BRAILLARDET, phrase 1
207 CORNICHON Vous devriez garder vos passages pour une meilleure cause. Acte 3, sc. 6, CORNICHON, phrase 1
208 BRAILLARDET Les pierreries engagées ; la vaisselle d'argent vendue ; des tableaux d'un prix extraordinaire enlevés : car le Sieur Sotinet a toujours été extrêmement curieux d'originaux, et se connaissait parfaitement en peinture. Acte 3, sc. 6, BRAILLARDET, phrase 4
209 CORNICHON Je le crois bien : il a porté les couleurs assez longtemps pour s'y connaître. Acte 3, sc. 6, CORNICHON, phrase 1
210 BRAILLARDET Mais, messieurs, s'il n'y avait que de la dissipation dans la conduite de la Dame Sotinet, vous n'entendriez pas retentir votre tribunal des plaintes de son mari ; mais puisqu'il est aujourd'hui obligé d'avouer sa honte et son malheur, approchez, financiers, plumets, chevaliers, et vous godelureaux les plus déterminés ; paraissez sur la scène. Acte 3, sc. 6, BRAILLARDET, phrase 2
211 BRAILLARDET Oui, oui, messieurs, nous trouverons de tous ces gens-là dans l'équipage de la Dame Sotinet, équipage qu'elle promène scandaleusement par toute la ville, et la nuit et le jour. Acte 3, sc. 6, BRAILLARDET, phrase 3
212 BRAILLARDET Non, ce n'est point pour elle que le soleil éclaire, elle méprise cette clarté bourgeoise ; elle ne sort de chez elle qu'avec les oublieurs, et n'y rentre qu'à la faveur des crieurs d'eau-de-vie. Acte 3, sc. 6, BRAILLARDET, phrase 5
213 CORNICHON Son mari a la cruauté de lui refuser un flambeau ; il faut bien qu'elle attende le jour pour s'en retourner chez elle. Acte 3, sc. 6, CORNICHON, phrase 2
214 BRAILLARDET On ne manquera pas de vous dire que celui pour qui je suis est un brutal ; j'en tombe d'accord : un ivrogne ; je le veux : un débauché ; j'y consens : un homme même qui est quelquefois attaqué de vertiges ; cela est vrai : mais, messieurs... Acte 3, sc. 6, BRAILLARDET, phrase 1
215 BRAILLARDET Taisez-vous, ignorant, ce sont des figures de rhétorique qui persuadent. Acte 3, sc. 6, BRAILLARDET, phrase 2
216 BRAILLARDET Quand tout cela serait, dis-je, messieurs, sont-ce des raisons pour faire rompre un mariage ? Acte 3, sc. 6, BRAILLARDET, phrase 1
217 BRAILLARDET Si je vous parlais des intrigues de la Dame Sotinet, de ses aventures galantes, de ses subtilités pour tromper son mari ; mais... vous rougiriez, illustres et vieilles coquettes de notre temps, de voir qu'une femme de dix-huit ans vous a laissées bien loin après elle dans la carrière de la galanterie et j'apprendrais aux femmes qui m'écoutent de nouveaux tours de souplesse (elles n'en savent déjà que trop). Acte 3, sc. 6, BRAILLARDET, phrase 2
218 BRAILLARDET Ne tiendra-t-il qu'à donner de pareilles détorses à l'Hymen ? Acte 3, sc. 6, BRAILLARDET, phrase 4
219 BRAILLARDET Non, non, vous n'autoriserez point une telle injustice. Acte 3, sc. 6, BRAILLARDET, phrase 6
220 CORNICHON Messieurs, je parle pour Damoiselle Zorobabel de Roqueventrousse, demanderesse en séparation, contre Mathurin-Blaise Sotinet, sous-fermier, ci-devant laquais, et défendeur. Acte 3, sc. 6, CORNICHON, phrase 1
221 CORNICHON L'aspect de ce sénat cornu, pompe digne de l'Hymen ; cet attirail funeste et menaçant, tout cela, je l'avoue, m'inspire quelque terreur : mais, d'un autre côté, l'équité de ma cause me recreat et reficit ; puisque je parle ici pour quantité de femmes, qui vous disent par ma bouche qu'un mari est à présent un meuble fort inutile ; et que, quand il n'y en aurait point, le monde ne finirait pas pour cela. Acte 3, sc. 6, CORNICHON, phrase 2
222 CORNICHON Le mois de mars 87, Mathurin-Blaise Sotinet, âgé de soixante-dix ans, sentit un prurit pour la noce, une démangeaison pour le mariage ; cette vieille rosse, refaite et maquignonée, cette mèche sèche et ridée, prit feu aux étincelles des yeux de celle pour qui je parle. Acte 3, sc. 6, CORNICHON, phrase 3
223 CORNICHON Il l'épousa, et il ne tint qu'à lui de voir qu'il avait mis dans sa maison un trésor de sagesse et de prudence, puisqu'elle ne dépensa, en se mariant, que les vingt mille écus qu'elle avait eus en mariage. Acte 3, sc. 6, CORNICHON, phrase 4
224 CORNICHON Rare exemple de modération pour les femmes d'aujourd'hui, qui montent insolemment sur une grosse dot, pour insulter à l'économie de leurs maris. Acte 3, sc. 6, CORNICHON, phrase 5
225 CORNICHON Taisez-vous donc, si vous pouvez. Si on n'impose silence à Maître Braillardet, je n'achèverai jamais ma plaidoirie. Acte 3, sc. 6, CORNICHON, phrase 2
226 CORNICHON Vous la voyez, messieurs, à votre tribunal, cette innocente opprimée, cette femme qui engage ses pierreries, vend sa vaisselle d'argent. Acte 3, sc. 6, CORNICHON, phrase 4
227 CORNICHON Le Sieur Sotinet était entré malheureusement dans l'affaire du bois carré. Acte 3, sc. 6, CORNICHON, phrase 7
228 CORNICHON Tous ses associés sont en fuite. Acte 3, sc. 6, CORNICHON, phrase 8
229 CORNICHON Cette chaste tourterelle, privée de son tourtereau, que d'impitoyables sergents lui ont enlevé, va, court, engage tout. Acte 3, sc. 6, CORNICHON, phrase 10
230 CORNICHON Pour tirer son mari d'un cul-de-basse-fosse. Acte 3, sc. 6, CORNICHON, phrase 13
231 CORNICHON Mais que dirons-nous, messieurs, de ses débauches, ou, pour mieux dire, que n'en dirons-nous pas ? Acte 3, sc. 6, CORNICHON, phrase 4
232 CORNICHON Non, messieurs, c'est plutôt une futaille, ou, pour mieux dire, un râpé qui ne fait que se remplir et se vider à tous moments. Acte 3, sc. 6, CORNICHON, phrase 7
233 CORNICHON C'est un bouchon ambulant ; c'est une éponge toute dégouttante de vin, dont les vapeurs obscurcissent et soufflent enfin la chandelle de sa raison. Acte 3, sc. 6, CORNICHON, phrase 8
234 CORNICHON N'avait-il bu que de l'eau, Maître Braillardet, quand, sortant tout chancelant d'un cabaret, pour assister à l'enterrement d'un de ses meilleurs amis, il se laissa tomber dans la fosse, où il serait encore, si, par malheur pour sa femme, on ne l'en eût retiré ? Acte 3, sc. 6, CORNICHON, phrase 2
235 CORNICHON Mais, s'il n'y avait que des coups à essuyer, je ne m'en plaindrais pas ; car on sait bien qu'une femme veut être un peu pansée de la main ; mais de se voir, à tous moments, exposée aux extravagances d'un fou ! Acte 3, sc. 6, CORNICHON, phrase 2
236 CORNICHON Oui, messieurs, je vous le garantis tel, et des plus fous qui se fassent. Acte 3, sc. 6, CORNICHON, phrase 1
237 SOTINET Morbleu, plaidez votre cause si vous voulez. Acte 3, sc. 6, SOTINET, phrase 3
238 CORNICHON Vous voyez, messieurs, que votre présence ne saurait servir de gourmette à ce furieux. Acte 3, sc. 6, CORNICHON, phrase 1
239 CORNICHON Que serait-ce, si cette pauvre innocente se trouvait toute seule avec lui ? Acte 3, sc. 6, CORNICHON, phrase 2
240 CORNICHON Approchez, malheureuse opprimée ; venez, épouse infortunée : c'est à l'ombre de ce tribunal que vous trouverez un asile assuré contre la pétulance de votre persécuteur. Acte 3, sc. 6, CORNICHON, phrase 3
241 CORNICHON Qu'une femme, qui doit être la soucoupe des plaisirs d'un mari, soit le ballon de ses emportements ? Acte 3, sc. 6, CORNICHON, phrase 5
242 CORNICHON Qui voudrait dorénavant se mettre en ménage, si vous fermiez la porte aux séparations ? Acte 3, sc. 6, CORNICHON, phrase 8
243 CORNICHON Le divorce ayant été de tout temps tout ce qu'il y a de plus piquant dans le mariage, ce ragoût de veuvage anticipé, cette viduité prématurée que vous allez servir à la Dame Sotinet, va faire venir l'eau à la bouche à quantité de femmes de Paris : elles en voudront tâter. Acte 3, sc. 6, CORNICHON, phrase 9
244 CORNICHON Cornuum quanta seges ! Acte 3, sc. 6, CORNICHON, phrase 11
245 CORNICHON Taisez-vous, taisez-vous. Acte 3, sc. 6, CORNICHON, phrase 2
246 DIEU DE L'HYMEN Ayant aucunement égard à la requête de la partie de Maître Cornichon, le dieu de l'Hymen a ordonné que la Dame Sotinet demeurera séparée de corps et de biens d'avec son mari ; qu'elle reprendra les vingt mille écus qu'elle a apportés en mariage ; qu'elle jouira, dès à présent, de son douaire, étant réputée veuve, et d'une pension de trois mille livres ; et, attendu la démence avérée du Sieur Sotinet, nous avons ordonné qu'à la diligence de sa femme, il sera incessamment enfermé aux Petites-Maisons, ou à Saint-Lazare. Acte 3, sc. 6, DIEU DE L'HYMEN, phrase 1
247 ARLEQUIN Je le veux bien ; car j'ai toujours ouï dire qu'une femme et un almanach sont deux choses qui ne sont bonnes tout au plus que pour une année. Acte 3, sc. 6, ARLEQUIN, phrase 1

 

Nombre d'occurences de l'expression : Se
par acte et par personnage

LE DIVORCE (1688)
REGNARD, Jean-Francois
 Prologue Acte 1 Acte 2 Acte 3 Total
ARLEQUIN5305444
MERCURE20002
JUPITER00000
AURELIO04004
MEZZETIN0199533
SOTINET057113
PIERROT01001
ISABELLE01014327
COLOMBINE013101134
UN LAQUAIS00001
TROTENVILLE0270027
AMILARE02002
LE CHEVALIER00207
LE CHEVALIER00202
LE LAQUAIS00001
BRAILLARDET0001818
CORNICHON0003030
DIEU DE L'HYMEN00011
 Total71125573247

Graphique

 Locuteurs10 15 20 25 30 35 40 45 50 
 ARLEQUIN53054 
 MERCURE2 
 JUPITER 
 AURELIO4 
 MEZZETIN1995 
 SOTINET571 
 PIERROT1 
 ISABELLE10143 
 COLOMBINE131011 
 UN-LAQUAIS1 
 TROTENVILLE27 
 AMILARE2 
 LE-CHEVALIER7 
 LE CHEVALIER2 
 LE-LAQUAIS1 
 BRAILLARDET18 
 CORNICHON30 
 DIEU DE L'HYMEN1 

Légende

 Prologue  Acte 1  Acte 2  Acte 3 

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