n° |
Personnage |
Vers ou phrase |
Localisation |
1 | SGANARELLE |
Je pourrais peut-être me tromper ; mais enfin, sur de tels sujets, l'expérience m'a pu donner quelques lumières. |
Acte 1, sc. 1, SGANARELLE, phrase 2 |
2 | GUSMAN |
Quoi, ce départ si peu prévu, serait une infidélité de Don Juan ? |
Acte 1, sc. 1, GUSMAN, phrase 1 |
3 | GUSMAN |
Je ne sais pas, de vrai, quel homme il peut être, s'il faut qu'il nous ait fait cette perfidie ; et je ne comprends point comme après tant d'amour et tant d'impatience témoignée, tant d'hommages pressants, de voeux, de soupirs, et de larmes, tant de lettres passionnées, de protestations ardentes et de serments réitérés ; tant de transports, enfin, et tant d'emportements qu'il a fait paraître, jusqu'à forcer dans sa passion l'obstacle sacré d'un couvent, pour mettre Done Elvire en sa puissance ; je ne comprends pas, dis-je, comme après tout cela il aurait le coeur de pouvoir manquer à sa parole. |
Acte 1, sc. 1, GUSMAN, phrase 1 |
4 | SGANARELLE |
Tu demeures surpris, et changes de couleur à ce discours ; ce n'est là qu'une ébauche du personnage, et pour en achever le portrait, il faudrait bien d'autres coups de pinceau, suffit qu'il faut que le courroux du Ciel l'accable quelque jour : qu'il me vaudrait bien mieux d'être au diable, que d'être à lui, et qu'il me fait voir tant d'horreurs, que je souhaiterais qu'il fût déjà je ne sais où ; mais un grand Seigneur méchant homme est une terrible chose ; il faut que je lui sois fidèle en dépit que j'en aie, la crainte en moi fait l'office du zèle, bride mes sentiments, et me réduit d'applaudir bien souvent à ce que mon âme déteste. |
Acte 1, sc. 1, SGANARELLE, phrase 5 |
5 | SGANARELLE |
Le voilà qui vient se promener dans ce Palais ; séparons-nous ; écoute, au moins, je t'ai fait cette confidence avec franchise, et cela m'est sorti un peu bien vite de la bouche ; mais s'il fallait qu'il en vînt quelque chose à ses oreilles, je dirais hautement que tu aurais menti. |
Acte 1, sc. 1, SGANARELLE, phrase 6 |
6 | SGANARELLE |
Le bonhomme en est tout mortifié, et m'en demandait le sujet. |
Acte 1, sc. 2, SGANARELLE, phrase 1 |
7 | DON JUAN |
La belle chose de vouloir se piquer d'un faux honneur d'être fidèle, de s'ensevelir pour toujours dans une passion, et d'être mort dès sa jeunesse, à toutes les autres beautés qui nous peuvent frapper les yeux : non, non, la constance n'est bonne que pour des ridicules, toutes les belles ont droit de nous charmer, et l'avantage d'être rencontrée la première, ne doit point dérober aux autres les justes prétentions qu'elles ont toutes sur nos cours. |
Acte 1, sc. 2, DON JUAN, phrase 3 |
8 | DON JUAN |
Mais lorsqu'on en est maître une fois, il n'y a plus rien à dire, ni rien à souhaiter, tout le beau de la passion est fini, et nous nous endormons dans la tranquillité d'un tel amour, si quelque objet nouveau ne vient réveiller nos désirs, et présenter à notre coeur les charmes attrayants d'une conquête à faire. |
Acte 1, sc. 2, DON JUAN, phrase 8 |
9 | DON JUAN |
Enfin, il n'est rien de si doux, que de triompher de la résistance d'une belle personne, et j'ai sur ce sujet l'ambition des conquérants, qui volent perpétuellement de victoire en victoire, et ne peuvent se résoudre à borner leurs souhaits. |
Acte 1, sc. 2, DON JUAN, phrase 9 |
10 | SGANARELLE |
Pensez-vous que pour être de qualité, pour avoir une perruque blonde et bien frisée, des plumes à votre chapeau, un habit bien doré, et des rubans couleur de feu, (ce n'est pas à vous que je parle, c'est à l'autre ;) pensez-vous, dis-je, que vous en soyez plus habile homme, que tout vous soit permis, et qu'on n'ose vous dire vos vérités ; Apprenez de moi, qui suis votre valet, que les libertins ne font jamais une bonne fin, et que... |
Acte 1, sc. 2, SGANARELLE, phrase 2 |
11 | DON JUAN |
La personne dont je te parle, est une jeune fiancée, la plus agréable du monde, qui a été conduite ici par celui même qu'elle y vient épouser ; et le hasard me fit voir ce couple d'amants, trois ou quatre jours avant leur voyage. |
Acte 1, sc. 2, DON JUAN, phrase 3 |
12 | DON JUAN |
Oui, je ne pus souffrir d'abord de les voir si bien ensemble, le dépit alarma mes désirs, et je me figurai un plaisir extrême, à pouvoir troubler leur intelligence, et rompre cet attachement, dont la délicatesse de mon coeur se tenait offensée ; mais jusques ici tous mes efforts ont été inutiles, et j'ai recours au dernier remède. |
Acte 1, sc. 2, DON JUAN, phrase 6 |
13 | DON JUAN |
Prépare-toi donc à venir avec moi, et prends soin toi-même d'apporter toutes mes armes, afin que... |
Acte 1, sc. 2, DON JUAN, phrase 1 |
14 | DONA ELVIRE |
J'admire ma simplicité, et la faiblesse de mon coeur, à douter d'une trahison, que tant d'apparences me confirmaient. |
Acte 1, sc. 3, DONA ELVIRE, phrase 2 |
15 | DONA ELVIRE |
J'ai cherché des raisons pour excuser à ma tendresse le relâchement d'amitié qu'elle voyait en vous ; et je me suis forgé exprès cent sujets légitimes d'un départ si précipité, pour vous justifier du crime dont ma raison vous accusait. |
Acte 1, sc. 3, DONA ELVIRE, phrase 4 |
16 | DONA ELVIRE |
Mes justes soupçons chaque jour avaient beau me parler, j'en rejetais la voix qui vous rendait criminel à mes yeux, et j'écoutais avec plaisir mille chimères ridicules qui vous peignaient innocent à mon coeur ; mais enfin cet abord ne me permet plus de douter, et le coup d'oeil qui m'a reçue m'apprend bien plus de choses, que je ne voudrais en savoir. |
Acte 1, sc. 3, DONA ELVIRE, phrase 5 |
17 | DONA ELVIRE |
Parlez, Don Juan, je vous prie, et voyons de quel air vous saurez vous justifier ! |
Acte 1, sc. 3, DONA ELVIRE, phrase 8 |
18 | DON JUAN |
Je ne vous dirai point que je suis toujours dans les mêmes sentiments pour vous, et que je brûle de vous rejoindre, puisque enfin il est assuré que je ne suis parti que pour vous fuir ; non point par les raisons que vous pouvez vous figurer, mais par un pur motif de conscience, et pour ne croire pas qu'avec vous davantage je puisse vivre sans péché. |
Acte 1, sc. 3, DON JUAN, phrase 2 |
19 | DON JUAN |
J'ai cru que notre mariage n'était qu'un adultère déguisé, qu'il nous attirerait quelque disgrâce d'en haut, et qu'enfin je devais tâcher de vous oublier, et vous donner moyen de retourner à vos premières chaînes. |
Acte 1, sc. 3, DON JUAN, phrase 6 |
20 | DONA ELVIRE |
Scélérat, c'est maintenant que je te connais tout entier, et pour mon malheur, je te connais lorsqu'il n'en est plus temps, et qu'une telle connaissance ne peut plus me servir qu'à me désespérer ; mais sache que ton crime ne demeurera pas impuni, et que le même Ciel dont tu te joues, me saura venger de ta perfidie. |
Acte 1, sc. 3, DONA ELVIRE, phrase 2 |
21 | DONA ELVIRE |
Il suffit. |
Acte 1, sc. 3, DONA ELVIRE, phrase 1 |
22 | DONA ELVIRE |
Je te le dis encore, le Ciel te punira, perfide, de l'outrage que tu me fais ; et si le Ciel n'a rien que tu puisses appréhender, appréhende du moins la colère d'une femme offensée. |
Acte 1, sc. 3, DONA ELVIRE, phrase 5 |
23 | PIERROT |
Aga, guien, Charlotte, je m'en vas te conter tout fin drait comme cela est venu ; car, comme dit l'autre, je les ai le premier avisés, avisés le premier je les ai. |
Acte 2, sc. 1, PIERROT, phrase 1 |
24 | PIERROT |
Enfin donc, j'estions sur le bord de la mar, moi et le gros Lucas, et je nous amusions à batifoler avec des mottes de tarre que je nous jesquions à la teste : car, comme tu sais bian, le gros Lucas aime à batifoler, et moi par fouas je batifole itou. |
Acte 2, sc. 1, PIERROT, phrase 2 |
25 | PIERROT |
Je voyois cela fixiblement, et pis tout d'un coup je voyois que je ne voyois plus rien. |
Acte 2, sc. 1, PIERROT, phrase 4 |
26 | PIERROT |
Enfin donc, je n'avons pas putost eu gagé, que j'avons vu les deux hommes tout à plain qui nous faisiant signe de les aller querir, et moi de tirer auparavant les enjeux. |
Acte 2, sc. 1, PIERROT, phrase 15 |
27 | PIERROT |
Ô donc tanquia, qu'à la parfin pour le faire court, je l'ai tant sarmonné, que je nous sommes boutés dans une barque, et pis j'avons tant fait cahin, caha, que je les avons tirés de gliau, et pis je les avons menés cheux nous auprès du feu, et pis ils se sant dépouillés tous nus pour se sécher, et pis il y en est venu encore deux de la mesme bande qui s'equiant sauvés tout seul, et pis Mathurine est arrivée là à qui l'en a fait les doux yeux, vlà justement, Charlotte, comme tout ça s'est fait. |
Acte 2, sc. 1, PIERROT, phrase 18 |
28 | PIERROT |
Oui, c'est le maître, il faut que ce soit queuque gros gros Monsieur, car il a du dor à son habit tout de pis le haut jusqu'en bas ; et ceux qui le servont sont des Monsieux eux-mesmes ; et stapandant, tout gros Monsieur qu'il est, il serait par ma fique nayé si je naviomme été là. |
Acte 2, sc. 1, PIERROT, phrase 1 |
29 | PIERROT |
Quien, Charlotte, ils avont des cheveux qui ne tenont point à leu teste, et ils boutont ça après tout, comme un gros bonnet de filace. |
Acte 2, sc. 1, PIERROT, phrase 3 |
30 | CHARLOTTE |
Par ma fi, Piarrot, il faut que j'aille voir un peu ça. |
Acte 2, sc. 1, CHARLOTTE, phrase 1 |
31 | PIERROT |
Regarde la grosse Thomasse, comme elle est assotée du jeune Robain : alle est toujou autour de li à l'agacer, et ne le laisse jamais en repos ; toujou al li fait queuque niche ou li baille quelque taloche en passant ; et l'autre jour qu'il estoit assis sur un escabiau, al fut le tirer de dessous li, et le fit choir tout de son long par tarre. |
Acte 2, sc. 1, PIERROT, phrase 3 |
32 | PIERROT |
Quand en a de l'amiquié pour les personnes, l'an en baille toujou queuque petite signifiance. |
Acte 2, sc. 1, PIERROT, phrase 2 |
33 | CHARLOTTE |
Enfin je t'aime tout autant que je pis, et, si tu n'es pas content de ça, tu n'as qu'à en aimer queuque autre. |
Acte 2, sc. 1, CHARLOTTE, phrase 1 |
34 | CHARLOTTE |
Fi, Monsieur, elles sont noires comme je ne sais quoi. |
Acte 2, sc. 2, CHARLOTTE, phrase 1 |
35 | CHARLOTTE |
Non, Monsieur ; mais je dois bientôt l'être avec Piarrot, le fils de la voisine Simonette. |
Acte 2, sc. 2, CHARLOTTE, phrase 1 |
36 | DON JUAN |
Non, non c'est profaner tant de beautés, et vous n'êtes pas née pour demeurer dans un village, vous méritez sans doute une meilleure fortune, et le Ciel, qui le connaît bien, m'a conduit ici tout exprès pour empêcher ce mariage, et rendre justice à vos charmes : car enfin, belle Charlotte, je vous aime de tout mon coeur, et il ne tiendra qu'à vous que je vous arrache de ce misérable lieu, et ne vous mette dans l'état où vous méritez d'être, cet amour est bien prompt sans doute ; mais quoi, c'est un effet, Charlotte, de votre grande beauté, et l'on vous aime autant en un quart d'heure, qu'on ferait une autre en six mois. |
Acte 2, sc. 2, DON JUAN, phrase 3 |
37 | CHARLOTTE |
Aussi vrai, Monsieur, je ne sais comment faire quand vous parlez, ce que vous dites me fait aise, et j'aurais toutes les envies du monde de vous croire, mais on m'a toujou dit qu'il ne faut jamais croire les Monsieux, et que vous autres courtisans êtes des enjoleus, qui ne songez qu'à abuser les filles. |
Acte 2, sc. 2, CHARLOTTE, phrase 1 |
38 | DON JUAN |
Vous me faites grand tort de juger de moi par les autres, et s'il y a des fourbes dans le monde, des gens qui ne cherchent qu'à abuser des filles, vous devez me tirer du nombre, et ne pas mettre en doute la sincérité de ma foi, et puis votre beauté vous assure de tout. |
Acte 2, sc. 2, DON JUAN, phrase 3 |
39 | DON JUAN |
Enfin je m'en vais être le plus heureux de tous les hommes, et je ne changerais pas mon bonheur à toutes les choses du monde. |
Acte 2, sc. 3, DON JUAN, phrase 1 |
40 | SGANARELLE |
Ah, pauvres filles que vous êtes, j'ai pitié de votre innocence, et je ne puis souffrir de vous voir courir à votre malheur. |
Acte 2, sc. 4, SGANARELLE, phrase 1 |
41 | DON JUAN |
Ils ne font rien que recevoir la gloire des heureux succès, et tu peux profiter comme eux du bonheur du malade, et voir attribuer à tes remèdes tout ce qui peut venir des faveurs du hasard et des forces de la nature. |
Acte 3, sc. 1, DON JUAN, phrase 4 |
42 | SGANARELLE |
Il y avait un homme qui, depuis six jours, était à l'agonie ; on ne savait plus que lui ordonner, et tous les remèdes ne faisaient rien ; on s'avisa à la fin de lui donner de l'émétique. |
Acte 3, sc. 1, SGANARELLE, phrase 1 |
43 | SGANARELLE |
Il y avait six jours entiers qu'il ne pouvait mourir, et cela le fit mourir tout d'un coup. |
Acte 3, sc. 1, SGANARELLE, phrase 2 |
44 | SGANARELLE |
Voulez-vous rien de plus efficace ? |
Acte 3, sc. 1, SGANARELLE, phrase 3 |
45 | SGANARELLE |
Je veux savoir un peu vos pensées à fond, et vous connaître un peu mieux que je ne fais : ça quand voulez-vous mettre fin à vos débauches, et mener la vie d'un honnête homme ? |
Acte 3, sc. 1, SGANARELLE, phrase 1 |
46 | DON CARLOS |
Oui, mais sans y vouloir entrer, et nous nous voyons obligés, mon frère et moi, à tenir la campagne pour une de ces fâcheuses affaires qui réduisent les gentilshommes à se sacrifier, eux et leur famille, à la sévérité de leur honneur, puisqu'enfin le plus doux succès en est toujours funeste, et que si l'on ne quitte pas la vie, on est contraint de quitter le Royaume ; et c'est en quoi je trouve la condition d'un gentilhomme malheureuse, de ne pouvoir point s'assurer sur toute la prudence et toute l'honnêteté de sa conduite, d'être asservi par les lois de l'honneur au dérèglement de la conduite d'autrui, et de voir sa vie, son repos et ses biens dépendre de la fantaisie du premier téméraire, qui s'avisera de lui faire une de ces injures pour qui un honnête homme doit périr. |
Acte 3, sc. 3, DON CARLOS, phrase 1 |
47 | DON CARLOS |
Ainsi, Monsieur, je ne feindrai point de vous dire que l'offense que nous cherchons à venger est une soeur séduite et enlevée d'un convent, et que l'auteur de cette offense est un Don Juan Tenorio, fils de Don Louis Tenorio. |
Acte 3, sc. 3, DON CARLOS, phrase 2 |
48 | DON JUAN |
Je suis si attaché à Don Juan qu'il ne saurait se battre que je ne me batte aussi ; mais enfin j'en réponds comme de moi-même, et vous n'avez qu'à dire quand vous voulez qu'il paraisse et vous donne satisfaction. |
Acte 3, sc. 3, DON JUAN, phrase 1 |
49 | DON ALONSE |
Tous les services que nous rend une main ennemie ne sont d'aucun mérite pour engager notre âme ; et s'il faut mesurer l'obligation à l'injure, votre reconnaissance, mon frère, est ici ridicule, et comme l'honneur est infiniment plus précieux que la vie, c'est ne devoir rien proprement, que d'être redevable de la vie à qui nous a ôté l'honneur. |
Acte 3, sc. 4, DON ALONSE, phrase 2 |
50 | DON ALONSE |
Non, non, c'est hasarder notre vengeance que de la reculer et l'occasion de la prendre peut ne plus revenir ; le Ciel nous l'offre ici, c'est à nous d'en profiter. |
Acte 3, sc. 4, DON ALONSE, phrase 1 |
51 | DON ALONSE |
Lorsque l'honneur est blessé mortellement, on ne doit point songer à garder aucunes mesures, et si vous répugnez à prêter votre bras à cette action, vous n'avez qu'a vous retirer, et laisser à ma main la gloire d'un tel sacrifice. |
Acte 3, sc. 4, DON ALONSE, phrase 3 |
52 | DON CARLOS |
Il est des moyens doux pour nous satisfaire ; il en est de violents et de sanglants ; mais enfin, quelque choix que vous fassiez, vous m'avez donné parole de me faire faire raison par Don Juan : songez à me la faire, je vous prie, et vous ressouvenez que hors d'ici je ne dois plus qu'à mon honneur. |
Acte 3, sc. 4, DON CARLOS, phrase 6 |
53 | SGANARELLE |
Il vous serait aisé de pacifier toutes choses. |
Acte 3, sc. 5, SGANARELLE, phrase 1 |
54 | DON JUAN |
Mais quel est le superbe édifice que je vois entre ces arbres ? |
Acte 3, sc. 5, DON JUAN, phrase 5 |
55 | DON JUAN |
Qu'on ne peut voir aller plus loin l'ambition d'un homme mort, et ce que je trouve admirable, c'est qu'un homme qui s'est passé, durant sa vie, d'une assez simple demeure, en veuille avoir une si magnifique pour quand il n'en a plus que faire. |
Acte 3, sc. 5, DON JUAN, phrase 1 |
56 | DON JUAN |
Et votre petite fille Claudine, comment se porte-t-elle ? |
Acte 4, sc. 3, DON JUAN, phrase 1 |
57 | DON JUAN |
La jolie petite fille que c'est ! |
Acte 4, sc. 3, DON JUAN, phrase 1 |
58 | MONSIEUR DIMANCHE |
Nous vous sommes, Monsieur, infiniment obligés. |
Acte 4, sc. 3, MONSIEUR DIMANCHE, phrase 1 |
59 | DON JUAN |
Il n'y a rien que je ne fisse pour vous. |
Acte 4, sc. 3, DON JUAN, phrase 1 |
60 | DON JUAN |
Embrassez-moi donc, s'il vous plaît, je vous prie encore une fois d'être persuadé que je suis tout à vous, et qu'il n'y a rien au monde que je ne fisse pour votre service. |
Acte 4, sc. 3, DON JUAN, phrase 1 |
61 | SGANARELLE |
Fi, Ne parlez pas de cela. |
Acte 4, sc. 3, SGANARELLE, phrase 1 |
62 | SGANARELLE |
Fi ! |
Acte 4, sc. 3, SGANARELLE, phrase 1 |
63 | SGANARELLE |
Fi ! |
Acte 4, sc. 3, SGANARELLE, phrase 1 |
64 | DON LOUIS |
J'ai souhaité un fils avec des ardeurs non pareilles ; je l'ai demandé sans relâche avec des transports incroyables ; et ce fils, que j'obtiens en fatiguant le Ciel de voeux, est le chagrin et le supplice de cette vie même dont je croyais qu'il devait être la joie et la consolation. |
Acte 4, sc. 4, DON LOUIS, phrase 5 |
65 | DON LOUIS |
Croyez-vous qu'il suffise d'en porter le nom et les armes, et que ce nous soit une gloire d'être sorti d'un sang noble lorsque nous vivons en infâmes ? |
Acte 4, sc. 4, DON LOUIS, phrase 12 |
66 | DON LOUIS |
Apprenez enfin qu'un gentilhomme qui vit mal, est un monstre dans la nature, que la vertu est le premier titre de noblesse, que je regarde bien moins au nom qu'on signe qu'aux actions qu'on fait, et que je ferais plus d'état du fils d'un crocheteur qui serait honnête homme, que du fils d'un monarque qui vivrait comme vous. |
Acte 4, sc. 4, DON LOUIS, phrase 17 |
67 | DON LOUIS |
Non, insolent, je ne veux point m'asseoir, ni parler davantage, et je vois bien que toutes mes paroles ne font rien sur ton âme ; mais sache, fils indigne, que la tendresse paternelle est poussée à bout par tes actions, que je saurai, plus tôt que tu ne penses, mettre une borne à tes dérèglements, prévenir sur toi le courroux du Ciel, et laver par ta punition la honte de t'avoir fait naître. |
Acte 4, sc. 4, DON LOUIS, phrase 1 |
68 | DON JUAN |
Il faut que chacun ait son tour, et j'enrage de voir des pères qui vivent autant que leurs fils. |
Acte 4, sc. 5, DON JUAN, phrase 3 |
69 | SGANARELLE |
Un père venir faire des remontrances à son fils, et lui dire de corriger ses actions, de se ressouvenir de sa naissance, de mener une vie d'honnête homme, et cent autres sottises de pareille nature ! |
Acte 4, sc. 5, SGANARELLE, phrase 3 |
70 | DONA ELVIRE |
Non, vous dis-je, ne perdons point de temps en discours superflus, laissez-moi vite aller, ne faites aucune instance pour me conduire, et songez seulement à profiter de mon avis. |
Acte 4, sc. 6, DONA ELVIRE, phrase 1 |
71 | DON LOUIS |
Mon fils, serait-il possible que la bonté du Ciel eût exaucé mes voeux ? |
Acte 5, sc. 1, DON LOUIS, phrase 2 |
72 | DON JUAN |
Je vois les grâces que sa bonté m'a faites en ne me punissant point de mes crimes, et je prétends en profiter comme je dois, faire éclater aux yeux du monde un soudain changement de vie, réparer par là le scandale de mes actions passées, et m'efforcer d'en obtenir du Ciel une pleine rémission. |
Acte 5, sc. 1, DON JUAN, phrase 3 |
73 | DON LOUIS |
Mon fils, que la tendresse d'un père est aisément rappelée, et que les offenses d'un fils s'évanouissent vite au moindre mot de repentir ! |
Acte 5, sc. 1, DON LOUIS, phrase 2 |
74 | DON LOUIS |
Embrassez-moi, mon fils, et persistez, je vous conjure, dans cette louable pensée. |
Acte 5, sc. 1, DON LOUIS, phrase 5 |
75 | DON JUAN |
Je veux bien, Sganarelle, t'en faire confidence, et je suis bien aise d'avoir un témoin des véritables motifs qui m'obligent à faire les choses. |
Acte 5, sc. 2, DON JUAN, phrase 2 |
76 | DON JUAN |
On a beau savoir leurs intrigues et les connaître pour ce qu'ils sont, ils ne laissent pas pour cela d'être en crédit parmi les gens, et quelque baissement de tête, un soupir mortifié, et deux roulements d'yeux rajustent dans le monde tout ce qu'ils peuvent faire. |
Acte 5, sc. 2, DON JUAN, phrase 8 |
77 | DON JUAN |
Enfin, c'est là le vrai moyen de faire impunément tout ce que je voudrai. |
Acte 5, sc. 2, DON JUAN, phrase 12 |
78 | DON JUAN |
C'est ainsi qu'il faut profiter des faiblesses des hommes, et qu'un sage esprit s'accommode aux vices de son siècle. |
Acte 5, sc. 2, DON JUAN, phrase 16 |
79 | SGANARELLE |
Faites-moi tout ce qu'il vous plaira, battez-moi, assommez-moi de coups, tuez-moi, si vous voulez, il faut que je décharge mon coeur, et qu'en valet fidèle je vous dise ce que je dois. |
Acte 5, sc. 2, SGANARELLE, phrase 5 |
80 | SGANARELLE |
Sachez, Monsieur, que tant va la cruche à l'eau, qu'enfin elle se brise : et comme dit fort bien cet auteur que je ne connais pas, l'homme est en ce monde ainsi que l'oiseau sur la branche ; la branche est attachée à l'arbre, qui s'attache à l'arbre, suit de bons préceptes, les bons préceptes valent mieux que les belles paroles, les belles paroles se trouvent à la Cour. |
Acte 5, sc. 2, SGANARELLE, phrase 6 |
81 | SGANARELLE |
À la Cour sont les courtisans ; les courtisans suivent la mode, la mode vient de la fantaisie, la fantaisie est une faculté de l'âme, l'âme est ce qui nous donne la vie, la vie finit par la mort... |
Acte 5, sc. 2, SGANARELLE, phrase 7 |
82 | DON CARLOS |
Pour moi, je ne le cèle point, je souhaite fort que les choses aillent dans la douceur, et il n'y a rien que je ne fasse pour porter votre esprit à vouloir prendre cette voie, et pour vous voir publiquement confirmer à ma soeur le nom de votre femme. |
Acte 5, sc. 3, DON CARLOS, phrase 3 |
83 | DON CARLOS |
Il suffit, Don Juan, je vous entends, ce n'est pas ici que je veux vous prendre, et le lieu ne le souffre pas ; mais avant qu'il soit peu je saurai vous trouver. |
Acte 5, sc. 3, DON CARLOS, phrase 1 |
84 | LE SPECTRE |
Don Juan n'a plus qu'un moment à pouvoir profiter de la miséricorde du Ciel ; et s'il ne se repent ici, sa perte est résolue. |
Acte 5, sc. 5, LE SPECTRE, phrase 1 |
85 | SGANARELLE |
Voyez-vous, Monsieur, ce changement de figure ? |
Acte 5, sc. 5, SGANARELLE, phrase 2 |
86 | SGANARELLE |
Voilà par sa mort un chacun satisfait, Ciel offensé, lois violées, filles séduites, familles déshonorées, parents outragés, femmes mises à mal, maris poussés à bout, tout le monde est content ; il n'y a que moi seul de malheureux qui après tant d'années de service, n'ai point d'autre récompense que de voir à mes yeux l'impiété de mon maître punie, par le plus épouvantable châtiment du monde. |
Acte 5, sc. 6, SGANARELLE, phrase 1 |