LE PROCÈS, OU RACINE CONCILIATEUR
COMÉDIE-PROVERBE, EN UN ACTE ET EN PROSE.
REPRÉSENTÉE POUR LE PREMIÈRE FOIS À PARIS SUR EL NOUVEAU THÉÂTRE DE M. LE COMTE, LE LUNDI 28 OCTOBRE 1822.
1822.
Par M. Émile VANDER-BURCH
À PARIS, CHEZ J.-L. CHANSON, IMPRIMEUR-LIBRAIRE, RUE DES GRANDS-AUGUSTINS, N°10 ; LES LIBRAIRES DES SPECTACLES ; ET AU THÉÂTRE, PASSAGE DES PANORAMAS
REPRÉSENTÉE POUR LA PREMIÈRE FOIS À PARIS, SUR LE NOUVEAU THÉATRE DE M. COMTE. LE LUNDI 28 OCTOBRE 1822.
Texte établi par Paul Fièvre, décembre 2017.
publié par Paul FIEVRE, janvier 2018.
© Théâtre classique - Version du texte du 31/07/2023 à 20:01:07.
ACTEURS.
RACINE, poète français. M. ALPHONSE.
MATHURIN, fermier if A _ M. HUTIN.
THOMAS, fermier, M. BRIFFAUT.
PATAFFLARD, greffier. M. PASTELOT.
NICOLAS, garçon de ferme. M. HYACINTHE
NICETTE, petite paysanne. Rôle accessoire Melle MICHELOT.
MIMI, son son frère, Rôle accessoire. M. MANUEL.
PAYSANS.
La scène se passe dans un petit bourg aux environs d'Auteuil.
S'adresser, pour la musique, au théâtre ; et chez M. Malpertuis, rue du Temple, n°81.
LE PROCÈS, RACINE CO...
Le Théâtre représente un paysage. D'un côté, la ferme de Thomas ; de l'autre, celle de Mathurin.
SCÈNE PREMIÈRE.
NICOLAS, sortant de la ferme à droite.
Enfin, la paix est donc faite ! Voilà tout le monde d'accord ; le père Mathurin a embrassé le père Thomas, le père Thomas a embrassé le père Mathurin ; le passé est oublié, ils ne plaideront point, et au lieu de vider un méchant procès, ils videront une bonne bouteille de vin ; car ils sont convenus de déjeuner ensemble. Moi qui suis le neveu de l'un et le filleul de l'autre, j'aime bien mieux les voir en bonne intelligence que de les voir se chamailler, parce que leurs disputes ne m'amusent guères, et puis que quelquefois je me ressens de leur mauvaise humeur, et je n'y gagne rien de bon ; paf !... Un soufflet par ci... Pan ! Un coup de pied par là, et je vais me coucher par là dessus... Ah ! Voilà monsieur Patafflard le greffier du village.
SCÈNE II.
Nicolas, Patafflard, un rouleau de papier sous le bras.
PATAFFLARD, à lui-même.
C'est aujourd'hui que Monsieur Racine, ce poète célèbre, doit venir prendre possession de ce beau domaine... Je veux le complimenter de main de maître, et ma harangue ne commence pas mal.
Sublime auteur du Cid, de la Jérusalem délivrée et du Misanthrope... [ 1 Aucune des oeuvres citées ne sont de Jean Racine. Elles sont de Pierre Corneille, Le Tasse et Molière.]
Il voit Nicolas.
Bonjour, mon ami Nicolas.
NICOLAS.
Votre serviteur, monsieur Patafflard.
PATAFFLARD.
Eh, bien, mon garçon, j'ai appris que Thomas et Mathurin s'étaient réconciliés.
NICOLAS.
Oui, vraiment ; ils ont renoncé à plaider et se sont embrassés.
PATAFFLARD.
J'en suis enchanté.
NICOLAS.
C'est ce que tout le monde dit, parce que, voyez-vous, on les aime dans le village, et on n'était pas bien aise de voir deux braves et honnêtes fermiers se quereller comme çà à propos de hotte.
PATAFFLARD.
Verum est.
NICOLAS.
Ah ! C'est du latin, çà, qu'est-ce ça veut dire, Monsieur Patafflard ?
PATAFFLARD.
Cela veut dire, il n'y a pas de doute.
NICOLAS.
Enfin, les voilà de bon accord, et ils vont déjeuner ce matin ensemble. C'est charmant, pourvu que ça dure.
PATAFFLARD.
Utinam ut.
NICOLAS.
Tutina, quoi ?
PATAFFLARD.
Ut, cela veut dire, je le souhaite de tout mon coeur.
NICOLAS.
Ah ! Mon Dieu que c'est beau, le latin ; Monsieur Patafflard ; quand je serai plus grand, vous me l'apprendrez ; je veux devenir savant comme vous.
PATAFFLARD.
Cela ne sera pas long, dès que tu liras un peu currente calamo, nous commencerons musa la musique.
THOMAS ET MATHURIN, appelant chacun d'un côté.
Nicolas !... Nicolas !...
NICOLAS.
Les voilà qui m'appellent.
Il court çà et là.
Me Voilà, mon oncle, me voilà, mon parrain ? Je ne sais auquel entendre !... C'est égal, adieu Monsieur Patafflard.
Il sort.
SCÈNE III.
PATAFFLARD.
Diable ! Cette réconciliation-là ne fait pas mon compte ; Thomas et Mathurin sont deux bonnes vaches à lait dont j'espérais tirer quelques émis ; tout en ayant l'air de les apaiser, je soufflais le feu ; c'est bien le moins que ce procès-là m'eût pu rapporter une douzaine d'assignations, six ou sept protestations, autant de contraintes, sans compter les requêtes, les consultations, les expéditions, l'enregistrement et la condamnation d'une des parties... Oh !... Oh !... C'est une perte que cette affaire-là ; je vais mettre bon ordre au raccommodement... Ils vont déjeuner, je m'invite, et, tout en buvant leur vin, je ferai si bien, qu'au lieu d'un procès il y en aura trois. Unus et plurimum, abondance de biens ne nuit pas.
SCÈNE IV.
Patafflard, Mathurin.
MATHURIN.
Voyez, ce coquin de Nicolas, je l'appelle à tue-tête ; c'est comme si je chantais.
PATAFFLARD.
C'est que le père Thomas l'a appelé aussi.
MATHURIN.
Et il aime mieux obéir à son parrain qu'à son oncle ; voilà qui est merveilleux ; la jeunesse aujourd'hui est par ma foi bien indiquée ?
PATAFFLARD.
Allons, père Mathurin, puisque la paix est faite, n'allez pas, avec votre vivacité ordinaire, déranger un accommodement tout aimable.
MATHURIN.
Ouais !... C'est que ce vaurien de Thomas cherche toujours à me faire quelques pièces.
PATAFFLARD.
Fi donc ! Ne croyez pas cela.
À part.
La paix n'est pas tellement solide qu'on ne puisse la rompre.
MATHURIN.
Ah çà, quel motif vous amène donc d'aussi bonne heure par chez nous ?
PATAFFLARD.
J'ai quelques affaires de mon emploi de ce côté.
MATHURIN.
Sans doute une saisie, une assignation ou une contrainte. Savez-vous que vous êtes bienheureux, Monsieur Patafflard d'avoir comme ça plusieurs cordes à votre arc, et de manger ainsi à cinq ou six râteliers ; vous êtes en même temps greffier, huissier, procureur, magister, écrivain, apothicaire, dentiste, syndic et barbier ; voilà que je crois assez de métiers pour faire bouillir une marmite.
PATAFFLARD.
Oui, oui, mais, mon cher Mathurin, tout n'est pas profit, j'ai des pertes aussi dans mes charges. Fortuna prodit spem.
MATHURIN.
Ça veut dire que...
PATAFFLARD.
Que ce n'est pas tous les jours fête.
MATHURIN.
C'est une admirable chose que le latin... Mais dites-moi, pensez-vous que j'aie agi sagement en me réconciliant avec le gros Thomas.
PATAFFLARD.
Oui..., oui..., mais ça fait jaser...; vous savez qu'il y a toujours des mauvaises langues, et l'on dit que c'est vous qui avez cédé.
MATHURIN.
Ah ! L'on dit cela..., jarni ! Si je le savais je me refâcherais tout à l'heure, et de la bonne sorte !
PATAFFLARD.
Vous entendez bien que ce n'est pas moi qui dis cela, je n'aime pas les cancans..., et puis je sais trop bien que vous aviez raison.
MATHURIN.
Oh ! Ça j'avais raison, et si nous en fassions venus à plaider...
PATAFFLARD.
Il aurait perdu, cela n'est pas douteux.
MATHURIN.
Et le benêt soutient qu'il aurait gagné...
PATAFFLARD.
C'est un extravagant, mais de grâce, modérez-vous ; on pourrait croire que je réveille votre animosité, tandis qu'au contraire, j'ai toujours été neutre dans cette affaire ; vous savez d'ailleurs combien je déteste les querelles.
MATHURIN.
À la bonne heure ? Mais palsambleu, aussi bien il faut que je vous quitte ; j'ai un boeuf qui a mal aux dents.
PATAFFLARD.
Ah ! Ah ! C'est une dent oeillaire ou molaire ?
MATHURIN.
Ma foi tout ce que je sais, c'est que c'est une dent de la bouche, et qu'elle lui fait grand mal.
PATAFFLARD.
Voyez comme il se trouve actuellement, et s'il y avait péril dans la demeure, periculum in fabula vous me préviendriez.
Mathurin sort.
SCÈNE V.
PATAFFLARD.
En voilà un qui fera tout ce que je voudrai... Bon, voici l'autre ; il n'est pas aussi prompt, mais item, il est plus bonasse.
SCÈNE VI.
Patafflard, Thomas.
THOMAS.
Bonjour donc, Monsieur Patafflard.
PATAFFLARD.
Eh ! C'est vous, mon cher Thomas ? Quelle figure de Santé ; on n'a pas besoin de vous demander comment ça va.
THOMAS.
C'est vrai, jarni ! Je me porte comme un charme ; je mange et bois bien ; je dors mieux encore ; mes petites affaires ne se portent pas mal non plus, et je suis sans inquiétudes.
PATAFFLARD, avec emphase.
O fortunatos nimiùm, sua si bona norint agricolas ! Ce qui veut dire en français : les paysans sont plus heureux que des rois quand l'année est bonne.
THOMAS.
Vous savez que je suis raccommodé avec Mathurin ?
PATAFFLARD.
Oui, je sais cela.
THOMAS.
Qu'en dites-vous ?
PATAFFLARD.
Ma foi... rien... vous savez bien que... je n'ai jamais voulu... d'ailleurs... ce n'est pas que je m'intéresse beaucoup à ... mais au résumé... voyez-vous, père Thomas... moi... je suis toujours le même, et voilà ce que je pense.
THOMAS.
Ma fine, tout ce que vous me dites là, c'est comme quand vous parlez latin, je n'y comprends rien du tout ?
PATAFFLARD.
Voyez, voilà comme vous êtes père Thomas ; j'ai beau m'en défendre, vous voulez absolument me faire parler.
THOMAS.
Qu'est-ce qu'il y a donc ?
PATAFFLARD.
Certainement cela me chagrine, car, enfin, faut-il vous dire que Mathurin est à la joie de son coeur... et que tout le village se moque de vous ?
THOMAS.
Bah !
PATAFFLARD.
Vous sentez bien que moi, je suis neutre là-dedans... Je ne sais que penser de tout cela ; Mathurin est un écervelé qui voulait vous chicaner, et il avait tort...
THOMAS.
Oui, certes, il avait tort et j'avais raison, et s'il s'avisait de prétendre dire le contraire, nous lui ferions bien voir qu'il n'est qu'un sot z'en toutes lettres.
PATAFFLARD.
Comme vous le dites fort élégamment !
THOMAS.
C'est que nous ne sommes pas de la Saint-Jean, et l'on n'est pas aussi bête qu'on veut... bien le paraître.
PATAFFLARD.
C'est juste.
À part.
Les choses vont à souhait.
THOMAS, s'échauffant.
C'est qu'il ne faut pas que Monsieur Mathurin ait l'air de faire le...
PATAFFLARD.
Eh !... là !... là !... Père Thomas, voyez dans quel état vous vous mettez, et l'on pourrait croire cependant que je vous excite à cela ; ah ! Je vous en conjure, pas de scène ! Pas de scène !
THOMAS.
Je voudrais parbleu bien qu'il osât me dire en face, qu'il avait raison.
PATAFFLARD.
Encore une fois, modérez-vous, père Thomas.
THOMAS.
Je ne veux pas me modérer, moi, et je veux être courroucé tout autant qu'il me plaira.
SCÈNE VII.
Les précédents, Mathurin.
MATHURIN.
La peste soit de l'animal.
THOMAS.
Qu'est-ce à dire, maître Mathurin ?
MATHURIN.
C'est une pitié que cette mâchoire !
THOMAS.
Et morguenne, mâchoire toi-même.
MATHURIN.
Et à qui en a donc ce vieux fou ?
THOMAS.
Par là, corbleu, c'est à toi, double sot.
MATHURIN.
Ah ! C'est trop fort, et si tu veux recommencer les querelles, je te donnerai si bien sur le bec que tu resteras coi pour un temps.
THOMAS.
C'est ce que nous verrons.
MATHURIN.
Veux-tu le voir tout de suite.
PATAFFLARD.
Quoi ? Injures, menaces, voies de fait... Ah bon dieu... Mais c'est un scandale public.
À Thomas.
Courage ! Mettez le au pied du mur ;
À Mathurin.
c'est un fou, mettez-moi cela à la raison.
Haut.
Eh ! De grâce, messieurs, cessez un pareil démêlé. Vit-on jamais deux amis s'entreprendre de la sorte... Par ma foi je quitte la partie ; je ne saurais voir plus longtemps un tel désordre.
À part.
On me rappellera pour recevoir les dépositions ;
Haut.
Bellum sit vobiscumm ; que la paix soit avec vous.
Il sort.
SCÈNE VIII.
Mathurin, Thomas.
MATHURIN.
Mais, enfin, à qui diable en as-tu ? Et que t'ai-je fait ?
THOMAS.
Belle demande, ne m'as-tu pas appelé animal à mâchoire ?
MATHURIN.
Oh ! Le tour est plaisant.
Il rit.
Ah ! La bonne drôlerie.
THOMAS.
Je ne vois pas qu'il y ait tant à rire à cela.
MATHURIN.
Eh ! Mon pauvre Thomas, je ne pensais pas plus à toi... ; c'est mon pauvre boeuf qui a mal aux dents...
THOMAS.
Quoi ! Vraiment!
MATHURIN.
D'honneur, je disais que sa mâchoire me tourmente !
THOMAS.
Jarni ! Cela étant , je ne t'en veux plus;
MATHURIN.
Voilà comme tu prends la mouche sans raison.
THOMAS.
Dam ! Je ne savais pas cela.
SCÈNE IX.
Les précédents, Nicolas.
NICOLAS.
Faut-il que je prépare le déjeuner pour qu'on déjeune ?
MATHURIN.
Oui da, ce sera bien fait ; la paix se fera à table ; je me sens un gros appétit qui ne demande que cela.
Nicolas dresse une table.
THOMAS.
Jarni, ce serait grand dommage de demeurer en querelle quand un déjeuner nous attend ; ce serait, palsambleu, bouder contre son ventre.
MATHURIN.
Et ça ne vaut rien ; moi je ne boude jamais à table ; j'aime mieux une indigestion.
Ils se mettent à table.
THOMAS, buvant.
Je te la souhaite.
MATHURIN, buvant.
Je te rends la pareille.
THOMAS.
Comment trouves-tu le vin ?
MATHURIN.
Hum !... Pas méchant... ; il n'est pas vieux.
THOMAS.
C'est du vin d'Yerres. [ 2 Yerres : Village à 20 km au sud de Paris. Actuellement intégré à l'agglomération parisienne dans le département de l'Essonne.]
MATHURIN.
Comment d'hier.
THOMAS.
Eh ! Oui, du village d'Yerres ; il me vient d'Ignace Finot.
MATHURIN.
Bah ! Tu te trompes : c'est du vin de Sceaux. [ 3 Sceaux : ville à mi-chemin entre Paris et Yerres.]
THOMAS.
Ah ! C'est bien d'Yerres.
MATHURIN.
Parbleu non.
THOMAS.
Parbleu si.
MATHURIN.
Par ma foi, tu veux me faire croire...
THOMAS.
Et toi tu veux me soutenir...
MATHURIN.
Vas-tu recommencer la dispute ?
THOMAS.
Tu commences le premier, et mon vin est du vin d'Hièrres.
MATHURIN.
T'es une bête, et ton vin est du vin de Sceaux.
THOMAS.
Non.
MATHURIN.
Si.
THOMAS.
Non, non, non, non, non, non!
MATHURIN.
Si, si, si, si, si, si, si, si !
ENSEMBLE.
THOMAS.
C'est du vin d'Yerres, et certes Ignace ne m'a pas trompé et tu n'es qu'un entêté, un bavard et un méchant.
MATHURIN.
C'est du vin de Sceaux, on t'a attrapé comme un benêt, et tu n'ess qu'un nigaud, un querelleur et un sournois.
SCÈNE X.
Les Précédents, Patafflard.
PATAFFLARD.
Eh bien ! Qu'est-ce ? On se querelle encore ; mais c'est un enfer que cela. Je croyais que tout allait se rarranger, et que cela se terminerait par un déjeuner.
THOMAS.
C'était bien ainsi, Monsieur Patafflard ; mais ce brouillon de Mathurin me veut soutenir que mon vin n'est pas d'Yerres.
MATHURIN.
Non, c'est du vin de Sceaux.
THOMAS.
Je m'en rapporte à Monsieur Patafflard.
PATAFFLARD.
Voyons, où est ce vin ; je vais vous dire cela de la première main.
NICOLAS, lui en donnant.
En voilà, Monsieur Patafflard... C'est-il pas guignolant de voir des choses comme ça ; qu'est-ce que ça fait qu'il soit de Sceaux ou de Mistenflûte, pourvu qu'on le boive. [ 5 Mistenflûte : Terme populaire qui se disait d'un jeune garçon trop délicat. [L] L'usage qu'en fait Nicolas est impropre sauf s'il entend Sceux comme Sot.]
MATHURIN.
Tais-toi.
THOMAS.
Paix ! Bavard.
NICOLAS.
On s'y conforme la...
PATAFFLARD, après avoir bu.
M'si , m'si !... C'est... ma foi je ne sais pas trop... Nicolas, verse, mon garçon, je veux m'assurer,
c'est du Suresnes, oui, bien sûr... bien sûr... [ 6 Il boit.]
MATHURIN.
Je ne le crois pas ; mais, enfin, ça n'est toujours pas du vin d'Yerres...
THOMAS.
Va pour le Suresnes ; mais ce n'est toujours pas du vin de Sceaux.
PATAFFLARD.
Allons, mes amis, quand nous devrions nous disputer après ; déjeunons.
MATHURIN.
Oui, ventregué , déjeunons.
THOMAS.
Allons , voyons, déjeunons. [ 7 On lit MATHURIN dans l'entête de la réplique.]
NICOLAS.
Bon, c'est le meilleur... ça, déjeunons.
THOMAS.
Mettez-vous la, Monsieur Patafflard, à vous la place d'honneur.
PATAFFLARD.
Vous êtes trop honnête annuo libenter ; entre amis, point de cérémonie.
NICOLAS.
Ah ! Mon oncle, mon parrain... Voilà un beau monsieur qui vient par ici ; ça a l'air d'un Parisien de Paris.
SCÈNE XI.
Les précédents, Racine.
RACINE.
Ne vous dérangez pas, mes bons amis, indiquez-moi seulement si je suis bien dans la direction d'Auteuil ; je crains de m'être égaré sur la route.
À part.
Gardons l'incognito.
THOMAS.
Oui da, mon bon monsieur, vous vous êtes écarté au moins d'une grande lieue. [ 8 Lieue : La lieue commune de France, ou lieue géographique, était de deux mille deux cent quatre-vingt-deux toises (4444 mètres et demi). [L]]
RACINE.
Cela me contrarie beaucoup ; j'espérais y être rendu sur les midi. [ 9 Sur les midi : aux environs de midi, approximativement à midi.]
MATHURIN.
Jarni, vous n'y serez pas à deux heures, et si vous êtes à jeûn, et que notre déjeuner vous puisse être agréable...
THOMAS.
Dam, c'est bien à votre service, monsieur...
RACINE.
J'accepte volontiers, mes amis ; un repas fruga1 offert d'aussi bon coeur a un double prix, et quand l'appétit ne manque pas, il augmente encore de valeur. [ 10 Frugal : Repas frugal, table frugale, repas, table où l'on ne sert que des mets simples et sans apprêt. [L]]
À part. Pendant que tous s'empressent à le placer.
« Oubliant les grandeurs et leur pompe imposante,
Le bon Roi visitant la chaumière indigente,
Chez l'honnête Michaut paraît libre et content,
Racine près d'Auteuil en peut bien faire autant. »
Il s'assied.
PATAFFLARD.
Monsieur se rend sans doute à Auteuil pour voir Monsieur Boileau. [ 11 Boileau, Nicolas (1636-1711) : Auteur de satires et d'un Art poétique. Ami de Jean Racine.]
RACINE.
Justement, c'est un de mes grands amis.
NICOLAS, mangeant à l'écart.
Ah ! Bon, c'est signe que vous n'êtes pas une bête, car on dit comme ça qu'il fait la guerre aux sots, et qu'il n'est l'ami que des gens d'esprit ?
RACINE.
Je suis flatté de votre remarque... mais vous connaissez donc Boileau.
THOMAS.
Eh ! Jarni, qui est-ce qui ne le connaît pas ? Un si brave et honnête monsieur ; d'ailleurs, j'avons-t-il pas not' grand fieux Antoine qui est son jardinier. [ 13 Jarni : Sorte de jurement.]
PATAFFLARD.
J'ai en souvent le plaisir de voir Monsieur Boileau ; j'ai l'honneur d'être son collègue ; je suis homme de lettres.
RACINE.
Ah ! Vous êtes homme de lettres... Je vous plains... De quel genre sont vos productions ?... Chantez-vous les bergers, les dieux, les exploits...
PATAFFLARD.
Je suis pour les exploits... ; c'est-à-dire je ne les chante pas, je les dresse.
RACINE, riant.
Ah ! J'entends... et comme homme de lettres...
NICOLAS.
Monsieur Patafflard nous montre à lire et à écrire.
RACINE.
Fort bien.
PATAFFLARD.
Connaissez-vous Monsieur Racine aussi ?
RACINE.
Mais oui, un peu ?
MATHURIN.
C'est celui-là, qui est un fameux savant pour toutes les écritures.
PATAFFLARD.
Nous l'attendons aujourd'hui, et j'ai mis quelqu'un en faction pour guetter ses équipages.
RACINE.
Ses équipages... il n'en a pas ; un poète ne roule jamais carrosse.
THOMAS.
En attendant qu'il arrive... Jarni ! Buvons à sa santé.
TOUS buvant.
À la santé de Monsieur Racine.
MATHURIN.
Eh bien, Monsieur, si vous étiez venu un petit moment plutôt, vous nous auriez trouvés en querelle.
THOMAS.
Et hier nous étions en procès.
RACINE.
En procès... Fi donc !
MATHURIN.
C'est ce gros Thomas qui m'avait cherché noise. [ 14 Noise : Discorde accompagnée de bruit. [L]]
THOMAS.
Ah ! Tu diras peut-être que j'avais tort ?
MATHURIN.
Oui, certes ! Et grandement tort.
THOMAS.
Çà n'est jarni pas vrai ; la raison était bien de mon côté.
MATHURIN.
Enfin, Monsieur, je vous en fais juge. Thomas a un grand prunier dont les branches tombent dans mon enclos ; les prunes qui tombent chez moi sont à moi, je le soutiens, parce que... [ 15 Mathurin est juridiquement dans le vrai.]
THOMAS.
Parce que tu es un fripon et un malhonnête homme.
MATHURIN.
Ah ! C'est trop fort, vous l'entendez, j'espère, eh bien ! Je n'en démorderai pas ; corbleu, nous plaiderons.
THOMAS.
Oui. Nous plaiderons... et puisqu'il m'échauffe les oreilles...
MATHURIN.
On te les lavera pour te les rafraîchir.
THOMAS.
Nous verrons !
MATHURIN.
J'aurai cent fois raison.
THOMAS.
La justice est là.
MATHURIN.
Nous plaiderons.
THOMAS.
Nous plaiderons !
ENSEMBLE.
Nous plaiderons !
PATAFFLARD.
C'est un vacarme à ne pas s'entendre.
RACINE.
Comment, mes enfants, vous voudriez, pour un moment que je passe avec vous, me laisser partir avec le regret de vous voir en mauvaise intelligence ?
MATHURIN.
Oh ! C'est un parti pris, nous plaiderons.
THOMAS.
C'est bien décidé ; je ne reviendrai pas sur ce que j'ai dit...
MATHURIN.
Quand il devrait m'en coûter trois cents francs...
THOMAS.
Quand je devrais y perdre cent écus.
THOMAS, pleurant.
Là, voyez si ce n'est pas terrible de se quereller comme ça pour des prunes. [ 16 Pour des prunes : populaire, pour rien, sans importance.]
RACINE.
Vous voulez plaider, vous ne savez donc pas ce que peut coûter un procès ? Ah ! Mes amis, la maudite chose que la chicane.
À part.
Il serait plaisant de les réconcilier avec une scène des Plaideurs ; [ 17 Les Plaideurs, en un acte et en vers est la seule comédie de Jean Racine.]
Haut.
Tenez, je vais vous conter ce qui m'est arrivé à moi, et si, après l'exemple que je vais vous citer, vous persistez dans votre projet ridicule, je vous tiens pour les plus entêtés et les plus fous de tout le canton. [ 18 Canton : division administrative. Un canton regorupe plusieurs communes.]
5 | « Voici le fait : depuis quinze ou vingt ans en çà, [ 19 Les vers 5 à 36 sont extraits de la comédie des Plaideurs de Racine : vers 201-232.] |
Au travers d'un mien pré certain ânon passa,
S'y vautra, non sans faire un notable dommage,
Dont je formai ma plainte au juge du village.
Je fais saisir l'ânon. Un expert est nommé ;
10 | À deux bottes de foin le dégât estimé. |
Enfin, au bout d'un an, sentence par laquelle
» Nous sommes renvoyés hors de cour. J'en appelle.
Pendant qu'à l'audience on poursuit un arrêt ;
Remarquez bien ceci, mes amis, s'il vous plaît,
15 | Notre ami Drolichon, qui n'est pas une bête, |
Obtient pour quelque argent un arrêt sur requête ;
Et je gagne ma cause. À cela que fait-on ?
Mon chicaneur s'oppose à l'exécution.
Autre incident : tandis qu'au procès on travaille,
20 | Ma partie en mon pré laisse aller sa volaille. |
Ordonné qu'il sera fait rapport à la Cour
Du foin que peut manger une poule en un jour :
Le tout joint au procès. Enfin, et toute chose
Demeurant en état, on appointe la cause
25 | Le cinquième ou sixième avril cinquante-six. |
J'écris sur nouveaux frais. Je produis, je fournis
De dits, de contredits, enquêtes, compulsoires,
Rapports d'experts, transports, trois interlocutoires,
Griefs et faits nouveaux, baux et procès-verbaux,
30 | J'obtiens lettres royaux, et je m'inscris en faux. |
Quatorze appointements, trente exploits, six instances,
Six-vingts productions, vingt arrêts de défenses,
Arrêt enfin. Je perds ma cause avec dépens,
Estimés environ cinq à six mille francs.
35 | Est-ce là faire droit ? Est-ce là comme on juge ? |
Après quinze ou vingt ans, je n'ai pas un refuge.»
THOMAS.
Ah ! Bon dieu, c'est-il possible ?
PATAFFLARD, à part.
Qu'est-ce qu'il leur conte donc là, avec son ami Drolichon ?
MATHURIN.
Mais, c'est effrayant çà, Monsieur ?
THOMAS.
Ah ! Ça, il faut donc se laisser manger la laine sur le dos.
MATHURIN.
On aura donc le droit d'insolence ; et les battus paieront l'amende par dessus le marché.
THOMAS.
Enfin, je m'en rapporte à Monsieur Patafflard, est-ce moi qui ai tort ?
PATAFFLARD, hésitant.
Non, non, père Thomas... mais...
MATHURIN.
Mais ; c'est peut-être moi, corbleu, le tour est des meilleurs ; ne m'avez-vous pas dit que c'était moi qui avais raison ?
PATAFFLARD.
Eh bien, oui, oui, père Mathurin ; mais que diable, vous vous emportez là... Entendons-nous d'abord, la colère n'est bonne à rien, in culpa ducit ira ; la modération est la plus belle des vertus... et... vous savez comme moi ; que... du reste... ma foi, je n'ai rien à vous dire !
RACINE, à part.
Monsieur Patafflard joue son rôle à merveille ! Je vais tâcher de finir le mien à l'avantage de ces bonnes gens.
THOMAS.
Comment, six mille francs de frais pour deux-bottes de foin !
MATHURIN.
La justice a une balance qui n'a pas été vue au contrôle. [ 20 La balance n'est pas équilibrée et n'est pas juste.]
THOMAS.
Si je savais en être pour le quart de cela, j'aimerais mieux ne plaider de ma vie.
MATHURIN.
Mais conviens donc, au moins, que tu as tort.
THOMAS.
Si... j'ai un peu raison.
RACINE.
JE VAIS DÉCIDER CELA EN DEUX MOTS :
« Oui, deux mots, mes amis, vont vous mettre d'accord, Mathurin a raison et Thomas n'a pas tort. »
Il rit.
Voilà ce que vous dirait le juge le plus habile. Croyez-moi, faites la paix ; elle a bien plus de charmes qu'une guerre, même juste en apparence.
THOMAS.
Ma foi, si Mathurin veut, je nous baillons la main. [ 21 Bailler : Donner. [L]]
MATHURIN.
Morgué ! Je ne caponne pas, et vilain celui qui nous désunira. [ 22 Caponner : Cajoler. [L]]
PATAFFLARD, à part.
Cela va mal... Je suis fait.
RACINE.
À la bonne heure, voilà ce que j'aime à voir. Bien, mes enfants, soyez toujours de bon accord , vous vous en porterez mieux et vos granges aussi ; il n'y a que l'envie et la chicane qui n'y trouveront pas leur compte.
SCÈNE XII.
Les mêmes, Nicette, Mimi, tout le village des bouquets à la main.
CHOEUR.
Air : Mais bientôt après l'orage. (du tableau parlant)
Oui, portons ces fleurs nouvelles
À not' bienfaiteur chéri,
Les plus fraîches et les plus belles,
40 | Sont les plus dignes de lui. |
NICETTE.
Air : Du vaudeville de Madame Scarron.
Oui, ce bon monsieur Racine,
Que nous attendions là-bas,
Incognito j'imagine,
Ici, vient d'porter ses pas ;
45 | Il a déjà dans l'village |
Fait du bien dès qu'il y est venu,
En faut-il davantage,
Tous nos coeurs l'ont r'connu.
Elle montre Racine.
CHOEUR.
Oui , portons , etc.
RACINE, à part, riant.
Je suis découvert.
Haut.
Oui, mes enfants, je me nomme Racine.
Il embrasse Nicette et Mimi.
TOUS.
Patafflard commence sa harangue, on le retient.
Vive Monsieur Racine !
RACINE.
Quel est ce joli petit garçon ?
NICETTE.
C'est mon frère, Monsieur.
MIMI.
Oui, Monsieur, je suis le frère de ma soeur ; je m'appelle Mimi, pour vous servir si j'en étais capable.
RACINE.
Il est charmant !
NICETTE.
Il est bien savant pour son âge au moins ; il lit déjà dans la civilité puérile.
MIMI.
Et honnête, Monsieur Racine ; je sais aussi par coeur des fables de La Fontaine.
RACINE.
Ô grand homme, quel triomphe pour toi !
MIMI.
La dernière que j'ai apprise, c'est l'huître et les plaideurs.
RACINE.
Bravo ! Récites-nous-la, mon petit ami ; elle est de circonstance aujourd'hui. Profitez de la leçon de cette fable, Thomas ; elle est le meilleur code du village.
MIMI.
M'y voilà.
Il récite la fable.
L'HUÎTRE ET LES PLAIDEURS.
50 | Un jour, deux pèlerins sur le sable rencontrent |
Une huître que le flot y venait d'apporter,
Ils l'avalent des yeux, du doigt ils se la montrent
À l'égard de la dent il fallut contester.
L'un se baissait déjà pour ramasser la proie,
55 | L'autre le pousse, et dit : il est bon de savoir |
Qui de nous en aura la joie ;
Celui qui le premier a pu l'apercevoir,
En sera le gobeur, l'autre le verra faire.
Si par là l'on juge l'affaire,
60 | Reprit son compagnon, j'ai l'oeil bon, Dieu merci; |
Je ne l'ai pas mauvais aussi,
Dit l'autre, et je l'ai vue avant vous sur ma vie ;
Eh bien, vous l'avez vue, et moi je l'ai sentie.
Pendant tout ce bel incident,
65 | Perrin Dandin arrive ; ils le prennent pour juge, |
Perrin fort gravement ouvre l'huître et la gruge.
Nos deux Messieurs le regardant.
Ce repas fait, il dit, d'un ton de président :
Tenez, la Cour vous donne à chacun une écaille
70 | Sans dépens, et qu'en paix chacun chez soi s'en aille. |
THOMAS.
Et ça nous fait voir que nous n'étions que des imbéciles.
PATAFFLARD, furieux.
Ce Monsieur Racine est un impertinent ! Qu'il vienne tous les jours un Parisien comme celui-là, chez nous, et je suis ruiné.
SCÈNE XIII et DERNIÈRE.
Tous, excepté Monsieur Patafflard.
NICOLAS.
Eh bien, il est honnête, Monsieur Patafflard.
THOMAS.
On dirait qu'il se sent.....
MATHURIN.
C'est pour ça qu'il se mouche. [ 23 La proverbe est "Qui se sera morveux si se mouche." cite dans Littré.]
THOMAS.
Jarnigai, Monsieur Racine, vous nous avez réconciliés ; nous sommes bien persuadés à présent de tout ce que vous nous avez dit, jarni ! Un méchant accommodement vaut mieux que le meilleur procès.
CHOEUR.
Air : De la Maille de sincérité.
Suivons l'Adage,
Il est fort sage,
Chacun chez nous vivons en paix,
Fuyons à jamais
75 | Les procès. |
VAUDEVILLE FINAL.
Air nouveau, de M. MALPERTUIS, ou du Vaudeville de Jadis et Aujourd'hui.
MATHURIN.
Thomas aime à parler en maître,
Moi je suis dans le même cas ;
Pour se ressembler trop peut être,
Nos têtes ne s'accordent pas.
80 | Mais nos coeurs sont d'intelligence, |
Si l'un de nous a quelque tort,
Consultons-les toujours d'avance,
Et nous serons toujours d'accord.
Les deux derniers vers en choeur.
THOMAS.
Renonçons aux folles querelles
85 | Qui nous ont par trop désunis ; |
Éloignons jusqu'aux étincelles
Des procès qui brouillent les amis.
Mon cher Mathurin que t'en semble,
Si la saison est d'bon rapport,
90 | Gn'y a qu'à manger nos prunes ensemble? |
Et nous serons toujours d'accord.
RACINE.
Chez plus d'un auteur que l'on cite,
Souvent la rime et la raison
Malgré leur apparent mérite,
95 | Semblent être en division. |
Chez les Pradon , chez les Linière, [ 24 Pradon (Jacques) : poète tragique né à Rouen en 1632 et mort à Paris en 1698. S'opposa à la Phèdre de Racine par sa propre Phèdre qui obtenu le succès fugace grâce à une cabale. Il est resté comme le type de la médiodrité intrigante, vaniteuse et jalouse.]
Elles auront le même sort ;
Mais chez Lafontaine et Molière,
On les verra toujours d'accord.
NICETTE, au public.
100 | Malgré nos efforts pour vous plaire, |
Contre nous prenant leurs ébats ;
Si les sifflets nous font la guerre,
Messieurs ne vous accordez pas.
Mais si par un effet contraire
105 | Notre zèle vous plut d'abord ; |
Pour applaudir loges, parterre,
Que tout le monde soit d'accord.
CHOEUR.
Suivons l'Adage , etc.
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Notes
[1] Aucune des oeuvres citées ne sont de Jean Racine. Elles sont de Pierre Corneille, Le Tasse et Molière.
[2] Yerres : Village à 20 km au sud de Paris. Actuellement intégré à l'agglomération parisienne dans le département de l'Essonne.
[3] Sceaux : ville à mi-chemin entre Paris et Yerres.
[4] Guignolant : terme inconnu.
[5] Mistenflûte : Terme populaire qui se disait d'un jeune garçon trop délicat. [L] L'usage qu'en fait Nicolas est impropre sauf s'il entend Sceux comme Sot.
[6] Il boit.
[7] On lit MATHURIN dans l'entête de la réplique.
[8] Lieue : La lieue commune de France, ou lieue géographique, était de deux mille deux cent quatre-vingt-deux toises (4444 mètres et demi). [L]
[9] Sur les midi : aux environs de midi, approximativement à midi.
[10] Frugal : Repas frugal, table frugale, repas, table où l'on ne sert que des mets simples et sans apprêt. [L]
[11] Boileau, Nicolas (1636-1711) : Auteur de satires et d'un Art poétique. Ami de Jean Racine.
[12] Antoine : le jardinier de Boileau se nommait Antoine. Il est cité dans une de ses épitres : "Antoine, gouverneur de mon jardin d'Auteuil".
[13] Jarni : Sorte de jurement.
[14] Noise : Discorde accompagnée de bruit. [L]
[15] Mathurin est juridiquement dans le vrai.
[16] Pour des prunes : populaire, pour rien, sans importance.
[17] Les Plaideurs, en un acte et en vers est la seule comédie de Jean Racine.
[18] Canton : division administrative. Un canton regorupe plusieurs communes.
[19] Les vers 5 à 36 sont extraits de la comédie des Plaideurs de Racine : vers 201-232.
[20] La balance n'est pas équilibrée et n'est pas juste.
[21] Bailler : Donner. [L]
[22] Caponner : Cajoler. [L]
[23] La proverbe est "Qui se sera morveux si se mouche." cite dans Littré.
[24] Pradon (Jacques) : poète tragique né à Rouen en 1632 et mort à Paris en 1698. S'opposa à la Phèdre de Racine par sa propre Phèdre qui obtenu le succès fugace grâce à une cabale. Il est resté comme le type de la médiodrité intrigante, vaniteuse et jalouse.