******************************************************** DC.Title = ESTHER, DIVERTISSEMENT SPIRITUEL DC.Author = NADAL, Augustin DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Subject = Théâtre, Pièces de DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = FIEVRE, Ernest DC.Date.Issued content = 2019-05-17 DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 12/06/2019 à 08:07:08. DC.Coverage = Iran DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/NADAL_ESTHER.xml DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** ESTHER DIVERTISSEMENT SPIRITUEL. Exécuté pour la première fois par l'Académie de Musique de Poitiers, le 4 mars 1735. M. DCC. XXXVIII. Avec Approbation et privilège du Roi. de MONSIEUR L'ABBÉ NADAL, de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. À PARIS, chez BRIASSON, rue Saint-Jacques à La Science. Exécuté pour la première fois par l'Académie de Musique de Poitiers, le 4 mars 1735. NOMS DES ACTEURS. ASSUÉRUS. ESTHER. HYDASPE. UN ISRAÉLITE. UNE ISRAÉLITE. TROUPE D'ISRAÉLITES. LE CHOEUR. SUITE d'ASSURÉRUS et d'ESTHER. La Scène est à Solime, autrement Jérusalem, dans le Palais d'Hérode. Texte tiré de "Oeuvres mêlées de Monsieur l'Abbé Nadal, de l'Acédémie des Inscriptions et Belles-Lettres. Tome Second (...)" 1738, pp. 7-17 SCÈNE PREMIÈRE. Troupe d'ISraléites de l'un et de l'autre sexe. UN ISRAÉLITE. Des bienfaits du Très-haut rappelons la mémoire ; Sa faveur nous comble des dons les plus chéris : Retracer nos périls, c'est célébrer sa gloire Qu'elle soit de nos chants et l'objet et le prix. Sous l'effort d'une main barbare Tout Israël étaient prêt de tomber ; Riend e pouvait le dérober Aux coups que lui prépare Aman, d'un Roi puissant Ministre encore plus fier ? Mais au salut de ce peuple si cher Dieu qui veille, et pour lui tôt ou tard se déclare, Fait servir la beauté d'ESTHER. UN ISRAÉLITE ET UNE FILLE ISRAÉLITE. De la beauté chantons les charmes, C'est de tout un peuple en alarmes Qu'elle va révéler l'espoir : De deux beaux yeux en larmes Chantons tous le pouvoir. LE CHOEUR. De la beauté chantons les charmes, C'est de tout un peuple en alarmes Qu'elle va révéler l'espoir : De deux beaux yeux en larmes Chantons tous le pouvoir. UNE ISRAÉLITE. Dieu forme ESTHER à son image, Il lui fait part de ses traits souverains ; De la beauté lui-même fait usage De ses plus augustes desseins. La coeur le plus sévère De ses aimables coups se trouve combattu : C'est souvent du désir de plaire Que naît l'amour de la vertu. SCÈNE II. Esther, plusieurs filles Israélites. UNE ISRAÉLITE. Charmante ESTHER, hâtez vous de répandre Des pleurs qui d'Israël vont changer les destins ; Au coeur d'ASSURÉUS portez les coups certains Dont notre bonheur doit dépendre. Mais déjà au pied de l'Autel Vos soupirs ont monté vers ce trône immortel, D'où va partir l'arrêt suprême Que le Cien cache en ses décrets : Déjà frémit Aman de ces puissants attraits Que Dieu vient d'augmenter lui-même. Vous régnez sur le coeur du Roi ; Osez devant ses yeux vous montrer sans effroi : Parmi les soins d'un vaste Empire Ce n'est qu'à vos pieds qu'il respire. ESTHER. Ah ! Quel espoir pourrait m'être permis ? De trop perfide Aman je connais l'artifice ; Le destin de l'État dans ses mains est remis, C'est à son gré que de ses ennemis Son injuste faveur obtient le sacrifice. Est-ce là la bonheur que je m'étais promis ! Ô toi, Seigneur, qui vois mon trouble et ma surprise, Est-ce ainsi que ta main préparait mes douleurs ; Le trône où je me vois assise, Doit-il être arrosé tant de fois de mes pleurs ? Ah ! S'il faut qu'Israël périsse, Que me sert l'éclat des grandeurs ; Et pourquoi nous semer de fleurs Les bords mêmes du précipice ? Des décrets de ta justice Qui peut percer les profondeurs. Sous quels dehors brillants ton courroux se déguise ? Faut-il que la terre s'instruise Par l'exemple de nos malheurs ! Le trône où je me vois assise, Doit-il être arrosé tant de fois de mes pleurs ? UNE ISRAÉLITE. Dissipez vos frayeurs, j'en atteste vos yeux. J'atteste ces regards aussi purs que les Cieux : L'ennemi qui déjà dans son coeur nous immole, Et croit qu'un vain oracle abusa nos aïeux, N'a conçu qu'un projet frivole. Vous allez ramener la paix dans ce séjour : C'est la foi qui l'annonce, et l'espérance y vole Sur les ailes de l'amour. UNE ISRAÉLITE. Le Ciel, n'en doutez point, prendra votre défense ; Le trône éblouissant n'avait autour de lui Que les soins séducteurs, que l'altière licence, C'est par vous seule qu'aujourd'hui L'écueil fatal de l'innocence, En devient le plus ferme appui. UNE ISRAÉLITE. Allez où d'Israël la gloire vous appelle, Vos pas seront suivis d'une brillante Cour : Que ne peut point un si beau zèle, Quand il est conduit par l'amour ? LE CHOEUR. Allez où d'Israël la gloire vous appelle, Vos pas seront suivis d'une brillante Cour : Que ne peut point un si beau zèle, Quand il est conduit par l'amour ? ESTHER. Entrons, mêlons nos pleurs, venez, troupe infidèle : Et toi, dans mes desseins, Dieu des Juifs, soutiens-moi, Tourne à ta gloire encore le trouble où je me vois. UNE ISRAÉLITE. Vole, amour, que ta flamme éclaire Un Roi dont la faveur a surpris la vertu ; Qu'avec toi seul il délibère : Vole dans ses conseils, amour que tardes tu [?] SCÈNE III. Assuérus, Esther, Suite d'Ether et d'Assuérus. ASSUÉRUS. Quel profane vers moi porte un pas téméraire, Et qui peut enfreindre des lois Qui lui doit imposer la majesté des Rois ? C'est vous, ESTHER ? D'où naît cette pâleur mortelle, Quel triste effet sur vous ma présence fait-elle ? ESTHER. Sans votre ordre en ces lieux j'ose m'offrir à vous ; Hé ! Puis-je sans mourir craindre votre courroux ! ASSUÉRUS. Dans quel cruel état me jetez-vous vous-même ? Vous le savez, à prévenir vos voeux J'attache mon bonheur suprême ; Sans vous, sans mon amour extrême Je ne puis être heureux. ESTHER. Hé bien, pour tous les Juifs qu'un grand péril menace, Souffrez qu'à vos genoux mes pleurs demandent grâce Dans Suse au glaive abandonnés Aman les a tous condamnés. ASSUÉRUS. Quel intérêt pressant pour un indigne race Vient d'attendrir votre âme, et fait couler vos pleurs ? Lui devez-vous quelque reconnaissance ? ESTHER. C'est de ce même peuple accablé de malheurs, Que votre épouse a pris naissance ; En verra-t-elle opprimer l'innocence, Et la laisserez vous en butte à ses douleurs ? ASSUÉRUS. Ciel ! Est-ce à moi que ce discours s'adresse, Quand je brûle pour vous d'un feu toujours nouveau ? N'ai-je ceint votre front d'une auguste bandeau Que pour voir soupçonner na tendresse ? ESTHER. Je sais dans vos bontés quel secours m'est promis, Dans votre ardeur pour moi rien n'a pu vous contraindre ; Mais c'est au rang suprême où le Ciel vous a mis, Que les plus grands coeurs sont à plaindre. ASSUÉRUS. De l'Empire sur moi qu'exercent vos attraits; Parlez, que voyez-vous qui ne vous avertisse ? ESTHER. Un ministre cruel va combler ses forfaits, Et surprendre votre justice ; Pour nous lancer les derniers traits, On n'attend qu'un instant propice. ASSUÉRUS. Ah ! Que plutôt Aman éprouve le supplice Dont il vient d'ordonner lui même les apprêts ; Sur ses pareils que son sang rejaillisse, Pour être instruit de mes ordres secrets, Et pour punir qui vous opprime, HYDASPE dans ces lieux semble s'offrir exprès. SCÈNE IV. Hydaspe, Troupe d'Israélites ASSUÉRUS. Viens, suis-moi, mesurons la vengeance et le crime. Ils sortent. SCÈNE V. CHOEUR D'ISRAÉLITES. Ciel ! Juste Ciel ! Que d'ESTHER à jamais Puisse durer la repos et la gloire : Si ses vertus annonçaient sa victoire, Que son triomphe égale ses attraits. ==================================================