******************************************************** DC.Title = PAR LA POSTE, MONOLOGUE. DC.Author = MONSELET, Charles DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Monologue DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 06/07/2022 à 21:10:55. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/MONSELET_PARLAPOSTE.xml DC.Source = http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207936d DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** PAR LA POSTE LETTRE À UNE DAME DE PROVINCE 1881. PAR M. CHARLES MONSELET PERSONNAGES L'HOMME.. Paru dans "Saynètes et monologues", Quatrième série, Paris, Tresse Editeur, 1881. pp. 91-95 PAR LA POSTE [L'HOMME]. Vous m'avez demandé des vers ; je le veux bien ; Ceux-là, je vous promets, ne me coûteront rien. J'ouvre pour vous mon coeur et je le laisse dire C'est un pauvre bavard qui vous fera sourire. Quand vous l'écouterez, je serai loin de vous, Au milieu des chemins. Quand nous reverrons-nous ? Je pars ; et malgré moi j'ai retourné la tête Vers la petite rue où vous m'avez fait fête. C'était en juin ; - j'allais cherchant le numéro, Quand j'entendis soudain le son du piano. Je frappai. Votre soeur accourut, grave et tendre, Et me dit : « Taisez-vous, nous allons la surprendre ». Ah ! Ce bonheur facile et charmant entre tous A trop vite passé. Maintenant c'est la peine. J'aurais voulu rester encore une semaine. Demain sera bien triste, hier était si doux! Là-bas où je m'en vais la lutte sera forte ; Chaque jour se succède amenant son danger ; Et quand je reviendrai frapper à votre porte, Peut-être direz-vous : « Quel est cet étranger ? » La vie aura sur moi laissé tomber sa neige ; Mon oeil aura perdu de sa jeune clarté. Qu'aura-t-on fait de moi dans dix ans ? Que serai-je ? Rêveur, rimeur, - ainsi que j'ai toujours été. Alors, au souvenir de bien des choses folles, Mélancoliquement tous deux nous sourirons, Et tous les deux aussi nous nous rappellerons Des lambeaux de jeunesse et de vagues paroles. Si j'allais affecter un sourire moqueur, N'y croyez pas au moins ; la paupière mouillée Trahira sûrement quelque larme oubliée, Larme lente à tarir et qui monte du coeur. Vous, demeurée au seuil, toujours simple et fidèle, Je vous retrouverai, pauvre front incliné, Auprès de votre fille à treize ans déjà belle, Qui lèvera sur moi son regard étonné. Et si cet ange brun que votre lèvre effleure Vient à vous demander, rougissante à demi : « Quel est donc ce monsieur qui sourit et qui pleure ? » En la baisant au front, dites « C'est un ami. » Et vous aurez dit vrai. Depuis bien des années, J'ai suivi pas à pas vos jeunes destinées ; D'abord triste, mais calme, et bientôt m'affligeant, Côtoyant votre vie à distance, et songeant... Dieu vous a fait le coeur d'une bonne personne, Un esprit juste et doux dont chacun est charmé, Un regard attendri dans un oeil qui rayonne, Une pensée en fleur comme un arbre de mai. Vous avez le front pur et l'âme généreuse, Et cet orgueil muet où la haine s'endort. Les belles qualités pour être malheureuse ! Et comme je vous plains, jeune femme au coeur d'or ! Souffrez donc, puisque c'est la loi funeste et sainte ; Mais répétez, à l'heure où l'on se sent trop las : « Il est quelqu'un qui prend la moitié de ma plainte. » Et pensez quelquefois à ceux qui sont là-bas. Et si plus tard, au fond d'un meuble qu'on remue, Vous retrouvez ceci, lettre en forme de chant, Vous vous direz peut-être, et malgré vous émue : « Celui qui fit ces vers n'était pas un méchant. » ==================================================