******************************************************** DC.Title = L'HOMME QUI JOUE SA CULOTTE, SAYNÈTE. DC.Author = MOINAUX, Jules DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Saynète DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 21/12/2021 à 07:13:17. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/MOINAUX_HOMMEJOUESACULOTTE.xml DC.Source = https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5718390w DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** L'HOMME QUI JOUE SA CULOTTE. 1881. Tous droits réservés. par JULES MOINEAUX, rédacteur de la Gazette des Tribunaux. 8517. - Paris. Imprimerie de Ch. Noblet, 13 rue Cujas. - 1881 PERSONNAGES. LE NARRATEUR. LE PRÉSIDENT. LIDOIR. Extrait de MOINAUX, Jules, "Les tribunaux comiques", Paris, Chevalier-Marescq éditeur, 1881. pp 335-338 L'HOMME QUI JOUE SA CULOTTE. LE NARRATEUR. La pudeur commandait à Lidoir de porter un pantalon, l'honneur lui commandait de le retirer ; il a obéi à l'honneur, et le voici en police correctionnelle pour outrage public à la pudeur. On l'a arrêté sous un pavillon des halles, à deux heures du matin, dépourvu du vêtement que la bienséance défend aux Anglaises de nommer, mais ayant une canne ; du reste, grelottant et ne songeant guère sans doute à offenser sciemment la pudeur.L'explication qu'il donne et qu'il appuie de preuves est assez piquante. D'abord, dit-il, voilà les, deux agents qui m'ont arrêté qui peuvent attester que j'étais en ribote. MONSIEUR LE PRÉSIDENT. Ils l'ont, en effet, déclaré ; mais cela ne vous excuse pas. LIDOIR. [Note : Vespétro : Espèce de ratafia stomachique, composé d'eau-de-vie, de sucre, d'angélique et de coriandre. [L]]Sans doute, sans doute ; mais enfin, Monsieur le Président, vous comprenez bien que, pour courir les rues dans le milieu de la nuit sans pantalon, c'est qu'on n'a pas sa raison, ou bien qu'on en a une majeure, qui vous y oblige ; voilà la chose. Nous avions mangé un morceau, nous deux Renard, un sellier comme moi, que nous avons travaillé ensemble dans la même maison et que nous ne nous étions pas vus depuis longtemps. Alors, c'est bien, nous buvons un litre, deux litres, trois litres ; moi, il m'en faut une chopine pour que j'aie mon casque, me v'là donc pincé. Après-dîner, Renard me dit : « Je te joue le café. » Nous jouons le café, je le perds ; nous jouons des petits verres, je les perds ; nous jouons, un bol de vin chaud, je le perds ; nous jouons des prunes, des chinois, du vespétro, du... MONSIEUR LE PRÉSIDENT. Nous n'avons pas besoin de savoir, ce que vous avez joué. LIDOIR. C'est pour arriver au pantalon. Finalement je perds toujours, dont je dis à Renard : « C'est fini, je ne joue plus ; je vas me coucher ; je perdrais jusqu'à ma culotte. - Je te la joue, » qu'il me dit. Rires dans l'auditoire.C'était bête comme tout ; mais vous savez, c'est un mot qui se dit. Si bien qu'il me tourmente ; moi, je prenais ça en riant, mais il m'asticote tant pour me jouer mon pantalon, que je lui dis : « Je veux bien, mais contre le tien ; si tu perds, je te préviens que je le veux et que tu t'en iras chez toi en bannière. » Nouveaux rires. Le marchand de vin riait comme un bossu... MONSIEUR LE PRÉSIDENT. Oui, enfin, c'est la déclaration que vous avez faite dès l'origine, et dont nous ne contestons pas l'exactitude ; il y a d'excellents renseignements sur vous, vos allégations ont été confirmées par Renard, votre adversaire : le tribunal tiendra compte de tout cela. LIDOIR. Qu'est-ce que vous voulez ? On est si bête quand on a du vin ; j'ai perdu mon pantalon, je l'ai donné à Renard, et je m'en allais quand on m'a arrêté. MONSIEUR LE PRÉSIDENT. Vous avez dans Renard un ami qu'il est bien agréable de retrouver après une longue séparation. Rires. LIDOIR. Histoire de rire, mon président ; il était aussi en ribote que moi ; je demande l'indulgence en faveur du rhume considérable que j'ai pincé ; un chien en serait crevé, ma parole d'honneur ! Le tribunal à jugé que l'intention de commettre un outrage à la pudeur n'était pas établie ; il a donc acquitté ce modèle des débiteurs en matière de dette de jeu. LE NARRATEUR. Quoiqu'il en soit, Lidoir ne pourra pas dire avec le poète :Oui, puisque je retrouve un ami si fidèle,Ma fortune va prendre une face nouvelle. ==================================================