******************************************************** DC.Title = MAÎTRE GALIMATHIAS POUR LE GRAND BAL de la Douairíère de Biliebahaut et de son Fanfan de Sotte-ville. DC.Author = LESTOILE, Claude de DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Ballet DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 31/08/2023 à 13:18:45. DC.Coverage = (Pays indéterminé) DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/LESTOILE_MAISTREGALIMATHIAS.xml DC.Source = https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55180800 DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** MAÎTRE GALIMATHIAS POUR LE GRAND BAL de la Douairière de Billebahaut et de son Fanfan de Sotte-ville BALLET DANSÉ PAR LE ROI au mois de Février M. DC. XXVI ACTEURS ATABALIPA. MAHOMET. LE GRAND TURC. LES EUNUQUES. LE BAILLIF DE GROËNLAND. LE BAILLIS DE FRISLAND. LE GRAND CACIQUE. LE GRAND CAM. LES GRENADINS. LA DOUAIRIÈRE. FANFAN. . MAÎTRE GALIMATIAS ATABALIPA, ROI DE CUSCO. Quelqu'un dira peut-être, au lieu de me louer ;Que si l'on voit ma tête en grosseur non commune,C'est à cause quelle a des chambres à louer,Pour loger en tout temps la folie et la lune.Mais las ! J'ai tant de soin pur être possesseur D'une jeune merveille, à nulle autre seconde ;Qu'il faut bien que ma tête ait beaucoup de grosseur,Puisque je mets dedans tous les soucis du monde.Ô beauté, beau sujet de joie et de tourment,Et qu'avec tant d'amour tous les jours je recherche ; Chère Olinde aimons nous jusqu'au jour seulementQue l'on saura pourquoi je suis sur une perche. MAHOMET. Quel rang ne dois-je point tenir ?Est-il quelqu'un qui ne me prise ?Hormis les choses à venir, Il n'est rien que je ne prédise.Tant plus les brouillards sont épais,Moins on voit clair dessus la terre ;Et quand vous n'avez point la paixVous avez la trêve ou la guerre. Par mon art que l'on doit chérir,Bien plus qu'on ne se persuade,Quand un homme est prêt a mourirJe prévois qu'il est fort malade.Ce que je vois m'est découvert, Je ne trompe point sans finesse ;Et mon vêtement jaune et vert,Montre assez quelle est ma sagesse.Montre assez quelle est ma sagesse.Je suis toujours dessous les Cieux ;Où je demeure je m'arrête : Et je n'ai jamais eu les yeuxAttachez ailleurs qu'à la tête.Tous ceux qui font contents de moi,N'ont pas grand sujet de s'en plaindre :Et quiconque observe ma Loi Hormis l'Enfer ne doit rien craindre.Je rends tous les Turcs réjouis ;Et tant de force en eux j'assembleQu'au seul bruit du nom de LOUIS,Il n'est pas un d'eux qui ne tremble. Un tour ce Monarque indompté ;Dont la valeur n'a point d'exemple,Doit faire boire a ma santéTous ses soldats dedans mon Temple. POUR LE GRAND TURC. Ô Célestes beautés dont les yeux ont des traits Qui domptent tout le monde, et font qu'il vous adore ;Le corps de ce grand Turc n'a pas beaucoup attraits :Mais quant à son esprit, il en a moins encore.Il est toujours partout, ou bien ou mal reçu ;Tout aussitôt qu'il marche, aussitôt il chemine, Et bien que devant vous il paraisse bossu,Il n'en est pas plus droit, ni de meilleure mine.Ceux qui de la vertu n'oseraient s'approcher.Ne cessent de le suivre en quelque part qu'il aille ;Et je crois qu'il est d'ambre, au lieu d'être de chair : Car il attire a lui tous les hommes de paille.C'est toi seul, Grand LOUIS dont les armes un jourAbattront son croissant ayant fait sa conquête :Mais tes soldats faisant à ses femmes l'amour,L'auront en peu de temps replanté sur sa tête. POUR LES EUNUQUES. Que vois-je ici, sont-ce des corpsQui soient vivants comme nous sommes,Ou des souches que par ressortsOn fait danser en habit d'hommes.Ô beautés, beaux soleils des âmes, En attendant que l'on sauraS'ils font hommes, bêtes, ou femmesIls sont tout, ce qu'il vous plaira. LE BAILLIF DE GROËNLAND. En tout temps je suis suis juste et de facile accès,Je sers aux vertus de refuge ; Et je suis cet excellent juge,Oui sais juger de tout, excepté des procès.Si je manquais d'un jour a ce que je promets,Ce serait contre ma coutume,Et je suis un homme de plume Qui n'ai rien de léger et ne vole jamais. POUR LE BAILLIS DE FRISLAND. Je sais mieux la chicanerieQue tout le reste des humains :Belles plaideuses, je vous prie,Mettez vos pièces en mes mains. Mais vainement je vous proposeDe vous servir de mon savoir ;Vous gagnez toujours votre cause,Quelque bon droit qu'on puisse avoir. POUR LE GRAND CACIQUE. Voici ce grand astre des Rois, Dont les aïeux tous pleins de gloire,Ont fait de si dignes exploits,Qu'on en parle partout, excepté dans l'histoire. POUR LE GRAND CAM. Ce grand Cam jamais ne s'attristeQu'il n'ait quelque sorte d'ennui, Aussi tout lui cède aujourd'huiHormis tout ce qui lui résiste.se Prince accompli de tout point,Aura place dans nos histoires ;Et déjà l'on peint ses victoires De couleurs que l'on ne voit point. LES GRENADINS. Contre l'Espagnol dont l'audaceSait bien quelle est notre vertu ;Nous avons si bien combattuQu'il nous a fait quitter la place. Pour flatter un peu les tristessesQue nous donne un mauvais destin,Nous buvons et soir et matinÀ la santé de nos maîtresses.Dedans Clamart tout nous oblige À prendre du contentement ;Et dans ce beau lieu seulementLa mort du crédit nous afflige.Après avoir vidé nos verres,Nous disons de bonnes chansons, Pour charmer l'hôte et ses garçonsAvec nos voix, et nos guiterres.Mais par musique, ni parolesCes gens là ne se gagnent plus ;Et n'aiment point le son des luths, S'il n'est joint au son des pistoles.C'est en vain qu'a trousser bagageChacun de nous est diligent ;Sans des nippes, ou de l'argent,Il faut demeurer là pour gage. Grand LOUIS que le Ciel admire,Regarde en pitié notre ennui,Et puisse tu vaincre celui,Qui nous a volé notre empire. CHANSON D'UN GRENADIN, étant dans l'hostellerie de Clamart. Que j'aime en tout temps la taverne ! Que librement je m'y gouverne ;Elle n'a rien d'égal à soi :J'y vois tout ce que j'y demande,Et les torchons y sont pour moiTous faits de toile de Hollande. Durant que le chaud nous outrage,On ne trouve point de bocage :Agréable et frais comme elle est,Et quand la froidure m'y mène,Un malheureux fagot m'y plaît Plus que tout le bois de Vincennes.J'y trouve à souhait toutes choses,Les chardons m'y semblent des roses,Et les tripes des ortolans :L'on n'y combat jamais qu'au verre, Les cabarets et les brelansSont les paradis de la terre.C'est Bacchus que nom devons suivre,Le nectar dont il nous enivreA je ne sais quoi de divin : Et quiconque a cette louangeD'être homme sans boire du vin.S'il en buvait il serait Ange.Le vin me rit, je le caresse ;C'est lui qui bannit ma tristesse, Et réveille tous mes esprits ;Nous nous aimons de même sorte :Je le prends, après j'en suis pris ;Je le porte, et puis il m'emporte.Quand j'ai mis quarte dessus pinte, Je suis gai ; l'oreille me tinte,Je recule au lieu d'avancer :Avec le premier je me frotte,Et je fais sans savoir danserDe beaux entrechats dans la crotte. Pour moi jusqu'à tant que je meure,Je veux que le vin blanc demeureAvec le clairet dans mon corps,Pourvu que la paix les assemble ;Car je les jetterai dehors S'ils ne s'accordent bien ensemble. DIALOGUE DE LA DOUAIRIÈRE DE BILLEBAHAUT, et de son Fanfan de Sotte-ville. LA DOUAIRIÈRE. Que l'on doit bien craindre mes coups,Est il rien que je n'emprisonne ? LE FANFAN. Certes tous vos traits sont si douxQu'ils n'ont jamais blessé personne. LA DOUAIRIÈRE. L'on doit m'aimer uniquement,Car je suis parfaitement belle. LE FANFAN. Vos feux m'échauffent tellementQue je n'ai froid que quand il gèle. LA DOUAIRIÈRE. Je ne veux plus chérir que vous ; Mais gardez bien de me déplaire. LE FANFAN. Lorsque je serai votre épouxJe n'ai garde de vous rien faire. LA DOUAIRIÈRE. Votre voix ravit tous les sourds ;On se meurt quand on vous écoute. LE FANFAN. Vos beaux yeux où sont tant d'amoursCharment ceux qui ne voient goutte. LA DOUAIRIÈRE. J'ai pour vous une passion,Qui ne peut avoir de seconde. LE FANFAN. J'ai pour vous une affection, Que je n'ai que pour tout le monde. LA DOUAIRIÈRE. Vous avez ravi dans la CourCeux qu'on n'y vit jamais paraître. LE FANFAN. Vous avez fait mourir d'amourTous les hommes qui sont à naître. DE L'ESTOILLE. ==================================================