******************************************************** DC.Title = CENDRILLON, COMÉDIE. DC.Author = HUGUES, Clovis DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Comédie DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 05/07/2023 à 08:08:19. DC.Coverage = Pays féérique DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/HUGUES_CENDRILLON.xml DC.Source = DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** CENDRILLON COMÉDIE 1906. Tous droits réservés. Par M. CLOVIS HUGUES SOCIÉTÉ ANONYME D'IMPRIMERIE DE VILLEFRANCHE DE ROUERGUE, Jules Bardoux, Directeur. PERSONNAGES. CENDRILLON. FRISETTE. MAGALI. LA FÉE URGÈLE. LE PRINCE CHARMANT. LE PORTIER. LE CRIEUR. DAMES D'HONNEUR. GARDES. PAGES. La scène se passe dans le pays des fées. Extrait de "Les Joujoux du Théâtre, comédie enfantine, illustration de Louis Bailly", 1906. pp 13-67 CENDRILLON Le théâtre représente un salon élégant. SCÈNE PREMIÈRE. Frisette, Magali, devant une glace. FRISETTE. [Note : Attifer : Parer. [L]]Ma soeur, me trouves-tu bien attifée ainsi ? MAGALI. Suis-je assez belle avec les perles que voici ? FRISETTE. Ne vois-tu nul défaut à ma ceinture rose ? MAGALI. Crois-tu qu'à ma toilette il manque quelque chose ? FRISETTE. N'est-ce pas que ces fleurs font un magique effet ? MAGALI. Magique, c'est le mot ; mais revenons au fait :Dis-moi, serai-je un peu la reine de la fête ? FRISETTE. Dis-moi, remarque-t-on mes dentelles ? MAGALI. Coquette ! FRISETTE. Coquette, c'est parfait ; mais laissons là ce point :Aurai-jE mon triomphe ou ne l'aurai-je point ? MAGALI. Tu l'auras ; penses-tu que je l'aurai de même ? FRISETTE. Comment donc ? MAGALI. Quel bonheur ! FRISETTE. C'est ainsi que je t'aime. MAGALI. J'adore tes cheveux dans ces noeuds de rubans. FRISETTE. Et ta robe m'enchante avec ses plis tombants. MAGALI. Dans le septième ciel ta grâce me transporte. FRISETTE. Quel bonheur ! MAGALI. Ton sourire est charmant de la sorte. FRISETTE. Si tu n'étais ma soeur, je te jalouserais. MAGALI. Si tu n'étais ma soeur, je te détesterais. FRISETTE, à part, sur le devant de la scène. Comme son fol orgueil lui fait perdre la tête ! MAGALI, à part aussi. Dieu ! Quelle vanité, cette pauvre Frisette ! FRISETTE. Sa robe est ridicule. MAGALI. On la coiffe très mal. FRISETTE. Elle a sans doute cru qu'on est en carnaval. MAGALI. Quel tableau ! Ses cheveux ont des raideurs d'étoupe. FRISETTE. Pour admirer sa grâce il faudrait une loupe. MAGALI. Que mâchonnes-tu là ? FRISETTE. Je ne mâchonne rien. Je disais simplement : « Qu'elle est belle ! » MAGALI. Fort bienJe le disais aussi, ma chère, pour ton compte. FRISETTE. C'est d'un bon coeur. MAGALI. Tu crois ? FRISETTE. Si je crois ? MAGALI. Quelqu'un monte. SCÈNE II. Frisette, Magali, Cendrillon. FRISETTE. Cendrillon de malheur, que viens-tu faire ici ? MAGALI. Le comble de l'audace ! FRISETTE. Un toupet réussi ! MAGALI. Eh quoi ! Toujours céans provoquer des esclandres ? FRISETTE. Quand on est Cendrillon, on reste dans ses cendres. MAGALI. As-tu du moins lavé la vaisselle, ce soir ? FRISETTE. Et m'as-tu pour demain préparé mon peignoir ? MAGALI. Tu n'es qu'un ver de terre, et sans nous... FRISETTE. Qui t'appelle ? CENDRILLON, hésitant. Mes bonnes soeurs... MAGALI. Où sont vos soeurs, mademoiselle ? FRISETTE. Les beaux airs triomphants ne sont plus de saison. MAGALI. Tu ne mèneras plus à ton gré la maison,Maintenant que la mort d'une mère nous laisseLibres de te traiter sans stupide faiblesse. CENDRILLON. Je cherche en vain mes torts : que me reprochez-vous. MAGALI. Vous verrez qu'il faudra lui baiser les genoux ! CENDRILLON. Vous me haïssiez moins quand j'étais plus petite.Je suis pourtant toujours la même. FRISETTE. Une hypocrite ! CENDRILLON. Est-ce ma faute à moi si votre mère un jour Me donna comme à vous ma part de son amour ?Je n'étais qu'une pauvre enfant abandonnée.Nul appui, pas d'amis. Je semblais n'être néeQue pour subir l'assaut de toutes les douleurs ;Ce n'était pas pour moi qu'avril clorait les fleurs, Et mes printemps étaient plus tristes que la tombe. MAGALI. Agneau sacrifié ! FRISETTE. Malheureuse colombe ! MAGALI. Tendre petit Saint-Jean prêchant hors du désert ! CENDRILLON. Vous pouvez railler, vous qui n'avez point souffert.Moi, j'ai longtemps vécu sans fêtes, sans dimanches. L'été, pendant la nuit, je dormais sous les branchesDes chênes paternels qui sont les dieux des bois.Aux foyers étrangers je réchauffais mes doigtsÀ la hâte, en passant, quand le givre et la neigeMe prenaient dans le froid comme une oiselle au piège. Pas de mère au doux front pour me tendre la main !J'allais mourir, hélas ! Lorsque sur mon chemin,À l'instant où ma vie était le plus amère,Votre mère me dit : « Veux-tu qu'on soit ta mère ? » FRISETTE. Tu parles comme un livre. MAGALI. On t'a fait la leçon. FRISETTE. Et sur quel ton câlin elle dit sa chanson ! MAGALI. Un rossignol, ma foi ! FRISETTE. Nous la mettrons en cage. MAGALI. En attendant, retourne en bas. FRISETTE. À ton ménage ! CENDRILLON. J'y retourne, et pourtant quel aimable réveil !Comme mon triste coeur s'emplirait de soleil, Si vous vouliez... MAGALI. Quoi donc ? CENDRILLON. À quoi bon vous le dire ?Je crains de vous fâcher ou de vous faire rire. FRISETTE. Parle. CENDRILLON. Je voudrais bien m'en aller avec vousÀ la fête du prince. Il doit être si douxDe regarder, parmi les splendides toilettes, Les hauts lambris dorés flamboyer sur les têtes ! FRISETTE. Elle rêve d'aller chez le Prince charmant ! MAGALI. Et nous conte cela tout naturellement ! FRISETTE. Est-ce qu'on vit jamais les soubrettes admisesAux festins du palais, à côté des marquises ? MAGALI. Mais elle divague ! FRISETTE. Elle est folle, en vérité ! MAGALI. Fais-nous, pour le retour, une tasse de thé. FRISETTE. Sur ce, nous saluons humblement Votre Altesse. MAGALI. Aux cendres, Cendrillon ! TOUTES DEUX, en sortant. Adieu, belle princesse ! SCÈNE III. CENDRILLON. Triste enfant que je suis ! Les cruelles s'en vont Sans se douter, hélas ! Du mal qu'elles me font.[Note : Cet air est de Charles Gounod.] AIR : Quand tu chantes, bercée. Loin du soleil qui brille Je sens mon front ployer. J'ai pour toute famille Les grillons du foyer ; Et leur chant me répète, Au retour des vents sourds : - Pleurez, pauvrette, Pleurez toujours ! Je vois les fleurs que j'aime Et les coeurs se fermer : C'est une loi suprême, Pourtant, que de s'aimer Seule et baissant la tête, Je traîne mes pas lourds. -Pleurez, pauvrette, Pleurez toujours ! À ma ruche on dérobe Son doux rayon de miel. Jamais de belle robe, Couleur d'aube et de ciel ! Mon miroir ne reflète Ni satin ni velours... - Pleurez, pauvrette, Pleurez toujours ! Plaignez-moi, bonnes âmes ! J'ai peur, j'ai froid, j'ai faim. Quand donc dans l'âtre en flammes Se taira-t-il enfin Le chant qui me répète, Au retour des vents sourds : - Pleurez, pauvrette, Pleurez toujours ! SCÈNE IV. Cendrillon, Le portier, La Fée Urgèle; LE PORTIER, derrière la porte. Tu ne franchiras pas, te dis-je, cette porte. LA FÉE URGÈLE, avec une voix cassée. Je la franchirai, dis-je, et le diable t'emporte ! LE PORTIER. C'est trop fort. LA FÉE URGÈLE. J'entrerai. LE PORTIER. Je vais te châtier. LA FÉE URGÈLE. Tu t'échauffes la bile, impétueux portier. LE PORTIER. Je ne suis pas portier, je suis concierge. LA FÉE URGÈLE. Diantre ! LE PORTIER. Et, dusses-tu céans me marcher sur le ventre,Je ne permettrai pas... CENDRILLON. Hé ! Que se passe-t-il ? LE PORTIER, entrant et refermant la porte. C'est une vieille, louche, et maigre comme un fil, Qui s'obstine à monter jusqu'ici. CENDRILLON. Je l'approuve. LE PORTIER. Mais, c'est une diablesse ! CENDRILLON. À merveille ! LE PORTIER. Une louve ! CENDRILLON. Encore mieux ! LA FÉE URGÈLE. Je suis sans asile et sans pain.J'ai quatre-vingt-dix ans : il fait froid, et j'ai faim LE PORTIER. Vas-tu pas déguerpir ? On ne tient point auberge. CENDRILLON. Ouvrez-lui. LE PORTIER. Sotte fille à damner un concierge ! LA FÉE URGÈLE. Laissez-moi m'approcher du feu, pour un moment. LE PORTIER. Nous n'avons pas de feu. LA FÉE URGÈLE. Je grelotte. LE PORTIER. Elle ment. LA FÉE URGÈLE, toujours derrière la porte. [Note : Gustave Nadaud (1820-1893)] AIR : C'est Bonhomme, de Nadaud. Je suis la reine des fées, Celle qui sourit toujours. Que de roses j'ai greffées Sur le rosier des amours ! Ma maisonnette, où scintille L'aube éparse dans les airs, N'est qu'une blonde coquille Arrachée au flot des mers. C'est Urgèle Qu'on m'appelle. Ma baguette est mon trésor : Fée Urgèle vit encor ! La porte s'ouvre toute grande, la fée entre, sa baguette à la main, portant le costume des fées et continuant sa chanson, en présence de Cendrillon et du portier étonnes. Aux pauvres gens en détresse, L'hiver, je porte du bois. Je me déguise en pauvresse Pour m'asseoir sous d'humbles toits ; Puis, quand tombent mes guenilles, Je dépose en m'en allant Une dot aux mains des filles Qui m'ont coupé du pain blanc. C'est Urgèle Qu'on m'appelle ; Ma baguette est mon trésor ; Fée Urgèle vit encor ! J'assiste au baiser des sèves Dans les chênes pleins d'oiseaux ; J'apporte de jolis rêves Aux bébés dans les berceaux ; Je marie aux pâquerettes Le bouton d'or printanier Et dans les geôles muettes Je souris au prisonnier. C'est Urgèle Qu'on m'appelle ; Ma baguette est mon trésor : Fée Urgèle vit encor ! Je me fais toute petite, Si petite sans efforts, Que dans une marguerite, Quand il me plaît, je m'endors Je collabore au mystère Des épis dans les sillons Et je donne aux vers de terre Les ailes des papillons. C'est Urgèle Qu'on m'appelle ; Ma baguette est mon trésor : Fée Urgèle vit encor ! Et maintenant dis-moi, portier, si je me venge,En quelle bête il va falloir que je te change. LE PORTIER. Ah ! Madame la fée, ayez pitié. LA FÉE URGÈLE. Crois-tuQue si je te disais : « Sois un pigeon pattu !... » LE PORTIER. Épargnez-moi. LA FÉE URGÈLE. Je puis, en baissant ma baguette,D'une laine touffue habiller ton squelette,T'allonger le visage en museau, te planterDeux cornes sur le front ou te précipiter,Grenouille au dos visqueux, dans les mares immondes. LE PORTIER, tombant à genoux. Bonne dame ! LA FÉE URGÈLE. Je puis te faire, en deux secondes,Des griffes de vautour. LE PORTIER. Bonne dame ! LA FÉE URGÈLE. Je puisT'abreuver, vieux baudet, aux margelles des puits,Rendre ton nez crochu comme un bec de perruche. LE PORTIER. Bonne dame ! LA FÉE URGÈLE. Je puis coudre une aile d'autruche À ton épaule gauche. LE PORTIER. Ah ! C'en est fait de moi !Je rends l'âme. Pitié ! Mes dents claquent d'effroi. LA FÉE. Si je t'emprisonnais dans une carapace ? LE PORTIER. Je suis mort. CENDRILLON. Bonne fée, accordez-lui sa grâce.Il n'est pas si méchant qu'il s'en est donné l'air. LE PORTIER. C'est juste. CENDRILLON. Un peu brutal, mais pas méchant. LE PORTIER. C'est clair. CENDRILLON. Il tire si souvent le cordon qu'il enrage.Mettons-nous à sa place. LE PORTIER. Admirable langage ! CENDRILLON. Pardonnez. LE PORTIER. C'est la faute à ce chien de métier. LA FÉE URGÈLE. Cendrillon l'a voulu : relève-toi, portier ! Mais sache qu'ici-bas tous les êtres sont frères,Qu'on ne s'enrichit pas à railler les misères,Que le premier devoir est pour tous d'être bons,Et que les mendiants, les gueux, les vagabondsDont tu dédaignerais les plaintes étouffées N'ont pas tous, comme moi, la baguette des fées ! LE PORTIER. Oh ! Je m'en souviendrai. LA FÉE URGÈLE. Laisse-moi seule iciAvec ma Cendrillon. LE PORTIER, se refilant. Madame, grand merci ! SCÈNE V. Cendrillon, La Fée Urgèle. LA FÉE URGÈLE. Écoute, Cendrillon. L'été dernier, à l'heureOù les belles de nuit que le phalène effleure S'ouvrent à la clarté des astres, au momentOù je cueille, songeuse, au bord du lac dormant,La fleur du nénuphar que les flots ont brisée,Je te vis entr'ouvrir lentement ta croisée,Pâle et le front penché sur tes volubilis Dont s'étaient repliés les pétales pâlis.Tu rêvas, très longtemps, aux bruits confus de l'ombre.Par instant, tu levais ton regard doux et sombreDans la sérénité du ciel qui s'étoilait.Trois ou quatre lutins, coiffés de serpolet, Te contemplaient, charmés, eux qui jettent des charmes !Puis, tu pleuras. Alors je recueillis tes larmes,Je compris tes sanglots, j'accusai le destin ;Mais je repris mon vol dans la paix du matin ;Et, depuis cette nuit, je pense à toi, mignonne : Cendrillon est si belle et je la sais si bonne ! CENDRILLON. Il est donc vrai qu'on m'aime et que je me trompais ? LA FÉE URGÈLE. Je t'apporte, ce soir, le bonheur et la paix. CENDRILLON. Quoi ! Je ne serai plus Cendrillon la pauvrette ? LA FÉE URGÈLE, la touchant de sa baguette. Par les prés où fleurit la blanche pâquerette, Par le dôme éternel qui s'arrondit sur nous,Par le clapotement des flots sur les cailloux,Par les sommets tout blancs de l'essor des colombes,Par les petits berceaux et par les grandes tombes,Par le divin soleil qui connaît le secret Des rayons et des vents flottant clans la forêt,Par le chant des marins sur la vague sonore,Par la fuite du gnome au lever de l'aurore,Par la rose effeuillant sa corolle d'or fin,Par les monts, par les bois, par ma baguette enfin, J'ordonne qu'à l'instant où cette main s'abaisseLa pauvre Cendrillon soit changée en princesse ! La transformation s'opère. CENDRILLON. Ô prodige ! Ô mon Dieu ! Comme on est belle ainsi !D'où me vient, dites-moi, la robe que voici ?Les jolis bracelets ! Quelles fines dentelles ! Ça fait sous les doigts comme un long tremblement d'ailes.Je comprends maintenant les contes que j'ai lus :La fée Urgèle existe, et Cendrillon n'est plus ! LA FÉE URGÈLE, l'entraÎnant devant une glace. Comment vous trouvez-vous, ma princesse ? CENDRILLON. Quel songe !Tout ceci n'est, hélas ! qu'un ravissant mensonge. Comme je tomberai de toute ma hauteur,Quand je m'éveillerai de ce rêve enchanteur !Oh ! je tremble, je crains déjà qu'il ne s'achève.Tout ceci n'est, hélas ! qu'un ravissant mensonge. LA FÉE URGÈLE. Ne crains rien, mon enfant, car ce n'est point un rêve. Que me demandes-tu de plus ? CENDRILLON. Un peu d'argent. LA FÉE URGÈLE. Qu'en feras-tu ? CENDRILLON. Du pain. LA FÉE URGÈLE. Pour qui ? CENDRILLON. Pour l'indigent.C'est l'hiver, et je sais bien des gens sans ressource. LA FÉE URGÈLE. Ton souhait s'accomplit dans ta poche. CENDRILLON, retirant une bourse de sa poche. Une bourse ! LA FÉE URGÈLE. Que de noirs horizons viennent de s'éclairer ! CENDRILLON. Et que de malheureux vont cesser de pleurer ! SCÈNE VI. Cendrillon, La Fée Urgèle, Le Portier. LE PORTIER, tombant sur une chaise. Au secours ! Du vinaigre ! Au secours ! Je trépasse. CENDRILLON. Que vous arrive-t-il ? LE PORTIER. Tout a changé de face :Les rats sont des chevaux, le monde est renversé. CENDRILLON. Que voulez-vous nous dire et que s'est-il passé ? LE PORTIER. Je ne vous connais pas, mademoiselle. Un nègreM'a dit que l'on attend Cendrillon. Du vinaigre !Du vinaigre ! Je suis un homme à demi mort. CENDRILLON. Ne connaissez-vous plus Cendrillon ? LE PORTIER, regardant fixement Cendrillon. C'est trop fort !Du vinaigre ! CENDRILLON, présentant un flacon. Voici. Je crois que quelques gouttes... LE PORTIER, tout en buvant. Ces gouttes font du bien. Si je les buvais toutes ?Mais qui donc a changé le vinaigre en vin blanc ? Rendant le flacon vide.Vous m'avez donné là d'un vinaigre excellent ! LA FÉE URGÈLE. Or çà, vas-tu nous dire en deux mots quelle affaire. LE PORTIER. C'est que je ne sais pas... la chose n'est pas claire CENDRILLON. Parle toujours. LE PORTIER. J'étais dans ma loge à songer,Lorsque j'ai vu le bas des murailles bouger,Comme si l'on tentait d'y faire une ouverture.Je m'approche, voulant m'expliquer l'aventure.La muraille s'entr'ouvre. Une bande de rats, Gros, petits et moyens, plus maigres ou plus gras,Sort de la fente et court s'aligner sur deux files,Très gentiment, avec des façons très civiles.Un chat survient, les poils retroussés au menton.Un grand diable de rat lui présente un bâton : Il le saisit et prend la tête de la bande.Tous emboîtent le pas au chat qui les commandeJ'ai le frisson. La peur glace mes os. Je sors.Les ratons et les rats me poursuivent dehors ;Mais ici s'accomplit un changement étrange : Un petit nègre accourt, souffle sur une orangeQu'il tire de sa poche, et floc ! en un instantL'orange est devenue un carrosse éclatant.Maître Chat monte au siège et fait bonne figure.Le régiment des rats s'attelle à la voiture. Alors, venant à moi, monsieur le négrillonMe dit : « Ô porte-clés, va-t'en chez CendrillonAnnoncer, sans tarder, que sa voiture est prête ! »Le nègre disparaît. Je me gratte la tête,Je me pince les bras, je crois dormir debout ; Je gravis l'escalier et je vous conte tout. LA FÉE URGÈLE. Ne saisissez-vous point ce que ça signifie ? LE PORTIER. J'y perdrais mon latin et ma philosophie. CENDRILLON. Moi, je devine un peu. LA FÉE URGÈLE. N'as-tu pas, un moment,Fait le souhait d'aller chez le Prince charmant T'asseoir comme tes soeurs à son banquet de fête ?Eh bien ! Vole au palais, sans que l'on t'inquiète.Seulement, prends bien garde, avant minuit tu dois,Plus prompte que le vent, revenir sous ces toits ;Car le charme que j'ai jeté sur ta personne Est de ceux qui s'en vont sitôt que minuit sonne.Embrassons-nous et pars. Elles s'embrassent.Cette enfant me séduit. CENDRILLON. Adieu. Vous me comblez. LA FÉE URGÈLE. Rappelle-toi minuit. SCÈNE VII. La Fée Urgèle, Le Portier. LA FÉE URGÈLE. Maintenant, à nous deux ! LE PORTIER, à part. Quelque nouvelle tuile ? LA FÉE URGÈLE. Tout à l'heure as-tu bu du vinaigre ou de l'huile ? LE PORTIER. J'ai dégusté d'un vin... À part.- Soyons franc, c'est plus sûr - Haut.Qui m'a produit l'effet d'un flot d'or et d'azurMe passant à travers le gosier. LA FÉE URGÈLE. À merveille !N'en viderais-tu pas encore une bouteille ? LE PORTIER. Trois ou quatre, au besoin, et sans le moindre effort. LA FÉE URGÈLE. Nous en recauserons ; mais dis-moi tout d'abordSi tu te sens de taille à garder le silenceSur ce qui s'est passé ce soir en ta présence. LE PORTIER. Si je le garderai ? Madame, en doutez-vous ?Je suis un bon concierge, un homme simple, doux, Et qui ne dit jamais du mal des locataires.J'ai déjà bien assez de mes propres affaires,Sans me mettre à parler des affaires qu'ils ont.Je n'aime pas, c'est vrai, le monsieur du second,Qui m'accuse d'avoir décacheté ses lettres. Toujours sur mon tapis à secouer ses guêtres !Quant aux gens du premier, je les hais : leur roquetA fait hier matin peur à mon perroquet.Et la fière marquise à la lèvre pincée,Qui tient depuis un an notre rez-de-chaussée ! Elle ne me rend pas seulement mon bonjour.Le troisième est horrible : on y bat du tambour.Le quatrième, affreux ! une dame y pianote,Et c'est pendant des mois entiers la même note !Le cinquième, effrayant, et le sixième aussi ! Mais je suis mille fois trop discret, Dieu merci !Pour conter aux voisins, ravis d'ouïr médire,Que la marquise est laide et qu'on ne peut sans rireLa regarder passer en se donnant des airs ;Que monsieur Clopinel a ses petits travers, Et que souvent, malgré sa démarche orgueilleuse,La grande Virginie emprunte à sa tailleuse. LA FÉE URGÈLE. Ainsi tu te tairas sur les faits de ce soir ? LE PORTIER. Comme un poisson. LA FÉE URGÈLE. C'est bien. Je m'en vais. Au revoir.Souviens-toi que j'aurais pu te changer en bête, Rien qu'en touchant ton front du bout de ma baguette,Et que si maintenant ta langue remuait,Sans pitié, sur le coup, je te rendrais muet ! SCÈNE VIII. LE PORTIER, après avoir compte les douze coups de minuit qui sonne. AIR : les Gueux, de Béranger.Drelin clin clin !Quand c'est minuit plein, Bonsoir, le voisin !On sonne en vain !Dans mon gilet de flanelleEt coiffé d'un bonnet blanc,À minuit, quand on m'appelle, Je m'endors ou fais semblant.Drelin din din ! etc.Je m'endors ou je caresseQuelque flacon généreux :Quelle douceur dans l'ivresse Qui fait un concierge heureux !Drelin din din ! etc.Que vois-je sur cette table ?J'ai des frissons clans le dos ;C'est, je crois, de par le diable, Un litre de vieux bordeaux.Drelin din din 1 etc.Examinons l'étiquette :Holà ! c'est du vin clairet,Comme un concierge en goguette N'en boit pas au cabaret.Drelin din clin ! etc.La belle couleur vermeille !Et comme je suis tenté !Je vide cette bouteille, Fée Urgèle, à ta santé !Drelin din din ! etc. Il veut boire ; mais au moment où le goulot de la bouteille s'approche de ses lèvres, il devient immobile comme une statue de marbre et reste forcement debout dans celle position. Le second coup de minuit sonne. À ce moment, retour de Frisette et de Magali. SCÈNE IX. Le Portier, Frisette, Magali. FRISETTE, du fond de la scène. Ce n'est pas étonnant qu'il n'ouvre pas la porte, MAGALI. Qu'a-t-il à faire là ? FRISETTE. Que boit-il de la sorte ? Elles se rapprochent. MAGALI. Ne vous dérangez pas, concierge mon ami FRISETTE. Il ne bouge pas plus qu'un ivrogne endormi. MAGALI, le secouant. Hé, portier ! Hé, bonhomme ! FRISETTE, le secouant aussi. Hé, portier ! Hé, bonhomme ! MAGALI. Répondez-nous ! FRISETTE. S'il dort, c'est d'un étrange somme. LE PORTIER, toujours immobile et parlant par saccades. Je confesse que j'ai voulu boire ce vin, - Qu'on m'a changé sur place en statue et qu'enfin - Si je détiens ce litre en attendant qu'on l'ôte,C'est ma faute - ma faute - et ma très grande faute ! - En disant ces derniers mots, il se donne trois coups de bouteille dans la poitrine,puis revient à son premier état.Mesdemoiselles, j'ai grand tort ; mais, voyez-vous,Il s'est passé des faits si merveilleux chez nous !Et puis, ce vin avait une couleur si nette ! Je n'avais pas l'esprit en plein dans son assiette,Et si je vous contais... TOUTES DEUX. Quoi donc ? LE PORTIER. Qui le croirait ?On m'a recommandé de garder le secret. MAGALI. Et vous le garderez, votre secret ? LE PORTIER. Sans doute. FRISETTE. On verra bien. Parlez, et vite. MAGALI. On vous écoute. LE PORTIER. Je vous dis qu'on m'a dit qu'on me rendrait muet,Si pour raconter ça ma langue remuait ! MAGALI. Nous n'exigeons pas moins que vous parliez sur l'heure. FRISETTE. On écoute toujours, concierge. LE PORTIER. Que je meure,Si sur ces choses-là je desserre les dents ! MAGALI. Pour le flacon volé l'on vous mettra dedans,Si vous vous obstinez de la sorte à vous taire. FRISETTE, faisant mine de sortir. Moi, je cours avertir monsieur le commissaire. LE PORTIER, la retenant. De grâce ! FRISETTE. Parlez donc. LE PORTIER. Je parle. Cette nuit,Un chat qu'un ba-ba-ba-ta-ta-illon de rats suit M'a-m'a fort effrayé. La fée Urgèle lègueSon pouvoir à Cen-Cen... Voilà que je suis bègue !Si je deviens muet, j'en perds-perds la raison. MAGALI. Allez-vous préférer qu'on vous mette en prison ? LE PORTIER. Ma pauvre langue ! Elle est dé-déjà moitié morte ; Et j'ai-j'aime-me tant à m'en servir ! FRISETTE. Qu'importe ? LE PORTIER. Les rats-rats, le chat-chat, le-le-né-négrillon Il ouvre la bouche toute grande, ne peut proférer aucun son et se livre à des gestes d'épouvante. FRISETTE. Est-il déjà muet ? MAGALI. Il faut voir Cendrillon ! Elles sortent. SCÈNE X. Le Portier, Cendrillon. CENDRILLON, vêtue pauvrement comme à la scène II. Aucune de mes soeurs n'est encore venue ? Le portier exprime qu'elles sont dans la chambre voisine.Au gala de ce soir m'ont-elles reconnue ? Le portier fait un signe négatif.Vous ne répondez que par signes. Le portier exprime qu'il est devenu muet, puis il sort.Qui l'aFait en si peu de temps muet comme cela ? SCÈNE XI. CENDRILLON. Quelle nuit merveilleuse et que d'étranges choses !Mes pieds sur des tapis tout constellés de rosesÀ deux pas de mes soeurs, en ce vaste palais ! Et dire que le Prince, entouré de valets,M'a souri doucement, doucement, comme un frère !J'errais dans de la joie et dans de la lumière,Et nul n'aurait osé me demander pourquoiJ'assistais à la fête. On attachait sur moi De longs regards plus vifs que la clarté des lustres.Je voyais devant moi les fronts les plus illustresS'incliner. On songeait : « C'est une reine ou bienQuelque fée. » Et j'allais, grave, ne disant rien.Minuit sonne. Je pars, je vole, je m'essouffle A courir ; mais je perds en route ma pantoufle ;Et l'horloge a déjà sonné deux fois minuit.Tout à coup, rien, plus rien ! Ma voiture s'enfuit,Maître chat disparaît, et sans fleurs, sans toilette,Cendrillon redevient Cendrillon la pauvrette. SCÈNE XII. Cendrillon, Frisette, Magali. FRISETTE. Dans quel coin nichais-tu ? MAGALI. Quel joli sans-façon ! FRISETTE. Es-tu restée au moins seule dans la maison,Cette nuit, tout le temps qu'a duré notre absence ? MAGALI. Ne s'est-il rien passé d'étrange en ta présence ? CENDRILLON. On m'a parlé d'un grand événement. FRISETTE. Vraiment ? CENDRILLON. Il paraîtrait qu'on a, chez le Prince charmant,Reçu, sans savoir d'où la belle était venue,Une jeune princesse à la cour inconnue,Et que cette princesse au long voile éclatantMe ressemblait un peu, bien qu'elle eût l'air content. FRISETTE, riant. Elle te ressemblait ? L'histoire est adorable. MAGALI, riant aussi. A-t-on jamais au monde oui rien de semblable ? FRISETTE. Petite laideron ! MAGALI. Cendrillon à la cour ! FRISETTE. Mais quel est tout ce bruit et pourquoi ce tambour ? CENDRILLON, à part. Est-ce encore la fée Urgèle, ma maîtresse, Qui prépare un prodige où je serai princesse ? La porte s'ouvre toute grande. Le Prince charmant, avec sa cour - pages, gardes, dames d honneur, etc., - fait son entrée sur la scène. Une petite fille porte sur un plat d'or la pantoufle de Cendrillon. Le portier se mêle aux personnages Un crieur bat du tambour. SCÈNE XIII. Cendrillon, Frisette, Magali, Le Prince et sa cour, Le Portier, Le Crieur. LE CRIEUR. AIR : Hommes nous, d'où sortez-vous ? Pauvre batteur du pavé, Je perds la voix et le souffle À crier qu'on a trouvé Chez le Prince une pantoufle. Monseigneur m'a dit : « Traderi dera, Ce n'est que ma soeur qui la chaussera. Va-t'en l'annoncer, maroufle, Comme l'on publie un événement ! » Ra ta ra ta plan ! Ra ta ra ta plan ! Où donc est la soeur du Prince charmant ? Elle aura le beau palais, Le beau palais où bourdonne Toute un cour de valets Au bas des marches du trône. Elle aura les prés, les parcs et les bois Où vient se blottir le cerf aux abois. Elle aura sur sa couronne Des fleurs de topaze et de diamant. Ra ta ra ta plan ! Ra ta ra ta plan ! Où donc est la soeur du Prince charmant ? Elle dormira, le front Sous un dais de gaze rose, Et les rêves d'or viendront Fleurir sa lèvre mi-close. On verra le ciel a\cc le soleil Pour la saluer rire à son réveil ; Et quelle splendicle chose Que tant de bonheur lui vienne en dormant ! Ra ta ra ta plan ! Ra ta ra ta plan ! Où donc est la soeur du Prince charmant ? LE PRINCE CHARMANT. Ce qu'on vient d'annoncer est la vérité même. MAGALI. L'ouïr de votre bouche est un honneur suprême. FRISETTE. Puissiez-vous retrouver la soeur que vous cherchez ! LE PRINCE CHARMANT. Et maintenant, bourgeois, manants, vous tous, sachezQue notre bonne fée Urgèle, ma marraine,M'a promis le retour de la petite reine. Elle vit, elle souffre et pleure quelque part ;Mais malheur aux méchants, si j'arrivais trop tardPour sauver à jamais la pauvre chère belle !Un sort mauvais avait été jeté sur elle,Et bien des fois, hélas ! ma mère me l'a dit. Elle était au berceau, quand un affreux banditVint la lui dérober par une nuit d'orage.On le traqua vingt jours au fond d'un bois sauvage :Il fut cerné, saisi, lié, jugé, pendu ;Mais notre doux trésor ne nous fut pas rendu. C'était pour on ne sait quelle horrible chimèreQue cet homme avait pris son enfant à ma mère.Or, dame Urgèle vient de me dire ceci :« Celle qui, cette nuit, seule aura réussiA chausser la pantoufle au palais égarée, Vous pourrez la nommer votre soeur adorée ! » MAGALI. Le bon prince ! FRISETTE. Mes yeux sont doucement noyésDe larmes. Je voudrais... LE PRINCE CHARMANT. Allons, page, essayez ! UN PAGE, essayant la pantoufle à Frisette. Voici. FRISETTE, à part. Forçons un peu. Si je pouvais la mettre ? LE PAGE. Bah ! Le pied n'entre point. MAGALI. Il n'entre point ? FRISETTE. Peut-être ? LE PAGE. Impossible ! Même jeu, devant Magali.Voici. MAGALI. Mon pied est fait à point. LE PAGE. Il est petit, c'est vrai ; mais, dame, il n'entre point. CENDRILLON, au page. Et moi, vous m'oubliez ! MAGALI, bas. Crois-tu que l'on s'occupeDe toi ? FRISETTE, bas. Ne vas-tu pas avec ta vieille jupeTe mettre sur les rangs ? LE PRINCE CHARMANT. Hé ! que fais-tu là-bas, Petite, et pourquoi donc ne t'approches-tu pas ? CENDRILLON. Page, voici mon pied. LE PAGE. Comme il est mignon ! UN AUTRE PAGE. Diantre ! UNE DAME D'HONNEUR. Il n'entrera point. DEUXIÈME DAME D'HONNEUR. Si ! TROISIÈME DAME D'HONNEUR. Ma foi, je crois qu'il entre. LE PAGE. Il entre ! LE PRINCE CHARMANT. Pourquoi suis-je à ce point oppressé ? L'essai réussit.La pantoufle est la sienne et le pied est chaussé ! Il se jette dans les bras de Cendrillon, qui redevient aussitôt la princesse de la scène V. La fee Urgèle apparaît de nouveau. SCÈNE XIV. Les Précédents, La Fée Urgèle. LA FÉE URGÈLE. Enfants, soyez heureux ! La bonne fée UrgèleVous bénit. Aimez-vous à l'ombre de son aile,Et vivez. Le destin s'est pour vous accompli,Et Cendrillon confond Frisette et Magali. CENDRILLON. Oh ! Ce qu'elles m'ont fait souffrir, je le pardonne. Plus on a de bonheur, plus on doit être bonne.Je ne me souviens plus, pourvu qu'en leur cheminElles protègent ceux qui leur tendront la mainElles furent mes soeurs, leur mère fut ma mère,Et c'est si bon d'aimer quand on retrouve un frère ! MAGALI ET FRISETTE, tombant à genoux. Princesse ! CENDRILLON. Levez-vous. Je vous ouvre mes bras. MAGALI. Oh ! Nous t'aimerons bien. FRISETTE. Et tu nous aimeras. LE PRINCE CHARMANT. Ma soeur ! C'est bien ainsi que je l'avais rêvée ! CENDRILLON. Mon frère ! LE PRINCE CHARMANT. Et c'est ainsi que je l'ai retrouvée ! LA FÉE URGÈLE, à part. Mon plan était parfait et je l'ai bien conduit. CENDRILLON. Ah ! Que d'heureux on fait dans une seule nuit ! Le portier se place devant la fée et se livre à une mimique extraordinaire. LE PRINCE CHARMANT. Ce gaillard-là va-t-il nous faire une harangue ? LE PORTIER. Moi ? Je ne parle plus : on m'a coupé la langue.Mais, au fait, c'est passé : je parle maintenant. LA FÉE URGÈLE. Nous avons oublié... LE PORTIER. Magnifique ! Étonnant ! LA FÉE URGÈLE. Garde-toi cependant de jaser et de boireAux dépens du prochain. LE PRINCE CHARMANT, à Cendrillon. Prends ta part de ma gloire :Mes palais, mes trésors, tous mes biens sont à toi ! CENDRILLON. La gloire ! Ce n'est point ce qu'il me faut à moi.Cendrillon est peu faite aux vanités du trône, Et l'humble fleur des champs suffit à sa couronne. LA FÉE URGÈLE. Il est dans les cachots plus d'un vieux révolté CENDRILLON. tous ces malheureux rendons la liberté. LA FÉE URGÈLE. Que toute haine soit en amour convertie ! CENDRILLON. Et courons de ce pas proclamer l'amnistie. ==================================================