******************************************************** DC.Title = LA CHASSE, MONOLOGUE COMIQUE DC.Author = GRENET-DANCOURT, Ernest DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Monologue DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 28/02/2024 à 20:27:19. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/GRENET-DANCOURT_CHASSE.xml DC.Source = https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k64690330# DC.Source.cote = BnF PSH 8-Z LE SENNE-7119 (1-2) DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** LA CHASSE MONOLOGUE COMIQUE DIT PAR COQUELIN AINÉ de la Comédie Française 1882 Tous droits réservés. GRENET-DANCOURT Imprimerie de Chatillon-sur-Seine. - Jeanne Robert. PERSONNAGES. LE RÉCITANT. LA CHASSE ***************** Erreur dans l'interprétation du texte (ligne 372, programme : edition_txt_TOUT.php)[Note : Edmond Gondinet (1828-1888) dramaturge et librettiste français.] À monsieur Edmond Gondinet.Tontaine ! La meute égayéePoursuit avec de joyeux cris,Dans la campagne balayée,Cailles, lapins, lièvres, perdrix.Voilà quinze jours que je chasse, Et je n'ai rien tué du tout,J'ai trouvé du gibier en masse,Mais je n'ai pu faire un seul coup.Vous croyez que c'est maladresse ?Eh bien, vous êtes dans l'erreur: [Note : Gun-Club : club de chasse.]Le Gun-Club lui-même confesseQue je suis excellent tireur.Mais quel conte alors vous nous faites ?Je vais vous le dire en deux mots :J'aime, j'idolâtre les bêtes, Oui, je suis fou des animaux.C'est en vain que je me raisonne,En vain je cherche à m'endurcir,Dès que le son du cor résonne,Je sens des frissons me saisir. Pourtant, je m'arme de courage,Et je me dis chaque matin,Qu'il faut enfin faire un carnageEt tuer au moins... un lapin.Je tâcherai que ma victime Soit un vieux lapin de vingt ans ;Tuer un jeune serait crime,Car il peut avoir des enfants.Ah ! Ma tendresse vous fait rire.Pour vous, un lapin mort, c'est peu, Et même, quand on le fait cuire,Au besoin vous soufflez le feu.Vous vous riez de la misèreDes enfants que laisse le mort ;Mais, si l'on tuait votre père, Vous verrait-on rire aussi fort ?Oui, je sais, votre père est hommeEt non lapin, mais pouvez-vousSavoir si le lapin, en somme,Aime ses parents moins que nous ? Qui donc sait si, sous la charmille,Cailles, perdreaux, lièvres, lapins,Ne goûtent pas mieux la familleQue tout le reste des humains ?Le lapin met-il en nourrice Ses petits enfants en naissant,Pour téter un lait clair, factice,Et qui leur appauvrit le sang ?Les cailles sont-elles coquettes ?Ruinent-elles leurs époux, Mesdames, avec leurs toilettes,Ainsi que vous le faites, vous ?A-t-on jamais entendu direQu'un lièvre ait porté quelquefoisCette... couronne... du martyre, Qu'à tant de nos maris je vois ?Voit-on, dans de folles agapes,Des perdreaux boire jusqu'au jour,Et lourds encor du jus des grappesCogner leurs femmes au retour ? Les animaux ont-ils des dettes ?À leur logis rentrent-ils tard ?Voyez-vous des perdrix seulettesÀ minuit sur le boulevard ?Au coin d'une sente embaumée, Avez-vous jamais entenduUn lièvre à la voix enrhuméeCrier un journal dissolu ?A-t-on jamais, je le demande,Vu des animaux quelquefois, Préférer dissoudre leur bandePlutôt que d'obéir aux lois ?Les voit-on dans les hautes herbes,Aux grandes bêtes de chez euxDresser des colonnes superbes, Pour les casser ensuite en deux ?Les voit-on après une courseSe passer une corde au cou,Ou bien après un coup de BourseFiler bien vite on ne sait où ? Voyez-vous à la préfectureCoffrer des bandes d'animaux,Pour avoir, à la nuit obscure,Dans des dos planté des couteaux ?Troublent-ils donc la paix publique ? Cherchent-ils, par quelque forfait,À renverser la République,Comme plus d'un chez nous le fait ?À l'État font-ils des requêtes ?Lui disent-ils, dans leurs discours, De vouloir bien couper des têtes,Ou de supprimer les tambours ?Les voit-on dans les ministèresQuêter des décorations,Ou dans de sombres monastères Tramer des révolutions ?Non, ils demeurent bien tranquilles,Au sein des plaines, des forêts,Loin des bruits du monde et des villes,Dans les sillons ou les guérets. Pourquoi leur vouer tant de haine ?Est-ce grand crime, s'il vous plaît,De picorer un peu de graine,Ou de brouter du serpolet ?Pour moi plus je les envisage, Plus je les trouve bons et doux,Et moins aussi je trouve sageDe les poursuivre de nos coups.Aussi, lorsqu'au fond d'une allée,J'aperçois parfois un lapin, Ou quelque perdrix affolée,Je suis... je sens... je pleure enfin !Et puis tout à coup... je me mouche,[Note : Lefaucheux : nom d'une marque de fusil de chasse à brisure de calibre 16, conçu après 1830 par l'armurier du même nom.]Avant d'armer mon Lefaucheux,Alors, quand tonne ma cartouche, Ils sont déjà loin de mes yeux,Et tout bas, en voyant leur fuite,Je me dis : Cela les rendraBeaucoup plus prudents dans la suite,Et de la mort les sauvera. L'herbe, par l'automne rouillée,Que foule mon pas cadencé,Sera-t-elle jamais mouilléePar un sang que j'aurai versé ?Je ne le crois pas, car, en somme, Je vous le déclare en deux mots :Plus j'étudie et connais l'homme,Et plus j'aime les animaux. ==================================================