******************************************************** DC.Title = JULIETTE OU LA DANSEUSE, APRÈS UNE FÊTE MONDAINE, DIALOGUE. DC.Author = GONNET, Eugène DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Dialogue DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 05/07/2023 à 08:07:45. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/GONNET_LISETTE.xml DC.Source = https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5567485h DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** LISETTE OU LA MAUVAISE COMPAGNE AVANT UNE FÊTE MONDAINE 1858 Par l'Abbé E. GONNET. AVIGNON, typ. Jacquet, rue Saint-Marc, 22. PERSONNAGES. LISETTE, jeune mondaine. PAULINE, jeune mondaine, amie de Lisette. ROSA, jeune congréganiste. ADELINE, maîtresse de choeur. LA PRÉSIDENTEde la congrégation. LE CHOEUR. La scène se passe dans une cour ombragée. Extrait de "Dialogues en vers pour pensionnaires ou congrégations de jeunes demoiselles", 2ème cahier, de l'Abbé Eugène Gonnet. pp 1-12 LISETTE ou LA MAUVAISE COMPAGNE. SCÈNE I. Pauline et Lisette, assises sous Fombrage ; elles ont une coiffure artistement arrangée et de riches diamants. PAULINE. Est-ce bien sérieux ? LISETTE. Oui, je te le répète :J'entends que désormais tu m'appelles Lisette.C'est le nom sous lequel je suis connue au bal :D'ailleurs,à mon oreille il ne sonne pas mal. PAULINE. Va pour Lisette. Eh ! bien, Lisette, ma chérie, Durera-t-il toujours le temps de la folie ? LISETTE. Le temps de la folie ? PAULINE. Allons, tu me comprends,Ne faut-il pas avoir perdu tout son bon sens,Pour tourmenter ainsi sa pauvre chevelure,, Et faire vanité d'une telle parure ? Quel mérite, dis-moi, nous en reviendra-t-il ?Et, si j'osais t'en faire entrevoir le péril ?... LISETTE. Quel est ce changement ! Pauline si coquetteVoudrait-elle aujourd'hui condamner la toilette ?Avant que dans ton coeur naisse le repentir, Pauline, lève-toi : j'ai hâte de partir. PAULINE. Attends encore un peu. LISETTE. Nous foulons une terreOù des gens comme nous ne se rencontrent guère. PAULINE. Il ne fallait donc pas s'arrêter en ce lieuOù tout prend une voix pour nous dire : Aimez Dieu. LISETTE. Que veux-tu ? La sueur inondait mon visage ;Et ce séjour m'offrait la fraîcheur et l'ombrage.Mais, c'est assez ; partons ! On chante dans la pièce voisine. PAULINE. Chut ! Qu'est-ce que j'entends ? LISETTE. Quelques voix. PAULINE. Dis plutôt d'innocentes enfants. LISETTE. Eh ! Laisse-les chanter. PAULINE. Je veux prêter l'oreille. LISETTE. Viens, te dis-je. PAULINE. Pour moi le bonheur se réveille.Là-bas, à l'horizon brillant d'or et d'azur,Je vois reluire enfin cet astre au front si purQu'un nuage a voilé dans un jour de tempête.Te goûterai-je encor, ô toi que je regrette, Bonheur de l'innocence ?.... Le choeur arrive en chaulant. SCÈNE II. Les mêmes, Rosa, Adeline, La Présidente, Le Choeur. ADELINE, avec indignation. Où suis-je ? Le chant est interrompu. ROSA, avec naïveté. Oh! Que c'est beau ! LA PRÉSIDENTE. Que se passe-t-il donc d'étrange et de nouveau? ADELINE. Ma mère, chassez loin ces deux jeunes mondaines. ROSA. Oh ! Les jolis brillants ! Oh ! Les superbes chaînes ! LA PRÉSIDENTE. Adeline, fais choix de mots plus gracieux ; lit toi, je t'en préviens, Rosa, ferme les yeux. Aux mondaines.Mais, voyons : quel dessein en ce lieu vous amène ? PAULINE, avec timidité. Mademoiselle, aucun. LISETTE, avec dédain. Nous reprenions haleine.Quand je ne sais quels chants sont venus jusqu'à nous. PAULINE. Ah ! Que je les aimais ! Que ces chants étaient doux ! LA PRÉSIDENTE. Et vous alliez ?.... LISETTE. [Note : Porte de l'Oulle : l'une des entrée de la Ville d'Avignon.]Au bal de la porte de l Oulle. LA PRÉSIDENTE. Qu'avez-vous à gagner au milieu de la foule ? PAULINE. Oh ! Rien, assurément : je le vois tous les jours.Aussi, je voudrais bien quitter ces vains atours. LISETTE. Quitte-les si tu veux : moi, je veux encor plaire. LA PRÉSIDENTE, avec sévérité. En ce cas, poursuivez votre chemin, ma chère,Et ne me gâtez point ces aimables enfants. LISETTE. Ah ! Si.... PAULINE. Daignerait-on répéter ces doux chantsQui sur mon coeur ont fait de si profondes traces.C'est peut-être pour moi la dernière des grâces ? LA PRÉSIDENTE. Oui, ma fille. À Adeline.Adeline, un peu de charité !Et tu triompheras de ta timidité.Chante : Reine du ciel, avec ta voix si pure. ADELINE. Je n'oserais. LISETTE, avec méchanceté. Tant mieux ! LA PRÉSIDENTE. Allons ! Je t'en conjure. ADELINE. Ne pourrais-je un moment l'essayer à l'écart ? PAULINE. Je ne m'oppose pas à ce léger retard :J'attendrai volontiers l'effet de ma prièreTrop heureuse.... LA PRÉSIDENTE, aux choristes. Entrez donc. Les choristes se retirent. LISETTE, d'un air pensif. Et moi, que vais-je faire? Elle songe à débaucher Rosa.Rosa ? ROSA. Vous m'appelez ? Rosa restée en arrière lie conversation avec Lisette. SCÈNE III. Pauline, Lisette et Rosa. LISETTE. Un mot ! ROSA. Oui, mais je crains.... LISETTE. Celle qui vous surveille !... Oh ! Comme je te plains ! ROSA. Ne me plaignez pas tant. De cette surveillanceJ'entends partout le monde exalter l'excellence.J'ignore les dangers que je pourrais courir ;Mais, pour les éviter, je consens à subirLe joug que l'on m'impose. LISETTE. Ah ! C'est moi qu'on redoute ? ROSA. Je ne prétendais pas vous offenser. LISETTE. Écoute.As-tu jamais goûté de nos plaisirs ? ROSA. Lesquels ? LISETTE. Si tu les connaissais.... il n'en est point de tels. PAULINE, à Lisette. Tu ne lui paries pas du remords qui déchire. ROSA. Mon Dieu ! je n'entends rien à ce qu'on veut me dire. LISETTE. Viens avec moi. ROSA. Pourquoi ? PAULINE, avec indignation. De grâce, par pitié !Laisse donc cette enfant. LISETTE. Je t'offre la moitiéDe ces riches bijoux qui t'ont d'abord surprise.Oh ! comme tu vas plaire ! Elle lui passe une chaîne et un bracelet. ROSA. Oh ! Que je suis bien mise !Mais,c'est trop de bonté. LISETTE. Rosa, crois-en mon coeur... PAULINE. Hypocrite ! LISETTE. Je t'aime et je veux ton bonheur. Elle entraine Rosa. ROSA. Ainsi, vous m'entraînez ! PAULINE. Pauvre enfant ! LISETTE, à Pauline. Et toi, reste. Elle sort avec Rosa. PAULINE. Au secours ! Au secours ! SCÈNE IV. Pauline, Adeline, La Présidente, Le Choeur. LA PRÉSIDENTE. Qu'est-ce donc ? PAULINE. Sort funeste !Lisette a débauché cette innocente enfant. LA PRÉSIDENTE. Qui ? Rosa ? Se peut-il ? PAULINE. Elle sort à l'instant. Trop confiante, hélas ! En de belles paroles,Elle va se livrer à des plaisirs frivoles,Pour ne pas dire plus. LA PRÉSIDENTE, aux choristes. Vite, allez sur ses pas ;Et qu'avant un quart d'heure elle soit dans mes bras. Deux choristes se détachent.En attendant, pour elle invoquons notre mère. C'est le cas de chanter cette douce prièreQue tu viens d'essayer et que tu sais si bien,Adeline : commence et n'allègue plus rien. ADELINE, chante. [Note : N. B. Le cantique Reine du Ciel se trouve dans les chants pieux à l'usage des écoles chrétiennes. ] Le choeur dit : Souvenez-vous et Priez pour nous. Au milieu de la seconde strophe, le chant est interrompu par l'arrivée des deux choristes qui ramènent Rosa. SCÈNE V. Les mêmes et Rosa, ramenée par deux choristes. LES DEUX CHORISTES. Nous l'avons ! Nous l'avons ! LA PRÉSIDENTE. Devant moi qu'on l'amène. ADELINE. Et puis, pour ces enfants prenez bien de la peine. Quelle reconnaissance ! LA PRÉSIDENTE. Allons donc, taisez-vous. ROSA, aux genoux de la Présidente. Ma mère, pardonnez ; je suis à vos genoux. LA PRÉSIDENTE. Qu'avez-vous fait ? ROSA. Pardon, je ne veux plus le faire. LA PRÉSIDENTE. Eh ! Bien, relevez-vous. Rosa se relève. PAULINE. Oh ! l'excellente mère ! LA PRÉSIDENTE. Pourtant, je t'avais dit : Rosa, ferme les yeux. Le conseil était bon ; mais il eût été mieuxD'y joindre celui-ci : ferme aussi tes oreilles.On t'avait, n'est-ce pas, promis monts et merveilles ?Et tu comptais pour rien.... ROSA. Hélas ! Que voulez-vous ?Lisette m'a donné bracelet et bijoux. Et puis, je me suis vue entraînée à sa suite ;Mais je n'ai pas tardé de déplorer ma fuite ;Car bientôt le prestige a disparu pour moi.Le calme avait fait place au remords, à l'effroi ;La voix qui me parlait était moins séduisante ; La main qui me pressait était moins caressante ;Ces bijoux n'étaient plus qu'une chaîne de fer :Ces plaisirs tant vantés qu'un supplice d'enfer.Je me débattais bien ; mais, fière de son crime,La mauvaise compagne entraînait sa victime. Tel était mon état, quand je m'entends nommer.On m'arrache à Lisette : elle, de réclamerSes bijoux qu'aussitôt je lui jette à la face. LA PRÉSIDENTE. Remerciez le ciel d'une si grande grâce. ROSA. Ainsi, vous me voulez encore dans vos rangs ? LA PRÉSIDENTE. Ma fille, pourquoi pas puisqu'enfin tu te rends ? PAULINE. Et moi, souffrirez-vous que parmi vous je reste ? LA PRÉSIDENTE. Oui, si vous renoncez à ce monde funeste. PAULINE. J'y renonce, et pour gage, en ce jour glorieux,Je donne mes bijoux à la Reine des cieux. Elle remet ses bijoux à la Présidente. LA PRÉSIDENTE. Et, toutes, vous fuirez la MAUVAISE COMPAGNE ? TOUTES. Nous vous le promettons. ROSA. Je sais ce qu'on y gagne. PAULINE. Et moi, depuis longtemps. LA PRÉSIDENTE, aux choristes. Pour ce double retour,Enfants, entonnez donc un dernier chant d'amour. On chante un morceau brillant. ==================================================