******************************************************** DC.Title = ISABELLE ARLEQUIN, OPÉRA-COMIQUE DC.Author = PANARD, FAGAN DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Opéra comique DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 03/05/2020 à 17:09:27. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/FAGAN_ISABELLEARLEQUIN.xml DC.Source = DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** ISABELLE ARLEQUIN OPÉRA-COMIQUE EN UN ACTE EN UN ACTE ET EN CANEVAS, AVEC UN DIVERTISSEMENT. Représenté pour la première fois, Théâtre de la Foire Saint-Germain, le 3 Mars 1731. M. DCC. LXX. Par Messieurs PANARD et FAGAN ACTEURS. ISABELLE, sous l'habit d'Arlequin. ÉRASTE, amant d'Isabelle. ÉLÉONORE, Tante d'Éraste. OLIVETTE, Suivante de Léonore. PIERROT, amant d'Olivette. AGATHE, fille du Jardinier. TROUPE DE JARDINIERS. Le scène est devant un château. extrait de "THÉÂTRE de M. FAGAN et autres OEUVRES DU MÊME AUTEUR.", Tome quatrième, Théâtre de la Foire, 1760. pp 327-356 ISABELLE ARLEQUIN. SCÈNE PREMIÈRE. ISABELLE. Je fais une plaisante démarche !... Plaisante ! Non, j'en dois rougir de honte. AIR : Réveillez-vous.Dieu d'amour à quelle folieExposes-tu les tendres coeurs ?En est-il un qui ne s'oublieSitôt qu'il ressent tes ardeurs !J'aime Eraste, et soit caprice ou amour de cette liberté dont jouit une jeune veuve, je le rebute, je te force de renoncer moi. AIR : De la nécessité.À se rendre dans le village Une de ses parentes l'engage ;De dépit d'amour, de jalousie,Bientôt je sens mon âme saisie.J'arrive en ce village, on je suis Eraste, suivie seulement d'Arlequin : mais l'aspect de ce Château, ce qui m'avait paru raisonnable ne l'est plus, et je suis prête à m'en retourner comme je suis venue. Quelle extravagance ! Cependant... SCÈNE II. Isabelle, Agathe. AGATHE, chante. Non, je ne ferai pas ce qu'on veut que je fasse ; M'en dput-il arriver ce dont on me menace. ISABELLE. Cet enfant me paraît être la fille du Jardinier apprenons d'elle s'il se peut, quelque chose. AGATHE. Dussent tous mes parents me priver de leur bien. On veut me marier mais ; je n'en ferai rien. ISABELLE. Bonjour, ma Belle. AIR : Oh ! Que nenni.Approchez-vous ? AGATHE. Me voici. ISABELLE. Votre coeur, suivant ce langage, N'aime point le mariage. AGATHE. Oh ! Que fi.Croyez-vous que je suis faitePour toujours rester fillette !Oh ! Que nenni. Ce que je chantais tout a l'heure, je l'ai appris d'un Monsieur qui est ici depuis quelques jours. ISABELLE. Savez-vous son nom ? AGATHE. Eraste. ISABELLE. Comment vous a-t-il appris ces chantons ? AGATHE. En se promenant dans le jardin. En voilà encore une que j'ai retenue. AIR : Eh ! marions-nous donc.Si l'objet pour qui je soupireVoulait soulager mon martyre,D'autres avec tous leurs appasNe me toucheraient pas.Mais hélas ! Puisque l'inhumaine Se rit de l'excès de ma peineEt qu'elle n'entend point raisonEh marions-nous donc. ISABELLE. Ne savez-vous que cela ? AGATHE. Oh ! Dame, il en chante bien d'autres ; mais comme elles ne parlent pas de mariage, je ne m'en souviens pas. ISABELLE. Eh ! Dites-moi, ma petite femme ; quand Eraste se promène ne voyez-vous personne avec lui ? AGATHE. Madame Léonore sa tante lui tient quelquefois compagnie. Ils parlent ensemble tantôt haut, tantôt bas. Hier encore, AIR : Halte là.Comme il reposait à l'ombrage,Dans cette contenance là, Madame l'aborda,ET lui tint ce langage :Tout ci, tout ça,Pati, pata,Bredi, breda, Julie est votre affaire,Vous ne pouvez mieux faire ;Prenez-la.Adieu, Madame ; c'est aujourd'hui le lendemain de la noce de mon cousin Lucas, je vais voir comment se porte la mariée. SCÈNE III. ISABELLE est quelque temps irrésolue ; enfin elle conçoit une idée folle, dont elle espère un heureux succès. SCÈNE IV. Léonore, Olivette, Éraste, Pierrot. Léonore demande à Eraste ce qu'il pense de Julie. ERASTE. Je ne reconnais vos bontés, Madame, mais... AIR : Le badinage.Former trop tôt des noeudsN'est pas d'un homme sage Rien n'est plus sérieuxQue lorsque l'on s'engage. PIERROT. Bon ! Bon !Fait-on du mariageUne affaire aujourd'hui·Nenni, Ce n'est qu'un badinage. AIR : Les filles sont si sottes.Quand on vous parle de ce cas,On vous jette dans l'embarras.Quel est donc ce mystère ?Avez-vous peur de n'avoir pas Tout ce qu'il faut pour plaire ?Lon, la,Tout ce qu'il faut pour plaire ? Eraste se défend tant bien que mal. Léonore lui propose une longue entrevue avec Julie. SCÈNE V. Éraste, Pierrot. ERASTE déplore pour sa faiblesse pour Isabelle après ses mauvais traitements. Ah ! Si tu savais, dit-il à Pierrot;Combien le sexe est trompeur ! PIERROT. Tout beau. AIR.Si vous êtes mécontent,Vous pouvez vous en plaindre ; Chacun fait comme il l'entend.Je ne veux point vous contraindre ;Pour moi, libre et sans ennuis.Étant fait comme je suisAi-je sujet de craindre ? Il est vrai qu'Arlequin avait lié connaissance avec Olivette. AIR : Du Grand Condé.Le drôle, par son badinage,Autrefois me faisait ombrage ;Mais je lui fais nargue aujourd'hui ;En un mot pour moi seul fidèle,Olivette parle de lui, Comme vous parlez d'Isabelle. SCÈNE VI. Les précédents, Olivette. Olivette vient avertir Ëraste de se trouver tantôt à la fête qu'occasionne le lendemain de noces du jardinier, parce que Julie l'honorera de sa présence. Ëraste dit qu'il va s'exécuter lui-même. SCÈNE VII. Olivette s'affermit dans la haine qu'elle croit avoir pour le perfide Arlequin. Elle implore le secours de la raison. Olivette s'affermit dans la haine qu'elle croit avoir pour le perfide Arlequin. Elle implore le secours de la raison. OLIVETTE. Mais déjà de sa puissanceJe ressens l'effet vainqueur ;L'Amour cède, dans mon coeur,Au désir de la vengeance. Morbleu, si je le tenais,Comme je l'étrillerais ! SCÈNE VIII. Isabelle, en Arlequin, Olivette. Arlequin se fait connaître pour Isabelle, et prélude son rôle. OLIVETTE. Ciel ! Que vois je ? ARLEQUIN. Hoï me ! Voici je crois ta femme de chambre du Château je ne pouvais la trouver plus à propos. OLIVETTE. Il n'en faut point douter, c'est mon perfide. AIR : Ce pâté qu'on apporte.Après un tel outrage,Je te revois, volage :Crains l'effet de ma rage ; Le sort, pour ton trépas,Dans ce lieu nous rassemble ;Tremble ;Je te ferai connaître,Traître Qu'Olivette n'est pasD'humeur à souffrir des ingrats. ARLEQUIN. Je n'avais pas prévu celui-là. OLIVETTE. En vain tu cherches à t'échapper. ARLEQUIN. Moi ! Point du tout je t'écoute, et ne sais que dire car en vérité, je ne suis point capable de ce que tu crois. OLIVETTE. Comment ! Tu ne te souviens pas du tout que tu as joué à Olivette ? ARLEQUIN. Pas d'un mot, et voici pourquoi. AIR : Et tant tant tant.Quand je te perdis, Olivette,Je ne pensais qu'à tes appas ;Mon âme, toujours inquiète, Courrait le galop au trépas.Pour dissiper cette humeur noireChacun me conseilla de boire ;Et j'ai bu tant, et tant, tanc, cane,Que j'ai perdu la mémoire, L'esprit avec le jugement. OLIVETTE. Il y paraît, et d'ailleurs, je sais qu'il n'y a point de si petite chambrière à qui vous ne contiez fleurette. ARLEQUIN. Je te demande pardon, mon petit coeur ; et si ce n'est pas assez, AIR : Sans dessus desssous.[Note : * Sa batte.]Voici des armes*, venge-toiJe le mérite punis-moiExerce à ton gré ta colère,Sans dessus dessous, sans devant derrière : Frappe, fais-moi sentir tes coupsSans devant derrière, sans dessus dessous. OLIVETTE. Tu es bienheureux que je t'aime. ARLEQUIN. Eh ! Bien ! Je vais me punir et te venger. AIR : Aye ! Aye ! Jeannette.Vous en aurez Arlequin[Note : Griffet : Un des noms vulgaires du martinet.]Petit coureur de grifetteTenez monsieur le faquin Voilà comme l'on vous traite,Aye aye ayeAye aye Olivette, Sec.Tu ne viens pas mettre le holà ! Tu me laisserais assommer, à ce que je vois ? OLIVETTE. Va, je te pardonne. ARLEQUIN. Je te pardonne aussi. OLIVETTE. Qui est-ce qui t'a amené ici ? ARLEQUIN. Pardi, c'est la voiture. OLIVETTE. Pour quelle affaire ? ARLEQUIN. Pour parler à Éraste. Ne le puisse par ton moyen ? OLIVETTE. Oui, malgré son embarras. Quand on songe à se marier. ARLEQUIN. Heu ! OLIVETTE. Cela te surprend ? ARLEQUIN. Pas autrement. OLIVETTE. Isabelle n'en sait rien ? ARLEQUIN. Elle s'en doute et je viens ici, de sa part, à la découverte. Veux-tu m'aider à la servir ? OLIVETTE. Eh !... Mais... Je ne puis rien refuser à ce petit animal-là. ARLEQUIN. AIR. La verte jeunesse.De ce marineSi je romps l'effet Cent louis pour gageSont dans mon gousset.Comme tu m'es chère,Ma tendre amitiéVeut qu'en cette affaire Tu sois de moitié. OLIVETTE. Il me faut encore ton coeur, y puis-je compter ? ARLEQUIN. AIR.Oui, ma belle Divinité,Je sens redoubler ma tendresse.Souffre, du moins, qu'une caresseProuve ma fidélité. Quand, après la brouillerie,Ensemble on se rapatrie,Que l'on goûte de volupté ! OLIVETTE. Je vais te ménager une entrevue avec Eraste. SCÈNE IX. Arlequin, Pierrot. PIERROT. AIR: Ô Pierre.Que vois-je Ventrebille !Ici, dans mon tripot, Vous venez donc, mon drille,Tourner autour du pot ?Ô Pierre ! Ô Pierre !On te prend pour un sot. ARLEQUIN. Le plaisant original ! PIERROT. Il me semble mon petit Monsieur, que vous étiez en conversation avec Olivette ? ARLEQUIN. C'est une bonne fortune. PIERROT. Oui ; mais apprenez que cela ne me plait pas. ARLEQUIN. Je m'en soucie comme de cela. AIR. Et zeste, zeste.Il s'y prend bien, ma foi. Ah ! La drôle d'espèce,Pour lorgner la MaîtresseD'un rival tel que moi !A-t-il ce petit geste,Ce son de voix tendre et touchant, Certain petit air en marchant,Et tout le reste ? PIERROT. AIR.Je pourrais, l'ami, te faireSentir quelle est ma fureur.D'un jaloux crains sa colère. À part.Que n'ai-je un peu plus de coeur ?Je pourrais, l'ami, te faireSentir quelle est ma fureur. ARLEQUIN. Vous êtes donc jaloux, vous ! PIERROT. Assurément. ARLEQUIN. Tant pis pour vous, mon ami. AIR.À cette folieHomme trop enclin, S'il prend femme un peu jolie,Doit attendre du DestinQu'on lui fasse un beau matinCe qu'on a fait à Vulcain. PIERROT. Eh ! Vous pourriez bien être traité comme ceux qui font les galants. AIR : La ceinture.Quand on trouve un rival fâcheux, Qui ne veut pas cesser de l'être,Pour faire évaporer ses feuxOn le jette par la fenêtre. ARLEQUIN. La précaution est bonne, et vous parlez avec une politesse infinie. PIERROT. Je vous conseille, en ami, d'en faire votre profit. ARLEQUIN. AIR : Les Feuillantines.Votre conseil, mon mignon,Est fort bon ; Je fais cas de la leçon.Il est juste, en conscience,Que je vous en récompense. PIERROT. Voyons. ARLEQUIN, à coups de batte. Tenez, Monsieur le donneur d'avis. SCÈNE X. Éraste, Olivette. OLIVETTE. Quoi que vous en disiez, je ne puis m'imaginer que vous ne pensiez plus à Isabelle. ÉRASTE. Tu te trompes. AIR : Je ne veux plus sortir de ma caverne.La perfide a mérité ma fureur. OLIVETTE. Vous ressentez une vaine colère. ÉRASTE. Elle a versé le poison dans mon coeur. OLIVETTE. Cela ne fait qu'augmenter votre ardeur, ÉRASTE. Fut-il jamais un objet plus trompeur ? OLIVETTE. En fut-il un plus capable de plaire ? ÉRASTE. J'oublie enfin l'ingrate et sa rigueur. OLIVETTE. Un coup d'oeil vous rendra menteur. ÉRASTE. J'avoue qu'elle a tout ce qu'il faut pour plaire ; il semble qu'il n'y ait que douceurs à vivre sous son empire mais qu'elle est différence de ce qu'elle paraît ! OLIVETTE. Si cette Belle venait à vous ? AIR.Ce coeur plein d'indifférenceSoutiendrait-il la présenceDe l'objet qui le charma ? Ah ! ah !Supposons que d'un air tendre, Soupirant par-ci, par-la, ah ! ah !La belle vous fit entendre,Sur le ton de l'Opéra, ah ! ah !Ah ! cher amant, est-il possible ! etc AIR : De quoi vous plaignez vous ?De quoi vous plaignez-vous Éraste, quand on vous aime,De quoi vous plaignez-vous,Quand on n'aime que vousLaissez-vous toucher par mes pleurs hélas ! AIR : Quel plaisir de voir Claudine !Dans l'instant que tu devins traîtreJe sentais mourir ma rigueur. Ce moment eût été, peut-être,Celui marqué pour ton bonheur. ÉRASTE. Ah ! Charmante Isabelle, par quel serment faut-il... OLIVETTE. AIR : Des Folies d'Espagne.Que faites-vous ? Non je ne suis point celleQui vous founit à l'amoureuse loi. ÉRASTE. Hélas ! Mon coeur à tes yeux se décele, Et mon amour éclate malgré moi. OLIVETTE. Ah ! Ah ! Voici Arlequin, le valet d'Isabelle ; il vient, sans doute, vous dire quelque chose de sa part je vous laisse. SCÈNE XI. Éraste, Arlequin. ARLEQUIN. Monsieur, je suis ravi de vous trouver : comment va votre santé ? Je suis votre très humble serviteur. ÉRASTE. C'est toi, cher Arlequin ? ARLEQUIN. C'est moi-même. Eh ! Point de façon. Je vous prie ; vous vous portez bien ? ÉRASTE. Y a-t-il quelque chose de nouveau ? ARLEQUIN. Oui, on die que le grand Turc... ÉRASTE. Eh ! Je te demande de la parc de ta maîtresse ? ARLEQUIN. Que ne parlez-vous ? Elle vous fait bien ses compliments. AIR : Turltutaine.Vraiment, elle est fort en peineDe vous voir rester ainsi,Depuis plus d'une qemaine,Oh ! Turlutaine, Dans ce vilain pays-ci,Turlututu tantalari.Elle est curieuse de savoir si l'air de la campagne vous est bon s'il vous fait du bien. ÉRASTE. AIR.Je le trouve même si bon.Qu'avant qu'il soit peu, je t'assure,Pour m'établir en ce canton Mon hymen pourra se conclure. ARLEQUIN. Oui, vraiment, vous avez raison ;C'est fort bien penser, je vous jure :Turelure, lure,Ton, ton, ton, etc. ÉRASTE. Je compte que la chose se fera incessamment. ARLEQUIN. C'est-à-dire, que vous envoyer paître Isabelle. Après tout, vous n'êtes pas obligé de l'aimer. ÉRASTE. Hélas ! Que veux-tu ? AIR Le bruit des ar~c~.C'est en vain que mon coeur fidèleAlangui la nuit et le jour :L'ingrate, pour moi trop cruelle,N'a jamais marqué de retour ;Tout le mien se fixait pour elle, Pour le peu qu'elle eût pris d'amour. ARLEQUIN. Je sais bien quelque chose... Mais. ÉRASTE. AIR : Diablezot.Cher Arlequin explique-toi. ARLEQUIN. On m'a commandé de me taire :Je ne passe pas mon emploi. ÉRASTE. Ton silence me désespère. ARLEQUIN. Oh ! Ce n'est pas ma faute, moi. ÉRASTE. Tu peux compter sur mon silence. ARLEQUIN. Je n'en dirai jamais le mot ;Peste ! J'en sais la conséquence :Diablezot. ÉRASTE. Mais, tu peux me dire de quel oeil elle a vu mon départ. ARLEQUIN. Diable ! Il ne lui fit pas de plaisir. AIR Je ne suis pas si Diable.Cette amante troubléeToute la nuit dormit :Toujours très accablée,Le lendemain, se mitÀ table en compagnie, But, mangea d'appétit ;Et pour la ComédieElle partit. ÉRASTE. Voilà une grande affliction. ARLEQUIN. Je vous dirais bien encore... Mais il faudrait n'en point parler. ÉRASTE. Je ne veux rien savoir. ARLEQUIN. Je lui ai souvent entendu dire d'un jeune homme qui vient souvent au logis, qu'il est aimable. C'est le portrait de mon cher Éraste. ÉRASTE. Tu lui as entendu dire quelle joie ! ARLEQUIN. J'ai même lu dans son coeur qu'elle ne vous a pas tout-à-fait oublié. ÉRASTE. Tu t'y connais beaucoup, je crois ? ARLEQUIN. Oh ! Je ne suis pas plus bête que vous... le pensez. AIR : Le bruit armes.Quand dans mon petit ministèreJe manque et qu'elle est en courroux ; Pour faire cesser sa colère,D'abord, je lui parle de vous :Son regard devient moins sévère, La Belle prend un ton plus doux. ÉRASTE. AIR.: La semaine de Gallet.Tu me dis qu'elle songe Encore à son amantTu me fais un mensonge. ARLEQUIN. Nenni. ÉRASTE. Tout te dément.Puis-je croire, en effet,Ce que tu veux me dire ? Tu viens, elle le sait ;Daigne-t-elle m'écrire ? ARLEQUIN. À l'égard de cela, il faut l'excuser ; elle vous aurait écrit sans un grand malheur qui lui est survenu. ÉRASTE. Quoi donc ? ARLEQUIN. Vous avez connu d'Isabelle le serin si beau si vanté. Hélas le pauvre petit ne vit plus. ÉRASTE. Puis-je m'amuser à écouter ce balourd ? Sortons. ARLEQUIN. St, st, st, Éraste ! Je vous demande pardon, j'ai une lettre d'elle pour vous. Cela m'avait échappé. ÉRASTE. Eh malheureux, que ne me la donnes tu, plutôt que de m'étourdir de tes balivernes ? ARLEQUIN. Tenez, baisez la main. Adieu, je n'attends point de réponse. SCÈNE XII. ÉRASTE. « Avant que vous ne vissiez ma lettre, j'étais bine aise de découvrir vos sentiments : c'est Isabelle qui vous la rend sous l'habit de son valet ; jugez de son amour par son extravagance. Je vous aime ; je vous aimerai toujours ; je pars, voyez vous voulez me suivre. »Est-il possible ? Isabelle ! Oh ! Folie aimable et flatteuse ! hâtons-nous de la rejoindre. SCÈNE XIII. Léonore, Éraste. ÉLÉONORE. AIR Des Trembleurs.Où courez-vous donc si vite ?De l'ardeur qui vous agite Vous me voyez interdite. Quel feu brille en vos regards ! ERASTE. Je viens de voir IsabelleElle m'attend, cette Belle ;Non, je ne puis aimer qu'elle.Et pour la suivre, je pars. Éraste sort avec précipitation, pour aller chercher Isabelle. SCÈNE XIV et DERNIÈRE. ÉLÉONORE. Il vient de voir Isabelle, et c'est Arlequin qui sort !Qu'est-ce que cela signifie ? Ah ! J'entrevois le mystère et je me doute bien que le mariage que j'ai propose sera sans effet. AIR.Quoique j'aie été l'instrumentDe ce nouvel engagement,Je ne puis blâmer cet amant,Quand il va rejoindre Isabelle. Peut-on blâmer un coeur fidèle ? Voici la fête du village. Il est inutile que Julie s'y trouve ; allons l'en avertir. Le mariage de Lucas, de Léonore, et du Jardinier, donne lieu au Divertissement qui termine la pièce. DIVERTISSEMENT. [ÉLÉONORE]. Que le choix d'un époux me paraît difficile ! À peine en pouvons nous voir un seul, entre mille,Qui procure un heureux destin.Vous vous trompez souvent, les Belles,Quoique vous ayez le goût fin ; Et pour m'en dire des nouvelles,Je vous attends au lendemain. Duo.C'est au bon vin,Mon cher voisin,Que l'on doit recourir sans cesse. Point de Philis, point de maîtresse :Toujours un verre vide ou plein.Verse, verse,Boit nuit et jour ;Si tu veux renverser l'Amour, Il faut que Bacchus te renverse. ==================================================