******************************************************** DC.Title = L'IMPROMPTU DE LIVRY, COMÉDIE-BALLET DC.Author = DANCOURT, Florent Carton dit DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Comédie-ballet DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 01/02/2021 à 07:00:07. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/DANCOURT_IMPROMPTUDELIVRY.xml DC.Source = DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** L'IMPROMPTU DE LIVRY COMÉDIE-BALLET M. DCC. V. AVEC PRIVILÈGE DU ROI. De Mr DANCOURT Représentée pour la première fois le 12 Août 1705 au Château de Livry. ACTEURS DU DIVERTISSEMENT MONSIEUR GUÉRIN. MONSIEUR POISSON, père. MONSIEUR SALLÉ. MONSIEUR LAVOY. MONSIEUR PONTEUIL. MONSIEUR DU BOCAGE. MONSIEUR FOMPRÉ. MONSIEUR POISSON, fils. MADEMOISELLE DANCOURT. MADEMOISELLE DESBROSSES. MADEMOISELLE GODEFROY. MADEMOISELLE FOMPRÉ. MADEMOISELLE SALLÉ. MADEMOISELLE MIMY DANCOURT. La Scène est à Livry-le-Château. La Musique est du Sieur GILLIERS. Le théâtre dressé dans le grand vestibule de la colonnade qui est au-dessous du salon, représentait un des plus beaux endroits du Jardin, fermé par des Palissades assez hautes pour cacher les Acteurs, ouvert par plusieurs endroits par des Portiques, du cintre desquels pendaient des festons de fleurs au-dessus de plusieurs Orangers, entre lesquels sont des guéridons et des torchères, avec des girandoles garnies de quantité de lumières. DIVERTISSEMENT. Après l'ouverture, Mademoiselle Sallé, sous le nom de Flore, invite par les paroles suivantes les faunes et les pâtres à venir contribuer à la Fête. FLORE. [Note : Cintre : Terme d'architecture. Figure en arc de cercle.]Heureux habitants de ces bois, [Note : Dryade : Terme du polythéisme gréco-latin. Divinités qui faisaient leur demeure dans les bois, et qui y présidaient. [L]]Pâtres, Sylvains, Bergers et Dryades, Dans ces aimables promenades, Au son des flûtes, des hautbois, Venez joindre vos voix. Marche des Pâtres et des Sylvains. Flore continue. [Note : Sylvain : Dieu des forêts, dans le polythéisme romain. [L]]Jamais jour en ces lieux n'a paru si charmant, Des Divinités la plus belle Leur donne un nouvel agrément Qu'ils ne pourraient avoir sans elle. MONSIEUR SALLÉ sous l'habit d'un Pâtre. Sa douceur, sa beauté, son éclat sans pareil, Font assez voir qu'elle est la fille du Soleil, Et de sa plus douce lumière Aujourd'hui ce Dieu nous éclaire. FLORE. De cet Astre brillant, la brûlante chaleur, Avait dans vos jardins séché les dons de Flore, Les feuilles de vos bois à sa trop vive ardeur À peine résistaient encore, Et les pleurs même de l'Aurore, Ne pouvaient de vos prés conserver la fraîcheur. LE PÂTRE. La Déesse par sa présence Leur rend à tous leurs ornements. Ici dans ces heureux moments, De ses premiers regards tout ressent la puissance. ENTRÉE. LE PÂTRE continue. Le fils du Dieu qui régit cet Empire, Assemble ici les plaisirs et les jeux. D'un doux sourire Il les attire. Dans tous les coeurs, Sa présence inspire Mille douceurs. Tout l'Univers l'aime et l'admire, Il est l'objet de tous les voeux ; Et le Seigneur de ces beaux lieux N'aspire Qu'à mériter un regard de sas yeux. Hé ! Pour rendre un mortel heureux, Ce regard seul ne doit-il pas suffire ? ENTRÉE. FLORE. Que je me plais dans ces bocages ! Les oiseaux dans ce beau séjour Invitent par leurs doux ramages, Aux tendres plaisirs de l'Amour. Chaque matin sous ces feuillages, Ils viennent tous faire leur cour, Et rendre leurs premiers hommages À la fille du Dieu du jour. HARANGUE DU CAPITAINE DU CHATEAU. LE CAPITAINE. Oh parbleu, oui, voilà de plaisants hommages que ceux de cette petite volatile-là. Ce sont ceux des mortels qui font plaisir aux Divinités, et je suis sûr que Madame la Déesse aimera cent fois mieux la Harangue que je suis chargé de lui faire, que les ramages de tous les oiseaux du pays. Madame, le compliment est de moi, au moins. Madame? Je les fais bien mieux que je ne les apprends. Ma? car j'ai plus d'esprit que de mémoire? Enfin, Madame? Vous allez croire que l'on m'a fait celui-ci, parce que je ne me souviens pas trop de ce que j'ai à vous dire : mais? Ah, m'y voilà. On m'a fait Capitaine de ce Château, Madame, pour tout le temps que vous y demeurerez ; et je suis bien fâché que vous y demeuriez si peu, puisque ma Charge finira quand vous partirez, et c'est une bonne condition que celle du Maître de la maison. Tout le monde n'est pas à portée comme lui de recevoir dans son Château des Divinités comme la vôtre ; et la faveur que vous lui faites est si rare et si précieuse? qu'elle lui fera? bien des envieux? Mais pourvu que vous soyez assez contente de ce premier voyage-ci pour y en faire quelque autre?. Enfin, Madame, si cela n'arrive pas, ce ne sera ni sa faute ni la mienne, ni celle des Habitants des environs, qui veulent à l'envi tâcher de contribuer à vos plaisirs. Il n'y a pas jusqu'aux perdreaux de la plaine, et aux jeunes faisans de la forêt, qui vont se disputer l'avantage d'être servis sur votre table ; et ce noble empressement en fera bien tuer qu'on ne vous servira point, et que le Seigneur du Château ne saura pas : mais comme le nouveau Capitaine en mangera sa part, c'est ce qui fait qu'il ne vous en dit mot devant lui. Je ne suis pas un babillard, Madame, aussi je finis de peur de vous ennuyer ; et voilà Monsieur le Bailli de Ivry qui vous a préparé quelque petit Divertissement de sa façon, dont vous serez peut-être autant ennuyée que de ma Harangue. Ce sont ses affaires ; pour moi, je me retire, et je vais me disposer à reparaître devant vous sous une figure plus connue de votre Divinité, et plus convenable à mon caractère. Madame Flore, encore quelque petit air, s'il vous plaît, pour me donner le temps de m'habiller. FLORE. Dans ces beaux lieux Chacun est heureux. Ces douces retraites Pour l'Amour sont faites, Bergers amoureux, Au son des Musettes, Aux tendres fillettes Expliquent leurs feux. S'ils changent de voeux, Toujours satisfaites, Sans être coquettes Elles sont sujettes À faire comme eux. ENTRÉE. FLORE continue. Aimable Livry Lieu des Dieux chéri Sois toujours sûr d'être Aimé de ton maître ; Dans tes bois l'Amour Se plaira sans cesse, Quand cette Déesse Y tiendra sa Cour. Que puisse à son tour Le Soleil son père Quelque jour s'y plaire Assez pour y faire Un pareil séjour. ENTRÉE. Le sujet est d'un Fermier de Livry, qui, par l'adresse de sa femme, se trouve engagé de donner sa nièce à un jeune homme de Paris, quoiqu'il l'eût promise au collecteur. Le moyen dont la femme se sert, est qu'elle feint d'être amoureuse de l'Amant aimé de la nièce. Elle fait même éclater cette feinte passion aux yeux de son mari, qui, pour éviter les suites et les inconvénients, manque de parole au collecteur, fait épouser en hâte sa nièce à son Amant, qu'il croit être aimé de sa femme. Le Divertissement qui suit sert de prélude à la Noce. PETITE COMÉDIE. Marche des Personnes de la Noce. MAROTTE. Une noce de Village Est simple et sans embarras, Les richesses ne font pas Le bonheur du mariage. Une fille jeune et sage, Peu de bien, beaucoup d'appas, C'est de quoi dans le ménage On doit faire le plus de cas. LUCAS. Margot d'abord était comme Vous venez de le dire là ; Et dès que je fus son homme, Aussitôt elle changea. Si j'eus pris par aventure Fille riche et sans beauté, De queuque mauvais côté Qu'alle eût pu prendre tournure, J'aurais toujours profité, Et ma fortune était sûre, Car le bien me fut resté. ENTRÉE. MAROTTE. Profitons bien de nos beaux jours, Aimons quand nous sommes aimables. Les premiers moments des amours Sont toujours les plus agréables. Le temps coule et passe toujours, Et les plaisirs sont peu durables. Les premiers moments des amours Sont toujours les plus agréables. ENTRÉE. LUCAS. Pour avoir un mari, Ne craignez point d'attendre, Fillettes de Livry En trouvent à revendre. De leurs beautés sans peine Nombre d'Amants sont épris. Si la Cour n'en amène, Il leur en vient de paris. LUBINE. Le hasard règle tout, C'est Lucas qui propose, C'est Margot qui résout, Et l'Étoile dispose. Mais dans de tendres flammes Aussi bien que les Amours, L'Étoile pour les femmes Se déclarera toujours. LUCAS. Nos femmes choisiront Des maris pour nos filles, Et les meilleurs seront Pris pour les plus gentilles : Mais qu'elles prennent garde Que nos femmes par hasard, Ou du moins par mégarde, N'en prennent aussi leur part. DANSE EN ROND. LUCAS. C'est bien fait dans son jeune âge De songer à son plaisir : Sitôt qu'on est en ménage, On n'en a pas le loisir. C'est bien fait dans son jeune âge De songer à son plaisir. On devient triste, on enrage, Eût-on femme à son désir. C'est bien fait dans son jeune âge De songer à son plaisir. Le plus heureux mariage Est sujet au repentir, C'est bien fait dans son jeune âge De songer à son plaisir. Qui s'en passe est le plus sage, Proverbe ne peut mentir. C'est bien fait dans son jeune âge De songer à son plaisir. ==================================================