******************************************************** DC.Title = MUSELÉ ! SAYNÈTE. DC.Author = COURTELINE, Georges DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Saynète DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 01/03/2022 à 06:02:43. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/COURTELINE_MUSELE.xml DC.Source = https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k11580090 DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** MUSELÉ ! 1894. Tous droits réservés. de GEORGES COURTELINE. ÉMILE COLIN - Imprimerie de Lagny. PERSONNAGES.. L'HUISSIER-AUDIENCIER. LE PRÉSIDENT. VAUFROY. Extrait de COURTELINE, Georges, "Ombres parisiennes", Paris, Ernest Flammarion, 1894. pp 173-177 MUSELÉ ! À l'audience. L'HUISSIER-AUDIENCIER, appelant. Le ministère public contre Vaufroy ! Vaufroy sort du fond du prétoire et prend place au banc des prévenus. LE PRÉSIDENT. Vaufroy, levez-vous. Vous êtes prévenu d'outrages à un agent de la force publique. Vous l'auriez traité de « gâteux ». Vous reconnaissez le fait ? VAUFROY. Sans nul doute, j'étais tellement dans mon droit !... LE PRÉSIDENT. D'abord non ; vous n'y étiez pas, vous ne serez jamais dans votre endroit en traitant de « gâteux » un agent. VAUFROY. Les autre soient !... Celui-là, si ! Est-ce qu'il n'avait pas... - Non, mais écoutez ça ! Est-ce qu'il n'avait pas émis la prétention de conduire mon chien en fourrière, parce qu'il n'était pas muselé ? Haussement d'épaules.Comme je lui ai dit : « Muselé ! C'est plutôt vous, qui devriez l'être. » LE PRÉSIDENT. Grossièreté toute gratuite, d'ailleurs, et que l'agent ne s'était attirée en rien. Vaufroy veut parler.Taisez-vous. Votre chien n'était pas pas muselé, voilà le fait ; en vous menaçant de la conduire en fourrière, l'agent ne faisait, strictement, que s'acquitter de son devoir. VAUFROY. J'ai un chien qui ne supporte pas la muselière. Un temps.Ça l'empêche de bailler, cette bête. LE PRÉSIDENT, goguenard. Allons donc ! VAUFROY. Parfaitement... D'où des contraction d'estomac susceptibles d'amener des troubles dans son organisme. J'ai pas envie que mon chien attrape une gastrique. - Sans compter que ça le fait loucher. LE PRÉSIDENT. Se peut-il ?... Il est regrettable que le tribunal ne puisse entrer dans les considérations de cette importance de doive s'en tenir à faire respecter les ordonnances du préfet de police VAUFROY, très énergique. Pardon ! Je connais les institutions qui nous régissent, et je déclare, à la face de Dieu, qu'il n'y a ni loi ni ordonnance empêchant les chiens de bâiller !... Avec une pitié ironique.Les affaires ne vont déjà pas si bien !... Si on se met, par dessus la marché, à empêcher les chiens de bâiller, où allons nous ? LE PRÉSIDENT. Si vous connaissiez la loi aussi bien que vous le prétendez, vous sauriez qu'elle qu'elle vous donne le droit de na pas museler votre chien à la condition que vous le teniez en laisse. Tenez en laisse, votre chien ; il bâillera tant qu'il voudra. VAUFROY. Oui, mais il ne pissera plus. LE PRÉSIDENT. Comment, il ne... ? VAUFROY. Bien entendu. J'ai un chien qui ne veut plus pisser dès l'instant qu'il est à l'attache. LE PRÉSIDENT. Mais qu'est ce que c'est qu'un chien comme ça ! VAUFROY. Il faut prendre comme il est ; sitôt qu'il se sent à l'instant, toc, il se couche sur le dos, et durant des heures entières il essaye d'enlever sa laisse avec ses deux pattes de devant.Qu'est ce que vous voulez que j'y fasse ? Or, ne pissant plus dans la rue, il pisserait dans l'appartement si les bienfaits d'une éducation inculquée depuis des années à coups de botte dans te derrière ne le rappelaient au sentiment des convenance. Alors, quoi ? S'il ne pisse ni dehors, ni dedans, où pissera-t-il, cet animal ? LE PRÉSIDENT. La loi... VAUFROY, très net. Il n'y a pas de loi qui empêche les chiens de pisser. LE PRÉSIDENT. Mais... VAUFROY. Je ne suis pas ici pour faire de a critique. Je me bornerai donc à faire remarquer que le moment serait mal choisi d'empêcher les chiens de pisser, quand les journaux sont unanimes à contester que l'agriculture manque de bras. LE PRÉSIDENT. Et c'est tout ce que vous avez à dire ? VAUFROY. Permettez ! J'ai encore à dire ceci : que le règlement de police qui oblige les maîtres à museler leurs chiens est une bêtise et un non-sens. LE PRÉSIDENT. Parce que ? VAUFROY. Parce que, si les chiens de maître sont moins exposés à la rage (comme le démontre la statistique) que ne le sont les chien errants, ceux-ci en revancher, sont bien moins que ceux-là, exposés à la muselière. Des muselières ! Et ta soeur ? Est-ce vous qui leur en payeriez ? Non, n'est-ce pas ? Tant qu'à faire, Monsieur le Président, et dépenser pour dépenser, il est clair que vous et moi irions plutôt chez le marchand de vin. LE PRÉSIDENT. D'où vous concluez ? VAUFROY. D'où je conclus que museler mon chien, qui n'aura jamais la rage, c'est l'abandonner, sans défense ; à la morsure des chiens qui l'ont, - je ne musèlerai pas mon chien. LE PRÉSIDENT. La cause est entendue. Le tribunal, prenant en considération l'ingéniosité de vos aperçus et la correction de votre attitude, vous condamne à un mois de prison à vos dépens. VAUFROY. Un mois de... Les yeux au ciel.J'en appelle à la postérité. ==================================================