******************************************************** DC.Title = LA RISSOLLE ET MERLIN, SCÈNE DC.Author = BOURSAULT, POISSON DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Scène DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 30/04/2024 à 11:30:58. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/BOURSAULT-POISSON_RISSOLEMERLIN.xml DC.Source = https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k938095r DC.Source.cote = Bnf LLA 8-YTH-23504 DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** LA RISSOLLE ET MERLIN SCÈNE TIRÉE DU MERCURE GALANT 1889. Imprimerie de l'Ouest, A. NÉZAN, Mayennne PERSONNAGES LA RISSOLE, Soldat, M. COQUELIN-CADET. MERLIN, valet d'Oronte, M. BERR. La scène se passe dans la maison de l'auteur du MERCURE GALANT. LA RISSOLLE ET MERLIN MERLIN, seul. Je me passerai bien d'une pareille aubaine. La Rissole entre seul ; il est ivre.Mais que veut ce soldat ? LE RISSOLE. Bonjour, mon camarade.J'entre sans dire gare, et cherche à m'informerOù demeure un monsieur que je le puis nommer.Est-ce ici ? MERLIN. Quel homme est-ce ? LE RISSOLE. Un bon vivant, allègre, Qui n'est ni grand ni petit, noir ni blanc, gras, ni maigre,J'ai su de son libraire, où souvent je le vois,Qu'il fait jeter en moule un livre tous les mois.C'est un vrai juif errant, qui jamais ne repose. MERLIN. Dites-moi, s'il vous plaît, voulez-vous quelque chose ? L'homme que vous cherchez est mon maître. LE RISSOLE. Est-il là ? MERLIN. Non. LA RISSOLE. Tant pis. Je voulais lui parler. MERLIN. Me voilà ;L'un vaut l'autre. Je tiens un registre fidèleOù, chaque heure du jour, j'écris quelque nouvelle :Fable, histoire, aventure, enfin quoi que ce soit, Par ordre alphabétique, est mis en son endroit.Parlez. LA RISSOLE. Je voudrais bien être dans le Mercure ;J'y ferais, que je crois, une bonne figure.Tout à l'heure, en buvant, j'ai fait réflexionQue je fis autrefois une belle action : Si le Roi le savait, j'en aurais de quoi vivre.La guerre est un métier que je suis las de vivre.Mon capitaine, instruit du courage que j'ai,Ne saurait se résoudre à me donner congé ;J'en enrage. MERLIN. Il fait bien : donnez vous patience... LA RISSOLE. Mordié ! Je ne saurais avoir ma subsistance. MERLIN. Il est vrai, le pauvre homme ! Il fait compassion. LA RISSOLE. Or donc, pour en venir à ma belle action,Vous saurez que toujours je fus homme de guerre,Et brave sur la mer autant que sur la terre. [Note : Michel de Ruyter (1607-1676) : célèbre amiral néerlandais. Il combattit la France. Il est blessé le 22 avril 17676 par un boulet de canon et mourut de ses blessures le 29 avril.]J'étais sur un vaisseau quand Ruyter fut tué,Et j'ai même à sa mort le plus contribuer :Je fus chercher le feu que l'on mit à l'amorceDu canon qui lui fit rendre l'âme par force.Lui mort, les Hollandais souffrirent bien des mals ! On fit couler à fond les deux vice-amirals. MERLIN. Il faut dire des maux, vices-amiraux ; c'est l'ordre. LA RISSOLE. Les vice-amiraux donc ne pouvant plus nous mordre,Nos coups aux ennemis furent des coups fataux ;Nous regagnâmes sur eux quatre combats navaux. MERLIN. Il faut dire fatals, et navals ; c'est la règle. LA RISSOLE. Les hollandais, réduits à du biscuit de seigle,Ayant connu qu'en nombre ils étaient inégals,Firent prendre la fuite aux vaisseau principals. MERLIN. Il faut dire inégaux, principaux ; c'est le terme. LA RISSOLE. Enfin après cela nous fûmes à Palerme.Les bourgeois, à l'envi, nous firent des régaux ;Les huit jours qu'on y fut furent huit carnavaux. MERLIN. On dit régals et carnavals. LA RISSOLE. Oh ! Dame,M'interrompre à tout coup, c'est ma chiffonner l'âme,Franchement. MERLIN. Parlez bien. On ne dit point navaux,Ni fataux, ni régaux, non plus que carnavaux :Vouloir parler ainsi, c'est faire une sottise. LA RISSOLE. Eh, mordié ! Comment voulez vous que je dise ?Si vous me reprenez lorsque je dis des mals, Inégals, principals, et des vice-amirals ;Lorsqu'un moment après pour mieux me faire entendre,Je dis fataux, régaux, devez-vous me reprendre ?[Note : Trigaud : Qui use de détours, de mauvaises finesses. [L] ]J'enrage de bon coeur, quand je trouve un trigaudQui souffle tout ensemble et le froid et le chaud. MERLIN. J'ai la raison pour moi qui me fait vous reprendre, Et je vais clairement vous le faire comprendre.Al est un singulier dont le pluriel fait aux :On dit, c'est, c'est mon égal, et ce sont mes égaux.Par conséquent on voit, par cette règle seule... LA RISSOLE. J'ai des démangeaisons de te casser la gueule. MERLIN. Vous ? LA RISSOLE. Oui, palsandié ! Moi. Je n'aime point du toutQu'on me berce d'un conte à dormis debout.Lorsqu'on veut me railler, je donne sur la face. MERLIN. Et tu crois au Mercure occuper une place ? Toi ? Tu n'y seras point, je t'en donne ma foi... LA RISSOLE. Mordié ! Je me bats l'oeil du Mercure et de toi.Et pour faire dépit, tant à toi qu'à ton maître.Je déclare à tous deux que je n'y veux pas être :Plus de mille soldats en auraient acheté, Pour voir en quel endroit la Rissole eût été ;C'était argent comptant, car j'avais leur parole.Adieu, pays ; C'est moi qu'on nomme La Rissole ;Ces bras te deviendront ou fatals, ou fataux. Il laisse tomber son chapeau. MERLIN. Adieu, guerrier fameux par des combats navaux. [Note : Les quatre vers suivants sont ajoutés ; c'est une tradition attribuée à Perlet et conservée par Régnier.]L'ami, votre chapeau le laissez vous en gage ? LA RISSOLE. Hein ! Tu dis : mon chapeau ? Reforme ton langage.AL est un singulier dont le pluriel fait AUX ;On doit dire un chapal, puisqu'on dit des chapeaux. ==================================================