******************************************************** DC.Title = DC.Author = BARY, René DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Dialogue DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 30/09/2024 à 19:13:00. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/BARY_SIMPLICITE.xml DC.Source = https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1097097 DC.Source.cote = BnF LLA Z-20072 DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** DE LA SIMPLICITÉ DES HABITS CONVERSATION XXII. XCVIII. AVEC PRIVILÈGE DU ROI. PAR RENÉ BARY, Conseiller et Historiographe du Roi. Achevé d'imprimer pour la première foi le 24 jour de mars 1662. Les exemplaires ont été fournis ACTEUR. CORIOLAN. CYPASSIS. Texte extrait de "L'esprit de cour, ou Les conversations galantes, divisées en cent dialogues, dédiées au Roi.", René Bary, Paris : de C. de Sercy, 1662. pp 116-131. DE LA SIMPLICITÉ DES HABITS Coriolan cajole une Dame sur ce qu'elle aime la Simplicité des Habits. CYPASSIS. Dans l'opinion que j'ai plus de défauts que de perfections, je ne me sers point de ces étoffes qui en attirant les regards des passants, découvrent les laideurs de ceux qui les portent CORIOLAN. Quoi que vous négligiez les beaux habits, vous ne laissez pas de paraître ; la Nature qui a heureusement dispersé sur vos joues son blanc et son rouge, vous a donné des qualités qui portent partout l'éclat ; et elle a si bien réussi en la composition de votre personne, que vous connaîtriez mal vos ornements naturels, si vous recouriez aux étrangers. CYPASSIS. [Note : Linéament : Fig. Ébauche, esquisse. [L]]Si la Nature avait cette aussi ingénieuse en la formation de mes linéaments, qu'elle a été adroite en l'application de mes couleurs, je ne renoncerais pas aux étoffes éclatantes : mais comme il semble qu'elle ne m'ait fait part de son vif que pour mettre mes défauts dans un plus grand jour, il est à propos que je paraisse sous des ajustements qui ne paraissent point. CORIOLAN. Quelque inventive que vous soyez, le secret de ne point éclater vous est caché. CYPASSIS. Mon sentiment en cela n'est pas le vôtre. CORIOLAN. De porter l'incarnat, le bleu, le vert naissant, vous agiriez contre votre intention ; ces couleurs font hautes, ac elles excitent notre curiosité. De porter aussi le tané, le noir, la feuille-morte, il n'y a pas d'apparence non plus, l'obscurité de ces couleurs est un lustre, et le lustre comme lustre, relève le beau teint. De porter enfin le blanc, le bon sens ne le permet pas, les lys de votre visage obscurciraient même la blancheur de la neige ; et vous auriez pris pour affaiblir votre éclat, augmenterait vote vivacité. CYPASSIS. Encore que ma blancheur n'ait pas les degrés que vous lui donnez, je ne veux porter désormais que des couleurs d'eau ou de musque ; ces sortes de couleurs relèvent peu la blancheur, et elles s'attachent peu la vue, et ce sont les particularités que je recherche dans les étoffes. CORIOLAN. En quelque état que vous soyez, vous ne pouvez qu'être bien et si j'estime votre personne la simplicité des habits, c'est parce que les personnes qui abondent en agrément, doivent abonder en modestie. CYPASSIS. Il me semble que par cette raison je devrais être magnifiquement ajustée. CORIOLAN. Ne combattez point les louanges que je vous donne, vous combattriez la voir publique. CYPASSIS. Quelle apparence y a-t-il que tout Paris m'estime, puisque l'estime suppose la connaissance, et que je ne fréquente presque personne ? Il est vrai qu'on peut avoir quelque connaissance des visages par ouï dire, qu'on en peut parler sur le rapport d'autrui : mais comme l'estime qui est fondée sur un rapport est fondée sur une incertitude, il me semble que ce serait être faible, que de s'attacher à un faible témoignage. CORIOLAN. On jette les yeux partout où vous êtes; la moindre de vos actions est observée ; et si vous ne connaissez pas beaucoup de gens, beaucoup de gens vous connaissent. CYPASSIS. Il faut du temps pour examiner les Dames, et je n'en donne qu'à mes amis. CORIOLAN. Si cela est, je suis donc croyable, puisque je vous examine tous les jours. CYPASSIS. Vous m'observez tous les jours, cela est vrai ; mais en matière de témoignage, celui des amis est toujours suspect. ==================================================