******************************************************** DC.Title = DC.Author = BARY, René DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Dialogue DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 30/09/2024 à 19:13:00. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/BARY_INDULGENCE.xml DC.Source = https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1097097 DC.Source.cote = BnF LLA Z-20072 DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** DE L'INDULGENECE CONVERSATION XL. XCVIII. AVEC PRIVILÈGE DU ROI. PAR RENÉ BARY, Conseiller et Historiographe du Roi. Achevé d'imprimer pour la première foi le 24 jour de mars 1662. Les exemplaires ont été fournis ACTEUR. ÉMILIAN. ISABELLE. Texte extrait de "L'esprit de cour, ou Les conversations galantes, divisées en cent dialogues, dédiées au Roi.", René Bary, Paris : de C. de Sercy, 1662. pp 261-264. DE L'INDULGENCE Émilian cajolle Ifabelle , fur ce qu'elle pardonne facilement. ÉMILIAN. Plus je considère votre tempérament, et plus je fais état de votre douceur. ISABELLE. Il est vrai que les injures qu'on ressent avec plus de douleur sont pardonnées avec plus de gloire : mais si l'excellence de la mansuétude dépend de la qualité des injures, la mansuétude que vous louez en ma personne n'est pas bien considérable, puisque comme les injures qu'on me fait ne font pas grandes, il ne faut pas une grande vertu pour les pardonner. ÉMILIAN. Pour peu qu'on vous offense, l'on vous fait une grande injure ; vous n'avez point de petites qualités. ISABELLE. Croyez-moi, n'entreprenez point de me persuader que j'ai de grandes perfections, il arriverait de là que vous augmenteriez mon orgueil, et qu'étant devenue plus orgueilleuse, je deviendrais moins indulgente. ÉMILIAN. L'on ne peut en vous louant, altérer votre douceur, puisque la difficulté d'excuser les choses, vient de la trop bonne opinion qu'on a de soi-même, et que bien éloigné d'avoir de trop hauts sentiments de votre personne, votre modestie reçoit tous les jours des reproches. ISABELLE. Si l'estime dont vous m'honorez est la mesure de votre affection, cachez votre amour, il est idolâtre. ÉMILIAN. Comme vous ne vous défendez point de faire connaître votre mérite, je ne me défendrai jamais de faire connaître mon amour : il est vrai que ma passion ne reconnaît point de bornes, que mon ardeur ne souffre point de comparai?on : mais qui peut l'accuser d'excès ? Qui peut la convaincre d'injustice ? Puis qu'il faut qu'il y ait du rapport entre les amours et les choses aimées, et que les objets qui n'ont point de semblables, veulent des passions qui n'aient point de pareilles. ISABELLE. Si vous proportionniez votre affection à mon mérite, tant s'en faut je vous accusasse d'idolâtrie, que je que vous accuserais même d'indifférence : la raison est, que les choses très - petites échappent à la vue, et que comme mon mérite est très petit, votre affection serait si petite, qu'elle serait comme inconnaissable. ÉMILIAN. Vous serez toujours contredisante, et je serai toujours véritable ; vous choquerez toujours mes sentiments, et je respecterai toujours vos vertus ; et quelque appréhension que vous ayez qu'on me punisse d'idolâtrie, je préférerai toujours la durée de votre crainte, à la modération de mon ardeur. ==================================================