******************************************************** DC.Title = DU BEL ESPRIT, CONVERSATION. DC.Author = BARY, René DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Dialogue DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 31/12/2023 à 13:30:20. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/BARY_BELESPRIT.xml DC.Source = https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1097097 DC.Source.cote = BnF LLA Z-20072 DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** DU BEL ESPRIT CONVERSATION. VI M. DC. LXII. AVEC PRIVILÈGE DU ROI. PAR RENÉ BARY, Conseiller et Historiographe du Roi. Achevé d'imprimer pour la première foi le 24 jour de mars 1662. Les exemplaires ont été fournis ACTEUR. FILANDRE. ARIANE. Texte extrait de "L'esprit de cour, ou Les conversations galantes , divisées en cent dialogues, dédiées au Roi.", René Bary, Paris : de C. de Sercy, 1662 pp 36-41 DU BEL ESPRIT CONVERSATION. Marile qui est une espèce de Dévot, est galantisée sur la beauté de son esprit. FILANDRE. Vous avez de l'esprit, les beaux esprits vous estiment. MARILE. Je ne m'arrête point aux éloges qu'on me donne ; ma réputation est un bien mal acquis. FILANDRE. On condamnerait à la réparation d'honneur, ceux qui vous condamneraient à la restitution. MARILE. Je n'appellerais point de leur jugement. FILANDRE. Il est rare de trouver tant de modestie parmi tant de gentillesses. MARILE. J'ai les sentiments que je dois avoir. FILANDRE. Serait-il possible que vos estimateurs fussent dans l'erreur ? MARILE. S'ils ont du jugement, ils n'ont point de franchise. FILANDRE. À quoi bon de donner de l'encens à une fausse Divinité ? MARILE. Pour peu qu'une fille surpasse le commun, l'hyperbole l' élève au dessus des nues. FILANDRE. Ceux qui font état de vous sont reconnus pour sages, et les sages ne sont pas moins ennemis de l'excès que du défaut. MARILE. La dissimulation a ses décences ; et c'est pécher contre la civilité, que de parler de toutes choses à la rigueur. FILANDRE. Chose étrange ! Plus vous vous défendez d'avoir de l'esprit, et plus vous nous persuadez que vous en avez. MARILE. La vérité est inépuisable, elle ne manque point de raisons. FILANDRE. Ceux qui n'ont point de feu, ne peuvent fournir à l'entretien ; et plus l'on vous combat, et plus vous brillez. MARILE. Je ne m'aperçois point que je m'élève au dessus d'une fille ; et si j'éclate, c'est plutôt du fou que votre génie me communique, que de celui que la Nature m'a donné. FILANDRE. Une stupide est toujours stupide. MARILE. Pour peu qu'on entende vos semblables, on devient dissemblable à soi-même. FILANDRE. Si j'ai le pouvoir de changer votre esprit que n'ai-je celui de changer votre coeur ! MARILE. Comme mon coeur n'est embrasé que de l'amour Divin, il faudrait que vous fussiez un Démon, pour le faire passer d'un état en un autre. FILANDRE. Si les Hommes ne peuvent rien sur lui, j'ai sujet de me consoler. MARILE. Je ne sais pas ce que les Hommes peuvent ; mais je sais bien qu'ils n'ont encore rien pu sur la personne qui vous parle. FILANDRE. Il est pourtant naturel aux filles d'aimer les garçons. MARILE. Je tombe d'accord de ce que vous dites : mais à dire le vrai, si j'aime vos semblables, c'est en celui qui n'en a point. FILANDRE. Si vous persévérez dans votre zèle, vous deviendrez toute Sainte. MARILE. Ceux qui sont dans la bonne voie, doivent s'y maintenir. FILANDRE. Vos amants sont en passe de passer de mauvaises heures. MARILE. Qu'ils aiment ce que j'aime, ils passeront d'heureux moments. ==================================================