******************************************************** DC.Title = LE CHINOIS POLI EN FRANCE, OPÉRA-COMIQUE. DC.Author = ANSEAUME, Louis DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Intermède DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 08/05/2020 à 13:05:30. DC.Coverage = Chine DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/ANSEAUME_CHINOIS.xml DC.Source = http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9622956x DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** LE CHINOIS POLI EN FRANCE PARODIE DU CHINOIS DE RETOUR Intermède italien en un acte Représentée pour la première fois à Bruxelles par les Comédiens Français le 23 Août 1755 sous la Protection de S. A. R. M. DCC LV. Avec Approbation et Privilège du Roi. De Mr. ANSEAUME. Représentée pour la première fois à la Foire Saint-Germain, le 23 août 1755. ACTEURS UN MANDARIN, Mr d'Hannetaire. NOUREDDIN, Chinois qui a voyagé en France, Mr Le Jeune. HAMSI, autre Chinois Mr Jourdan. EGLÉE, fille du Mandarin Melle Hannetaire. ZAÏDE, file du Mandarin, Melle Desires. La Scène est dans la Maison du Mandarin. LE CHINOIS POLI SCÈNE PREMIÈRE. Le Mandarin, Eglé, Zaide. LE MANDARIN. AIR. On n'aime point dans nos Forêts.D'un projet qui doit vous flatterIl est temps que je vous instruise ;Mes filles, il faut m'écouter,Et me répondre avec franchise.Je veux à chacune de vous Aujourd'hui donner un époux. EGLÉ, à part. AIR. La jeune Abbesse de ce lieu.Aujourd'hui même, quel plaisir ! ZAÏDE, à part. Ô Dieux ! Quelle peine cruelle ! Haut.Vous savez, pour vous obéir,Quel fut de tout temps notre zèle ; Pardonnez, pour la première fois,Si nous résistons à vos lois. LE MANDARIN. AIR Passerons-nous sans amours.Plait-il ? EGLÉ. Où tend ce discours ? ZAÏDE. Quand tous les joursVous faites éclater Sur nous votre tendresse,Pouvons-nous sans tristesseSonger à vous quitter ? LE MANDARIN. AIR. Ah ! que je me lasse d'être.On peut s'affliger sans doute,Lorsque d'un père chéri Il faut se séparer ainsi ;Mais si cette perte coûtePour en adoucir l'ennui,Rien ne vaut mieux qu'un bon mari. ZAÏDE. Non, jamais la jouissance Des biens que l'hymen dispenseN'aura tant d'attraits pour nousQu'une heureuse indépendance. EGLÉ. Hé, ma soeur, parlez pour vous. ZAÏDE. AIR. Bouchez. Naïades vos Fontaines.Quoi, vous pensez au mariage ! LE MANDARIN. Elle raisonne en fille sage :La vertu dans le célibatEst d'un usage difficile ;Dans l'Hymen elle a moins d'éclat ;Mais elle est aussi plus facile. EGLÉ. AIR. À deux genoux près de Sylvie.Je ne sais point me contrefaireCe que mon père ordonnera, >Je me sens d'humeur à le faire,Et prête à tout ce qu'il voudra. ZAÏDE. AIR. Le jeune Berger qui m'engage.Il est un moyen très facile. De nous contenter toutes deux : Puisque ma soeur est si docile,Qu'un doux hymen comble ses voeux :Moi qui, malgré SA longue absence,Garde mon coeur à Noureddin, Souffrez qu'avec même constance,Je lui réserve aussi ma main. LE MANDARIN. AIR De Joconde.Je ne saurais blâmer en toiCette délicatesse ; Non, tu n'engagera ta foi Qu'au gré de ta tendresse .Ton amant... ZAÏDE. Ciel ! Que dites-vous ? LE MANDARIN. De retour à la Chine,Est, ma fille, l'heureux époux,Qu'un père te destine. EGLÉ. AIR. À quoi s'occupe Magdelon ?Et moi ne pourrai-je savoirÀ qui je suis destinée ;Et moi ne pourrai-je savoirQuel époux je dois avoir ? LE MANDARIN. AIR. Tout roule aujourd'hui dans le monde.Si le jeune Hamsi peut te plaire, Tu connais son rang et son bien ; Sitôt je termine l'affaire. EGLÉ. Votre choix décide le mien. LE MANDARIN. Il doit venir par sa présenceDe ses feux hâter le succès : Moi de cette double alliance,Je vais ordonner les apprêts. Il sort. SCÈNE II. Eglé, Zaide. EGLÉ. AIR. Ah ! le bel oiseau maman. Serez-vous toujours, ma soeur,Triste, rêveuse, inquiète:Hé quoi, de votre bonheur Qui peut troubler la douceur ?Votre Amant est de retour ; Pour vous unir tout s'apprête. ZAÏDE. Ô ! Moment que mon amourCraint autant qu'il le souhaite ; Ce Noureddin que j'attends,M'aimait d'une ardeur parfaite !Mais qui sait, après trois ans,Quels feront ses sentiments ? EGLÉ. ARIETTE.D'une vaine crainte, Votre âme est atteinte ;Une vaine crainteVous tient en suspens.Soyez plus prudente,Et cédez au temps, Comme il se présente,Pour moi je le prends. AIR. Tous les matins dans nos forêts.Mais à propos, de nos amants,Nous attendons la visite ;Vous savez que les agréments Font auprès d'eux notre mérite,C'est par nos charmesQu'ils font enchaînés.Venez, venez,Nous mettre sous les armes. ZAÏDE. AIR. Que craignez-vous charmante Reine.Des seuls attraits de la nature,ParAissons, à leurs yeux, emprunter notre fard,N'employons point d'autre parure ;L'art de plaire toujours est de plaire sans art. EGLÉ. AIR. L'équipage le plus en usage,La plus sage Peut mettre en usageLes moyens permisPour faire des amis ;Quand pour plaire L'art est nécessaire, On doit s'en servirSi l'on veut réussir.Les hommes toujoursJugent par l'écorce ;Nos atours Pour eux sont une amorce ;Tout dépendD'un premier moment,Si dans l'instantLe coeur ne le prend, Sans nul espoirNotre beauté perd son pouvoir. Elle tire un miroir de sa poche, et rajuste sa coiffure.La plus sagePeut mettre en usageLes moyens permis Pour faire des amis :Quand pour plaire,L'art est nécessaire,On doit s'en servirSi l'on veut réussir. ZAÏDE. Air. Comme un coucou que l'Amour presse.Quelqu'un vient, c'est Hamsi je pense. EGLÉ. Cachons vite notre miroir.L'art est permis ; mais par prudence,Il ne faut pas le laisser voir. SCÈNE III. Eglé, Zaïde, Hamsi. HAMSI. Air. La nuit dans les bras du repos.Si j'en crois ce qu'en ce moment Votre père vient de m'apprendre,Vous approuvez le sentimentQui l'a fait me nommer son gendre ;Mais il faut que votre coeurConfirme un aveu si cendre Mais il faut que votre coeurConsente à faire mon bonheur. EGLÉ. AIR. L'autre nuit j'aperçus en songe.De mon destin mon père est maître,Je souscris sans peine à ses lois ; Mais en me voyant, votre choix, Commence à vous gêner peut-être ;Vous me supposiez des appas, Qu'en moi vous ne trouverez pas. HAMSI. Air. Branle de Metz.Belle Eglé, pouvez-vous faireCet outrage à vos attraits ? J'en ressens trop les effets ; Oui, soyez sûre de plaire : Mais un goût plus délicatMe conduit dans cette affaire,Vos vertus ont un éclat Dont je fais bien plus d'état. ZAÏDE. AIR. À l'ombre de ce vert bocage.D'une manière ingénieuseOn vous fait entendre par-là,Qu'il faut être moins curieuseDe sa beauté. EGLÉ. Pourquoi cela ? À l'honneur de passer pour sage,Lorsque l'on joint les agréments :N'est-ce pas un double avantage ? HAMSI. C'est raisonner de très bon sens. À part. Air. Pour voir un peu comment ça f'ra.Mais l'autre raisonne encor mieux. ZAÏDE, à part. Il ne dit pas tout ce qu'il pense. EGLÉ, à part. Il me paraît bien sérieux. ZAÏDE. J'augure mal de ce silence. EGLÉ. Avant de conclure, il est bonD'y faire quelque attention. Air. Quand je vous ai donné mon coeur.Aux qualités du coeur, on doitAccorder son estime,C'est un tribut qu'on ne sauraitLeur refuser sans crime. ZAÏDE. Et l'amour ? EGLÉ. Et l'amour, je crois, Est l'effet d'un joli minois. HAMSI. AIR. Dormir est un temps perdu.Un objet moins gracieux,Je vous le répété,S'il est sage et vertueux,Sur une beauté parfaite, Dans mon coeur l'emportera. EGLÉ. Le pauvre Galant ! il n'aQue la sagesse en tête. AIR. Tu croyais en aimant Colette.Êtes-vous toujours raisonnable. HAMSI. Oui. EGLÉ. Tant pis. HAMSI. Je reste interdit. ZAÏDE. Vous verrez que pour être aimableIl faut avoir perçu l'esprit. HAMSI. AIR. M. le Prévôt des Marchands.Ennemi de la vanité,Toujours avec sincérité,Tel je suis, tel je veux paraître. Prêts de nous lier pour jamaisNous ne pouvons trop nous connaître, EGLÉ, à part. Il semble qu'il le fasse exprès. AIR. Tant de valeur. Haut.Hamsi, vous avez en partage Tout ce qui peut faire estimer ; Si vous voulez vous faire aimer,Croyez-moi, changez de langage. ZAÏDE. AIR. Donnez amants, mais donnez, bien.Ma soeur, vous êtes la premièreQui fassiez un crime à quelqu'unD'avoir beaucoup de sens commun ; Il est si rare sur la terre,Qu'on ne saurait trop le chérir.Où l'on a pu le découvrir. EGLÉ. AIR.L'Amour est un enfant badin,Les jeux forment son empire ; Qui sait folâtrer et rireDevient heureux soudain.Souvent il se tient caché Dans un coeur qui l'ignore,Sans qu'on s'en doute encore, Le trait est lâché.L'Amour est un enfant badin,Les jeux forment son empire : Qui sait folâtrer et rire,Devient heureux soudain. HAMSI. AIR. Suivons l'Amour, c'est lui qui nous mène.Très clairement, c'est me faire entendre.Qu'à votre main, j'ai tort d'aspirer. EGLÉ, froidement. Ah ! vous pouvez toujours y prétendre. HAMSI, à part. Mais le plus sûr est de me retirer. ZAÏDE. AIR. Ton humeur est Catherine.Que faut-il donc pour vous plaire, Si vous pensiez comme il faut,Sa tranquillité, ma chère,Ne serait plus, un défaut,Vous ne savez pas encoreQu'en fait d'Hymen ou d'Amour, La plus agréable auroreNe fait pas le plus beau jour. SCÈNE IV. Noureddin, et les précédents. NOUREDDIN, à part dans l'enfoncement. AIR. Cotillon couleur de rose.Du temps que j'ai mis à mon voyage,Montrons ici que j'ai profité,J'ai sans vanité Un joli jargon, de l'usage ;Cela me suffit,Je crois, pour me mettre en crédit ;Allons à Zaïde en faire hommage,Du moindre retard son coeur gémir. À Zaide.Le destin propice à mes voeuxMe rend enfin tout ce que j'aime.Est-il un mortel plus heureux ? ZAÏDE. C'est vous Noureddin ? NOUREDDIN. C'est moi-même.Depuis trois ans, loin de vos yeux, J'ai souffert une peine extrême. ZAÏDE. Si l'absence fait tant souffrir,Il fallait plutôt revenir. NOUREDDIN. AIR. Je suis un bon Soldat.Le reproche est flatteurPour mon coeur Oui, ma chère ZaïdeJe vois avec transportCet effortDe l'Amour qui vous guide. ZAÏDE. AIR. J'ai rêvé toute la nuit.N'êtes-vous que de ce jour À la Chine de retour ? NOUREDDIN. Les amis et les parentsOnt jusqu'à présent rempli tout mon temps. ZAÏDE. L'Amour devait bien du moinsOccuper vos premiers soins. NOUREDDIN. ARIETTE.Ne craignez rien, vous êtes trop belleEt votre Amant est trop fidèlePour vous avoir manqué de fois : Je veux mourir sous votre loi.Le trait par vos yeux lancé, Jamais ne peut être chassé.C'est lui qui me ramèneMon coeur, de reprendre sa chaîne,Se trouve forcé. AIR. Le Démon malicieux et fin.Eh, que fait cet homme auprès de vous ? ZAÏDE. De ma soeur ce doit être l'époux. NOUREDDIN. Ah, fort bien. ZAÏDE. Mais un petit caprice,Dans leur amour répand quelque froideur,Vous pouvez lui rendre un bon office,En nous aidant à la tirer d'erreur. NOUREDDIN. AIR. Babet que t'es gentille.C'est donc là votre soeur ?Elle est parbleu jolie ;Si vous n'aviez mon coeur,J'en aurais presqu'envie. EGLÉ. Qu'il est délicat ! HAMSI. Qu'il me paraît fat ! NOUREDDIN, à Hamsi. Vous l'aimez bien, sans doute ? HAMSI. Assurément. NOUREDDIN. C'est fort bien fait.Ça voyons donc pour quel sujet,Entr'eux le divorce se met : Parlez, je vous écoute. Bis. ZAÏDE. AIR. Nous autres bons Villageois.Chacun selon son humeur,Tâche d'exprimer sa tendresse ;L'un en parle avec douceur,Et l'autre en folâtrant sans cesse. Or, je dis. NOUREDDIN. Vous avez raison. ZAÏDE. Laissez-moi donc achever... NOUREDDIN. Bon ! ZAÏDE. Vous n'êtes pas instruit... NOUREDDIN. D'accord :Mais vous ne sauriez avoir tort. ZAÏDE. AIR. Dans un bois, la trop simple Annete.Je soutiens qu'un Amant peut plaire ; Quoique d'un air serieuxIl exprime ses feux,À l'objet de ses tendres voeux :Ma soeur qui pense le contraire,Aux dépens du sentiment Cherche dans un AmantL'enjouement. NOUREDDIN. AIR. Du haut en bas.Elle a raison,On ne doit aimer que pour rire,Elle a raison. > ZAÏDE. Eh, comment l'entendez-vous donc ? NOUREDDIN. C'est un fardeau, c'est un martyre,Qu'un Valant qui toujours soupireElle a raison. EGLÉ. AIR. L'Oiseau Royal.À notre âge, Un doux badinageEst-il doncHors de saison ?La jeunesseDoit rire sans cesse : La sagesse un jourAura son tour.Il faut dans la vieUn peu de folie,Sans quoi tout languit, Tout s'assoupit.Le plaisir enchante,La raison tourmente;C'est donc au plaisirÀ la bannir. NOUREDDIN. À son âge,Un doux badinageEst-il doncHors de saison ?La Jeunesse Doit rire sans cesse ;La Sagesse un jourAura son tour. ZAÏDE. AIR. Je ne sais pas écrire.Vous n'avez jamais eu ce ton. NOUREDDIN, à Hamsi. Ainsi, Monsieur le Céladon, Pour apprendre l'usage,Allez en France, comme moi,Vous avez besoin sur ma foi,De ce petit voyage. HAMSI. AIR. Sûre de ta foi.Ah ! Si j'ai besoin D'acquérir du savoir,Sans aller si loin,Il suffit de vous voir. NOUREDDIN. Oui, sans hyperbole ; Pour vous, mes leçons Seraient une écoleDes belles façons. HAMSI. AIR. Joli coeur n'est point volage.Vous êtes pétri de grâces ; On ne saurait s'égarerQuand on marche sur vos traces. NOUREDDIN. Je veux bien vous les montrer. EGLÉ. AIR. Preuve de folie.Ma soeur, il est charmant. HAMSI. Dieux ! Quelle modestie ! ZAÏDE. Hélas ! je vois à tout moment Croître sa folie. NOUREDDIN. AIR. Pierrot se plaint que sa femme.Que chuchotez-vous ensemble ? Vous me paraissez surpris,De mon habit ce me semble ; N'est-il pas d'un goût exquis ? HAMSI. Oui, mais le sage, En tous lieux doit être misSelon l'usage. NOUREDDIN. AIR. Du haut en bas.Le Sage ? bon ! ZAÏDE. Partout je crois, c'est la méthode. NOUREDDIN. Vous croyez donc ? Mais en dépit de sa leçon,L'homme aimable établie la mode, Et malgré le sage incommode,Donne le ton. AIR. De l'Amour tout subit les lois.Croiriez-vous que même à Paris, Moi, moi tout Chinois que je suis,J'en ai mis en vogue plus d'une,Que mon goûtFaisait loi par tout : Qu'à la Cour les jeunes marquis Venaient prendre de mes avis ; Que les Magots y font fortuneTour comme en ce Pays. AIR. Paris est au Roi, mon coeur est à moi.Nos lacs, nos vernis,Nos fleurs et nos fruits, Nos petits pots-pourrisY sont d'un grand prix ; Dans tous leurs bijouxIls ont pris nos goûts,Pour danser nos ballets On s'y met en frais.Puisqu'en FranceOn commenceÀ donner dans le Chinois,J'imagine Qu'à la Chine,Bientôt des FrançaisNous prendrons des lois,Nos lacs, nos vernis, etc. ZAÏDE. AIR. Du Cap de bonne espérance.D'un Peuple vain et volage, Deviez-vous prendre les airs ?Vous que j'ai connu si sage,Vous donnez dans ce travers ? NOUREDDIN. Quoiqu'il ait l'humeur légère,C'est le peuple de la terre, Qui connaît mieux le plaisir,Et sait mieux l'art d'en jouir. AIR. De tous les Capucins du monde.Un Français jamais ne s'ennuie ,Il n'a d'autre soin dans la vie,Que le choix des amusements ; Tous les autres pays ensembleN'offrent point autant d'agréments,Qu'en son sein Paris en rassemble. AIR. Changement pique l'appétit.Là, chacun pour le satisfaire.Trouve concerts, jeux, bonne chère, La Comédie et l'Opéra. EGLÉ. L'Opéra ! Qu'est-ce qu'on fait-là ? NOUREDDIN. AIR. La Chaîne, ou Sylvie.Des Fillettes,Fort bien faitesChaque soir Vont s'y faire voir ;Leur sagesse,Peu tigresse,D'un tendre feuQuête l'aveu. Dans ce commerce de tendresse,Un goût léger tient lieu de sentiment,Sans savoir commentLa fin du RomanTouche souvent au commencement. AIR. Lulli n'est plus à l'Opéra.Plus loin se trouve un bois charmant ;Asile du tendre mystère,Où le Dieu d'amour est souventPlus honoré que dans Cythère.Là, de ce Peuple sémillant, S'annonce en tout le caractère ; [Note : Plumet : Fig. Un jeune militaire. [L]]On y voit de jeunes plumets,Dans de légers cabriolets,Traînés par un coursier fringant,Dar, dar, dar, dar, dar, et flin, flan, flan, Courir plus vite que le vent. ZAÏDE, à Hamsi. AIR. Si ma Philis vient en vendanges.Vous sortez ? HAMSI. Je suis las d'entendre,Un si fatiguant Discoureur,Et je vais de ce pas à votre père apprendreLe peu d'espoir qui reste à mon ardeur. SCÈNE V. Eglé, Zaïde, Noureddin. NOUREDDIN. AIR. Non, je ne ferai pas.Eh, laissez-le partir, ma foi, c'est un sot homme.Avec son air bénin, sa gravité m'assomme,Il voudrait rationner ; mais quand on n'a rien vu,Il sied mal, entre nous, de taire l'entendu. ZAÏDE. AIR. Je ne veux point troubler votre ignorance.Vous le blâmez, vous êtes plus à plaindre. NOUREDDIN. Quoi, contre moi, vous prenez son parti ?Mais, mais, comment,vous m'allez faire craindre,Puis-je espérer de l'emporter sur lui ? ZAÏDE. AIR. Non, toujours dire non.Non. NOUREDDIN. Que veut dire non ?Vous n'y pensez pas, ma Reine ; D'honneur, vous m'étonnez,Vous badinez. Il lui prend la main. ZAÏDE, le rebutant. Ah ! Finissez. NOUREDDIN. Quoi, vous me repoussez ;L'ardeur de vos feuxÉclate dans vos yeux, Non, cette rigueurN'est point dans votre coeur.Bannissez la pudeurQui vous gêne.Quand nous serons unis, Je veux... ZAÏDE. Votre attente est vaine. NOUREDDIN. Vous donner si je puis,L'air des Dames de Paris. ZAÏDE. AIR. Je passe la nuit et le jour.Souffrent-elles, patiemment,Que de trop près on les approche ? NOUREDDIN. L'usage dans un cas pressantLeur dicte bien certain reproche ;Mais en vous écartant ainsi,Elles ont un ton si poli,Si radouci, Si radouci,Qu'il veut dire revenez-y. ZAÏDE. AIR. Mon petit doigt me l'a dit.Eh bien, retournez en France. NOUREDDIN. De cette seconde absenceVous auriez trop de regret. ZAÏDE. Je vous quitte de ce zèle. NOUREDDIN. Mais voilà ce qui s'appelleUn caprice bien complet. ZAÏDE. ARIETTE.[Note : Petit maître : Fig. et familièrement. Petit-maître, jeune homme qui a de la recherche dans sa parure, et un ton avantageux avec les femmes. [L]]Petits Maîtres sans cervelle,Que vous êtes dans l'erreur ; Vous croyez que d'une belle,Un geste, un souris flatteurEn dépit d'elle,Doivent surprendre le coeur. Petits Maîtres sans cervelle, Que vous êtes dans l'erreur ! SCÈNE VI et DERNIÈRE. Eglé, Zaide, Noureddin, Hamsi, Le Mandarin. LE MANDARIN, à Hamsi. AIR. D'Epicure.VOus perdez trop tôt l'espérance,Sur ma fille j'ai du pouvoir ; Je suis sûr de sa complaisance. HAMSI. Mais je ne veux lui rien devoir. NOUREDDIN. Votre père, à propos, s'avance,Devant lui nous nous entendrons. ZAÏDE. J'y consens... NOUREDDIN. De votre inconstance,Du moins nous saurons les raisons. LE MANDARIN. AIR. De tons les Capucins du monde.Eglé... EGLÉ. Nous voici dans la crise. LE MANDARIN. On dit que votre coeur méprise,Les voeux qui vous sont adressés. EGLÉ. Mépriser ! Non, je vous assure. LE MANDARIN. Vous voyez... EGLÉ. Mais... LE MANDARIN. Vous balancezQui vous empêche de conclure ? s EGLÉ. AIR. Nous sommes Précepteurs d'Amour.S'il le fallait absolument... HAMSI. Non je ne veux point vous contraindre. LE MANDARIN. Tantôt vous parliez autrement,Et rien ne vous forçait à feindre. AIR. Que de Gentillesse.Zaïde plus sage, Et moins volage,À son choix sait mieux s'en tenir ;Suivez son modèle,Faites comme elle. EGLÉ. Avec bien du plaisir. ZAÏDE. AIR. hélas ! Ma soeur, je tremble.Hélas ! Je vais mon pèrePeut-être, vous déplaire ;Mais enfin, Noureddin,Compte en vain sur ma main :L'Amour que j'eus pour lui S'est éteint aujourd'hui. LE MANDARIN. Voilà bien des façons. ZAÏDE. J'ai de forces raisonsPour cela. LE MANDARIN. Ta, ta, ta, ta, ta, ta.Quelles sont ces raisons-là ? ZAÏDE. Tout l'avantageQue son voyageLui donne, est d'être léger, volage,Malgré son brillant étalage,Ses voeux sont mal reçus, Je romps le noeud qui nous engage,Enfin, je n'en veux plus. LE MANDARIN. Quel abus !Quel abus. ZAÏDE. Non, non, je n'en veux plus. Je n'en veux plus, LE MANDARIN. Ah ! quel abus ! ZAÏDE. Je n'en veux plus, LE MANDARIN. Ah ! quel abus AIR. Je ne sais pas écrire.À vous entendre toutes deux, Chacun dans son Amoureux,Trouve un défaut étrange.Il faut pourtant s'accommoder,Le moyen de vous accorderEst de faire un échange. AIR. Entre l'amour et la raison.Hamsi, solide et sérieux,À Zaïde conviendra mieux,Eglé qui veut que pour lui plaireOn soit léger, vif et badin,En le donnant à Noureddin Trouvera, je crois, son affaire. AIR. Trois enfants gueux.Que dites-vous de cet arrangement ? NOUREDDIN, à Zaïde. Ah ! J'y consens pour vous punir volage. À Eglé.Je suis à vous, Eglé dès ce moment,Si vous daignez; recevoir mon hommage. HAMSI, à Zaide. AIR. Quand le péril est agréable.À ce parti que l'on projette,Donnerez-vous votre agrément ? ZAÏDE. Très volontiers. HAMSI. Qu'en ce moment,Mon âme est satisfaite ! LE MANDARIN. AIR. Rions, chantons.Enfin, voici votre hyménée Au gré de mon ardent souhait,Mes enfants, heureusement fait,Pour terminer cette journée,Rions, dansons, célébrons les noeudsQui comblent aujourd'hui nos voeux. DUO. EGLÉ et NOUREDDIN. L'Amour d'un trait vainqueur,Perce mon âme,Oui, je sens que d'un trait vainqueur,L'Amour perce mon coeur.Il m'enflamme. Goûtons la plus vive allégresse,M'aimerez-vous toujours?Oui, j'aimerai sans cesseNos fidèles amours,Oui, dureront toujours. ==================================================