******************************************************** DC.Title = PAN ET DORIS, PASTORALE DC.Author = AIGUEBERRE, Jean Dumas d' DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Pastorale DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 01/02/2021 à 07:00:04. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/AIGUEBERRE_PANETDORIS.xml DC.Source = https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5469203b DC.Source.cote = DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** PAN ET DORIS PASTORALE M. DCC. XXIX. AVEC PERMISSION. À PARIS, Chez TABARIE, sur le Quai de Conti. ACTEURS du PROLOGUE. PAN. DORIS. PALEMON. JULIE. LA MARQUISE. HORTENSE. CÉLIMÈNE. La Scène est à la Maison de Campagne de... PAN ET DORIS. SCÈNE PREMIÈRE. PAN sous la figure de Valémon. Amour, le Dieu des Bois implore ta toute puissance :Sauve-moi la douleur de revoir en ces lieux,Un Berger trop fatal au bonheur de mes feuxProfitant du dépit qui causa son absence,C'est toi qui pour fléchir l'objet de tous mes voeux, M'as fait de Palémon prendre la ressemblance :Amour, le Dieu des Bois implore ta puissance :Sauve-moi la douleur de revoir en ces lieuxUn Berger trop fatal au bonheur de mes feux. SCÈNE II. Pan, Doris. DORIS. Quoi, toujours agité d'une douleur mortelle ! PAN. Peut-on aimer hélas ! Et ne pas ressentirUne crainte toujours nouvelle ? DORIS. L'aveu de mon ardeur fidèleD'une injuste frayeur aurait dû vous guérir. PAN. J'éprouve une peine cruelle, Tout semble m'annoncer que le Ciel en courrouxMe prépare un coup terrible :Et je sens que mon coeur ne peut être sensibleQu'au malheur de me voir abandonné de vous. DORIS. Si le bonheur de votre vie Dépend de ma fidèle ardeur,Croyez que Doris en son coeurVous garde un sort digne d'envie. PAN. Non, vous ne m'aimez pas ; et j'en crois la douleurQu'éprouve en ce jour ma tendresse. DORIS. Pour dissiper un soupçon qui me blesseÀ de nouveaux serments faut-il avoir recours ? PAN. Jurez-moi par le Dieu qu'en ces bois on révèreQue le Berger qui vous sut plaireSera toujours l'objet de vos tendres amours. DORIS. Je jure par le Dieu qu'en ces bois on révèreQue le Berger qui m'a su plaireSera toujours l'objet de mes tendres amours. DORIS. Mais on vient. Terminons un discours trop sincère. Elle sort. SCÈNE III. Pan, Arcas. ARCAS. Palémon sur ces bords, vient de frapper mes yeux. PAN. Que son retour me cause une mortelle peine ! ARCAS. Et pourquoi craignez-vous un rival malheureux ? PAN. Quand Palémon lassé d'une constance vaineJura de ne plus voir ces lieuxDoris à son départ ne fut que trop sensible On vit éclater un amourQue sa rigueur invincibleAvait caché jusqu'à ce jour. ARCAS. Du Berger prenant l'apparence,Vous avez triomphé de l'objet de vos feux. PAN. Et ne prévois-tu pas que cette ressemblanceDu Berger à son tour va seconder les voeux ? ARCAS. Tout respecte vos lois en ce séjour champêtre.Il ne vous reste plus qu'à vous faire connaître. PAN. L'amant le plus glorieux N'est pas toujours le plus aimable ;S'il était moins redoutableSouvent il n'en plairait que mieux. ARCAS. Celui qui plaît davantageN'est pas toujours le mieux traité. Heureux l'amant dont l'hommageFlatte l'orgueil d'une beauté !Heureux l'Amant dont l'hommageFait triompher la vanité. PAN. J'aperçois Palémon. Tâche, ami, de t'instruire Du soin qui dans ces lieux l'attire. Il sort. SCÈNE IV. Palémon, Arcas. ARCAS. Palémon, est-ce vous qu'en ces lieux je revois ?Vous qui d'une éternelle absenceVous étiez imposé la loi. PALÉMON. Je viens revoir les lieux où j'ai pris la naissance. ARCAS. Vous y verrez toujours la charmante Doris. PALÉMON. L'absence a triomphé du pouvoir de ses charmes :Et l'on ne verra plus mes larmesNourrir son injuste mépris.Heureux mépris qui me dégage Des soins dont j'étais agité !Plus j'ai souffert dans l'esclavage ;Plus je chéris ma liberté. ARCAS. Des plaisirs de l'indifférenceGoûtez la charmante douceur : Ceux que promet l'amour n'ont qu'un charme trompeur. PALÉMON, ARCAS ensemble. Des plaisirs de l'indifférenceGoûtons la charmante douceur :Ceux que l'Amour promet pour récompenseN'ont qu'un charme trompeur. ARCAS. Doris vers nous s'avance ;Fuyons un objet trop charmant. PALÉMON. Sa présence à mon coeur ne cause point d'alarmes. SCÈNE V. Doris, Palémon, Arcas. DORIS. Bergers, m'est-il permis d'oser pour un momentD'un entretien secret troubler ici les charmes ? PALÉMON. J'entretenais Arcas des biens pleins de douceur,Qu'un coeur indifférent trouve dans cet asile. DORIS. Depuis quand Palémon vante-t-il le bonheurQu'éprouve un coeur tranquille ? PALÉMON. Depuis que j'ai perdu jusques au souvenir Des maux qu'Amour me fit souffrir.Malgré ses rigueurs, une ingrateVoudrait qu'on l'adorât toujours :Mais enfin l'orgueil qui la flatte,Écarte à jamais les amours. DORIS. Ciel ! Quel est ce discours ? Et que voulez-vous dire ? PALÉMON. Je dis que sous son EmpireDoris n'aura plus le plaisirDe me voir vainement soupirer, et gémir.Mais qu'a donc cet aveu qui doive vous surprendre ? Avez-vous dû prétendreQue mon coeur dans vos fers fût toujours arrêté ? DORIS. Non, non. J'ai du prévoir que ta légèretéSerait le prix de ma faiblesse :Et que je perdrais ta tendresse Sitôt que mon amour aurait trop éclaté. PALÉMON. Si les rigueurs des BellesDe leur amour sont des preuves fidèles,Jamais amant ne fut plus fortuné que moi. DORIS. Il te sied bien de te plaindre Des rigueurs que j'eus pour toi.Ah ! Plutôt à mes yeux, ingrat, cesse de feindre ;Et nomme-moi l'objet qui m'a ravi ta foi. PALÉMON. L'objet qui m'enchante,Régnera toujours dans mon coeur. Liberté charmante !Vous ferez toujours mon bonheur. DORIS. L'Infidèle m'outrage après m'avoir trahie.Ô Ciel ! Punis sa perfidie.Ou plutôt terminant ma honte et mes malheurs, Dieux ! Ôtez-moi la vie :Je ne puis être trop punieD'avoir aimé l'ingrat qui méprise mes pleurs. SCÈNE VI. Pan, Doris, Palémon, Arcas. PAN, sous la figure de Palémon. Bergère suspendez vos regrets et vos larmes,Celui qui reçut votre coeur, Brûle toujours pour vous de la plus vive ardeur ;Laissez les soins et les alarmes,À ceux qui vous offrent leurs voeux :Ce n'est point avec tant de charmes,Que l'on voit mépriser ses feux. DORIS. Ciel ! Quel est ce prodige ? Et par quelle puissance,Vois-je ici deux bergers m'offrir les mêmes traits ? PAN. Plus amoureux qu'on ne le fut jamais,De Palémon j'ai pris la ressemblance. DORIS. Ce n'est point Palémon qui frappe ici mes yeux ! PAN. Je suis le Dieu des Bois qu'on révère en ces lieux,Soumis à mon pouvoir suprême,Dryades et Sylvains sortez du fond des bois,De la beauté que j'aime,Venez reconnaître les lois. SCÈNE DERNIÈRE. Troupes de Dryades de Satyres et de Bergers. LE CHOEUR. Sous votre empire,Nous nous rangeons tous,Le Dieu qui pour vous soupire,Règne sur nous. PAN. Pardonnez au stratagème, Que vient d'employer mon ardeur,C'est le Dieu d'amour lui-même.Qui sut l'inspirer à mon coeur. DORIS. Je pardonne au stratagème,Que vient d'employer votre ardeur ; C'est le Dieu d'Amour lui-même,Qui me fait chérir mon erreur. DORIS, à Palémon. D'une constance trop pénibleBerger, vous n'avez pu supporter la rigueur,Un Dieu soumis et plus sensible, Par des soins assidus a su gagner mon coeur,Et je consens qu'il jouisseD'un bien qu'il doit moins à son artifice,Qu'à l'excès de son ardeur. PALÉMON. Bergère, partagez la suprême puissance : D'un amant glorieux ;Mais n'espérez pas que mes yeux,Soient les témoins d'un bonheur qui m'offense.Loin des lieux où l'on vient de ravir votre foi,Je vais pleurer un bien qui n'était dû qu'à moi. Il sort. PAN. Redoublons l'ardeur extrême,Qui vient d'assurer mon bonheur,C'est le Dieu d'amour lui-mêmeQui sut tromper votre rigueur. DORIS. Redoublons l'ardeur extrême, Qui vient d'assurer mon bonheur ;C'est le Dieu d'amour lui-même.Qui me fait chérir mon erreur. PAN. Qu'on applaudisse à ma victoire,Venez, Bergers, accourez tous : D'un triomphe si doux,Vous partagez la gloire. On danse. UNE DRIADE. Fuyez loin de nous,Coeurs insensibles,Nos réduits paisibles, Sont-ils faits pour vous ?Votre indifférenceNous offense ;Nos ardeursCondamnent vos froideurs. Si l'amour nous fait verser des larmes,Nos alarmesOnt des charmesPour nos coeurs,D'un long esclavage Tôt ou tard il dédommageOn trouve en ses faveursMille douceurs. DEUX BERGÈRES. Que les Dieux, que les RoisViennent dans nos bois, Chercher des Maîtresses sincères.Ce n'est que par nos bergères,Qu'un coeur bien enflammé,Peut se flatter d'être aimé. LE CHOEUR. Viens, Amour, dans cette retraite ; [Note : Les attributs du Dieu Amour sont un arc, des flèches et un carquois pour les y ranger.]Quitte ton arc et ton carquois :[Note : Houlette : Fig. Poétiquement, l'état, la condition de berger. [L] La houlette est la bâton de berger.]Et ne prend plus qu'une houlette,Pour ranger nos coeurs sous tes lois. On danse. UN SATYRE. Vous qui d'une beauté cruelle,Éprouvez l'injuste rigueur, Cherchez quelque ruse nouvelle,Pour faire approuver votre ardeur.Qu'importe comment on parvienneÀ vaincre une fière beauté,Pourvu que notre amour obtienne Le prix de sa fidélité ? UNE DRIADE. Il n'est point de cruelle ,Il n'est point de rebelle,Qu'un amant fidèleNe désarme enfin. Tel quitte aujourd'hui sa bergère,Qui peut être le lendemain,Verrait son coeur moins sévère,Payer la flamme sincère,D'un heureux destin. UNE BERGÈRE. Telle fait l'insensible,Qui gémir en son coeurD'une fierté pénible,L'Amour qui connaît son ardeur,Se rit de sa rigueur : On la voit fuir sans cesseL'objet de sa tendresse ;Mais son trouble et ses soupirsTrahissent ses désirs. CHOEURS de BERGERS ET DE BERGÈRES. Viens Amour dans cette retraite, Quitte ton arc et ton carquois.Et ne prend plus qu'une houlette,Peur ranger nos coeurs sous tes lois. ==================================================