******************************************************** DC.Title = GAIETÉ MARSEILLAISE, MONOLOGUE. DC.Author = ADENIS, Eugène DC.Creator = FIEVRE, Paul DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Subject = Monologue DC.Subject.Classification = 842 DC.Description = Edition du texte cité en titre DC.Publisher = FIEVRE, Paul DC.Contributor = DC.Date.Issued content = DC.Date.Created = DC.Date.Modified = Version du texte du 22/04/2023 à 13:02:07. DC.Coverage = France DC.Type = text DC.Format = text/txt DC.Identifier = http://www.theatre-classique.fr/pages/documents/ADENIS_GAITEMARSEILLAISE.xml DC.Source = https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9623724k DC.Source.cote = BnF LLA 8-YTH-27021 DC.Language scheme = UTF-8 content=fr DC.Rights = Théâtre Classique, (creative commons CC BY-NC-ND) *************************************************************** GAIETÉ MARSEILLAISE MONOLOGUE Tous droits de reproduction, de traduction et de représentation publique réservés. EUGÈNE ADENIS PARIS. - TYPOGRAPHIE A. HENNUYER, 7 RUE DARCET.. PERSONNAGES UN HOMME. GAIETÉ MARSEILLAISE ***************** Erreur dans l'interprétation du texte (ligne 372, programme : edition_txt_TOUT.php)Tous les gens du Midi... (je suis née à Marseille,Une ville superbe et que je vous conseille,Si vous ne l'avez fait, d'aller voir en passant,Ne fût-ce que pour prendre un peu de cet accentQui réjouit l'oreille... Hé !... plus d'une personne Qui m'écoute voudrait l'avoir, pas vrai ?... Ça sonne !...)Tous les gens du Midi, donc, n'ont point de défauts.On vous dira qu'ils sont un peu... hâbleurs ; c'est faux !Ils sont de bonne foi, toujours ; j'en ai la preuve,Moi qui sur eux, un jour, ai tenté cette épreuve. C'était en plein été, par une après-midiTropicale. Les gens, le corps tout alourdi,Allaient flânant à l'ombre, ou, sur la Canebière,Attablés au café, buvaient des flots de bière,Dans le stérile espoir de s'y désaltérer. Aucun goût au travail. On regardait errerVaguement, devant soi, toute cette familleD'insectes, impalpable essaim gris qui fourmille,Qui danse, qui remue enfin dans ces sillonsQue trace le soleil de ses mille rayons. Moi, je flânais aussi sur le pas de ma porte.Voilà que le démon des malices m'apporteUne idée assez drôle, un projet assez fol,Et, té, pour rire un peu, je le saisis au vol !J'avise dans la rue une grosse commère Qui passait, et lui dis sur le ton du mystère :- Madame Cabassol, Hé !... vous ne savez pasLa nouvelle ? - Quoi donc, Madame Trotabas ?...- Vous ne la savez pas ?... Allons, vous voulez rire ?...- Je ne ris pas du tout ; hâtez-vous de m'instruire... - Une baleine vient d'échouer dans le portDe Marseille ! - Pécaïre !... - Et le monstre est si fort,Si gros, si colossal, qu'il en bouche l'entrée !Il n'est bruit que de ça dans toute la contrée ;On en parle depuis ce matin sur le Cours, À la Bourse, au Marché !... - Bagasse ! Mais j'y cours !Et, zou, sans dire adieu, plus prompte qu'une flèche,Elle part. Je la vois qui trotte, se dépêche,Et qui, tout en courant, criait à haute voix :« Une baleine... là... dans le port... » Je la vois Arrêter les passants, leur parler à l'oreille,Gesticuler comme on gesticule à Marseille,En faisant de grands bras, comme cela, d'un airTempétueux, les yeux du côté de la mer !Les gens émerveillés se groupent autour d'elle. À droite, à gauche, on va colporter la nouvelle,Et, par bandes de trois, de dix, de vingt, de cent,En masse, vers le port, tout le monde descend.On se presse pour voir, on crie à perdre haleine :« Un prodige !... Le port bouché !... C'est la baleine !... Venez vite, il faut voir !... » Et le moindre quartierSemble une fourmilière... Et les corps de métier,Boulangers, pâtissiers, épiciers, ébénistes,Tripiers et charcutiers, rôtisseurs et fumistes,Avocats, médecins, notaires, bons bourgeois, Tout cela passe avec de grands éclats de voix,Et, comme un flot montant aux jours de grande crue,La foule se bouscule au milieu de la rueAvec des coups de coude échangés sans merci...Et jusqu'aux petits chiens qui veulent voir aussi !... Hôtels, maisons, cafés, bientôt tout resta vide,Et je fus seule ; car je n'étais pas avideDe curiosité, comme bien vous pensez.Je disais en moi-même : « Ah ! Sont-ils insensés,« Tous ces bons Marseillais ! La plus folle nouvelle « Suffit pour embraser leur bouillante cervelle. »Je riais... quand, soudain, j'aperçois, descendantÀ son tour vers le port, le premier président.C'était un magistrat vénéré dans la ville,Un homme sérieux ! Grave et d'un pas tranquille, Avec un air pensif, caressant de la mainSa belle barbe blanche, il suivait son chemin.Il me voit en passant, s'arrête, me salue :- Madame Trotabas, eh bien, vous l'avez vue,La baleine ? - Qui ?... Moi ?... - Vous êtes de retour ? Est-ce vrai ce qu'on dit qu'elle fait tout le tourDu port?... - Quoi ! Tout le tour, vraiment? - Et qu'uneTiendrait facilement dans son ventre enfermée? [armée- Une armée ! - Est-ce vrai que, d'un mouvement vifDe sa queue, elle a fait crouler le château d'If?... Vous ne répondez pas ? Pardon, si je vous quitte ;J'ai hâte de la voir!... Il me laisse interdite,Songeuse... et j'entendais monter du port lointainUn long bourdonnement, comme fait, le matin,Au lever du soleil, une ruche d'abeilles !... Après tout, on a vu de plus grandes merveilles,Pensai-je... Elle serait aussi grosse que ça,La baleine !... Hé ! Oui donc, puisqu'elle renversaLe château d'If et fait le tour du port sans peine !...Le président l'a dit !... Boufre !... Quelle baleine !... Mais puisqu'il me l'a dit, c'est qu'elle est bien ainsi !Il faut que je la voie !... Et, té, j'y fus aussi ! ==================================================