VASTA, REINE DE BORDÉLIE

TRAGÉDIE, EN TROIS ACTES ET EN VERS.

M. DCC. LXXII.


Texte établi par Paul FIEVRE, avril 2017.

Publié par Paul FIEVRE, mai 2017.

© Théâtre classique - Version du texte du 30/11/2022 à 23:13:40.


ACTEURS

VASTA, reine de Bordélie.

CONILLE, fille de Vasta.

VIT-MOLET, prince de la cour.

FOUT-SIX-COUPS, prince étranger.

VIT-EN-L'AIR, confident de Fout-six-coups.

FRAPPART, capitaine des gardes.

TETASSE, confidente de Vasta.

UN SOLDAT.

LE GRAND-PRÊTRE.

FOULE DE PEUPLE.

La scène est à Bordélie.


ACTE I

SCÈNE PREMIÈRE.
Vasta, Vit-Molet, Frappart, Couille-au-Cul, Gardes.

VASTA.

Oui, vous avez foutu ; votre mine effrontée

Avait pour un moment occupé ma pensée ;

Je croyais qu'à votre âge on était vigoureux,

Et que sans déconner on allait jusqu'à deux ;

5   Mais puisqu'au premier coup, votre pine molasse

Malgré mes coups de cul abandonne la place,

C'en est fait, désormais vous ne me foutrez plus ;

Frappart réparera tant de moments perdus.

VIT-MOLET.

De ce propos mon âme est offensée,

10   Car si par un hasard vous vous vîtes ratée,

Prenez-vous-en aux Dieux, qui vous firent un con

Plus d'une fois trop large et deux fois trop profond :

Le vent, qui s'engouffrait dans ce vaste édifice,

Me faisait débander au bord de la matrice ;

15   Je me crus englouti ; mon esprit s'égara ;

La peur saisit mes sens, et mon vit se glaça.

VASTA.

Vous foutez-vous de moi ? quelle mauvaise excuse

Osez-vous me donner ? Est-ce ainsi qu'on m'abuse ?

Lorsque l'on bande bien, rien ne doit arrêter ;

20   Mais sur un bande-à-l'aise on ne peut pas compter :

D'ailleurs vous êtes bougre, et, si j'en crois ma haine,

À foutre un con, Seigneur, vous avez de la peine ;

Choisissez à l'instant ou du cul ou du con.

Réparez votre honte, et vengez mon affront :

25   Conille est à ce prix.

SCÈNE II.
Conille, Tetasse, Vit-Molet, Couille-au-Cul, Gardes.

VIT-MOLET.

  Ah ! sacredieu, princesse,

Vous osez à ses yeux me taxer de mollesse ;

Tu l'entends, Couille-au-cul, c'est assez m'insulter,

Punissons la perfide, et courons nous venger.

CONILLE.

Arrêtez, Vit-molet, qu'elle injuste colère !

30   Quoi ! Ce n'est pas assez d'avoir raté ma mère ?

Déployant à ses yeux votre indigne fureur,

Sans respect pour ce lieu, pour moi, pour ma pudeur,

Vous voulez nous quitter. Ah ! Ne passez pas outre.

Eh cruel ! arrêtez.

VIT-MOLET, s'en allant.

Allez vous faire foutre.

SCÈNE III.
Conille, Vasta, Tetasse, Frappart.

CONILLE.

35   L'avez-vous entendu ? Ni mes cris, ni mes pleurs

Ne peuvent l'attendrir. Ô comble de malheurs !

Il est perdu pour moi !

VASTA.

Foutez-vous-en, ma fille,

Assez d'autres héros prétendent à Conille.

Le prince Fout-six-coups doit paraître en ces lieux.  [ 1 Il existe pas de vers qui rime avec le vers 39.]

40   Rentrez dans le palais.

À Tetasse.

  Vous, suivez la princesse.

Et toi, mon cher Frappart, viens foutre ta maîtresse ;

Passons dans mon boudoir.

SCÈNE IV.
Vasta, Frappart, un soldat.

UN SOLDAT, se jetant au devant de la Reine.

Ah ! Madame, arrêtez ;

De fouteurs, de foutus, ces murs sont entourés ;

L'air retentit des cris de toutes leurs cohortes,

45   Le prince Fout-six-coups, campé devant nos portes,

Pour paraître en ces lieux avec un digne éclat,

À tous les cons, Madame, a livré le combat,

Les Carmes, les Ribauds, qui forment son armée,

Ont tous le vit bandant, et la cotte troussée ;

50   Ils ont foutu la garde, et ces audacieux

Disent qu'ils veulent foutre et la terre et les cieux.

VASTA.

J'en accepte l'augure, et je vole à leur tête ;

J'affronterai moi seule une telle tempête :

Et si je tombe, ami, sous de pareils guerriers,

55   À leur gloire je compte égaler mes lauriers.

SCÈNE V.
Vasta, Fout-Six-Coups.

VASTA.

Approchez, Fout-six-coups ; votre rare courage

Mérite qu'on lui rende un éclatant hommage.

Cet air audacieux, cette noble vigueur,

Tout fait paraître en vous un excellent fouteur :

60   J'espère l'éprouver, et vous donner Conille ;

Vit-molet, dès ce jour, doit oublier ma fille ;

Votre nom seul, seigneur, doit le faire trembler :

Un bougre tel que lui peut-il vous résister ?

FOUT-SIX-COUPS.

Vasta, daignez m'entendre : avant que l'hyménée

65   À votre fille, ici, joigne ma destinée,

J'ai cru sur tous les cons, sur vous ; sur mon amour,

Devoir, en vrai fouteur, m'expliquer sans détour.

Le con n'a plus d'appas après le mariage,

Et de changer souvent devrait être l'usage ;

70   Ne parlons que de foutre ; et que, dans ce palais,

L'on célèbre du con la gloire et les attraits ;

Que le foutre à bouillons ruisselle dans les rues,

Et que le foutre en l'air s'élève jusqu'aux nues.

VASTA.

Oui, Priape lui-même a parlé par ta voix ;

75   Partout où tu parais tu dois dicter des lois.

J'en veux donner l'exemple au reste de la terre,

En courant à tes coups me livrer la première :

Allez, Tetasse, allez annoncer mes désirs,

Et courons sur mon lit nous livrer aux plaisirs.

SCÈNE VI.
Vit-En-L'Air, Tetasse.

VIT-EN-L'AIR, saisit Tétasse par le bras.

80   Ne crois pas m'échapper, quoique vieille, bougresse ;

Je te fous à l'instant soit en con ou en fesse :

Vit-en-l'air n'est pas fait pour garder le manteau ;

Un tel rôle n'est bon que pour un maquereau.

TETASSE.

Quoi, malgré ma vieillesse, et ma large conasse,

85   Vous oseriez, Seigneur, me foutre sur la place !

Que le ciel vous le rende, et comble vos souhaits ;

Je ne m'attendais pas à de pareils bienfaits.

SCÈNE VII.
Vit-Molet, Couille-au-Cul, Vit-en-L'Air, qui veut jeter Tetasse sur un banc, est arrêté par Couille-au-cul ; Tetasse.

VIT-MOLET.

Arrêtez, insolent.

TETASSE, se relève, et s'en va disant :

Que le diable l'emporte !

SCÈNE VIII.
Vit-en-L'Air, Vit-Molet.

VIT-EN-L'AIR.

Eh ! De quel droit, Seigneur, nous troubler de la sorte ?

90   Pourquoi nous interrompre en des moments si doux,

Et pourquoi de ses bras m'arracher ?

VIT-MOLET.

Taisez-vous.

D'un rival odieux Je vous crois le complice ;

Foutez le camp tous deux, ou craignez ma Justice ;

Que demain le soleil, éclairant ces climats,

95   Aux murs de Bordélie ne te retrouve pas.

VIT-EN-L'AIR.

Je ne crains point, Seigneur, cet ordre téméraire ;

Du prince Fout-six-coups confident ordinaire,

Nul danger ne m'étonne, et je brave vos coups.

VIT-MOLET.

Songez à m'obéir, je le veux.

VIT-EN-L'AIR, s'en allant.

Je m'en fous.

ACTE II

SCÈNE PREMIÈRE.

CONILLE, seule.

100   Quoi ! Je me vois réduite à pleurer mon amant ;

Vit-molet va périr ! Et ce fatal instant

De Fout-six-coups, peut-être, annonce la victoire ;

Pourrai-je, Vit-molet, survivre à ta mémoire ?

Conille pourra-t-elle oublier des plaisirs

105   Que toi seul faisais naître en comblant mes désirs ;

Que de fois je t'ai vu, prévenant ma tendresse,

Me plonger tout-à-coup dans la plus douce ivresse !

Ton doigt vif et léger, excitant mon bonheur,

Remplaçait bien souvent ton manque de vigueur :

110   À mon illusion je succombais sans peine ;

Non, rien ne pourra rompre une si douce chaîne ;

Du coeur qui te chérit rien ne peut t'arracher :

Si tu ne sais pas foutre, au moins tu sais branler.

On vient : de mes transports cachons la violence.

SCÈNE II.
Conille, Vasta.

VASTA, sortant de son boudoir, en désordre.

115   Ah ! Je décharge encore, et mon impatience

A peine à se calmer dans des moments si doux.

Que l'on t'a bien nommé ! Viens, mon cher Fout-six-coups,

Viens apaiser mes sens, satisfais ma tendresse.

Je tombe dans tes bras. Que vois-je ? La princesse;

À Conille.

120   Que cherchez-vous, ma fille, et pourquoi vous troubler ?

Que m'annoncent ces pleurs, et qui peut les causer ?  [ 2 Voir le vers 685 de Tyridate de Claude Boyer: "Que m'annoncent ces pleurs, Tyridate ?"]

CONILLE, tremblante.

Ah ! Maman, savez-vous... non, je n'ose le dire, .

Fout-six-coups, Vit-molet... Quel aveugle délire ?

Tous deux en ce moment... un récit aussi long

125   Retarde le secours...

VASTA.

  Et, foutre, parlez donc.

CONILLE.

Maman, ils sont aux mains, n'en ayons aucun doute,

Vit-mulet va périr.

VASTA.

Et que l'aze le foute.

Dieu garde Fout-six-coups, tout le reste n'est rien,

Périsse ton fouteur, si l'on sauve le mien.

130   Et vous, Frappart, volez, conservez ce que j'aime ;

Songez que s'il périt, je m'en prends à vous-même ;

S'il faut que Fout-six-coups soit jamais abattu,

Les couilles je vous coupe au rasibus du cul.

Et toi, qui pour un lâche a montré de la crainte,

135   Calme ces vains transports, et cesse toute plainte :

Pourrais-tu regretter un foutu Vit-molet,

Sans force, sans vigueur, et bandant sans effet ?

De ses flasques couillons que pourrais-tu prétendre ?

S'il se lasse à bander, tu te lasses d'attendre.

140   Le Grand-Prêtre paraît, il faut le consulter ;

Puisse la voix du ciel à mes voeux s'accorder . !

SCÈNE III.
Vasta, Conille, Le Grand-Prêtre.

VASTA.

Ministre des autels élevés à Priape,  [ 3 Priape : Terme de la religion gréco-romaine. Dieu des jardins et présidant aussi à l'amour physique. [L]]

Ô toi que je révère, et dont l'aspect me flatte !

Vois la fille et la mère, embrassant tes genoux ;

145   T'implorer pour les jours de mon cher Fout-six coups ;

Rends-moi mon prince, hélas !

LE GRAND-PRÊTRE.

Ne troublez point vos âmes,

Foutez, et taisez-vous, c'est le devoir des femmes :

Je jure par les cons de l'univers entier,

Par Priape, sous qui tout doit céder, plier,

150   Qu'aujourd'hui Fout-six-coups, élevé sur le trône,

Recevra de vos mains le sceptre et la couronne.

Dussé-je être châtré, j'en ai fait le serment,

J'en atteste le ciel, mon vit en est garant ;

Priape néanmoins demande un sacrifice,

155   Implorons de ce dieu la suprême justice,

Et que sur ses autels, cent bardaches tous nus,  [ 4 Bardache : Terme obscène signifiant mignon, giton. [L]]

Par cent bougres choisis à l'instant soient foutus :

Voila ce qu'il exige, obéissez, princesse ;

Venez, que votre main, leur découvrant la fesse,

160   Aide dans ce moment le ministre des dieux ;

Pour vous y préparer, branlez-vous toutes deux.

SCÈNE IV.

CONILLE, seule, au désespoir.

Qui ? Moi ! Pour Fout-six-coups que mon âme déteste ?

J'implorerais un dieu dont le pouvoir funeste

Peut accabler l'amant que mon coeur a choisi !

165   Ah ! Périsse plutôt ce barbare ennemi,

Qu'il soit à mes regards écrasé par la foudre ;

Puissé-je voir son vit et ses couillons en poudre,

Voir ce lâche fouteur à son dernier soupir,

Me foutre pour sa peine, et mourir de plaisir !

SCÈNE V.
Conille, Couille-au-Cul.

CONILLE.

170   Que vois-je ? Couille-au-cul ! Ah ! Rassurez mon âme,

Qu'est devenu le prince ?

COUILLE-AU-CUL.

Il est foutu, Madame,

Cet amant malheureux, en quittant ce séjour,

Maudissait tristement le pouvoir de l'amour;

Étendu sur son lit, trois garces affligées

175   Le branlaient lentement autour de lui rangées ;

Et ce superbe vit, qu'on voyait autrefois

Plein d'une ardeur si noble obéir à sa voix,

Mol, flasque maintenant, et la tête baissée,

Semblait se conformer à sa triste pensée :

180   Un effroyable bruit, et des cris pleins d'horreur,

Portent dans tous les sens le trouble et le terreur,

La porte, qu'à la garde on avait confiée,

Par mille coups de cul dans l'instant enfoncée,

S'ébranle avec fracas, et vomit à nos yeux

185   Parmi des flots de peuple une bougre furieux ;

Son vit large et carré, dont l'audace est extrême,

Veut foutre l'univers et Priape lui-même :

Rien ne peut retenir ce fouteur indompté ;

Le cul qui l'aperçoit recule épouvanté.

190   Vit-molet, qui le voit, fait trois pas en arrière ;

C'est Fout-six-coups, dit-il, en tournant le derrière.

Fuyons de mon rival la barbare fureur ;

Abandonnons ce lieu à cet usurpateur.

À peine a-t-il parlé, que Fout-six-coups l'arrête :

195   Lâche, c'est vainement retarder ma conquête,

Dit-il ; et, d'une main que Priape conduit,

Il l'abat à ses pieds, et, de deux coups de vit,

Sans écouter ses cris, ni son triste murmure,

Il lui fait dans le cul une large blessure.

200   Pour moi, qui n'ai pu voir ce spectacle éclatant

Sans paraître, Madame, interdit et tremblant,

J'ai couru, j'ai volé, dans ce moment terrible :

Puissent, les dieux, punir cet attentat horrible !

CONILLE.

Que d'horreurs ! Je succombe, et, mon coeur abattu,

205   De rage et de douleur, déchiré, combattu,

Regrette cet amant, qui m'avait su séduire.

Il a pu se laisser enculer sans rien dire !

Oublions à jamais un si lâche mortel,

Et, de ce pas, courons.

COUILLE-AU-CUL.

Où ? princesse.

CONILLE.

Au bordel.

ACTE III

SCÈNE PREMIÈRE.
Vasta, Tetasse, Le Grand-Prêtre, Gardes, Peuple.

VASTA.

210   Rendons grâces, amis, au dieu qui nous protège,

Vit-molet est foutu, ce lâche sacrilège,

Du culte de Priape indigne observateur,

Dans Fout-six-coups enfin reconnaît un vainqueur :

En tombant sous ses coups il lui cède ma fille ;

215   Il renonce à jamais à la main de Conille ;

Célébrons du vainqueur le glorieux retour,

Et qu'au plaisir de foutre on consacre ce jour.

De mon ordre suprême instruisez la princesse,

Je veux qu'à Fout-six-coups, montrant de la tendresse,

220   Son coeur de Vit-molet perde tout souvenir,

Et prépare son con pour un nouveau plaisir :

Obéissez, Tetasse ; et nous, volons au temple :

Quand il s'agit de foutre, il faut donner l'exemple.

SCÈNE II.
Vasta, Frappart, Vit-en-L'Air, Gardes.

VIT-EN-L'AIR.

Madame, à vos genoux, le prince que je sers

225   Amenait Vit-molet accablé de ses fers.

L'air, qui retentissait du bruit de sa victoire,

Ne lui faisait plus voir d'ennemis de sa gloire :

Quand ce traître, animé par de nouveaux transports,

A saisi Fout-six-coups par le milieu du corps,

230   Et, lui prenant alors les couilles par derrière,

Aux yeux de tout le monde il l'a foutu par terre :

Fout-six-coups se relève, et, d'un air furieux,

Tu m'as trahis, dit-il, mais j'atteste les dieux

Que, pour venger l'affront que tu fais à mes couilles,

235   Des tiennes à l'instant ce glaive te dépouille.

A peine a-t-il parlé, que Vit-molet, vaincu,

Se voit châtré, Madame, et tombe sur le cul.

Je meurs ! Est le seul mot que prononce sa bouche.

Malgré sa trahison, son supplice me touche ;

240   Tout le monde en frémit, et, jusqu'à son vainqueur,

Qui, détournant les yeux de ce sujet d'horreur,

De cet événement m'envoie vous instruire ;

Prêt d'obéir aux lois que vous voulez prescrire.

SCÈNE III.
Vasta, Tetasse.

VASTA.

Eh bien ! Conille enfin, se rendant à mes lois,

245   De Fout-six-coups vient-elle admirer les exploits ?

Parle, l'as-tu trouvée ?

TETASSE.

Ah ! Pardonnez, Madame,

À la juste douleur qui pénètre mon âme.

La princesse n'est plus, elle est morte en foutant ;

Maudissant jusqu'aux dieux, dans son dernier moment,

250   Sous un vit de mulet, enfin anéantie,

En déchargeant, Princesse, elle a perdu la vie.

VASTA.

J'apprends en m'en foutant ce prétendu malheur ;

Vous ne me verrez pas marquer de la douleur

Du lâche Vit-molet devenant la maîtresse,

255   Elle dut renoncer dès lors à ma tendresse.

Ma fille, un jour, aurait déshonoré mon nom :

Je préfère sa mort à ce honteux affront.

L'aze foute plutôt tout mon royaume ensemble.  [ 5 Aze : ase, âne.]

Que de faire jamais quelqu'un qui lui ressemble.

260   C'est assez s'occuper d'un aussi vil objet,

Ainsi le veut Priape, et Vasta s'y soumet ;

Que Fout-six-coups plutôt occupe nos pensées :

Il approche, éloignons ces funestes idées.

SCÈNE IV ET DERNIÈRE.
Fout-Six-Coups, Vasta.

FOUT-SIX-COUPS, partant au bout d'une fourche les couilles de Vit-molet.

Du traître Vit-molet que les couilles fumantes

265   Ornent de ce palais les voûtes éclatantes,

Et servent à jamais de preuve à l'univers,

Qu'il s'est vu de ma main foutre l'âme à l'envers.

À Vasta.

Madame, vous savez que mon rival lui-même

A forcé ma douceur, et que sa haine extrême

270   A voulu de sa main m'arracher les couillons :  [ 6 Vers 270, aucun vers ne rime avec couillons.]

Mon bras sut l'en punir, et ses deux testicules

Vont orner désormais l'un de vos vestibules.

J'attends de votre part ma grâce ou mon arrêt.

VASTA.

Ah ! N'attendez de moi, Seigneur, aucun regret,

275   Quoique Priape même ait frappé ma famille ;

Car vous n'ignorez pas que je n'ai plus de fille ;

Elle s'est immolée à son ressentiment,

Et la mort l'a rejoint à son infâme amant.

Je m'en fous, je l'ai dit, et je vous le répète,

280   Mais il paraît qu'ici Fout-six-coups la regrette.

FOUT-SIX-COUPS.

Moi !

VASTA.

Vous.

FOUT-SIX-COUPS.

Non, non, jamais.

VASTA.

Eh bien ! Prouvez-le-moi.

FOUT-SIX-COUPS.

Que faut-il faire ?

VASTA.

Foutre, et recevoir ma foi.

Si vous ne bandez pas, Seigneur, la diligence

Peut encore à vos sens donner de l'existence :

285   J'ai fait dans mon palais assembler les putains ;

Attendons tout ici du secours de leurs mains.

FOUT-SIX-COUPS.

Qui, moi ! Madame, avoir recours à l'artifice !

Non, je mériterais le plus honteux supplice,

Si mon vit un moment pouvait se relâcher

290   Au point de ne pouvoir vous faire décharger.

Je vais faire bidet, et près de vous, Princesse,

Je revole à l'instant vous patiner la fesse,

Vous foutre, vous branler jusqu'à demain matin ;

À force de bander, mériter votre main ;

295   Et, si ce n'est assez, ma vigueur éclatante,

Sans art et sans secours devenant plus brillante,

Entreprendra de foutre, aux yeux de l'univers,

Le prêtre, la prêtresse, et le dieu que je sers.

VASTA.

Tombez à ses genoux, rendez-lui votre hommage.

300   Un dieu lui-même, un dieu ferait-il davantage ?

Mottes, cons, culs, tenons, apprêtez-vous pour lui,

Fout-six-coups désormais est votre seul appui.

ARGUMENT DU BALLET.

Les prêtresses commencent le ballet, seules, et font l'exercice du godmiché ; elles sont interrompues par les guerriers, qui forment avec elles les trente-deux postures de l'Arétin, et le pas de deux de la viole d'amour.

VERS

Adresses au Public par mademoiselle RAUCOURT, après avoir rempli le rôle de Vasta.

Loin d'ici, fouteurs à la glace,

Dont le vit, effrayé d'aller jusqu'à deux coups,

305   Molit dès le premier, et déserte la place ;

Loin d'ici ; mes faveurs ne seront pas pour vous.

VERS.

Adresses au Public par LEKAIN, [qui avait fait le rôle de Fout-six-coups.]

Jeunesse, au bordel aguerrie,

Ayez toujours le vit au con,

En foutant l'on sert sa patrie:

310   Qu'on soit sage, à quoi lui sert-on ?

 



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Notes

[1] Il existe pas de vers qui rime avec le vers 39.

[2] Voir le vers 685 de Tyridate de Claude Boyer: "Que m'annoncent ces pleurs, Tyridate ?"

[3] Priape : Terme de la religion gréco-romaine. Dieu des jardins et présidant aussi à l'amour physique. [L]

[4] Bardache : Terme obscène signifiant mignon, giton. [L]

[5] Aze : ase, âne.

[6] Vers 270, aucun vers ne rime avec couillons.

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