LES LEGISLATRICES

COMÉDIE, EN UN ACTE ET EN VERS LIBRES MÉLÉE D'ARIETTES.

M. DCC. LXV.

AVEC APPROBATION

PAR M. MOLINE.

À PARIS, Chez CLAUDE HERISSANT, Imprimeur-Libraire, rue Neuve Notre-Dame, à la Croix d'or.


publié par Paul FIEVRE novembre 2014, revu septembre

© Théâtre classique - Version du texte du 30/11/2022 à 23:13:51.


AVERTISSEMENT.

Ce poème dramatique avait été confié à un musicien qui s'était engagé d'en composer la Musique, et de le faire représenter sur le Théâtre de la Comédie Italienne. L'Auteur qui fait de la Poésie un amusement qu'il consacre à ses loisirs, qui ne fut jamais conduit par aucune vue d'intérêt, et qui n'exigeait pour prix de son poème que le seul plaisir de le voir représenter : ayant appris qu'il va bientôt paraître une nouvelle Pièce qui porte le même titre que la sienne, et dont le sujet littéralement suivi est la copie du sien, à la différence près que le Dialogue est en Prose a jugé à propos de mettre au jour ce poème, qui, quoique original, est peut-être fort au-dessous de la copie.


PERSONNAGES.

THÉMIRE, jeune Veuve de qualité.

MONSIEUR CLOPIN, Bourgeois.

MADAME CLOPIN.

UN MARQUIS, Amoureux de Thémire.

JULIE, Fille de Madame Clopin.

LINDOR, Amant de Julie.

UNE FEMME, députée du peuple.

UN DÉPUTÉ du peuple.

TROUPE DE FEMMES.

TROUPE D'HOMMES.

La Scène est dans une île déserte. L'Auteur suppose que ces Citoyens sont fixés dans cette île, dont les productions sont suffisantes pour fournir avec abondance aux besoins de la vie.


SCÈNE PREMIÈRE.
Thémire, Madame CLOPIN.

Le théâtre représente un endroit sauvage, où dans l'enfoncement d'un bois on découvre le rivage de la mer, et les voiles de plusieurs vaisseaux.

DUO DIALOGUÉ.

THÉMIRE.

Oh Madame, pour cette fois

Dans cette île déserte il faut faire des Lois.

MADAME CLOPIN.

Oui, nous en avons la puissance,

Nous sommes dans l'indépendance.

MADAME CLOPIN et THÉMIRE ensemble.

5   Si le peuple ose en murmurer,

Des hommes pour jamais il faut nous séparer.

MADAME CLOPIN.

Nous avons trop longtemps vécu dans la contrainte.

THÉMIRE.

Je sens que mon âme est atteinte

De l'espoir le plus glorieux :

10   Le sort favorise nos voeux.

Nous échappons de l'esclavage

De l'ennemi victorieux

Dans notre ville saccagée

Nos Gouverneurs sont arrêtés :

15   Enfin dans cette île ignorée

La tempête nous a jetés ;

Nous y ferons des lois...

MADAME CLOPIN.

Nous pouvons y prétendre.

Et puisque notre sexe a voulu nous choisir

Pour ses chefs, il faut le défendre :

20   C'est à nous à le soutenir.

THÉMIRE.

Les hommes vont bientôt apprendre

Que nous pouvons comme eux tout entreprendre.

Quel agréable souvenir !

ARIETTE.

Je vois déjà la Renommée

25   De nos hauts faits charmée

Voler dans les airs :

J'entends retentir sa trompette

Qui sans cesse répète

Nos lois dans l'univers.

30   Après cette victoire

Que la postérité

Nous place au Temple de Mémoire,

C'est la seule gloire

Qui mène à l'immortalité.

MADAME CLOPIN.

35   Si le courage nous seconde,

On parlera de nous jusqu'à la fin du monde.

Mais gardez votre coeur, et craignez du Marquis

Les airs complaisants et soumis.

THÉMIRE.

Je le fuirai, quoique je l'aime.

MADAME CLOPIN.

40   Madame, il faut s'armer d'une rigueur extrême,

Et que jamais l'amour ne puisse vous tenter.

THÉMIRE.

Et, Madame Clopin, tenez ferme vous-même,

Et ne songez qu'à m'imiter.

De l'amour du Marquis je ne saurais douter ;

45   Mais je puis m'en défaire

Plus aisément que vous

De Monsieur votre époux.

MADAME CLOPIN.

ARIETTE.

Qui, moi, voyez la belle affaire !

Je peux bien m'en passer.

50   Un mari n'intéresse guère :

Hélas j'en connais tant dont on ne sait que faire ;

Il en coûte si peu pour s'en débarrasser.

SCÈNE II.
Madame Clopin, Thémire, Le Marquis, Monsieur Clopin.

Monsieur Clopin marche lentement comme un homme qui médite quelque grand projet, sans apercevoir Thémire, ni sa femme.

LE MARQUIS.

Je rencontre en ces lieux Thémire !

Je ne vous croyais pas si près :

55   Il semble que l'amour exprès

Dans ces lieux ait su me conduire.

Le peuple rassemblé d'une commune voix

Pour ses chefs vient de nous élire :

Nous allons lui donner des lois ;

60   Et Monsieur Clopin pense à ce qu'il faut prescrire.

MADAME CLOPIN, riant.

Pour lui donner des lois ! Ah, ah, Monsieur Clopin,

Je ne vous croyais pas un esprit si sublime.

MONSIEUR CLOPIN.

L'intérêt du peuple m'anime,

Et je vais par mes lois adoucit son destin.

ARIETTE.

65   J'ai lu jadis le Code et le Digeste.

Sans qu'on me le conteste,

Je m'exprime aussi-bien

Que Cujas, que Tribonien :

J'ai l'esprit, la mémoire,

70   Le port et le maintien

De l'Empereur Justinien.

Je ne m'en fais point gloire :

Mais comptez-vous cela pour rien ?

Le peuple, par-tout où je passe,

75   Vient en foule se présenter ;

Et l'on ne se lasse

De me consulter.

THÉMIRE.

Non, vos prétentions sont nulles ;

Le peuple nous choisit pour être son appui :

80   Ainsi de vos lois ridicules

Nous vous dispensons aujourd'hui.

LE MARQUIS.

Ah, voilà du nouveau.

THÉMIRE.

Mais la chose est certaine.

MONSIEUR CLOPIN.

Vous vous flattez, je crois, d'une espérance vaine.

MADAME CLOPIN.

Ainsi que vous, Messieurs, nous en avons les droits,

85   Et nous voulons faire des lois.

MONSIEUR CLOPIN, au Marquis.

Elles parlent de lois comme de bagatelles.

Vous croyez donc avoir assez de jugement

Pour conduire un Gouvernement ?

MADAME CLOPIN.

Oui, nous en formons de nouvelles,

90   Et nous nous expliquons intelligiblement.

LE MARQUIS, à Thémire.

Madame, vous savez que ce n'est point l'usage.

THÉMIRE.

Nous jouissons ici d'un égal avantage :

Quoi qu'il en soit, je le veux, c'est assez ;

Si vous m'aimez, obéissez.

LE MARQUIS.

95   Mon coeur qui dans l'amour ne prévoyait que peines,

Avait su jusqu'ici se soustraire à ses chaînes.

Je vous vis : de mon trouble il sut bien profiter,

A vos regards vainqueurs je ne pus résister.

De Mars j'abandonnai les armes,

100   Je fus forcé de vous aimer.

Quand on ressent le pouvoir de vos charmes,

Pourrait-on ne pas s'enflammer ?

Cependant à vos voeux je ne saurais souscrire :

Exercez sur nous votre empire ;

105   Mais ne nous prescrivez que d'amoureuses lois ;

Nous les suivrons : ce sont vos droits.

THÉMIRE.

Je vous entends. Vous croyez que les femmes

N'ont pas autant d'esprit que vous ?

LE MARQUIS.

Puisque vous regnez sur nos ames,

110   Votre triomphe est assez doux.

MADAME CLOPIN.

Non, ce triomphe est pour nous peu de chose :

A nos desirs c'est en vain qu'on s'oppose.

Madame, allons nous assembler :

Il faut faire des lois qui les fassent trembler.

QUATUOR DIALOGUÉ.

MONSIEUR CLOPIN, après avoir longtemps réfléchi, d'un air empressé au Marquis.

115   Oui, notre gloire est parfaite.

Monsieur le Marquis, suivez-moi :

Je viens d'inventer une Loi.

LE MARQUIS.

Que mon âme est satisfaite !

MONSIEUR CLOPIN, au Marquis.

Eh vote, suivez-moi donc

120   Où le devoir nous appelle.

THÉMIRE et MADAME CLOPIN.

Il a perdu la cervelle.

MONSIEUR CLOPIN, au Marquis.

Oui, Démosthène et Platon,

Thalès, Licurgue et Solon,

N'en ont pas fait d'aussi belle.

LE MARQUIS.

125   Je suis ravi de cela.

THÉMIRE et MADAME CLOPIN.

Bientôt on vous apprendra

Qui de nous l'emportera.

Ils sortent.

SCÈNE III.
Thémire, Madame Clopin, Julie.

THÉMIRE.

C'En est trop, le Marquis m'outrage ;

Je dois mépriser son amour.

JULIE, à Madame Clopin.

130   Je viens me joindre au légitime hommage

Que tous les Citoyens vous rendent tour à tour.

Ma mère enfin voici le jour,

Où par un heureux mariage

Lindor va couronner ma tendresse et mes feux.

THÉMIRE, à Julie.

135   Non, non, n'y comptez plus : il faut briser vos noeuds.

C'est à présent le parti le plus sage.

JULIE.

Pourquoi ?

MADAME CLOPIN, brusquement.

Je vous défends de penser à Lindor :

Obéissez, Julie, ou craignez ma colère.

JULIE.

Hélas ! Par quel malheureux sort

140   Lindor aurait pu vous déplaire ?

Je voudrais obéir à votre ordre sévere ;

Mais mon coeur en secret n'y sera point d'accord.

ARIETTE.

Un feu me trouble et m'agite

Aussi-tôt que je le vois :

145   Je sens mon coeur qui palpite,

Et je l'aime malgré moi.

Quand près de lui je soupire,

Je ne connais point l'ennui.

Est-ce un crime d'oser dire

150   Ce que je ressens pour lui.

SCÈNE IV.
Thémire, Madame Clopin, Julie, Lindore.

LINDOR.

En fuyant de notre patrie

Pour éviter l'affreuse tyrannie,

Nous avons débarqué dans cette île à bon port.

Nos jours sont conservés ; je ne plains plus mon sort,

155   Puisque j'épouse enfin mon aimable Julie.

Le plaisir d'être aimé sans doute a des appas :

Qui le cherche le plus souvent, n'en jouit pas.

Mais le bonheur nous suit sans cesse,

Lorsque dans les transports d'un légitime amour

160   Pour prix de sa vive tendresse,

On l'obtient à son tour.

Nos Citoyens sur ce rivage

Vont mêler aujourd'hui leur danse à nos plaisirs.

MADAME CLOPIN.

Je ne puis remplir vos désirs :

165   De ce que j'ai promis, Lindor, je me dégage ;

En un mot, de Julie il faut vous séparer.

LINDOR.

Dieux ! que m'apprenez-vous ? daignez me rassurer.

ARIETTE.

Quel obstacle nous sépare !

A l'hymen qu'on nous prépare,

170   Vous vous opposez en vain :

J'aime mieux perdre la vie

Que d'abandonner Julie.

Si mon malheur est certain

Dans ce jour que l'Amour même

175   A fixé pour mon bonheur,

Éloigné de ce que j'aime

J'expirerai de douleur.

JULIE.

Vous nous avez donné, maman, votre parole :

Pourriez-vous ne pas nous unir !

THÉMIRE.

Bas à Madame Clopin.

180   Ne vous laissez pas attendrir.

MADAME CLOPIN.

Bas à Thémire.

Ne craignez rien.

Haut.

Lindor votre attente est frivole :

Il n'est plus temps de compter sur sa foi.

Lorsqu'à nos Citoyens qui vont ici se rendre,

185   Nous aurons prescrit notre Loi,

Alors vous pourrez y prétendre.

LINDOR, vivement.

Donnez-leur votre Loi, tout vous sera permis :

Nos Citoyens vous sont soumis.

N'avez-vous pas assez de l'éclat de vos charmes,

190   De vos attraits vainqueurs ?

Vous faut-il d'autres armes

Pour soumettre nos coeurs ?

THÉMIRE.

Non, ce n'est point assez pour notre gloire,

Nous secouons le joug de nos Législateurs :

195   Nous voulons remporter une double victoire.

Nos sages lois adoucissant nos fers

Doivent embellir l'univers ;

Et détruisant l'ambition fatale

De notre liberté rivale,

200   Dont les mortels ressentent mille maux,

Dans l'une et dans l'autre hémisphère

Devenus nos égaux,

Nous ferons régner sur la terre

Un éternel repos.

205   Notre fierté méprise un encens ordinaire :

Pour soutenir nos légitimes droits,

Il nous est nécessaire

D'établir de nouvelles lois.

Nos âmes toujours asservies

210   A la faiblesse de l'amour,

Se trouvent souvent avilies

Par un honteux retour.

Celle qu'un noble orgueil rend à ceDieu contraire,

Préfère sa grandeur au vain désir de plaire,

215   Et de son coeur prévient l'échec.

L'indifférence enchaîne un amant téméraire,

Et force son âme au respect.

LINDOR.

Votre Loi n'est pas juste, et l'amour véritable

Inspire ce respect durable.

220   Un Amant conduit par l'honneur

Qu'un tendre sentiment anime,

Selon vous commet donc un crime

De faire hommage de son coeur ?

Hélas ! Peut-on être insensible

225   Quand on a vu Julie ? Une chaîne invisible

Me force de céder : la douceur de ces fers

Me les fait respecter, et me les rend plus chers.

MADAME CLOPIN.

À part.

Il m'attendrit ; mais reprenons courage.

Haut.

Lindor, ç'en est assez : je romps ce mariage.

230   De l'amour qui soumet nos coeurs,

Nous faisons une Loi de mépriser l'empire.

À tous les Citoyens nous allons la prescrire :

Nous pourrons dans la suite adoucir ses rigueurs,

Quand les hommes moins fiers méritant nos tendresses,

235   De guider leur raison nous laisseront maîtresses.

JULIE.

Quelle Loi ferez-vous pour remplacer l'amour ?

MADAME CLOPIN, brusquement.

Point du tout.

LINDOR, à Julie.

Il faut donc te perdre sans retour.

ARIETTE.

Ah Julie ! ton absence

Offre à mon coeur d'affreux instants.

240   Si de ta chère présence

Ta mère me prive longtemps,

A l'ombre d'un épais feuillage

Ton amant, loin de tes attraits,

Pour compagne aura ton image

245   Qui ne le quittera jamais.

Il sort.

SCÈNE V.
Thémire, Madame Clopin, Julie.

JULIE.

Quand Lindor vous ouvre son âme,

Et lorsqu'à vos yeux sans détour

Il fait l'aveu de la plus rendre flamme,

Vous le payez d'un tel retour ;

250   Oui votre Loi me désespère.

Avec peine mon coeur digère

L'affront d'un pareil traitement.

En quoi le trouvez-vous coupable ?

Son ardeur autrefois vous était agréable.

255   Pourquoi m'empêchez vous d'épouser mon Amant ?

L'art de feindre me semble un vice

Que l'on ne saurait trop blâmer :

Je parle ici sans artifice,

Je ne puis vivre sans l'aimer ;

260   Et mon coeur innocent, qui ne peut point connaître

Les lois que vous voulez former,

À celles de l'amour aime mieux se soumettre.

MADAME CLOPIN.

Quoi ! se soumettre ?

JULIE.

Avec Lindor ;

Nous serons sans cesse d'accord.

THÉMIRE.

265   Nous nous affranchissons de ce dur esclavage.

Julie, au printemps de votre âge

Il faut penser plus noblement.

Jouissez mieux de l'avantage

Que vous avez reçu de soumettre un Amant.

SCÈNE VI.
Thémire, Madame Clopin, Julie, Une Femme députée du peuple, Troupe de Femmes.

LA DÉPUTÉE présentant des bouquets à Thémire et à Madame Clopin.

270   Nos femmes, pour vous reconnaître,

Et pour obéir à vos lois,

Vous offrent ces bouquets d'une commune voix.

THÉMIRE, mettant le bouquet.

Il nous eut suffi de paraître

Avec le simple éclat que donne la vertu.

MADAME CLOPIN, mettant le bouquet.

275   Ce faste n'est point superflu,

C'est une nouvelle parure.

LA DEPUTÉE, à Thémire.

De ce que produit la nature,

Rien ne flatte plus que les fleurs ;

Mais vous en effacez les plus vives couleurs.

280   Leur éclat n'a qu'un temps, il ternit, il se passe :

Jamais le vôtre ne s'efface ;

Il conserve toujours cet empire charmant,

Ce feu qui brÛle un coeur de glace,

Cet attrait qui fixe un Amant :

285   Celui des fleurs ne dure qu'un moment.

Les Dieux vous l'ont donné pour vaincre et pour soumettre

Des mortels qui sont nés pour l'être.

Votre gloire et l'honneur doivent vous exciter

À remplir vos projets.

THÉMIRE.

Oui, je vais m'acquitter

290   De mes promesses : je vous jure

Que du sexe opprimé nous soutiendrons les droits.

A tous les Citoyens, malgré qu'on en murmure,

Nous allons publier nos lois.

LA DEPUTÉE.

Pourquoi les hommes seuls en ont-ils la puissance ?

295   N'avons-nous pas comme eux la même intelligence

ARIETTE.

On nous dit au sein du berceau :

Ma fille, apprenez le ménage,

Obéissez et soyez sage ;

Après on nous donne un fuseau.

300   Voyez donc le plaisant ouvrage

Auquel nous employons le temps.

La raison est notre partage,

On nous refuse le bon sens.

MADAME CLOPIN.

Les hommes prennent soin d'élever notre enfance

305   Dans la plus stupide ignorance ;

Malgré cela, nos esprits pénétrants

Sont redoutés de nos tyrans.

JULIE.

Quoique nous n'ayons pas autant d'expérience,

Nous passons du moins auprès d'eux

310   Les moments les plus doux, les jours les plus heureux.

Que sert d'envier leur puissance ?

Pour régner sur leurs coeurs, les équitables Dieux

Nous ont fait les objets de leurs plus tendres voeux.

ROMANCE.

Quand l'Amour nous prête des armes,

315   L'esprit, les grâces, la beauté

Versent sans cesse sur nos charmes

Les attraits de la volupté.

Au tendre Amant qui nous adore,

Nous inspirons mille désirs :

320   Dans son coeur nous faisons éclore

Le germe de tous ses plaisirs.

Celui que la tendresse enchaîne,

Ne connaît point l'art de trahir :

Il cède au penchant qui l'entraîne,

325   Et sans les lois sait obéir.

THÉMIRE.

Si nous livrons nos coeurs à la tendresse,

Ne blâmons que notre faiblesse.

Les hommes savent nous tromper

Par d'agréables soins : avoir l'art de leur plaire,

330   Savoir leur inspirer une flamme légère

Qu'un seul instant voit dissiper,

Selon leurs goÛts les satisfaire,

Voilà le seul objet qui peut nous occuper.

Bien loin de mépriser leurs flammes indiscrètes,

335   Nous nous laissons séduire au discours d'un amant,

Et du frivole honneur d'être toujours coquettes

Nous nous entêtons follement :

Il faut en convenir, car toutes nous le sommes.

Mais revenons de notre égarement,

340   Faisons des lois comme les hommes,

Et ne retombons plus dans l'avilissement.

SCENE VII.
Thémire, Madame Clopin, Julie, Le Députée, Un Député du peuple, Femmes.

LE DEPUTÉ.

Je viens peut-être en cet asile

Troubler votre tranquillité :

Des Citoyens de cette île

345   Je suis l'illustre Député.

Quoi que mon coeur soit épris de la gloire,

Je rends toujours hommage à vos divins appas ;

Et sans m'enorgueillir d'une injuste victoire,

Mon devoir porte ici mes pas.

350   Mais comment résister au pouvoir de vos charmes ?

Qui pourrait contre vous oser prendre les armes ?

De l'Amour méprisant la voix,

Comment peut-on oser vous imposer des lois ?

THÉMIRE.

Les Citoyens sans doute ont daigné nous élire

355   Pour leur donner des lois ? À la fin je respire.

MADAME CLOPIN.

Eh bien poursuivez donc.

LE DEPUTÉ.

Quelle vivacité !

MADAME CLOPIN.

Mon coeur s'était toujours flatté

Que nous devions avoir sur eux la préférence.

LE DEPUTÉ, tirant un grand papier.

Voici le contenu de certaine Ordonnance...

THÉMIRE.

360   Comment, que veut dire cela ?

Aurait-on fait pour nous cette Ordonnance-là ?

LE DÉPUTÉ, après avoir mis ses lunettes, lit cette Ordonnance.

ARIETTE.

L'an mille ... et cetera.

Passons cet article-là ...

Très hauts et très puissants Seigneurs

365   De cette île Gouverneurs,

Faisons défenses à nos Dames,

Veuves ou filles ou femmes,

De prescrire aucunes lois ;

Et pour soutenir nos droits,

370   Et la Loi que sur la terre

Le sexe avec soin révère,

Leur enjoignons,

Et ordonnons

L'obéissance ;

375   Et que la présente Ordonnance

Soit mise en exécution,

Nonobstant opposition

Et quelconque appellation.

MADAME CLOPIN.

L'obéissance ? Quel outrage !

THÉMIRE.

380   Madame, quel affront !

Au Député.

  Si j'en croyais ma rage,

Je t'apprendrais....

LE DEPUTÉ.

Pourquoi vous emporter ?

De ce qu'on m'a prescrit, je viens pour m'acquitter.

LA DEPUTÉE.

Voyez l'insolent personnage !

MADAME CLOPIN, lui déchirant l'Ordonnance.

Tiens à présent tu peux leur rapporter

385   Cette impertinente Ordonnance.

THÉMIRE retenant le Député qui veut s'enfuir.

Non, ce n'est point assez pour remplir ma vengeance,

Tu n'échapperas pas.

LA DEPUTÉE, le prenant par le col.

Je vais le retenir.

THÉMIRE.

Oui, tu vas recevoir la juste récompense

Que mérite ton insolence.

LE DEPUTÉ.

390   Modérez ce courroux, et daignez vous fléchir :

Je sais que l'Ordonnance est injuste et profane.

Si nos Législateurs veulent vous asservir,

Pourquoi voulez-vous m'en punir ?

De cette Loi que je condamne,

395   Dont je voudrais vous affranchir,

Je ne suis ici que l'organe

QUINTO DIALOGUÉ.

THÉMIRE.

Oui, tu mérites la mort

Pour avoir eu cette audace.

LE DEPUTÉ.

Vous devez me faire grâce,

400   Madame, si je n'ai pas tort.

JULIE à part.

Hélas, quelle est ma disgrâce,

Si je perds mon cher Lindor !

MADAME CLOPIN et LA DEPUTÉE ensemble.

Il faut qu'il meure,

Et tout à l'heure

405   Nous allons terminer son sort.

LE DEPUTÉ.

Ah, ç'en est fait de ma vie.

JULIE.

Que mon ame est attendrie !

LE DEPUTÉ.

Faut-il ainsi finir mes jours ?

Monsieur Clopin, à mon secours.

Le Député se débarrasse de leurs mains : toutes les femmes le poursuivent dans le fond, du bois.

SCÈNE VIII.

JULIE, seule.

410   Quel désordre affreux ! Ah Julie,

Que ce funeste jour va te coûter de pleurs !

Au milieu de ces bois, d'une agréable vie

Tu ne goÛteras plus le charme et les douceurs.

Au tendre Amant dont mon âme est ravie,

415   Ce jour allait m'unir .... Une cruelle Loi

Nous sépare, et l'oblige à s'éloigner de moi.

D'un légitime amour victime infortunée,

Je m'abandonne à mon malheur.

Je laisse aux Immortels régler ma destinée,

420   Puisqu'à fuir ce que j'aime on veut forcer mon coeur.

A quel destin dois-je m'attendre ?..

Ma mère peut-elle prétendre

Que je n'aime plus ? Elle a tort :

Plus elle veut me le défendre,

425   Plus je sens que j'aime Lindor.

ARIETTE.

Une mère a beau nous contraindre,

Quand on est dans l'âge d'aimer ;

Si quelque amant sait nous charmer,

C'est en vain qu'elle croit éteindre

430   L'amour qui vient nous enflammer.

Lorsque je vois Lindor paraître,

Que ce moment est séducteur !

Je sens aussi-tôt dans mon coeur

Un plaisir que lui seul fait naître,

435   C'est le présage du bonheur.

Que vais-je devenir dans cette île sauvage ?...

J'entends des cris... Quel bruit ! Fuyons de ce rivage.

Elle sort.

SCÈNE IX.
Le Marquis, Monsieur Clopin, Le Député, Lindor.

LE DEPUTÉ.

ARIETTE.

Ah ! Je suis mutilé,

J'ai le corps accablé.

440   Toutes ces femmes en furie

Ont pensé m'arracher la vie :

Elles m'ont harcelé.

Si je n'eusse bien vite

Pris la fuite,

445   Elles m'auraient étranglé.

LE MARQUIS.

Peut-on nous faire une pareille offense ?

LINDOR.

Elles l'ont mis dans un piteux état.

LE DEPUTÉ.

Vingt femmes contre un homme user de violence !

MONSIEUR CLOPIN, après réflexion.

Oui, c'est une affaire d'État.

LINDOR, au Député.

450   Vous deviez avoir peur.

LE DEPUTÉ.

  Le coeur encor me bat.

Je ne veux jamais plus vous servir d'émissaire ;

Il en coûte trop cher d'essuyer leur colère.

LE MARQUIS, au Député.

Nous allons vous venger. Eh bien, Monsieur Clopin,

Qu'avez-vous résolu ?

MONSIEUR CLOPIN.

Je crois qu'avec justice

455   Il conviendrait de mettre fin

Aux progrès furieux d'un étrange caprice.

Cela ne laisse point que de m'embarrasser :

J'ai tant d'affaires à penser.

LINDOR.

Pourquoi les obstiner ? il vaut mieux se soumettre.

460   N'avons-nous pas toujours nos mêmes droits ?

MONSIEUR CLOPIN.

Non, il ne faut jamais permettre

Que les femmes fassent les lois :

Ce serait renverser l'ordre de la nature.

LE MARQUIS.

Ce serait cependant la route la plus sure

465   Pour obtenir plutôt la paix.

MONSIEUR CLOPIN.

Messieurs, n'y consentons jamais.

ARIETTE.

A mon âge on n'est point timide.

Quand le flambeau de la raison nous guide,

Dans le danger

470   On ne craint point de se plonger.

J'ai plus que vous d'expérience ;

Et par ma science

Si vous voulez me seconder,

Vous les verrez bientôt céder.

475   Je ris de leur vaine colère ;

Je ne suis pas un sot ;

Je veux les faire taire,

En leur disant un mot.

LE MARQUIS.

Plus on brave le sexe, et plus il est à craindre :

480   Celui qui tombe sous ses coups,

Des mortels est le plus à plaindre.

Vous ignorez encor jusqu'où va son courroux.

Du trône de l'orgueil et de la jalousie

Lançant les traits d'une aveugle furie,

485   Ce sexe impérieux, lorsqu'il peut se venger,

Ne sait rien négliger.

Son coeur suit aisément les lois de l'inconstance ;

Et pour la plus légère offense

On perd à jamais ses faveurs.

490   Quand pour se venger d'un outrage,

Sa colère inflexible a tout mis en usage,

Les charmes séduisants de ses feintes douceurs

Sont un serpent caché sous d'agréables fleurs.

LE DEPUTÉ, d'un [air] effrayé.

Ah ! Messieurs, les voici. Je tremble...

495   Toutes les femmes sont ensemble.

MONSIEUR CLOPIN, tremblant.

Si nous allions apPeler du secours.

Ces femmes-là sont obstinées.

SCÈNE X.
Le Marquis, Monsieur Clopin, Lindor, Le Député, Thémire, Madame Clopin, Julie, Le Députée, Troupe de Femmes, une Femme portant un tambour.

MADAME CLOPIN.

EH bien, Messieurs, vos lois sont-elles terminées ?

THÉMIRE.

A nous donner des lois persistez-vous toujours ?

MADAME CLOPIN.

500   Nous allons nous faire connaître.

LINDOR, à Madame Clopin.

Madame, imposez-nous les lois qu'il vous plaira.

MADAME CLOPIN.

Monsieur Clopin ne veut donc pas permettre

Que nous fassions les lois ?

MONSIEUR CLOPIN, avec embarras.

Je n'en suis plus le maître.

MADAME CLOPIN.

Allons, battez tambour.

LE MARQUIS.

Que veut dire cela ?

THÉMIRE, au Marquis fièrement.

505   Lisez, Monsieur : ceci vous l'apprendra.

LE MARQUIS, lit.

« Arrêt qui nous sépare

Des hommes pour jamais. »

LINDOR, à part.

Cet arrêt est bizarre,

Et j'en crains les effets,

LE MARQUIS, poursuivant.

510   « Mais s'ils veulent faire la paix,

Il faut qu'ils nous promettent

De n'avoir plus d'autorité,

De nous donner la liberté,

Et qu'à nos lois ils se soumettent ».

THÉMIRE.

515   Tels sont nos sentiments, c'est à vous à choisir :

Avec nous à ce prix vous pouvez vous unir.

LE MARQUIS.

Cet arrêt n'est point légitime,

Et partout il sera proscrit.

THÉMIRE.

On l'exécutera. Peut-on nous faire un crime

520   De faire briller notre esprit ?

L'Univers ne doit plus en être la victime ;

Nos sages lois vont l'éclairer.

MADAME COPIN, à Thémire.

Madame, c'est trop endurer

De mépris et de résistance.

525   On dédaigne nos lois, il faut nous séparer.

LINDOR, bas au Marquis et à Monsieur Clopin.

Que risquons-nous de nous soumettre ?

C'est le moyen de les fléchir.

LE MARQUIS, bas à Lindor et à Monsieur Clopin.

Eh bien, feignons de le paroître.

MONSIEUR CLOPIN, bas au Marquis.

Allons, j'y veux bien consentir.

LE MARQUIS.

ARIETTE.

530   Vous l'emportez, belle Thémire ;

Régnez sur roue ce qui respire :

Nous nous soumettons sans retour.

Votre esprit et votre naissance

Ont vaincu notre résistance :

535   De nos coeurs et de mon amour

Vos lois triomphent tour à tour.

MONSIEUR CLOPIN, à sa femme.

Faites des lois, Madame, et soyez la maîtresse,

Je dois vous obéir : usez de tous vos droits.

LINDOR, à Julie.

Oui, mon coeur à Julie obéira sans cesse,

540   Je serai trop heureux de recevoir ses lois.

LE MARQUIS, à Thémire.

Au feu qui dans vos yeux semble peindre votre âme,

L'Amour a tant de fois allumé son flambeau,

Qu'il vous doit en ce jour un tribut de ma flamme,

En donnant à vos lois un triomphe nouveau.

THÉMIRE.

545   Vous devenez donc plus traitables.

MONSIEUR CLOPIN.

Oui, nous sommes tous vos sujets.

MADAME CLOPIN.

Pour vous rendre plus raisonnables.

LE DEPUTÉ.

Vous pouvez commander, vous en êtes capables ;

J'en suis que trop certain, je l'ai bien éprouvé.

MADAME CLOPIN.

550   A présent par nos lois l'amour est approuvé.

Lindor peut s'unir à Julie :

Mais avant que l'hymen avec elle le lie,

Qu'on s'empresse de toutes parts

De rassembler ici nos Citoyens épars.

LINDOR.

555   Je vais parcourir ce rivage.

Au Député. Vous, suivez-moi.

Bas au Marquis et à Monsieur Clopin.

J'imagine un projet

Qui va bientôt rabaisser leur courage.

Il sort.

SCÈNE XI.
Le Marquis, Monsieur Clopin, Thémire, Madame Clopin, Julie, Troupe de Femmes.

LE MARQUIS, à Thémire.

VOus régnez dans cette île, je n'ai d'autre objet

Que de m'unir à ce que j'aime.

560   Ne suis-je pas trop indiscret

D'oser prétendre à ce bonheur suprême ?

Ne blâmez plus l'amour dont je brÛle en secret :

À vos lois mon âme docile

Ne doit plus étouffer ses amoureux soupirs.

565   Que les ris, les jeux, les plaisirs

Habitent ce champêtre asile !

Des Citoyens soumis adoucissant le sort,

Faites renaître ici le temps de l'âge d'or.

THÉMIRE.

Ai-je jamais pu me défendre

570   De vous témoigner mon amour ?...

On entend un grand bruit.

Ô ciel ! Quel bruit se fait entendre !

SCÈNE XII.
Thémire, Madame Clopin, Julie, Monsieur Clopin, Troupe de Femmes, Lindor, Le Député, Troupe d'hommes armés.

LINDOR.

Ah, mes amis, fuyons sans plus attendre ?

Nous sommes perdus sans retour.

Bas au Marquis et à Monsieur Clopin.

Faisons-leur peur.

LE MARQUIS.

Qui cause vos alarmes ?

LINDOR.

575   Hâtez-vous de prendre les armes,

Et suivez-moi sans balancer.

THÉMIRE.

Qui peut vous effrayer ?

LINDOR.

Des troupes de Sauvages

Ont inondé cette île, et font mille ravages.

THÉMIRE.

Dieux ! Des Sauvages...

MADAME CLOPIN.

Ciel !

MONSIEUR CLOPIN, tirant son épée.

Il faut les terrasser.

LE MARQUIS, tirant son épée.

580   Suivez-moi, Citoyens ; je brave leur menace...

Il fait plusieurs pas, et s'arrête.

Mais quelle est mon audace !

Il présente son épée à Thémire.

Mes Dames, vous régnez, allez les repousser.

THÉMIRE.

Quel effroi me saisit !

JULIE.

Je meurs.

MADAME CLOPIN.

Mon sang se glace.

MONSIEUR CLOPIN, à sa femme lui présentant son épée.

Madame, partez, je vous suis.

LE DEPUTÉ.

585   Venez vous mettre, à notre tête,

Les Citoyens à vos lois sont soumis.

LE MARQUIS.

Eh, mes Dames, qui vous arrête ?

LINDOR.

Allons, montrez-nous votre coeur ?

MADAME CLOPIN, à Thémire.

Thémire, commandez.

THÉMIRE.

Ma foi non, j'ai trop peur.

590   Commandez pour nous deux.

MADAME CLOPIN.

  Non, j'ai trop de frayeur.

LE MARQUIS.

Eh bien, Madame, où font es grands courages ?

MONSIEUR CLOPIN, présentant l'Arret à sa femme.

Si vous vouliez porter cet arrêt aux Sauvages,

Je suis assuré qu'ils fuiraient

Au même instant qu'ils le verraient.

595   Vous allez remporter les plus grands avantages.

MADAME CLOPIN, d'un air caressant.

Ne plaisantez plus, cher époux :

Pour l'amitié que j'eus toujours pour vous,

À ma place allez les combattre.

MONSIEUR CLOPIN.

Non, non, Madame, il faut vous battre,

600   Puisque vous avez fait des lois.

MADAME CLOPIN.

Je n'en ferai jamais.

THÉMIRE.

Nous vous cédons nos droits.

JULIE.

Je vous avais bien dit, ma mère,

Qu'il nous convenait mieux de soumettre nos coeurs,

Que de vouloir faire la guerre.

MADAME CLOPIN.

605   Nous revenons de nos erreurs.

SEXTO.

THÉMIRE, au Marquis.

Soyez sensible à ma tendresse,

J'ose implorer votre secours.

MADAME CLOPIN, à son mari.

Je vous obéirai sans cesse,

C'est à vous seul que j'ai recours.

JULIE.

610   Cher Lindor, sauvez-moi la vie.

LINDOR.

Rassurez-vous, chère Julie :

Lindor conservera vos jours.

LE MARQUIS et MONSIEUR CLOPIN, à part.

Ensemble.

Qu'elles sont séduisantes,

Complaisantes !

615   Je me sens attendrir ;

Je n'y peux plus tenir.

LE MARQUIS, à Thémire.

Ne vous effrayez plus, rassurez-vous, Thémire :

Ne suivons que l'ardeur que l'amour nous inspire.

Vos pleurs sont ici superflus :

620   Les Sauvages n'existent plus.

C'était un simple stratagème ;

Vous nous avez forcé malgré nous d'en user,

Pour vous apprendre à mépriser

L'orgueil d'un ridicule extrême.

625   Sur les coeurs des faibles mortels,

Qui brûlent tous les jours l'encens sur vos autels,

Que vos yeux remplissent de fiâmes,

Vos puissants attraits ont des droits.

Régnez sans cesse sur nos âmes,

630   Mais ne faites jamais de lois.

 


J'ai lu par ordre de M. le Lieutenant-Général de Police, Les Législatrices, Comédie; et je crois qu'on en peut permettre l'impression. À Paris ce 11. Mars 1765. MARIN

Vu l'Approbation, permis d'imprimer. Ce 13 Mars 1765. DE SARTINE.


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