LES SOEURS DE LAIT

DRAME.

QUATRIÈME PROVERBE.

M. DCC. LXXXV.

Par MONSIEUR G***.

À LIÈGE, Chez F.J. DESOER, Imprimeur-Libraire, sur le Pontd'Isle, à la Croix d'Or.


Texte établi par Paul FIEVRE janvier 2018

Publié par Paul FIEVRE février 2018

© Théâtre classique - Version du texte du 28/02/2024 à 23:49:34.


PERSONNAGES

MADAME BEAUPRÉ, veuve.

JULIE, fille de Madame Beaupré agé de douze ans.

HENRIETTE, fille de Madame Beaupré agé de quatorze ans.

MATHURINE, Nourrice des filles de Madame Beaupré.

MAGDELON, fille de Mathurine et soeur de lait de Madame de Beaupré.

JAVOTTE, fille de Mathurine et soeur de lait de Madame de Beaupré.

La Scène est dans une ville de province, chez Madame de Beaupré.

Le texte est issu de "Nouveaux proverbes dramatiques ou recueil de comédies de société pour servir de suite aux Théâtres de Société et d'Éducation" par Monsieur G[arnier], 1785. pp. 53-73.


LES SOEURS DE LAIT

Le Théâtre représente une salle basse de la maison de madame Beaupré.

SCÈNE PREMIÈRE.
Madame Beaupré, Henriette.

Madame Beaupré traverse le théâtre pour sortir ; dans le même instant Henriette le traverse du côté opposé, sa mère l'arrête.

MADAME BEAUPRÉ.

Venez ici, Henriette ; où est votre soeur ?

HENRIETTE.

Elle est dans le jardin, où je crois qu'elle s'amuse à courir après des papillons.

MADAME BEAUPRÉ.

La belle occupation ! Votre soeur est bien folle, bien légère ; elle n'est cependant plus un enfant ; et il me déplait fort de la voir courir de minuties en minuties avec autant d'ardeur que l'on devrait en avoir pour les choses sérieuses. Pour vous, Henriette, je suis plus contente de vous ; quoique vous ne soyez que la cadette, vous montrez plus déraison, et vous êtes moins évaporée. Que faisiez-vous là-haut ?   [ 1 Minutie : Néologisme au temps du cardinal de Retz qui l'explique par chose de peu de conséquence. [L]]

HENRIETTE.

Ma chère mère, je repassais ma leçon de clavecin d'hier ; parce que mon maître m'a dit qu'il ne pouvait pas venir aujourd'hui.

MADAME BEAUPRÉ.

C'est bien fait. Je sors pour quelques affaires ; lorsque votre soeur fera rentrée, je vous charge de lui témoigner mon mécontentement. Je veux que vous lui donniez des avis, et comme vous avez plus de raison qu'elle, j'entends qu'elle ait des égards pour vous, et qu'elle vous écoute avec docilité. Dites-lui cela de ma part, entendez-vous ?

HENRIETTE.

Oui, ma chère mère.

Madame Beaupré sort.

SCÈNE II.

HENRIETTE, seule.

Madame Beaupré est à peine sortie, qu'Henriette se redresse et se regarde dans les glaces en se donnant des airs.

Pour cela, Mademoiselle Julie, je vais bien rabattre votre caquet. Quoique vous soyez mon aînée, il faudra que vous m'obéissiez actuellement ; oui, que vous m'obéissiez : car c'est surement ce que ma mère a voulu dire. Aussi n'est-il pas étrange que ce soit l'âge qui établisse la subordination ; comme si, quoique plus jeune, on ne pouvait pas être plus raisonnable. Moi, par exemple, ne suis-je pas faite pour commander à cette folle-là, qui n'a non plus d'intelligence...

Elle lève les épaules.

Qui, au lieu d'étudier ses leçons de clavecin, s'amuse à causer avec le Jardinier, et à lui voir planter ses choux ; qui est assez simple pour lui donner tout son argent, plutôt que d'en acheter des bijoux qui lui feraient honneur.

SCÈNE III.
Henriette, Julie.

JULIE, entre d'un air d'empressement, elle tient une boite fermée.

Ma soeur, ma soeur, viens voir les beaux papillons que j'ai attrapés.

HENRIETTE, avec dédain.

Oui, cela est bien beau vraiment.

JULIE.

Ils font charmants, te dis-je ; je n'en ai point encore vu de si brillants.

HENRIETTE.

Oui, en vérité ; voilà une occupation bien digne d'une fille de votre âge.

JULIE.

Tu te trompes, ma soeur, ce n'est qu'un amusement.

HENRIETTE.

Eh bien, soit : voilà un amusement d'une belle espèce, et qui te fera bien de l'honneur dans le monde. Au lieu de t'appliquer à ton clavecin que tu négliges entièrement.

JULIE.

Oh ! Mon clavecin m'ennuie ; et je ne veux d'amusements que ceux qui me plaisent.

HENRIETTE, avec un souris moqueur.

Tu as un goût vraiment distingué.

JULIE.

Comme tu voudras ; mais veux-tu que je te dise, j'aime la liberté, moi, surtout dans mes divertissements. Qu'ai-je affaire de cet homme au ton rogue et dur, qui vient d'un air de pédant m'apprendre à me divertir, et qui ne parvient qu'à m'ennuyer autant que je le vois très souvent s'ennuyer lui-même.

HENRIETTE, haussant les épaules.

Quelle petitesse d'idées !

JULIE.

Que veux-tu ! Je pense comme cela. Je me plais singulièrement dans notre jardin ; j'y respire un air de liberté qui m'enchante. La fleur que j'ai vu naître, est celle que je préfère pour me parer ; je trouve, ce me semble, un meilleur goût au fruit que j'ai vu croître et mûrir, et que je cueille de ma main. Ces amusements, s'ils n'ont pas le brillant des tiens, sont au moins fort innocents.

HENRIETTE.

C'est fort bien dit ; mais, ma mère, qui n'a pas le goût rustique comme toi, est fort mécontente, et tu devrais pour la satisfaire.

JULIE, légèrement.

Oui, je voudrais de tout mon coeur, pour lui plaire, que le clavecin fut plus de mon goût... À propos, que je t'apprenne une nouvelle.

HENRIETTE.

Comment donc ?

JULIE.

Mais une nouvelle qui te fera sûrement bien du plaisir.

HENRIETTE.

Eh quoi encore ? Dis donc vite.

JULIE.

Devine.

HENRIETTE.

Oh! je ne lais pas deviner ; tu m'impatientes.

JULIE.

Notre maman-nourrice est ici.

HENRIETTE, avec un grand éclat de rire.

Ah, mon Dieu, voilà ta nouvelle !

JULIE.

Mais, oui.

HENRIETTE.

C'est là cette bonne nouvelle, cette grande nouvelle ?

JULIE.

Est-ce qu'elle ne te fait pas plaisir.

HENRIETTE, d'un ton dédaigneux.

Mais, ni plaisir, ni peine ; je crois que je ne suis pas faite pour m'occuper beau coup de ces gens-là.

JULIE.

Elle est pourtant ta nourrice aussi bien que la mienne.

HENRIETTE.

À la bonne heure.

JULIE.

Elle a amené nos deux soeurs de lait, Magdelon et Javotte.

HENRIETTE.

Que m'importe !

JULIE.

Tu es bien froide ; il me semble que la reconnaissance...

HENRIETTE, piquée et avec hauteur.

Point de leçons, s'il vous plait, Mademoiselle ; c'est à moi de vous en donner. Songez feulement à vous comporter avec plus de retenue qu'à votre ordinaire.

JULIE, surprise.

Eh mais, mais, tu badines, je crois.

HENRIETTE, d'un ton absolu.

Point du tout. Demandez à ma mère, elle fait que j'ai plus de raison que vous ; et elle m'a chargée de vous commander. Entendez-vous, Mademoiselle ? Ainsi prenez garde de vous compromettre dans l'accueil que vous ferez à votre nourrice.

JULIE.

Brrr ; comme je me moque de tes ordres.

Elle sort en sautant et en chantant.

SCÈNE IV.

HENRIETTE, seule, avec dépit.

Eh bien ! Voyez donc cette extravagante ; comme elle est rétive, opiniâtre. Oh pour cela, j'en aurai raison. Mais bon, voici la nourrice ; elle ne l'aura sûrement pas ren contrée.

Aussitôt qu'elle aperçoit entrer Mathurine, elle va s'asseoir dans un coin du théâtre, tire de son sac une pièce de broderie et travaille.

SCÈNE V.
Henriette, Mathurine, Magdelon, Javotte.

Mathurine entre d'un air épanoui ; ses filles la suivent d'un air honteux et décontenancé.

MATHURINE.

Eh, bonjour, m'n'enfant, mon Henriette ; Jésus ! Comme la v'là brave et grandelette !

HENRIETTE, sans la regarder.

Bonjour, ma bonne.

MATHURINE.

Comme ça est devenu grand et gentil ; moi qui ai vu ça si petit. Mon Dieu ! Ça me confond. Embrasse-moi donc, ma pauvre enfant ; je pleure de joie.

HENRIETTE, déconcertée, se laisse embrasser.

Plus doucement, ma bonne ; vous me faites mal.

MATHURINE.

Mon Dieu, comme t'es devenue délicate, indifférente du depuis qu'tu n'es plus au village. Dame, c'est que je t'aimons toujours bian tretous.

HENRIETTE, toujours travaillant.

C'est bien fait, ma bonne.

MATHURINE, prend Magdelon par le bras et la présente à Henriette.

Tians, v'là ta soeur Magdelon qui est si contente de te voir, alle est aussi grande que toi ; mais, trédame , alle n'est ni aussi gente, ni aussi brave. Approche, Magdelon.

MAGDELON.

Ma mère, je suis honteuse.

HENRIETTE.

Elle a raison, nourrice ; vous êtes trop familière.

MATHURINE.

Comment, est-ce que tu ne la reconnais plus ? C'est ta soeur Magdelon ; je vous baillais mon lait dans le même temps. Aussi vous vous aimiais, vous vous embrassiais.

À Magdelon.

Allons, nigaude, approche, approche donc.

MAGDELON, s'avance pour embrasser Henriette.

Si vous vouliais permettre...

HENRIETTE, la repousse durement.

Doucement, doucement donc, vous allez gâter mes habits.

MAGDELON, pleurant.

Ah ! Ma mère, ce n'est pas là ma soeur Henriette qui m'aimait tant.

MATHURINE.

Si fait, si fait, c'est alle-même ; mais c'est qu'alle n'est plus au village. Ses biaux habits l'y faisont torner la tête, vois-tu ; not' pauvreté l'y fait honte, et not' amiquié l'y fait déshonneur.

MAGDELON.

Est-ce que je n'avons pas de l'honneur itou, nous autres, quoique je soyons pauvres.

JAVOTTE.

Oh, pour ma soeur Julie, alle a un meilleur coeur qu'ça, je gage.

MATHURINE.

Tu pardras, m'n'enfant. Va, je parierois moi, que c'est la même chose. Est-ce que stelle-ci ne nous baillait pas assez de signifiances d'amiquié. Tant que je les avons au village, vois-tu, alles font douces, accortes ; alles nous font des amiquiés, des carresses ; maman-nourrice par-ci, ma soeur Magdelon par-là ; oh, je vous aimons tant, j'aurons tant soin de vous... vous ne manquerais jamais. Mais, à la ville, ils nous les gâtont ; alles devenont fiares, ingrates...

HENRIETTE, avec aigreur.

Ma bonne, finissez vos propos, s'il vous plait. Si j'ai été nourrie chez vous, on vous a bien payée sans doute, et vous n'avez rien à dire.

MATHURINE.

Oh ! Madame vot'mère m'a toujours bian aidée, bian reconnue, et j'aurions tort de nous plaindre d'elle ; mais vous que j'ons nourrie, que j'ons soignée comme not' enfant, à qui j'avons bouté not' affection tout ainsi comme, nous avoir ainsi rebutées...

Elle pleure.

Ça est bian rude.

HENRIETTE.

Mais vous êtes folle, ma bonne.

SCÈNE VI.
Henriette, Julie, Mathurine, Magdelon, Javotte.

JULIE, entre en courant et faute au cou de Mathurihe.

Eh ! Vous voilà, maman-nourrice, il y a une heure que je vous cherche.

MATHURINE, s'essuyant les yeux.

Bonjour, mameselle Julie.

JULIE.

Ah ! Et voici m'amie Javotte ; comment te portes-tu ?

JAVOTTE, s'essuyant aussi les yeux et faifant la révérence.

Bian de l'honneur à nous, mameselle Julie.

JULIE.

Eh bien, pourquoi ne m'appelles-tu pas ta soeur ? Est-ce que je ne suis pas ta bonne amie ? Mais tu pleures, je crois ; qu'as-tu donc ?

JAVOTTE.

C'est ma mère qui a du chagrin.

JULIE.

Mais oui ; vous pleurez aussi, maman-nourrice ; et toi aussi, Magdelon ; qu'est-ce que tout cela lignifie donc ? Le papa-nourricier serait-il malade ?

MATHURINE, faisant la révérence.

Non, Dieu marci, mameselle Julie.

JULIE.

Oh ! Pour le coup, vous m'impatientez avec vos révérences, et vos mameselle Julie. Maman-nourrice, je me rappelle toujours avec reconnaissance les soins que vous avez eus de moi.

JAVOTTE, à Mathurine.

Quand je vous le disais, ma mère, qu'elle avait le coeur bon stelle-là.

JULIE.

Et toi, ma petite Javotte, je t'aime toujours de tout mon coeur.

JAVOTTE, faisant la révérence.

Bian obligée, mameselle Julie.

JULIE, avec impatiente.

Finirez-vous ; ou bien je vais me fâcher tout à fait.

MATHURINE.

Trédame, je parlons comme on nons l'a commandé. A c't'heure qu'ous êtes grand'dame ; je ne sommes pas daignes de vot' amiquié.

JULIE.

Voilà de bien sots propos. Ce n'est pas moi qui les tiens, maman-nourrice ; allez, je vous ferai attachée toute ma vie ; je n'oublierai jamais que je dois à vos foins ce qui en fait le bonheur.

MATHURINE.

La daigne enfant ! V'là parler ça ? V'là qu'est d'eun bel exemple pour les enfants fiars et ingrats qui nous méconnaissons.

HENRIETTE, qui pendant toute cette scène est restée à son ouvrage, en l'interrompant par différents gestes d'impatience, et lève et fort brusquement.

Oh ! Je n'y tiens pas.

SCÈNE VII.
Julie, Mathurine, Magdelon, Javotte.

JULIE.

Bon ! La voilà partie, maman-nourrice, je vous attendais avec impatience.

Elle va prendre un petit coffre de carton, qu'elle ouvre.

Tenez, voilà une coiffure et un mouchoir de cou que je vous garde depuis longtemps.

MATHURINE, considérant ce que lui donne Julie.

La brave enfant !

JULIE.

Et toi, Javotte, voilà un petit coeur d'or que je veux que tu portes toujours pour te ressouvenir de moi.

JAVOTTE.

Oh ! Je n'ons pas besoin de ça pour vous aimer de tout not' coeur, mameselle Julie.

JULIE.

Encore mameselle Julie. Oh bien, tu n'auras pas le coeur d'or, et tu ne feras plus ma bonne amie, si tu ne m'appelles pas ta soeur.

JAVOTTE.

Eh bien, ma soeur, je vous remarcie.

JULIE.

Allons , embrasse-moi.

Elles s'embrassent.

Et toi, ma pauvre Magdelon, il faut que je te trouve aussi quelque chose. Ah ! Tiens, voilà une petite croix d'argent. Dame, je ne peux pas te donner davantage actuellement.

MAGDELON, faisant des révérences.

Oh ! Mameselle... C'est toujours plus... Je ne méritons pas...

JULIE.

Allons, prends et ne fais pas la sotte.

MAGDELON.

Grand marci, mameselle Julie.

MATHURINE, transportée.

Pour le coup, je n'y tenons plus ; v'là un coeur ça, auprès de l'autre : je sommes bian consolée du chagrin qu'alle m'a donné.

JULIE.

Comment donc ?

MATHURINE.

Ta soeur, m'n'enfant, qui ne te vaut pas, faut voir ; si tu savais comme alle nous a reçues, en faisant la madame ; comme alle nous a rebutées quand j'avons voulu l'y faire amiquié. Tians, j'en fis encore toute je ne sais comment ; et c'te pauv' Magdelon, alle ne peut pas s'en remettre.

JULIE.

Allez, allez, il ne faut pas prendre garde à cela. Est-ce que je na vous reste pas, moi ? Ne vous inquiétez pas, je vous aimerai pour deux ; je serai aussi la soeur de Magdelon, ainsi vous ne perdrez rien.

SCÈNE VIII.
Madame Beaupré, Julie, Mathurine, Magdelon, Javotte.

MADAME BEAUPRÉ, à Julie sévèrement.

Eh bien, Mademoiselle, avez-vous assez couru, assez folâtré toute la journée. Fi, n'avez-vous pas de honte, un petit garçon est moins dissipé que vous.

Apercevant Mathurine.

Ah, ah, vous voilà, Mathurine, bonjour.

MATHURINE, faisant la révérence.

Je qis vot' sarvante, Madame Beaupré.

MADAME BEAUPRÉ.

Voilà, je crois, vos filles, les soeurs de mes enfants ; comme elles sont grandes et fortes, cela doit vous faire plaisir à voir, nourrice ?

MATHURINE.

Dame, madame, ça m'est itou bien agréable.

MADAME BEAUPRÉ.

Ont-elles vu leurs soeurs ? Car c'est ainsi que je veux qu'elles appellent mes filles. Sans doute qu'Henriette a été bien contente de vous voir.

MATHURINE, avec un long soupir.

Ah ! Not' dame, vous avais toujours eu plus de bontés pour moi que je n'en sommes daignes.

MADAME BEAUPRÉ.

Qu'est-ce à dire, nourrice ? Vous n'avez point l'air contente. Vous aurait-on mal reçue ? Je voudrais bien savoir cela, par exemple ; Mademoiselle Julie, vos folies me préparent-elles quelque nouveau chagrin ?

JULIE.

Moi, ma chère mère ; maman-nourrice vous dira si je ne l'ai pas reçue avec plaisir.

MADAME BEAUPRÉ.

Je le crois, mais cela ne suffit pas. Peut-être lui aurez-vous dit quelque chose de désagréable : car vous êtes si folle, si inconséquente.

MATHURINE.

Oh ! Madame, ben du contraire.

MADAME BEAUPRÉ.

Mais encore ; je veux savoir ce qui vous chagrine, nourrice. Peut-être n'aura-t-elle pas fait d'amitié à sa soeur... Oui, c'est cela sûrement : ces petits airs ne me conviennent point du tout, Mademoiselle : imitez votre soeur Henriette ; elle est douce, sage , posée ; elle a l'âme sensible, reconnaissante, généreuse, je suis sûre qu'elle aura accablé sa soeur de caresses.

SCÈNE IX ET DERNIÈRE.
Les précédents, Henriette.

MADAME BEAUPRÉ.

Eh bien, Henriette, n'êtes-vous pas contente de voir votre soeur et votre nourrice ?

HENRIETTE, d'un air contraint.

Mais, oui, ma chère mère.

MADAME BEAUPRÉ.

Je vous le disais bien, qu'elle est sensible et bien née, ma fille Henriette. Mais, qu'est-ce que je vois entre vos mains, nourrice ? je gage que ce font des présents de ma fille Henriette. Ah ! Que je suis contente de cette marque de sa reconnaissance et de won attachement ; les larmes m'en viennent aux yeux de satisfaction.

Elle embrasse Henriette.

Ah, ma chère Henriette, tu seras la consolation de mes vieux jours.

À Julie.

Et vous, Mademoiselle, profitez d'un si bel exemple, si votre légèreté vous le permet.

MATHURINE, faisant la révérence.

Je vous fais excuse, not' dame, c'est mameselle Julie qui m'a baillé ça ; v'là itou ce qu'alle a donné à mes filles.

MADAME BEAUPRÉ.

Quoi ! C'est vous, Julie ! Vous ne m'en disiez rien.

JULIE.

Ma chère mère, je ne croyais pas que cela en valut la peine.

MADAME BEAUPRÉ.

Et Henriette ?

MATHURINE.

Oh ! Madame, je ne sommes pas daignes de l'approcher ni de l'y parler, alle est trop grand'Dame.

MADAME BEAUPRÉ, mécontente.

Oui dà.

HENRIETTE.

Ma chère mère, vous ne croyez pas...;

MADAME BEAUPRÉ, sévèrement.

Rentrez, mademoiselle.

À part, après un instant de silence.

Je vois que j'ai été la dupe de leurs caractères, et cela arrivera toujours à ceux qui au lieu d'approfondir les coeurs, ne s'arrêteront qu'à la superficie.

 



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Notes

[1] Minutie : Néologisme au temps du cardinal de Retz qui l'explique par chose de peu de conséquence. [L]

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