COMÉDIE
1882. Tous droits réservés.
Par QUATRELLES
PARIS, PAUL OLLENDORFF, ÉDITEUR, 28 bis, RUE DE RICHELIEU.
F. AUREAU - Imprimerie Lagny.
Texte établi par Paul FIEVRE, février 2023.
Publié par Paul FIEVRE, mars 2023.
© Théâtre classique - Version du texte du 30/04/2024 à 20:06:15.
PERSONNAGES
LA DAME DE NIORT, de 30 40 ans.
LA DEMOISELLE DE MAGASIN.
UN COMMIS, rôle muet, 27 ans.
UN PASSANT, rôle muet, 46 ans.
Paris. - 1878
1. Si l'on n'avait pas de demoiselle de magasin sous la main, un jeune commis la remplacerait sans que le dialogue en souffrit.
Tiré de "Théâtre de Campagne. Huitième série". 1882. pp 159-176.
LA DAME DE NIORT
SCÈNE PREMIÈRE
Le théâtre représente, autant que possible, une boutique de photographe. - Porte à gauche, donnant sur un passage. - Vitrine de chaque côté de la porte, si les moyens le permettent. - Au fond, à droite, porte conduisant aux ateliers. Au milieu, une table encombrée d'albums, de photographies et de stéréoscopes. - À droite, un petit comptoir devant lequel est une chaise. - Près de la porte de droite pend un conduit acoustique, armé d'un sifflet, destiné à mettre en communication l'atelier et le magasin. ? Je ferais au public une grave injure, si j'entrais dans plus de détails.
LA DEMOISELLE DE MAGASIN, seule.
Quatre heures !... Et je n'ai pas encore étrenné ! C'est à ne pas le croire. [ 1 Étrenner : Être le premier qui achète à un marchand. [L]]
Elle s'approche de ta porte de gauche.
Et pourtant, que d'imbéciles passent devant cette porte! Il ne s'en trouvera donc pas un qui nous donnera la préférence ? La première pratique qui me tombera sous la main en verra de grises ! Ce monsieur qui s'arrête a l'air bon enfant.
À un passant, sur le seuil de la porte de gauche.
Si monsieur veut entrer ?... Nous avons un assortiment complet d'artistes dramatiques, de criminels, d'hommes politiques... de dames du monde... de.... Il passe !... Que leur faut-il donc à tous ces animaux-là ? Décidément le commerce est dans le marasme. Oh ! La belle dame ! Est-ce une provinciale ou une étrangère ? Elle dévore des yeux l'étalage... consulte un carnet de poche... Elle hésite... Mais entre donc ! Mais entre donc !... Ne faut-il pas t'envoyer des ambassadeurs pour te décider ?... Elle approche.... La voilà ! Ah ! Tu vas me payer le mauvais sang que je me fais depuis une heure.
Souriante et empressée.
Madame veut-elle bien prendre la peine de s'asseoir ?
SCÈNE II.
La Demoiselle de magasin, La Dame de Niort.
LA DAME DE NIORT.
Mademoiselle,j'ai lu sur votre boutique que vous tenez tout ce qui concerne le portrait.
LA DEMOISELLE.
En effet, Madame, le portrait est la spécialité de notre maison. Portraits ronds, portraits carrés, portraits ovales, portraits à chapeaux, en pied ou en raccourci, à l'huile, à l'aquarelle..., à cheval,... portraits tout faits ou sur mesure... Ce sont des photographies que madame désire ?
LA DAME DE NIORT.
Je n'ai encore rien décidé.
LA DEMOISELLE.
Nous avons tout ce qu'il y a de plus nouveau. Sont-ce des acteurs que j'offrirai à Madame ?
LA DAME DE NIORT.
Non, Mademoiselle...
LA DEMOISELLE.
Des militaires, alors ?... Les militaires sont très demandés depuis quelque temps.
LA DAME DE NIORT.
Non, non, non, Mademoiselle. C'est mon portrait que je voudrais avoir.
LA DEMOISELLE.
Si Madame a le plus petit bout de célébrité, si les journaux ont parlé d'elle soit en bien, soit en mal, si quelque procès scandaleux, quelque aventure scabreuse l'ont mise en évidence, Madame est certaine de son affaire elle est dans nos casiers.
LA DAME DE NIORT.
Mademoiselle, j'habite Niort...
LA DEMOISELLE.
Oh alors, c'est tout différent.
LA DAME DE NIORT.
Je voudrais rapporter à mon mari quelque chose de Paris. J'ai pensé que mon portrait...
LA DEMOISELLE.
Ne pourrait que lui être agréable... C'est une excellente idée que Madame a eue là. Et vous restez ici quelque temps encore ?
LA DAME DE NIORT.
Je pars demain, malheureusement !
LA DEMOISELLE.
Alors, c'est une photographie que Madame désire.
LA DAME DE NIORT.
La photographie, c'est toujours la même chose. Toutes les photographies se ressemblent. On en est bien revenu à Niort !
LA DEMOISELLE.
Madame préfère l'huile.
LA DAME DE NIORT.
C'est plus sérieux.
LA DEMOISELLE.
Et plus gai, à la fois. Il est fâcheux que Madame ne se soit pas décidée plus tôt. Dans une nuit on ne fait rien de bon. Vous trouverez des peintres qui vous promettront tout ce que vous voudrez, mais jamais un artiste consciencieux ne s'engagera à livrer un bon portrait à l'huile, solidement peint, sans retouches, dans une seule nuit. Madame peut s'adresser à tous nos confrères.
LA DAME DE NIORT.
Mon Dieu !... Mon Dieu !... Ce que vous me dites là me contrarie bien.
LA DEMOISELLE.
Si Madame voulait toujours me dire ce qu'elle désire, je pourrais peut-être arriver à la contenter.
LA DAME DE NIORT.
Naturellement; je voudrais quelque chose de joli.
LA DEMOISELLE.
Voilà déjà qui simplifie les choses. Je vois que Madame ne tient pas à la ressemblance.
LA DAME DE NIORT.
Cela dépend. Voyons... Qu'est-ce que cela coûte, un portrait bien ressemblant ?
LA DEMOISELLE.
Cela n'a pas de limite.
LA DAME DE NIORT.
Vous m'effrayez !
LA DEMOISELLE.
Cependant, pour la province, nous pouvons donner quelque chose d'assez ressemblant pour cent ou cent cinquante francs.
LA DAME DE NIORT, M lève, vivement.
Cent cinquante francs !... Bonté divine !... Mais c'est beaucoup plus que je ne veux y mettre. Décidément, Mademoiselle, c'est trop cher.
Elle se dirige vers la porte.
LA DEMOISELLE, se précipitant entre elle et la sortie.
Pourquoi madame ne se contenterait-elle pas d'un air de famille ? Je lui passerais la chose à moitié prix.
LA DAME DE NIORT.
C'est pour mon mari...
LA DEMOISELLE.
Raison de plus. Il sait bien comment vous êtes faites, lui.
LA DAME DE NIORT.
Assurément.
LA DEMOISELLE.
Un portrait ne peut rien lui apprendre de nouveau.
LA DAME DE NIORT.
Vous avez raison.
LA DEMOISELLE.
Cela n'a pas besoin d'être aussi ressemblant pour lui que pour un autre.
LA DAME DE NIORT.
Je suis de votre avis.
LA DEMOISELLE.
Et puis, qu'est-ce qu'on cherche dans ces choses-là ? L'intention. Du moment que vous avez eu l'intention de lui être agréable, c'est le principal.
LA DAME DE NIORT.
Oh !... Cependant... Cependant...
LA DEMOISELLE.
C'est votre souvenir qui le touchera.
LA DAME DE NIORT.
Eh bien, soit ! Va pour un air de famille.
Elle se rassied.
LA DEMOISELLE.
Madame tient-elle aux mains ?
LA DAME DE NIORT.
Je passe à Niort pour avoir les mains pas mal. Celle-ci, surtout. C'est un de mes petits triomphes et mon mari n'y est pas insensible. J'aimerais assez à ce qu'on me fit les mains.
LA DEMOISELLE.
Les deux ?
LA DAME DE NIORT.
Cela dépend du prix.
LA DEMOISELLE.
Il faut compter trois francs par doigt.
LA DAME DE NIORT.
C'est plus cher que des gants, savez-vous !
LA DEMOISELLE.
Oui, mais cela dure plus longtemps.
LA DAME DE NIORT.
Si je dépensais pour mes mains plus d'une quinzaine de francs, ce ne serait pas raisonnable.
LA DEMOISELLE.
Voilà ce que nous pouvons faire. Nous ferons la main la plus en vue avec quatre doigts ; nous n'en montrerons qu'un à l'autre.
LA DAME DE NIORT.
Quatre et un font cinq ; - trois fois cinq : quinze... C'est cela.
LA DEMOISELLE.
Madame veut-elle une toilette riche ?
LA DAME DE NIORT.
Très riche, oh ! Très riche ! On est très élégant à Niort.
LA DEMOISELLE.
Avec des plumes dans les cheveux ?
LA DAME DE NIORT.
Des plumes ?... Qu'est-ce que vous faites payer les plumes ?
LA DEMOISELLE.
Nous comptons généralement trois francs par plume et deux francs par fleur. Les bijoux se paient à part. Si madame veut consulter le tarif.
LA DAME DE NIORT, se lève.
Volontiers. Si vous vouliez prendre un crayon et une facture, Mademoiselle, nous ferions tout de suite notre petite note.
LA DEMOISELLE, s'assied.
Me voilà à vos ordres, Madame.
LA DAME DE NIORT.
Nous disons...
LA DEMOISELLE.
Un air de famille garanti trois ans, cent francs.
LA DAME DE NIORT, qui a passé à gauche et revient brusquement.
Il me semble que vous aviez dit soixante-quinze ?
LA DEMOISELLE.
Nous ne pouvons pas garantir la ressemblance trois ans, sur facture, pour soixante-quinze francs. Autant fermer boutique.
LA DAME DE NIORT.
Allons ! Va pour cent francs ! On ne fait pas faire son portrait tous les jours.
LA DEMOISELLE.
Madame sera contente. Nous arrangerons cela en conscience. Si par hasard le portrait était ressemblant, nous ne lui demanderons pas plus cher.
LA DAME DE NIORT.
Ce n'est qu'une première affaire. Nous disons donc, cent francs. Une main en vue avec quatre doigts, douze francs.
LA DEMOISELLE.
Douze francs c'est écrit.
LA DAME DE NIORT.
Une main dans l'ombre avec un doigt, trois francs.
LA DEMOISELLE.
Trois francs.
LA DAME DE NIORT.
Je voudrais bien que ce fût )e pouce.
LA DEMOISELLE.
Nous devrions vous prendre plus cher, mais nous tenons à vous contenter. Nous avions parlé de deux plumes dans les cheveux. Deux plumes, est-ce assez ?
LA DAME DE NIORT.
Bah ! Retirez un doigt et ajoutez une plume.
LA DEMOISELLE.
Nous disons alors, trois plumes à trois francs, neuf francs. Madame n'a pas de préférence pour les couleurs?
LA DAME DE NIORT.
Vous mettrez un peu de tout.
LA DEMOISELLE.
De quelle couleur est la tenture du salon de Madame ?
LA DAME DE NIORT.
Le salon est en moquette bouclée à ramages, avec une passementerie jaune imitant la soie. C'est très joli !
LA DEMOISELLE.
On fera dominer le jaune. Du reste c'est très riche. On nous demande beaucoup de portraits jaunes pour l'Amérique. - Nous mettrons une demi-douzaine de fleurs pour rehausser la coiffure. Six fleurs à deux francs : douze francs.
LA DAME DE NIORT.
Qu'est-ce que c'est que ces fleurs à un franc cinquante que je vois là sur votre tarif?
LA DEMOISELLE.
Ce sont des fleurs des champs.
LA DAME DE NIORT.
Oh ! Surtout, ne me mettez pas de ça !
LA DEMOISELLE.
Madame peut être tranquille, j'ai vu tout de suite à qui j'avais affaire.
LA DAME DE NIORT.
À la bonne heure !
LA DEMOISELLE.
Nous avons pour le moment cent trente-trois francs. - Un cou décolleté avec accessoires... douze francs.
LA DAME DE NIORT.
C'est ça que je trouve cher !
LA DEMOISELLE.
Forte comme l'est madame, c'est pour rien. Nous disons, cent trente-trois et douze : cent quarante-cinq. Madame ne veut pas mettre cinq francs de bijoux pour faire un compte rond ?
LA DAME DE NIORT.
Vous me poussez à la dépense. Je ne voulais pas mettre tant que cela.
LA DEMOISELLE, se lève.
Vous ne trouverez nulle part un beau portrait à l'huile, garanti trois ans, pour ce prix-là.
LA DAME DE NIORT.
Oh ! À Niort ! Vous ne vous doutez pas de tout ce qu'on trouve pour cent cinquante francs.
Près de la sortie.
Décidément c'est trop cher. Je vois bien qu'il faut y renoncer.
E!!e sort.
LA DEMOISELLE, sur le seuil.
Y renoncer ! Oh ! Madame, vous n'aimez pas votre mari.
LA DAME DE NIORT, rentre précipitamment.
Lui... Charles ! Ne pas l'aimer ! Après dix ans de ménage !!
LA DEMOISELLE, à part.
Le fait est que ce serait à y renoncer.
Haut.
Mon Dieu, si Madame le veut, on lui fera un profil pour moitié prix. En retirant une main et quelques plumes.
LA DAME DE NIORT.
Oh ! Non, non ; pas les plumes.
LA DEMOISELLE.
J'aurais bien une affaire très avantageuse à proposer à Madame.
Elle lui présente une chaise près de la table.
LA DAME DE NIORT, se rassied.
Laquelle ?
LA DEMOISELLE.
J'ai là un portrait de Madame de Pompadour, par...
LA DAME DE NIORT.
Par ?
LA DEMOISELLE.
Par Rubens. C'est tout simplement une merveille. Nous l'avons acheté à une vente du comte Branitzi-Kovitcz, pour un riche Catalan. La révolution d'Espagne est survenue, le Catalan s'en est allé, et Madame de Pompadour nous est restée sur les bras.
LA DAME DE NIORT.
Je ne vois pas où vous voulez en venir.
LA DEMOISELLE, qui a été cherche un portrait sous le comptoir, le pose sur la table devant la dame de Niort.
Avec quelques retouches cela ressemblerait beaucoup à Madame, et je le lui donnerais pour cent vingt francs.
LA DAME DE NIORT.
Voyons... voyons...
Elle examine le portrait.
Vous ne trouvez pas que c'est mieux que moi ?
LA DEMOISELLE, scandalisée.
Madame de Pompadour mieux que Madame ! Une dévergondée ! Fi !
LA DAME DE NIORT.
Et c'est de Rubens ?
LA DAME DE NIORT.
C'est au moins de Rubens. D'ailleurs, c'est signé. Tout ce que nous vendons est signé. Madame comprend quelle occasion unique je lui offre. On ne pourrait plus se procurer, à quelque prix que ce fût, son portrait par Rubens.
LA DAME DE NIORT.
La tête est jolie.
LA DEMOISELLE.
Adorable.
LA DAME DE NIORT.
Mais la toilette est un peu vieillotte.
Elle se lève.
LA DEMOISELLE.
Bah ! Les modes changent tous les jours, et c'est très riche d'ajustement.
LA DAME DE NIORT.
C'est bien ce qui me tenterait.
LA DEMOISELLE.
Madame en sera très satisfaite. Et puis, comme c'est un peu plus gras qu'elle, cela lui fera beaucoup d'usage. Madame veut-elle poser tout de suite ?
LA DAME DE NIORT.
Volontiers.
LA DEMOISELLE.
Je vais prévenir l'atelier. Ce sera un très beau portrait. On ira vous l'essayer ce soir.
La marchande souffle dans un porte-voix en caoutchouc qui correspond avec l'atelier. Un coup de sifflet lui répond.
Envoyez prendre le portrait numéro 236 de Madame de Maintenon.
LA DAME DE NIORT.
Vous aviez dit Madame de Pompadour ?
LA DEMOISELLE.
Cela revient au même.
Dans le porte-voix.
Il est à retoucher sur place. La dame monte. Appropriez de votre mieux la tête à la circonstance. C'est pour )a province.
LE COMMIS AU DEUXIÈME ÉTAGE.
. . . . . . . ?
LA DEMOISELLE.
Je n'entends pas.
LE COMMIS AU DEUXIÈME ÉTAGE.
. . . . . . . ?
LA DEMOISELLE.
Cela va sans dire. Laissez le portrait que vous faites.
LE COMMIS AU DEUXIÈME ÉTAGE.
. . . . . . . ?
LA DEMOISELLE.
Monsieur Paul le continuera à votre place. Qu'il ajoute des moustaches au grand Frédéric, cela fera l'affaire.
LE COMMIS AU DEUXIÈME ÉTAGE.
. . . . . . . ?
LA DEMOISELLE.
Parlez plus haut. Vous me soufflez dans l'oreille et je n'entends pas.
LE COMMIS AU DEUXIÈME ÉTAGE.
. . . . . . . ?
LA DEMOISELLE.
Je vous ai déjà dit que cela ne faisait rien. Qu'on laisse les décorations. Le monsieur s'en fera donner de semblables. Il prétend que ce sera aussitôt, fait.
Un commis ouvre la porte de l'atelier et prend le portrait.
Madame peut monter.
Pendant que la demoiselle a donné ses ordres à l'atelier, la dame de Niort, devant la cheminée, s'est préparée à poser. Elle se retourne brusquement tes pommettes rougies, les sourcils d'un noir exagérée etc.
LA DAME DE NIORT.
Suis-je bien comme cela ?
LA DEMOISELLE.
Un vrai Rubens !
À part.
Après les retouches.
La demoiselle ouvre la porte de l'atelier.
Par ici, Madame, par ici. Madame prendra garde... Il y a cent vingt-cinq marches à monter.
LA DAME DE NIORT, épouvantée.
Cent vingt-cinq marches ! Bonté divine!
LA DEMOISELLE.
Plus on est près du soleil, plus le jour est beau et mieux la peinture réussit.
LA DAME DE NIORT.
Allons! Vous faites de moi tout ce que vous voulez. Vous enverrez mon portrait, hôtel de la Perfide Albion, ce soir, avant huit heures.
LA DEMOISELLE.
Il sera chez vous à sept heures cinquante-neuf, au plus tard.
LA DAME DE NIORT, avec un soupir.
Allons ! Je monte... Vous dites : cent vingt-cinq marches?
LA DEMOISELLE.
Environ...
LA DAME DE NIORT.
Vous n'oublierez pas de faire retoucher la signature de Rubens. Elle n'est pas lisible.
LA DEMOISELLE.
Nous la referons au besoin.
LA DAME DE NIORT.
Plus grosse, dans ce cas.
LA DEMOISELLE.
Et plus en vue. Soyez tranquille.
LA DAME DE NIORT.
Vous pensez que ce portrait plaira à mon mari ?
LA DEMOISELLE.
Pour qu'il ne lui plaît pas, il faudrait que monsieur votre mari fut plus difficile que Louis XV.
LA DAME DE NIORT.
Je ne l'ai pas habitué à cela.
LA DEMOISELLE.
J'espère que Madame ne nous oubliera pas quand elle reviendra à Paris.
LA DAME DE NIORT.
Vous pouvez y compter. Je vous enverrai mon mari.
Avec enthousiasme.
C'est un beau brun.
LA DEMOISELLE.
Notre maison fait les bruns comme personne. C'est une spécialité.
LA DAME DE NIORT.
Et puis je vous donnerai mes enfants à photographier.
LA DEMOISELLE.
Cela peut devenir une rente.
LA DAME DE NIORT.
Comme vous y allez ! Enfin, nous verrons. Au revoir, Mademoiselle. Je vais poser.
LA DEMOISELLE, à part.
Poser !... Mais tu ne fais que cela depuis une demi-heure.
LA DAME DE NIORT.
Elle est très bien, cette Demoiselle.
Elle sort.
LA DEMOISELLE.
Des pratiques comme cela, on n'en aura jamais assez.
Warning: Invalid argument supplied for foreach() in /htdocs/pages/programmes/edition.php on line 606
Notes
[1] Étrenner : Être le premier qui achète à un marchand. [L]