AUTOUR D'UN BERCEAU

COMÉDIE EN UN ACTE

1878. Tous droits réservés.

PAR M. ERNEST LEGOUVÉ

PARIS, PAUL OLLENDORF, ÉDITEUR, 28 bis, RUE DE RICHELIEU.

ÉVREUX, IMPRIMERIE DE CHALRES HÉRISSEY.

Jouée pour la première fois à Paris, dans la salle du Conservatoire, le 12 mai 1875.


Texte établi par Paul FIEVRE, janvier 2023.

Publié par Paul FIEVRE, mai 2024.

© Théâtre classique - Version du texte du 30/04/2024 à 20:06:11.


Voici une bien petite pièce, elle n'a qu'une scène et qu'un rôle ; mais voilà un bien long rôle, il remplit toute une pièce. Composé pour Mlle Delaporte, et joué par elle en Russie avec un grand succès, à la cour et dans le monde, mon unique personnage, mon héroïne, a vingt ans, un mari et un enfant; pourtant c'est ce qu'on appelle au théâtre un rôle d'ingénue, c'est-à-dire qu'elle a gardé, dans les nouveaux sentiments où le mariage et la maternité l'engagent, ce caractère de naïveté, qui d'ordinaire n'appartient qu'aux jeunes filles. C'est une mère ingénue, c'est une épouse ingénue, c'est unefemmejalouse ingénue. Ingénuité et jalousie, voilà deux mots qui ne vont guère bien ensemble ; mais c'est précisément dans l'assemblage de ces deux contraires que réside la petite nouveauté de ce personnage, si nouveauté il y a. J'engage donc mes interprètes ou mes lectrices à bien se rappeler, si elles le peuvent, les intonations si fines, si cristallines, si délicieusement naïves qui éclosaient comme une musique naturelle sur les lèvres de Mlle Delaporte dans les Vieux Garçons et dans Montjoie. À défaut de ce souvenir, voici mon conseil : Ce rôle a vingt ans, jouez-le ou lisez-le comme s'il en avait seize.


PERSONNAGES

MARIE.

PAUL.

Extrait de "Théâtre de campagne, Première série (...)" Paris : Paul OLLENDORFF, 1876. pp. 162-191.


AUTOUR D'UN BERCEAU

Un petit salon. Une petite table de travail ; un portrait sur la table. Une veste du matin sur une chaise. Porte au fond, fenêtre donnant sur un jardin, porte donnant dans une chambre.

MARIE.

Au lever du rideau, elle est debout sur le seuil de la porte de gauche et parle à la cantonade. La cantonade est un petit enfant couché dans un berceau, dans la chambre voisine.

Voyons ! soyez sage, Monsieur ! Dormez...

Elle descend en scène.

Il n'a pas encore deux ans, il est déjà despote... Tant mieux ! Cela prouve qu'il aura du caractère. J'aime beaucoup que les hommes aient du caractère.

Tout en arrangeant son ouvrage sur la table.

C'est étonnant tout ce qu'on voit déjà sur sa figure ! D'abord, je suis sûre qu'il sera très honnête. Un regard si limpide !... Et très fin avec cela... Diplomate !... Ah ! S'il entre jamais dans les ambassades, il fera joliment son chemin ! Voyons s'il est endormi.

Elle va à la porte et regarde l'enfant dans son berceau.

Ah ! Bien oui ! Ses grands yeux ouverts comme des portes cochères.

A part.

C'est très gentil à lui de n'avoir pas crié !

Elle regarde de nouveau.

Oh ! Le scélérat !... oui ! oui !... Je comprends ! Il veut que je le prenne, que j'apporte son berceau ici.

Lui parlant.

Non ! Monsieur ! Non ! Vous resterez dans votre chambre !

Se détournant un peu.

Regardez-moi ces regards suppliants ! A-t-il l'air assez câlin ! Je ne sais pas comment feront les femmes pour lui résister.

Lui parlant.

Me promettez-vous, si je vous prends, de dormir tout de suite... Tout de suite ? Oui. Oh ! je sais, les promesses, cela ne vous coûte rien. Hé bien, voyons, je vais essayer. Mais je fermerai vos rideaux. C'est convenu ? Je viens.

Elle entre dans la chambre à gauche et revient traînant un petit berceau dont les rideaux sont fermés.

Est-il lourd !... Oh ! Il sera très fort ! Ouf !...

Elle entrouvre le rideau seulement assez pour y passer la tête.

Vous entendez bien ! Pas un mot et dormir tout de suite ! Qu'est-ce que vous voulez ? Que je vous embrasse ? Oh ! Cela, je veux bien.

Elle l'embrasse, referme les rideaux et vient se remettre à la table de travail.

Je vais travailler pour lui. Je vais lui faire un petit bonnet.

Elle se met à travailler.

Quand je pensais autrefois au petit garçon que j'aurais, car j'étais sûre d'avoir un petit garçon, je me le figurais toujours à quatre ans. Hé bien, je l'aime mille fois mieux à deux. C'est déjà un petit garçon et c'est encore une petite fille ! La preuve, c'est qu'on peut lui faire des bonnets. Celui-ci sera très gentil. Il vient de remuer !...

Elle se lève et va au berceau.

Non !... Pour le coup, il dort. Comme c'est joli, un enfant qui dort ! Ils ont des poses d'une invention !...

Le regardant.

Voyez-moi un peu ce petit pied qui sort de dessous la couverture, et cette tête repliée sous son cou comme un oiseau dans son nid !... Et cette petite jambe... si rosée !... si potelée... Quand je dis... cette jambe... Oui ! Oui ! Les jambes d'un enfant... Cela remonte très-haut,.. Oh ! Mais, c'est trop haut ! Voilà qu'en remuant... il a .. « Monsieur !... Monsieur !... C'est shoking... » Hé bien ! Non, ce n'est pas vrai !... Ce n'est pas shoking !... Les enfants ne sont jamais shoking !... Ils ont beau être nus... ils ne sont jamais embarrassants... Leur nudité est encore de la pureté, car ils sont tout vêtus d'innocence et de candeur. Ils ne sont pas nus, ils sont sans voiles comme le rayon du soleil qui sort du brouillard, comme la fleur qui sort de son calice.

Riant.

Ah ! Bon Dieu ! Voilà que je deviens poète ! Ce que c'est que ces petits monstres-là !... Je ne sais comment font les femmes qui n'ont pas d'enfants. On devrait trouver un moyen pour que les pauvres vieilles filles puissent en avoir un petit... honnêtement.

S'arrêtant.

J'ai parlé trop haut. Je l'ai réveillé !...

Elle va au berceau.

Non ! Ses yeux sont toujours fermés. Il sourit. Comme il lui ressemble !

Elle revient à la table et reprend son ouvrage, puis après un court silence.

Comment ne lui ressemblerait-il pas ? Depuis bientôt trois ans que je suis mariée à Paul, je n'ai pas été une heure, une demi-heure, sans penser à lui. Je le vois aussi bien quand il est absent que quand il est là.

Un court silence.

Mérite-t-il tant d'amour ?... Bon ! voilà mon défaut qui me reprend... Paul prétend que je suis un peu jalouse ! Jalouse... Oh ! non ! non !... Être jalouse, c'est avoir un mauvais caractère... c'est tourmenter ceux qu'on aime... J'ai vu un jour un portrait de la Jalousie. Elle était affreuse !... Je ne veux pas être jalouse !... La jalousie !... C'est de l'amour qui ressemble à de la haine, seulement... seulement... j'aime tant Paul que j'ai toujours peur qu'on me le prenne. Ce n'est pas mal, cela !... C'est tout simple ! D'abord Paul est si bien qu'il est impossible que toutes les femmes ne le remarquent pas. Puis, je me sens tellement toute à lui que je voudrais qu'il fût tout à moi ! Ainsi, par exemple, il entrerait maintenant et il me dirait : « Nous allons partir tout de suite pour deux mille lieues d'ici, nous y resterons toujours, tout seuls, sans nos amis, sans nos parents, tu ne verras que ton fils et moi » ? Serais-je malheureuse ?... C'est bien mal ce que je vais dire là, car enfin je quitterais maman. Hé bien non ! J'aurais des remords de ne pas être plus triste... Mais au fond je serais follement heureuse, parce que je les aurais tous deux.

Montrant le berceau.

Lui !...

Montrant la fenêtre qui donne sur le jardin.

Et lui ! Il est là en bas ! L'odeur de son cigare me le dit. Quand je pense que je trouve que son tabac sent bon !...

Avec un soupir.

Est-il ainsi, lui ? Non !... Et la preuve, c'est que, quand je fais une fausse note au piano, il s'en aperçoit toujours. Mon Dieu ! Je sais bien que les hommes ne peuvent pas aimer comme nous. Mais c'est qu'il m'a gâtée au début ! Quand il m'écrivait... Avant notre mariage... « Si vous n'êtes pas à moi, je me tuerai ! » Il l'aurait fait alors !... Il me l'écrirait encore, mais il ne le ferait pas.

Un silence.

Je pense toujours... à... à cette jolie veuve, Madame de Verdière... Et quand je vois Paul s'approcher d'elle... lui parler...

Se levant.

Cette Madame de Verdière !... Une femme toute peinte, qui a cinq ans de plus que moi !... On trouve ses yeux beaux... Moi ! je ne vois pas ce qu'ils ont... Oh ! si ! si !... Ils sont beaux ! Plus beaux que les miens ! Et puis, elle est grande !... Et Paul a dit l'autre jour qu'il aimait les femmes grandes. Mon Dieu ! Qu'est-ce que je pourrais donc faire pour grandir... seulement

Elle indique d'abord le petit bout de son doigt et remonte ensuite jusqu'au bout du doigt.

De ça ! Oh ! oui ! Il faudrait bien le doigt tout entier. Puis Paul est si coquet ! On parle toujours de la coquetterie des femmes ; celle dès hommes est mille fois plus variée. Nous ne sommes, nous, coquettes que de visage; eux, ils le sont d'esprit, de courage, de sensibilité, de dévouement... de tout ! Et quand je vois Paul penché sur le fauteuil de Madame de Verdière, et lui parler avec un sourire...

S'arrêtant

Non !... Je ne veux plus y penser !... D'abord, cela fait trop mal !... Puis, c'est injuste ! J'en suis sûre... Il n'y a rien entre eux !.,. Travaillons ! Travaillons pour lui... Tout à l'heure il a posé là sa veste du matin et m'a priée d'y attacher sa décoration ; à l'ouvrage.

Elle prend la veste et s'apprête à travailler.

À côté de ce berceau ! En regardant son fils ! Mon coeur est plus tranquille ! Cela calme, l'aiguille !

Après un court silence.

À qui pouvait-il donc écrire hier avec tant d'attention ?

Tout en travaillant.

Il était sorti après le dîner pour aller à son cercle... À dix heures, il n'était pas encore rentré. Je commençais à m'inquiéter. D'abord je commence toujours par là. Dix heures et demie, onze heures ; il ne revient pas. J'étais là, essayant de lire, et ne pouvant pas ; tressaillant à chaque bruit de pas; allant sans cesse de ma chaise à la fenêtre... Enfin, à onze heures et demie, j'entends sa voix au bas de l'escalier. Comme il me gronde toujours quand je pleure, et j'avais un peu pleuré, je me jette dans mon lit à moitié déshabillée, et je fais semblant de dormir. Il entre, il se penche sur moi pour s'assurer que je dormais... Le coeur me battait... Oh ! Mais je restais immobile, je sentais que si je lui parlais je fondrais en larmes. J'avais fait de tels rêves de jalousie dans la soirée ! Alors, il va s'asseoir à cette petite table ; je ne perdais pas un seul de ses mouvements, quoique j'eusse les yeux à demi fermés ; on voit très bien à travers les cils ! Il prend une plume, du papier, et commence à écrire... À qui ? Ce n'était pas à un homme... Il souriait. On ne sourit pas en écrivant à un homme. Il recommence deux ou trois fois la lettre, regardant toujours de mon côté pour bien s'assurer que je dormais. Puis, il prit la cire rouge, le petit cachet qu'il porte à sa montre...

Avec un peu d'attendrissement.

Un cachet que je lui ai donné ! Et toujours souriant... Avec une physionomie... Oh ! Une physionomie qui m'a fait bien du mal...

Avec douleur.

Oh ! Oui ! Oui ! Il a raison ! C'est un grand tourment qu'une imagination comme la mienne ! Mais qu'y faire ? Comment me corriger ? J'emploie les moyens que je crois les meilleurs : le raisonnement, la prière, son souvenir. Je ne peux pas ! C'est comme si je voulais me corriger de l'aimer !

PAUL, dans le jardin, chantant.

« Le vase où meurt cette verveine

D'un coup d'éventail fut fêlé... »

MARIE.

Ah !... Le voilà qui chante ! C'est Le Vase brisé de Sully-Prudhomme.   [ 1 Sully-Prudhomme, René Armand François Prudhomme dit (1839-1907) : poète français, premier prix nobel de littérature. "Le Vase brisé" fut publié en 1865 dans "Stances et poèmes".]

PAUL, continuant à chanter.

« Le coup dut effleurer à peine,

Aucun bruit ne l'a révélé ! »

MARIE.

Quelle jolie voix il a !... De qui donc est la musique ?... Comme elle est pénétrante !

PAUL, continuant à chanter.

5   « Mais la légère meurtrissure

Mordant le cristal chaque jour,

D'une marche invisible et sûre

En a fait lentement le tour ! »

MARIE.

Délicieux !

PAUL.

« Son eau pure a fui goutte à goutte,

10   Le suc des fleurs s'est épuisé,

Personne encore ne s'en doute.

N'y touchez pas !... Il est brisé ! »

MARIE.

Ah ! Je me rappelle !... C'est une des mélodies de Paladilhe !   [ 2 Émile Paladhile (1844-1926) : compositeur d'ioéra et de musique sacrée.]

PAUL, chantant.

« Ainsi parfois la main qu'on aime,

Effleurant le coeur, le meurtrit !

15   Puis le coeur se fend de lui-même,

La fleur de son amour périt ! »

MARIE, avec un peu de crainte.

Quel accent !

PAUL.

« Toujours intact aux yeux du monde,

Il sent croître et pleurer tout bas

Sa blessure fine et profonde !...

20   Il est brisé, n'y touchez pas ! »

Le chant s'arrête.

MARIE, avec crainte.

Je me sens le coeur tout troublé !... Son émotion en chantant cette strophe... ressemblait à un regret... à un reproche !... Est-ce que je l'aurais blessé sans le savoir ?... Est-ce que ma main qu'il aime aurait meurtri son coeur... Oh ! Non !... C'est impossible !... Et pourtant, quand il a dit ce vers...

« La fleur de son amour périt !... »

Il m'a semblé que c'était de son amour à lui qu'il parlait... et à ce mot... Il est brisé... J'ai cru !... Allons ! Allons ! Je suis folle ! Vraiment je l'aime trop !

Elle écoute, et essuie ses yeux.

Il me semble qu'il m'appelle !... Oui ! C'est bien moi !...

Elle va à la fenêtre.

Paul !... Est-ce que tu m'appelles ?... Oui. Tu veux quelque chose ?... Ah ! oui ! je comprends... Ta veste. Quoi ? Qu'est-ce que tu me demandes ? Si je t'ai attaché ta décoration ? Oui, Monsieur, oui ! Votre femme fait toujours tout ce que vous lui dites de faire.

2coutant.

Quoi ?... Je n'entends pas ! Tu dis !... Ah ! Oui !... Tu veux que je te la jette par la fenêtre !... Tiens !... Attrape !...

Elle lance la veste par la fenêtre. Un papier tombe de la poche.

Un papier ?... Une lettre ?...

Elle la ramasse.

La lettre de cette nuit !... Oui ! C'est bien elle ! Je la reconnais... Voilà la cire rouge... Voilà le cachet !... Ô mon pauvre coeur !...

Elle porte la lettre à son nez.

Du papier parfumé ! Il n'écrit jamais sur du papier parfumé !... Et cette adresse inachevée !... « À madame... » Pas de nom !... Pourquoi ?...

Elle regarde la lettre en tous sens.

Comme il avait peur qu'on ne pût la lire ! La cire ne lui a pas suffi... Il a encore fermé la lettre de tous côtés avec de la gomme.

Elle regarde encore la lettre avec plus d'attention.

Qu'est-ce que je vois ? La première lettre du nom est tracée à demi !... C'est un V... C'est pour elle ! C'est pour Madame de Verdière ! Oh ! Le cas de légitime défense justifie tout ! Quand un voleur entre chez vous, vous avez le droit de vous armer contre lui !... Et je peux bien.

Elle déchire vivement l'enveloppe, elle ouvre la lettre, la lit, et, après l'avoir lue, tombe sur un siège, la tête dans ses deux mains. - Après un long silence, elle relève la tête, et à voix basse.

Oh ! Bon Dieu !... Quelle honte !... Je suis sûre qu'il est là en bas, sous la fenêtre et se moquant de moi.

Lisant la lettre.

« Ah ! Je t'y prends ! Jalouse ! »

À moitié riant.

Oh ! Le monstre ! Comme il me connaît ! Il a deviné que je la lirais ! C'est bien joué !... Il a tant d'esprit.

Relisant la lettre.

« Ah ! Je t'y prends, ja... » Je n'oserai jamais reparaître devant lui.

Elle se lève tout doucement et va à la fenêtre, regardant de derrière le rideau, de façon à ne pas être vue.

Juste ! Il est là ! Il a les yeux tournés par ici ! Il rit dans sa barbe... Dans sa jolie barbe !...

Se mettant tout à coup franchement à la fenêtre et lui envoyant mille baisers.

Hé bien !... Va ! Ris ! Moque-toi de moi ! Ça m'est bien égal !... Je suis si heureuse !

Se retournant du côté du berceau.

Son fils s'éveille !...

Appelant son mari

Viens !... Viens !... Que je t'embrasse et que je te demande pardon au-dessus de son berceau... Mais viens donc !... Ah ! Ma foi ! Je n'y tiens pas !... Je vais le chercher !

Elle s'élance dans le jardin ; la toile tombe.

 



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Notes

[1] Sully-Prudhomme, René Armand François Prudhomme dit (1839-1907) : poète français, premier prix nobel de littérature. "Le Vase brisé" fut publié en 1865 dans "Stances et poèmes".

[2] Émile Paladhile (1844-1926) : compositeur d'ioéra et de musique sacrée.

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