DE LA RAILLERIE

CONVERSATION

XXIV.

XCVII.

AVEC PRIVILÈGE DU ROI.

PAR RENÉ BARY, Conseiller et Historiographe du Roi.

À PARIS, Chez CHARLES DE SERCY, au Palais, dans le salle Dauphine, à la Bonne-Foi couronnée.


Texte établi par Paul FIÈVRE, octobre 2023

Publié par Paul FIEVRE, novembre 2023

© Théâtre classique - Version du texte du 30/09/2024 à 21:19:37.


ACTEUR.

CARIE.

TYFON.

Texte extrait de "L'esprit de cour, ou Les conversations galantes, divisées en cent dialogues, dédiées au Roi.", René Bary, Paris : de C. de Sercy, 1662. pp 158-161.


DE LA RAILLERIE

Carie qui fait profession de raillerie, raille d'abord un jeune homme qui se défend assez bien.

TYFON.

Il vous sied bien, Mademoiselle, d'exercer votre esprit aux dépens de ceux qui n'en ont guère !

CARIE.

On dit qu'il ne faut pas que les personnes qui raillent, soient sujettes à la raillerie.

TYFON.

Vous avez raison ; aussi est-ce parce que vous n'y êtes pas sujette, que vous raillez.

CARIE.

Que sont donc devenus mes défauts ?

TYFON.

Si vous en avez eu, vous avez fait divorce avec eux.

CARIE.

Quoi, vous êtes complaisant, et je serai railleuse ! Ha il n'y a pas d'apparence !

TYFON.

Je ne sais ce que c'est que de conter fleurettes.

CARIE.

Vous avez donc des sentiments bien avantageux de ma personne ?

TYFON.

Vous riez, et je m'en aperçois bien : mais quelque sensible que je sois à l'humeur qui vous domine, je ne me plains jamais que des railleries grossières.

CARIE.

Un Homme qui reçoit de bonne grâce la raillerie, ne doit pas être raillé ; et si je vous avais entrepris, je cesserais de vous entreprendre.

TYFON.

Votre retenue me serait désavantageuse ; vous reprenez avec adresse, et vous désabusez avec douceur.

CARIE.

Il me semble avoir lu qu'on pouvait presque tirer autant de profit des railleurs que des ennemis : mais si vous ne tirez des lumières que de mes railleries, vous êtes en passe de vivre longtemps dans les ténèbres.

TYFON.

Que vous ai-je fait, Mademoiselle, qui vous dispense de mettre comme devant mes yeux, les imperfections que ma négligence a peut-être mises derrière le dos ?

CARIE.

L'on ne peut parler contre vous, qu'on ne se pique de la dernière sévérité.

TYFON.

Est-il possible ? Vraiment je ne pensais pas que mes défauts fussent si excusables.

CARIE.

Il faut qu'ils le soient bien, puisqu'encore qu'il y ait peu de gens qui soient exempts de ma critique, vous êtes un des privilégiés.

 


PRIVILÈGE DU ROI.

Louis par le Grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre : À nos âmés et Féaux conseillers les gens tenant nos cours de Parlement, requêtes de notre Hôtel et du Palais, Baillifs, sénéchaux, leurs lieutenants, et tous autres nos officiers et justiciers qu'il appartiendra, salut. Notre cher et bine aimé le sieur RENÉ BARY, nous a fait exposé qu'il a fait un livre intitulé, L'Esprit de Cour, ou les belles conversations, lequel il désirerait faire imprimer, s'il nous plaisait lui accorder nos lettres sur ce nécessaires. À ces causes, Nous lui avons permis et permettons par ces présentes, de faire imprimer, vendre et débiter en tous les lieux de notre Royaume, le susdit livre en tout ou en partie, en tels volumes, marges et caractères que bon lui semble, pendant sept années, à commencer du jours que chaque volume sera achevé d'imprimer pour le première fois, et à condition qu'il en sera mis deux exemplaires dans notre Bibliothèque publique, un ne celle de notre château du Louvre, vulgairement appelé le Cabinet des Livres, et un en celle de notre très cher et féal le Sieur Séguier Chancelier de France, avant de les exposer en vente ; et à faute de rapporter ès mains de notre âmé et féal Conseiller en nos conseils, Grand Audiencier de France, en quartier, un récépissé de notre Bibliothèque, et du sieur Cramoisy, commis par nous du chargement de la délivrance actuelle desdits exemplaires, Nous avons dès à présent déclaré ladite permission d'imprimer nulle, et avons enjoint au syndic de faire saisir tous les exemplaires qui auront été imprimés sans avoir satisfait les clauses portées par ces présentes. Défendons très expressément à toutes personnes, de quelque condition et qualité qu'elles soient, d'imprimer, faire imprimer, vendre ni débiter le susdit livre en aucun lieu de notre désobéissance durant ledit temps, sous quelque prétexte que ce soit, sans le consentement de l'exposant, à peine de confiscation de ces exemplaires, de quinze cent livres d'amende, et de touts dépends, dommages et intérêts. Voulons qu'aux copies des présentes collationnées par l'un de nos âmés et féaux conseillers et secrétaires du Roi, foi soit ajoutée comme à l'original. Commandons au premier notre Huissier ou sergent sur ce requis, de faire pour l'exécution des présentes tous exploits nécessaires, sans demander autre permission ; Car tel est notre bon plaisir ; nonobstant oppositions ou appellations quelconques, Clameur de Haro, Charte Normande, et autres lettres à ce contraires. Donné à Paris le quinzième jour de décembre, l'an de grâce mille six cent soixante et un, et de Notre règne le dix-neuvième. signé, par le Roi en son conseil, MOUsTIER, et scellé du grand sceau de cire jaune.

Registré sur le livre de la Communauté le 10 , mars 1662, suivant l'arrêt de la Cour de Parlement du 8 avril 1653. signé DEBRAY, syndic.

Ledit sieur BARY a cédé et transporté son droit de privilège à Charles de Sercy Marchand Libraire à Paris, pour en jouir suivant l'accord fait entre eux.

Achevé d'imprimer pour la première foi le 24 jour de mars 1662. Les exemplaires ont été fournis


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