DU PROCÈS

CONVERSATION

XXXIX.

XCVIII.

AVEC PRIVILÈGE DU ROI.

PAR RENÉ BARY, Conseiller et Historiographe du Roi.

À PARIS, Chez CHARLES DE SERCY, au Palais, dans le salle Dauphine, à la Bonne-Foi couronnée.


Texte établi par Paul FIÈVRE, octobre 2023

Publié par Paul FIEVRE, novembre 2023

© Théâtre classique - Version du texte du 30/09/2024 à 21:19:38.


ACTEUR.

SULPICIE.

ERICIE.

Texte extrait de "L'esprit de cour, ou Les conversations galantes, divisées en cent dialogues, dédiées au Roi.", René Bary, Paris : de C. de Sercy, 1662. pp 257-260.


DU PROCÈS

Une femme galante cajole une autre femme, sur ce qu'elle a heureusement recommandé son procès.

SULPICIE.

Quelque mauvaise opinion qu'on ait eue ma cause, j'ai crû avoir gagné mon procès, dès que vous avez entrepris sa sollicitation : qui pourrait se défendre d'exaucer vos prières ? l'on ne peut se dispenser d'exécuter vos ordres.

ERICIE.

Je m'aperçois, Madame, que le génie vous en dit, que votre galanterie est dans ses belles heures.

SULPICIE.

Je ne dis rien que je ne pense ; les juges font leurs Causes des affaires dont vous faites vos intérêts : ils ne balancent point s'ils doivent opposer l'indifférence de la Justice, à l'ardeur de vos sollicitations ; ils se règlent sur ce que vous leur prescrivez ; et quoi qu'ils aient sujet de se venger des arrêts que vous donnez tous les jours à leur désavantage, ils sont gloire de donner des arrêts à l'avantage de vos amis.

ERICIE.

Si vous au eu ce que vous avez demandé, c'est que la justice a demandé par votre bouche ce que vous avez obtenu ; et si quelque connaissance que j'eusse de votre bon droit, j'ai recommandé ce qui se recommandait de soi-même, ça été plutôt pour diminuer votre crainte, que pour aiguillonner vos juges.

SULPICIE.

Vous parlez avec tant de modestie des hautes obligations qu'on vous a, que si l'on mesurait ses ressentiments sur vos expressions, l'on tomberait sans doute dans l'ingratitude.

ERICIE.

Je parle du gain de votre procès, comme de la raison de votre cause, une autre solliciteuse eut eu un même succès ; vous avez réclamé les lois, et les lois vous ont protégée.

SULPICIE.

Quoi que vous puissiez dire, je me ressouviendrai toujours de votre recommandation.

ERICIE.

Quelle tendresse n'auriez-vous point, si l'on vous avait rendu cent services, puisque pour quelques visites vous avez tant de ressentiment ?

SULPICIE.

J'ai de la peine à donner des bornes à la gratitude que vous méritez ; mais puisque vous ne trouvez pas bon qu'elle paraisse davantage sur ma langue, vous ne trouverez pas mauvais qu'elle règne toujours dans mon coeur.

 


PRIVILÈGE DU ROI.

Louis par le Grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre : À nos âmés et Féaux conseillers les gens tenant nos cours de Parlement, requêtes de notre Hôtel et du Palais, Baillifs, sénéchaux, leurs lieutenants, et tous autres nos officiers et justiciers qu'il appartiendra, salut. Notre cher et bine aimé le sieur RENÉ BARY, nous a fait exposé qu'il a fait un livre intitulé, L'Esprit de Cour, ou les belles conversations, lequel il désirerait faire imprimer, s'il nous plaisait lui accorder nos lettres sur ce nécessaires. À ces causes, Nous lui avons permis et permettons par ces présentes, de faire imprimer, vendre et débiter en tous les lieux de notre Royaume, le susdit livre en tout ou en partie, en tels volumes, marges et caractères que bon lui semble, pendant sept années, à commencer du jours que chaque volume sera achevé d'imprimer pour le première fois, et à condition qu'il en sera mis deux exemplaires dans notre Bibliothèque publique, un ne celle de notre château du Louvre, vulgairement appelé le Cabinet des Livres, et un en celle de notre très cher et féal le sieur Séguier Chancelier de France, avant de les exposer en vente ; et à faute de rapporter ès mains de notre âmé et féal Conseiller en nos conseils, Grand Audiencier de France, en quartier, un récépissé de notre Bibliothèque, et du sieur Cramoisy, commis par nous du chargement de la délivrance actuelle desdits exemplaires, Nous avons dès à présent déclaré ladite permission d'imprimer nulle, et avons enjoint au syndic de faire saisir tous les exemplaires qui auront été imprimés sans avoir satisfait les clauses portées par ces présentes. Défendons très expressément à toutes personnes, de quelque condition et qualité qu'elles soient, d'imprimer, faire imprimer, vendre ni débiter le susdit livre en aucun lieu de notre désobéissance durant ledit temps, sous quelque prétexte que ce soit, sans le consentement de l'exposant, à peine de confiscation de ces exemplaires, de quinze cent livres d'amende, et de touts dépends, dommages et intérêts. Voulons qu'aux copies des présentes collationnées par l'un de nos âmés et féaux conseillers et secrétaires du Roi, foi soit ajoutée comme à l'original. Commandons au premier notre Huissier ou sergent sur ce requis, de faire pour l'exécution des présentes tous exploits nécessaires, sans demander autre permission ; Car tel est notre bon plaisir ; nonobstant oppositions ou appellations quelconques, Clameur de Haro, Charte Normande, et autres lettres à ce contraires. Donné à Paris le quinzième jour de décembre, l'an de grâce mille six cent soixante et un, et de Notre règne le dix-neuvième. signé, par le Roi en son conseil, MOUsTIER, et scellé du grand sceau de cire jaune.

Registré sur le livre de la Communauté le 10 mars 1662, suivant l'arrêt de la Cour de Parlement du 8 avril 1653. signé DEBRAY, syndic.

Ledit sieur BARY a cédé et transporté son droit de privilège à Charles de Sercy Marchand Libraire à Paris, pour en jouir suivant l'accord fait entre eux.

Achevé d'imprimer pour la première foi le 24 jour de mars 1662. Les exemplaires ont été fournis


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