CONVERSATION
VII.
XCVIII.
AVEC PRIVILÈGE DU ROI.
PAR RENÉ BARY, Conseiller et Historiographe du Roi.
À PARIS, Chez CHARLES DE SERCY, au Palais, dans le Salle Dauphine, à la Bonne-Foi couronnée.
Texte établi par Paul FIÈVRE, octobre 2023
Publié par Paul FIEVRE, novembre 2023
© Théâtre classique - Version du texte du 31/12/2023 à 14:48:11.
ACTEUR.
DORILAS.
UNE DAME.
UNE AUTRE DAME.
Texte extrait de "L'esprit de cour, ou Les conversations galantes, divisées en cent dialogues, dédiées au Roi.", René Bary, Paris : de C. de Sercy, 1662. pp 41-45.
DE LA CURIOSITÉ
CONVERSATION.
On prie Dorilas d'entretenir la Compagnie des particularités de ses voyages.
UNE DAME DE LA COMPAGNIE.
Il y a grande apparence qu'un homme comme Monsieur a été le souhait des belles Dames, qu'il a fait les inquiétudes de toutes celles qu'il a vues.
DORILAS.
Si je suis assez sensible pour recevoir de l'amour, je ne suis pas assez heureux pour en donner.
UNE AUTRE DAME.
Quelque retenu que soit Monsieur, il ne peut honnêtement se défendre de nous faire son roman ; et à dire les choses comme je les pense, je crois qu'il nous sera plutôt l'histoire de ses conquêtes, que le récit de ses infortunes.
DORILAS.
Il est périlleux de vous parler de ses amours. Si je confesse que je n'ai point été aimé, l'indifférence de celles dont j'ai sujet de me plaindre, vous donnera peut-être de mauvais sentiments de ma personne ; et si je dis que je n'ai point été haï, vous direz peut-être partout que je publie mes bonnes fortunes.
UNE AUTRE DAME.
Si vos services ont été méconnus, nous compatirons à votre malheur, et s'ils ont été considérez, nous participerons à votre joie : ajoutons à cela que vous êtes un homme d'esprit, et qu'en cette qualité vous avez parler sagement de vos belles aventures.
DORILAS.
Quelque bonne opinion que vous ayez de moi, je ne vous entretiendrais pas de tout ce qui m'est arrivé, si mon bonheur surpassait mes disgrâces : mais vous verrez en ma personne l'exemple du plus mal heureux amant du monde, et vous avouerez sans doute , ou que je devais avoir moins de passion, ou que je devais rencontrer moins de dureté.
UNE DAME.
Quoi que les filles aient accoutumé d'excuser les filles, nous ne nous sentons point portées à prendre le parti de celles dont vous vous plaignez.
DORILAS.
Vous avez le naturel trop bon, pour défendre le mauvais naturel.
UNE DAME.
Ce n'est pas que la retenue ne convient à notre sexe, et qu'en ce sens vos plaintes ne puissent être condamnables : mais à dire le vrai, le respect, la discrétion, la constance, méritent quelque chose.
DORILAS.
En effet, on peut en quelque façon se licencier pour ceux qui ne se licencient point mais honorez-moi de votre attention, et vous verrez que j'ai plus souvent porté la simple qualité d'amant, que celle d'aimé.
PRIVILÈGE DU ROI.
Louis par le Grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre : À nos âmés et Féaux conseillers les gens tenant nos cours de Parlement, requêtes de notre Hôtel et du Palais, Baillifs, sénéchaux, leurs lieutenants, et tous autres nos officiers et justiciers qu'il appartiendra, Salut. Notre cher et bine aimé le Sieur RENÉ BARY, nous a fait exposé qu'il a fait un livre intitulé, L'ESprit de Cour, ou les belles conversations, lequel il désirerait faire imprimer, s'il nous plaisait lui accorder nos lettres sur ce nécessaires. À CES CAUSES, Nous lui avons permis et permettons par ces présentes, de faire imprimer, vendre et débiter en tous les lieux de notre Royaume, le susdit livre en tout ou en partie, en tels volumes, marges et caractères que bon lui semble, pendant sept années, à commencer du jours que chaque volume sera achevé d'imprimer pour le première fois, et à condition qu'il en sera mis deux exemplaires dans notre Bibliothèque publique, un ne celle de notre château du Louvre, vulgairement appelé le Cabinet des Livres, et un en celle de notre très cher et féal le Sieur Séguier Chancelier de France, avant de les exposer en vente ; et à faute de rapporter ès mains de notre âmé et féal Conseiller en nos conseils, Grand Audiencier de France, en quartier, un récépissé de notre Bibliothèque, et du Sieur Cramoisy, commis par nous du chargement de la délivrance actuelle desdits exemplaires, Nous avons dès à présent déclaré ladite permission d'imprimer nulle, et avons enjoint au Syndic de faire saisir tous les exemplaires qui auront été imprimés sans avoir satisfait les clauses portées par ces présentes. Défendons très expressément à toutes personnes, de quelque condition et qualité qu'elles soient, d'imprimer, faire imprimer, vendre ni débiter le susdit livre en aucun lieu de notre désobéissance durant ledit temps, sous quelque prétexte que ce soit, sans le consentement de l'exposant, à peine de confiscation de ces exemplaires, de quinze cent livres d'amende, et de touts dépends, dommages et intérêts. Voulons qu'aux copies des présentes collationnées par l'un de nos âmés et féaux conseillers et secrétaires du Roi, foi soit ajoutée comme à l'original. Commandons au premier notre Huissier ou Sergent sur ce requis, de faire pour l'exécution des présentes tous exploits nécessaires, sans demander autre permission ; Car tel est notre bon plaisir ; nonobstant oppositions ou appellations quelconques, Clameur de Haro, Charte Normande, et autres lettres à ce contraires. Donné à Paris le quinzième jour de décembre, l'an de grâce mille six cent soixante et un, et de Notre règne le dix-neuvième. Signé, par le Roi en son conseil, MOUSTIER, et scellé du grand sceau de cire jaune.
Registré sur le livre de la Communauté le 10 , mars 1662, suivant l'arrêt de la Cour de Parlement du 8 avril 1653. Signé DEBRAY, Syndic.
Ledit Sieur BARY a cédé et transporté son droit de privilège à Charles de Sercy Marchand Libraire à Paris, pour en jouir suivant l'accord fait entre eux.
Achevé d'imprimer pour la première foi le 24 jour de mars 1662. Les exemplaires ont été fournis
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