OU LE COMBAT RIDICULE.
M. DC. LXXXII.
Par Mr CHEVALIER.
Texte établi par Ernest FIEVRE, mars 2017.
publié par Paul FIEVRE, avril 2017.
© Théâtre classique - Version du texte du 28/02/2024 à 23:49:41.
ACTEURS.
POLYCARPE, Père d'Angélique.
ANGÉLIQUE, Fille de Polycarpe.
LA ROQUE, Amant d'Angélique.
GUILLOT, Valet de Polycarpe.
La scène est à Paris.
LE CARTEL DE GUILLOT.
SCÈNE I.
Polycarpe, Angélique.
ANGÉLIQUE.
Que ma destinée est fâcheuse
Hélas ! Que je suis malheureuse.
POLYCARPE.
Dis-moi pourquoi te plains-tu tant ?
Ton esprit n'est jamais content,
5 | Je te vois toujours en furie. |
Sachons d'où vient ta fâcherie ?
ANGÉLIQUE.
On ne la saurait concevoir,
Enfin je suis au désespoir,
Et si vous saviez mon injure
10 | Vous me plaindriez je vous jure. |
POLYCARPE.
Dis-la donc.
ANGÉLIQUE.
Oyez s'il vous plaît
Ah quand vous saurez quelle elle est
Vous me croirez fort misérable.
POLYCARPE.
Tu me ferais donner au Diable.
15 | Avec tes étranges clameurs |
Et bien, quels sont donc ces malheurs.
ANGÉLIQUE.
Rien n'est au Monde si sensible
Si détestable ? Si terrible ?
Hélas ! Quel destin est le mien.
POLYCARPE.
20 | Pour moi je crois que ce n'est rien |
Puisque tu ne le veux pas dire
Endêve, fâche-toi, soupire, [ 1 Endêver : Être fort fâché de quelque action, en avoir grand dépit, enrager. [T]]
Pleure, crie, et te plains ici,
Montre-toi toute de souci
25 | Toute triste, toute joyeuse, |
Toute riante ou rechigneuse [ 2 Rechigneuse : mot créé d'après rechigner. Qui rechigne, qui est de mauvaise humeur.]
Ressens, ou du mal ou du bien,
Je m'en sens moins touché que rien,
Après cela je me retire.
ANGÉLIQUE.
30 | Hé mon Père je vais tout dire |
Mais donnez-vous un peu de temps,
Car mes déplaisirs sont si grands,
Que je n'ose.
POLYCARPE.
Ah ! Quelle est pendarde, [ 3 Pendard : Scélérat, fripon ; qui a commis des actions qui méritent la corde, la potence. [T]]
Être née enfin babillarde, [ 4 Babillard : Qui parle continuellement, et qui ne dit que des choses de neant. [F]]
35 | Et garder si fort le secret, |
L'on te va mettre au cabinet [ 5 Cabinet : signifie aussi, un petit lieu retiré dans les maisons ordinaires, qui n'est souvent fermé que d'une cloison : c'est où l'on étudie, et où l'on serre ce qu'on a de plus précieux. [F]]
Ainsi que le plus rare ouvrage,
Qui se soit vu durant notre âge
Car c'est un miracle en ce point,
40 | Qu'être Fille et ne parler point |
Au moins de tout ce qui me touche.
ANGÉLIQUE.
Apprenez-le donc par ma bouche
La Roque qui se dit charmé,
De moi qui l'ai toujours aimé
45 | M'a fait un affront, un outrage |
Dont je déteste, dont j'enrage
Mais un outrage sans égal,
Hier comme nous étions au bal,
Il mena toutes les Galantes,
Leur donna tout son entretien, [ 8 Entretien : signifie aussi, Conversation. [Acad. 1762]]
Et me régala d'un beau rien :
Ce qui me fâche davantage
Est que cet ingrat, ce volage,
55 | Fait le soupirant, le transi |
Au moins on me l'a dit ainsi
Pour une certaine coquette [ 9 Coquette : Ce mot se prend en mauvaise part. Celle qui s'ajuste pour donner dans la vue des galants. Celle qui aime qu'on lui dise des douceurs, qui se plaît aux fleurettes que l'on lui conte, et qui n'a pas d'attachement qui lui fasse peine. [R]]
Il tient la chose fort secrète
Car on dit qu'il veut l'épouser,
60 | Moi je veux sans temporiser |
Lui montrer avant qu'il l'épouse
Ce que peut une âme jalouse.
POLYCARPE.
Il te méprise ce fripon,
Ah que ne suis-je encore garçon,
65 | Que n'ai-je ma vigueur première |
Avec ma grande rapière. [ 10 Rapière : Épée longue et affilée. [L]]
Et ma vieille arquebuse à croc [ 11 Arquebuse à croc : Ancienne arme à feu. Arquebuse à croc, grosse arquebuse que l'on appuyait sur un croc pour tirer. [L]]
Ma foi la mort lui serait hoc [ 12 Hoc : Sorte de jeu de cartes. Il a donné naissance à cette locution proverbiale ? cela lui est hoc, lui est assuré. [FC]]
S'il en réchappait je te jure,
70 | Ce serait une belle cure [ 13 Cure : Traitement, pansement de quelque maladie ou blessure. [FC]] |
Mais n'étant plus dans ma verdeur
Il faut chercher quelque bretteur [ 14 Bretteur : Celui qui porte une brette, qui aime à se battre et à ferrailler. [F]]
Qui lui donne dans la bedaine
D'une olinde, ou d'une vienne, [ 16 Vienne : Espéce de laine d'épée qu'on fait à Vienne en Dauphiné, et dont elle a retenu le nom. [T]] [ 15 Olinde : Terme de Fourbisseur. Sorte de lame d'épée qui est des plus fines et des meilleures, et qui a pour marque une corne. [T]]
75 | Ou d'un pistolet, me chaud peu |
Qu'il meure ou de fer ou de feu
Lui que je voulais pour mon gendre
T'a fait cet affront, cet esclandre, [ 17 Esclandre : Accident fâcheux qui trouble le cours d'une affaire, qui fait de l'éclat, et qui est accompagné de quelque honte. [FC]]
Il en périra le pendard
80 | Mais laissons ces discours à part |
Et voyons ce qu'il nous faut faire
Pour au plutôt nous en défaire
Il faut avant qu'il soit demain
Lui faire perdre le goût du pain. [ 18 Goût du pain : Populairement. Faire passer, faire perdre le goût du pain, tuer. [L]]
85 | Tu viens de me faire ta plainte, |
Mais apprends que j'ai l'âme atteinte
D'un mal aussi grand que le tien.
Et qui pourtant ne sera rien,
Que maudit soit la valetaille. [ 19 Valetaille : Nom collectif et terme odieux, qui signifie une troupe de valets. [F]]
90 | La sotte vengeance et la canaille |
Qui ne sert qu'à boire et manger
Et souvent nous fait enrager ;
Sachez que Guillot cet ivrogne
Dont je veux maltraiter la trogne [ 20 Trogne : Terme familier et de moquerie. Visage. [L]]
95 | M'a fait recevoir un affront |
Qui n'a jamais eu de second
Pour ragaillardir ma vieillesse.
J'avais prié quelque jeunesse
De venir dîner avec moi.
100 | Sais-tu ce qu'il m'a fait ? |
ANGÉLIQUE.
Et quoi ? |
POLYCARPE.
Au lieu de songer à nous faire
Un morceau de bonne chère
Comme j'avais su l'ordonner
Il n'a pas cessé d'ivrogner
105 | Durant toute la matinée |
Enfin quand l'heure fut sonnée
Ces gens viennent à grand bruit
Pensant que le dîner fut cuit,
Se promettant sur ma pierre
110 | De faire la débauche entière. |
Même croyant tout apprêté
Disent leur bénédicité [ 21 Bénédicité : Mot latin, que l'usage a rendu français. Prière qu'on fait avant les repas. [FC]]
Mais trouvant tout plus froid que glace
Leur emploi fut de dire grâce ; [ 22 Grâce : Prière que l'on fait après le repas. Dire grâces avant le bénédicité, intervertir l'ordre des choses, et, par exemple, vivre maritalement avant d'avoir contracté le mariage. [L]]
115 | Ainsi nous eûmes tous l'honneur |
De dîner ensemble par coeur [ 23 Dîner par coeur : se passer involontairement de dîner. [L]]
Ce qui m'émeut encor la bile
C'est que ce fat, ce malhabile [ 24 Fat : Sot, sans esprit, qui ne dit que des fadaises. [L]]
Me fit un tour ces jours passés
120 | Dont il paiera les pots cassés. [ 25 Pot cassé : Il en payera les pots cassés, il supportera les frais du dommage qu'il a causé. [L]] |
Comme j'avais ma sciatique
Mon cours de ventre, ma colique [ 26 Ventre : Le ventre considéré par rapport aux fonctions d'évacuation qu'il accomplit. Cet aliment lâche le ventre. Décharger son ventre. Le flux de ventre, le cours de ventre. [L]]
Avec mon grand mal de dents,
Mes ordinaires accidents
125 | Mon rhume, ma toux, ma migraine |
Ma fluxion, ma courte haleine
Ma palpitation de coeur
Bien loin de plaindre ma douleur
Le traître se donnait carrière [ 27 Carrière : Familièrement. Se donner carrière aux dépens de quelqu'un, le railler sans aucune retenue. [L]]
130 | Et me souhaitait dans la bière [ 28 Bière : Coffre où l'on enferme un mort. ] |
En me disant que mon trépas
Ne s'avançait qu'à petit pas,
Vois si j'ai lieu d'être en colère
C'est pourquoi je m'en veux défaire
135 | Sais-tu bien ce que nous ferons |
Pour nous venger de nos affronts
La Rocque t'a fait un outrage
Moi Guillot un, de quoi j'enrage
Il faut pour nous bien venger d'eux
140 | Les faire entrebattre tous deux |
Guillot ne ses voudra pas battre
La Rocque assez opiniâtre
Imprimera sur son minois
La figure de ses cinq doigts
145 | Guillot vomira quelque injure |
L'autre assez fougueux je m'assure
Lui donnera de la façon
Quelque grand coup d'estramaçon [ 29 Estramaçon : Estramaçon, était autrefois une sorte d'épée. [L]]
De ce coup proviendra la fièvre
150 | Guillot étourdi comme un lièvre |
Malgré l'avis du Médecin
Voudra toujours boire du Vin
Fièvre et vin brûlant ses entrailles
Avanceront ses funérailles
155 | Car sans doute qu'il en mourra |
Je serai satisfait par là
Pour te venger sans plus attendre
La Rocque après nous ferons pendre
Voilà les moyens Importants
160 | De nous rendre tous deux contents. |
ANGÉLIQUE.
Mais comment ferons-nous mon Père ?
POLYCARPE.
Voici ce que nous devons faire
Sans nous mettre en tête martel [ 30 Martel en tête : Fig. Inquiétude, ombrage, souci. Fig. Inquiétude, ombrage, souci. [L]]
Il faut envoyer un cartel [ 31 Cartel : Défi par écrit pour un combat singulier. [FC]]
165 | Par Guillot au Sieur de la Rocque. |
ANGÉLIQUE.
Il craint trop d'avoir sur la toque
Il n'y voudra jamais aller.
POLYCARPE.
Il lui faudra dissimuler
Que ce soit pour une querelle :
170 | Dis-lui que ta peine est mortelle |
De ne voir point ton cher amant,
Qu'en ce billet est le tourment,
Que tu souffres de son absence,
Que tout ton bien est sa présence,
175 | Aussitôt il le portera. |
ANGÉLIQUE.
Vous avez raison il ira,
J'avais déjà bien su l'écrire,
Mais à Guillot je n'osais dire
Qu'il l'allât porter en ce jour
180 | Qu'en le nommant billet d'amour |
Et n'aurais pas osé le faire
Sans avoir l'aveu de mon Père.
Mais enfin puisque vos bontés
Me lèvent ces difficultés.
185 | Allez laissez à mon adresse |
Le soin d'achever cette pièce
Je veux entretenir Guillot.
SCÈNE II.
Angélique, Guillot.
ANGÉLIQUE.
Guillot, écoute un petit mot.
GUILLOT.
Que vous plaît-il notre Maîtresse.
ANGÉLIQUE.
190 | J'aurais besoin de ton adresse |
Pour porter ce petit poulet,
GUILLOT, le mettant à terre et l'appelant.
Petit, petit, petit follet,
Un poulet souffrez que j'oppose [ 32 Poulet : Fig. Billet de galanterie, missive d'amour. [L]]
À cette drôlesque de chose [ 33 Drôlesque : chose drôle, hilarante.]
195 | Que qui vivrait de ce gibier |
Ferait des repas de papier
C'est avoir l'âme bien burlesque
Qu'appeler de ce nom grotesque
Un papier, poulet vient d'un oeuf
200 | Envoyez-lui plutôt un boeuf, |
Étant une plus grosse bête
Le présent sera plus honnête.
ANGÉLIQUE.
Ce que tu dis, ne sert de rien,
Mais Guillot écoute-moi bien.
205 | C'est là que sont toutes mes peines. |
Lui montrant le billet.
GUILLOT.
C'est assez de porter les miennes
Portez les vôtres s'il vous plaît.
ANGÉLIQUE.
Tu ne comprends pas ce que c'est
Sache donc que je te veux dire
210 | Qu'en ce billet est mon martyre. |
GUILLOT.
Et pourquoi me martyriser
Suis-je un homme à m'aller briser
Sous le faix de votre martyre
De mes maux ce serait le pire,
215 | J'aime beaucoup mieux voir le jour. |
ANGÉLIQUE.
Gros sot c'est un billet d'amour
Écrit à Monsieur de la Rocque
Porte-lui, ton discours me choque
Laisse là tous tes quolibets
220 | Ce sont mes amoureux secrets. |
GUILLOT.
Ah vous êtes amoureuse,
Vous qui faites la précieuse
Il fallait sans dissimuler
Me dire le tout sans parler.
ANGÉLIQUE.
225 | Encore un coup, porte ma lettre |
Guillot, et je te puis promettre
Que la Rocque, t'embrassera
Du moment qu'il la recevra
Rends-moi donc vite cet office.
GUILLOT.
230 | J'y vais. |
Guillot va du côté que la Rocque entre, et ne le voyant pas lui donne de la tête dans le ventre.
SCÈNE III.
Guillot, la Rocque.
GUILLOT.
Le Destin m'est propice |
Monsieur de vous trouver ici
Lisez la Lettre que voici
D'Angélique votre Maîtresse
J'allais chez vous avec vitesse
235 | Pour vous la porter promptement. |
LA ROCQUE.
Elle m'oblige infiniment.
GUILLOT interrompant la Rocque alors qu'il veut lire.
Si tout haut vous la vouliez lire
Pour me pouvoir apprendre à dire
Ces beaux mots qu'on dit en amour
240 | Afin de m'en servir un jour |
Car ma Maîtresse est éloquente.
LA ROCQUE.
Ah ! Je sais qu'elle est fort savante
Oui, je vais la lire tout haut
Mais avant que la lire, il faut
245 | Mon cher Guillot qu'on promette |
De tenir la Chose secrète.
GUILLOT.
Monsieur je serai fort discret
Confiez-moi votre secret
Vous n'en aurez jamais reproche.
LA ROCQUE.
250 | Écoute donc Guillot, approche |
Et conçois bien tous ces grands mots.
GUILLOT, l'interrompant.
Ma Maîtresse n'a nul défaut
Elle est aussi belle qu'aimable
Elle a de l'esprit comme un Diable.
LA ROCQUE, voulant lire.
255 | Il est vrai. |
GUILLOT.
Ses mots sont charmants |
Plus que le style des romans
Elle a lu.
LA ROCQUE.
Te voudrais-tu taire.
GUILLOT.
Les oeuvres de Seigneur de la Serre, [ 35 Balzac (Jean-Louis Guez de) (1594- 1660 ??) membre de l'académie française a écrit beaucoup de lettres, défenseur de Corneille. ] [ 34 La Serre Jean Puget de (1600-1665) : auteur de pièces de théâtre et de ballets.]
De Balzac, et de Scudéry
260 | Peste elle a l'esprit bien fleuri |
Et sait parfaitement écrire. [ 36 Scudéry (Georges de) (1601-1667) écrivain français auteur de pièces de théâtre, adversaire de Pierre Corneille. Sa soeur Madeleine (1607-1701) était également écrivain et publia plusieurs romans. ]
LA ROCQUE.
Mais si vous ne me laissez lire
Je me fâcherai contre vous.
GUILLOT.
Elle a le langage fort doux
265 | Enfin elle sait toute chose |
Elle a lu les Métamorphoses
Et les plus célèbres écrits
L'histoire de Jean de Paris
Celle de Pierre de Provence,
270 | C'est un abîme de science |
Aussi chacun en fait grand cas
Elle a lu tous les Almanachs
Et d'Ésope toute la fable
Même jusqu'à Robert le Diable
275 | C'est un miracle en raccourci. |
LA ROCQUE.
Sais-tu fat, que je vois ici
Qu'au lieu de lire haut la lettre
Comme tu me l'as fait promettre
Que tu n'en auras pas le bien.
GUILLOT.
280 | Monsieur je ne dirai plus rien |
Lisez haut je vous en conjure.
LA ROCQUE.
Lisons.
Il lit.
Monsieur touchant l'injure
Que vous me fîtes hier au soir
Ce billet vous fera savoir
285 | M'ayant tout à fait outragée |
Que je veux en être vengée.
Si Guillot vous trouve aujourd'hui
Coupez-vous la gorge avec lui
Voilà ce que dans ma colère
290 | Mon coeur avec plaisir espère. |
[Il interrompt la lecture et s'adresse à Guillot.]
Guillot, ta Maîtresse me fait
Une querelle sans sujet,
Car je n'ai jamais eu pour elle
Qu'un amour constant et fidèle
295 | Et si l'honneur n'était moins cher |
Je savais fort bien m'empêcher.
Par le respect que je lui porte,
De suivre l'ardeur qui m'emporte
Mais puisqu'il y va de l'honneur
300 | Je ne puis sans manquer de coeur |
Refuser de la satisfaire
Guillot terminons cette affaire
Puis après nous saurons en quoi
Ta Maîtresse se plaint de moi
305 | Il faut à son billet souscrire. |
GUILLOT, lui arrachant le Billet.
Donnez, vous ne savez pas lire
Qui moi, vous couper le Gosier
Je ne suis point un meurtrier,
Je suis trop ami de nature.
310 | Voyons. |
Il lit.
Monsieur touchant l'injure |
Que vous me faites hier au soir,
Ce Billet vous fera savoir.
M'ayant tout à fait outragée
Que je veux en être vengée
315 | Si Guillot vous trouve aujourd'hui |
Coupez-vous la gorge avec lui
Voilà ce que dans ma colère
Mon coeur avec plaisir espère
[Il interrompt la lecture. ]
Voilà le malheureux Guillot
320 | Pris par le mufle comme un sot [ 37 Mufle : Mot bas et burlesque pour dire le nez avec toute la partie exterieure de la bouche. [R]] |
Que ferai-je ? Ah ! Maudite fille
Quoi me prendre pour un soudrille [ 38 Soudrille : Terme de mépris. Soldat libertin, fripon. [FC]]
M'envoyer porter un poulet,
Pour couper mon pauvre sifflet [ 39 Couper le sifflet : couper la gorge, tuer. [L]]
325 | Vit-on jamais une maîtresse |
Être à son Valet plus traîtresse
Non Monsieur n'ayez point de peur
Je ne suis point gladiateur
Ce n'est pas manque de courage
330 | Mais je n'aime point le carnage |
Et puis je sais trop mon devoir
Je vous souhaite le bonsoir.
LA ROCQUE.
Allons vite il en faut découdre.
GUILLOT.
Monsieur je ne puis m'y résoudre
335 | Ce sera pour une autre fois. |
LA ROCQUE.
Ah ! Cela n'est pas à ton choix
Il faut qu'il t'en coûte la vie.
GUILLOT.
Mourir je n'en ai point d'envie
Je ne suis pas en bon état.
LA ROCQUE.
340 | Quoi tu refuses le combat |
Il faut vider notre querelle.
GUILLOT.
Monsieur j'entends que l'on m'appelle
Laissez-moi sortir s'il vous plaît.
LA ROCQUE.
Ah ! Guillot, je vois ce que c'est
345 | Ta mémoire ailleurs occupée |
T'a fait oublier ton épée
Va la prendre, et reviens ici
Je reviendrai sans faute aussi
Cependant nous allons nous battre
350 | Ici près quatre contre quatre |
J'en vais deux ou trois embrocher
Puis je te viendrai de pêcher
Mais si tu manques de t'y rendre
Au premier jour tu dois attendre
355 | D'avoir mille coups de ma main |
Adieu Guillot jusqu'à demain.
SCÈNE IV.
GUILLOT, seul.
Ah ! Quel avaleur de charrette [ 40 Avaleur de Charrette : Fig. et familièrement. Un avaleur de charrettes ferrées, un fanfaron. [L]]
Et quelle épouvantable brette [ 41 Brette : Estocade, épée qui est plus longue que celle que les gentilshommes portent d'ordinaire. [F]]
Porte cet abatteur de bras,
360 | Va si j'y viens tu m'y prendras, |
Je croyais qu'il m'allait dissoudre
D'un seul de ses regards en poudre
De la façon qu'il m'a pressé
J'ai cru que j'étais fracassé
365 | Encore n'en sais-je rien, je pense |
Qu'il m'a fait insulte à la panse.
Mais non il ne m'a point touché,
M'en voilà quitte à bon marché
Je veux bien qu'Astaro me gratte [ 42 Astaro : Sans doute Astaroth. Dans la religion des peuples de la Syrie, nom d'une divinité, la même que Astarté. [L]]
370 | Si je retombe sous sa patte |
Il n'en ferait pas à deux fois
N'est-ce pas lui que je revois
Non c'est notre bonne maîtresse
Ah ! Vous voilà double traîtresse
375 | Qui Diable dirait à la voir |
Qu'elle eût un si malin vouloir.
SCÈNE V.
Angélique, Guillot.
ANGÉLIQUE.
Ah ! Dieu vous gard la Guillotière.
GUILLOT.
Ah, Dieu vous gard la meurtrière
Qui risquez un pauvre garçon
380 | Contre un Roland, contre un Samson. |
C'est un Billet doux disait-elle
Et c'est ma sentence mortelle,
À moi votre pauvre valet.
À moi plus simple qu'un poulet
385 | Qu'on amuserait d'un grain d'orge |
M'envoyer me couper la gorge.
Allez vous avez grand tort.
ANGÉLIQUE.
Quoi tu crains la Rocque si fort ?
Que ta personne est idiote
Que s'il t'avait seulement vu
Faire un moment le résolu
Il serait mort dessus la place,
Sa bravoure n'est que grimace,
395 | S'il t'avait vu l'épée en main |
Il se serait enfui soudain,
Comme il me fait une Injustice
Je veux que la peur l'en punisse,
Fais-lui donc plutôt que plus tard,
400 | Prends cette épée et ce poignard |
Et t'en va le trouver sur l'heure
Tu lui diras qu'il faut qu'il meure ;
Lui tout étourdi de ce mot
Tâchera d'apaiser, Guillot ;
405 | Mais si tu feins d'être en colère, |
Jurant, pestant comme il faut faire,
Tu le verras courir bien fort.
GUILLOT l'épée à la main.
S'il s'enfuit sans doute il est mort.
En honnête homme par derrière,
410 | Zeste un grand coup de ma rapière, |
Puis je lui couperai les bras ;
Mais aussi s'il ne s'enfuit pas.
Alors ce sera bien le diable.
ANGÉLIQUE.
C'est une chose indubitable
415 | Te voyant il mourra d'effroi, |
Adieu.
GUILLOT.
Reposez-vous sur moi,
Je vous dis pourvu qu'il s'en aille.
ANGÉLIQUE.
Tu seras vainqueur sans bataille,
Tiens-toi tout certain de cela.
GUILLOT.
420 | Vous m'assurez qu'il s'enfuira, |
Car si tantôt il faisait rage.
Angélique s'en allant.
Il mourra de peur.
SCÈNE VI.
GUILLOT, seul.
C'est dommage
Le pauvre garçon, je le plains
425 | S'il faut qu'il tombe entre mes mains. |
Le voici : tenons mine fière
La peur lui serre la croupière [ 44 Croupière : Morceau de cuir rembourré, que l'on passe sous la queue d'un cheval, d'un mulet, etc. et qui tient à la selle, au bât, au harnois. [Acad. 1762]]
De me rencontrer sur ses pas.
SCÈNE VII.
Guillot, la Rocque.
LA ROCQUE.
Ah ! Vous voici donc pourpoint bas
430 | Vous êtes un fort galant homme, |
Çà vite que je vous assomme,
Déboutonnez donc le pourpoint.
GUILLOT.
Cet homme ne s'enfuira point,
Diable que sa fierté m'afflige,
435 | Il ne s'enfuira pas vous dis-je. |
LA ROCQUE.
Vidons notre affaire, et sans bruit.
GUILLOT.
Au diablezot comme il s'enfuit. [ 45 Diablezot : sorte d'exclamation du langage familier, signifiant vous ne m'y prendrez pas, je ne suis pas assez sot pour cela. [L]]
LA ROCQUE.
Songez mon brave à vous défendre,
Dépêchons, et sans plus attendre
440 | Vous en mourrez je vous promets. |
GUILLOT.
Non il ne s'enfuira jamais
Je donne au diable la maîtresse
L'âme damnée, et la tigresse,
Qui m'a donné ce chien d'emploi
445 | Pour se défaire ici de moi. |
LA ROCQUE.
Ah ! Je n'aime point qu'on retarde
Là courage, êtes-vous en garde
Si vous ne voulez vous presser
Je vous vais les bras fracasser
450 | Vous éprouverez ma furie. |
GUILLOT.
Il n'entend point de raillerie,
Ah ! Monsieur me voilà tout prêt
Mais enfuyez-vous s'il vous plaît.
LA ROCQUE.
Quoi faquin vous avez l'audace,
455 | De me croire l'âme si basse |
C'est à ce coup qu'il faut mourir.
GUILLOT.
Cet homme qui devait courir
Voyez s'il branle de sa place.
LA ROCQUE.
Comment je vous vois tout de glace
460 | Essayons donc avec ce fer |
Si nous pourrons vous réchauffer.
GUILLOT.
Je croirai faire des merveilles
Si j'en sors pour mes deux oreilles,
Mais si je m'emportais aussi
465 | Peut-être il s'enfuirait d'ici, |
Prenons notre humeur fulminante,
Ah ! Si je prends ma massacrante
Je vous en donnerai cent coups
Et je vous ferai filer doux.
LA ROCQUE.
470 | Allons c'est ce que je demande. |
GUILLOT.
S'il s'enfuit je veux qu'on me pende
Cet obstiné veut m'enfiler
Auparavant que s'en aller ;
Continuons notre arrogance
475 | Je suis un brave à toute outrance [ 46 Outrance : Il n'est usité que dans ces locutions adverbiales : à outrance, à toute outrance, jusqu'à l'excès. [L]] |
Et si je mets flamberge au vent [ 47 Flamberge : Nom donné quelquefois à l'épée du paladin Roland (le nom de Durandal est beaucoup plus commun, surtout dans les textes modernes), et à celle de Renaud de Montauban, l'aîné des quatre fils Aymon, dans les romans de chevalerie. Mettre flamberge au vent, tirer son épée. [L]]
Tu perdras le nom de vivant,
Avant ces malheurs sanguinaires
Donne donc ordre à tes affaires,
480 | Et touchant ton dernier moment |
Songe à faire ton testament,
Voilà l'ordre que tu dois suivre
Étant près de cesser de vivre
Car je te vais exterminer.
LA ROCQUE.
485 | Et moi je m'en vais donner |
De l'épée au travers le ventre,
C'est à ce coup qu'il faut qu'elle entre
Prends garde à toi.
GUILLOT.
Double faquin,
Attends je ne suis pas en main,
490 | Prends ce côté je prendrai l'autre |
C'est là que la Victoire est nôtre.
Il échange de côté.
Si tu m'en crois ne te bats point.
Tu seras sot au dernier point,
Si tu dégaines contre un homme,
495 | Qui ne se bat point qu'il n'assomme, |
La pitié me parle pour toi
Retire-toi de devant moi.
Sur mon âme je désespère
De t'immoler à ma colère,
Ou tu vas être estropié,
Si j'entre en garde meurtrière
Te voilà dans le Cimetière ;
Car j'ai le bras si vigoureux
505 | Que qui s'en pare est bien heureux |
Dès que ma valeur s'évertue
Que je vais sur le pré je tue,
Et si je fais le moindre effort
Contre un homme, il est homme mort.
510 | Regarde ce que tu veux faire. |
LA ROCQUE.
Te tuer pout me satisfaire.
GUILLOT.
Puis après tu seras pendu
Le vers suivant est dit à part.
Ah ! Pourquoi suis-je ici venu.
515 | Je vais des pieds jusqu'à la tête |
Te pourfendre comme une bête,
Dedans mon furibond transport.
LA ROCQUE.
Ah ! Par le ventre, par la mort.
GUILLOT, se laissant tomber de peur.
Ah ! Ma pauvre âme est délogée
520 | De cette Estocade allongée, |
Non, elle est encor dans mon corps,
Je croyais être au rang des morts
Et j'en ai la hanche rompue.
LA ROCQUE.
Lève-toi donc que je te tue.
GUILLOT, à terre.
525 | Oui c'est pour me faire lever |
Que de me vouloir achever,
Et si je demeurais à terre
Me ferais-tu toujours la guerre ?
LA ROCQUE.
Non, sur mon honneur, j'ai juré
530 | Que jamais je n'affronterai |
Personne avec cet avantage.
GUILLOT, à terre.
Si bien que ton honneur t'engage
Ce dis-tu de ne tuer pas
Un homme quand il est à bas.
LA ROCQUE.
535 | Plutôt la mort mon sort achève. |
GUILLOT se couchant.
Diable emporte si je me lève,
Messieurs ne faites point de bruit
Je dors, bon soir et bonne nuit.
LA ROCQUE.
Ah ! C'est par trop d'impertinence
540 | Qu'abuser de ma patience |
Si je laisse aller ma fureur
Je pourrai bien.
GUILLOT.
Garde l'honneur
Et souviens-toi qu'il t'intéresse
À ne point faire de bassesse.
LA ROCQUE.
545 | Non, je te jure et te promets |
Guillot de n'en faire jamais.
GUILLOT.
De sorte que de ta vie
Tu n'exerceras ta furie
Sur moi d'aucun estramaçon
550 | Me tenant de cette façon ? |
LA ROCQUE.
Non, ni d'autre coup je te jure
Car c'est une lâcheté pure
Que battre un homme en cet état.
GUILLOT.
Sais-tu bien que tu n'es qu'un fat
555 | Un coquin, un bélître, un traître, [ 49 Bélître : Coquin, gueux, homme de néant. [FC]] |
Et que tu n'oserais paraître
Jamais devant les braves gens,
Tu fais le brave à contretemps.
LA ROCQUE.
Je ne puis souffrir cet outrage.
GUILLOT.
560 | Songe à quoi ton honneur t'engage |
Homme lâche, infâme, sans coeur.
LA ROCQUE.
Ah ! C'en est trop.
GUILLOT.
Garde l'honneur
Me tuant dessus cette place
Tu ternirais toute la race.
LA ROCQUE.
565 | Je vais feindre de m'esquiver |
Afin qu'il se puisse lever
Allons jusques dehors la porte.
GUILLOT.
Va que le grand diable t'emporte
Enfin fonde l'enfer tout droit [ 50 Fondre : S'abîmer, s'écrouler. [L]]
570 | Je savais bien qu'il s'enfuirait. |
LA ROCQUE.
Ah ! Par le ventre, par la tête.
GUILLOT.
Malepeste soit de la bête [ 51 Malepeste : Imprécation qu'on fait contre quelque chose, et quelquefois avec admiration. [F]]
Je crois que je suis étripé
Dites, Messieurs, m'a-t-il frappé
575 | Demandé sous la galerie |
Si mon âme n'est point flétrie ;
Mais c'est trop faire le poltron
Il faut se battre tout de bon
Je m'en vais te donner prends garde
580 | Dans le baril à la moutarde, [ 52 Moutarde : Par une plaisanterie grossière, le baril de moutarde, le derrière. [L]] |
Sache que je suis un fendant. [ 53 Fendant : Il ne se dit que dans cette locution proverbiale, faire le fendant, le résolu, l'entendu. [FC]]
LA ROCQUE.
Et moi, sache que maintenant
Quoique tu croies être invincible
Te percer à jour comme un crible,
585 | Allons, ferme tiens-toi gaillard. |
GUILLOT.
Ah ! Tu me presses trop pendard.
LA ROCQUE.
Comment ! Encor l'on m'injurie.
GUILLOT.
Tais-toi, je te donne la vie,
Va dis à tous les Gens d'honneur,
590 | Que je suis un homme de coeur, |
Et qu'à vaincre je fais la nique. [ 54 Nique : Il ne se dit qu'en cette locution du style familier, faire la nique à... Mépriser ; se moquer, ne pas se soucier de... [FC]]
LA ROCQUE.
Et toi dis à mon Angélique
Que lorsqu'elle m'écoutera,
Sa mauvaise humeur passera,
595 | Adieu brave la Guillotière. |
GUILLOT.
Si mon âme n'eût été fière
Il ne m'aurait pas craint si fort.
SCÈNE VIII.
Angélique, Guillot, Polycarpe.
POLYCARPE.
Hé bien ! Qu'as-tu fait ?
GUILLOT.
Il est mort.
POLYCARPE.
Ah ! Pauvre homme, comment polacre [ 55 Polacre : Cavalier Polonois. Régiment de Polaques. [Acad. 1762]]
600 | Avoir commis un tel massacre, |
Est-il mort sans avoir parlé ?
GUILLOT.
Enfin c'est un homme sanglé. [ 56 Sanglé : Fig. être sanglé, être perdu, ruiné, en tenir. [L]]
Il en vient d'avoir pour son compte.
ANGÉLIQUE.
Quoi traître n'as-tu point de honte
605 | De nous causer un tel malheur, |
Je te ferai pendre voleur.
POLYCARPE.
Et qu'as-tu fait des deux épées ?
GUILLOT.
Je les ai toutes deux passées,
Tout au beau milieu de son corps
610 | Il les emporte là dehors, |
Quoique son mal soit incurable,
Il s'en est enfui comme un diable.
POLYCARPE.
Mais je pense que je le vois,
Oui c'est lui je le reconnais.
GUILLOT.
615 | Il semble que ce soit lui-même. |
POLYCARPE.
Enfin ma surprise est extrême,
De le voir ressembler si fort
Mais Monsieur n'êtes-vous pas mort.
SCÈNE IX.
Polycarpe, Angélique, Guillot, la Rocque.
LA ROCQUE.
Moi Monsieur, par quel artifice
620 | Je vis et pour votre service, |
Mais quel étonnement vous vient.
GUILLOT.
Ah ! C'est son Esprit qui revient
Ou bien sa blessure est guérie
Par la poudre de sympathie, [ 57 Sympathie : Poudre de sympathie, poudre préparée avec du vitriol calciné au soleil, que l'on jetait sur le sang sorti d'une blessure, et que l'on prétendait guérir la personne blessée, quoiqu'elle fût éloignée. [L]]
625 | Car il était mort, comme il faut |
Et sans y trouver de défaut
Mais que venez-vous ici faire
Esprit malin mon adversaire.
LA ROCQUE.
Je viens rendre ces armes-ci
630 | À l'objet qui fait mon souci |
Je sais que j'ai pu vous déplaire
Mais c'était sans penser le faire,
On dit que ce qui fit mon mal
C'est qu'hier au soir dans le bal,
635 | Je fis danser les autres dames |
Cela peut-il blesser nos flammes
Je ne croyais pas vous fâcher
Cessez de me le reprocher
Mais à quoi songiez-vous cruelle,
640 | D'employer pour votre querelle |
Un Valet, ah ! C'est m'outrager,
Un Valet pouvait-il venger
Le digne objet de mon martyre,
Mais je n'y trouve rien à dire,
645 | Et je ne veux rien condamner |
Quoi que vous vouliez m'ordonner
Mais Monsieur pourrais-je vous faire
À présent une humble prière
De m'accorder en ce beau jour
650 | L'unique objet de mon amour. |
ANGÉLIQUE.
Vous ne manquerez pas d'excuse,
Pour nous faire approuver vos ruses
Mais enfin par ces derniers mots
Je me vois l'esprit en repos
655 | J'ai su qu'une flamme secrète |
Vous brûlait pour une coquette
Et que...
POLYCARPE.
Laissons notre courroux
Oui Monsieur ma Fille est à vous
Et je vous en fais ma promesse
660 | Mais Guillot m'a fait une pièce |
Que je ne saurais oublier.
LA ROCQUE.
Monsieur j'ose vous supplier
Puisque le bonheur nous assemble
De pardonner le tout ensemble
665 | Il fera mieux à l'avenir. |
POLYCARPE.
J'avais dessein de le bannir
Mais pour l'amour de vous qu'il rentre.
GUILLOT.
Me voilà donc dedans mon centre
D'être toujours votre Valet
670 | Mais n'envoyez plus de poulet |
Qui soit fabriqué de la sorte
Ou vous chercherez qui les porte
Car sachez que je n'aime pas
L'amour à coups de coutelas.
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Notes
[1] Endêver : Être fort fâché de quelque action, en avoir grand dépit, enrager. [T]
[2] Rechigneuse : mot créé d'après rechigner. Qui rechigne, qui est de mauvaise humeur.
[3] Pendard : Scélérat, fripon ; qui a commis des actions qui méritent la corde, la potence. [T]
[4] Babillard : Qui parle continuellement, et qui ne dit que des choses de neant. [F]
[5] Cabinet : signifie aussi, un petit lieu retiré dans les maisons ordinaires, qui n'est souvent fermé que d'une cloison : c'est où l'on étudie, et où l'on serre ce qu'on a de plus précieux. [F]
[6] Branle : Espèce de danse. [L]
[7] Courante : Pièce de Musique, d'une mesure triple ou mouvement ternaire. C'est la plus commune de toutes les danses qu'on pratique en France, qui se fait d'un temps, d'un pas, d'un balancement, er d'un coupé. [F]
[8] Entretien : signifie aussi, Conversation. [Acad. 1762]
[9] Coquette : Ce mot se prend en mauvaise part. Celle qui s'ajuste pour donner dans la vue des galants. Celle qui aime qu'on lui dise des douceurs, qui se plaît aux fleurettes que l'on lui conte, et qui n'a pas d'attachement qui lui fasse peine. [R]
[10] Rapière : Épée longue et affilée. [L]
[11] Arquebuse à croc : Ancienne arme à feu. Arquebuse à croc, grosse arquebuse que l'on appuyait sur un croc pour tirer. [L]
[12] Hoc : Sorte de jeu de cartes. Il a donné naissance à cette locution proverbiale ? cela lui est hoc, lui est assuré. [FC]
[13] Cure : Traitement, pansement de quelque maladie ou blessure. [FC]
[14] Bretteur : Celui qui porte une brette, qui aime à se battre et à ferrailler. [F]
[15] Olinde : Terme de Fourbisseur. Sorte de lame d'épée qui est des plus fines et des meilleures, et qui a pour marque une corne. [T]
[16] Vienne : Espéce de laine d'épée qu'on fait à Vienne en Dauphiné, et dont elle a retenu le nom. [T]
[17] Esclandre : Accident fâcheux qui trouble le cours d'une affaire, qui fait de l'éclat, et qui est accompagné de quelque honte. [FC]
[18] Goût du pain : Populairement. Faire passer, faire perdre le goût du pain, tuer. [L]
[19] Valetaille : Nom collectif et terme odieux, qui signifie une troupe de valets. [F]
[20] Trogne : Terme familier et de moquerie. Visage. [L]
[21] Bénédicité : Mot latin, que l'usage a rendu français. Prière qu'on fait avant les repas. [FC]
[22] Grâce : Prière que l'on fait après le repas. Dire grâces avant le bénédicité, intervertir l'ordre des choses, et, par exemple, vivre maritalement avant d'avoir contracté le mariage. [L]
[23] Dîner par coeur : se passer involontairement de dîner. [L]
[24] Fat : Sot, sans esprit, qui ne dit que des fadaises. [L]
[25] Pot cassé : Il en payera les pots cassés, il supportera les frais du dommage qu'il a causé. [L]
[26] Ventre : Le ventre considéré par rapport aux fonctions d'évacuation qu'il accomplit. Cet aliment lâche le ventre. Décharger son ventre. Le flux de ventre, le cours de ventre. [L]
[27] Carrière : Familièrement. Se donner carrière aux dépens de quelqu'un, le railler sans aucune retenue. [L]
[28] Bière : Coffre où l'on enferme un mort.
[29] Estramaçon : Estramaçon, était autrefois une sorte d'épée. [L]
[30] Martel en tête : Fig. Inquiétude, ombrage, souci. Fig. Inquiétude, ombrage, souci. [L]
[31] Cartel : Défi par écrit pour un combat singulier. [FC]
[32] Poulet : Fig. Billet de galanterie, missive d'amour. [L]
[33] Drôlesque : chose drôle, hilarante.
[34] La Serre Jean Puget de (1600-1665) : auteur de pièces de théâtre et de ballets.
[35] Balzac (Jean-Louis Guez de) (1594- 1660 ??) membre de l'académie française a écrit beaucoup de lettres, défenseur de Corneille.
[36] Scudéry (Georges de) (1601-1667) écrivain français auteur de pièces de théâtre, adversaire de Pierre Corneille. Sa soeur Madeleine (1607-1701) était également écrivain et publia plusieurs romans.
[37] Mufle : Mot bas et burlesque pour dire le nez avec toute la partie exterieure de la bouche. [R]
[38] Soudrille : Terme de mépris. Soldat libertin, fripon. [FC]
[39] Couper le sifflet : couper la gorge, tuer. [L]
[40] Avaleur de Charrette : Fig. et familièrement. Un avaleur de charrettes ferrées, un fanfaron. [L]
[41] Brette : Estocade, épée qui est plus longue que celle que les gentilshommes portent d'ordinaire. [F]
[42] Astaro : Sans doute Astaroth. Dans la religion des peuples de la Syrie, nom d'une divinité, la même que Astarté. [L]
[43] Pagnote : Un Gentilhomme pagnote est fort méprisable. On ne trouve point étrange qu'une femme soit pagnote, soit peureuse, qu'elle ait peur des épées, des esprits. [F]
[44] Croupière : Morceau de cuir rembourré, que l'on passe sous la queue d'un cheval, d'un mulet, etc. et qui tient à la selle, au bât, au harnois. [Acad. 1762]
[45] Diablezot : sorte d'exclamation du langage familier, signifiant vous ne m'y prendrez pas, je ne suis pas assez sot pour cela. [L]
[46] Outrance : Il n'est usité que dans ces locutions adverbiales : à outrance, à toute outrance, jusqu'à l'excès. [L]
[47] Flamberge : Nom donné quelquefois à l'épée du paladin Roland (le nom de Durandal est beaucoup plus commun, surtout dans les textes modernes), et à celle de Renaud de Montauban, l'aîné des quatre fils Aymon, dans les romans de chevalerie. Mettre flamberge au vent, tirer son épée. [L]
[48] Gagner au pied : Familièrement. Gagner le large, gagner au pied, gagner la guérite, gagner au haut, le haut, gagner les champs, le taillis, c'est-à-dire s'enfuir, s'esquiver. [L]
[49] Bélître : Coquin, gueux, homme de néant. [FC]
[50] Fondre : S'abîmer, s'écrouler. [L]
[51] Malepeste : Imprécation qu'on fait contre quelque chose, et quelquefois avec admiration. [F]
[52] Moutarde : Par une plaisanterie grossière, le baril de moutarde, le derrière. [L]
[53] Fendant : Il ne se dit que dans cette locution proverbiale, faire le fendant, le résolu, l'entendu. [FC]
[54] Nique : Il ne se dit qu'en cette locution du style familier, faire la nique à... Mépriser ; se moquer, ne pas se soucier de... [FC]
[55] Polacre : Cavalier Polonois. Régiment de Polaques. [Acad. 1762]
[56] Sanglé : Fig. être sanglé, être perdu, ruiné, en tenir. [L]
[57] Sympathie : Poudre de sympathie, poudre préparée avec du vitriol calciné au soleil, que l'on jetait sur le sang sorti d'une blessure, et que l'on prétendait guérir la personne blessée, quoiqu'elle fût éloignée. [L]